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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Que m’importe, lui dit le vizir, que le chien ait mordu le porc, ou que le porc ait mordu le chien ?

... Le vizir étant Donald Trump , reçu en grande pompe en Inde, et fidèle à sa coutume, prêchant le faux pour passer la main dans le sens du poil aux dirigeants d'une puissance commercialement redoutable .

«https://www.lemonde.fr/international/article/2020/02/25/t...

 

 

 A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

23è décembre 1764

Je commence, mon cher ange, et je dois commencer toutes mes lettres par le mot de reconnaissance. Nous vous demandons en grâce, Mme Denis et moi, de répéter à M. le duc de Praslin ce mot, qui est gravé dans nos cœurs pour vous et pour lui. Tandis que vous prenez des mesures politiques avec le tripot de la Comédie, il y a vraiment de belles querelles dans le tripot de Genève.

Quelques conseillers ont voulu que je vous en prévinsse, comptant que, dans l’occasion, vous serez leur médiateur auprès de M. le duc de Praslin. M. Crommelin doit vous en parler ; mais je ne crois pas que la querelle devienne jamais assez violente pour que la France s’en mêle ; le fond en est excessivement ridicule. Permettez-moi de vous ennuyer, en vous disant de quoi il s’agit.

La république de Genève est un petit État moitié démo, moitié aristo-cratique. Le Conseil du peuple, qu’on appelle le Conseil des Quinze-Cents, est en droit de destituer les premiers magistrats, qu’on appelle syndics. Jean-Jacques Rousseau (afin que vous le sachiez) était du Conseil des Quinze-Cents ; les magistrats qui exercent la justice s’étant divertis à faire brûler les livres de J.-J., J.-J., du haut de sa montagne ou du fond de sa vallée, excita les chefs de la populace à demander raison aux magistrats de l’insolence qu’ils avaient eue d’incendier les pensées d’un bourgeois de Genève. Ils allèrent deux à deux, au nombre d’environ six cents, représenter l’énormité du cas ; et J.-J. ne manqua pas de leur faire dire que, si on rôtissait les écrits d’un Genevois, il était bien triste qu’on n’en fît pas autant à ceux d’un Français. Un magistrat vint me demander poliment la permission de brûler un certain Portatif . Je lui dis que ses confrères étaient bien les maîtres, pourvu qu’ils ne brûlassent pas ma personne, et que je ne prenais nul intérêt à aucun Portatif.

Pendant ce temps J.-J. faisait imprimer, dans Amsterdam, un gros livre bien ennuyeux pour toutes les monarchies, et qui ne peut guère être lu que par des Genevois : cela s’appelle les Lettres de la montagne. Il y souffle le feu de la discorde, il excite tous les petits ordres de ce petit État les uns contre les autres ; et, à la première lecture, on a cru qu’il y aurait une guerre civile. Pour moi, je crois qu’il n’y aura rien, et que le tocsin de Rousseau ne fera pas un bruit dangereux. S’il y a quelques coups de poing donnés, je ne manquerai pas de vous en avertir, soit pour vous amuser, soit pour vous prier d’engager M. le duc de Praslin à mettre le hola.

 Je ne sais quel ministre de je ne sais quelle puissance, ou quelle faiblesse chrétienne à la Porte ottomane, demanda un jour audience au grand-vizir, pour lui apprendre que les troupes de son maître chrétien avaient battu les troupes d’un autre prince chrétien. Que m’importe, lui dit le vizir, que le chien ait mordu le porc, ou que le porc ait mordu le chien ?

Vous ne serez point le vizir dans une occasion pareille ; vous serez un médiateur bienfaisant.

Si M. Crommelin vous parle de toutes ces tracasseries, je vous prie de lui dire que je vous en avais parlé comme je le devais.

Madame d’Argental m’inquiète beaucoup plus que Genève ; je ne sais rien de pis que de n’avoir point de santé ; ma mie Fournier 1 n’a-t-elle pas d’elle un soin extrême ?

Respect et tendresse. »



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26/02/2020 | Lien permanent

Il est fort à son aise, nous lui avons fait bâtir une jolie église, nous lui avons donné des ornements d'évêque, et s'il

... Ah ! l'heureux temps où l'on pouvait boire, vin de messe ou autre, sans inviter ce fumeux "modération" !

Si les musulmans m'agacent par leurs invocations incessantes à Allah au début, au milieu , à la fin de chaque phrase, les présentateurs de télévision et tous journalistes de l'audio-visuel me gonflent sérieusement par leur "avec modération" dès qu'on parle, peu ou prou, de boisson, peu ou prou, alcoolisée . On croirait qu'ils jouent leur place s'ils ne se plient pas à la sacro-sainte formule . Ridicule ! 

En toute logique médicale, la modération devrait être aussi impérative pour toutes les boissons sucrées, sodas et autres mixtures qui tuent plus sournoisement mais aussi à coup sûr que le picrate de nos anciens . Maintenant que nous avons des élus écologistes patentés , quand vont-ils pondre un texte de loi étendant le "modération" aux boissons mortelles non alcoolisées ?

https://www.pressesante.com/sodas-un-pied-dans-la-tombe-s...

 

 

 

« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault

A Ferney , 10 avril 1765

Monsieur,

Ce que vous avez bien voulu m'écrire dans la dernière lettre dont vous m'honorez 1, concernant les justices subalternes, est digne d'un magistrat tel que vous . Je vis, il y a un an, le parlement de Bourgogne, sous la juridiction duquel j'ai le bonheur de me trouver, donner un bel exemple qui doit contenir ces justices dans les bornes des lois . Une pauvre fille de mon voisinage qui n'avait point celé sa grossesse, et qui était accouchée entre les mains de trois femmes d'un enfant mort en naissant, fut condamnée à être pendue par des juges de village : elle fut amenée par-devant votre Tournelle qui la déclara innocente, et trouva la sentence très inique .

Quelques-uns de vos magistrats me firent plusieurs mois après, l'honneur de venir dîner à Ferney . Le juge qui avait porté cette malheureuse sentence s'y trouvait, on en parla ; un de vos messieurs, indigné, lui dit : « Quel est le butor qui a prononcé cette sentence ? Il mériterait qu'on le prît à partie, et qu'on le punît sévèrement . »

Le butor à qui on adressait la parole ne répondit rien, et je ne lui fis pas l'affront de le découvrir . Je peux vous assurer, monsieur, que la justice de Gex aurait besoin quelquefois d'être éclairée par ses supérieurs . M. Dupuits qui a épousé Mlle Corneille et qui aura l 'honneur de vous rendre ma lettre, est appelant d'une sentence de Gex, rendue contre lui en faveur d'un Genevois 2. Je crois que vous serez son juge ; je ne prends pas la liberté inutile de vous solliciter ; la sollicitation ne doit être que dans l'évidence du bon droit . Il vous expliquera sa cause . Peut-être est-elle d'une nature que les ordonnances sur substitution n'ont ni assez éclaircie, ni même assez prévue : car l’ordonnance ressemble assez, comme vous savez, au conte de La Fontaine : On ne s'avise jamais de tout 3.

Je crois que je serai bientôt au nombre de vos clients . Ma nièce, du moins, à qui j'ai donné le château de Ferney, pourra être obligée de plaider par-devant vous contre son curé pour les dîmes ; c'est une affaire dont nous n'avons pas encore la moindre connaissance ; elle était pendante au Conseil du roi du temps des prédécesseurs du seigneur et du curé . Les principaux documents sont à Turin et à Berne ; tout ce que j'en sais, c'est que nous avons contre nous le concile de Latran, et pour nous Henri IV ; c'est lui qui sollicite en notre faveur, et je crois même que vous avez déjà fait gagner notre cause, en enregistrant des lettres patentes de ce prince qui maintiennent les seigneurs de Gex dans la possession de leurs dîmes, en vertu des traités faits avec les ducs de Savoie et le canton de Berne . Je ne sais si ces traités furent enregistrés au parlement . Il serait bien étrange qu'on eût omis une formalité si essentielle .

M. de Fontette négocie actuellement avec M. le duc de Praslin, pour prendre des arrangements convenables . Je n'en sais pas davantage . Oserais-je vous supplier, monsieur, d'en parler à M. de Fontette ? Il paraît que messieurs de Berne et de Genève ayant les mêmes intérêts que nous dans ce qui regarde le maintien des traités, c'est une affaire d’État autant que de jurisprudence .

Au reste , les petits délais que doit nécessairement éprouver le curé de Ferney, ne lui sont pas bien préjudiciables . Il est fort à son aise, nous lui avons fait bâtir une jolie église, nous lui avons donné des ornements d'évêque, et s'il ne boit pas d'aussi bon vin que moi, il en boit beaucoup davantage .

J’ai l'honneur d'être, avec beaucoup de respect, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire . »

1 Lettre inconnue .

2 Vers cette époque Mme Denis écrit à Ruffey : « [M. Dupuits] vient à Dijon pour un procès qui doit être jugé incessamment . […] Faites-nous l'amitié de le conduire et de lui dire les démarches qu'il faut faire . »

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24/07/2020 | Lien permanent

Souvent l’amitié chancelante Resserre sa pitié prudente ; Son cœur glacé n’ose s’ouvrir ; Les amis sont réduits à feindr

... Ce peut être le sentiment du président Zelensky . Faisons en sorte que cela ne se vérifie pas .

 

 

« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence

8è décembre 1766 1

Je vous renvoie, monsieur le marquis, votre lettre à M. le comte de Périgord 2, que vous avez bien voulu me communiquer. J’en ai tiré une copie, selon la permission que vous m’en donnez. Cette lettre est bien digne d’une âme aussi noble et aussi généreuse que la vôtre. Elle est simple, et c’est le seul style qui convienne à la vérité, quand on écrit à ses amis. Tous les faits que vous rapportez sont incontestables. Je ne doute pas que M. le comte de Périgord ne trouve fort bon que vous lui adressiez cette lettre, et que vous la rendiez publique. Pour moi, je vous avoue que je n’affecte point avec vous une fausse modestie, et que je vous ai une très grande obligation.

Le livre du jésuite Nonotte 3 vient d’être réimprimé sous le nom d’Amsterdam , mais l’édition est d’Avignon. Les partisans des prétentions ultramontaines soutiennent ce livre ; mais ces prétentions ultramontaines, qui offensent nos rois et nos parlements, n’ont pas un grand crédit chez la nation. C’est servir la religion et l’État que d’abandonner les systèmes jésuitiques à leurs ridicules.

Votre lettre à M. le comte de Périgord m’a tellement échauffé la tête et le cœur que je vous ai répondu en vers par une ode 4 dont voici une strophe :

Qu’il est beau, généreux d’Argence,
Qu’il est digne de ton grand cœur,
De venger la faible innocence
Des traits du calomniateur !

Souvent l’amitié chancelante
Resserre sa pitié prudente ;
Son cœur glacé n’ose s’ouvrir ;
Les amis sont réduits à feindre,
Nous en trouvons cent pour nous plaindre 5,
Et pas un pour nous secourir.

Voici encore une strophe de celle ode :

Imitons les mœurs héroïques
De ce ministre des combats 6,
Qui de nos chevaliers antiques
À le cœur, la tête, et le bras ;
Qui pense et parle avec courage,
Qui de la fortune volage
Dédaigne les dons passagers ;
Qui foule aux pieds la calomnie,
Et qui sait mépriser l’envie
Comme il méprisa les dangers.

Je crois que M. le duc de Choiseul ne sera pas mécontent de ces derniers vers. Il daigne toujours m’aimer ; il m’honore quelquefois d’un mot de sa main.

J’aurai l’honneur de vous envoyer l’ode entière dès qu’elle sera mise au net, et je la ferai imprimer à la suite de votre lettre. Je serai enchanté de joindre votre éloge à celui de M. de Choiseul . Cela paraîtra en même temps que le mémoire des Sirven, dont les avocats ne manqueront pas de vous envoyer quelques exemplaires.

Vous pourrez faire publier votre lettre et l’ode à Bordeaux, pendant que je la publierai à Genève. Je voudrais que vous eussiez la bonté de m’envoyer tous vos titres et ceux de M. le comte de Périgord, pour les placer à la tête.

J’attends vos ordres, et j’ai l’honneur d’être avec les sentiments les plus respectueux et les plus tendres, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Original signé où d'Argence a noté : « Je prie de supprimer le nom de M. le comte de Périgord », demande qui fut ignorée par les éditions de V* ; ici, texte de édition [ornement typographique] /Lettre/de M. de V***,/à M./le marquis d'A***,/le 8 décembre 1766 [1766 ?]

2 Cette lettre est connue . S'adressant à Gabriel-Marie de Talleyrand, comte de Périgord, d'Argence fait un éloge enthousiaste de l'Encyclopédie et de V* . Cette lettre est imprimée sous le titre : [ornement typographique]/Lettre/de M. le marquis d'A***,/ à M. ***, mais seulement en 1769 semble-t-il .

Note de Beuchot : Le comte de Périgord, prince de Chalais, depuis 1753, gouverneur du haut et bas Berry. Cette lettre devait être relative aux affaires des Calas et des Sirven. Voltaire en reparle dans la lettre à d’Alembert du 4 juin 1769 : la distance entre cette dernière lettre et celle à d’Argence de Dirac me paraît bien grande. (B.)

3 Les Erreurs de M. de Voltaire.

5 Dans les éditions de l'Ode à la vérité, ces deux vers apparaissent comme suit : « Son zèle est réduit à tout craindre ;/Il est cent amis pour nous plaindre . »

6 Le duc de Choiseul, ministre de la guerre

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08/03/2022 | Lien permanent

Une dame fort jolie et fort affligée est venue chez moi ; je n’ai pas, à mon âge, de quoi la consoler

... Hélas oui !  à l'évidence le Patriarche ne connait pas les solutions pour empêcher son vieux lit de grincer , comme lui d'ailleurs . Le Figaro, qui se mêle de tout,  vient en aide à ses lecteurs et leurs voisins : https://www.msn.com/fr-fr/sante/other/lit-qui-grince-5-so...

Si ça peut vous rendre service ...

Dites-moi, me suis-je trompé sur le vrai moyen de consolation suggéré ici ?

 

 

 

« A Pierre de Buisson, chevalier de Beauteville 1

4 novembre 1768 à Ferney 2

Monsieur, je suis obligé en honneur de vous rendre compte de ce qui vient de m’arriver. Une dame fort jolie et fort affligée est venue chez moi ; je n’ai pas, à mon âge, de quoi la consoler ; elle m’a assuré qu’il n’y avait que vous qui puissiez lui donner de la consolation. « J’ai le malheur, m’a-t-elle dit, d’être la femme d’un poète. — Votre mari est-il jeune, madame ? fait-il bien des vers ? — Ah ! monsieur, il les fait détestables. — Cela est fort commun, madame ; mais que peut un ambassadeur de France contre la rage de faire de mauvais vers ? — Monsieur, je suis Genevoise, et mon mari est un jeune étourdi nommé Lamande. — Eh bien ! madame, envoyez-le chez Jean-Jacques Rousseau, ils travailleront du même métier. — Monsieur, il y a renoncé pour sa vie. Il s’avisa, il y a deux ans, pendant les troubles de Genève, où personne ne s’entendait, de faire une mauvaise brochure en vers qu’on n’entendait pas davantage 3; il a été banni pour neuf ans par un arrêt du Conseil Magnifique ; il a un père encore plus vieux que vous, qui est aveugle, et qui se trouve sans secours ; ma mère, vieille et infirme, a besoin de mes soins ; je passe ma vie à courir pour me partager entre ma mère et mon mari : monsieur l’ambassadeur de France est le seul qui puisse finir mes malheurs. »

J’ai répondu alors de Votre Excellence ; j’ai assuré la désolée que, si elle venait à votre lever, elle s’en trouverait fort bien ; mais que vous étiez actuellement occupé avec les dames de Saint-Omer 4.

« Hélas ! monsieur, m’a-t-elle répliqué, il peut de Saint-Omer pardonner à mon mari, et me le rendre. On a prétendu que mon mari lui avait manqué de respect dans son impertinent ouvrage, où personne n’a jamais rien compris . — Madame, ai-je dit, si votre mari avait été citoyen de Bergopsom 5 , M. le chevalier de Beauteville lui aurait très mal fait passer son temps ; mais, s’il est citoyen de Genève, et s’il a écrit des sottises, soyez très persuadée que monsieur l’ambassadeur de France n’en sait rien, qu’il ne lit point ces pauvretés, ou qu’il ne s’en souvient plus. » Alors elle s’est remise à pleurer. « Ah ! que monsieur l’ambassadeur pourrait faire une belle action ! disait-elle. — Il la fera, madame, n’en doutez pas ; c’est une de ses habitudes. De quoi s’agit-il ? — Ce serait, monsieur, qu’il trouvât bon que mon Magnifique Conseil abrégeât le temps du bannissement de mon sot mari, qui a voulu faire le bel esprit. Il ne faudrait pour cela qu’un mot de la main de Son Excellence. La grâce de mon mari sera accordée si monsieur l’ambassadeur daigne seulement vous témoigner qu’il sera satisfait que ce Magnifique Conseil laisse revenir mon mari Lamande dans sa patrie, et que je puisse soulager la vieillesse de mes parents. Prenez la liberté de lui demander cette faveur, il ne vous refusera pas : car c’est sans doute une chose très indifférente pour lui que le sieur Lamande et moi nous soyons à Genève ou en Savoie. »

Enfin, monsieur, elle m’a tant pressé, tant conjuré, que j’ose vous conjurer aussi. Une nombreuse famille vous aura l’obligation de la fin de ses peines. Votre Excellence peut avoir la bonté de m’écrire qu’elle est satisfaite de deux ans d’expiation de Lamande, et qu’elle daignera voir avec plaisir qu’il soit rappelé dans sa ville . Voyez, monsieur, si j’ai trop présumé en vous demandant cette grâce, et si vous pardonnez à Lamande et à mon importunité.

Le plus grand plaisir que m’ait fait la jolie pleureuse a été de me fournir cette occasion de vous renouveler le respect et l’attachement avec lesquels  »

2 Minute complétée et corrigée par V* ; édition Kehl .

3 Joseph Lamande : Dictionnaire des négatifs, 1766 . Il ne s'agit pas d'une œuvre ne vers mais d'un catalogue satirique de personnages imaginaires : https://books.google.fr/books?id=Avt8nQEACAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

Sur son auteur et sur la punition qu'il subit, voir Rivière, I, 150 ; voir aussi les lettres du 5 mai 1768 à Vernes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/01/05/je-me-flatte-cependant-que-malgre-nos-detestables-cagots-je-6478852.html

et du 13 novembre 1768 à Vernes : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/08/correspondance-annee-1768-partie-31.html

5  Beauteville a pris part aux opérations qui aboutissent en 1747 à la prise de Bergen-op-Zoom. Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_de_Berg-op-Zoom_...)

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15/05/2024 | Lien permanent

BON ANNIVERSAIRE MONSIEUR DE VOLTAIRE

... Né, selon lui-même, le 20 février 1694 à Chatenay ; et le 21 novembre 1694 à Paris selon la police .

DSCF0839 rouge bleu et or voltaire 323.JPG

Rouge, bleu et or, couleurs de Voltaire

 

volti chatenay buste sens interdits.JPG

Toujours le sourire en tournant le dos aux interdits

 

volti né à chatenay 20_2_1694 maison natale.JPG

 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10519427x/f1.item

 

volti né chatenay 2014 brasserie.JPG

Ce n'est pas l'Auberge de l'Europe, mais c'est accueillant quand même .

 

 

 

 

 

 

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20/02/2017 | Lien permanent

cette grande villasse de Paris, où tout le monde craint, le matin, pour ses rentes, ...et où l'on va le soir battre des

...

 

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de CIDEVILLE. 1

Conseiller au parlement à Rouen

rue Saint Pierre

près du rempart

à Paris
Aux Délices, 12 janvier [1759]
Mon cher ami, je suis malade de bonne chère, de deux terres que je bâtis, de cent ouvriers que je dirige, du cultivateur et du semoir, et de nombre de mauvais livres qui pleuvent. Pardonnez- moi si je ne vous écris pas de ma main 2 : Spiritus quidem promptus est, manus autem infirma 3.
Je soupçonne que vous êtes actuellement dans cette grande villasse 4 de Paris, où tout le monde craint, le matin, pour ses rentes, pour ses billets de loterie, pour ses billets sur la Compagnie, et où l'on va le soir battre des mains à de mauvaises pièces, et souper avec des gens qu'on fait semblant d'aimer.
J'ai appris avec douleur la perte de notre ami Formont : c'était le plus indifférent des sages. Vous avez le cœur plus chaud, avec autant de sagesse, pour le moins. Je le regrette beaucoup plus qu'il ne m'aurait regretté, et je suis étonné de lui survivre.
Vivez longtemps, mon ancien ami, et conservez-moi des sentiments qui me consolent de l'absence.
Notre odoriférant marquis 5 a fait un effort qui a dû lui coûter des convulsions ; il m'a payé mille écus par les mains de son receveur des finances. Il faudra que je présente quelquefois des requêtes à son conseil. Le bon droit a besoin d'aide auprès des grands seigneurs, et je vous remercie de la vôtre. Si le marquis savait que j'ai acheté une belle comté 6, il redouterait ma puissance, et traiterait avec moi de couronne à couronne.
Bonsoir, mon ancien ami. On dit que le cardinal de Bernis a la jaunisse ; vous êtes plus heureux que tous ces messieurs-là.

V. »

1 Original de la main de Wagnière, date et adresse de la main de V* .

Bestermann pense que cette lettre s'est croisée avec celle de Cideville du 7 janvier 1759 et donc estime que la lettre de Cideville répondait à une lettre de V* antérieure que l'on ne connait pas . Outre qu'on ne voit pas V* écrire deux fois la même chose, sans savoir que sa lettre était perdue, il est clair que Cideville répond bien à la lettre présente, il le fait même point par point, ce qui est confirmé par la formule « il a la jaunisse dites-vous » . mais les dates des deux lettres vérifiées sur les originaux ne laissent pas de doute, il s'agit bien du 7 et du 12 janvier 1759, sachant que l'une des deux dates est fautive . On garde donc cette lettre d V* avec cette date du 12 janvier , sous réserve, avec ci dessous la lettre de Cideville du sensée être du 7 janvier .

« A Paris le 7 janvier 1759

Je suis de retour , illustre et cher ami, dans ce Paris où, quand j'en pars, je ne crois pas revenir ; un beau soleil, une vue plus étendue, mes berceaux , mes chèvrefeuilles, des potagers que j'ai tracés, une maison que j'ai bâtie me rappellent au printemps dans mon séjour champêtre : j'y vais goûter en paix le fruit de mes soins […]

Mais les jours baissent;le vent du nord souffle, les feuilles tombent, la campagne devient hideuse et je la fuis , etc. point assez riche pour la rendre ans le secours des beautés de la nature supportable à qui aurait le courage de m'y venir vois . Ainsi m'accommodant au temps et à ma situation, je me ploie tout bonnement à mon peu de revenus, croyant moins pénible de céder que de lutter contre les saisons et la fortune […]

excepté pourtant quand il s'agirait de vous obliger, je descendrais aux Enfers . Je serais alors un Hercule, prêt encore que je suis à vous aider à tirer mille autres écus de ce cloaque où vous aviez laissé =tomber votre bourse .[allusion à l'odoriférant marquis » de Lézeau]

je pense bien que nous regrettons plus M. Formont qu'il ne nous eût regrettés . C'était un homme de goût et instruit, plus agréable à rencontrer qu'utile à chercher pour amant ou pour consolateur .

L'abbé de Bernis périra des vices contraires ; le sang de l'un s'est figé, le sang de l'autre se dissout . Ambassadeur, ministre, cardinal et devenu de pauvre riche, ne devrait-il pas être content, débarrassé des importuns et des honneurs et de mener une vie libre et commode ? Point du tout, il est malade d'ambition et d'orgueil . Il a la jaunisse, dites-vous, cependant il l=monte à cheval sans pouvoir l'éviter . Post equitem sedet altra cura ; il n'est que le dernier exemple de ceux qui sont malheureux faute de réfléchir .

Oh mon ami que vous êtes bien plus sage ! […]

vous bâtissez, mais deux terres c'est beaucoup . Ne construisez pas pour les enfants du président de Brosses .

J'aime à vous voir alternativement à la main la plume et le semoir ; l'agriculture est l'occupation naturelle de l'homme, elle l'a été des héros et des plus grands génies, on tirait Cincinnatus de sa charrue pour le mettre à la tête de armées . Virgile a chanté la campagne et l'aimait, vous vous y plaisez, comme lui vous nous avez illustrés par une Enéide, de qui pouvons[-nous ] espérer que de vous des Georgiques françaises qui nous manquent?[...] »

 

2 Cette lettre est de la main de Wagnière; ...le

dernier alinéa seulement est de celle de Voltaire. (Clogenson.)

3 L'esprit est dissipé, la main est débile . Matthieu, Évangile XXVI, 41 .

4 Littré, orthographe villace, donne deux exemples dont celui-ci .

5 A cause du « constat de cadavre » ? Voir lettre du 10 novembre 1758 à Cideville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/12/06/il-n-a-qu-un-plaisir-c-est-de-faire-parler-de-lui-j-ai-cru-a-5240198.html

De Lézeau sera traité de « puant » dans une lettre du 28 mars 1760 : page 340 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f354.image.r=puant

6 Le mot comté était autrefois du genre féminin; c'est ainsi que l'on dit encore la Franche-Comté.

 

 

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01/02/2014 | Lien permanent

Je n'ai Dieu merci rien à demander pour moi à aucun roi de ce bas monde, et je suis enchanté d'obtenir pour les autres

... Ce devrait être le programme de tout député, sénateur, élu de tout grade ayant à coeur le bien commun . Sans vouloir être discourtois, à mes yeux peu ou pas d'élus n'ont assez d'altruisme . Je serais heureux de me tromper à ce sujet .

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« A Jean-Robert Tronchin

Aux Délices 5 mai [1758]

Mon cher correspondant, vendez, ne vendez point, troquez, ne troquez point, placez, ne placez point, vous ferez toujours très bien et je m'en rapporte entièrement à vous . Je ne m'en rapporte pas si aveuglément à ceux qui font des dépenses si immenses et si infructueuses pour la guerre de mer et de terre . Je vois notre commerce en train d'être ruiné ; et quoique M. le chevalier des Soupirs 1 m'envoie des triplicata de son arrivée sur la côte de Coromandel , je tremble pour nos affaires d'orient et d'occident . Je voudrais que le Canada fût au fond de la mer glaciale, même avec les révérends pères jésuites de Québec , et que nous fussions occupés à la Louisiane à planter du cacao, de l'indigo, du tabac et des muriers , au lieu de payer tous les ans quatre millions pour nos nez à nos ennemis les Anglais qui entendent mieux la marine et le commerce que MM. les Parisiens .

Le roi de Prusse m'a accordé un congé pour un de vos Genevois prisonniers 2 . C'est un Turretin, famille honorée ici presque comme les Tronchin . Cette petite aventure m'a fait un extrême plaisir . Je n'ai Dieu merci rien à  demander pour moi à aucun roi de ce bas monde, et je suis enchanté d'obtenir pour les autres .

J'ai répondu à M. de Gournay 3. C'est un homme dont je fais grand cas . Je crois que personne n'entend mieux le commerce en grand et ne mériterait mieux d'être écouté .

Voudriez-vous bien avoir la bonté de m'apporter de Paris de grandes et commodes tablettes à mettre en poche ? On a tant de choses à mettre sur ses tablettes par le temps qui court ! Grand merci des graines que vous annoncez . Vous trouverez votre jardin très beau . Puissent les vignes de Bourgogne que j'ai plantées sur votre terrain de terre à pot ne pas dégénérer si tôt ! Mais quoi qu'en dise d'Alembert 4 votre sol est un des mauvais que je connaisse . On voit bien qu'il appartient à des excommuniés . Vous serez cependant toujours de ma communion et de celle de Mme Denis . Nous vous embrassons l'un et l'autre de tout notre cœur .

V. »

2 Lettre du 8 avril 1758 de Frédéric II à V* : « J'ignore s'il y a un Turretin prisonnier à Berlin . Si cela est , il peut retourner à sa patrie sans que l’État coure le moindre risque . » Voir lettre du 28 avril 1758 à la duchesse de Saxe-Gotha : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/08/11/ii-y-a-malheureusement-plus-de-soldats-que-de-laboureurs-cha.html

3 Jean-Claude-Marie Vincent, seigneur de Gournay, économiste renommé qui mourra en 1759 , la lettre que lui adressa V* n'est pas connue . Voir : http://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89loge_de_Vincent_de_Gournay

4 D'Alembert dit dans son article de l'Encyclopédie « Genève » : On remédie au peu de fertilité du terroir à force de soins et de travail . »

 

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13/08/2013 | Lien permanent

La réputation a toujours été comptée parmi les forces véritables des royaumes

... Et des républiques, les vrais royaumes étant minoritaires .Cette affirmation est si vraie qu'elle a un écho particulier en notre temps .

Aujourd'hui on s'intéresse surtout aux finances, au PIB, à la dette des pays, avant de se soucier des qualités de leurs habitants . On supprime (ou non) les notes à l'école, mais toutes les banques ont les yeux rivés sur le stylo rouge  qui peut biffer un A . Ô vexation ! ô angoisse ! Mon dieu, je sens que je vais défaillir, n'en plus dormir, faire un caca nerveux, me fier à mon horoscope, lire le dernier roman à la mode, jouer au foot !

Il est à croire que tous les gouvernants sont encore des gosses craignant le maître ( pardon , professeur des écoles ) et les parents indignés par leur cancre . Assez de coups de bâton, ils ne soignent pas . Place aux décisions, pas à la trouille !

Individellement, craignons davantage les réputations désastreuses sur le Net

 

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« A M. Ivan Ivanovitch SCHOUVALOW 1
chambellan de l'impératrice Élisabeth de Russie, à Moscou.

Aux Délices, 24 juin.

Monsieur, j'ai reçu les cartes que Votre Excellence a eu la bonté de m'envoyer. Vous prévenez mes désirs, en me facilitant les moyens d'écrire une Histoire de Pierre le Grand 2, et de faire connaître l'empire russe. La lettre dont vous m'honorez redouble mon zèle. La manière dont vous parlez notre langue me fait croire que je travaillerai pour mes compatriotes, en travaillant pour vous et pour votre cour. Je ne doute pas que Sa Majesté l'impératrice n'agrée et n'encourage le dessein que vous avez formé pour la gloire de son père.
Je vois avec satisfaction, monsieur, que vous jugez comme moi que ce n'est pas assez d'écrire les actions et les entreprises en tout genre de Pierre le Grand, lesquelles, pour la plupart, sont connues l'esprit éclairé, qui règne aujourd'hui dans les principales nations de l'Europe demande qu'on approfondisse ce que les historiens effleuraient autrefois à peine.
On veut savoir de combien une nation s'est accrue quelle était sa population avant l'époque dont on parle, quel est, depuis cette époque, le nombre de troupes régulières qu'elle entretenait, et celui qu'elle entretient; quel a été son commerce, et comment il s'est étendu, quels arts sont nés dans le pays quels arts y ont été appelés d'ailleurs, et s'y sont perfectionnés; quel était à peu près le revenu ordinaire de l'État, et à quoi il monte aujourd'hui; quelle a été la naissance et le progrès de la marine quelle est la proportion du nombre des nobles avec celui des ecclésiastiques et des moines, et quelle est celle de ceux-ci avec les cultivateurs, etc.
On a des notions assez exactes de toutes ces parties qui composent l'État, en France, en Angleterre, en Allemagne, en Espagne; mais un tel tableau de la Russie serait bien plus intéressant, parce qu'il serait plus nouveau, parce qu'il ferait connaître une monarchie dont les autres nations n'ont pas des idées bien justes, parce que enfin ces détails pourraient servir à rendre Pierre le Grand, l'impératrice sa fille, et votre nation, et votre gouvernement, plus respectables. La réputation a toujours été comptée parmi les forces véritables des royaumes. Je suis bien loin de me flatter d'ajouter à cette réputation ce sera vous, monsieur, qui ferez tout en m'envoyant les mémoires que vous voulez bien me faire espérer, et je ne serai que l'instrument dont vous vous servirez pour travailler à la gloire d'un grand homme et d'un grand empire.
Je vous avoue, monsieur, que les médailles sont de trop 3. Je suis confus de votre générosité, et je ne sais comment m'y prendre pour vous en témoigner ma reconnaissance. Je sens tout le prix de votre présent; mais un présent non moins cher sera celui des mémoires qui me mettront nécessairement en état de travailler à un ouvrage qui sera le vôtre. 

J'ai l'honneur d'être avec des sentiments véritables de respect et de reconnaissance

de Votre Excellence

Monsieur

le très humble et très obéissant serviteur,

Voltaire

gentilhomme ordinaire de la chambre du roi »

1 Il y a deux Schowalow, ou plutôt Schouvalow, également correspondants de Voltaire, qu'ils sont allés tous deux voir à Ferney l'oncle Jean Schouvalow, et le comte André Schouvalow, le neveu, auteur de l’Épître à Ninon. Il s'agit, dans toute la partie de la correspondance qui va suivre, de Ivan (Jean) Schouvalow, qui fut le favori d'Élisabeth, et non de Catherine II. Voir l'Intermédiaire des chercheurs et des curieux, du 30 septembre 1864, page 240 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61439k/f253.image.langFR

Voir aussi : http://www.cosmovisions.com/Schouvalov.htm

2 Qui deviendra , compte tenu de la délicatesse du sujet ( la vie de Pierre Ier n'étant pas totalement exemplaire ! ) l'Histoire de la Russie sous Pierre le Grand : http://books.google.fr/books?id=4i8HAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

 

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11/11/2012 | Lien permanent

J'ai reçu une grande et éloquente lettre de la Dumesnil ; elle n'était pas tout à fait ivre quand elle me l'a écrite.

 ... Et je bois à sa santé ! Thin tchin !!

 

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« A M. le comte d'ARGENTAL.

Aux Délices, 28 juin [1756]

Mon très-cher ange, j'ai fait venir les frères Cramer 1 dans mon ermitage. Je leur ai demandé pourquoi vous n'aviez pas eu, le premier, ce recueil de mes folies en vers et en prose, ils m'ont répondu que le ballot ne pouvait encore être arrivé à Paris. Ils disent que les exemplaires qui sont entre les mains de quelques curieux y ont été portés par des voyageurs de Genève; ils en sont la dupe. Lambert a attrapé un de ces exemplaires, et travaille jour et nuit à faire une nouvelle édition. Comment avez- vous pu soupçonner, mon cher ange, que j'aie négligé le premier de mes devoirs? Votre exemplaire devait vous être rendu par un nommé M. Dubuisson. Le Dubuisson et les Cramer disent qu'ils n'ont point tort et moi, je dis qu'ils ont très-grand tort, puisque vous êtes mal servi.
Je n'ai point vu les feuilles de Fréron 2, je savais seulement que Catilina 3 était l'ouvrage d'un fou, versifié par Pradon 4 et Fréron n'en dira pas davantage. C'est cependant à ce détestable ouvrage qu'on m'immola pendant trois mois; c'est cette pièce absurde et gothique à laquelle on donna la plus haute faveur. L'ouvrage de La Beaumelle est bien plus mauvais et bien plus coupable qu'on ne croit: car qui veut se donner la peine de lire avec examen ? C'est un tissu d'impostures et d'outrages faits à toute la maison royale et à cent familles. Il est juste que ce malheureux soit accueilli à Paris, et que je sois au pied des Alpes. Dieu me préserve de répondre à ses personnalités . Mais c'est un devoir de relever dans les notes du Siècle de Louis XIV les mensonges qui déshonoreraient ce beau siècle.
J'ai reçu une grande et éloquente lettre de la Dumesnil 5; elle n'était pas tout à fait ivre quand elle me l'a écrite. Je vois que Clairon 6 lui donne de l'émulation mais, si elle veut conserver son talent, il faut qu'elle cesse de boire. Mlle Clairon a des inclinations plus convenables à son sexe et à son état.
Je vous avoue une de mes faiblesses. Je suis persuadé, et je le serai jusqu'à ce que l'événement me détrompe, qu'Oreste 7 réussirait beaucoup à présent; chaque chose a son temps, et je crois le temps venu. Je ne vous dirai pas que ce succès me serait agréable, je vous dirai qu'il me serait avantageux; il ouvrirait des yeux qu'on a toujours voulu fermer sur le peu que je vaux.
Si vous pouviez, mon cher ange, faire jouer Oreste quelque temps après Sémiramis 8, vous me rendriez un plus grand service que vous ne pensez. Vous pourriez faire dire aux acteurs qu'ils n'auront jamais rien de moi avant d'avoir joué cette pièce.
Je vous remercie de vos anecdotes. Le discours de Louis XIV, qu'on prétend tenu au maréchal de Boufflers, passe pour avoir été débité aux maréchaux de Villars et d'Harcourt. La plaine de Saint-Denis est bien loin du Quesnoi. Il eût été bien triste de dire qu'on se ferait tuer aux portes de Paris, quand les anciennes frontières n'étaient pas encore entamées.
Quoique je sois plongé dans le siècle passé, je voudrais pourtant savoir si, dans le temps présent, l'abbé de Bernis est déclaré contre moi. Je ne le crois pas; je l'ai toujours aimé et estimé, et j'applaudis à sa fortune 9. Instruisez-moi. Je vous embrasse tendrement. »



3 Tragédie de Prosper Jolyot de Crébillon, 1748. La marquise de Pompadour l'appréciait et la défendait, au grand dam de V* .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Prosper_Jolyot_de_Cr%C3%A9billon

5 Marie-Françoise Marchand, dite Mlle Dumesnil : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mademoiselle_Dumesnil

6 Claire-Joseph Léris , actrice préférée de V* : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mademoiselle_Clairon

7 Oreste fut créée en 1750 .

8 Représentée le 29 août 1748 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56517150

9 François-Joachim de Pierre de Bernis, que V* surnomme « Babet la bouquetière », qui n'avait pas huit cents livres de revenu en 1744, et qui, dans le monde littéraire, avait commencé par faire de petits vers dont se moquait un peu Voltaire, jouissait, en 1756, du plus grand crédit auprès de la Pompadour. Il venait de signer le funeste traité du 1er mai avec le comte de Staremberg, ambassadeur d'Autriche.

Voir : http://www.academie-francaise.fr/immortels/base/academiciens/fiche.asp?param=206

et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Joachim_de_Pierre_de_Bernis

 

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16/07/2012 | Lien permanent

Les matins on vous voit paraître Dans la meute des chiens courants, Et dans celle des courtisans, Tous bons serviteurs d

 

Lequel des deux est le courtisan de l'autre ?

NB.- Le moustachu en uniforme, par fonction , et vocation, ne pense pas, et peut servir l'un ou l'autre sans état d'âme . Grandeur et servitude de la gent militaire ! A mettre parfois dans la meute des chiens courants ...

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Mais oui ! mais oui !

Gros, gras, bouffi d'orgueil, prétendu de gauche, le plein aux as Dirty Silly Keutard est aussi à l'aise avec un candidat de gauche qu'avec un de ceux de droite . Ne cherchez pas l'erreur, l'argent est un beaume puissant qui fait passer bien des douleurs d'amour-propre (quand il en reste encore, ce qui n'est pas le cas ici !)

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Pauvre France !

 

 

 

 

« A M. LE DUC DE LA VALLIÈREi

Des bords du lac, 26 février [1755]

Quelle lubie vous a pris, monsieur le duc ! Je ne parle pas d'être philosophe à la cour c'est un effort de sagesse dont votre esprit est très-capable. Je ne parle pas d'embellir Montrouge comme Champs vous êtes très-digne de bien nipper deux maîtresses à la fois. Je parle de la lubie de daigner relancer du sein de vos plaisirs un ermite des bords du lac de Genève, et de vous imaginer que

Dans ma vieillesse languissante
La lueur faible et tremblante
D'un feu près de se consumer
Pourrait encor se ranimer
A la lumière étincelante
De cette jeunesse brillante
Qui peut toujours vous animer.


C'est assurément par charité pure que vous me faites des propositions. Quel besoin pourriez-vous avoir des réflexions d'un Suisse, dans la vie charmante que vous menez ?

 


Les matins on vous voit paraître
Dans la meute des chiens courants,
Et dans celle des
courtisans,
Tous bons serviteurs de leur maître.

Avec grand bruit vous le suivez
Pour mieux vous éviter vous-même,
Et le soir vous vous retrouvez.

Votre bonheur doit être extrême
Alors qu'avec vous vous vivez.
A vos beaux festins vous avez
Une troupe leste et choisie
D'esprits comme vous cultivés,
Gens dont les goûts non dépravés,
En vins, en prose, en poésie,
Sont des bons gourmets approuvés,
Et par qui tout bas sont bravés
Préjugés de théologie.
Dans ce bonheur vous enclavez
Une fille jeune et jolie,
Par vos soins encore embellie,
Qu'à votre gré vous captivez,
Et qui dit, comme vous savez,
Qu'elle vous aime à la folie.
Quelle est donc votre fantaisie,
Lorsque, dans le rapide cours
D'une carrière si remplie,
Vous prétendez avoir recours
A quelque mienne rapsodie ?
N'allez pas mêler, je vous prie,
Dans vos soupers, dans vos amours,
Ma piquette à votre ambroisie
Ah ! toute ma philosophie
Vaut-elle un soir de vos beaux jours?

Tout ce que je peux faire, c'est de vous imiter très-humblement et de très-loin non pas en rois, non pas en filles, mais dans l'amour de la retraite. Je saluerai, de ma cabane des Alpes, vos palais de Champs et de Montrouge, je parlerai de vos bontés à ce grand lac de Genève que je vois de mes fenêtres, à ce Rhône qui baigne les murs de mon jardin ii. Je dirai à nos grosses truites que j'ai été aimé de celui à qui on a donné le nom de Brochet, que portait le grand protecteur de Voiture iii. Comptez, monsieur le duc, que vous avez rappelé en moi un souvenir bien respectueux et bien tendre. La compagne de ma retraite iv partage les sentiments que je conserverai pour vous toute ma vie.
Ne comptez pas qu'un pauvre malade comme moi soit toujours en état d'avoir l'honneur de vous écrire.
J'enverrai mon billet de confession à M. l'abbé de Voisenon,v évêque de Montrouge. »

 

 

i Louis-César Le Blanc de La Baume, d'abord duc de Vaujour (cité sous ce nom dans la lettre 661), et ensuite duc de La Vallière, naquit le 9 octobre 1708, et mourut le 16 novembre 1780. Il était petit-neveu de la duchesse de La Vallière, l'une des maitresses de Louis XIV. Il épousa, en 1732, Anne-Julie de Crussol d'Uzès. Le duc de La Vallière était capitaine des chasses, etc., et grand-fauconnier de France, depuis 1748.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_C%C3%A9sar_de_La_Baume_Le_Blanc,_duc_de_La_Valli%C3%A8re

 

ii Aux Délices .

 

iii Le prince de Condé, dit le Grand Condé, duc d'Enghien, fut protecteur de Voiture ; la Lettre de la Carpe [Voiture] au Brochet [Condé] eut une grande réputation ; V* en parle dans ses Mélanges Littéraires, au chapitre Connaissance des beautés et des défauts, article Lettres familières .

http://www.maremurex.net/Voiture.html

Condé : http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_II_de_Bourbon-Cond%C3%A9

Voiture : http://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent_Voiture

 

iv Mme Marie-Louise Denis, une de ses nièces .

 

v Ami de Voltaire, de longue date ; V* s'amusait à le nommer « monseigneur de Montrouge ».

 

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06/12/2011 | Lien permanent

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