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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Et à la honte des mœurs, on rit de ce détestable écrit [Candide] à se tenir les côtes

... Et l'on rit doublement grâce à Joann Sfar

 

candide sfar.jpg

 

 

 

 

« A Gabriel et Philibert Cramer

[vers le 1er mars 1759]

[Se plaint d'un nouveau libelle, intitulé Candide, dirigé contre lui, et dans lequel les jésuite sont dévorés.]

Et à la honte des mœurs, on rit de ce détestable écrit à se tenir les côtes . Peut-on rire quand il y a douze jésuites aux fers à Lisbonne ? Le monde est bien pervers . Qu'est-ce donc que ce Candide ? Ne pourrai-je parvenir à voir cette infamie ? [.. .] 1

V.»

 

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08/04/2014 | Lien permanent

On ne doit pas me reprocher du moins d'avoir tant écrit contre le fanatisme je n'en ai pas encore assez dit

 ... Et vous pouvez compter sur moi, modeste scribe/scribouillard, pour vous informer au jour le jour des pensées et actions de Voltaire contre le fanatisme .

 Et Fesses de bouc, le grand frère protecteur des petits n'enfants trop bien connu, par trouille s'est permis de bloquer la page  du Point pour épargner le pauvre lecteur heurté par la caricature de Mohammed issue de Charlie hebdo . On dit "merci à FdB !"

http://tempsreel.nouvelobs.com/vu-sur-le-web/20120920.OBS3104/caricature-de-mahomet-facebook-suspend-le-point.html

Me voici rassuré à tout jamais sur la sauvegarde du droit de penser de mes petits enfants ; aucune aventure sordide , aucune nouvelle sexuelle , aucune information pertinente ne peut les toucher : FESSES de BOUC LES PROTEGE !

 

fessebouc.jpg

 

 

« A madame de FONTAINE,

A PARIS.

A Monrion, 16 janvier [1757]

Ceci est pour ma nièce, ma compagne en maladies; pour mon neveu le juge et le prédicateur, pour mon petit-neveu, pour M. de Florian, que j'embrasse tous du meilleur de mon cœur. Nous sommes un peu malades, Mme Denis et moi, à Monrion.
Les bons Suisses me reprochent d'avoir trop loué une nation et un siècle qui produisent encore des Ravaillac. Je ne m'attendais pas que des querelles ridicules produiraient de tels monstres.
Je crois bien que Robert-François Damiens n'a point de complices; mais c'est un chien qui a gagné la rage avec les chiens de Saint-Médard; c'est un reste des convulsions. On ne doit pas me reprocher du moins d'avoir tant écrit contre le fanatisme je n'en ai pas encore assez dit. S'il y a quelque chose de nouveau, nous prions instamment M. de Florian, qui n'épargne pas ses peines, de se souvenir de nous.
Songez à votre santé, ma chère nièce; j'ai fait un fort beau présent 1 au grand Tronchin le guérisseur il en est très-content. Voici ce Testament 2 que vous demandez, ma chère enfant; je vous prie d'en donner copie sur-le-champ à M. d'Argental et à Thieriot. Ce nouveau Testament est meilleur que l'ancien qui court sous mon nom. »

1 Il lui a offert des flambeaux en décembre 1756 : le 22 décembre il écrit à Jean-Robert Tronchin : « Voici pour les payer deux petits billes de change, l'un de 3200 livres tournois 6, l'autre de 4028 livres tournois 16 . »

2 Voltaire désigne ainsi son poème de la Religion naturelle, dans la lettre à Thieriot du 12 avril 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/06/21/quoique-j-y-aie-dit-tout-ce-que-je-pense-je-me-flatte-pourta.html

 

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22/09/2012 | Lien permanent

Vous m'aviez écrit que je pouvais compter sur Son Altesse Sérénissime . Il est dur d'être détrompé

... Je ne passerai pas mes vacances dans le palais de Monaco, pas même comme baby-sitter des enfants princiers ou garde au casque si seyant . 

 

Oh ! et puis , tout compte fait, dormir, seul,  avec un crucifix au dessus de la tête ! bast !

 

 

« A Ponce Denis Ecouchard Le Brun

secrétaire des commandements

de Son Altesse Sérénissime Mgr le prince

de Conti

au temple

20 aout [1761]

Je suis affligé monsieur pour Mgr le prince de Conti et pour vous, qu'il soit le seul de tous les princes qui refuse de voir son nom parmi ceux qui favorisent le sang du grand Corneille . Je serais encore plus fâché si ce refus était la suite de la malheureuse querelle avec l'infâme Fréron . Vous m'aviez écrit que je pouvais compter sur Son Altesse Sérénissime . Il est dur d'être détrompé . L'ouvrage mérite par lui-même la protection de tous ceux qui sont à la tête de la nation ; Mlle Corneille la mérite encore plus . Je saurai bien venir à bout de cette entreprise honorable sans le secours de personne, mais j'aurais voulu pour l'honneur de mon pays être plus encouragé d'autant plus que c'est presque le seul honneur qui nous reste . L’infamie dont les Fréron et quelques autres couvrent la littérature, exige que tout concoure à relever ce qu'ils déshonorent . Secondez-moi au nom des Horaces et de Cinna .

Votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

 

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23/07/2016 | Lien permanent

Marchand le père ne m'écrit point attendu qu'il me doit sa fortune

...

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine, marquise de Florian

Nous vous attendons, ma chère nièce, vous serez la bienvenue et la bien reçue vous et votre mari . Nous sommes un peu entourés de maçons, mais vous n’en serez pas effrayée, vous qui êtes accoutumée à bâtir .

Mme Marchand la mère 1 que je croyais enterrée, comme je le serai bientôt, me mande que la petite Marchand fait une infidélité à votre joufflu d'Hornoy, et qu'elle épouse le fils du premier médecin du roi 2. Marchand le père ne m'écrit point attendu qu'il me doit sa fortune . Je réponds à la mère . Permettez que je vous adresse la lettre, Mme Marchand ayant pris la précaution de ne me point instruire de sa demeure .

Je vous embrasse de tout mon cœur vous et tous les vôtres .

À Ferney le 8 mai 1765. »

2 Le 16 avril 1765, Louise Victor Marchant de Varennes, petite-nièce de V* a épousé Sénac de Meilhan : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=ca&p=louise+victoire&n=marchant+de+varennes

et voir : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=ca&p=gabriel&n=senac+de+meilhan

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27/08/2020 | Lien permanent

Vous ne m’avez point dit s’il en est bien mécontent

... Aurait demandé Emmanuel Macron à propos de Philippe Martinez et la nouvelle Loi Travail, le mécontentement cégétiste étant proportionnel à la qualité de la réforme, plus la loi est bonne plus Martinez crie, moustache rétro au vent, véritable baromètre inversé , politicard bas de plafond .

  actualité en dessins,JM,syndicats,CGT,philippe martinez,grève,manifestations,blocages,loi travail,el khomri,actualité,caricatures,dessins d’actualité,dessins de presse,dessins satiriques,dessins humoristiques,humour

http://actuendessins.fr/?tag=cgt

Toujours, toujours, toujours prêt pour une grève ; il est vrai que c'est un expert de l'inactivité organisée, faute de savoir travailler . 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et

à Jeanne -Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Je réponds, ô mes anges gardiens, à votre bénéfique lettre dont Roscius [Lekain] a été le scribe, et je vous envoie la façon dont nous jouons toujours Zulime. Je peux vous répondre que cette fin est déchirante et que si on suit notre leçon on ne s’en trouvera pas mal.[Zulime sera reprise le 2 octobre à la Comédie française ; la dernière scène avait été écourtée lors des représentations de décembre 1761- janvier 1762 à la Comédie française ; on avait entre autres supprimé le : « J’en suis indigne. » dont V* était très fier. Elle a été reprise huit fois entre le 29 décembre 1761 et le 26 janvier 1762 ]

Ce n’est pas que j’aie jamais regardé Zulime comme une tragédie de premier ordre. Vous savez combien j’ai résisté à ceux qui avaient le malheur de la préférer à Tancrède qui est à mon gré un ouvrage très théâtral, un véritable spectacle, et qui a en plus le mérite de l’invention et de la singularité, mérite que n’a point Zulime.[V* signale que Zulime ressemble à d’autres pièces : à Bajazet en particulier, à l’Ariane de Thomas Corneille , à l’Ines de Houdar de La Motte, à la Callirhoé de Pierre-Charles Roy ( et dans la version de 1739-1740, au Cid)].

Je vous supplie très instamment de vous opposer à cette fureur d’écourter toutes les fins de pièces. Il vaut bien mieux ne les point jouer. Quel est le père qui voulût qu’on coupât les pieds de son fils ?

Lekain m’a envoyé la façon dont il dit qu’on joue Zaïre ! [reprise le 6 février 1762 pour une seule représentation, devait l'être à nouveau le 6 août 1763 ] Cela est abominable. Pourquoi estropier ma pièce au bout de vingt ans ? Il me semble qu’il se prépare un siècle d’un goût bien dépravé. Je n’ai pas mal fait de renoncer au monde. Je ne regrette que vous dans Paris.

Je n’aurai M. le maréchal de Richelieu que dans quelques jours.[le 1er octobre]. Notre tripot ne laisse pas de nous donner de la peine. Ce n’est pas toujours une chose aisée de rassembler une quinzaine d’acteurs au pied du mont Jura, et il est encore plus difficile de conserver ses yeux et ses oreilles à soixante et huit ans passés avec un corps des plus minces et des plus frêles.

Je vous ai écrit sur les Calas. Je vous ai adressé mon petit compliment à M. le comte de Choiseul [le 6 septembre V* avait félicité Choiseul de vouloir faire la paix : « les voix de beaucoup d’étrangers … disent qu’on doit vous bénir si vous faites la paix à quelque prix que ce soit. Permettez-moi donc … de vous faire mon compliment. Je suis comme le public, j’aime beaucoup mieux la paix que le Canada, et je crois que la France peut être heureuse sans Québec. Vous nous donnez précisément ce dont nous avons besoin. ». Des préliminaires de paix franco-anglo-espagnols vont être signés en octobre. La paix en Allemagne ne se fera qu’en février 1763. Voir lettre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/08/03/t... ]. Vous ne m’avez point dit s’il en est bien mécontent.

Je vous ai adressé un petit mémoire très politique qui ne me regarde pas.[le 23 septembre V* fait proposer par les d’Argental au comte de Choiseul l’entremise d’un membre de la famille Tronchin (dont il répond), beau-frère du secrétaire de l’ambassade anglaise qui « est … l’âme unique de cette négociation » qui « peut avoir quelques épines ». Voir lettre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/08/19/p... ]

Je suis un peu en peine de mon impératrice Catherine. Vous savez qu’elle m’a engagé à obtenir des encyclopédistes persécutés par cet Omer de venir imprimer leur dictionnaire chez elle [à Diderot le 25 septembre , il écrit : « M. de Shouvalov me charge d’obtenir de vous que la Russie soit honorée de l’impression de votre Encyclopédie… Je doute que vos engagements pris à Paris vous permettent de faire à Riga la faveur qu’on demande ; mais goûtez la consolation et l’honneur d’être recherché par une héroïne tandis que des Chaumeix, de Berthier et des Omer osent vous persécuter. »]. Ce soufflet donné aux sots et aux fripons du fond de la Scythie était pour moi une grande consolation, et devait vous plaire. Mais je crains bien qu’Ivan ne détrône notre bienfaitrice [Ivan, petit neveu de l’impératrice Anne qui l’avait déclaré son successeur ; il fut emprisonné par Elisabeth, et à nouveau par Catherine.], et que ce jeune Russe élevé en russe, chez des moines russes, ne soit point du tout philosophe.

Je vous conjure, mes divins anges, de me dire ce que vous savez de ma Catherine.

Je baise le bout de vos ailes plus que jamais.

V.

28 septembre 1762. »

 

*** Lettre remise en ligne ce jour , notes complétées . Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/09/29/q...

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26/08/2017 | Lien permanent

On a tant écrit sur la population que je veux au moins peupler le pays de Gex de chevaux, ne pouvant guère avoir l'honne

... Inexplicablement, Hautetfort a supprimé la barre d'outils de mise en page et en forme, d'où cette infecte mise en ligne sans grâce , mais dont la seule vertu est d'être écrite par Voltaire .



« A Marc-René d'Argenson, marquis de Voyer
Ferney, 5 [mars 1759] 1
Mon sérail est prêt, monsieur, il ne me manque que le sultan que vous m’avez promis . On a tant écrit sur la population que je veux au moins peupler le pays de Gex de chevaux, ne pouvant guère avoir l'honneur de provigner mon espèce . Je ne savais point du tout quels étaient les usages des haras du roi, quand j’eus l'honneur de vous écrire 2. Mon seul objet, monsieur, est de seconder vos vues pour le bien de l’État . Je n'ai nul besoin du titre glorieux de garde-étalons du roi pour avoir quelques franchises qu’on dit être attachées à ce noble caractère ; je suis seulement flatté de rendre service, d'ajouter un goût nouveau à mes goûts, et d'être à portée de recevoir quelques uns de vos ordres . Si vous n'avez point de bel étalon à me donner, j'en ferai venir un dans mes terres ; je vous servirai de mon mieux, et sans qu'il vous en coûte rien . Je vous supplie de m’honorer de vos ordres le plus tôt que vous pourrez .
J'ignore heureusement dans ma retraite tout ce qui se passe dans le monde ; je ne sais si vous êtes aux Ormes ou à l'armée . Si vous êtes aux Ormes, permettez-moi de présenter mes respects à monsieur votre père et à toute votre famille . Oserais-je vous prier, monsieur, d'avoir la bonté de me faire savoir vos intentions un peu plus tôt que vous ne fîtes, quand j’eus l'honneur de vous parler de haras pour la première fois ? Il faut un mari à mes filles, et si vous ne m'en donnez pas un , elles se marieront bien toutes seules .
Au reste, monsieur, pour me faire respecter de tous les palefreniers et de toutes les blanchisseuse du pays de Gex, je voudrais sous votre bon plaisir, prendre le titre pompeux de directeur ou de lieutenant des haras dans toute l'étendue de trois ou quatre lieues . Un jésuite missionnaire portugais raconte qu'un mandarin lui ayant demandé , à Macao, quel était un homme qui venait de lui parler assez fièrement, le jésuite lui répondit : C'est celui qui a l'honneur de ferrer les chevaux de l'empereur de Portugal, roi des rois ; aussitôt le mandarin se prosterna .
J'ai l'honneur d'être, avec les sentiments les plus respectueux, monsieur, vote très humble et très obéissant serviteur . »


1 Cette lettre est une réponse à celle du 31 janvier 1759 du marquis d'Argenson : «  […] comment espérer qu'un étalon isolé puisse convenir indistinctement à toutes les juments d son arrondissement ? Il faut donc pour appareiller les races plusieurs étalons réunis ; c'est le seul moyen de remédier au défaut d'une partie par les qualités opposées de l'autre . […] ma place m'oblige à accorder de temps en temps aux plus désespérés quelques palliatifs [...]La première fois que j'enverrai des chevaux en Bresse, j'en désignerai un pour vous . M. le comte de Crangeac, notre inspecteur, aura ordre de vous l'envoyer […]
D’autre part on sait que V* était sans doute à Ferney le 5 mars 1759.

2 Voir lettre du 16 décembre 1758 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/12/31/c-est-a-vous-a-decider-jusqu-ou-vos-bontes-pour-moi-peuvent-5259064.html




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On a tant écrit sur la population que je veux au moins peupler le pays de Gex de chevaux, ne pouvant guère avoir l'honne

... Version voulue de cette note qui a souffert d'un bug hier .

DSCF1553 pas froid aux yeux .png

 Mêm' pas froid aux ... yeux !

 

« A Marc-René d'Argenson, marquis de Voyer

Ferney, 5 [mars 1759] 1

Mon sérail est prêt, monsieur, il ne me manque que le sultan que vous m’avez promis . On a tant écrit sur la population que je veux au moins peupler le pays de Gex de chevaux, ne pouvant guère avoir l'honneur de provigner mon espèce . Je ne savais point du tout quels étaient les usages des haras du roi, quand j’eus l'honneur de vous écrire 2. Mon seul objet, monsieur, est de seconder vos vues pour le bien de l’État . Je n'ai nul besoin du titre glorieux de garde-étalons du roi pour avoir quelques franchises qu’on dit être attachées à ce noble caractère ; je suis seulement flatté de rendre service, d'ajouter un goût nouveau à mes goûts, et d'être à portée de recevoir quelques uns de vos ordres . Si vous n'avez point de bel étalon à me donner, j'en ferai venir un dans mes terres ; je vous servirai de mon mieux, et sans qu'il vous en coûte rien . Je vous supplie de m’honorer de vos ordres le plus tôt que vous pourrez .

J'ignore heureusement dans ma retraite tout ce qui se passe dans le monde ; je ne sais si vous êtes aux Ormes ou à l'armée . Si vous êtes aux Ormes, permettez-moi de présenter mes respects à monsieur votre père et à toute votre famille . Oserais-je vous prier, monsieur, d'avoir la bonté de me faire savoir vos intentions un peu plus tôt que vous ne fîtes, quand j’eus l'honneur de vous parler de haras pour la première fois ? Il faut un mari à mes filles, et si vous ne m'en donnez pas un , elles se marieront bien toutes seules .

Au reste, monsieur, pour me faire respecter de tous les palefreniers et de toutes les blanchisseuse du pays de Gex, je voudrais sous votre bon plaisir, prendre le titre pompeux de directeur ou de lieutenant des haras dans toute l'étendue de trois ou quatre lieues . Un jésuite missionnaire portugais raconte qu'un mandarin lui ayant demandé , à Macao, quel était un homme qui venait de lui parler assez fièrement, le jésuite lui répondit : C'est celui qui a l'honneur de ferrer les chevaux de l'empereur de Portugal, roi des rois ; aussitôt le mandarin se prosterna .

J'ai l'honneur d'être, avec les sentiments les plus respectueux, monsieur, vote très humble et très obéissant serviteur . »

1 Cette lettre est une réponse à celle du 31 janvier 1759 du marquis d'Argenson : «  […] comment espérer qu'un étalon isolé puisse convenir indistinctement à toutes les juments d son arrondissement ? Il faut donc pour appareiller les races plusieurs étalons réunis ; c'est le seul moyen de remédier au défaut d'une partie par les qualités opposées de l'autre . […] ma place m'oblige à accorder de temps en temps aux plus désespérés quelques palliatifs [...]La première fois que j'enverrai des chevaux en Bresse, j'en désignerai un pour vous . M. le comte de Crangeac, notre inspecteur, aura ordre de vous l'envoyer […]

D’autre part on sait que V* était sans doute à Ferney le 5 mars 1759.

 

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10/04/2014 | Lien permanent

qui a recherché le nom d'imitateur ? Est-ce celui qui a toujours écrit avec son propre génie, ou celui qui a souvent écr

...

imitateur.png

Combien de geais sur la ligne de départ électorale ?

 

 

 

« A Gregorio Mayáns y Siscar 1

Par Genève 1er avril 1762 2

Voltaire hombre libero besa las manos del senor el quale merece de ser libero assi .

Tibi gracias ago vir ornatissime et bonarum artium arbiter . Magna lis est inter me et meos sodales academicos parisienses . Contendunt Cornelium nostrum invenisse Heraclii fabulam, et Calderonem fuisse ejus imitatorem . Opinor Cornelium sumpsisse ex authore hispano id quod tollere posset, ut hujus erat mos .

Cum legi barbaram Calderonis tragediam credidi me videre fodinam e qua Cornelius paululum auri extraxit quod deinde miscuit cum aliis suis metallis non sine fango . Sic tragediam Le Cid nuncupatam, suum mandacem ex hispania transtulit in galliam ; nullum hispanum autorem video qui de aliis gentibus aliquid imitari dignatus sit . Heraclii fabula a Calderone scriptavidetur e fonte genuino autoris prosiluisse nihil quod nostris dramatibus, simile sit ; inventio, dispositio, colloquia, mores plane differunt ; in quattuor solummodo versibus, totum litis judicum ponitur . De quatuor versibus agitur intra duas potentes nationes .

Sed quis nomen imitatoris consecuturus est ? An qui semper cum suo genio scripsit, an qui saepius cum ingenio alieno ?3

Corneille, monsieur, prit bien quatre vers de Godeau dans les stances de Polyeucte . S'il avait volé un évêque, il n'aura pas fait scrupule de prendre chez un seglar 4. Si vous pouviez, monsieur, pousser la bonté jusqu'à me dire en quelle année la pièce de Calderon fut représentée, vous décideriez le procès et il n'y aurait point d'appel . Je remercie au reste Calderón et Corneille de m'avoir procuré la correspondance d'un homme de votre mérite . Nous aimons tous deux la vérité et la liberté, et je me suis attaché à vous comme si j'avais eu longtemps l'honneur de vous connaître .

J'ai l'honneur d'être avec les plus respectueux sentiments

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire de la

chambre du roi . »

2 En 1890, le manuscrit original était entre les mains de José Enrique Serrano y Morales, de Valence . Edition M. Cervino « Voltaire y Mayáns » en août octobre 1899 . Mayans avait longuement écrit à V* en latin le 14 février 1762 ; sur le manuscrit de sa lettre, V* a noté « lettre qui prouve que l'Héraclius de Calderon fut fait vingt ans avant celui de Corneille ».

3 Voltaire, homme libre, baise les mains de monsieur Mayans qui mérite d'être libre aussi . Je te rends grâce homme très cultivé et l'arbitre des beaux-arts . Il existe un grand différend entre mes confrères de l'académie de Paris et moi . Ils prétendent que notre Corneille a inventé la pièce d'Héraclius , et que Calderón a été son imitateur . Je pense que Corneille a emprunté de l'auteur espagnol tout ce qu'il pouvait lui enlever, comme il était accoutumé à le faire . Quand j'ai lu la barbare tragédie de Calderon j'ai cru voir une mine d'où Corneille a extrait un peu d'or qu'il a mêlé ensuite avec ses propres métaux, non sans y laisser de la fange . C'est ainsi qu'il a traduit de l'espagnol la tragédie appelée Le Cid et son Menteur . Je ne vois aucun auteur espagnol qui ait daigné imiter quelque chose d'une autre nation . La pièce d'Héraclius écrite par Calderon semble être sortie de la propre source de l'auteur ; rien qui y soit semblable à nos tragédies ; l'invention, la disposition, les dialogues, les mœurs diffèrent totalement ; tout le fond du litige tient en quatre vers . C'est de quatre vers qu'il s'agit entre deux puissantes nations . Mais qui a recherché le nom d'imitateur ? Est-ce celui qui a toujours écrit avec son propre génie, ou celui qui a souvent écrit avec le génie d'autrui ?

4 A savoir un laïc ; en espagnol .

 

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08/03/2017 | Lien permanent

Par tout pays on trouve des esprits très mal faits, et par tout pays il faut se moquer d’eux. On serait vraiment bien à

... Afficher l'image d'origine

 

Avis aux candidats aux présidentielles ! Je ne cite pas de noms, pour ne pas vous saouler , à chacun ses préférés/détestés .

 

 

« Au marquis Francesco Albergati Capacelli 1

senatore di Bologna

per Milano

à Bologna

Monsieur, depuis longtemps je suis réduit à dicter ; je perds la vue avec la santé ; tout cela n’est point plaisant. Votre belle épître est pour moi une grande consolation ; je vois toujours que tutto il mondo è fatto come la nostra famiglia 2. Par tout pays on trouve des esprits très mal faits, et par tout pays il faut se moquer d’eux. On serait vraiment bien à plaindre si on faisait dépendre son plaisir du jugement des hommes.

Tancrède vous a bien de l’obligation, monsieur : Phèdre vous en aura davantage . Je me mets aux pieds de M. Paradisi. Si jamais j’ai un moment à moi, je lui adresserai une longue épître ; mais le peu de temps dont je peux disposer est consacré à dicter des notes sur les pièces du grand Corneille qui sont restées au théâtre. Cet ouvrage, encouragé par l’Académie française, pourra être de quelque usage aux étrangers qui daignent apprendre notre langue par les règles, et aux légers Français qui l’apprennent par routine. Le produit de l’édition sera pour l’héritière de Corneille, que j’ai l’honneur d’avoir chez moi, et qui n’a que ce grand nom pour héritage. N’est-il pas vrai que vous prendriez chez vous la petite-fille du Tasse, s’il y en avait une ? Elle mangerait de vos mortadelles, et boirait de votre vin noir. La petite-fille de Corneille en boira à votre santé dans un petit château très joli, en vérité, et qui serait plus joli si je l’avais bâti dans la Romagne .

Vous avez bien raison, monsieur, de vanter ma religion, car je construis une église qui me ruine. Autrefois, qui bâtissait une église était sûr d’être canonisé, et moi je risque d’être excommunié en me partageant entre l’autel et le théâtre. C’est apparemment ce qui fait que je reçois quelquefois des lettres du diable 3 ; mais je ne sais pourquoi le diable écrit si mal et a si peu d’esprit. Il me semble que, du temps du Dante et du Tasse, on faisait de meilleurs vers en enfer.

J’espère que, dans ce monde-ci, la lettre dont vous m’avez honoré inspirera le bon goût, et fermera la bouche aux parolai 4. Soyez sûr que, du fond de ma retraite, je vous applaudirai toujours ; que je m’intéresserai à tous vos succès, à tous vos plaisirs. Je me regarde comme votre véritable ami, et je vous serai inviolablement attaché jusqu’au dernier moment de ma vie.

V.

Au château de Ferney en Bourgogne

par Genève, 8è juillet 1761.»

 

1 Original signé , mention « fco Milano », copie par Albergati qui altère dans la Romagne en près de Bologne qu'on retrouve dans l'édition de Kehl qui supprime au début -et toutes les éditions suivantes- les mots l'âge avance, et Votre belle épître […] consolation . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1761-partie-28-122085604.html

V* répond ici à une longue lettre sur le théâtre, du 30 juin 1761 où Albergati écrivait : « Vous vous êtes plaint à moi fort souvent des petits maîtres, qui s'érigent en juges […] Hélas ! L'Italie en fourmille […] Le bon goût pour le théâtre, grâce à ces messieurs-là , ne bat que d'une aile et est prêt à tomber . La musique et la danse en ont exilé la brillante comédie et la tragédie passionnée […]Dans les loges, dans le parterre ce sont les spectateurs qui veulent fixer l'attention et se faire remarquer par leur bruit : les acteurs doivent être contents de l'argent qu'ils gagnent . Quel dommage ne serait-ce en effet si les amateurs de spectacles devaient se tenir muets dans leurs places, et entendre patiemment parler les Voltaire, les Racine, les Corneille, les Molière, les Goldoni […] Le bon sens étant proscrit , il n'est pas étonnant, si les opéras et la danse exercent leur despotisme, car ce sont les spectacles les mieux goûtés par ces compagnies d'étourdis […] Les eunuques et les danseurs, dont nous sommes véritablement inondés, sont pour l’art comique et tragique autant de Goths, d'Hérules, et de Vandales, qui dans les théâtres ont apporté ou secondé l'ignorance et le mauvais goût . L'extravagance des opéras sérieux, les grimaces des burlesques, et la mimique des ballets sont restés maîtres de la place . Le célèbre Goldoni, qui a mérité vos éloges, a fait connaître que l'on peut rire sans honte, s'instruire sans s'ennuyer, et s’amuser avec profit . Mais quel essaim de babillards et de censeurs indiscrets s’éleva contre lui ! Pour ceux que je connais personnellement, je les divise en deux classes : la première comprend une espèce de savants vétilleux que nous appelons parolai, juges et connaisseurs de mots, qui prétendent que tout est gâté, dès qu'une phrase n'est pas tout à fait cruscante, dès qu'une parole est tant soit peu déplacée, ou l'expression n'est pas assez noble et sublime […] L'autre classe, qui est la plus fière, est un corps respectable de plusieurs nobles des deux sexes, qui crient vengeance contre M. Goldoni, parce qu'il ose exposer sur la scène le comte , le marquis , et la dame avec des caractères ridicules et vicieux, qui ne sont pas parmi nous, ou qui ne doivent pas être corrigés […] Les Athéniens punissaient rigoureusement tout auteur comique, dont la raillerie était générale et indirecte . Ils voulaient qu'on nommât les personnes, quel que fût leur rang […] M. Goldoni a répété tout cela plusieurs fois pour obtenir son pardon […] Il a fait le sourd, il a continué son train, et par là il a obtenu la réputation d'auteur admirable, et de peintre de la nature […] Votre Tancrède a reçu jusqu'à présent tout le lustre qui pouvait convenir à un excellent ouvrage . Composé par M. de Voltaire, traduit en vers blancs par M. Augustin Paradisi, l'un de nos meilleurs poètes […] La traduction en est admirable […] d'ici à quelques jours je jouerai votre Tancrède [à ma maison de campagne] je joindrai la Phèdre de Racine, que j'ai traduite en vers blancs moi-même . »

La lettre d'Albergati répondait à celle de V* du 23 décembre 1760 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/12/23/je-pardonne-de-tout-mon-coeur-a-tous-ceux-dont-je-me-suis-mo-5737506.html

2 Propos d’Arlequin, proverbe cité souvent par V* .

4 Savants méticuleux qui ergotent sur les mots ; voir lettre d'Albergati en note 1 .

 

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13/06/2016 | Lien permanent

j'aurais bien des choses à dire qu'on ne peut guère confier au papier

... Aussi, pour rester discret, confiè-je mes élucubrations, et les remarquables lettres de Voltaire associées, à un média réputé pour son intimité, le Net ! 

Les paroles s'envolent les écrits restent, dit le dicton, mais de nos jours il semble que le papier ne soit plus le support privilégié, même s'il est le gage d'une relation de tête à tête , destructible à volonté, communicable itou . Le Net outre sa rapidité offre à celui qui veut "faire savoir" un support doué d'une mémoire abominable qui pose plus de problémes qu'elle n'en résoud . D'où la nécessité de réfléchir et tourner son clavier 77 fois sur son bureau avant d'écrire .

Petit tête à têtes

 ne pas confier au papier.jpg

 

« A Jean-Robert Tronchin

Jeudi [8 décembre 1757] au soir

Il y a mon cher monsieur négociation et négoce . Voici d'abord pour le négoce . Il n'est pas honnête de commencer par là mais c'est charité bien ordonnée . Je vous envoie donc 6664 livres tournois en billets d'Andalousie échappés à des naufrages . Cette petite partie jointe à la dernière et aux vingt cinq milles tournois de Laleu pourront servir à payer quelques meubles dont Mme Denis a voulu orner son palais de Lausanne . Voilà bien de la magnificence pour des Suisses .

Notre baron de Grancour 1 doit être plus magnifique . Nostra senora del pilar a répandu plus de grâces sur lui que sur moi . Je me flatte aussi que vous n'avez pas à vous plaindre de la vierge .

Quant à la négociation,2 je soupçonne que la lettre de Mme la margrave est déjà en chemin mais cette première ne sera qu'une lettre de compliment . Si vous voulez me faire tenir la réponse, je la ferai passer avec sureté et promptitude par la Franconie et je vous adresserai celles qui pourront venir de ce pays-là en cas que cette voie convienne à la personne sage et respectable 3 à qui je vous prie de présenter mon respect .

Je souhaite fort que M. et Mme de Montferrat se souviennent de moi avec bonté . J'aurais bien voulu leur faire plus longtemps les honneurs de votre ferme 4.

Il me paraît que tout Genève prend des rentes viagères . Pour moi je n'en ai que trop . C'est bien assez de planter à mon âge .

Comment se porte M. de Gauffecourt 5? Je voudrais bien qu'il sût combien Mme Denis et moi nous nous intéressons à sa santé . Je lui écrirai s'il aime qu'on lui écrive . J'ai bien des raisons de l'aimer, je lui dois le bonheur de vous avoir connu .

V.

Nous attendons demain vendredi des nouvelles bien intéressantes d'Allemagne .

Je sais historiquement que la cour de Versailles est toute à la maison d'Autriche et qu'il est bien délicat d’entamer quelque négociation qui donnerait de l'ombrage à ceux qui ont l'intérêt le plus puissant de seconder aveuglément la cour de Vienne . Je ne crois pas d'ailleurs qu'on puisse traiter sans elle . Comment se soutiendrait-on dans le pays d'Hanovre si on offensait un allié si nouveau et qui va devenir si considérable ? Tout cela est entouré d'épines . Je ne fais des vœux que pour le bonheur public . Pourquoi faut-il que le roi de Prusse ne se soit pas résolu à faire des sacrifices ? Mais … j'aurais bien des choses à dire qu'on ne peut guère confier au papier . Cependant … Adieu . » 

1 Jean-Louis Labat , banquier, propriétaire du château de Grancour depuis deux ans .Voir : http://www.swisscastles.ch/vaud/chateau/grandcour.html

et : http://searchworks.stanford.edu/view/9711985

2 Suite aux défaites de Frédéric II des négociations de paix étaient envisagées, V* se constituant intermédiaire entre la margravine, sœur de Frédéric et le cardinal de Tencin .

3 Le cardinal de Tencin .

4 Les Délices .

5 Voir lettre du 15 décembre 1754 à Capperonnier de Gauffecourt où V* le remercie de lui avoir fait connaître les Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/14/il-a-vu-mandrin-a-nyon-j-espere-avoir-bientot-cet-honneur.html

 

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