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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je suis indigné qu’un homme qui avait le sens commun ait passé les cinq dernières heures de sa vie avec un prêtre . Deux

... Exactement .

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

21 septembre [1764] 1

Eh bien ! Oui, madame, il serait tout aussi bon, pour le moins, de n’être pas né. L’Évangile 2 ne l’a dit que de Judas, mais l’Ecclésiaste 3 l’a dit de tous les hommes . Et si Salomon a fait l’Ecclésiaste, vous êtes de l’avis du plus sage et du plus voluptueux de tous les rois. Remarquez seulement que Salomon ne parlait ainsi que quand il digérait mal. L’abbé de Chaulieu, qui valait bien Salomon, a dit :

Bonne ou mauvaise santé

Fait notre philosophie.4

Je suis donc volontiers de votre avis quand je souffre, et nous n’aurons plus de querelle sur cet article. Je croirai avec vous qu’il eût beaucoup mieux valu au prince Ivan de n’être pas né, que d’être empereur au berceau pour vivre vingt-quatre ans dans un cachot, et pour y mourir de huit coups de poignard.

Je serais homme à souhaiter de n’être pas né, si on m’accusait d’avoir fait le Dictionnaire philos[ophique] ; car, quoique cet ouvrage me paraisse aussi vrai que hardi, quoiqu’il respire la morale la plus pure, les hommes sont si sots, si méchants, les dévots sont si fanatiques, que je serais sûrement persécuté. Cet ouvrage, que je crois très utile, ne sera jamais de moi . Je n’en ai envoyé à personne ; j’ai même de la peine à en faire venir quelques exemplaires pour moi-même. Dès que j’en aurai, je vous en ferai parvenir . Mais par quelle voie ? je n’en sais rien. Tous les gros paquets sont saisis à la poste. Les ministres n’aiment pas qu’on envoie sous leur nom des choses dont on peut leur faire des reproches . Il faut attendre l’occasion de quelque voyageur 5.

Je suis indigné qu’un homme qui avait le sens commun ait passé les cinq dernières heures de sa vie avec un prêtre . Deux minutes suffisaient. S’il faut payer chez vous ce tribut à l’usage, on doit acquitter cette dette le plus vite qu’il est possible. Je vous prie de dire à M. le président Hénault combien je regrette son ami. Mais si nous avions eu le malheur de perdre M. Hénault, aurait-il fallu écrire à M. d’Argenson ?6 Je n’ai point écrit à son fils, parce que son fils ne m’écrirait pas sur la mort de son père. Savez-vous, madame, qu’il m’en coûte infiniment d’écrire ? Je vois à peine mon papier, et je suis très malade. Je vous écris parce que vous vous croyez très malheureuse, et que vous avez une âme forte à qui je dis quelquefois des vérités fortes, parce que vous m’avez dit quelquefois que mes lettres vous consolaient un moment ; parce que j’aime à vous parler des malheurs de la vie humaine, des préjugés qui l’empoisonnent, et des horreurs ridicules dont on accompagne la mort. Soyons philosophes au moins dans nos derniers jours ; ne les employons pas à nous sacrifier aux vanités du monde, à suivre des fantômes, à nous éviter nous-mêmes, à nous prodiguer au dehors, à nous repaître de vent. Vivez, philosophez avec vos amis ; qu’ils trompent le temps avec vous ; qu’ils égaient avec vous le chagrin secret de la vieillesse ; qu’ils vivent pour eux et pour vous.

Adieu, madame ; je vous aime de loin, et je vous aimerais encore plus de près. »

1 V* répond à une lettre du 10 septembre 1764, déjà citée à propos de la mort d'Argenson : lettre du 31 août 1764 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/10/23/la-premiere-lecon-que-je-crois-qu-il-faut-donner-aux-hommes-c-est-de-leur-i.html

2 Évangile selon Marc , XIV, 21 : https://www.aelf.org/bible/Mc/14

4 On a déjà vu dans la lettre du 12 avril 1756 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/06/21/quoique-j-y-aie-dit-tout-ce-que-je-pense-je-me-flatte-pourta.html

que ces vers sont de Chaulieu, et terminent la pièce intitulée Sur la première attaque de goutte que j'eus en 1695 . En supprimant l'article (La) en tête du vers de Chaulieu, V* passe du vers mêlé à une suite d'heptasyllabes .

5 Mme Du Deffand se serait plainte de n'en pas recevoir : « Je suis très fâchée contre vous, tout le monde me vient dire des traits et des articles d'un ouvrage qui fait grand bruit, et je n'apprends tout cela que par le public […] ; ne prenez pas la peine de vous excuser par de mauvaises raisons, elles augmenteraient mon mécontentement. »

6 « N'écrivez-vous donc point au président ? M. d'Argenson lui a laissé un manuscrit des lettres de Henri IV . Il a reçu des compliments de tout le monde . »

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08/11/2019 | Lien permanent

Je ne fais d'autre office que celui d'un grison qui rend des lettres.

Le titre reflète bien mon travail de blogger , non ?

"je me contente de bonnes doublures de peluche cramoisie que je préfère aux fourrures" 

Pour une fois, le coup du lapin ne laissera pas de séquelles ... 

nue plutot que fourrure NATHALIE-UMBROGLIA-PETA-FRANCE.jpg

Je ne pense pas que ce soit par sentimentalisme que Volti choisisse des doublures de peluche plutôt que de la fourrure, mais par goût .  

On ne chantera pas alors : http://www.youtube.com/watch?v=PsJtoVBhmbw

 

 

« A Jean-Robert Tronchin i


2 décembre [1757]

 

Mon cher correspondant, vous trouverez folio verso de la pâture pour les réflexions d'un homme respectable ii qui pense comme il le doit .

 

Il en a fait sans doute de très justes sur l'aventure du 5 iii. Vous pouvez être sûr que tout était fini si on s'était emparé des hauteurs que le roi de Prusse garnit de cavalerie et de canons sans qu'on s'en aperçût. On était trois fois plus près de ces hauteurs que lui. Le général Marshall iv entrait en Saxe avec quinze mille hommes. Tout a été perdu par une seule faute bien grossière. L'artillerie prussienne emportait nos gens dix à dix, et on s'enfuit de tous côtés. Le roi de Prusse se donna le soir le plaisir de demander des draps (à une dame d'un château voisin chez laquelle il soupa v) pour faire des bandages à nos blessés. On ne peut nous humilier avec plus de générosité.

 

La reine de Pologne est morte de chagrin vi. La France se ruine. Voilà encore quarante millions en rentes viagères. Je ne crois pas que j'y mette mon denier. J'aime mieux mon Palatin vii, et je me contente de bonnes doublures de peluche cramoisie que je préfère aux fourrures. Il ne faut songer qu'à se tenir bien chaud cet hiver. Gare la convention de Stade viii! Le beau billet qu'a La Châtre ix! Bonsoir, vos fermiers vous embrassent.

 

V.

 

Mille respects, je vous prie, à M. et Mme de Montferrat. La nièce se joint à moi.

 

« Les mêmes instructions qu'on avait, on les a encore. J'écrirai au premier jour à M. le comte de Tencin. Assurez-le , je vous prie, de toute mon estime, et dites-lui que je persiste toujours dans mon système. »

 

Voilà les propres mots qu'on m'écrit du 23 novembre x. Je supplie qu'on écrive en droiture, si cela se peut sans hasarder que les lettres soient ouvertes sur la route. Il n'appartient qu'à la prudence de Son Excellence de conduire cette affaire très épineuse et de donner des conseils convenables dans des circonstances où l'on ménage avec une attention scrupuleuse d'autres puissances.

 

Je ne fais d'autre office que celui d'un grison qui rend des lettres. Mais mon cœur s'acquitte d'un autre devoir auquel il s'attache uniquement, celui d'aimer son roi, sa patrie et le bien public, de ne me mêler absolument de rien que de faire des vœux pour la prospérité de la France, et de mériter l'estime de celui dont je respecte les lumières autant que la personne. »

 

ii Le cardinal de Tencin ; V* par l'entremise de Tronchin, le 20 octobre, offre de servir d'intermédiaire entre la margravine et Louis XV.

Pages 411-412 : http://books.google.be/books?id=NaA3eTAyKIQC&pg=PA411...

iii Défaite franco-autrichienne de Rossbach.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Rossbach

iv Comte Ernst Dietrich von Marschall von Burgholzhausen, général autrichien. Auf Deutch : http://de.wikisource.org/wiki/ADB:Marschall_von_Burgholzh...

v ? La princesse d'Anhalt-Zerbst ?

vi Elle est morte le 17 novembre à Dresde où elle demeura après l'invasion de la Saxe par Frédéric et le départ de son mari Auguste III pour la Pologne.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Jos%C3%A8phe_d'Autriche

vii V* négocie un prêt qu'il fait à l'Électeur Palatin ; cf. lettre à J.R. Tronchin du 3 février 1758.

viii Convention de Closter-Seven, signée par Richelieu le 10 septembre avec le duc de Cumberland qui doit en vertu de cet accord se retirer au delà de l'Elbe. Cette convention est rompue depuis le 28 novembre.

http://www.histofig.com/Chronologie-guerre-de-7-ans.html...

Page 343 : http://books.google.be/books?id=k0KtAAAAMAAJ&pg=PA343...

ix Le marquis de La Châtre avait exigé une promesse écrite de fidélité de Ninon de Lenclos.

http://fr.wikisource.org/wiki/Histoire_de_la_vie_et_des_o...

x « On » = la margravine ; ce sont presque « les propres mots ». Il s'agit des négociations secrètes de paix entre la France et la Prusse.

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02/12/2010 | Lien permanent

ce sont des fous, mais il ne faut pas les brûler.

J'ai eu quelques émotions hier quand j'ai appris la nouvelle de l'avion disparu ; un ami archer revenait de son séjour brésilien (il y a créé un club à Bananeiras) ce même jour . Puis à la réflexion j'ai réalisé qu'il n'arrivait pas à Paris mais à Genève, donc ne pouvait être dans le vol fatidique... J'ai eu le plaisir de le voir ce matin, un peu perturbé par le décalage horaire, sans plus .

Autres réflexions du grincheux que je suis : "Mister Sarko, qu'allez-vous faire dans cet aéroport ?

Vous manque-t-elle à ce point la bonne odeur de kérosène ?

Votre présence va-t-elle donner l'espoir de retrouver des survivants ?

Auriez-vous le pouvoir de guérir les écrouelles et ranimer les morts ?

Ou plus simplement le pouvoir d'ajouter du désordre (grâce aux forces de l'ordre de votre escorte ) pour permettre votre sainte apparition ?"

Sans oublier un évêque ou archevêque, bien intentionné au demeurant, (-si, si, je crois qu'il n'a parlé que pour le bien des familles !!...et non pour monter en épingle la valeur des traditions catholiques apostoliques et romaines -), qui nous invite à prier pour les victimes et leurs proches. Je dis : "D'abord, je ne prie pas sur commande, secundo, si les catholiques ont besoin qu'on leur dise quand et pour quoi prier, que Dieu  aie pitié d'eux." Doux agneaux, bêlez, votre berger vous l'a dit. Gare à la tonte et au méchoui !...C'est irrémédiable , diable !!!

 

 

 Pauvre Rousseau, tu as eu un adversaire redoutable, mais reconnais que tu l'a bien cherché ...Sans rancune !

 

 

 

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

                En réponse à votre lettre du 23 mai, mon cher frère, il me manque, pour compléter mon Lally [ce dossier demeurera incomplet], la réponse qu’il avait faite aux objections par lesquelles on réfuta son premier mémoire. On dit que cette pièce est très rare. Vous me feriez un grand plaisir de me la faire chercher, et de me l’envoyer.

 

                Je suis charmé que vous soyez content du petit buste [en ivoire, sans doute de Rosset, envoyé le 14 mai]. L’original est bien languissant. Il y a trois mois qu’il n’a pu s’habiller.

 

                Je ne sais  ce que c’est que la lettre sur Jean-Jacques. [Lettre …au docteur Jean-Jacques Pansophe, avril 1766, commence par : « Quoique vous en disiez, docteur Pansophe, je ne suis certainement pas la cause de vos malheurs. »]. Je soupçonne qu’il s’agit d’une lettre que j’écrivis, il y a quelques mois, au Conseil de Genève, par laquelle je lui signifiais qu’il aurait dû confondre la calomnie ridicule qui lui imputait d’avoir comploté avec moi la perte de Rousseau. Je disais au Conseil que je n’étais point l’ami de cet homme, mais que je haïssais et méprisais trop les persécuteurs pour souffrir tranquillement qu’on m’accusât d’avoir servi à persécuter un homme de lettres. Je tâcherai de retrouver une copie de cette verte romancine, et de vous l’envoyer. Je pense sur Rousseau comme sur les Juifs ; ce sont des fous, mais il ne faut pas les brûler.

 

                Je recommande toujours à vos bontés les exemplaires [recueil de ses œuvres complètes] pour M. Thomas, pour M. le chevalier de Neuville à Angers, et pour Lacombe. On me fait espérer un Fréret [Examen critique des apologistes de la religion chrétienne ; V* écrit : « Je ne crois pas que ce livre soit de M. Fréret, il est très dangereux pour la foi. »] de Hollande ; mais les livres viennent si tard de ce pays là, que j’ai recours à vous. La diligence de Lyon à Meyrin est très expéditive.

 

 

 

 

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                Les jésuites sont enfin chassés de Lorraine [suite au rattachement de la Lorraine à la France à la mort de Stanislas en février]. Je me flatte que les capucins, leurs anciens valets, seront bientôt rendus à la bêche et à la charrue [le 30 mai, V* : « …nous manquons de manœuvres. Nous attellerions d’un côté six bœufs et de l’autre six moines, et nous verrions qui labourerait le mieux. »], qu’ils avaient quittées très mal à propos.

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Ils n’étaient connus que comme de vils débauchés ; mais puisque l’ordre séraphique se mêle d’assassiner, [V*, 30 mai : « est-il vrai que les capucins ont assassiné leur gardien à Paris ? » ; il sera déçu d’apprendre que le supérieur s’est simplement suicidé]  il est bon d’en purger la terre. Amen.

 

                        Voltaire

                        2 juin 1766. »

Pour la bonne bouche : *** : http://www.monsieurdevoltaire.com/  , avec au piano love Voltaire . Encore, encore !...

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02/06/2009 | Lien permanent

J’apprends que vous n’êtes plus chez vous, et que la petite-vérole vous en a chassés : voilà ce que c’est que de ne pas

... Quand je pense que de nos jours autant d'inconscients/égoïstes/malfaisants/attardés  sont contre la vaccination , je crois bien me retrouver en ce XVIIIè siècle -dit des Lumières- que nous fait connaître Voltaire ! Que de morts allons-nous avoir du fait de ces réticences irraisonnables qui font fi des connaissances médicales et épidémiologiques !

Et le pire c'est que ces mêmes obtus, qui font vacciner leur cher toutou, leur adorable minou, leur affectueux poisson rouge, leur précieux Iphone, négligent leurs propres enfants !  LAMENTABLE !

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L'effet domino vous connaissez ?

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

29 auguste 1762, aux Délices 1

J’apprends que vous n’êtes plus chez vous, et que la petite-vérole vous en a chassés : voilà ce que c’est que de ne pas faire inoculer tous les petits garçons et toutes les petites filles d’un pays à l’âge de sept ans ; mais j’ai peur que Tronchin et La Condamine n’aient décrédité l’inoculation, l’un en excitant trop d’envie, et l’autre en y mêlant un peu de ridicule.

Je vous envoie Mariamne pour vous amuser dans votre exil ; vous avez dû recevoir le Jules César de Shakespear ; je crois que vous serez convaincus que La Place est fort loin d’avoir fait connaître le théâtre anglais 2; avouez que l’excès énorme de son extravagance était pourtant bon à connaître.

J’ai vu la requête de Mariette pour les Calas 3; j’ai vu l’arrêt ; la jurisprudence de Toulouse est bien étrange ; cet arrêt ne dit pas seulement de quoi Jean Calas était accusé. Je ne regarde ce jugement que comme un assassinat fait en robe et en bonnet carré. Je me flatte qu’enfin votre protection fera rendre justice à l’innocence ; je sais bien que les lois ne permettent pas les dédommagements que l’équité exigerait , les juges devraient au moins demander pardon à la famille, et la nourrir. Que pourra faire le conseil ? Il dira que Calas n’a point pendu son fils ; nous le savions bien ; et quand le conseil se laisserait séduire par le parlement de Toulouse, l’Europe ne croira pas moins Calas innocent ; le cri public l’emporte sur tous les arrêts ; mais enfin c’est toujours beaucoup que le conseil réprime un peu le fanatisme.

Mes chers anges, je ne ferai point imprimer Cassandre ; que votre volonté soit faite dans la terre comme aux cieux 4; mais il arrivera sûrement quelque malheur dans le Palatinat 5.

L’Électeur fait une belle dépense pour cette représentation 6 ; nous jouerons la pièce à Ferney ; mais, quoique ce ne soit pas en électeurs, le spectacle ne laissera pas que d’être beau. J’espère que nous en régalerons M. le maréchal de Richelieu ; nous verrons, à cette représentation s’il y a encore quelque chose à changer, et ensuite nous l’enverrons à nos juges en dernier ressort.

Mes divins anges, nous avons des fluxions qui ne permettent pas trop d’écrire. Mille tendres respects.

V. »

1 L'édition Kehl mêle la lettre du 21 ou 22 juin 1762 aux d'Argental à celle-ci .

2 Le Théâtre anglais de La Place ne donne que des extraits d'une certaine longueur ; voir lettre du 17 mai 1762 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/04/06/1-5930205.html . Voir : https://shakespeare.revues.org/533

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Antoine_de_La_Place

3 Mémoire pour dame Anne-Rose Cabibel, veuve du sieur Jean Calas […] en cassation d'un arrêt du parlement de Toulouse du 9 mars 1762 : voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1040694d/f3.image.r=Calas, Jean 1698-1762&rk=64378;0 . Parmi les défauts de ce document de 136 pages, signé Mariette, on peut signaler l'absence de date ; voir lettre du 1er août 1762 à Debrus : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/06/24/encore-une-fois-nous-preparons-les-esprits-nous-mettons-tout-5957090.html

4 Évangile selon Matthieu, VI, 10-...

5 Collini fit en effet imprimer Olympie .

6 L’Électeur palatin préparait la représentation de Cassandre ; il écrit à V* le 28 juillet 1762 : « […] j'avais voulu attendre la représentation pour vous marquer les éloges qu'elle [la pièce] mérite, mais la paresse des comédiens qui d'ailleurs étaient déjà occupés à l'étude de Tancrède m'en ont [sic] empêché : le noble que vous avez vu ici dans le rôle de Lusignan fera cet honnête homme de prêtre qui a si peu d'imitateurs . Olympie sera représentée par la Denesle, jeune actrice qui tâche d'imiter et qui a étudié deux ans sous la Clairon . Lekain la connait . » Voir aussi lettre à Collini du 3 août 1762 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-24-123150901.html et celle du 4 septembre 1762 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-25-123225377.html

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25/07/2017 | Lien permanent

Tout ce que je vois de Russes me persuade toujours qu'Attila était un homme charmant,

Après un zéro qui ne vaut rien par définition, un Hun de paccotille :

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Un Attila du XXè siècle : jazzy !

http://www.deezer.com/listen-2854818

http://www.deezer.com/listen-2854827 : The day before

 

Qui peut m'indiquer le prénom d'Attila ? Vous donnez votre langue au chat (après brossage bien entendu , car Minet est très délicat pour sa nourriture) ?

Marcel ! Attila Marcel !  voici la preuve :

http://www.deezer.com/listen-5937331

 

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Attila, pas celui des films peplum ou autres représentations grimaçantes .

Si l'herbe ne repoussait pas où était passé son cheval, en revanche son poil poussait dru où ne passait pas le rasoir !

Quant à le qualifier de "charmant", j'en laisse la responsabilité à Volti et aux dames .

 

 

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

 

19 novembre 1773

 

Mon cher philosophe aussi intrépide que circonspect, et qui avez grande raison d'être l'un et l'autre, voici une petite assiette de marrons i que Raton envoie à son Bertrand. Je les avais adressés à M. de Condorcet, mais je crois qu'il est toujours à la campagne, et je vous les fais parvenir en droiture. Ces marrons sont comme les livres de mon libraire Caille, ils ne valent rien qui vaille ii; mais il est juste que je vous fasse lire ma satire contre M. de Guibert iii, qui m'a d'ailleurs paru un homme plein de génie, et ce qui n'est pas moins rare, un homme très aimable iv. Je m'intéresse à son Connétable de Bourbon v, d'autant plus que ce grand homme passa par Ferney en se réfugiant chez les Espagnols.

 

Tous les jésuites aujourd'hui, qui ne sont pas de si grands hommes, veulent se réfugier en Silésie, et dans la Prusse polonaise, chez le Révérend Père Fédéric vi. Riez donc, et riez bien fort.

 

La dédicace d'une église catholique a été faite, comme vous savez , à Berlin vii. Je ne sais si les sociniens en obtiendront une viii.

 

Ne croyez vous pas lire les Mille et une nuits quand vous voyez combien de millions Catherine Seconde donne aux princesses de Darmstadt et au comte Panin ix? Où prend-elle tant d'argent après quatre ans d'une guerre si vive et si dispendieuse x? tandis que M. l'abbé Terray xi ne me paye pas, après dix ans de paix, un pauvre petit argent qu'il m'avait pris chez M. Magon xii?

 

Mon cher philosophe, vous seriez actuellement aussi riche que M. Necker si vous aviez été en Russie xiii. C'était à la cour de France de récompenser dignement votre noble désintéressement. Mais vous en êtes dédommagé par les bontés de l'abbé Sabatier xiv, c'est toujours quelque chose.

 

Je ne sais où est Diderot, il était tombé malade à Duisbourg en partant de La Haye pour aller chez l'impératrice des Mille et une nuits xv.

 

Nous avons actuellement à Ferney l'ancien empereur Shouvaloff xvi. C'est un des hommes les plus polis, et des plus aimables que j'aie jamais vus. Tout ce que je vois de Russes me persuade toujours qu'Attila était un homme charmant, et que la sœur d'Honorius xvii fit très bien de partir en poste pour aller l'épouser. Si malheureusement elle ne s'était pas fait faire en chemin un enfant par un de ses valets de chambre, nous pourrions avoir aujourd'hui de la race d'Attila sur quelque trône de l'Europe, et peut-être sur la chaire de saint Pierre.

 

Bonsoir mon très cher et très illustre Bernard.

 

LE VIEUX MALINGRE RATON »

 

i A savoir une brochure de V*. Pour l'image des marrons tirés du feu par Raton pour Bertrand cf. lettres des 1er et 4 janvier 1773.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/01/02/j...

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/01/04/c...

 

 

 

ii La Tactique, poème envoyé par V* commence ainsi : « J'étais lundi passé chez mon libraire Caille, / qui dans son magasin n'a souvent rien qui vaille. » Le libraire genevois protestera contre cette assertion.

http://www.voltaire-integral.com/Html/10/35_Tactique.html

 

 

 

iii Jacques-Antoine-Hippolyte de Guibert a publié un Essai général de tactique, 1772, auquel V* répond par un poème satirique, tout en écrivant à d'Argental le 15 novembre que le livre de Guibert « est plein de grandes idées » et prie d'Argental de faire parvenir à Guibert « une copie de la satire ou de l'éloge qu'il vient de faire de son métier de la guerre. »

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques-Antoine-Hippolyte_de_Guibert

http://www.archive.org/stream/essaignraldetac00guibgoog#page/n12/mode/1up

 

 

 

iv Guibert est allé rendre visite à V* à Ferney en revenant de Prusse où il avait assisté aux manœuvres militaires de Frédéric II.

 

vi Frédéric signe « Fédéric ».

Les jésuites chassés des autres États et dont l'ordre vient d'être supprimé par le pape, trouvent asile dans les États de Frédéric qui les juge utiles et capables d'améliorer l'enseignement.

 

vii Ce fut le 1er novembre . Dans sa lettre du 9 octobre Frédéric parlait de « cette cérémonie, étrangère pour (eux), (qui) attire un grand concours de curieux ».

 

viii Cf. lettre du 22 septembre à Frédéric .

 

ix A l'occasion du mariage de son fils Paul, -dont Panin a été le précepteur-, avec la princesse Wilhelmine de Hesse-Darmstadt.

 

x Guerre depuis le 6 octobre 1768 entre la Russie et la Turquie.

 

xi Contrôleur général des finances.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Marie_Terray

 

xiii Catherine II lui avait proposé d'être précepteur de son fils.

 

xiv Sabatier de Castres, auteur de l'Apologie de Spinoza et du spinozisme « accuse (Marmontel) d'Alembert, M. Thomas [V*], et tutti quanti , d'être un peu hérétiques, ou du moins d'être tombés dans des erreurs qui sentent l'hérésie » : lettre à Marmontel du 24 juillet 1773.Le 26 décembre 1772, d'Alembert a raconté à V* la vie peu honorable de ce « petit maraud » qu'il avait dû chasser de chez lui « parce qu'il imprimait des impertinences contre ce que nous avons de plus estimable dans la littérature » : cf. lettre à d'Alembert du 1er janvier .

 

xv Catherine II le lui avait écrit le 11/22 septembre.

Lettre 134 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-...

 

 

xvi Ivan Shouvalov fut un favori de feu l'impératrice Élisabeth.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ivan_Chouvalov

http://www.batguano.com/vlbcshuvaloff.jpg

 

xvii V* semble faire allusion à Honoria (en réalité sœur de Valentinien III) d'une conduite peu honorable qui implora l'aide d'Attila contre sa famille ; elle voulu l'épouser, ce qu'il acceptait moyennant la moitié des provinces de l'Empire. En fait , c'est Attila qui a rencontré en chemin une autre femme, à coté de laquelle il est mort la nuit de ses noces.

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23/11/2010 | Lien permanent

Je crois en savoir beaucoup sur Mahomet , que j'ai étudié à fond. Je n'ai pas l'honneur d'avoir les talents dont il se v

... Mais de toute manière :"Je n'aime de tous les gens de son espèce que Confucius", et Mahomet me parait un parfait représentant de ces gens qui se parent des plumes du paon et de l'ange Gabriel et ont un fan club d'illuminés qui prennent les paroles du maître pour la vérité, au mépris de toute réflexion .

Pays des Mille et une nuits, que ne t'es tu contenté de donner des contes à dormir debout sans nous abrutir d'une religion nouvelle, ersatz de tout ce qui se faisait à l'époque .

Petit exemple des momeries qui fondent une telle religion :

Al-Buraf_Hafifa cheval volant.jpg

 http://fr.wikipedia.org/wiki/Bouraq

Bourrique au pays de l'or noir et du bourrage de crâne .

 

 

« A Nicolas-Claude THIERIOT.
18è février 1760
Je fais venir, mon cher et ancien ami, un dictionnaire de santé 1 et un almanach de l'état de Paris 2, sur votre parole ; je crois surtout la santé très-préférable à Paris. J'ai grande envie de me bien porter, et nulle de venir dans votre ville. Vous me ferez grand plaisir de m'envoyer la pancarte arabe ; j'en ai déjà quelque connaissance; elle est d'un Anglais, et l'auteur, tout Anglais qu'il est, a tort. Je crois en savoir beaucoup sur Mahomet 3, que j'ai étudié à fond. Je n'ai pas l'honneur d'avoir les talents dont il se vante ; douze femmes m'embarrasseraient beaucoup. Ni vous ni moi n'irons au ciel, comme lui, sur une jument ; mais je tiens que nous sommes beaucoup plus heureux que lui : il a mené une vie de damné avec toutes ses femmes. Je n'aime de tous les gens de son espèce que Confucius ; aussi j'ai son portrait dans mon oratoire, et je le révère comme je le dois.
Le philosophe de Sans-Souci, qui n'est pas sans souci, est encore au rang de ces gens que je n'envie point. Je ne connais point l'édition 4 dont vous me parlez, mais j'en connais une faite à Lyon, dans laquelle il y a une épître au maréchal Keith qui a fort choqué le tympan de toutes les oreilles pieuses : Allez, lâches chrétiens, etc., a révolté tous les dévots; il voulait apparemment parler de ceux qui ont combattu contre lui à Rosbach ; il leur prouve d'ailleurs, tant qu'il peut, que l'âme est mortelle. Je souhaite qu'ils en profitent, afin qu'ils se battent mieux contre lui quand ils croiront avoir moins à risquer. Le philosophe de Sans-Souci pille quelquefois des vers, à ce qu'on dit ; je voudrais qu'il cessât de piller des villes, et que nous eussions bientôt la paix.
Au reste, si l'on m'accuse d'avoir raboté quelquefois des vers de ce diable de Salomon du Nord, je déclare que je ne veux avoir nulle part à sa mortalité de l'âme. Qu'il se damne tant qu'il voudra, je ne veux le voir ni dans ce monde ni dans l'autre.
Je prie Dieu que les housards prussiens ne dévalisent, point M. de Paulmy 5 en chemin. Je suis très-fâché que mon petit ermitage ne se trouve point sur sa route. Il faudra que tôt ou tard il ramène le roi de Pologne à Dresde. Si ce roi de Pologne était un Sobieski, il serait déjà l'épée à la main.
Au reste, il faut que le Salomon du Nord soit le plus grand général de l'Europe, puisque, après deux batailles perdues, et l'affaire de Maxen 6, il trouve encore le secret de menacer Dresde.
Il écrit actuellement sur les campagnes de Charles XII 7; c'est Annibal qui juge Pyrrhus. Ce qu'il m'a envoyé est fort au-dessus des Rêveries du maréchal de Saxe.
Darget m'a paru très-inquiet de l'édition des poésies du Salomon; il a craint qu'on ne lui imputât d'être l'éditeur. Dieu merci, on ne m'en soupçonnera pas, car Salomon me fit la niche de me défaire de ses œuvres à Francfort, et son ambassadeur 8 en cette ville me signa bravement ce beau brevet : « Monsié, dès que vou aurez rendu les poëshies du roi mon maître, vou pourez partir pour où vous semblera » ; et je lui signai : « Bon pour les poëshies du roi votre maître, en partant pour où il me semble.»
Et maintenant il me semble que je suis mieux aux Délices, à Tournay, et à Ferney, qu'à Francfort. Voyez-vous quelquefois d'Alembert ? n'a-t-il pas dans sa tête d'aller remplacer Moreau- Maupertuis à Berlin ? C'est, par ma foi, bien pis que d'aller en Pologne.
Je suis fort aise que M. Hennin 9 veuille bien se souvenir de moi ; son esprit est comme sa physionomie, fort doux et fort aimable.
A propos, écrivez-moi si vous avez ouï dire que l'esprit de discorde se soit reglissé dans l'armée de M. le duc de Broglie 10. Si cela est, nous ferons encore des sottises. Dieu nous en préserve! car il n'y en a point qui ne coûte fort cher. Interim, vale, et me ama. 

V.»

2 Le Tableau de Paris pour l'année 1759, qui donnait des renseignements administratifs, commerciaux, etc. ; voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65348949

3 Voir aussi le commencement de la lettre du 17 mars 1760 à d'Argental page 330 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f344.image... .

Il venait de paraître anonymement une Critique de l'Histoire universelle de M. de Voltaire au sujet de Mahomet et du mahometisme, et V* était probablement en train d'écrire en réponse la Lettre civile et honnête , http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65298757

et voir lettre du 8 mars 1760 à Gabriel Cramer .

4 Celle qui venait de paraître à Paris avec la date de Potsdam, 1760.

5 Le marquis de Paulmy se disposait à partir pour la Pologne avec Hennin, son secrétaire d'ambassade.

6 Du 21 novembre 1759, jour où Finck se rendit à Daun.

7Les Réflexions sur les talents militaires et sur le caractère de Charles XII avaient paru le 8 janvier 1760 sous la forme d'un mince volume, dont un seul exemplaire semble avoir survécu . Ces réflexions furent réimprimées dans les Œuvres de Frédéric ; voir : http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-201476&I=19&Y=Image

. Le 1er mai 1760 Frédéric II écrit à V* : « Je vous ai envoyé mon Charles XII ; je n'en ai fait tirer que douze exemplaires que j'ai donnés à mes amis . Il ne m'en est resté aucun . C'est encore de ce genre d'ouvrages qui sont bons dans de petites sociétés, mais qui ne sont point faits pour le public . »

8 Freytag.

9 Pierre-Michel Hennin qui partait avec M. de Paulmy et qui venait d’écrire à V*.

10 Le duc de Broglie était mal avec Soubise, et la prophétie de Voltaire ne tarda pas à s'accomplir.

 

 

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20/02/2015 | Lien permanent

On espère que cette protection pourra s’étendre jusqu’à faciliter aux Genevois les moyens d’acquérir des terres dans le

... Ami Voltaire, ton idée a fait long feu mais elle est d'actualité depuis quelques dizaines d'années maintenant, les propriétaires gessiens ont profité de l'aubaine du franc suisse cher, ont vendu aux Suisses bien nantis qui ont maintenant le beurre et l'argent du beurre, et les Français qui travaillent côté français n'ont que les yeux pour pleurer . L'immobilier est digne des exorbitants prix  parisiens .

https://www.lepaysgessien.fr/916/article/2019-10-27/pays-...

Qui sont les 300 plus riches de Suisse en 2018? - Bilan

De bleu de bleu !https://www.rts.ch/play/tv/12h45/video/geneve-est-connue-pour-son-fameux-juron--de-bleu-de-bleu?urn=urn:rts:video:6147058

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

A Ferney 12è février 1766

Il est vrai, mes anges gardiens, que M. le duc de Praslin ne pouvait faire un meilleur choix que celui de M. le chevalier de Beauteville ; la convenance y est tout entière. Vous savez que je suis intéressé plus que personne à tous les arrangements qu’on peut faire à Genève. J’ai quelque bien dans cette ville, mes terres sont à ses portes, beaucoup de Genevois sont dans ma censive 1. Je vous supplie donc d’obtenir de M. le duc de Praslin qu’il ait la bonté de me recommander à monsieur l’ambassadeur.

Quant à l’objet de la médiation, je puis assurer qu’il n’y a qu’un seul point un peu important ; et je crois, avec M. Hennin, que la France en peut tirer un avantage aussi honorable qu’utile. Il s’agit des bornes qu’on doit mettre au droit que les citoyens de Genève réclament de faire assembler le Conseil général, soit pour interpréter des lois obscures, soit pour maintenir des lois enfreintes.

Il faut savoir si le Petit Conseil est en droit de rejeter, quand il lui plaît, toutes les représentations des citoyens sur ces deux objets ; c’est ce qu’on appelle le droit négatif.

Vous pensez que ce droit négatif, étant illimité, serait insoutenable ; qu’il n’y aurait plus de république ; que le petit conseil des Vingt-Cinq se trouverait revêtu d’un pouvoir despotique, que tous les autres corps en seraient jaloux, et qu’il en naîtrait infailliblement des troubles interminables ; mais aussi il serait également dangereux que le peuple eût le droit de faire convoquer le Conseil général selon ses caprices.

Il est très-vraisemblable que les médiateurs, éclairés et soutenus par M. le duc de Praslin, fixeront les cas où le Conseil général, qui est le véritable souverain de la République, devra s’assembler. J’ose espérer que les médiateurs, étant garants de la paix de Genève, demeureront toujours les juges de la nécessité ou de l’inutilité d’assembler le Conseil général. L’ambassadeur de France en Suisse, étant toujours à portée, et devant avoir naturellement une grande influence sur les opinions de Zurich et de Berne, se trouvera le chef perpétuel d’un tribunal suprême qui décidera des petites contestations de Genève.

Il me semble que c’est l’idée de M. Hennin. Lorsque, dans les occasions importantes, la plus nombreuse partie des citoyens qui ont voix délibérative au conseil général demanderont qu’il soit assemblé, le conseil des Vingt-Cinq, joint au conseil des Deux-Cents, sera juge de cette réquisition en premier ressort ; monsieur l’ambassadeur de France, l’envoyé de Berne, et le bourgmestre de Zurich, seront juges en dernier ressort, et ils prononceront sur les mémoires que les deux partis leur enverront.

Si ce règlement a lieu, comme il est très vraisemblable, Genève sera toujours sous la protection immédiate du roi, sans rien perdre de sa liberté et de son indépendance.

On espère que cette protection pourra s’étendre jusqu’à faciliter aux Genevois les moyens d’acquérir des terres dans le pays de Gex. Plus le roi de Sardaigne les moleste vers la frontière de la Savoie, plus nous profiterions, sur nos frontières, des grâces que Sa Majesté daignerait leur faire. Le pays produirait bientôt au roi le double de ce qu’il produit ; nos terres tripleraient de prix, les droits de mouvance seraient fréquents et considérables ; les Genevois rendraient insensiblement à la France une partie des sommes immenses qu’ils tirent de nous annuellement, et ils seraient sous la main du ministère.

Ce qui empêche jusqu’à présent les Genevois d’acquérir dans notre pays, c’est que non-seulement on les met à la taille, mais on les charge excessivement. M. Hennin et M. Fabry croient qu’il sera très aisé de lever cet obstacle, en imposant, sur les acquisitions que les Genevois pourront faire, une taxe invariable qui ne les assujettira pas à l’avilissement de la taille, et qui produira davantage au roi.

J’ajoute encore que, par cet arrangement, il sera bien plus aisé d’empêcher la contrebande ; mais cet objet regarde les fermes générales.

Il ne m’appartient pas de faire des propositions ; je me borne à des souhaits. Vous me direz que je suis un peu intéressé à tout cela, et que Ferney deviendrait une terre considérable . Je l’avoue ; mais c’est une raison de plus pour que je demande la protection de M. le duc de Praslin, et ce n’est pas une raison pour qu’il me la refuse. Je vous supplie donc instamment, mes divins anges, de lui présenter mes idées, mes requêtes, et mon très respectueux attachement.

N. B. – Je ne sais pourquoi les Genevois disent toujours le roi de France notre allié. Addison prétend que, quand il passa par Monaco, le concierge lui dit ,  Louis IV et monseigneur mon maître ont toujours vécu en bonne intelligence, quand la guerre était allumée dans toute l’Europe.2 

Je me mets à l’ombre de vos ailes.

V. »

1La censive est le territoire d'un fief comprenant des terres assujetties au cens . Le cens est, dans le régime féodal, la rente foncière dont un héritage était chargé envers le seigneur du fief dont il dépendait .

2 Anecdote rapportée par Addison dans ses Remarks on Several Parts of Italy ( Remarque sur divers endroits d'Italie, 1722 ) . Voir The Works of […] Joseph Addison, 1854-1856, I, 360 ;

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30/05/2021 | Lien permanent

On a laissé dire ces évêques et on ne persécute personne

D'abord qui sont-ils, ces Roms ? http://fr.wikipedia.org/wiki/Roms

Où en sont les évêques, tant celui de Rome (femme de Rom ? ce qui expliquerait -?- la réaction de mari trompé du pape ), que les petits et les sans-grades du clergé catholique ?

 http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5iwPUsx...

 http://sitemap.dna.fr/articles/201008/24/une-salve-de-cri...

http://www.rtl.fr/fiche/5948864382/l-eglise-est-elle-dans...

Etc. , Etc. ...

 Et pendant ce temps que fait la seconde religion de France ? Eh ! bien, elle se réfugie héroïquement derrière l'avis du grand rabbin , ce qui me rappelle le mariage de la carpe et du lapin (le lapin peureux, vous voyez à qui je pense !).

 http://lermf.com/Actualité-France/probleme-des-roms-le-gr...

Pour mémoire, lisez le discours du chanoine Sarko-le -pieux (comme dit Carla !) : http://www.la-croix.com/documents/doc.jsp?docId=2323765&a...

Superbe exemple de ce que l'on peut faire dire à l'histoire quand on veut se faire bien voir ! Magnifique exemple de désinformation ! Niveau école primaire, degré Barbapapa !

Discours d'ignare en histoire , Voltaire l'aurait renvoyé à l'école ! Chanoine Sarko, ce n'est pas grâce à toi que la "Fille aînée de l'Eglise" sera demandée en mariage, sa robe blanche est bien défraichie et on a vu son cul ...

 Et spécialement pour cet homme de Dieu (qui s'en mord ses Saints  doigts !) , une dédicace, aussi historique que les évènements cités : http://www.deezer.com/listen-2844271

- J'en ai vu qui rient !...-

- Expulsés !...

 

 

« A Paul-Claude Moultou

[Monsieur de Moultou à Genève]

 

On vous trompe, mon cher philosophe,quand on vous a dit que l'archevêque de Toulouse [i] a proposé des facilités pour les mariages des protestants dans une délibération de l'Assemblée du clergé. Ce n'est point dans ces délibérations qu'on agite ces questions d'État. M. l'archevêque de Toulouse en a parlé il y a quelque temps dans une conversation avec quelques évêques, et a montré autant de tolérance que de politique.

 

Il est très faux que des colporteurs aient été arrêtés pour avoir débité la Diatribe [ii]. Cette pièce est imprimée dans le Mercure d'auguste, ou d'août [iii] où nous sommes. M. le contrôleur général [iv] en a été infiniment satisfait et en a remercié l'auteur. Quelques évêques se sont fâchés contre La Harpe qui a fait l'éloge de cette Diatribe dans ce Mercure d'auguste ou août. On a laissé dire ces évêques et on ne persécute personne [v]. M. Turgot est en train de rendre les plus grands services à la nation et à la raison. Sa sagesse et sa bienfaisance s'étendent jusque sur nos pauvres habitants ignorés du mont Jura [vi]. Attendez-vous, vous autres Genevois nos voisins, aux choses les plus agréables ; c'est tout ce que je puis vous dire.

 

Ceux qui vous mandent que le clergé welche n'a jamais eu plus d'activité et de crédit se trompent de moitié. Ils ont raison sur l'activité.

 

Je vous embrasse, mon cher ami, avec tendresse et avec joie, quoique fort malade.

 

V.

 

29è auguste 1775 »

 

i Loménie de Brienne.

ii Diatribe à l'auteur des Éphémérides « sur les blés » de V*.

iii V* conteste le bien fondé « d'août ».

iv Turgot.

v Cf. lettre à La Harpe du 3 septembre 1775.

vi Le 31 août V* donne des détails à Fabry : « M. de Trudaine, dans la lettre dont il m'honore, dit expressément que nous pourrons convenir d'un prix avec Messieurs les fermiers généraux pour le sel... Le bienfait très signalé et très inattendu est que nous soyons débarrassés de cette foule d'employés [les fermiers généraux] qui vexe la province, qui remplit les prisons, et qui interdit tout commerce ... Nous profiterons ... de notre liberté pour faire proposer aux fermiers généraux de nous livrer du sel au même prix qu'à Genève ... Alors il vous sera très aisé de prendre sur la vente de ce même sel une somme assez considérable pour payer les dettes de la province, pour donner une indemnité à la ferme, et pour subvenir à la confection des chemins. La liberté qu'on daigne nous offrir, l'abolissement des corvées sont des bienfaits inestimables ... »

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29/08/2010 | Lien permanent

Afin que nous puissions tous être à vos pieds.

plume bon_anniversaire.gif
Avant toute chose :
tous mes voeux pour LoveVoltaire et son blog
magnifique
par le contenu et la présentation http://www.monsieurdevoltaire.com/ qui fête aujourd'hui sa première année .
Allez-y, sans hésitation ni murmure, appréciez et suivez son travail de passionné(e) de V*.
feu d artifices.jpg
Et qu'il brille encore longtemps !!!

 

 

 

 

 

« A Claire-Josèphe-Hippolyte Léris de La Tude Clairon

 

                            Belle Melpomène, ma main ne répondra pas à la lettre dont vous m’honorez, parce qu’elle est un peu impotente ; mais mon cœur, qui ne l’est pas, y répondra.

 

                            Raisonnons ensemble, raisonnons.

 

                            Les monologues qui ne sont pas des combats de passions ne peuvent jamais remuer l’âme et la transporter. Un monologue qui n’est et ne peut être que la continuation des mêmes idées et des mêmes sentiments, n’est qu’une pièce nécessaire à l’édifice ; et tout ce qu’on lui demande c’est de ne pas refroidir. Le mieux, sans contredit, dans votre monologue du second acte, est qu’il soit court. On peut faire venir Fanie, et finir par une situation attendrissante. Je tâcherai d’ailleurs de fortifier ce petit morceau ainsi que bien d’autres. On a été forcé de donner Tancrède avant que j’y pusse mettre la dernière main. Cette pièce ne m’a jamais coûté un mois. Vos talents ont sauvé mes défauts ; il est temps de me rendre moins indigne de vous.

 

                            Je ne suis point du tout de votre avis, ma belle Melpomène, sur le petit ornement de la Grève que vous me proposez. Gardez-vous, je vous en conjure, de vouloir rendre la scène française dégoûtante et horrible, et contentez-vous du terrible. N’imitons pas ce qui rend les Anglais odieux. Jamais les Grecs qui entendaient si bien l’appareil du spectacle ne se sont avisés de cette invention de barbares. Quel mérite y a-t-il, s’il vous plait, à faire construire un échafaud par un menuisier ? En quoi cet échafaud se lie-t-il avec l’intrigue ? Il est beau, il est noble de suspendre des armes et des devises ; il en résulte qu’Orbassan voyant le bouclier de Tancrède sans armoiries, et sa cotte d’armes sans faveurs des belles, croit avoir bon marché de son adversaire ; on jette le gage de bataille, on le relève ; tout cela forme une action qui sert au nœud essentiel de la pièce. Mais faire paraître un échafaud pour le seul plaisir d’y mettre quelques valets de bourreau, c’est déshonorer le seul art par lequel les Français se distinguent, c’est immoler la décence à la barbarie ; croyez-en Boileau, qui dit :[d’après L’Art poétique]

Mais il est des objets que l’art judicieux

Doit offrir à l’oreille, et dérober aux yeux.

 

                            Ce grand homme en savait plus que les beaux esprits de nos jours.

 

                            J’ai crié trente ou quarante ans qu’on nous donnât du spectacle dans nos conversations en vers appelées tragédies. Mais je crierais bien davantage si on changeait la scène en place de Grève. Je vous conjure de repousser cette abominable tentation.

 

                            J’enverrai dans quelque temps Tancrède, quand j’aurai pu y travailler à loisir. Car figurez-vous que, dans ma retraite, c’est le loisir qui me manque. Fanime suivra de près [ex Zulime de 1739-1740, future Zulime représentée en 1761-1762]. Nous venons de l’essayer en présence de M. le duc de Villars, de l’intendant de Bourgogne [Le frère de son ennemi Omer Joly de Fleury, venu avec le fils même d’Omer . V* parle à presque tous ses correspondants de leur visite et de l’accueil qu’il leur a fait] et de celui du Languedoc [Jean-Emmanuel de Guignard, vicomte de Saint-Priest]. Il y avait une assemblée très choisie. Votre rôle est plus décent, et par conséquent plus attendrissant qu’il n’était ; vous y mourez d’une manière qu’on ne peut prévoir, et qui a fait un effet terrible, à ce qu’on dit. La pièce est prête. Je vais bientôt donner tous mes soins à Tancrède. Quand vous aurez donné la vie à ces deux pièces, je vous supplierai d’être malade, et de venir vous mettre entre les mains de Tronchin, afin que nous puissions tous être à vos pieds.

 

 

                            Voltaire

                            16 octobre 1760. »

 

 

gateau_anniversaire réussi.gif
Régalez-vous !
Gâteau avec Chantilly, bien évidemment  ;-)

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Le travail, qui était ma consolation, m’est interdit

... se désole Pénélope F*** . Compatissons ô happy taxpayers ! Qu'elle se rassure , son  mari va bientôt revenir au bercail et lui apporter toute la consolation qui lui est due .

 pyramide-maslow

Quel besoin lui est nécessaire ?

 

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville, ancien

Conseiller du Parlement de Rouen

Rue Saint-Pierre du Rempart

à Paris

et s'il n'y est pas

renvoyer à sa terre de

Launay par Rouen

Aux Délices 24è mai 1762 1

Mon cher et ancien ami, nous commençons l’un et l’autre à être dans l’âge où il faut s’occuper soigneusement de conserver les restes de sa machine. Nous avons vu mourir notre cher abbé du Resnel 2; vous avez été malade, mais vous êtes né heureusement. Vous êtes un chêne, et je suis un arbuste ; je me sens encore de la tempête que j’ai essuyée ; je parie que vous buvez du vin de Champagne quand je bois du lait, et que vous mangez des perdrix et des turbots quand je suis réduit à une aile de poularde. Vous allez chez de belles dames, vous courez de Paris à votre terre, et moi je suis confiné.

Le travail, qui était ma consolation, m’est interdit. Je ne peux plus me moquer de frère Berthier, de Pompignan, et de Fréron. Je baisse sensiblement. L’édition de Corneille ira pourtant toujours son train.

Il y avait une grande dispute pour savoir si Corneille avait pris Héraclius de Calderon. Pour terminer la dispute, j’ai traduit cette farce espagnole, qu’on appelle tragédie. Il a fallu me remettre à l’espagnol, que j’avais presque oublié : cela m’a coûté quelques peines ; mais je vous assure que j’en ai été bien payé. Il est bon de voir ce que c’était que ce Calderon tant vanté : c’est le fou le plus extravagant et le plus absurde qui se soit jamais mêlé d’écrire. Je ferai imprimer sa drôlerie à côté de L'Héraclius de Corneille, et toutes les nations de l’Europe, qui souscrivent pour cet ouvrage, pourront juger que le bon goût n’est qu’en France. Ce n’est pas qu’il n’y ait des étincelles de génie dans Calderon, mais c’est le génie des Petites-Maisons.

Au reste, je suis bien sûr que vous ne pensez pas que mon commentaire soit à la Dacier 3; je critique avec sévérité, et je loue avec transport. Je crois que l’ouvrage sera utile, parce que je ne cherche jamais que la vérité. Mademoiselle Corneille n’entendra point mon commentaire : elle récite assez joliment des vers ; nous en avons fait une actrice ; mais il se passera encore bien du temps avant qu’elle puisse lire son oncle.

Voilà son père réformé avec M. de Chamousset 4, son protecteur. Il est déjà venu chez nous, il y revient encore ; nous lui avons donné quelque petite avance sur l’édition. Il va à Paris. Qu’y deviendra-t-il quand il n’aura que son nom ?

Adieu, mon cher ami ; j’espère que ma lettre vous trouvera ou à Paris ou à Launay. Madame Denis doit vous écrire. Nous sommes deux ici à qui vous coûtez bien des regrets. Je vous embrasse tendrement.

V.

Pardon si je ne vous écris pas de ma main ; je suis d’une faiblesse extrême. »

1 Sur le manuscrit une main étrangère a remplacé l’adresse par « M. Trotel rue du Saint-sacrement à Rouen » . V* répond à une lettre de Cideville du 11 mai à Paris disant notamment : « […] la nouvelle effrayante de votre maladie me tire de mon anéantissement . On nous a dit que vous aviez été très mal d'une inflammation […] Qui désormais [disaient les gens de lettres] portera cette égide invincible et terrible aux sots et nous garantira des attentats des Frér..., et des Pompi... ? […] d'autres criaient, qui nous peut remplacer le conteur facile et badin de La Pucelle, le Molière nouveau, l'auteur de Nanine et de tant d'autres jolies comédies ? […] [Je] courais aussi les rues, en mêlant mes larmes sincères à ces frayeurs du public, quand enfin j'ai trouvé mon consolateur, M. Crommelin m'a montré une lettre de Genève datée du 3 qui nous rappelle tous à la vie en nous assurant que la vôtre est en sûreté […] Je serai encore le reste du mois à Paris […] « 

 

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12/04/2017 | Lien permanent

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