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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Les nouvelles de cette maladie varient tous les jours ; mais je m’imagine toujours que le péril n’est pas pressant, puis

... Nos gouvernants font le même raisonnement : puisque le péril est grand, --ô grand méchant Covid assassin,-- point de spectacles (hors celui de ces imbéciles et dangereux  moutons de Panurge qui sous prétexte d'un rayon de soleil sortent en  masse,  postillonnent sans retenue , puis vont râler qu'on les opprime ).

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine, marquise de Florian

7 novembre [1765]

Ma chère nièce, voici un gros paquet que Mme la duchesse d’Anville a bien voulu vous faire parvenir 1. Vous y trouverez d’abord une lettre de M. le comte de Schouvalof pour M. de Florian, et un paquet pour Mme du Deffant, que je vous supplie de lui faire tenir comme vous pourrez, et le plus tôt que vous pourrez.

Je ne sais pas trop quand vous recevrez tout cela, car nous sommes inondés ; les ponts sont emportés, les coches de Lyon se noient dans la rivière d’Ain 2 ; nous voilà séparés du reste du monde, mais je m’aperçois seulement que je suis séparé de vous. Vous m’aviez accoutumé à une vie fort douce.

On ne sait point encore quand M. Tronchin ira s’établir à Paris ; il semble qu’il redoute d’y être consulté sur la maladie de M[gr] le dauphin. Les nouvelles de cette maladie varient tous les jours ; mais je m’imagine toujours que le péril n’est pas pressant, puisque les spectacles continuent à Fontainebleau.

Je n’ai point vu Mlle Clairon sur la liste des plaisirs ; il semble qu’on ait voulu lui faire croire qu’on pouvait se passer d’elle. Vous allez avoir, à la Saint-Martin, l’opéra-comique, le parlement et le clergé. Tout cela sera fort amusant ; mais si vous êtes un peu philosophe, vous vous plairez davantage à la conversation de MM. Diderot et Damilaville.

Je ne sais si vous savez que J.-J. Rousseau a été lapidé 3comme saint Étienne, par des prêtres et des petits garçons de Môtiers-Travers, Il me semble qu’on en parlait déjà quand tous étiez dans l’enceinte de nos montagnes ; mais le bruit de ce martyre n’était pas encore confirmé. Heureusement les pierres n’ont pas porté sur lui. Il s’est enfui comme les apôtres, et a secoué la poussière de ses pieds 4.

Nous verrons si le clergé de France lapidera les parlements. Il me semble que celui de Paris a perdu son procès au sujet des nonnes de Saint-Cloud. Cela est bien juste ; l’archevêque est duc de Saint-Cloud, et il faut que le charbonnier soit maître chez lui, surtout quand il a la foi du charbonnier.

Je vous prie, quand il y aura quelque chose de nouveau, de donner au grand écuyer de Cyrus la charge de votre secrétaire des commandements. Vous ferez une bonne action, dont je vous saurai beaucoup de gré, si vous donnez à dîner à M. de Beaumont, non pas à Beaumont l’archevêque, mais à Beaumont le philosophe, le protecteur de l’innocence, et le défenseur des Calas et des Sirven. L’affaire des Sirven me tient au cœur ; elle n’aura pas l’éclat de celle des Calas : il n’y a eu malheureusement personne de roué ; ainsi nous avons besoin que Beaumont répare par son éloquence ce qui manque à la catastrophe. Il faut qu’il fasse un mémoire excellent. Je voudrais bien le voir avant qu’il fût imprimé, et je voudrais surtout que les avocats se défissent un peu du style des avocats.

Adieu, ma chère nièce ; vous devez recevoir ou avoir reçu une lettre de votre sœur. Nous faisons mille compliments à tout ce qui vous entoure, mari, fils, et frère, et nous vous souhaitons autant de plaisir qu’on en peut goûter quand on est détrompé des illusions de Paris. »

1 Cette lettre avait été remise à Mme la duchesse d'Anville, dont le départ fut retardé de jour en jour ; voyez lettre du 16 octobre 1765 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/02/13/y-a-t-il-rien-de-plus-tyrannique-par-exemple-que-d-oter-la-l-6297342.html

3 Le 1er septembre et dans la nuit du 5 au 6 septembre 1765.

4 Évangile de Matthieu X, 14 : https://www.aelf.org/bible/mt/10

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01/03/2021 | Lien permanent

Ce n'est qu'avec de l'argent comptant qu'on réussit dans ce monde

... Réaliste , non ? trop vrai, oui !

"CE" monde veut du cash mais il vit à crédit financièrement, et énergétiquement .

 

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Blog qui mérite la visite : http://tbearbourges.com/page/52/?themes_on_signup_preview=1

 

« A Charles de BROSSES , baron de Montfalcon
Aux Délices, 17 mars [1760]
Je supplie monsieur l'antifétichier de n'être point antivoltaire. Ce procureur Finot me mande qu'il faut s'adresser au conseil pour ne point payer le grand procès des six noix à 100 livres la pièce 1. Je m'adresse donc au conseil. Pourquoi donc vous, monsieur le président, m'avez-vous dit de m'adresser au parlement ? J'ai eu en vous une foi implicite, et voilà qu'on me fait courir à M. de Courteilles !
A propos, monsieur, j'ai reçu vos plants de Bourgogne ; ils sont arrivés tout pourris. Notre terrain est indigne de la Bourgogne; cependant le plant que je fis l'année passée réussit fort bien.
Ayez donc, monsieur, un peu de crédit auprès de monseigneur le comte de La Marche. Il n'a point encore fini pour les lods et ventes de Ferney. Il me chicane. Je veux éloigner toute chicane pour Tournay. Je lui propose une somme fixe. Il me semble qu'il devrait bien l'accepter. On ne prend point assez à cœur la liberté du pauvre pays de Gex. Il n'y a certainement d'autre parti à prendre que de se racheter en donnant une somme au roi, qui s'accommodera comme il voudra avec les fermiers généraux. Ce n'est qu'avec de l'argent comptant qu'on réussit dans ce monde.
On dit qu'on va poursuivre les jésuites, et frère Sacy, et frère- procureur, et frère provincial, pour 150 000 livres tournois de lettres de change 2. S'ils n'ont pas d'argent, les jansénistes triompheront.
Je me mets aux pieds de mon grand antifétichier.

V. »

1 Des noyers abattus dont De Brosses demandait le remboursement ; voir lettre du 29 décembre 1758 à Jean-Robert Chouet : « Je prie monsieur Chouet de faire abattre et scier proprement les huit noyers près de Chambésy, ou autour du grand pré , lesquels ne portent point de noix et sont sur le retour . Fait à Tournay le 29 décembre 1758. Voltaire. »

2 Lisez 1 500 000 livres. Les jésuites furent condamnés comme solidaires avec le Père Sacy, puis supprimés et bannis. Le président de Brosses appelait l'arrêt relatif aux 1,500,000 livres, une avanie à la turque. (Note du premier éditeur.)

 

 

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17/03/2015 | Lien permanent

Il n'est pas mal de rabattre un peu l'orgueil des Anglais qui se croient souverains

... Dédicace aux rois du Brexit , en particulier Boris Johnson, individu blond pisseux qui fait la paire de ce côté de l'Atlantique avec un mauvais goût à la Trump . Il semblerait bien que ces délabrés capillaires soient aussi désordonnés sous leur crâne que dessus .

"God save the queen" est aussi ridicule que le "God save USA", rituels de trouillards débiles  .

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On va pouvoir transposer les histoires de blondes , en pire .

 

 

 

 

« A Charles Pinot Duclos

Aux Délices 20 janvier 1762

Ni le petit mémoire 1, monsieur, que vous avez eu la bonté de communiquer à l'Académie, ni aucun des commentaires qu'elle a bien voulu examiner, ne sont destinés à l'impression . Ce ne sont je le répète encore, que des doutes et des consultations . Je demande les avis de l'Académie pour pressentir le jugement du public éclairé et pour avoir un guide sûr qui me conduise dans un travail très épineux et très pénible . Non seulement je consulte l'Académie en corps, mais je m'adresse à des membres qui ne peuvent assister aux assemblées . M. le cardinal de Bernis par exemple a présentement entre les mains mes doutes sur Rodogune et je vous les enverrai dès qu'il me les aura rendus . Encore une fois il s'agit d'avoir toujours raison et je ne peux demander trop de conseils .

Je tâche d'égayer et de varier l'ouvrage par tous les objets de comparaison que je trouve sous la main . Voilà pourquoi je rapporte la chanson des sorcières de Shakespear qui arrivent sur un manche à balai et qui jettent un crapaud dans leur chaudron . Il n'est pas mal de rabattre un peu l'orgueil des Anglais qui se croient souverains du théâtre comme des mers et qui mettent sans façon Shakespear au dessus de Corneille .

J'ai une chose particulière à vous mander, dont peut-être l'Académie ne sera pas fâchée pour l'honneur des lettres . Vous savez que j'avais autrefois une pension, je l'avais oubliée depuis douze ans, non seulement parce que je n’en ai pas besoin, mais parce qu'étant retiré et inutile, je n'y avais aucun droit . Sa Majesté de son propre mouvement et sans que je pusse m'y attendre ni que personne au monde l'eût sollicitée, a daigné me faire envoyer un brevet et une ordonnance . Peut-être est-il bon que cette nouvelle parvienne aux ennemis de la littérature et de la philosophie . Je me recommande toujours aux bontés de l'Académie et je vous prie de me conserver les vôtres . »

 

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17/01/2017 | Lien permanent

Les Français, persécutés et chargés de chaînes, dansent très joliment avec leurs fers quand le geôlier n'est pas là

...

 

« A Jean-François Marmontel

22è auguste 1767 1

Je reçois, mon cher ami, votre lettre du 7è auguste, car août est trop welche. Vous avez dû recevoir la mienne dans laquelle je vous disais que notre impératrice, notre héroïne de Scythie, avait traduit le XVè chapitre. On m'assure, dans le moment,, qu'il est traduit en italien, et dédié à un cardinal 2, c'est de quoi il faut s'informer; mais ce qu'il faut surtout souhaiter, c'est que la Sorbonne le condamne . Elle sera couverte d'un ridicule et d'un opprobre éternels ; elle sera précisément au niveau de Fréron.

Je vous recommande La Harpe quand je ne serai plus. Il sera un des piliers de notre église il faudra le faire de l'Académie 3. Après avoir eu tant de prix, il est bien juste qu'il en donne.

Au reste, souvenez-vous que s'il y a dans l'Europe des princes et des ministres qui pensent, ce n'est guère qu'en France qu'on peut trouver les agréments de la société. Les Français, persécutés et chargés de chaînes, dansent très joliment avec leurs fers quand le geôlier n'est pas là . Nous avons eu des fêtes charmantes à Ferney. Mme de La Harpe a joué comme Mlle Clairon, M. de La Harpe comme Lekain, M. de Chabanon infiniment mieux que Molé . Cela console.

Passerez-vous votre hiver à Aix-la-Chapelle ? En ce cas, mandez-moi comment on pourrait faire pour vous envoyer un petit paquet sous l'enveloppe de Mme Filleul4.

Adieu, mon cher confrère . Je n'écris point de ma main . Je suis aveugle comme votre Bélisaire; je répète son credo, mais je ne le commente pas si bien que lui. 

V. »

1 L'édition de Kehl est incomplète de l'avant-dernier paragraphe .

2 En réalité, la première traduction italienne de l'ouvrage Belisario, 1768, est dédiée à Caterina Dolfin Tiepolo .

Voir : https://en.wikipedia.org/wiki/Caterina_Dolfin.

3 La Harpe y entrera une dizaine d'années plus tard : https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/jean-francois-de-la-harpe

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10/04/2023 | Lien permanent

cette Histoire, qu'on met impudemment sous mon nom, n'est point de moi

... ça reste à voir !

 

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Quel rapport avec le texte ci-dessous, me direz-vous ?

Mam'zelle Wagnière, je sais que vous trouverez .


 

 

« A M. Georg-Conrad WALTHER 1

1er janvier 1756.

Mon cher Walther, on me mande qu'on a imprimé en Hollande, et que vous voulez réimprimer en Allemagne une prétendue Histoire de la Guerre de 1741. L'amitié que j'aurai toujours pour vous m'oblige de vous avertir que cette Histoire, qu'on met impudemment sous mon nom, n'est point de moi. Vous le verrez aisément par ma lettre ci-jointe à l'Académie française. Je vous prie de faire imprimer cette lettre dans les journaux d'Allemagne, et de vouloir bien aussi faire insérer dans les gazettes le désaveu que je joins ici dans un petit papier. Vous obligerez un homme qui fera toujours profession d'être votre serviteur et votre ami.
VOLTAIRE »

 

 

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ce n’est pas des roués, mais des fous, que je vous entretiendrai aujourd’hui. De quels fous ? m’allez-vous dire

... Ceux qui refusent la vaccination anti-Covid !

Que dire des soignants qui sont dans le camp des opposants ? Pourquoi trouver liberticide l'obligation de se faire vacciner ? Il s'agit de santé publique, tout doit être fait pour éradiquer le virus dans les plus grandes proportions . Qui se souvient de l'obligation faite à tout le personnel médical de se faire vacciner contre l'hépatite B ? Ce qui fut fait sans hurler "la liberté est morte", le sens de la responsabilité étant encore respecté . Autre temps, autres moeurs, on ne demandait pas aux politiciens ni aux syndicalistes d'avoir un pouvoir décisionnaire en matière médicale  .

Le virus ne passera pas par moi !

Pour info :

https://professionnels.vaccination-info-service.fr/Recomm...

Vie De Carabin on Twitter: "Les anti-vaccins 3/3 D'autres BD d'un étudiant  en médecine sur @VieDeCarabin… "

 

Un p'tit coup de gueule de Pierre Perret  ( à réactualiser ) : https://www.youtube.com/watch?v=zA2JjodD6IU

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

29è mars 1766

Mes divins anges, ce n’est pas des roués, mais des fous, que je vous entretiendrai aujourd’hui. De quels fous ? m’allez-vous dire. D’un vieux fou qui est Pierre Corneille, petit-neveu, à la mode de Bretagne, de Pierre Corneille, et non pas de Pierre Corneille auteur de Cinna, mais sûrement de l’auteur de Pertharite, qui n’a pas le sens commun.

Nous avions toujours craint, Mme Denis et moi, sur des notions assez sûres, qu’il ne sût pas gouverner la petite fortune qu’on lui a faite avec assez de peine. Figurez-vous, mes anges, qu’il mande à sa fille qu’elle doit lui envoyer incessamment cinq mille cinq cents livres pour payer ses dettes. M. Dupuits est assurément hors d’état de payer cette somme ; il liquide les affaires de sa famille ; il paye toutes les dettes de son père et de sa mère ; il se conduit en homme très sage, lui qui est à peine majeur ; et notre bonhomme Corneille se conduit comme un mineur. Nous vous demandons bien pardon, mes chers anges, Mme Denis, M. Dupuits, et moi, de vous importuner d’une pareille affaire ; mais à qui nous adresserons-nous, si ce n’est à vous, qui êtes les protecteurs de toute la Corneillerie 1? Non-seulement Pierre a dépensé en superfluité tout l’argent qu’il a retiré des exemplaires du roi, mais il a acheté une maison à Évreux, dont il s’est dégoûté sur-le-champ, et qu’il a revendue à perte. Il m’a paru fort grand seigneur dans le temps qu’il a passé à Ferney ; il ne parlait que de vivre conformément à sa naissance, et de faire enregistrer sa noblesse, sans savoir qu’il descend d’une branche qui n’a jamais été anoblie, et qu’il n’y a plus même de parenté entre sa fille et le grand Corneille. Il n’avait précisément rien quand je mariai sa fille : il a aujourd’hui quatorze cents livres de rente, et les voici bien comptées .

Sur M. Tronchin

600 livres

Pensions des fermiers généraux

400 ''

Sa place à Évreux

160 ''

Sur M. Dupuits

240 ''

Total

1400 livres

 

S’il avait su profiter du produit des exemplaires du roi, il se serait fait encore 500 livres de rente ; il aurait donc été très à son aise, eu égard au triste état dont il sortait.

Comment a-t-il pu faire pour 5 500 livres de dettes sans avoir la moindre ressource pour les payer ? Il a acheté, dit-il, une nouvelle maison à Évreux : qui la payera ? Il faudra bien qu’il la revende à perte, comme il a revendu la première. Il doit à son boulanger deux ou trois années. Vous voyez bien que le bonhomme est un jeune étourdi qui ne sait pas ce que c’est que l’argent, et qui devrait être entièrement gouverné par sa femme, dont l’économie est estimable. On pourra l’aider dans quelques mois ; mais pour les 5,500 livres qu’il demande, il faut qu’il renonce absolument à cette idée, plus chimérique encore que celle de sa noblesse.

Mes anges ne pourraient-ils pas avoir la bonté de l’envoyer chercher, et de lui proposer de se mettre en curatelle sous sa petite femme ? Il se fait payer ses rentes d’avance, dépense tout sans savoir comment, mange à crédit, se vêtit à crédit, et cependant il n’est point interdit encore. Pardon, encore une fois, de ma complainte ; notre petite Dupuits est désespérée ; sa conduite est aussi prudente que celle de son père est insensée. Agésilas, Attila, et Suréna, ne sont pas des pièces plus mal faites que la tête du jeune Pierre.

Respect et tendresse. 

V.»

1 Néologisme amusant du style historiographerie, déjà vu .

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03/07/2021 | Lien permanent

Par ma foi la musique italienne n'est faite que pour faire briller des châtrés à la chapelle du pape

... Châtrés et aphones comme Carla : https://www.youtube.com/watch?v=qLD1mEX9Kpg&ab_channe...

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon

29è janvier 1768 à Ferney 1

Ami vrai et poète philosophe, ne vous avais-je pas bien dit 2 que le lecteur 3 ne serait jamais l'approbateur, et qu'il éluderait tous les moyens de me plaire, malgré tous les moyens qu'il a trouvés de plaire ? Ne trouvez-vous pas qu'il cite bien à propos feu M. le dauphin, qui, sans doute, reviendra de l'autre monde pour empêcher qu'on ne mette des doubles-croches sur la mâchoire d'âne de Samson ? Ah mon fils, mon fils! la petite jalousie est un caractère indélébile.

M. le duc de Choiseul n'est pas, je crois, musicien, c'est la seule chose qui lui manque mais je suis persuadé que, dans l'occasion, il protégerait la mâchoire d'âne de Samson contre les mâchoires d'âne qui s'opposeraient à ce divertissement honnête . Ut ut est 4. Il faut une terrible musique pour ce Samson qui fait des miracles de diable et je doute fort que le ridicule mélange de la musique italienne avec la française, dont on est aujourd'hui infatué, puisse parvenir aux beautés vraies, mâles et vigoureuses, et à la déclamation énergique que Samson exige dans les trois quarts de la pièce . Par ma foi la musique italienne n'est faite que pour faire briller des châtrés à la chapelle du pape . Il n'y aura plus de génie à la Lully pour la déclamation ; je vous le certifie dans l'amertume de mon cœur.

Revenons maintenant à Pandore. Oui, vous avez raison, mon fils le bonhomme Prométhée fera une fichue figure, soit qu'il assiste au baptême de Pandore sans dire mot, soit qu'il aille, comme un valet de chambre, chercher les jeux et les plaisirs pour donner une sérénade à l'enfant nouveau-né. Le cas est embarrassant, et je n'y sais plus d'autre remède que de lui faire notifier aux spectateurs qu'il veut jouir du plaisir de voir le premier développement de l'âme de Pandore, supposé qu'elle ait une âme,

Cela posé, je voudrais qu'après le chœur, Dieu d'amour, quel est ton empire, Prométhée dît, en s'adressant aux nymphes et aux demi-dieux de sa connaissance, qui sont sur le théâtre

Observons ses appas naissants,

Sa surprise, son trouble, et son premier usage

Des célestes présents

Dont l'amour a fait son partage.5

Après ce petit couplet, qui me paraît tout à fait à sa place, le bonhomme se confondrait dans la foule des petits demi-dieux qui sont sur le théâtre et ce serait, à ce qu'il me semble, une surprise assez agréable de voir Pandore le démêler dans l'assemblée des sylvains et des faunes, comme Marie-Thérèse, beaucoup moins spirituelle que Pandore, reconnut Louis XIV au milieu de ses courtisans.

Il faut que je vous parle actuellement, mon cher ami, de la musique de M. de La Borde. Je me souviens d'avoir été très content de ce que j'entendis mais il me parut que cette musique manquait, en quelques endroits, de cette énergie et de ce sublime que Lully et Rameau ont seuls connus, et que l'opéra-comique n'inspirera jamais à ceux qui aiment il gusto grande 6.

Mes tendres sentiments à Eudoxie mes respects à Maxime et à l'ambassadeur. Assurez le bon vieillard père d'Eudoxie, que je m'intéresse fort à lui.

J'ai toujours sur le cœur la barbarie qu'on a eue de m'accuser, moi pauvre vieillard, enseveli dans la neige d'avoir voulu troubler le ménage de M. Dorat, avec une belle actrice de l'Opéra dont j'ignore le nom et les talents 7. Cette calomnie est infâme ; il faut avouer que les hommes sont bien méchants .

Maman vous aime de tout son cœur ; aussi fais-je, et toutes les puissances ou impuissances de mon âme sont à vous.

V. »

 

1 Edition de Kehl dans laquelle il manque l'avant dernier paragraphe biffé sur la copie Beaumarchais .

3 M. de Moncrif, ayant été lecteur de la reine, ce mot de lecteur confirme bien ce que l'allusion aux « moyens de plaire » faisait entrevoir ; voir lettre du 18 janvier 1768 .

4 Quoi qu'il en soit .

5 Pandore, Ac. II , mais ces vers n'y furent pas incorporés .

6 Le « grand goût » à la française et surtout à la façon de V* ; voir Raymond Naves, Le Goût de Voltaire, 1938 .

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01/09/2023 | Lien permanent

L'accusé prétend que le vol n'est qu'une pure plaisanterie

... De toutes les plaisanteries en voila bien une des pires , ces saletés de voleurs vivent du mensonge et il est vain d'essayer d'en trouver un qui soit pitoyable, surtout quand la victime est une femme . Haro sur ces malfaiteurs et escrocs de toutes sortes !

Le vol : https://avocat-penal.omega-avocats.fr/avocat-penaliste/le...

Plus estimable et rassurante est incontestablement "La parenté à Plaisanterie" : https://www.unesco.org/archives/multimedia/document-3660

Hélas, l'actualité guerrière des pays africains montre que cette coutume n'est plus de mise, comme tout ce qui n'a de valeur que sentimentale .

Qu'en dites-vous ? M. Macron pourrait-il  l'inscrire dans la Constitution ?

 

 

 

« A Joseph-Marie Balleidier

[22 août 1768] 1

[…] L'accusé prétend que le vol n'est qu'une pure plaisanterie . Il revenait en effet de Genève avec la plaignante, il lui demandait ses faveurs en chemin et, ne pouvant pas les obtenir, il lui demanda de l'argent . Je ne crois pas qu'il eût d'armes, et je pense qu'il lui montra le manche d'un vieux couteau pour lui faire peur . Si cette femme voulait se désister de sa plainte, je lui donnerais le double de ce qu'on a pris . Je pense qu'en ce cas il serait bon de bannir à perpétuité du pays ce malheureux qui est Savoyard, et qu'il s'en aille violer ou voler toutes les Savoyardes qu'il lui plaira [...] »

1 Le manuscrit ne figure pas dans les papiers Balleidier ; ici édition Vézinet .

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13/03/2024 | Lien permanent

ce n'est qu'avec des lauriers que vous aurez de bonnes olives

... Je ne connaissais pas ce bienfait du laurier sur les olives, à moins que,... à moins qu'il ne s'agisse d'olives animales et non végétales . Depuis l'antiquité, on sait  que le laurier-sauce réveille l'appétit et redonne du tonus aux organismes affaiblis , de plus il est bénéfique pour ralentir le réchauffement climatique, car anti-flatulences, que n'en donne-t-on pas aussi aux herbivores péteurs et roteurs ( et à tous les végétariens ? )  .

Et ainsi, plutôt que des épinards, Popeye the sailor man, pour satisfaire son Olive Oyl  devrait prendre du laurier .

 

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« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

Madame, le Suisse malade entouré de neiges, a l'honneur de vous écrire . Pouvez-vous me faire la grâce de me mander si vous avez à Vienne un chambellan de l'empereur nommé Pignatelli 1, comte de Bizaerre ? famille papale, ce qui n'est pas trop respectable pour une comtesse de l'empire huguenotte ; mais qui le sera beaucoup pour Vansuiten 2.

Il n'y a pas d'apparence, madame, que dans le temps que toutes les troupes sont à la glace, vous puissiez m'envoyer si tôt de vos belles feuilles de laurier ; mais enfin, j'en attends dès que le temps sera un peu plus doux ; il m'en faut absolument, car ce n'est qu'avec des lauriers que vous aurez de bonnes olives ; aucune plante ne prospère en France, depuis deux ou trois ans, excepté les chardons . Heureusement, nous avons à présent un excellent jardinier, qui s’appelle M. le duc de Choiseul, et qui a appris son métier à Vienne .

S'il fait aussi froid sur les bords du Danube que sur les bords de mon lac, je crains bien que la santé de M. l'ambassadeur de France, et de Mme l’ambassadrice ne soit altérée ; M. le comte de Choiseul n'avait pas à Paris un corps tout à fait digne de son âme ; je ne sais actuellement comment il est ; je vous prie instamment, madame, de me mettre à ses pieds, et à ceux de Mme la comtesse de Choiseul .

Les triangles, madame, sont une belle figure de géométrie ; trois beaux côtés, bien unis par trois bons angles . Celui qui a inventé cette figure était un grand homme 3.

Je vous suis attaché jusqu'au tombeau avec le plus tendre respect .

V.

Au château de Ferney par Genève 22 janvier [1760] »

1 Le pape Innocent XII se nommait Antoine Pignatelli ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Innocent_XII

2 Gérard van Swieten, médecin de Marie-Thérèse ; voir lettre du 29 juin 1758 à la comtesse Bentinck : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/09/06/malgre-l-oubli-de-l-usage-ou-l-on-est-de-charger-ces-paquets.html

Voir aussi : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gerard_van_Swieten

3 Toujours Kaunitz, instigateur de la Triple Alliance ; voir lettre du 9 septembre 1758 à la comtesse Bentinck : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/10/22/tout-le-monde-avoue-qu-il-faut-etre-philosophe-qu-il-faut-et.html

 

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25/01/2015 | Lien permanent

Jamais la passion ne peut se peindre dans des yeux baissés ; cela est modeste, mais cela n'est pas tragique

... Petite leçon de mise en scène, tout à fait d'actualité pour le Festival de Cannes , et qui semble bien appliquée, au moins pour la montée des marches .

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Isabelle Huppert, -pour qui j'ai un faible,- et Haneke qui donne des émotions .

 

 

« A François de Vosges 1

3 juillet [1762] aux Délices 2

J'ai reçu, monsieur, vos trois beaux dessins d'Attila, de Sophonisbe, et de La Toison d'or . Vous relevez par votre art des pièces où Corneille oublia un peu le sien .

Je crois avoir renvoyé à M. de La Marche le dessin de Pompée ; il me semble que Cornélie baissait les yeux et que vous avez envie de la représenter les levant au ciel et tenant l'urne à la main . Jamais la passion ne peut se peindre dans des yeux baissés ; cela est modeste, mais cela n'est pas tragique . Je suis sûr qu'avec ce changement, vous ferez un chef-d’œuvre de votre Cornélie .

Dès que nous aurons six dessins, les libraires les donneront aux graveurs . On aura soin , monsieur, de vous envoyer leurs premières esquisses sur lesquelles vous donnerez vos ordres . Je suis très sensible à l'honneur que vous me faites, et suis parfaitement, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire . »

2 Une copie du XIXè siècle donne pour l'année 1761 , suivie par toutes les éditions jusqu'à Moland qui rectifie .

 

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24/05/2017 | Lien permanent

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