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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

nous sommes des barbares, et vous autres, gens polis, vous donnez vite une belle charge d'avocat général au fils d'un ba

... Car il est juste que l'argent aille à l'argent, comme le pouvoir du fils  transmis par le père ! Non ?

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL

Aux Délices, 15 mai [1758].

Je suis chargé, mon cher ange, de vous supplier encore de vouloir bien donner un petit coup d'aiguillon au rapporteur de MM. de Douglas. Je plains plus que jamais les plaideurs que les rapporteurs négligent. Il y a huit ans que Mme Denis et moi nous sommes très-négligés dans une affaire plus grave que celle de MM. de Douglas. Mon émerveillement dure toujours que le fils de Samuel 1, nous ait fait banqueroute, six mois après avoir pris notre argent, et qu'il ait trouvé le secret de fricasser huit millions, obscurément et sans plaisir. Votre premier président 2, son beau-frère, ne serait-il pas, entre nous, un peu engagé par son honneur et par celui de sa place à faire finir une affaire si odieuse? Le fils d'un banqueroutier, dans notre Suisse, ne peut jamais parvenir à aucun emploi, à moins d'avoir payé les dettes de son père mais c'est que nous sommes des barbares, et vous autres, gens polis, vous donnez vite une belle charge d'avocat général au fils d'un banqueroutier frauduleux. Cependant une partie de la succession entre dans les coffres du receveur des consignations, qui prend d'abord cinq pour cent par an pour garder l'argent, et qui gagne six pour cent à le faire valoir, le tout pendant vingt années.

Est-ce là faire droit? est-ce là comme on juge? 3

Pardon; je suis un peu en colère, parce que j'ai perdu environ le quart de mon bien en opérations de cette espèce mais je ne dois pas me plaindre devant celui dont les Anglais ont brûlé la maison.

Mon divin ange, je songe à une chose. Si Babet 4 vous procurait une ambassade ! Vous me direz que vous êtes trop honnête homme pour négocier mais il y a des honnêtes gens partout. Je voudrais que vous relevassiez M. de Chavigny 5. Comptez que tous nos Suisses seraient enchantés. Que sait-on ? Ce que je vous dis là n'est point si sot pensez-y.

Ma nièce Fontaine est à Lyon j'espère qu'elle m'apportera mes paperasses encyclopédiques. Savez-vous des nouvelles de cette Encyclopédie? Je les aime mieux que les nouvelles publiques, qui sont presque toujours affligeantes. Mille respects à tous les anges. Je baise toujours le bout de vos ailes.

Le Suisse V. »

1 Samuel Bernard : http://fr.wikipedia.org/wiki/Samuel_Bernard

Son fils banqueroutier est Samuel-Jacques Bernard : http://fr.wikipedia.org/wiki/Samuel-Jacques_Bernard_%2816...

2 Mathieu-François de Molé était premier président de La Grand-Chambre depuis le 12 novembre 1757 .Il épousa en 1733 Bonne-Félicité Bernard, fille du financier Samuel Bernard .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mathieu-Fran%C3%A7ois_Mol%C3%A9

3 RACINE, Les Plaideurs, acte I, scène vii

4 L'abbé, comte de Bernis, ministre des affaires étrangères. Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Joachim_de_Pierre_de_Bernis

5 Chavigny, ambassadeur de France en Suisse, résidait à Soleure, et ce fut lui que Voltaire alla y voir. Colini, qui parle de ce voyage dans ses Mémoires, n'en connut jamais le motif précis; il dit seulement que Voltaire, en allant à Soleure, devait avoir des vues bien importantes. On croit que Chavigny proposa à l'ancien ami de Frédéric de retourner à Potsdam pour y négocier secrètement: ce que Voltaire eut la prudence de refuser (voyez lettres 3180 et 3183). L'ermite des Délices fit un autre voyage à Soleure, comme le prouve la date de sa lettre du 19 août 1758, à l'abbé de Bernis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/08/19/mele-les-plaisanteries-aux-pensees-serieuses.html

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9odore_Chevignard_de_Chavigny

 

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19/08/2013 | Lien permanent

comment il faut faire pour se faire payer d'une dette de quatre années d’arrérages

 ... Si je le savais , ou plutôt si je l'avais su, je ne serais sans doute pas en train de vous écrire ici et maintenant, je ne serais sans doute pas encore devenu  fan de Voltaire au point de lire autre chose que ses contes divertissants et instructifs à la fois .

Comment se faire payer des dettes ?

A tous ceux qui sont sur cette page en attendant la réponse, je conseille d'avoir de la patience, de l'argent pour payer un avocat, des relations . Je sais fort bien comment fonctionne la justice de la France : dans ce domaine elle est nulle . Selon que vous serez profession libérale ou commerçant, votre recours s'éteindra en deux ans ou en trente ans ! Admirable profession que celle de commerçant, 15 fois plus estimable que celle de médecin ou infirmier !

La peste soit de tout ça !

 Sans-reconnaissance-de-dette-remboursement-improbable.jpg

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

ancien conseiller au parlement de Rouen

à sa terre de Launay

à Rouen

et s'il n'est pas en Normandie

renvoyez à Paris à son adresse .

Aux Délices route de Genève

28 octobre [1758]

Mon cher et ancien ami, j'ai peur que vous n'ayez pas reçu un billet 1 adressé dans la rue Saint-Pierre à Paris et par renvoi à votre terre de Launay si vous n'étiez pas dans la grande vilaine ville .

Il s'agissait de savoir si notre marquis Angot de Lézeau est mort ou en vie, s'il a un domicile à Rouen, s'il faut écrire au château de Léseau, où est ce beau château, en un mot comment il faut faire pour se faire payer d'une dette de quatre années d’arrérages de laquelle Angau ne donne aucune nouvelle . Licet liscere seria cum jocis 2. Il ne faut pas abandonner le demeurant . Rem suam deserere turpissimum est 3 dit Cicéron . Si Frédéric est aussi bien frotté qu'on le dit, je ferai relier ensemble l'histoire de Pyrrhus, de Picrochole, la sienne et la fable du pot au lait .4

Écrivez moi je vous en prie, mon ancien ami, des nouvelles d'Angot de Lézeau, mais surtout des vôtres . Que dites-vous de l'Esprit d'Helvétius ?

Je vous embrasse tendrement .

V. »

1 Lettre du 4 octobre 1758 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/11/12/j-ai-besoin-d-un-honnete-procureur-normand-en-connaitriez-vo.html

Le 30 octobre 1758, Cideville répond : « Mgr le marquis Angot de Lezeau existe et règne dans son château de La Lotte proche Argenton en basse Normandie […].

Constat de cadavre, j'en conviens et c'est un point bien important dans une affaire ; mais le second est encore plus difficile à démêler […]

La procédure consiste à fonder un procureur sur les lieux […] pour obtenir [du juge] la permission de faire saisir les revenus du dit seigneur marquis entre les mains de ses fermiers […].

[…] il serait moins dangereux d'avoir recours à un tiers, à un procureur de Rouen qui me connût […].

N'envoyez qu'une copie collationnée de votre contrat . »

Le 6 novembre 1758 il écrira : « Enfin je reçois avant-hier une lettre du sieur de Lezeau, que ma lettre […] a enfin trouvé à Paris […] .

Il me prie de voir [son homme d'affaires Ledoux à Rouen] et de m'arranger avec lui pour les paiements qu'il a [à] vous faire […]. »

2 Il est permis de mêler des choses sérieuses aux jeux . Horace, Odes IV, xii, 27 .

3 C'est une chose honteuse que de négliger ses affaires .

4 Sur l'importance que V* attache à l'issue de l'aventure de Frédéric II, voir la Notice de Candide , édition de la Pléiade .

 

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27/11/2013 | Lien permanent

Ce siècle-ci est plus fécond en loteries qu'en grands hommes

... Rappelez-moi qui aurait dit "le XXIè siècle sera spirituel ou ne sera pas " ?

Non, vous avez perdu, ce n'est pas le défunt Malraux qui, tout en ayant l'idée de la chose, ne l'a jamais dite ainsi . Ceci vient grossir le lot des "paroles attribuées à ..." et flatte le rapporteur inventif , sans plus .

Cette phrase me fait redoutablement penser à celles que je lis dans les horoscopes (qui ont cela de bon de rassurer et inquièter à la fois ) , du style "redoublez de prudence, la journée sera bonne, ou pas ." . Avec ça, démerden Sie sich ! Kamarad !

Aux loteries, en ce siècle, il convient évidemment d'ajouter les médiums, diseuses de bonne aventure, vendeurs de gris-gris et trompe-couillons qui ont une clientèle plus abondante que celle des bibliothèques .

Place des grands hommes, il n'y a pas foule

http://www.youtube.com/watch?v=buPbgI9CSCQ

 

 

 

« A M. le maréchal duc de RICHELIEU.

Aux Délices, 20 avril [1757].

Mon héros, il y a longtemps que j'ai l'honneur d'être de votre avis sur bien des choses, et j'en serai sans doute encore sur tous vos acteurs tragiques. Je les crois très-médiocres mais Lekain leur est fort supérieur, à ce que dit le public. Il y a, sur de plus grands et de plus nobles théâtres, des acteurs qui ne valent pas mieux, et qui sont employés et récompensés. Ce siècle-ci est plus fécond en loteries qu'en grands hommes , il y aura toujours des jeunes gens qui rempliront les grandes places, il y en aura pas qui aient votre gloire. C'est surtout chez les étrangers que cette gloire est mise à son prix, la cabale et l'envie ne peuvent séduire ceux qui sont sans intérêt, et qui n'en croient que les faits et la renommée. Je voudrais que vous entendissiez les voyageurs que je vois quelquefois dans mes ermitages allobroges et suisses: vous seriez content d'eux et de vous mais quoique vous puissiez avoir quelques jaloux en France, vous devez y avoir bien peu de rivaux, et je doute qu'il y ait beaucoup d'hommes que le public ose placer à vos côtés. Vous prétendez qu'il n'y a de bon que la santé; je sens mieux que vous, mon héros, de quel prix elle est, puisque je l'ai perdue; mais, de grâce, comptez la gloire dont vous jouissez pour quelque chose. Achille, dans Homère, dit que la gloire est une chimère, quand il est en colère mais, dans le fond de son cœur, il l'aime à la folie.
Le Salomon du Nord en aura beaucoup, je parle de gloire et non de folie, s'il se tire du précipice sur le bord duquel il s'est mis il y est avec plus de deux cent mille hommes, et c'en est assez pour attendre les événements. Les Russes ne paraissent point il semble fort difficile aux Autrichiens de pénétrer dans les défilés de la Silésie, de la Lusace, et de la Saxe. Je crois que vos troupes pourront aller sans obstacles jusqu'au fond de la Westphalie, et c'est assurément une grande perte pour lui. Il vous attend peut- être à Magdebourg s'il vous donne bataille dans les plaines, auprès de cette ville, il paraît qu'alors il joue un jeu avantageux car, s'il est battu, il couvre tout son pays par delà Magdebourg et, s'il vous arrive un malheur, où sera votre retraite? Il faut que j'aie une terrible confiance en vos bontés pour oser vous dire les rêveries qui me passent par la tête. Pardon, monseigneur, si moi, qui ne connais que les événements passés, et encore assez mal, j'ose parler ainsi du présent devant vous. C'est à celui qui a fait de grandes choses à juger de la grande scène qui s'ouvre. La pièce est belle et bien intriguée; si vous étiez acteur, je répondrais du cinquième acte.
Mme Denis et moi nous sommes réunis toujours dans nos transports pour vous.

Recevez les tendres respects du Suisse V. »

 

 

 

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25/10/2012 | Lien permanent

Savez-vous que les rois et les beaux esprits se rencontrent ?

Grands esprits :

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Pour bébé qui est un grand esprit en devenir :

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Esprit, soutiens de mon pouvoir/espoir ! comme le prie/crie actuellement un président en déroute, et ses collègues :

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Bien que je ne sois pas fan de rap, surtout parce que c'est la négation de la musique, et que j'arrive rarement à comprendre les paroles, un petit exemple d'esprits contestataires qui ont eux aussi leur grandeur :

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Et puis aussi parce que j'apprécie certains esprits félés, alliance de deux esprits poétiques et excessifs : Higelin et Trenet, ce dernier inspirant le premier !

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« A Marie-Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet


12è auguste 1774


Je ne vous écris aujourd'hui, Monsieur le Secrétaire,[de l'Académie des Sciences] ni sur les sciences et les beaux-arts, qui commencent à vous devoir beaucoup, ni sur la liberté de conscience dont on a voulu dépouiller ces beaux-arts qui ne peuvent subsister sans elle.


Vous avez rempli mon cœur d'une sainte joie quand vous m'avez mandé que le Roi avait répondu aux pervers qui lui disaient que M. Turgot est encyclopédiste : il est honnête homme et éclairé, cela me suffit


Savez-vous que les rois et les beaux esprits se rencontrent ? Savez-vous, et M. Bertrand [pseudonyme pour d'Alembert] sait-il que le poète Kien-Long, empereur de la Chine,[i] en avait dit autant il y a quelques années?


Avez-vous lu dans le trente-deuxième recueil des prétendues Lettres édifiantes et curieuses la lettre d'un jésuite imbécile nommé Benoît à un fripon de jésuite nommé Dugad ? Il y est dit en propres mots [ii] qu'un ministre d'État accusant un mandarin d'être chrétien, l'empereur Kien-Long lui dit : « La province est-elle mécontente de lui ? - Non. -Rend-il la justice avec impartialité ? -Oui. -A-t-il manqué à quelque devoir de son état ? -Non. -Est-il bon père de famille ? Oui. -Eh bien donc ! pourquoi l'inquiéter pour une bagatelle ? »


Si vous voyez M. Turgot, faites-lui ce conte.


Je vous envoie la copie d'une requête que j'ai barbouillée pour tous les ministres [iii]. Il n'y a que le roi à qui je n'en ai pas envoyé. Je souhaite passionnément que cette requête soit présentée au conseil de Commerce, dans lequel M. Turgot pourrait avoir une voix prépondérante. J'ai du moins la consolation de voir que malgré les grands hommes tels que Fréron, Clément [iv] et Sabatier [v], Ferney est devenu, depuis que vous ne l'avez vu, un lieu assez considérable, qui n'est pas indigne de l'attention du ministère. Il y a non seulement d'assez grandes maisons de pierre de taille pour les manufactures , mais des maisons de plaisance très jolies qui orneraient Saint-Cloud et Meudon. Tout cela va rentrer dans le néant d'où je l'ai tiré si le ministère nous abandonne. Je suis peut-être le seul fondateur de manufactures qui n'ait pas demandé de l'argent au gouvernement. Je en lui demande que d'écouter son propre intérêt. Je vous en fais juges, vous et M. Bertrand.


Je voudrais bien venir vous consulter tous deux sur une affaire qui vous intéressera davantage et que je vais entreprendre [vi]. J'invoque Dieu et vous pour réussir. Il s'agit de la bonne cause. Vous la soutiendrez toujours avec Bertrand. Je m'incline devant vous deux.


V. »

iSur le poème de Kien-Long et la réponse de V*, voir lettres à Thiriot et Catherine du 26 novembre 1770, à d'Hornoy le 28 novembre 1770 et à Frédéric le 20 décembre 1770.

ii A peu près !

iii Au roi en son Conseil ; V* voudrait obtenir pour Ferney et Versoix une exemption d'impôts qu'il juge indispensable pour la survie des manufactures fondées.

iv Cf. lettres du 30 décembre 1773 à d'Argental et du 6 janvier 1774 à d'Hornoy.

vCf. lettres des 1er janvier et 19 novembre 1773 à d'Alembert et du 30 avril 1774 à d'Argental.

vi La réhabilitation de d'Etallonde condamné avec de La Barre, mais par contumace, et qui après avoir demandé un congé au roi de Prusse, est venu travailler à Ferney sous la direction de V*. V* recommande l'affaire au chancelier Maupéou vers le 14 août.

 

Déclaration un peu déjantée :

http://www.deezer.com/listen-3499062

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12/08/2010 | Lien permanent

je n'ai pas assez de mains pour copier ce que mon imagination me dicte.

Avatars_of_Vishnu.jpg

N'est-ce pas une aide précieuse, Mam'zelle Wagnière ? 

C'est aussi ce que je me dis, en excluant toute imagination, en calculant le temps nécessaire pour mettre en ligne la correspondance (et encore, seulement ses lettres) de Volti : près de trente ans !

Rendez-vous au tas de sable ! comme disent les musiciens .

Bossons 365 jours /24 h, comme Gotainer :

 http://www.dailymotion.com/video/x6m8l4_rendez-vous-au-ta...

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

 

12è mars 1769

 

Il neige depuis trois jours, ma chère nièce ; que faire pendant la neige ? J'ai fait cette épître qui est une espèce de testament moitié gai, moitié sérieux i. J'ai fait bien d'autres choses depuis quinze jours . Prenez toujours cela à compte . Montrez-le aux anges ii pour les amuser, ou envoyez-leur copie .

 

On dit que la pièce de Du Belloy a un grand succès , mais quelle pièce ? Est-ce Le Siège de Calais iii? Est-ce La Dame de Vergy ?

 

Le prince Camille iv est revenu chez moi de Malte, où il est général des galères, avec un brave chevalier normand v très aimable, qui connait très particulièrement la présidente vi et qui m'en dit de bonnes .

 

Ne craignez pas la banqueroute du notaire vii; il a été beaucoup plus mal dans ses affaires .

 

A propos, il serait bon que Saint-Lambert vît le petit remerciement viii que j'ai glissé pour lui dans l'Épître à Boileau . Je lui enverrai un exemplaire ; mais je n'ai pas assez de mains pour copier ce que mon imagination me dicte. 

 

Je vous embrasse bien fort, et le plus tendrement du monde .

 

Je me suis amusé ce matin à faire une épître contre le livre des Trois imposteurs ix. Je viens de la finir . Je vous l'enverrai . Je crois l'athéisme aussi pernicieux que la superstition

 

i Épître à Boileau ou Mon Testament, 1769.

Voir épître CIII : http://www.voltaire-integral.com/Html/10/06EP93FI.htm

ii Les d'Argental.

iii C'est bien du Siège de Calais qu'il s'agit .

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5651522f.r=.langFR...

iv Camille de Rohan .

v Le chevalier de La Tremblaye .

vi Mme du Barry .

vii Le roi, selon le code utilisé avec sa nièce .

viii V* vient de recevoir Les Saisons de Jean-François de Saint-Lambert et le remercie chaleureusement (d'autant plus qu'il contient quelques compliments à son adresse), et dont il lui fera de grands éloges le 7 mars . Saint-Lambert était le père de l'enfant dont la naissance causa la mort d'Émilie du Châtelet à Lunéville en septembre 1749.

http://fr.wikisource.org/wiki/Les_Saisons_%28Saint-Lamber...

ix Épître à l'auteur des Trois Imposteurs ; épître CXI page 264 : http://books.google.fr/books?id=RxwtAAAAYAAJ&pg=PA264...

 

 

 

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12/03/2011 | Lien permanent

mais le travail est une jouissance

fanatisme calas.jpg

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental et à Jeanne –Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

 

 

                                   Divins anges, la protection que vous avez donnée aux Calas n’a pas été inutile. Vous avez goûté une joie bien pure en voyant le succès de vos bontés [réhabilitation de Jean Calas le 9 mars 1765 et demande de pension en faveur de Calas]. Un petit Calas [Donat Calas] était avec moi quand je reçus votre lettre, et celle de Mme Calas, et celle d’Elie, et tant d’autres ; nous versions des larmes d’attendrissement, le petit Calas et moi. Mes vieux yeux en fournissaient autant que les siens ; nous étouffions, mes chers anges. C’est pourtant la philosophie toute seule qui a remporté cette victoire. Quand pourra-t-elle écraser toutes les têtes de l’hydre du fanatisme ?

 fanatisme.jpg

                                   Vous me parlez des Roués [Octave ou Le Triumvirat], mais le roué Calas est le seul qui me remue .Seriez-vous capable de descendre à lire de la prose au milieu de la foule des vers dont vous êtes entourés ? Voici le commencement d’une espèce d'histoire ancienne qui me parait curieuse [sa Philosophie de l’Histoire]. Si elle vous fait plaisir, je tâcherai d’en avoir la suite pour vous amuser ; elle a l’air d’être vraie, et cependant la religion y est respectée .N’engagerez-vous pas frère Martin à en favoriser le débit ? Je crois que les bons entendeurs pourront profiter à cette lecture ; il y a en vérité des chapitres fort scientifiques, et le scientifique n’est jamais scandaleux.

 

                                   Je crois qu’on tousse dans tout le royaume, nous toussons beaucoup sur la frontière, c’est une épidémie. Nous espérons bien que M. Fournier empêchera l’une de mes anges de tousser .Tout Ferney qui est sans dessus dessous est à vos pieds. Et pourquoi est-il sans dessus dessous ? C’est que je suis maçon ; je bâtis comme si j’étais jeune ; mais le travail est une jouissance.

 

                                   Me sera-t-il permis de vous présenter encore un placet pour un passeport ? Les Genevois m’accablent parce que vous m’aimez, mais je serai sobre sur l’usage que je ferai de vos bontés. Encore ce petit passeport, je vous en conjure, et puis plus ; vous me ferez un plaisir bien sensible, vous ne vous lassez jamais d’en faire.

 

 

                                   Voltaire

                                   18 mars 1765. »

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17/03/2009 | Lien permanent

Il est bon de s’accoutumer à se passer des hommes

On ne se refait pas, vous voyez j'ai des associations d'idées tirées de je ne sais où, ce qui fait que dès que j'ai vu le nom de cette comtesse j'ai cédé à la tentation . Klinglin et Lutzelbourg quelle magnifique association de sons ! Du coup je vais de ce pas (oui, la route est longue ), placer mes hochets bling bling au Luxembourg , ou peut-être au double-axel ou "ritberger", championnat de patinage oblige ! Ah ! ça y est ! Moi aussi je patine dans l'à peu près, la chute est moins dure pour mon verre de montre (peau des fesses, comme me l'ont appris mes nobles parents ), mais risquée pour l'inestimable estime dont m'honorent ceux qui osent encore me fréquenter !!

Que les honorables descendants de Marie-Ursule

ne me fassent pas une pendule.

Cette vache est trop belle

PS : la Marguerite me fait dire qu'elle n'est pas "chaine", mais plutot "cuir" ; avis aux amateurs....

« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg

 

 

bling.gif

                            On me dit, Madame, que vous allez à Andelau et que ma lettre ne vous trouverait pas à Strasbourg. Je l’adresse à M. le baron Darstad [François-Christophe-Honoré de Klinglin, baron Hattstatt, neveu de la comtesse ]. J’ai bien bonne opinion de son procès. Dupont m’a lu son plaidoyer, il m’a paru contenir  des raisons convaincantes, il tourne l’affaire dans tous les sens, et il n’y a pas un côté qui ne soit entièrement favorable .J’aurais bien mauvaise opinion de mon jugement ou de celui du Conseil d’Alsace, si monsieur votre neveu ne gagnait pas sa cause tout d’une voix. Je me flatte, Madame, de vous retrouver à l’île Jard quand je retournerai à Strasbourg. Il y a six mois que je ne suis sorti de ma chambre. Il est bon de s’accoutumer à se passer des hommes. Vous savez que j’en ai éprouvé  les méchancetés jusque dans ma solitude. Ce père missionnaire [le père Mérat ]est venu s’excuser chez moi, et j’ai reçu ses excuses parce qu’il y a des feux qu’il ne faut pas attiser .Le père de Menoux a désavoué la lettre qui court sous mon nom  et je me contente de son désaveu. Il faut sacrifier au repos dont on a grand besoin sur la fin de sa vie. Comme je m’occupe à l’Histoire [Précis de l’Histoire universelle], je voudrais bien savoir s’il est vrai qu’il y ait eu autrefois un parlement à Paris. Le chef du parlement de cette province [Christophe de Klinglin] m’honore toujours d’une bonté que je vous dois. Il vient me voir quelquefois. Je me sens destiné à être attaché à tout ce qui vous appartient. Je présente mes respects aux deux ermites de l’île Jard, je me recommande à leurs saintes prières.

 

                            L’ermite de Colmar

                            A Colmar 26 mars 1754. »

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26/03/2009 | Lien permanent

les grands doivent protéger les petits

du deffand.jpg
Un petit air de Tatie Danielle, non ?!

« A  Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand

 

             Vous dites des bons mots, Madame, et moi je fais de mauvais contes ; mais votre imagination doit avoir de l’indulgence pour la mienne, attendu que les grands doivent protéger les petits. Vous m’avez ordonné expressément de vous envoyer quelquefois des rogatons, j’obéis ; mais je vous avertis qu’il faut aimer passionnément les vers pour goûter ces bagatelles[son conte en vers « Macare et Thélème » critiqué par Mme du Deffand ; V* dira : « Vous savez d’ailleurs que dans la société on dit du bien et du mal du même individu vingt fois par jour… »]. Si ce pauvre Formont vivait encore il me favoriserait auprès de vous, il vous ferait souvenir de votre ancienne indulgence pour moi ; il vous dirait qu’un demi Quinze-Vingt a droit à vos bontés. Il faut bien que j’y compte encore un peu, puisque j’ose vous envoyer de telles fadaises [« Les Trois Manières »]. J’ose même me flatter que vous n’en direz du mal qu’à moi ; c’est là le comble de la vertu pour une femme d’esprit. Vous me direz que la chose est bien difficile, et que la société serait perdue si l’on ne se moquait pas un peu de ceux qui nous sont le plus attachés. C’est le train du monde, mais ce n’est plus le vôtre, et nous n’avons dans l’état où nous sommes, vous et moi, de plus grand besoin que de nous consoler l’un l’autre . Je voudrais vous amuser davantage, et plus souvent . Mais songez que vous êtes dans le tourbillon de Paris, et que je suis au milieu de quatre rangs de montagnes couvertes de neige. Les jésuites, les remontrances, les réquisitoires, l’histoire du jour servent à vous distraire, et moi je suis dans la Sibérie. Cependant, vous avez voulu que ce fût moi qui me chargeas[se] quelquefois de vos amusements ; pardonnez-moi donc quand je ne réussis pas dans l’emploi que vous m’avez donné ; c’est à vous que je prêche la tolérance. Un de vos plus anciens serviteurs, et assurément un des plus attachés en mérite un peu.

 

             Voltaire

Aux Délices 7 mars 1764. »

 

 

http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://upload.wikim...

 

 

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07/03/2009 | Lien permanent

Quel intérêt ai-je à cela ?

... Dit innocemment, la main sur le coeur portefeuille, Nico Sans-foi .

Tout simplement, il a les boules de se faire battre par un meilleur que lui . Depuis qu'il est officiellement candidat, il ne s'occupe plus guère de la France, et les Français ne sont plus que des clients à convaincre que Nico peut tout, -sauf arrêter la crise,- fait tout, -sauf donner un toit et de quoi manger aux plus pauvres-. Oui, il fera tout , - d'abord pour sa pomme -.

J'ai hâte que ce roquet teigneux se taise .

Et dans le langage des fleurs, je vous le dis : ceci est un ajonc !

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« A M. le maréchal duc de RICHELIEU.

A Monrion, près de Lausanne, ce 26 décembre [1755]

Est-il bien vrai, monseigneur, que je prends la liberté de vous demander vos bontés pour Mme ou Mlle Gouet ? Quel intérêt ai-je à cela ? On dit qu'elle est jeune et bien faite; c'est votre affaire, et non la mienne. Elle veut chanter les Cantiques de Moncrif 1 chez la reine, elle demande à entrer dans la musique, et il faut que, du pied du mont Jura, je vous importune pour les plaisirs de Versailles! On s'imagine que vous avez toujours quelque bonté pour moi, et on me croit en droit de vous présenter des requêtes. Mais si Mlle Gouet est si bien faite, et si elle a une si belle voix, la liberté que je prends est très-inutile; et si elle n'avait, par malheur, ni voix ni figure, cette liberté serait plus inutile encore. Je devrais donc me borner à vous demander pour moi tout seul la continuation de vos bontés. Je ne suis plus à mes Délices; je passe mon hiver dans une maison plus chaude, que j'ai auprès de Lausanne, à l'autre bout du lac. Un village a été abîmé, à quelques lieues de nous 2, par un tremblement de terre, le 9 du mois. En attendant que mon tour vienne, je vous renouvelle mon très-tendre respect. Nous sommes ici deux Suisses, ma nièce et moi, qui regrettons de n'être pas nés en Guienne 3. »

 

1 Voir : http://groupugo.div.jussieu.fr/groupugo/05-03-12Buffard-M...

« Le poète et musicien Moncrif donne ainsi en 1755 un Choix de chansons, à commencer de celles du comte de Champagne roi de Navarre, jusques et compris celles de quelques poètes vivants, dans une démarche qui demeure peu respectueuse du texte original, souvent « corrigé » ou tronqué, voire attribué à un auteur qui n'est pas le bon. »

2    « Le tremblement de terre survenu en Valais le 9 décembre 1755 provoqua de graves dégâts aux églises de Brigue, Viège et Naters. Des secousses furent enregistrées en France, en Savoie, en Italie du Nord et, depuis l'Alsace, jusqu'à Stuttgart et Ingolstadt. Ce séisme était sans rapport avec le grand tremblement de terre du 1er novembre 1755 à Lisbonne. » : Extrait de : http://hls-dhs-dss.ch/textes/f/F7782.php

 

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30/04/2012 | Lien permanent

Il est honteux qu'un homme qui a des intentions si nobles, et qui paraît si exact et si laborieux, ne soit pas en place,

... Bayrou ? Cohn Bendit ? mon employeur ? Sarko ? le gendarme planqué en bas de descente ? José Bové ? votre voisin de palier ? mon percepteur ? votre curé , imam, rabbin, gourou, ... ? votre naturopathe ? mon garagiste ? votre mari ?  mon banquier ? ... Je vous laisse l'embarras du choix .

Louable intention ? il veille sur vous !

gendarme planqué.jpg


 

 

 

« A M. Claude-Etienne DARGET. 1

Aux Délices 10 de décembre [1757] 2
Mon cher et ancien ami, j'ai lu le projet de l'hôpital il en faudrait un bien grand pour y mettre nos pauvres soldats de l'armée de Soubise, qui ont manqué bien longtemps de pain. Heureusement les Autrichiens nous vengent ils gagnent une bataille longue et meurtrière sous les murs de Breslau, ils prennent le prince Bevern prisonnier, ils sont dans Breslau. L'impératrice reprend sa chère Silésie, excepté Neisse, et la Barbarini, qu'elle n'a pas encore, mais qu'elle aura sûrement, à moins d'un miracle, et Dieu n'en fait point pour notre mécréant. Je lui donne des conseils de Cinéas 3, et j'ai peur qu'il ne finisse bientôt comme Pyrrhus. Vous souvenez-vous de quel air je prenais la liberté de corriger ses vers et sa prose? Je lui parle de même sur son état. C'est la seule vengeance que je puisse prendre, et elle est fort honnête. Sa gloire est en sûreté après nous avoir bien battus, et nous avoir accablés de bons mots et de caresses, il ne devrait plus songer qu'à vivre tranquille, à ne pas s'exposer à la cérémonie du ban de l'empire, et à devenir philosophe. Il devrait aussi quelque honnêteté à ma nièce; mais il n'est pas galant. Je me flatte que M. de Richelieu fera décimer les Hanovriens. Je ne sais comment les sujets du roi d'Angleterre se sont mis à mériter la hart sur terre et sur mer.
Je reviens à l'hôpital dont j'étais parti, il est clair que cette maison ne sera pas sitôt fondée; mais je vous prie d'assurer M. de Chamousset 4 de ma sincère et stérile estime; je voudrais qu'on le fit prévôt des marchands. Il est honteux qu'un homme qui a des intentions si nobles, et qui paraît si exact et si laborieux, ne soit pas en place, c'est un malheur public qu'il ne soit pas employé.

Mais vous ! quand le serez-vous? Vous êtes une preuve que les talents ne sont pas tous mis en œuvre. Je bénis Dieu que vous ayez quitté Berlin mais je suis fâché que vous n'ayez pas trouvé mieux à Paris, où vous deviez trouver tout. Mes compliments, je vous prie, au laborieux mortel 5 à qui je dois de belles tulipes.
VOLTAIRE.

v. Diener »

2 C'est dans l'édition de Bâle qu'ont été imprimés, pour la première fois, les trois alinéas qui forment cette lettre; le premier alinéa faisait une lettre qui n'avait point de date; les deux autres alinéas formaient une autre lettre datée du 10 décembre. Il me semble que le tout doit appartenir à une seule et même lettre. Cette disposition faite, je n'avais pas à hésiter pour la date. ( Beuchot.)

3 Cinéas ou Cynéas, philosophe et ministre de Pyrrhus, envoyé à Rome pour obtenir la paix, il fut près de l'obtenir . Un jour que Pyrrhus après avoir fait un grandiose plan de conquête terminait par « ce sera alors , mon ami, que nous rirons et que nous nous reposerons à notre aise. », ce à quoi Cinéas rétorqua : « Mais seigneur qui nous empêche de le faire dès à présent ? » Pyrrhus fut tué au combat . V* fait des applications à sa manière de ces faits .

4 Charles Humbert Piarron de Chamousset, auteur des Vues d'un citoyen, où il propose des plans pour la réforme des hôpitaux . V* en fera un rappel dans L'Homme aux quarante écus .

 

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15/02/2013 | Lien permanent

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