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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

blocus d'hier, chaos-K.O. d'aujourd'hui !

"A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul

Mon héros, mon protecteur,

C'est pour le coup que vous êtes mon colonel . Le satrape Elochivis [=Choiseul ] environne mes poulaillers de ses innombrables armées, et le bonhomme qui cultive son jardin au pied du mont Caucase est terriblement embarassé par votre funeste ambition [ blocus de Genève suite aux dissensions dans cette république ].

Permettez-moi la liberté grande de vous dire que vous avez le diable au corps . Maman Denis et moi nous nous jetons à vos pieds . ce n'est pas les Genevois que vous punissez, c'est nous , grâces à Dieu . Nous sommes cent personnes à Ferney qui manquons de tout, et les Genevois ne manquent de rien . Nous n'avons pas aujourd'hui de quoi donner à dîner aux généraux de votre armée .

A peine l'ambassadeur de votre Sublime Porte eut-il assuré que le roi de Perse prenait les honnêtes Scythes sous sa protection et sauvegarde spéciale, que tous les bons Scythes s'enfuirent  [ Scythes = Genevois, Persans = Français ; fuite et émigration de patriciens après le refus du Règlement de Médiation ]. Les habitants de Scythopolis peuvent aller où ils veulent, et revenir, et passer et repasser avec un passeport du chiaoux Hennin ; et nous pauvres Persans, parce que nous sommes votre peuple, nous ne pouvons ni avoir à manger, ni recevoir nos lettres de Babylone, ni envoyer nos esclaves chercher une médecine chez les apothicaires de Scythopolis .

Si votre tête repose sur les deux oreillers de la justice et de la compassion, daignez répandre la rosée de vos faveurs sur notre disette .

rosée.jpg

Dès qu'on eut publié votre rescrit impérial dans la superbe ville de Gex où il n'y a ni pain, ni pâte, et qu'on eut reçu la défense d'envoyer du foin chez les ennemis, on leur en fit passer cent fois plus qu'ils n'en mangeront en une année . Je souhaite qu'il en reste assez pour nourrir les troupes invincibles qui bordent actuellement les frontières de la Perse .

Que Votre Sublimité permette donc que nous lui adressions une requête qui ne sera point écrite en lettres d'or sur parchemin couleur de pourpre selon l'usage, attendu qu'il nous reste à peine une feuille de papier que nous résevons pour votre éloge .

Nous demandons un passeport signé de votre main prodigue en bienfaits pour aller, nous et nos gens, à Genève ou en Suisse selon nos besoins et nous prierons Zoroastre qu'il intercède auprès du grand Orosmade pour que tous les pêchés de la chair que vous avez pu commettre vous soient remis .

zoroastre.jpg

Voltaire

9 janvier 1767"

Quand Voltaire passer autant de pommade, Voltaire fâché tout rouge ! Il met en évidence l'imbécilité d'une situation de conflit qui lèse plus ceux qui veulent la faire cesser que ceux qui la causent . Notre président ( enfin, celui de ceux qui l'ont élu ! ) sert-il du "Votre Sublimité " à ses interlocuteurs interloqués laquais d'un lacis inextricable de laconiques lacunes de pensée ( ça fait du bien de dire un peu n'importe quoi sans faire de mal à ses sacrés nom.... de concitoyens ! ). Je prierai moi aussi le grand Zoroastre et Nanabozo le Grand Lapin pour l'absolution de "tous les pêchés de la chair " , passés, présents et à venir ... pourvu qu'ils soient nombreux !!

 

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09/01/2009 | Lien permanent

Je ne vois point le bout de nos malheurs, mais je songe actuellement à du sucre

...

 

 

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"A Jean-Robert Tronchin

Banquier

à Lyon

Un tant soit peu de goutte au poignet droit, mon très cher correspondant, me prive du petit agrément de vous écrire de ma maigre main . Huile et pâté viendront quand ils pourront ; Mme Denis, M. de Chimène et Mlle Corneille vous font mille compliments . Je ne vois point le bout de nos malheurs, mais je songe actuellement à du sucre . J'ai fait venir des épiceries de Hollande par le Rhin ; mais j'ignore s'il vaut mieux tirer le sucre de Hollande que de France ; je soupçonne qu'il doit être très cher chez vous 1. Mandez-moi je vous prie ce qui en est, et conseillez-moi ; c'est une bagatelle , je le sais, mais comme j'aime l'économie dans une grosse maison, cela donne l'air d'un père de famille ; on dit, voilà un homme bien entendu, il fait venir vingt quintaux de sucre de Hollande quand il est trop cher en France, il fera une bonne maison .

Je n'avais pas cru que M. Tourton, qui doit payer au 1er janvier, fût homme à différer jusqu'au milieu de février ; cela n'est pas d'un homme supérieur dans son état tel qu'il devrait l'être ; en tout cas, le délai est médiocre, et j'espère bientôt boucher quelques trous . Je tâcherai, en bâtissant des retraites agréables, de ne me point ruiner . Je vous embrasse tendrement, vous savez à quel point je vous suis dévoué . Mille amitiés à tout ce qui vous entoure .

V.

Aux Délices 14è février 1761. »

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12/02/2016 | Lien permanent

Mettez-moi un peu au fait des sottises courantes : je tâcherai de les peindre ; cela m'amuse quand je digère mal

... Je digère fort bien, physiologiquement parlant, mais j'ai du mal à faire passer quelques faits de l'état brut en énergie utile comme cela se passe normalement avec mon petit déjeuner ou le moindre sandwich, en voici quelques uns que je vous recommande : http://www.lepoint.fr/medias/palmyre-lavrilleux-diam-s-zahia-le-debriefing-de-la-semaine-par-lewino-23-05-2015-1930576_260.php#xtor=EPR-6-[Newsletter-Mi-journee]-20150523

en vous laissant faire le tri, car honnêtement tout n'est pas mauvais , ni uniquement critiquable .

 

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Parfois ! car il est des certitudes qui font mal

 

 

« A Jean Le Rond d'ALEMBERT.
A Tournay, par Genève 26 mai [1760].
Mon cher et grand philosophe, j'ai suivi vos conseils 1 : j'ai retiré ma pièce; je n'ai pas voulu que les comédiens jouassent quelque chose de moi immédiatement après avoir déshonoré la nation. Comme je ne donnais mon très-faible drame 2 ni par vaine gloire, ni par intérêt, et que j'abandonne tout aux comédiens, je ne perds rien à mon sacrifice.
Je n'ai point vu la pièce contre les philosophes ; j'en ignore jusqu'au titre. Il pleut des monosyllabes. On m'a envoyé les Que, on m'a promis les Oui, les Non, les Pour, les Qui, les Quoi 3, les Si 4.
Il est très-bon de rire aux dépens des faquins qui font les importants, et des absurdes faiseurs de réquisitoires ; je crois que chacun aura son tour.
On parle d'une comédie de Hume, à la tête de laquelle on vous appelle par votre nom 5.
Pourriez-vous me rendre un petit service ? J'ai fait jadis des Éléments de Newton ; ils se trouvent dans l'édition des Cramer ; je les ai fait examiner avec soin. On trouve que je ne me suis pas mépris ; pourrais-je les faire approuver par l'Académie des sciences ? Comment faut-il s'y prendre ? Mettez-moi un peu [au]6 fait des sottises courantes : je tâcherai de les peindre ; cela m'amuse quand je digère mal. Vous devriez venir nous voir ; les Cramer imprimeraient tout ce que vous voudriez, et, à l'égard des plats sociniens honteux, vous les recevriez dans votre antichambre, comme de raison.
Je vous embrasse de tout mon cœur; ainsi fait Mme Denis.

V.
J'apprends que demoiselle Clairon est malade : cela concourt à la soustraction de ma pauvreté tragique ; mais je ne veux pas que cela m'en ôte l'honneur. »

1 Le 6 mai 1760 d’Alembert écrivait à V* : « Vous êtes indigné ….. » page 379 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f393.image.r=6%20mai

4 Les Si sont de Morellet.

5 Dans la préface de l'Écossaise, d'Alembert et Diderot sont appelés, sans être nommés, hommes de génie ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/03/theatre-l-ecossaise-partie-3.html

6 Mot oublié par V*.

 

 

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24/05/2015 | Lien permanent

Heureusement il ne s'agit pas de religion, ainsi cette guerre finira

... Oui, mais comment et quand ? Trump flirte avec le hors-jeu, il faut avouer que son passé d'homme d'affaires l'a habitué à le pratiquer, hors-la-loi friqué, tricheur patenté, danger public .

http://www.la-croix.com/Monde/Ameriques/Quest-donc-cette-mere-toutes-bombes-larguee-Etats-Unis-2017-04-14-1200839687

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« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

Aux Délices 26 mai [1762] 1

Mon respectable et digne magistrat, non pas magistrat de ce siècle, mais du siècle des de Thou, je fais un effort pour écrire . L'attachement donne des forces . Permettez qu'en vous renouvelant mes remerciements sur vos estampes je vous envoie une planche de Paris à laquelle je prie vos aimables artistes de se conformer en faisant les corps des figures un peu moins gros .

Je voudrais bien avoir le mémoire du parlement . J'ai lu celui des élus 2. Il faut entendre les deux parties . J'apprends que les contrebandiers délivrent avec leurs marchandises force coups de fusil dans la province . Tot bella per orbem !3

Il y a une réponse d'un jésuite à l'abbé Chauvelin écrite du ton insolent dont les jésuites écrivaient du temps de frère Le Tellier . Il y a quelques bonnes raisons mais il les gâte par son audace monacale et par l'air victorieux qu'il prend . Ce n'est pas le ton dont parle la modeste innocence qui veut toucher . Les jésuites ont passé pour politiques . Ils méritent peu aujourd’hui cette réputation d'ailleurs très peu séante à des religieux .

Je vois avec une extrême douleur que les états et le parlement enveniment leur querelle . Vous prenez le bon parti d'attendre à La Marche que le temps apaise ce que l'animosité produit . Heureusement il ne s'agit pas de religion, ainsi cette guerre finira .

Conservez vos bontés pour l'homme de France qui vous aime et qui vous respecte le plus .

V. »

1 La date est développée par Fyot de La Marche sur le manuscrit . Les passages non pas magistat […] de Thou et Il y a une réponse […] religieux manquent dans les éditions .

3 Tant de guerres à travers le monde .

 

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15/04/2017 | Lien permanent

Je ne peux arrêter le torrent de nos dépenses, mais on se ruinera si on veut

...  Na !

On ne manque pas de  candidats président ni de  méthodes pour ruiner ( relever, selon eux ) le pays, plus ou moins vite, plus ou moins gravement, et malgré ma sympathie pour l'homme Mélenchon et son talent d'orateur , je suis effaré par son projet d'emprunts, plus effaré encore -et ça ne doit pas être tombé dans l'oreille d'un banquier sourd- quand il laisse entendre qu'il ne compte pas tout rembourser . Dommage d'être aussi irréaliste ! Me trompè-je ?

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 N'oublions pas qu'avec Marine, on coule absolument sans recours .

 

 

« A Ami Camp

Aux Délices 28 mai [1762]

J'ai prêté aujourd’hui neuf mille francs, mon cher correspondant, à M. Dupuits mon voisin , pour acheter une compagnie de dragons, et je lui ai donné une lettre de change sur vous pour le paiement d'août, 1er octobre 1.

Je compte faire une autre affaire pour la valeur de douze mille livres . Je vous prierai de me dire quand vous pourrez les payer sans vous déranger . Pourriez-vous me les faire toucher en deux paiements , le premier de huit mille livres, et le second de quatre mille ?

Je ne peux arrêter le torrent de nos dépenses, mais on se ruinera si on veut ; je prends le parti de vous laisser cent cinquante mille livres dans votre caisse , dont je compte respecter le fonds . Je n'y toucherai pas .

M. de Laleu fournira à Mme Denis ses douze cents louis d'or par an . Elle a outre cette somme le revenu de Ferney, que je lui abandonne, celui des Délices qui est peu de chose, mais une quantité immense de provisions de toute espèce . Ainsi elle peut tenir une assez grande maison si elle sait se régler .

Voici monsieur une lettre de change de 2230 livres mais l'échéance n'est pas à courts jours . Pourriez-vous à votre loisir avoir la bonté de me faire un petit compte par lequel je verrais ce que je pourrais prendre sur vous en comptant les 12 000 livres ci-dessus, et les 9 000 livres Dupuits, et en vous laissant une somme ronde de 150 000 livres à laquelle je ne toucherai certainement pas .

Je vous embrasse de tout mon cœur .

Votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

Vous avez donné une Jeanne à l'abbé Pernetti . Regardez cela je vous prie comme un présent .

Thieriot vient après les fêtes qu’on appelle la Pentecôte . Je vous supplie d'avoir de la bonté pour lui, et de nous l’envoyer aux Délices . Faites-lui je vous prie la galanterie de payer son voyage au cocher qui le conduira . Je vous aurai une véritable obligation de cette attention . Excusez toutes mes libertés .

Vraiment je vous supplie de vouloir bien compéter mon petit galon en l’allongeant de deux pieds, ou d'en ordonner un de trois 2. Cent fois pardon . »

1 Dupuits en fit à V* des obligations qui sont encore conservées .

 

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16/04/2017 | Lien permanent

Un avocat savant et estimé est certainement au-dessus de ceux qui ont acheté pour un peu d'argent le droit d'être injust

... Nos ex-président et ministres qui, du seul fait d'avoir été nos gouvernants, se retrouvent avec une facilité déconcertante nommés avocats, illustrent très exactement les doutes de Voltaire par leur inaptitude à faire réellement un bon travail d'avocat . S'ils n'ont pas physiquement acheté leur titre, ils sont cependant bénéficiaires d'une charge par piston (même légal ) . Je pense ici principalement à Sarkozy et Rachida Dati , issus du même tonneau , avocats d'opérette, incapables de gagner leur vie par ce biais , et par malheur ils ne sont pas les seuls . Si j'étais étudiant en Droit, ça me gonflerait sérieusement l'épitoge de voir ces passe-droits .

 http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-journal-...

 Image associée

Ce qui représente bien l'état d'esprit de ces avocats (sic) autoproclamés .

 

 

« A David Lavaysse

4è août 1762 1

Les personnes qui protègent à Paris la famille Calas, sont très étonnés que le sieur Gaubert Lavaysse ne fasse pas cause commune avec elles . Non seulement il a son honneur à soutenir, ses fers à venger , le rapporteur qui conclut au bannissement à confondre, mais il doit la vérité au public, et son secours à l'innocence . Le père se couvrirait d'une gloire immortelle, s'il quittait une ville superstitieuse et un tribunal ignorant et barbare .

Un avocat savant et estimé est certainement au-dessus de ceux qui ont acheté pour un peu d'argent le droit d'être injustes . Un tel avocat serait un excellent conseiller, mais où est le conseiller qui serait un bon avocat ?

Monsieur de Lavaysse peut être sûr que s'il perd quelque chose à son déplacement, il le retrouvera au décuple . On répand que plusieurs princes d'Allemagne, plusieurs personnes de France, d'Angleterre et de Hollande, vont faire un fonds très considérable . Voilà de ces occasions  où il serait beau de prendre un parti ferme . Monsieur Lavaysse en élevant la voix n'a rien à craindre . Il fera rougir le parlement de Toulouse en quittant cette ville pour Paris, et s'il veut aller ailleurs il sera partout respecté .

Quoi qu'il arrive son fils se rendrait très suspect dans l'esprit des protecteurs des Calas, et y ferait très grand tort à la cause s’il ne faisait pas son devoir 2, tandis que tant de personnes indifférentes font au-delà de leur devoir .

Je prie la personne qui peut faire rendre cette lettre à monsieur Lavaysse père de l'envoyer promptement par une voie sûre . »

1 L'édition de Kehl suivie des autres , sur une erreur de la copie Beaumarchais donne la lettre du 4 juillet 1762 .

2 V*, comme on l'a vu, estime que le témoignage de Lavaysse fils n'est pas assez favorable à Calas ; voir lettre de mai-juin 1762 à Cathala : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/04/18/l-arret-peut-n-etre-point-injuste-voila-pourquoi-il-est-tres-5934250.html

David Lavaysse écrira un Mémoire pour la défense de son fils  : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1040674n/f9.image

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29/06/2017 | Lien permanent

je n'ai ralenti la chose que quand j'étais malade

... Ah ! la chooôôose ...

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« A Gabriel Cramer

[vers le 15 juin 1762]

Mon cher Gabriel saura que je n'ai ralenti la chose que quand j'étais malade, et que j'accélère en santé .

Ce n'est pas parce que la feuille avait roussi , qu'elle puait, mais parce qu'on tire ces épreuves sur un papier collé avec de la colle de Lucifer .

Omer Fleury devait bien dénoncer Jean-Jacques 1 pour avoir insulté les philosophes . »

 

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03/05/2017 | Lien permanent

il y a des gens qui ont voulu s'opposer à mes plaisirs de Tournay . Ils n'y réussiront pas

... Pas plus que les salopards terroristes !

 

« Voltaire

et

Marie-Françoise Corneille

à

Jean-Robert Tronchin

28 décembre 1760

Mon cher monsieur, les 15 mille livres tournois en cinq petites lettres de change sont pour le quinze avril, terme de l’échéance des Trois Rois . Elles sont à l'ordre de des Franches . Il est bon de se faire un ami dans le sénat romain . J'ai eu un peu de peine avec le consul Lulin de Châteauvieux . Il doit encore cent louis d'or d'une lettre de change que je lui donnai il y a deux ans, mais il faudra bien qu’il paye . À l'égard du géant de la république Pictet de Varambé, ses sœurs ont signé avec lui . C'est un fonds de Mme Denis . Il a des prés verts qui répondent .

Il y a encore dix mille livres prêtées à un gentilhomme savoyard 1, qui demeure aux portes de Genève, et ces dix mille livres sont hypothéquées sur sa terre par privilège . Je vous rends un compte exact afin de vous faire voir que si je fais des plaisirs, je prends des suretés convenables .

Les jésuites ont entièrement rendu la place, il ne reste malheureusement qu'à battre la citadelle de votre secrétaire d’État Chapeaurouge qui s'était fait très mal à propos le prête-nom des jésuites . J'en suis fâché pour lui . Il n'a pas voulu s'accommoder . Les six frères Crassy à qui le domaine appartient ne veulent plus le ménager . Cette affaire ne sera ni agréable ni utile pour lui . Ignace et Calvin pleureront à la fois . Vous savez peut-être qu'il y a des gens qui ont voulu s'opposer à mes plaisirs de Tournay . Ils n'y réussiront pas . Ils auront en tête Mme Denis . Je pourrai rendre les Délices, mais je serai le maître chez moi comme de raison .

Avez-vous lu le livre des impôts ? On dit que l'ami des hommes n'est pas l'ami des ministres . À propos avez-vous reçu ma lettre d'avis touchant une lettre de change tirée sur vous à l'ordre de La Chaux, receveur du domaine de Gex ?

Tandis que j'y suis en voici une de six mille cinq cents livres sur MM. Tourton et Baure .

Nous avons eu à Ferney les voyageurs à qui vous eûtes la bonté de recommander Chimène . Cette Chimène est une très aimable enfant . Elle veut absolument vous dire combien elle est sensibles à toutes vos attentions obligeantes .

 

Je serais une ingrate si je ne remerciais pas monsieur Tronchin et monsieur le docteur 2. On dit qu'il y a dans ces cantons des gens qui ne respectent pas assez mon père Jésus, et mon grand-père Corneille ; mais je n'en suis pas moins reconnaissante envers messieurs Tronchin et Camp .

Corneille . »

 

1 Monthoux .

2 Surnom donné à Ami Camp par Mlle Corneille .

 

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28/12/2015 | Lien permanent

Je me suis tenu à Ferney pendant tous ces troubles 

...Et je m'y tiendrais jusqu'à ordre contraire, si j'avais le plaisir d'y vivre !

Et puis : https://www.youtube.com/watch?v=M0ny6S7ndFA

Patrimoine - Mairie de Ferney-Voltaire

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

15è janvier 1765

Mon cher frère, Jean-Jacques est en horreur dans sa patrie, chez tous les honnêtes gens ; et ce qu’il y a de pis, c’est que son livre est ennuyeux. Je croyais vous avoir mandé que la petite brochure est d’un nommé Vernes 1 qui en a déjà fait trois ou quatre aussi mauvaises les unes que les autres . J’ai été bien aise de détromper madame la maréchale de Luxembourg, à qui Jean-Jacques avait fait accroire que je le persécutais, parce qu’il m’avait offensé ridiculement. Je lui avais offert, malgré ses sottises, un sort aussi heureux que celui de mademoiselle Corneille ; et si, au lieu d’un quintal d’orgueil, il avait eu un grain de bon sens, il aurait accepté ce parti. Il s’est cru outragé par l’offre de mes bienfaits. Il n’est pas Diogène, mais le chien de Diogène, qui mord la main de celui qui lui offre du pain.

Tout ce que vous me dites dans votre lettre du 10 de janvier est la raison même. Je me suis tenu à Ferney pendant tous ces troubles ; je ne me suis mêlé de rien. Quand les abeilles se battent dans une ruche, il ne faut pas en approcher. Tout s’arrangera, et ce malheureux Rousseau restera l’exécration des bons citoyens.

Il est fort difficile d’avoir des Évangiles 2 ; il sera peut-être plus aisé d’avoir des Portatifs. Je me servirai de la voie que vous m’avez indiquée . Ma santé est fort mauvaise ; j’ai été malade soixante et onze ans, et je ne cesserai de souffrir qu’en cessant de vivre ; mais, en mourant, je vous dirai : ô vous que j’aime ! persévérez malgré les transfuges et les traîtres, et écr. l’inf.

Voici un petit mot pour Archimède Protagoras, la destruction va son train . »

1 Sentiment des citoyens, opuscule de V* ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Sentiment_des_citoyens/%C3%89dition_Garnier

2 Évangile de la raison, recueil ; voir : https://books.google.fr/books?id=0X6K-d8474EC&hl=fr

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28/03/2020 | Lien permanent

quand on peut servir son prochain sans risque, on est coupable devant Dieu de se tenir les bras croisés

... Devant Dieu ou pas, même combat .

N'oublions pas de répondre favorablement aux Restos du Coeur cette fin de semaine et encore ensuite .

J'ose espérer que ceux qui alimentent si volontiers les gilets jaunes auront encore quelques sous à consacrer à ceux qui n'ont plus même les moyens de crier au secours .

 https://www.youtube.com/watch?v=diWNp9Fb5TU

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« A Etienne-Noël Damilaville, Premier commis des

bureaux du vingtième

quai Saint-Bernard

à Paris

6è décembre 1763 1

Je croyais que vous aviez des Tolérance, mon très cher frère. Un jeune M. Turrettin de Genève s’est chargé d’un paquet pour vous, il est digne de voir les frères, quoiqu’il soit petit-fils d’un célèbre prêtre de Baal. Il est réservé, mais décidé, ainsi que sont la plupart des Genevois. Calvin commence dans nos cantons à n’avoir pas plus de crédit que le Pape ; le bon grain lève de tous côtés, malgré l’abominable ivraie qui couvre nos campagnes depuis si longtemps.

Vous avez sans doute vu la petite Lettre du Quakre. Je connaissais depuis longtemps le livre attribué à Saint-Evremond 2. Ce n’est pas assurément son style, et Saint-Evremond d’ailleurs n’était pas assez savant pour composer un tel ouvrage. Il est de Du Marsais ; mais il est fort tronqué et détestablement imprimé. Quand trouvera-t-on quelque bonne âme qui donne une jolie édition du Meslier, du Sermon, et du Catéchisme de l’honnête Homme ?3 Ne pourrait-on pas en faire tenir, sans se compromettre, au bon Merlin ? Je ne voudrais pas qu’un de nos frères hasardât la moindre chose ; mais quand on peut servir son prochain sans risque, on est coupable devant Dieu de se tenir les bras croisés.

Il doit vous arriver une Tolérance par une autre voie que celle que je prends pour vous écrire. Je suis zélé , mais j’aime à prendre quelques petites précautions, afin de ne point donner d’ombrage à la poste par de trop gros paquets, portant le timbre de Genève. On dit que toutes les affaires financières et parlementaires vont s’arranger.

Dieu soit béni ! Et vive le roi, et Pompignan !

Ecr. l’inf. »

1 L'édition Correspondance littéraire donne une version incomplète et n'identifie pas le destinataire .

3 Bien entendu V* finit par préparer cette édition lui-même ; voir lettre du 24 novembre 1764 à François-Louis-Claude Marin : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/08/correspondance-annee-1764-partie-38.html

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30/11/2018 | Lien permanent

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