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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Les hommes font bien du mal ; mais la renommée en dit cent fois davantage .

 ... Et Big Brother s'en occupe discrètement, si discrètement que tout le monde est au courant, que les mauvais, les terroristes se sachant espionnés vont sans doute en revenir au courrier papier et au pigeon voyageur , lents mais discrets !

Ou " comment se faire pigeonner ?"

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Voir : http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/06/21/les-services-secrets-britanniques-espionnent-internet-par-les-fibres-optiques_3434693_3214.html#xtor=AL-32280308

 

 

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

A Lausanne 24 février 1758

Madame, je vois que votre Altesse sérénissime est d'une discrétion charmante avec nos seigneurs les housards . Je souhaite qu'ils aient autant de circonspection avec les blés, les moutons et les dindons de vos sujets . S'ils pouvaient vous voler, madame, un peu de vos grâces, un peu de la sagesse de votre esprit, de la bonté et de la beauté de votre âme, ils n'auraient plus rien à piller de leur vie . Mais Dieu nous délivre d'eux, et de leurs semblables, héros ou pillards, battants ou battus, qu'avez-vous à faire, madame, de toutes ces querelles dans lesquelles il n'y a qu'à perdre beaucoup, et rien à gagner ? Pourquoi vient-on troubler un si doux repos et des vertus si respectables ? Je crois que la maîtresse des cœurs trouve tout ce fracas bien horrible , et prie Dieu de tout son cœur pour la plus prompte des paix possibles .

J'oubliai, madame, dans ma dernière lettre aux housards , de parler à votre Altesse sérénissime de M. de Lugeac 1 qui a eu le bonheur de vous faire sa cour et qui en est digne . C'est un homme qui a autant de douceur dans les mœurs que de courage . Daignez me pardonner, quand on a l 'honneur de vous écrire, madame, il est bien difficile de penser à d'autres personnes . On nous a envoyé dans nos douces retraites de prétendues relations de nouveaux massacres illustres, commis à Volfenbutel, à Helmstad, auprès de Brême, et de gens arquebusés ou décollés à Breslau, et d'une violence commise à Zerbst, et de l'abbé de Prades martyrisé . Je ne crois rien tout cela . Les hommes font bien du mal ; mais la renommée en dit cent fois davantage .

Il est vrai,madame, que pendant qu'on s'égorge dans vos quartiers, nous jouons tout doucement la comédie à Lausanne. Il est vrai que dans une heure nous allons jouer une pièce nouvelle nommée Fanime, où il n'est question que d'amour . Je ne la destine point à Paris, je ne songe jamais qu'aux pays où je suis et à votre Altesse sérénissime . Je voudrais bien que notre petit théâtre fût dans votre palais au lieu d'être à Lausanne . Cela est plus doux que le théâtre de la guerre, c'est à madame la duchesse de Gotha qu'il faut plaire, c'est elle qui doit juger de nos petits talents . Je joue les rôles de vieux bonhomme, mais le rôle le plus flatteur serait d'être aux pieds de votre Altesse sérénissime . Je m'y mets de loin avec le plus profond respect .

V. »

1 Marquis de Lugeac dont V* parlera dans le Précis du Siècle de Louis XV, chapitre XXVI :attaque de Berg Op Zoom : « On emporte tout, on pousse aux remparts, on s’y forme, on entre dans la ville la bayonnette au bout du fusil : le marquis de Lugeac se saisit de la porte du port ; le commandant de la forteresse de ce port se rend à lui à discrétion ; tous les autres forts se rendent de même. » ; http://fr.wikisource.org/wiki/Pr%C3%A9cis_du_si%C3%A8cle_de_Louis_XV/Chapitre_26

 

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21/06/2013 | Lien permanent

Je suis bien malingre mais je tâcherai de vivre jusqu'au mois de septembre pour vous recevoir

... C'est sans doute un souhait que faisait lui aussi ce cher Siné

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« A Germain-Gilles-Richard de Ruffey

Quoique je sente parfaitement mon cher correspondant que ce n'est qu'à vous que je dois l'honneur d'être bourguignon, cependant je crois de mon devoir de remercier l'Académie, et encore plus de mon devoir de faire passer le remerciement par vos mains . Vous avez je crois un confrère infiniment aimable, c'est M. de Quintin 1. Non seulement il m'écrit des lettres charmantes, mais je lui ai obligation . Il mérite bien mes remerciements autant que l'Académie . Vous voilà chargé de ma reconnaissance . J'en aurai bien davantage si vous venez dans mes cabanes . M. de La Marche me le fait espérer . Je suis bien malingre mais je tâcherai de vivre jusqu'au mois de septembre pour vous recevoir .

Vous savez peut-être que j'ai des procès pour le sacré et pour le profane . Puisque je suis en train de m'adresser à vos bontés souffrez encore que je mette dans ce paquet une lettre pour mon avocat, M. Arnoult 2, qui me paraît homme d'esprit .

Mille pardons, et mille remerciements .

V.

9 juin [1761] à Ferney . »

 

 

 

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06/05/2016 | Lien permanent

Les choses se tournent bien différemment dans les têtes des hommes ; il y a l'infini entre celui qui a lu avec fruit, et

... Lis-tu ? Comprends-tu ce que tu lis ?

Résultat de recherche d'images pour "fouler les préjugés aux pieds""

Rien n'est trop grand  pour fouler les préjugés aux pieds !

C'est le pied, dit Prune Nourry [http://www.prunenourry.com/fr]

 

 

« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence

au château de Dirac

près d'Angoulême

Je vois, mon cher philosophe, que vous avez perdu un adepte qui sera difficile à remplacer . Ce que vous me mandez de lui et le petit billet qu'il écrivit avant sa mort , me donnent bien des regrets . On dit que vous avez aussi perdu monsieur votre père 1 . Il était d'un âge à ne devoir s'attendre à vivre plus longtemps . Il n'aura pas sans doute écrit un billet semblable à celui de votre ami . Les choses se tournent bien différemment dans les têtes des hommes ; il y a l'infini entre celui qui a lu avec fruit, et celui qui n'a rien lu . Le premier foule à ses pieds les préjugés, et le second en est la victime . Songez à rétablir votre santé . Pour peu que vous joigniez la sobriété à vos autres mérites, vous n'aurez pas plus besoin des médecins du corps que de ceux de l'âme . Je vous embrasse de tout mon cœur, je vous serai attaché pour le reste de ma vie qui ne peut être bien longue .

30è novembre 1764. »

1 Annet Achard Joumart Tison, seigneur d'Argence est mort le 19 octobre 1764 : https://gw.geneanet.org/chantallmc?lang=en&iz=23&p=annet&n=achard+joumard+tizon+d+argence ;

voir Un ami de Voltaire , de Claude Gigon, 1928

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27/01/2020 | Lien permanent

Il y a bien des façons d'être malheureux

 

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Il y a quelques jours, Juppé et Hollande m'ont fait dormir debout !

Hier soir, Sarko m'a coupé les pattes !!

 

 

 

« A M. Antoine-Noé de POLIER de BOTTENS 1

Aux Délices, le 4 juin [1755]

Il y a bien des façons d'être malheureux, mon cher monsieur; plus belle est de l'être comme vous, par la générosité et la bonté de votre cœur, et de ne souffrir que pour les autres. La plus cruelle est de souffrir par soi-même, de devenir tous les jours inutile à la société, et de voir périr son âme en détail dans le délabrement du corps. Voilà mon état, monsieur, et voilà ce qui m'a empêché jusqu'ici de venir à Monrion. Si monsieur votre frère vous ressemblait, c'est une très-grande perte 2, et je vous assure que je la sens très-vivement. Le monde a besoin de gens comme vous.
Cette petite bagatelle dont vous me parlez a été imprimée sur d'assez mauvaises copies qui en ont couru 3; il n'y a pas grand mal. Un nommé Grasset 4, qui est actuellement à Lausanne, a été sur le point de me jouer un tour plus cruel. M. de Brenles a dû vous en instruire, et je suis persuadé que vous aurez en ce cas prêché la vertu à ce Grasset. On dit qu'il avait besoin de vos leçons. Je voudrais déjà être à Monrion, et vous y embrasser; mais je ne pourrai faire ce voyage, après lequel je soupire, qu'après le passage de M. le marquis de Paulmy . Ce n'est pas que mon âme républicaine veuille faire sa cour à des secrétaires d'État; mais je suis attaché à M. de Paulmy. Il a eu la bonté, dès qu'il a su mon séjour en Suisse, de m'envoyer des lettres de recommandation pour messieurs les avoyers de Berne 5.
Je serai encore plus aise de voir votre ami M. Bertrand 6, après quoi il ne me manquera plus que la consolation de venir vous dire combien je vous aime, de philosopher un peu avec vous, et de vous renouveler mon tendre et respectueux dévouement.
VOLTAIRE »

2 Son frère, Étienne est mort à Madrid en mai, sans laisser de postérité . C'était probablement un capitaine d'infanterie, gendre du général comte de Zastrow . Antoine-Noé faisait partie d'une fratrie de sept garçons .

5 De fin 1748 à fin 1751, le marquis de Paulmy a été ambassadeur en Suisse . Il viendra aux Délices l'été 1755 .

6 Voir lettre du 31 décembre 1754 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/10/31/puisque-les-hommes-sont-assez-barbares-pour-punir-de-mort-la.html

Élie Bertrand, né en 1712 à Orbe, petite ville du canton de Vaud. Il commença par être pasteur dans un village, et habita pendant quelque temps Boudry, ville où naquit Marat en 1744. Cette année même, Bertrand fut nommé prédicateur à Berne. On a de lui des sermons et plusieurs ouvrages. Bertrand était conseiller privé du roi Stanislas, et membre des Académies de Berlin et de Lyon.
Voltaire dut entrer en relations avec ce savant quelques années avant 1755. (CL.)

 

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30/01/2012 | Lien permanent

Prenez bien des fondants, et vivez pour l'intérêt de la raison et de la vérité et de la vertu

... Je n'ai pas entendu ces sages consignes lors de la messe de couronnement de Charles III, mais il est vrai qu'on n'était pas loin d'un peplum à la Cecil B. De Mille mâtiné intronisation du pape .

La religion est diablement présente . Et les religions se sont montrées en grande pompe : God save qui il peut/veut !

https://www.liberation.fr/resizer/cZTTzSNhBeBXCb3pIBsj1PVHqeI=/377x212/filters:format(jpg):quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/QSPJSSFWPJATVOYPVMFHWRUTI4.jpg

Doré sur tranches

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

28 septembre 1767 1

Je reçois, mon cher ami, votre lettre du 21. Je vous assure que vous m'aviez donné bien des inquiétudes. Prenez bien des fondants, et vivez pour l'intérêt de la raison et de la vérité et de la vertu . Vous ne me disiez pas que M. et Mme de Beaumont avaient gagné pleinement leur cause. Il est juste, après tout, que le défenseur des Calas et des Sirven prospère. Je me flatte que le procès des Sirven sera rapporté.

J'ai lu les Pièces relatives 2. Les Riballier et les Coger devraient mourir de honte, s'ils n'avaient pas toute honte bue.

Je ne sais qui m'a envoyé le Tableau philosophique du genre humain, depuis le commencement du monde jusqu'à Constantin 3. Je crois en deviner l'auteur mais je me donnerai bien de garde de le nommer jamais. Je suis fâché de voir qu'un homme si respectueux envers la Divinité, et qui étale partout des sentiments si vertueux et si honnêtes, attaque si cruellement les mystères sacrés de la religion chrétienne. Mais il est à craindre que les Riballier et les Coger ne lui fassent plus de tort par leur conduite infâme, et par toutes leurs calomnies, qu'elle ne peut recevoir d'atteintes des Bolingbroke, des Wolston, des Spinosa, des Boulainvilliers, des Maillet, des Meslier, des Fréret, des Boulanger, des La Mettrie, etc.

Je présume que vous avez reçu actuellement le brimborion 4 que je vous ai envoyé pour l'enchanteur Merlin. Je lui donne cette pièce, que j'ai brochée en cinq jours 5, à condition qu'il n'aura nul privilège. Je n'ai pas osé faire paraître Henri IV dans la pièce 6, elle n'en a pas moins fait plaisir à tous nos officiers et à tout notre petit pays, à qui la mémoire de Henri IV est si chère.

Songez à votre santé la mienne est déplorable. »

 

1 Édition de Kehl donne une version incomplète des mots Prenez bien des fondants, mais comprend deux phrases de plus que les manuscrits.

3 Charles Bordes : Tableau philosophique du genre humain depuis l'origine du monde jusqu'à Constantin, 1767 .

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k845766.image

D’Alembert parle de cet ouvrage à V* dans une lettre du 22 septembre 1767 , en même temps que de la Théologie portative, de L'Esprit du clergé, des Prêtres démasqués, et du Militaire philosophe ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/03/correspondance-avec-d-alembert-partie-47.html

4 Charlot .

5 Dans la préface de Charlot, V* a écrit : « Henri IV est véritablement le héros de la pièce : mais il avait déjà paru dans La partie de chasse [de Henri IV, par Collé ], représentée sur le même théâtre, et on n'a pas voulu imiter ce qu'on ne pouvait égaler. » Il est vrai que la pièce de Collé est supérieure à celle de V*.

6 Voir la préface de l'auteur et notes : https://books.google.com.bz/books?id=BQvfAgAAQBAJ&printsec=frontcover&source=gbs_book_other_versions_r&cad=3#v=onepage&q&f=false

et ci-après, la lettre 7047 du 16 octobre 1767 à Damilaville : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/06/correspondance-annee-1767-partie-52.html

CHARLOT, ou LA COMTESSE DE GIVRI. Pièce dramatique représentée sur le théâtre de F*** (Ferney) au mois de septembre 1767. Genève et Paris, Merlin, 1767. In-8 de I f. non chiff. (pour le faux-titre) et 69 pp. (Bibl. Nle Y, 5731, C. et C. V. Beuchot, 149).

Il y a des exemplaires sans le nom de Genève. Barbier signale une édition sur le frontispice de laquelle est indiquée la date de la représentation à Ferney (26 septembre 1767) : au titre près, c'est l'édition de Merlin. Enfin, le Catalogue de Soleinne (t. II, no 1680) cite une édition de Merlin (Genève et Paris), in-8 de 91 pp.

Voltaire envoya Charlot à Damilaville le 18 septembre 1767.

Merlin devait l'imprimer, sur-le-champ, sans privilège, et en tirer 750 exemplaires (Voltaire à Damilaville, 19 septembre 1767). — Dans une lettre du 2 octobre, adressée aussi à Damilaville, Voltaire parle d'un morceau sur Henri quatre que Merlin, dit-il, « pourra mettre à la tête de la seconde édition de Charlot » (Cf. Voltaire à Damilaville, 16 octobre 1767).

Charlot fut réimprimé, en 1768, dans le t. V des Nouveaux mélanges, etc., pp. 141-198.

La « Préface » qui est en tête de l'édition de 1767 n'a pas été conservée en 1768.

Quérard cite une autre réimpression de 1771. In-8 (Biblio- graphie Voltairienne, n° 145).

Joué à Ferney en 1767, puis sur le théâtre de Châtelaine, et enfin à Paris, sur le petit théâtre du comte d'Argental, Charlot fut représenté par les comédiens italiens le mardi 4 juin 1782. Mme Vestris avait réclamé la pièce au nom de sa troupe, mais on lui répondit « que son indifférence à cet égard, depuis « dix ans que ce drame était imprimé, ayant fait présumer « qu'elle ne s'en souciait pas, la famille s'était déterminée à « la livrer à la troupe, sa rivale » (Mémoires secrets, t. XX, p. 328.)

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06/05/2023 | Lien permanent

Si notre scène devient anglaise, nous sommes bien avilis

... Par anglaise, de nos jours , entendons de langue anglaise, ces foutus USA polluants toute la planète . Toute ? non, il est encore une Comédie française vivante qui résiste .

 

Mis en ligne le 9/8/2017 pour le 18/10/2015

 

« A Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

18è octobre 1760 aux Délices

Je prends la liberté madame, de faire passer par vos mains ma réponse à Mlle Clairon ; et je vous supplie instamment de vous joindre à moi pour empêcher l'avilissement le plus odieux qui puisse déshonorer la scène française et achever notre décadence . Que M. d'Argental et tous ses amis emploient leur crédit pour sauver la France de cet opprobre .

J'ai encore une grâce à vous demander qui ne regarde que moi, c'est de dissiper mes continuelles alarmes sur l'impression dont on me menace . Il y a certainement dans Paris des exemplaires de Tancrède conformes à la leçon des comédiens . Il est certain que pour peu qu'on attende la pièce paraîtra dans toute sa misère , pendant que je passe le jour et la nuit à la corriger d'un bout à l'autre, à la rendre moins indigne de vous et du public . Vous en recevrez incessamment une nouvelle copie , et je pense qu'il sera convenable de toutes façons de la reprendre vers la saint Martin . On sera obligé de transcrire de nouveau tous les rôles . Il n'y en a pas un seul où je n'aie fait des changements . Si ces changements valent quelque chose, c'est à vous que j'en suis redevable, c'est à votre goût, à l'intérêt que vous avez pris à l'ouvrage, à vos réflexions aussi solides que fines . Si je me suis un peu récrié contre quelques vers qu'on a été forcé de substituer à la hâte, si ces vers m'ont paru défectueux, c'est l'amour de l'art et non l’amour-propre qui s'est révolté en moi . Je n'ai pas senti avec moins de reconnaissance la nécessité de plusieurs changements, je n'en ai pas moins approuvé vos remarques, et plusieurs vers mis à la place des miens . M. d'Argental sera-t-il encore longtemps à la campagne ? Il me paraît qu'en son absence vous commandez l'armée avec bien du succès . Je me flatte que vos troupes préviendront les irruptions des housards libraires . Quand jouera-t-on La Belle Pénitente 1? Mlle Clairon est-elle cette pénitente ? Elle seule peut faire réussir cette détestable pièce anglaise, mais je me flatte que l'auteur qui s’abaisse à chercher des modèles chez les barbares se sera fort éloigné de son modèle . Si notre scène devient anglaise, nous sommes bien avilis . Nous ne sommes déjà que les traducteurs de leurs romans . N'avons-nous pas déjà baissé assez pavillon devant l'Angleterre ? C'est peu d'être vaincus, faut-il encore être copistes ? Ô pauvre nation ! Madame le cœur me saigne, mais il est à vous .

V. »

 

1 Il doit s'agir de Caliste, de Colardeau, pièce adaptée de The fair Penitent , de Nicolas Rowe , qui fut représentée au Théâtre-français le 12 novembre 1760 ; voir lettre du 3 novembre 1760 à d'Argental ; une Caliste plus ancienne avait été représentée en 1750 ; elle est attribuée à différents auteurs, Mauprié, Séran de La Tour et Thibouville ; Clarence Brenner la donne à l'abbé de La Place, mais se trompe peut-être , voir L'Année littéraire du 12 décembre 1760, VIII, 169-185 .

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18/10/2015 | Lien permanent

C'est bien dommage que, dans tout ce qui regarde la métaphysique et même l'histoire, on ne puisse pas dire la vérité. Le

... Peut-on lire sérieusement les prédictions d'un docteur en Sorbonne tel qu'Elizabeth Teissier ?

Peut-on ajouter foi aux dires de ces égarés de la science qui prêchent le créationnisme ?

Peut-on se retenir d'ouvrir la boite à gifles et  ne pas distribuer des coups de pieds (occultes) à ces diplômés qui vantent les vertus de l'eau énergisée et du pendule détective (plus forts que les Experts ! ) ?

En ce jour de triste anniversaire du massacre d'Oradour sur Glane, peut-on accorder le moindre poste d'enseignant aux négationnistes ?

Peut-on avoir la moindre parcelle d'espoir d'un monde meilleur et de vérité après une réunion d' un G20 ?

Non, cent fois non . Qu'on dénonce sans trêve leur malhonnêteté et/ou leur conn...  .

 

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 http://scinfolex.wordpress.com/2012/11/22/rions-un-peu-avec-le-web-de-donnees-du-ministere-de-la-culture/

 

 

« A Denis DIDEROT.

Aux Délices, 26 juin [1758]

Vous ne doutez pas, monsieur, de l'honneur et du plaisir que je me fais de mettre quelquefois une ou deux briques à votre grande pyramide. C'est bien dommage que, dans tout ce qui regarde la métaphysique et même l'histoire, on ne puisse pas dire la vérité. Les articles qui devraient le plus éclairer les hommes sont précisément ceux dans lesquels on redouble l'erreur et l'ignorance du public. On est obligé de mentir, et encore est on persécuté pour n'avoir pas menti assez. Pour moi, j'ai dit si insolemment la vérité dans les articles Histoire, Imagination, et Idolâtrie, que je vous prie de ne les pas donner sous mon nom à l'examen. Ils pourront passer si on ne nomme pas l'auteur; et, s'ils passent, tant mieux pour le petit nombre de lecteurs qui aiment le vrai. Je vais faire un petit voyage à la cour palatine. Cette diversion m'empêche d'ajouter de nouveaux articles à ceux que M. d'Argental veut bien se charger de vous rendre. J'enverrai seulement Humeur (moral)1, et je l'adresserai à Briasson. Je vous avais trouvé deux aides-maçons 2, dont l'un est un savant dans les langues orientales, et l'autre un amateur de l'histoire naturelle, qui connaît toutes les curiosités des Alpes, et qui peut donner de bons mémoires sur les fossiles et sur les changements arrivés à ce globe, ou globule 3, qu'on nomme la terre. Ces deux messieurs ne demandaient qu'un exemplaire, afin de se régler par ce qui a déjà été imprimé. L'un d'eux a fourni quelques articles, mais il ne paraît pas que les libraires veuillent leur faire ce petit présent. Il y a grande apparence qu'on peut se passer de leurs secours.

Je souhaite que vos peines vous procurent autant d'avantages que de gloire. Comptez qu'il n'y a personne au monde qui fasse plus de vœux pour votre bonheur, et qui soit plus pénétré d'estime et d'attachement pour vous que

le petit Suisse V. »

1 Cet article est inconnu, les articles portant sur ce sujet dans l'Encyclopédie sont d'autres auteurs .

2 Le premier est Polier de Bottens , le second est Élie Bertrand .

3 V* a été le premier a appliquer ce diminutif à la terre et Littré en donne le premier exemple en 1765 . on a ainsi un indice permettant de savoir que à cette époque V* travaille à son Candide où ce mot est employé par Martin dans le chapitre XX : « … je vous avoue qu'en jetant la vue sur ce globe ou plutôt sur ce globule, je pense que Dieu l'a abandonné à quelque être malfaisant ... » . Les mots ou plutôt sur ce globule sont un ajout ultérieur au manuscrit .

 

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04/09/2013 | Lien permanent

Quelque expérience que vous ayez de la méchanceté humaine, vous avez dû être bien surpris de ce brutal excès de fanatism

... Salah Abdeslam and Co, que je qualifie d'ordures, sont et seront d'indécrottables islamistes, à rayer du monde libre : https://www.bfmtv.com/police-justice/terrorisme/attentats...

 

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont

Avocat en Parlement, etc.

rue pavée Saint-André-des-Arts

à Paris 1

Sirven et ses filles sortent de chez moi, monsieur, je les ai étonnés de la calomnie dont on a voulu noircir la famille Calas ; je leur ai appris ce conte si horrible, si absurde et si répandu , selon lequel la servante de Mme Calas 2 vient d'avouer par-devant notaire, à l'article de la mort, que Mme Calas, son mari et un de ses fils et M. de Lavaysse leur ami, avaient en effet étranglé Marc-Antoine Calas pour avoir eu quelque tentation d'entrer dans la communion romaine ; cette servante, dit-on, qui a toujours été catholique, qui a fréquenté les sacrements de l'église romaine pendant cinquante années, n'était qu’une protestante déguisée . Elle avait elle-même servi à étrangler le fils de son maître . Elle a tout révélé en mourant . Voilà ce qu'on a donné pour certain à Versailles , à Paris et dans la province . C'est ainsi qu'on exposait encore la famille innocente des Calas et le vertueux Lavaysse au supplice, qu'on flétrissait tout le Conseil d’État et qu'on accusait le roi d'avoir répandu ses bienfaits sur des parricides .

Je voudrais que vous eussiez vu, monsieur, les pleurs qui coulaient des yeux de Sirven et de ses filles au récit que je leur ai fait . Vous auriez sans doute mêlé vos larmes aux leurs . Quelque expérience que vous ayez de la méchanceté humaine, vous avez dû être bien surpris de ce brutal excès de fanatisme . Ce monstre accoutumé à vomir l'absurdité n'a pas craint de répandre partout une calomnie si aisée à détruire . On a fait paraître cette servante qu'on disait morte . Les calomniateurs ont été confondus, mais non pas désarmés . Je sais à n'en pouvoir douter que leur opprobre ne les rend que plus furieux . On me mande que cette imposture a été principalement répandue par un folliculaire qui croyait qu'en effet la servante de Mme Calas était morte et qu'il pourrait insérer toute cette fable dans ses feuilles qui par là reprendraient quelque crédit et lui procureraient de l'argent .

Quoi qu'il en soit, cette imposture n'est pas détruite . Dans les confréries qui inondent les provinces méridionales elle y subsistera malgré la vérité reconnue . Ce sont ces confréries qui ont trainé Calas sur la roue en révérant son fils comme un saint et en canonisant le suicide . L'esprit de faction ne s'éclaire ni ne s'adoucit quand la superstition l'anime . Jugez, monsieur, si les Sirven peuvent se soumettre à venir jamais défendre leur innocence et demander justice dans une province remplie de dévots qui respectent si peu la vérité , le Conseil et le roi . Je vous déclare encore une fois qu'ils ne reparaîtront jamais dans la sénéchaussée de Castres, qu'un arrêt du Conseil à la main . Ses juges en sentiront la nécessité indispensable . Le roi prend ses sujets opprimés sous sa sauvegarde, et quelle famille, monsieur, fut jamais plus opprimée que celle des Sirven ?

Elle ne l'est pas seulement par un jugement inique, elle l'est par une faction, mais le roi sait contenir et adoucir les factions . J'ai l'honneur d'être, etc .

Adieu mon cher Cicéron, vous avez dû recevoir ma première lettre . Mille respects à Mme de Canon .

 

Je rouvre ma lettre, mon illustre ami, pour vous dire que je viens d'en recevoir une de M. l'abbé Sabatier, chanoine de Castres, demeurant à Paris . Il me mande sans me connaître que la fausse nouvelle de l'aveu et du repentir de la servante à l'article de la mort, a rallumé toute la fureur des fanatiques du Languedoc .

Cet abbé a connu la fille des Sirven , que son père et sa mère sont accusés d’avoir assassinée chrétiennement ; il a été témoin de sa folie chez les dames qu'on appelle régentes . Il atteste que Sirven est un des plus honnêtes hommes qui soient au monde ; il est prêt de déposer devant les juges . Malheureusement, il ne m'a point donné son adresse ; il date de Paris sans m'instruire de sa demeure . Je vous demande en grâce de me faire savoir où il loge . Cet ecclésiastique paraît être un honnête homme, très éclairé et très zélé . Votre mémoire lui a inspiré l'enthousiasme dont il doit animer tous les cœurs vertueux et sensibles . »

1 Original, le troisième alinéa avant la fin et diverses corrections sont autographes, avec cachet « Genève »

2 Cette servante a déjà réfuté, ou on lui a fait réfuter la rumeur en question dans une Déclaration de Jeanne Viguière, achevée le 29 mars et pourvue d'un permis d'imprimer daté du 9 avril 1767 ; on peut en voir le texte dans l'édition Moland , XXXIV, 408-411 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome24.djvu/418

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14/09/2022 | Lien permanent

j’ambitionne bien d’oser parler au nom du genre humain, si ma voix peut encore se faire entendre

... Soit M. Zelensky soyez entendu , compris, aidé , tout en faisant en sorte que vous ne condamniez pas les pays amis quand ils n'apportent pas une aide armée directe, et tout simplement (si on peut dire ) portent secours au peuple . Il faut se résoudre à négocier, au plus tôt , l'armée russe n'est pas prête à rejouer Potemkine .

 

 

« A Catherine II, impératrice de Russie

A Ferney par Genève, le 22 décembre 1766

Madame,

Que Votre Majesté impériale me pardonne : non, vous n’êtes point l’aurore boréale 1; vous êtes assurément l’astre le plus brillant du Nord, et il n’y en a jamais eu d’aussi bienfaisant que vous . Andromède, Persée et Caliste, ne vous valent pas. Tous ces astres-là auraient laissé Diderot mourir de faim 2. Il a été persécuté dans sa patrie, et vos bienfaits viennent l’y chercher. Louis XIV avait moins de magnificence que Votre Majesté . Il récompensa le mérite dans les pays étrangers, mais on lui indiquait ce mérite , vous le cherchez, madame, et vous le trouvez. Vos soins généreux pour établir la liberté de conscience en Pologne sont un bienfait que le genre humain doit célébrer, et j’ambitionne bien d’oser parler au nom du genre humain, si ma voix peut encore se faire entendre.

En attendant, madame, permettez-moi de publier ce que vous avez daigné m’écrire au sujet de l’archevêque de Novogorod 3, et sur la tolérance 4. Ce que vous écrivez est un monument de votre gloire ; nous sommes trois, Diderot, d’Alembert, et moi, qui vous dressons des autels . Vous me rendez païen . Je suis avec idolâtrie,

madame,

aux pieds de Votre Majesté,

mieux qu’avec un profond respect

le prêtre de votre temple »

 Voltaire. »

1 Voir lettre du 9 (20 nouveau style) juillet 1766 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-35175925.html

2 Catherine venait d’envoyer vingt-cinq mille francs à Diderot, qui n’avait pas été payé de la pension annuelle de mille francs qu’elle lui faisait. (Georges Avenel)

3 Dans une lettre du 28 novembre 1765, Catherine a écrit à V* : « Dmitri, métropolite de Novgorod, n'est ni persécuteur, ni fanatique ; il n'y a pas un principe dans le mandement d'Alexis qu'il n'avouerait, ne prêcherait et ne publierait dès que cela serait utile ou nécessaire . » Voir lettre du 24 janvier 1766 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/05/11/la-tolerance-est-etablie-chez-nous-elle-fait-loi-de-l-etat-et-il-est-defen.html

Voir lettre 5  : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-34382830.html

4 Voir lettre de Catherine II citée plus haut .

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25/03/2022 | Lien permanent

Il faut bien payer les dettes de l’État, et on ne les peut payer qu’au moyen des impôts

... Rien à ajouter à ce constat , toute opinion contraire n'est qu'imbécilité, tant dans la majorité que dans l'opposition . Qui paye les violons du bal ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

7è juin 1767 1

Mon cher ami, voici enfin Sirven qui veut vous voir, vous remercier de vos bontés, et remettre son sort entre vos mains. Je ne crois pas qu’il doive se montrer avant que son procès ait été porté au Conseil.

J’ai écrit à M. Cassen 2 pour le supplier de presser le rapport de M. de Chardon. Vous présenterez sans doute Sirven à M. de Beaumont. J’ai bien peur que M. de Beaumont ne puisse pas à présent donner tous ses soins à cette affaire ; il doit être si occupé de la sienne, qu’il n’aura pas le temps de songer à celle des autres. Mais comme il ne s’agit actuellement que de procédures au Conseil, M. Cassen est en état de faire tout ce qui est nécessaire. Il pourra avoir la bonté de mener Sirven chez M. de Chardon.

J’ai lu les inepties contre mon ami Bélisaire 3. Ces sottises sont écrites par des Vandales dont il triomphera.

On a fait contre ce pauvre abbé Bazin un livre bien plus savant 4, qui mérite peut-être une réponse 5. Tout cela part, dit-on, du collège Mazarin 6. Il faudra que nous disions, comme du temps de la Fronde : Point de Mazarin !

J’espère que l’affaire du vingtième, qui est plus intéressante, sera finie avant que vous receviez ma lettre. Il faut bien payer les dettes de l’État, et on ne les peut payer qu’au moyen des impôts.

Voici un petit livre qu’on m’a donné pour vous 7. Personne n’est plus en état que vous de le réfuter. Je vous embrasse avec la plus vive tendresse. 

V.»

1 Copie par Wagnière ; copie contemporaine Darmstadt ; édition Correspondance littéraire ; voir note de la lettre du 4 juin 1767 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/12/25/tout-cela-me-parait-bien-delicat-c-est-une-affaire-de-faveur-6418827.html

3 L'Indiculus propositionum.

4 Le Supplément à la Philosophie de l'histoire de feu M. l'abbé Bazin, de Pierre-Henri Larcher, 1767.

5En d'autres termes, V* finit La défense de mon oncle, qui paraît effectivement quelques semaines plus tard.

6 Effectivement, Coger, Riballet et Larcher appartenaient tous les trois au collège Mazarin .

7 Probablement l'Examen important de milord Bolingbroke, mais peut-être aussi Les Honnêtetés littéraires .

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27/12/2022 | Lien permanent

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