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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

J'ai quelques arrangements à prendre auxquels je ne peux me déterminer sans savoir l'état de mes petites finances

... Mais permettez-moi de constater que l'état des petites finances des citoyens français les incite plus à faire appel au crédit qu'à se serrer la ceinture à court terme . A long terme, on doit toujours rétrécir la ceinture, avec pour seule consolation d'avoir profité immédiatement d'un superflu qui aurait pu/dû attendre des jours meilleurs . La pub est toujours diablement efficace ...Afficher l'image d'origine

Magique !!

 

 D'autre part, faites appel à Anne Lauvergeon, si vous avez quelques doutes sur vos petites finances, elle aura l'art et la manière de blouser votre banquier , elle travaillait dans la cour des grands ( filous ) ; http://www.liberation.fr/france/2016/05/13/affaire-uramin...

 

 

 

« A Jean-Robert Tronchin Banquier

à Lyon

16 juin [1761] 1

Vous avez donc actuellement , mon cher correspondant, le conseiller d’État auprès de vous . Je voudrais bien être entre vous deux . On vous a mandé sans doute de Paris qu'on allait anéantir les actions sur les fermes et les convertir en rentes afin qu'il ne reste rien au passage de Silhouette .

N'êtes-vous pas émerveillé que depuis trois mois je ne vous aie rien demandé, et que je n'aie rien tiré sur vous ? Je ne resterai pas longtemps dans cette inaction . Mais j'ai préalablement une grâce à vous demander, c'est de vouloir bien me dire de mes nouvelles et m'instruire de mon état . J'ai quelques arrangements à prendre auxquels je ne peux me déterminer sans savoir l'état de mes petites finances . Elles ne doivent pas être fort considérables . Vous savez que j'ai troqué mes louis d'or contre des pierres et des charrues . Daignez donc monsieur m'envoyer un petit bilan . Je vous serai très obligé . On ne peut être ni plus honteux ni plus reconnaissant de toutes les peines que je vous donne 2. Mme Denis vous fait comme moi mille remerciements . Nous embrassons les deux frères .

Permettez-moi de vous supplier de faire rendre l'incluse 3 à M. l'abbé Pernetti .

V. »

1 Date portée deux fois sur le manuscrit .

2 A cet endroit V* a porté son initiale, puis l'a rayée pour continuer .

3 Elle ne nous est pas parvenue, mais doit avoir été lourde car le manuscrit mentionne son poids : « 1/2 once » avec un port de 14 sols, au lieu de 4 sols ordinairement .

Abbé Jacques Pernetti : voir :https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Pernetti et : http://lire.ish-lyon.cnrs.fr/IMG/pdf/6116_couv_13_juil_2015.pdf

 

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14/05/2016 | Lien permanent

il faut s'arranger de façon que personne ne soit gêné, que chacun ait son petit ménage, que chacun soit le maître chez s

...

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 Tout est dit dans le titre !

Voltaire, le logeur idéal !

 

 

« [A Jean-Baptiste , marquis d'Albertas ?]1

A Ferney, 7 juillet 1761

Non seulement, monsieur, je fais bâtir une église sans être sûr qu'on y dise la messe, mais je fais un théâtre à Ferney sans espérer qu'on y joue la comédie ; car il est bien plus difficile de rassembler des acteurs que de trouver des célébrants .

Il y a quelque apparence qu'au mois d'août, M. le duc de Villars viendra s'emparer des Délices que je lui cède 2. Il y sera le maître, ce sera sa maison . Il nous y recevra quelquefois . Vous devriez en faire autant de Tournay ; vous vous y établiriez avec armes et bagages, et votre Saconnex serait pour ceux de votre cour que vous ne pourriez pas loger à Tournay . Cet arrangement serait très agréable, très commode pour vous, pour M. le duc de Villars et pour nous, aussi bien que pour les hôtes que nous attendons . Si ce parti ne vous agréée pas, voyez ce qui vous conviendra le mieux ; mais voyez surtout si vous êtes assez philosophe pour vous établir à la campagne et pour aimer longtemps la retraite . En ce cas, il faut s'arranger de façon que personne ne soit gêné, que chacun ait son petit ménage, que chacun soit le maître chez soi, que chacun garde son entière liberté, vive à sa fantaisie, à ses heures, et que la 3 société puisse se rassembler commodément ! Nous passerons continuellement de la douceur du recueillement à celle d'un commerce animé ; vous ferez le charme de ce commerce de quelque manière que vous vous arrangiez . Soit que vous vouliez vivre dans votre ménage, soit que vous nous fassiez l'honneur de partager le nôtre, vous prendrez toutes les mesures qui vous conviendront, afin que rien ne vous manque dans un pays où il faut tirer tout d'assez loin . Votre philosophie ne sera pas celle de Jean-Jacques . Vous ressemblez beaucoup plus à Aristippe que Diogène, et si vous ne faites pas plus cas de Paris que Diogène n'en faisait d'Athènes, ce ne sera pas dans un tonneau, mais dans le sein d'une honnête abondance et des plaisirs de toute espèce, que vous pourriez oublier le fracas de la grande ville ; et Mme Denis et moi nous en aimerons mieux la campagne . »

2 Villars y résidera de août à octobre 1761 .

3 L'édition Bestermann, suivant apparemment la copie provenant des papiers Suard, donna sa, ce qui est une faute : chacun s'oppose à la société .

 

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11/06/2016 | Lien permanent

Les vraies passions donnent des forces en donnant du courage

... Que dire de mieux ?

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« A Ivan Ivanovitch Schouvalov

A Ferney 24 octobre 17611

Monsieur, ne nous impatientons ni l'un ni l'autre, nous avons tous deux la même passion, nous viendrons à bout de la satisfaire . Jusqu'à ce que Votre Excellence ait rejeté mon idée, je persisterai dans le dessein de faire un volume in-4° de Pierre le Grand , et voici comme je compte procéder . J'aurai l'honneur de vous envoyer ce qui a déjà été imprimé, corrigé à la main suivant vos instructions, avec toute la suite écrite à demi-page , et ensuite, me conformant à vos observations pour cette seconde partie, comme pour la première, je vous dépêcherai sans perte de temps le même volume entièrement corrigé suivant vos ordres . Trouvez-vous cet arrangement de votre goût ? Soyez sûr que vous serez obéi très ponctuellement . Le commentaire sur Corneille est un ouvrage immense ; et je suis bien faible et bien vieux . Mais je trouverai des forces quand il s'agira de Pierre le Grand et de vous . Les vraies passions donnent des forces en donnant du courage .

Votre Excellence a dû recevoir mes tendres et respectueux remerciements pour Mlle Corneille . Elle joue la tragédie comme son grand-père en faisait . Les filles des grands hommes en sont dignes . J'ai un très joli théâtre dans le petit château que j'ai fait bâtir, mais j'ai peur que Votre Excellence ne m'enlève un de mes acteurs . Il y a un nommé Grenier 2, excellent sujet, jeune, sage, jouant des rôles de princes, d'amants, de héros et autres, en perfection ; en avez-vous besoin ? Je vous le cède, il brûle d'envie d'être dans la troupe de Sa Majesté Impériale . Non seulement j'ose répondre qu'il en serait l'ornement, mais qu'il la rendrait excellente encore par son exemple . Vous ne sauriez faire une meilleure acquisition . Si c'est votre bon plaisir monsieur vous pouvez me donner vos ordres et je le ferai partir . Je lui ferai compter pour son voyage ce que vous commanderez .

Si vous avez pris Colberg 3 comme on le dit permettez que je vous fasse mon compliment .

Recevez les tendres respects de votre humble et obéissant serviteur .

Voltaire . »

1 L'essentiel du paragraphe 2 (« J'ai un très joli théâtre ….commanderez ») et la fin («  très humble … Voltaire ») manquent dans toutes les éditions .

2 Grenier est nommé dans une lettre de Marie-Louise Denis à Jean-Robert Tronchin du 4 mars 1761, à côté de Mlle Soulet ; on l'attendait alors à Ferney avec Lekain ; voir aussi lettre du 20 octobre 1761 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/10/07/mettons-le-hors-d-etat-de-nuire-en-faisant-voir-combien-il-v-5856235.html

et la lettre du 10 octobre 1761 aux frères Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/09/30/je-ne-veux-pas-que-vous-jouiez-aux-cartes-le-jour-de-ma-mort-5854769.html

3 Kolberg, sur la Baltique, tomba en effet aux mains des Russes, mais seulement le 16 décembre 1761 .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_de_Kolberg

 

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15/10/2016 | Lien permanent

Vous avez vu sans doute les derniers édits, ils sont un peu obscurs ; le parlement, en les enregistrant, donne de bons a

... Notre roi républicain l'entend-il de cette oreille ? Et d'abord, les avis parlementaires sont-ils bons ?

 

 

« A Sébastien Dupont

A Ferney, 29 Décembre 1764.

J’ai donc, mon cher ami, lâché mes filets en votre nom, et quoique je n’aie point reçu de vos nouvelles, j’envoie aujourd’hui le complément des quatre-vingt mille livres en or, à l’adresse de M. Jeanmaire par le coche de Genève et de Berne, à Strasbourg.

Je suppose, mon cher ami, que vous avez fait faire à M. Jeanmaire le contrat en la meilleure forme possible, et que jamais les héritiers de M. le duc de Virtemberg ne pourront inquiéter les miens. Je crois même que M. le prince Louis de Virtemberg, malgré tous ses refus formels et réitérés d’accéder au traité, le ratifierait s’il était jamais souverain ; il ne voudrait pas sans doute trahir l’honneur de sa maison pour un si petit objet. D’ailleurs, il me paraît que la dette est très assurée sur les terres de France qui ne sont point sujettes à substitution. Je m’imagine que le contrat est en chemin, tandis que mon argent est au coche.

Je crois que vos jésuites voyagent par le coche aussi, mais avec moins d’argent. J’ai besoin de deux ou trois bouviers dans ma terre ; si vous pouvez m’envoyer le père Croust et deux de ses compagnons, je leur donnerai de bons gages ; et si au lieu du métier de bouvier, ils veulent servir de bœufs, cela serait égal. Je trouve les parlements très avisés d’avoir su enfin employer les gens aux fonctions qui leur conviennent. Je me souviendrai toute ma vie que vous m’avez dit qu’un maraud de jésuite, nommé Aubert, fit brûler Bayle dans le marché de Colmar 1. Ne sauriez-vous point où cet Aubert est enterré ? il faudrait au moins exhumer et pendre son cadavre. Il faut espérer que la philosophie reprendra un peu le dessus, puisqu’elle est délivrée de ses plus grands ennemis. Je sais bien qu’elle en a encore, mais ils sont dispersés et désunis ; rien n’était si dangereux qu’une société de fanatiques gouvernés par des fripons, et s’étendant de Rome à la Chine.

Vous avez vu sans doute les derniers édits, ils sont un peu obscurs ; le parlement, en les enregistrant, donne de bons avis au roi, et lui recommande d’être économe. Je prie le Conseil souverain d’Alsace d’en dire autant à M. le duc de Virtemberg. Me voilà intéressé à le voir le prince le plus sage de l’Allemagne.

Je vous embrasse bien tendrement, mon cher ami.

Voltaire. » 

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04/03/2020 | Lien permanent

il devrait savoir que je ne me venge jamais des infortunés

...Illustration «L'air des infortunés»

https://www.estrepublicain.fr/pour-sortir/loisirs/Exposit...

 

 

« A Jean-François de La Harpe

30è juin 1764 à Ferney 1

Un vieux serviteur de Melpomène doit aimer son jeune favori ; aussi, monsieur, pouvez-vous compter que je fais mon devoir envers vous 2. Vous m’aviez flatté d’un petit voyage avec M. de Chimène . On dit que vous allez donner votre Timoléon ; vos nouveaux lauriers vous retiennent à Paris, et il faudra que je sacrifie mes plaisirs à votre gloire .

Je suis bien aise d’apprendre que l’abbé Asselin 3 est encore en vie. Il y a environ soixante ans que je fis connaissance avec lui, et je crois qu’il était majeur. Je lui souhaite les années de Fontenelle.

Vous m’avez dit aussi un mot de Jean-Jacques Rousseau . C’est un étrange fou que cet étrange philosophe. J’avais encore de la voix et des yeux il y a trois ans, et je jouais les vieillards assez passablement sur le théâtre de mon petit château de Ferney . Mme Denis (par parenthèse) jouait les rôles de mademoiselle Clairon avec attendrissement . Quelques citoyens genevois venaient quelquefois à nos comédies et à nos soupers . Il plut à Jean-Jacques de m’écrire ces douces paroles ,  vous donnez chez vous des spectacles ; vous corrompez les mœurs de ma république, pour prix de l’asile qu’elle vous a donné. »

J’eus assez de sagesse pour ne pas répondre à Jean-Jacques ; et la république de J-Jacques ayant jugé à propos depuis de brûler son livre et de décréter de prise de corps sa personne, J.-J. [a]4 imaginé que je m’étais vengé de lui parce qu’il m’avait offensé, et que c’était moi qui avait engagé le Conseil de Genève à lui donner cette petite marque d’amitié. Le pauvre homme m’a bien mal connu, il ne sait pas que je vis chez moi, et que je ne vais jamais à Genève ; il devrait savoir que je ne me venge jamais des infortunés. Un de ses grands malheurs, c’est que la tête lui ait tourné.

Adieu, monsieur ; vous avez le mérite des véritables gens de lettres, et vous n’en avez pas les injustices. Comptez que je m’intéresse à vous aussi vivement que je plains Jean-Jacques. »

1 L'édition de Kehl est incomplète de la fin du 1er paragraphe ( à partir de on dit …), biffée sur la copie Beaumarchais, suivie par les éditions : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/08/correspondance-annee-1764-partie-22.html

2 En lui envoyant le Corneille commenté .

4 Mot arraché par le cachet de la lettre .

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18/08/2019 | Lien permanent

Ma nièce est un gros cochon, monsieur, comme sont la plupart de vos Parisiennes

... Avis à la population : dans le cochon tout est bon ! [NDLR -- Piètre excuse de l'auteur]

 

Mis en ligne le 16/11/2020 pour le 13/8/2015

 

 

« A Jacques Bagieu

Chirurgien du roi etc .

Rue du bout du monde

à Paris

Rue Simon Lefranc

13è août 1760 , aux Délices

Ma nièce est un gros cochon, monsieur, comme sont la plupart de vos Parisiennes ; cela se lève à midi ; la journée se passe sans qu'on sache comment, on n'a pas le temps d'écrire, et quand on veut écrire, on ne trouve ni papier, ni plume, ni encre, il faut m'en venir demander, et puis l'envie d'écrire passe ; sur dix femmes, il y en a neuf qui en usent ainsi . Pardonnez donc , monsieur, à Mme Denis son extrême paresse ; elle ne vous en est pas moins attachée , et elle aimerait encore mieux vous le dire que vous l'écrire ; je lui sers de secrétaire ; je suis exact, tout vieux et tout malingre que je suis ; il est bien juste que vous ayez un peu d'amitié pour moi puisque M. Morand 1 votre confrère en a tant pour mon grand persécuteur Fréron .

Saepe premente deo fert deus alter opem .2

J'ai eu bon nez d'achever ma vie dans ma douce retraite, les Fréron, les Pompignan, les Abraham Chaumeix m'auraient livré sans doute au bras séculier ; quelle inhumanité dans ce Fréron ! de me soupçonner d'être l'auteur de L’Écossaise .

Un grand théologien mahométan prétend que Dieu envoie quelquefois un ange chirurgien aux méchants qu'il veut rendre bons ; cet ange vient avec un scalpel céleste pendant le sommeil du scélérat, lui arrache le cœur fort proprement, en exprime le virus, et met un baume divin à la place ; je vous supplie de daigner faire cette opération à Fréron ; mais vous aurez bien de la peine à tirer tout le virus . Je me félicite plus que jamais, de n'être pas témoin de toutes les pauvretés qui se font dans Paris , mais je regrette fort de ne point voir un homme de votre mérite ; comptez que c'est avec les sentiments les plus vifs que j'ai l'honneur d'être votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi. »

 

1 Sauveur-François Morand .

2 Souvent, quand un dieu vous opprime, un autre dieu vous porte secours ; Ovide, Tristes, I,ii,4.

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13/08/2015 | Lien permanent

Détruisez les plates déclamations, les misérables sophismes, les faussetés historiques, les contradictions, les absurdit

... Adresse aux académiciens et tous pratiquants de la langue française qui sont révulsés par le délire de l'écriture inclusive .

On n'a pas plus de respect pour les femmes en mettant au féminin ce qui est d'origine masculin ; on est en réalité condamnés à une hypocrisie à visée commerciale, une stupide récupération politicarde . Les discours amphigouriques , déjà trop nombreux, vont fleurir, et je l'espère faire baisser l'usage exagéré, en France, des somnifères ( avec avantages reconnus par la Faculté : pas d'accoutumance, pas d'effets secondaires ! ) . Molière a connu les Précieuses ridicules, elles renaissent au XXIè siècle mais n'ont même pas la qualité d'être drôles .

https://www.redacteur.com/blog/comment-pourquoi-utiliser-ecriture-inclusive/

Salut m'sieurs-dames ! L'inclusif, je m'en beurre la biscotte !

Je vous conseille https://www.mots-surannes.fr/?p=11575&

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

19è novembre 1765 1

Mon cher frère, voici des guenilles 2 qui ne sont pas miraculeuses, mais dans lesquelles un honnête impie se moque prodigieusement des miracles. Le prophète Grimm en demande quelques exemplaires ; je vous en envoie cinq. Ce ne sont là que des troupes légères qui escarmouchent . Vous m’avez promis un corps d’armée considérable. J’attends ce livre de Fréret 3, qui doit être rempli de recherches savantes et curieuses . Envoyez-moi une bonne provision . La victoire se déclare pour nous de tous côtés. Je vous assure que dans peu il n’y aura que la canaille sous les étendards de nos ennemis, et nous ne voulons de cette canaille ni pour partisans ni pour adversaires. Nous sommes un corps de braves chevaliers défenseurs de la vérité, qui n’admettons parmi nous que des gens bien élevés. Allons, brave Diderot, intrépide d’Alembert, joignez-vous à mon cher Damilaville, courez sus aux fanatiques et aux fripons ; plaignez Blaise Pascal, méprisez Houtteville et Abadie autant que s’ils étaient Pères de l’Église . Détruisez les plates déclamations, les misérables sophismes, les faussetés historiques, les contradictions, les absurdités sans nombre ; empêchez que les gens de bon sens ne soient les esclaves de ceux qui n’en ont point . La génération naissante vous devra sa raison et sa liberté.

N’oubliez pas de presser Briasson de tenir sa promesse 4. Je peux mourir cet hiver, et je ne veux point mourir sans avoir eu entre mes mains tout le Dictionnaire encyclopédique. Je commencerai par lire l’article Vingtième 5. »

1 La copie Beaumarchais fond cette lettre avec celle du 15 novembre 1765 .

4 De lui envoyer les volumes VIII et suivants de l’Encyclopédie.

5 Article, bien entendu, de Damilaville .

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15/03/2021 | Lien permanent

Quand on ne peut parvenir,[... ], à faire cesser l’opprobre jeté sur un état que l’on honore, il n’y a certainement d’au

... Mlle Clairon ne figure pas sur la liste  des  quatre-cent-soixante-sept  récipiendaires de la Légion d'honneur de le fournée 14 juillet 2021; combien la méritent vraiment, non par leurs titres mais par leurs actions, sensées être bénéfiques à la nation et ses citoyens, les fameux "services éminents" ?

Y a-t-il un plaisir égal à épingler la rosette sur la poitrine du centenaire Edgar Morin et sur celle de la quadragénaire Laetitia Casta , tous deux méritants valables ? Qui choisit le buste à orner ? Si cette responsabilité m'incombait, je sais bien où irait ma préférence, mais chut !

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« A Claire-Josèphe-Hippolyte Léris de La Tude Clairon

À Ferney, 15 avril 1766

Quand on ne peut parvenir, mademoiselle, à faire cesser l’opprobre jeté sur un état que l’on honore, il n’y a certainement d’autre parti à prendre que de quitter cet état. Vous avez une grande réputation par vos talents ; mais vous aurez de la gloire par votre conduite. Je voudrais que cette gloire ne fût point unique, et que vos camarades eussent assez de courage pour vous imiter ; mais c’est de quoi je désespère. Je vois qu’après avoir disposé des empires sur la scène, vous n’allez à présent donner que des cures. Mon protégé, dont j’ai oublié le nom 1, m’a paru, par sa lettre, un drôle de prêtre : c’est tout ce que j’en sais.

La petite tracasserie avec M. Dupuits doit être entièrement finie . Je ne la connaissais pas. Vous savez que je passe ma vie dans mon cabinet pendant qu’on médit dans le salon . M. Dupuits est en Franche-Comté . Il en reviendra bientôt. Mon premier soin sera de l’instruire de vos bontés ; et comme il sait mieux l’orthographe que madame sa femme, il ne manquera pas de vous écrire dès qu’il sera de retour.

Au reste, mademoiselle, je crois que, dans le siècle où nous vivons, il n’y a rien de mieux à faire que de se tenir chez soi, et de cultiver les arts pour sa propre satisfaction, sans se compromettre avec le public. Il n’y a plus de cour, et le public de Paris est devenu bien étrange. Le siècle de Louis XIV est passé ; mais il n’y a point de siècle que vous n’eussiez honoré.

Mme Denis vous fait mille tendres compliments. Je ne vous parle pas de mes sentiments pour vous , je n’ai pas assez d’éloquence,

V. »

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14/07/2021 | Lien permanent

Pour moi je suis toujours réduit à faire des souhaits impuissants

... Quand le foot semble être prioritaire, ceux qui ont le souci de lutter contre la pauvreté doivent se contenter d'espérer , encore et encore : "Selon Eric Pliez, président du Samu social de Paris,[...] "On nous a dit mai, puis juin, puis juillet, maintenant septembre. On est en droit d'être déçus" .

 http://www.europe1.fr/societe/la-misere-nattend-pas-les-a...

 

 

« Au marquis Francisco Albergati Capacelli

senatore di Bologna

à Bologna

26 juillet [1763] à Ferney 1

Vraiment, monsieur, vous en parlez bien à votre aise, vous êtes à la fleur de l'âge dans le sein des belles-lettres et des plaisirs, vos yeux sont excellents, vous écrivez quand vous voulez , et moi, je suis un pauvre vieillard infirme, qui ai les neiges des Alpes sur la tête . J'ai voulu jouer un rôle de vieux bonhomme sur mon petit théâtre, mais on ne m'entendait plus . Je suis obligé de renoncer à cet agréable amusement qui me consolait .

J’ai reçu aujourd'hui une lettre de notre cher Goldoni 2, je me flatte toujours qu'il passera chez nous à son retour . Pour moi je suis toujours réduit à faire des souhaits impuissants . Il me vient souvent des Italiens et des Anglais, la première question que je leur fais est pour savoir s'ils ont vu monsieur le marquis Albergati . S'ils ne l'ont pas vu ils ne sont pas trop bien reçus . On dit que M. Algarotti est malade à Boulogne, ce sont les deux ambassadeurs vénitiens 3 revenant d'Angleterre par Paris et par Genève, qui me l'ont dit ; ils prétendent que sa maladie est très sérieuse ; je suis très affligé de son état, et quoique je sois plus malade que lui, je vais lui écrire un petit mot .

Adieu, monsieur, on ne peut être plus sensible que je le suis à vos bontés .

V. »

1 Date complétée par Albergati .

2 Datée de Paris du 9 juillet 1763 .

3 Tommaso Querini et Francesco Lorenzo Morosini di Santo Stefano, mentionnés dans la lettre de Goldoni du 9 juillet 1763 ; ils sont mentionnés aussi dans la lettre suivante de V* à Algarotti . Voir : https://books.google.fr/books?id=v_N3BgAAQBAJ&pg=PT387&lpg=PT387&dq=Tommaso+Querini+1763&source=bl&ots=HMb3OnRTtd&sig=3TBENunba0Hm5vDWgTAVO_YCfYs&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiNmKeDpozcAhWIPhQKHSP3B34Q6AEISjAJ#v=onepage&q=Tommaso%20Querini%201763&f=false

et note du 4 février 2011 de http://mescarnetsvenitiens.blogspot.com/2011/02/

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07/07/2018 | Lien permanent

si vous y perdez, je suis prêt à vous dédommager

... Prix Goncourt – 3 novembre 2022 Vivre vite, Brigitte Giraud (Flammarion) Prix Renaudot – 3 novembre 2022 Performance, Simon Liberati (Grasset) Prix Décembre – 26 octobre 2022 Quand tu écouteras cette chanson, Lola Lafon (Stock) Prix Fémina – 7 novembre 2022 Un chien à ma table, Claudie Hunzinger (Grasset)

Est-il un auteur/une auteure qui dise cela à son éditeur ? Même pas en rêve de libraire .

 

Rédigé le 10/11/2022 pour parution le8/11 .

 

« A Jacques Lacombe, Libraire

Quai de Conti

à Paris

Si vous aviez pu , monsieur, conserver les planches comme vous m'en aviez flatté, je vous causerais moins d'embarras . Mais je vous demande en grâce de me sacrifier ce qui peut vous rester de votre première édition et d'en faire une autre en petit caractère avec des réglets et une très grand marge . Elle ne contiendra probablement que cinq feuilles tout au plus in-8° . J'en prendrai deux cents exemplaires pour les cent écus que vous deviez donner à Lekain ; et je me charge encore une fois de lui donner ces cent écus de ma bourse .

Je vous prie de prendre chez M. d'Argental l'exemplaire corrigé que je viens de lui envoyer . Il y a environ une douzaine de lignes, tout au plus, à porter de cet exemplaire sur le vôtre . Il y a la valeur de quatre-vingt-six vers de corrigés dans toute la pièce . Voyez si vous voulez me faire ce plaisir . On en fait de nouvelles éditions en plusieurs endroits . Vous pouvez aisément tirer cinq cents exemplaires de la nouvelle que je vous demande et, si vous y perdez, je suis prêt à vous dédommager .

Vous m'aviez parlé il y a quelques mois de certains petits chapitres 1 . Il me semble que vous n'avez plus cette idée . Un petit recueil de contes serait peut-être plus aisé à faire . Zadig, Candide, Memnon, Le Bramin et la vieille, La Fée Urgèle etc. pourraient faire deux volumes que vous vendriez bien si je ne me trompe 2 . Mais actuellement je vous demande une nouvelle édition des Scythes . J'attends cela de votre amitié . Il me sera plus flatteur d'être imprimé par vous que par les éditeurs hollandais et par ceux des provinces .

Je finis selon ma coutume par les sentiments de l’amitié, sans formules inutiles .

V.

27è avril 1767. »

2 Ce projet d'un recueil de contes aurait été intéressant, dans la mesure où il aurait permis de voir comment V* concevait le genre, qu'elles limites il lui donnait, etc. Il ne se réalisa pas . On voit seulement ici que V* est disposé à joindre les contes en vers, comme La Fée Urgèle, aux contes en prose .

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08/11/2022 | Lien permanent

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