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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

malheur aux compliments quand ils sont longs !

... Ils sont souvent l'essentiel des notices nécrologiques !

 Il en est de drôles, fausses et anticipées : http://fr.necropedia.org/

 Les morts insolites dans l'Histoire (Antiquité)

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

6 septembre 1762

Mes divins anges, je prends donc la liberté de faire mon compliment à M. le comte de Choiseul 1. Ce compliment est court, mais il part du cœur ; et malheur aux compliments quand ils sont longs ! D’ailleurs ma fluxion ne me permet pas une éloquence bien prolixe. Je joins à mon paquet un Canning-Calas 2 qui me reste . On peut toujours le placer. J’attends avec bien de l’impatience le mémoire instructif de Mariette 3, et la philippique d’Elie. J’espère que cette philippique fera un très grand effet, et qu’elle sera signée d’un grand nombre d’avocats. C’est un point important. Ces témoignages réunis tiennent lieu d’un arrêt, et dirigent celui des juges. Ah  mes anges, que vos louanges seront chantées, quand vous aurez consommé votre bonne action !

Je vous prie de faire mes compliments à frère Berthier (quand vous le verrez) sur sa résurrection, et sur sa place de sous-précepteur 4. Il faut espérer qu’il sera un jour un petit cardinal de Fleury.

Eh bien ! ce Henri IV 5, dont j’espérais tant, n’a pas même réussi à Bagnolet. Lekain m’en avait dit merveilles . Il m’a dit aussi miracle d’Eponime 6. Je n’ai pas grande foi au goût de Lekain.

Les Délices sont aux pieds de mes anges.

V.»

1  Qui envoyait en Angleterre le duc de Nivernais pour négocier la paix ; voir lettre du même jour à Choiseul : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-25-123225377.html

2 Histoire d’Élisabeth Canning et des Calas ; http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1040690r

3 Ici encore V* et également le 14 septembre 1762 ( voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-25-123225377.html ) , prétend qu'il n'a pas reçu ce document ; répugne-t-il à dire qu'il ne l'apprécie pas ?

4 Il venait d’être nommé sous-précepteur des princes qui furent plus tard Louis XVI et Louis XVIII . A propos de cette nomination, voir John N. Pappas : « Berthier's Journal de Trévoux and the philosophes », 1957 (http://www.worldcat.org/title/studies-on-voltaire-and-the-eighteenth-century-volume-iii/oclc/225741944&referer=brief_results )

5 Le Henri IV ou La partie de chasse, de Collé , jouée chez le duc d'Orléans , à Bagnolet ; voir lettre du 17 avril 1762 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/03/18/2-5922869.html

6 Tragédie de Michel-Paul-Guy de Chabanon de Maugris, représentée le 6 décembre 1762 . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Paul_Guy_de_Chabanon

et : http://data.bnf.fr/12451123/michel_paul_guy_de_chabanon/

 

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03/08/2017 | Lien permanent

Le grand point est de préparer les esprits, d'avoir des protecteurs et de toucher tous les cœurs

... Programme lucide, voltairien, et qui sait, macronien ?

A mille lieues de Marine Le Pen et Mélenchon , Les Républicains et les opposants par métier qui manient l'invective pour seul argument .

 Résultat de recherche d'images pour "préparer les esprits"

Et dire que la foule , et surtout les jeunes se plaisent à suivre ces nullités ! est-ce vraiment ainsi qu'on prépare les esprits ? Lamentable !

 

 

« A Philippe Debrus

14 juillet 1762 1

Lecture faite des lettres de M. Crommelin du 8è juillet, et celle de Mme Calas du 9è juillet à M. Cathala et des autres pièces, mon avis est qu'on cherche tous les moyens qui peuvent s'entraider sans pouvoir s'entrenuire . Je pense comme M. Crommelin qu'on peut tenter de présenter une requête au roi par le moyen de Mme de Pompadour . Cette tentative peut faire un bon effet et n'en peut faire un mauvais . Si elle ne réussit pas, on sera toujours bien reçu à poursuivre l'affaire en forme . Le grand point est de préparer les esprits, d'avoir des protecteurs et de toucher tous les cœurs en faveur de cette famille infortunée . La publication des lettres de la mère et du fils a produit déjà un prodigieux effet ; j'espère qu'on en fera une édition à Paris . Le libraire Duchesne s'en est chargé ; il faut envoyer chez lui une personne intelligente qui lui dise que le public désire ces pièces . M. Damilaville, premier commis des vingtièmes, quai Saint-Bernard, se charge de son côté de presser cette édition . Ces pièces ont entièrement convaincu M. de Nicolaï , premier président du grand conseil . Il l'a mandé à M. le docteur Tronchin et à moi . M. d'Auriac, premier président du grand conseil, gendre de monsieur le chancelier, agit de même . Mme Calas peut les aller remercier l'un et l'autre . Elle peut aller aussi chez M. de Saint-Florentin quand il donne ses audiences à Paris . Ce ministre est très bien disposé en sa faveur . Je souhaite qu'elle puisse lui être présentée par M. Chaban, intendant des postes . M. Chaban demeure avec M. Tronchin, rue Saint-Augustin . Il est surtout important qu’elle puisse se présenter à M. Ménard, premier commis de M. de Saint-Florentin, homme de beaucoup de mérite, qui a un très grand crédit et qui le protègera .

Elle peut aller aussi chez M. Héron, premier commis du conseil, rue Taranne ; à qui j'ai envoyé les lettres imprimées .

J'attends une réponse de M. le duc de La Vallière pour savoir s'il peut présenter notre malheureuse veuve à Mme la marquise de Pompadour . Je vais écrire avant de me coucher à M. le duc de Choiseul pour la seconde fois . Pour épargner à Mme Calas beaucoup de démarches et d'embarras, je me charge de faire une nouvelle requête où toutes les erreurs minutieuses de la première seront corrigées . M. le duc de La Vallière portera cette requête à Mme de Pompadour, pour la présenter au roi . Cette requête peut toucher Sa Majesté et je ne serais point du tout étonné que le roi se charge lui-même d'approfondir l'affaire . Cette démarche n'empêchera point que M. Mariette n'agisse individuellement et que l'on ne tâche d'obtenir de Toulouse les pièces nécessaires . Mais quel huissier osera apporter une sommation au greffier du parlement si ce parlement a défendu comme on le dit la communication des pièces du procès ?

Quoi qu'il arrive je servirai cette dame de tout mon pouvoir . Je la supplierai de vouloir bien accepter une somme de 100 écus pour continuer l'affaire dès qu'elle sera en train .

V.

N.B. – Elle ne ferait point mal d'aller voir M. Audibert , chez MM. Tourton et Baur, fameux banquiers, vers la place Vendôme . »

1 L'édition Lettres inédites dit avoir suivi l'original mais il semble certain qu'elle est faite d’après la copie ; les nombreux soulignements (en italique) de l'une et de l'autre ont été négligés ici de même qu'une mention tardive , « Mémoire de M. de Voltaire du 14 juillet 1762 » . le destinataire est sûrement Debrus ; voir lettre du 31 juillet 1762 à Cathala ( donnée aussi comme à Debrus ) .

 

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04/06/2017 | Lien permanent

Que votre bon cœur, mon cher frère, rende ce service à la famille la plus infortunée ! Voilà la véritable philosophie

... Voici une réponse , remarquable parmi d'autres, à cette question que se posent une foule de candidats bacheliers (enfin, je veux dire ceux qui sont encore curieux ) : qu'est-ce que la philo , à quoi peut-elle bien servir ?

Si vous voulez demythifier ce qui ne vous semble être qu'une  matière superflue pour la suite de vos études et votre glorieuse carrière , lisez Voltaire et Ecrasez l'infâme ! 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

26 juillet [1762] 1

Je suis actuellement si occupé de l’affaire épouvantable des Calas, que je suis bien loin de penser à Mathurin et à Colette 2 . Ce sera pour une autre fois .

Les comédiens de Saint-Sulpice, et le chef de troupe 3 qui a défendu la pièce aux cordeliers, ont-ils prétendu envelopper le sieur Crébillon dans l’anathème ? En ce cas, voilà tous les auteurs dramatiques obligés en conscience de se déclarer contre leurs ennemis. Mais l’horreur de Toulouse m’occupe plus que l’impertinence sulpicienne. Je vous demande en grâce de faire imprimer les pièces originales 4. M. Diderot peut aisément engager quelque libraire à faire cette bonne œuvre. Il nous paraît que ces pièces nous ont déjà attiré quelques partisans. Que votre bon cœur, mon cher frère, rende ce service à la famille la plus infortunée ! Voilà la véritable philosophie, et non pas celle de Jean-Jacques. Ce pauvre chien de Diogène n’a pu trouver de loge dans le pays de Berne . Il s’est retiré dans celui de Neuchâtel : c’était bien la peine d’aboyer contre les philosophes et contre les spectacles.

Palissot m’a envoyé une étrange pièce, avec sa préface et ses notes plus étranges. Cette pièce est imprimée aussi mal qu’elle le mérite. J’espère que l’Éloge de Crébillon le sera mieux 5.

J’ai reçu le troisième tome, que vous avez eu la bonté de m’envoyer, des remarques du petit Racine 6 sur le grand Racine, et je me suis aperçu que c’est un ouvrage différent de celui que j’ai. Je vois qu’il y a trois tomes de ce dernier ouvrage, et que le troisième est intitulé, Traité de la poésie dramatique ancienne et moderne. Il me manque les deux premiers. Voulez-vous avoir la bonté de me les faire tenir ? Ils pourront m’être utiles pour les commentaires de Corneille.

Je vous prierai , mon cher frère, de m’adresser les livres nouveaux que vous jugerez en valoir la peine, et de permettre que je vous en rembourse le prix, sans quoi je serais réduit à [ne] vous rien demander 7.

Frère Thieriot vous embrasse. Je finis toutes mes lettres par dire : Écrasez l’infâme, comme Scipion Nasica 8 disait toujours : tel est mon avis, et qu’on ruine Carthage. »

1 L'édition de Kehl falsifie le texte en remplaçant la phrase du début : Ce sera pour une autre fois par Je m’intéresse plus à cette tragédie qu’à toutes les comédies du monde.

2 Personnages du Droit du Seigneur .

3 Christophe de Beaumont qui avait défendu aux cordeliers de faire un service pour Crébillon ; l'assimilation de l'archevêque avec un chef de comédiens fait encore songer au Pot pourri .

4 L'édition à Paris des Pièces originales ne semble pas avoir paru avant le mois d'août ; voir lettre du 25 août 1762 à Debrus : voir page 12 : http://blog.voltaire-a-ferney.org/wp-content/uploads/2013/11/VAF_1762_2012_Web.pdf

et : https://archive.org/stream/voltaireetcalas00alligoog/voltaireetcalas00alligoog_djvu.txt

6 Louis Racine, dans les Œuvres de Racine, 1750 .

7 Ce paragraphe biffé sur la copie Beaumarchais-Kehl manque dans les éditions ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-21-123088947.html

8 Cornelius Scipio Nasica, adversaire de Caton . Toutes les éditions donnent Caton pour Scipion Nasica .

 

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17/06/2017 | Lien permanent

je serais fort aise d'entendre votre parole, quoique ni vous ni moi ne pensions que votre parole soit celle de Dieu

...

 

 

 

« A François-Louis Allamand

pasteur

à Bex

par Vevey Suisse

Au château de Tournay 16 août [1759] 1

Vos lettres sont des cartels d'esprit , monsieur, , mais je vous dirai comme Saint-Evremond mourant à Waller 2, vous me prenez trop à votre avantage . Je ne me porte pas assez bien pour jouer avec votre imagination . Il me paraît que vous ressemblez à Peau-d'Âne qui s'amusait à se parer de pierreries dans un désert entre des rochers 3. Que faites-vous de tant d'esprit dans votre abominable trou ? Vous m'apprenez qu'il y a cinq classes dans le pays de Vaud, mais de tous ces gens-là il n'y en [a] 4 aucun qui ne dût aller en classe sous vous . Il est vrai que le roi m'a accordé tous les privilèges que ma terre de Ferney avait perdus 5. Il m'a fait libre . C'est à mon sens la seule vraie grâce qu'un roi puisse faire . Me voilà français, genevois et suisse , ne dépendant de personne . C'est un sort unique, et c'est ce que je cherchais . Il y a pourtant quelques lois que je suis obligé de suivre . Je ne peux pas faire dire la messe publiquement aux Délices, ni avoir un prêche public à Tournay et à Ferney . Mais je n'y voudrais pourtant d'autre ministre que vous, et je serais fort aise d'entendre votre parole, quoique ni vous ni moi ne pensions que votre parole soit celle de Dieu . Interim vale . »

1 Cette lettre répond à celle du 6 août 1759 .

2 V* reprend souvent cette anecdote qui contient une impossibilité puisque Edmond Waller mourut en 1687, donc bien avant Saint-Evremond .

3 Allamand dans sa lettre entretenait longuement V* de sa lecture des 11 volumes de l'Histoire générale, en commentant : « Par malheur il manque au plaisir et à l'instruction […] quelqu'un avec qui les multiplier en les partageant […] Privé de ce secours , je m’entretiendrai avec vous, monsieur, la plume à la main . N’ayez pas peur […] Je prétends seulement écrire [mes pensées] à la fin de chaque volume dans un cahier en blanc que j'y ai fait coudre à cette intention […] C'est déjà chose à voir que les marges de mon exemplaire, et c’en sera bien une autre après la seconde lecture, car je n'écrirai mes visons que dans le cours de la troisième, et comme elles pourraient s'échapper en l'attendant , à mesure qu'elles passent je les cloue chacune à sa ligne, par une ou plusieurs pointes qui ont la double vertu d'en marquer la place et d'en exprimer l'espèce ; plus d'étoiles que le ciel de Bex n'en a [...] »

4 V* a oublié le verbe .

5 « […] j'ai lu dans la Gazette qu'en votre faveur la cour a remis Ferney au bénéfice des édits […] cela signifierait-il que le prêche y est rétabli ? Car Ferney , avec je ne sais quel autre lieu, furent les seuls du pays de Gex, où l'on nous permit d'avoir temple et ministre depuis l'édit de 1664 . Encore fallut-il bâtir le temple d’aumônes recueillies en Hollande et en Suisse, et ces aumônes produisirent encore de quoi former le fonds nécessaire aux aliments du ministre jusques à la révocation . Qu'est devenu tout cela ? Le fonds doit être au moins, triplé . Faites-nous en raison, et vous voilà raccommodé avec les cinq classes du pays de Vaud » (ibid)

 

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25/09/2014 | Lien permanent

Je ne vois pas comment on ne prie point MM. Paris, Marquet, Pavée, et cent autres entrepreneurs, de prêter au roi soixan

... Surtout en pleine débandade ministérielle .

Avis de tempête sur l'ile de Sein , François Hollande choisit de rejoindre les forces de la France Libre en Angleterre , à la nage s'il le faut, car il a déjà pas mal ramé ; il reviendra quand il aura un ministère à qui parler et espère cette fois avoir le temps d'apprendre le nom de tous les nouveaux porteurs de portefeuilles .

Le Medef annonce avoir «pris connaissance de la démission du gouvernement» . Serait-ce la reconnaissance de leurs insuffisances, leur incapacité à agir, leur amateurisme ?

 J'ai hâte de ne rien savoir des nouveaux venus .

J'enrage de savoir qu'on va payer encore quelques mois les partants à ne rien faire, je me demande qui va enfin donner du travail aux jeunes .

 

transmission démission.png

Petit test d'aptitude/compatibilité aux nouveaux ministres :

Rayer ci-dessus la/les mention(s) inutile(s) !

 

«A Marie-Elisabeth de Dompierre de FONTAINE.
Aux Délices, 27 juillet 1759. 1
Continuez, aimez la campagne, ma chère nièce : c'est vie de patriarche. Aimez votre terre ; plus vous la travaillerez, plus vous vous y plairez. Je vous plains seulement d'être trop grande dame, et de recevoir le produit des terres des autres, sans vous donner le plaisir de l'agriculture. Le blé qu'on a semé vaut bien mieux que celui qu'on recueille des moissons d'autrui. Je vais me servir de mon beau semoir à cinq tuyaux, et cette pièce de menuiserie me fait plus de plaisir que des pièces de théâtre. Je vois que votre château sera très logeable . Je vous réponds que je viendrai le voir dès que j'aurai bâti le mien . Je ne veux point mourir sans avoir vu Hornoy . Je crois voir d'ici M. de Florian 2 qui dessine, qui fait travailler les ouvriers, qui monte à cheval, qui travaille en tapisserie . M. d'Hornoy 3 lit des livres de droit et fait des extraits, et dessine ensuite une chambre et un cabinet .

Le grand point serait d'avoir un beau jardin ; c'est là qu'il faut mettre toute sa science, et dans ce jardin de bons espaliers et de bons légumes .
Voici le temps où il sied bien de vivre du produit de ses terres; tous les impôts vont augmenter. Il faut bien de quoi repousser les pirateries anglaises. Vous qui d'ailleurs êtes à peu près alliée au contrôleur général, vous trouverez qu'il a raison : car il faut ou se défendre ou recevoir la loi, il n'y a pas de milieu. Je ne vois pas comment on ne prie point MM. Paris, Marquet, Pavée, et cent autres entrepreneurs, de prêter au roi soixante millions à deux et demi pour cent sur ce qu'ils ont gagné .Mais il ne m'appartient pas de me mêler des affaires d'État, je ne dois songer qu'à ma chevalerie 4, et surtout à vous.
Le roi de Prusse s'avise toujours de m'honorer de ses lettres; il a toujours des droits sur mon imagination; il n'en aura jamais guère sur mon cœur. Il me mande1 qu'il a trouvé une Pucelle d'Orléans, une grosse Jeanne qui se bat comme Jeanne d'Arc, et qui exhorte ses troupes, au nom de Dieu, à exterminer les papistes et les Autrichiens. Il ne la dépucellera ni ne la paiera.5 »

1 Copie par Wagnière, où il manque le passage Je vois que votre château ….d'excellents légumes .

2 Le marquis Claris de Florian, amant de Marie-Elisabeth de Fontaine depuis 1753, oncle du chevalier de Florian (que V* nommera Florianet, futur « neveu par ricochet », le futur fabuliste).. Le marquis de Florian, appelé par Voltaire « grand écuyer de Cyrus » (V* lui avait montré son projet de char de guerre), dans plusieurs lettres, épousera Mme de Fontaine en 1762 après son veuvage de 1756 ; « vivez heureux neveu et nièce » leur dira V* .

4 Sa pièce Tancrède .

 

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25/08/2014 | Lien permanent

jam cinis ater erat [ce n'était dejà plus que de la cendre noire]. Hélas ! avons-nous dit, c'est l’image de nos plaisirs

...DSCF0702 cendre noire.JPG

 Nos plaisirs ne sont heureusement pas pas tous consumables , il en est, comme la fréquentation de Voltaire, la rencontre de Mam'zelle Wagnière, qui allument une flamme claire, inextinguible, sans fumée ni goût de cendre . 

DSCF0410 plaisir flamme.JPG

 

« A Bernard-Louis Chauvelin

Le 6 novembre [1759]

Vraiment c'est une justice de Dieu que mes chevaux aient égaré vos très aimables Excellences . Ils vous auraient menés par le droit chemin, s'ils vous avaient conduits dans nos chaumières ; mais ils sont comme moi : ils haïssent le chemin des cours et surtout n'aiment point à nous priver de votre présence . Voici le jour des contretemps . Il y avait un petit papier dans la lettre dont vous m'honorez ; j'ouvre la lettre avec Mme Denis et vous jugez bien que ce n’était pas sans précipitation : le petit papier vole dans le feu . Je me suis en vain brûlé le doigt index ; jam cinis ater erat 1. Hélas ! avons-nous dit, c'est l’image de nos plaisirs ! Voilà comme ce qu'il y a de plus aimable au monde nous a échappé .

Allez, couple charmant, trop prompt à disparaître

De nos simples hameaux par vous seuls embellis ;

Nous savons que les fleurs vont naître

Sur les glaces du mont Cenis .

Nous connaissons le dieu chargé de vous conduire ;

S'il vous a bien traités, vous l'imitez aussi .

Vous vous faites un jeu de savoir tout séduire,

Jusqu'à l'évêque d'Annecy .

C'est un dévot que ce prélat 2. Il vous dira qu'il faut suivre sa vocation, et il sentira bien que la vôtre est de plaire .

Comme les portes de la ville de Jean Calvin sont fermées à l'heure que je reçois le paquet de votre Excellence, elle ne l'aura que demain lundi . Apparemment que le libraire de Genève, rempli de conscience, vous a donné, pour votre argent, les livres en question pour suppléer aux œuvres du chevalier de Mouhy 3. Je doute que les grâces de madame l'ambassadrice s'accommodent de l'outrecuidance de Rabelais ; cependant il y a là de très bonnes vérités .

Si, dans le billet brûlé, il y avait quelqu'un de vos ordres, il vous en coutera encore deux ou trois mots pour réparer mon malheur .

Mérope-Aménaïde-Denis est enchantée de vous deux . Nous faisons comme on fera à Turin, nous en parlons sans cesse ; c'est une consolation que nous ne nous épargnerons pas .

Quand la cour de France voudra subjuguer quelque nation, allez-y tous deux ; passez-y seulement trois jours et l'affaire est faite . Vous avez rendu Genève toute française .

Couple adorable, recevez mes regrets, mon respect, mon attachement .

La marmotte des Alpes »

1 Ce n'était déjà plus que de la cendre noire ; Virgile, l'Enéide, IV,633 .

2 Sur les démêles de V* avec l'évêque d'Annecy, Mgr Biord, voir la lettre du 16 décembre 1758 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/12/28/des-les-premiers-temps-de-l-eglise-les-saints-peres-se-sont-5257676.html

3 Dans sa lettre du 24 mars 1759 à Dupont, V* attribue Candide au chevalier de Mouhy ; il désigne donc par cette expression ses propres œuvres , voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/05/08/j-ai-trois-terres-et-trois-proces-au-conseil-tout-cela-m-amu-5365216.html

 

 

 

 

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18/11/2014 | Lien permanent

je serais fort aise d'entendre votre parole, quoique ni vous ni moi ne pensions que votre parole soit celle de Dieu

...

 

 

 

« A François-Louis Allamand

pasteur

à Bex

par Vevey Suisse

Au château de Tournay 16 août [1759] 1

Vos lettres sont des cartels d'esprit , monsieur, , mais je vous dirai comme Saint-Evremond mourant à Waller 2, vous me prenez trop à votre avantage . Je ne me porte pas assez bien pour jouer avec votre imagination . Il me paraît que vous ressemblez à Peau-d'Âne qui s'amusait à se parer de pierreries dans un désert entre des rochers 3. Que faites-vous de tant d'esprit dans votre abominable trou ? Vous m'apprenez qu'il y a cinq classes dans le pays de Vaud, mais de tous ces gens-là il n'y en [a] 4 aucun qui ne dût aller en classe sous vous . Il est vrai que le roi m'a accordé tous les privilèges que ma terre de Ferney avait perdus 5. Il m'a fait libre . C'est à mon sens la seule vraie grâce qu'un roi puisse faire . Me voilà français, genevois et suisse , ne dépendant de personne . C'est un sort unique, et c'est ce que je cherchais . Il y a pourtant quelques lois que je suis obligé de suivre . Je ne peux pas faire dire la messe publiquement aux Délices, ni avoir un prêche public à Tournay et à Ferney . Mais je n'y voudrais pourtant d'autre ministre que vous, et je serais fort aise d'entendre votre parole, quoique ni vous ni moi ne pensions que votre parole soit celle de Dieu . Interim vale . »

1 Cette lettre répond à celle du 6 août 1759 .

2 V* reprend souvent cette anecdote qui contient une impossibilité puisque Edmond Waller mourut en 1687, donc bien avant Saint-Evremond .

3 Allamand dans sa lettre entretenait longuement V* de sa lecture des 11 volumes de l'Histoire générale, en commentant : « Par malheur il manque au plaisir et à l'instruction […] quelqu'un avec qui les multiplier en les partageant […] Privé de ce secours , je m’entretiendrai avec vous, monsieur, la plume à la main . N’ayez pas peur […] Je prétends seulement écrire [mes pensées] à la fin de chaque volume dans un cahier en blanc que j'y ai fait coudre à cette intention […] C'est déjà chose à voir que les marges de mon exemplaire, et c’en sera bien une autre après la seconde lecture, car je n'écrirai mes visons que dans le cours de la troisième, et comme elles pourraient s'échapper en l'attendant , à mesure qu'elles passent je les cloue chacune à sa ligne, par une ou plusieurs pointes qui ont la double vertu d'en marquer la place et d'en exprimer l'espèce ; plus d'étoiles que le ciel de Bex n'en a [...] »

4 V* a oublié le verbe .

5 « […] j'ai lu dans la Gazette qu'en votre faveur la cour a remis Ferney au bénéfice des édits […] cela signifierait-il que le prêche y est rétabli ? Car Ferney , avec je ne sais quel autre lieu, furent les seuls du pays de Gex, où l'on nous permit d'avoir temple et ministre depuis l'édit de 1664 . Encore fallut-il bâtir le temple d’aumônes recueillies en Hollande et en Suisse, et ces aumônes produisirent encore de quoi former le fonds nécessaire aux aliments du ministre jusques à la révocation . Qu'est devenu tout cela ? Le fonds doit être au moins, triplé . Faites-nous en raison, et vous voilà raccommodé avec les cinq classes du pays de Vaud » (ibid)

 

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09/09/2014 | Lien permanent

je ne crois pas que je doive faire un procès à mes chevaux s'ils ruent dans l’écurie que je leur ai fait bâtir

... Ainsi pourquoi perdre du temps à la tête du PS à critiquer et descendre en flammes les députés frondeurs qui eux-mêmes ruent contre leurs chefs d'origine . Carottes de promotions et bâtons de rétrogradations ont bien cours dans cette cour de chefaillons , tout comme dans tous les autres partis avouons-le .

Nos vieux chevaux de retour politiques sont dans les écuries d'Augias, allons Hercule un bon coup de balai dans tout ça !

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« A Jean-Marie Arnoult 1

A Ferney le 5 juin 1761

J'ai peur, monsieur, de vous avoir fait envisager l'aventure de mon église comme une affaire plus considérable qu'elle ne l'est en effet . Je pense que nous ne serions réduits le curé, les paroissiens et moi, à en appeler comme d'abus qu'en cas que notre official de village nous fît signifier quelque grimoire, comme je le craignais dans les premiers mouvements de cette sottise .

J'ai fait venir de Paris le seul livre qui traite, dit-on, de ces besognes, c'est la Pratique de la juridiction ecclésiastique 2 de Ducasse, grand vicaire en son vivant . Ce livre assez mauvais ne m'a donné aucune lumière , et c'est ce qui arrive presque toujours en affaires . Le bruit public dans le petit pays de Gex est qu'on se repent de cette équipée, mais qui paiera les frais de leur procédure ? On ne m'a rien fait signifier, mais je présume que je n'ai d'autre chose à faire qu'à continuer mon bâtiment . Quand j’aurai achevé mon église, il faudra bien qu'on la bénisse ; et je ne vois pas, quand je suis d'accord avec tous les paroissiens, qu'on puisse me faire de chicane . Je sens bien qu'il est désagréable d'avoir été si mal payé de mes bienfaits, mais je ne crois pas que je doive faire un procès à mes chevaux s'ils ruent dans l’écurie que je leur ai fait bâtir .

Pour l'affaire du curé de Moëns la sentence de Gex me paraît ridicule . Je ne sais si vous êtes chargé de cette affaire ; je le souhaite au moins pour apprendre aux curés de ce canton barbare à ne pas employer leur temps à distribuer des coups de bâton aux hommes, aux femmes, et aux petits garçons . Le zèle de la maison du Seigneur ne doit pas aller jusqu'à assommer les gens .

J'ai l'honneur d'être etc. »

 

 

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03/05/2016 | Lien permanent

Si les vieillards doivent être hardis ils doivent être non moins actifs , non moins prompts . C’est le bel âge pour dépê

... Tenez le vous pour dit, Nicolas le persifleur, bien incapable d'un vrai travail de progrès, vous qui vous gaussez de l'âge d'Alain Juppé et êtes bien incapable de brasser autre chose que du vent du haut de vos perchoirs à perroquets , mi-girouette, mi-épouvantail à moineaux !

illustration karl lagarfeld

 

 

« A Pierre-Joseph Thoulier d'Olivet

de l’Académie française rue Saint Nicaise

à Paris

3 octobre [1761] 1

Au Mercure, au Mercure ! Mais Marce Tulli memor sis pictoris Watelet 2. Mettez son nom dans la liste des bienfaiteurs cornéliens . Je vous trouve bien timide . C'est à nos âges qu'il faut être hardi . Nous n'avons rien à risquer . Aussi je m'en donne !...

Je vous avertis mon maître que j'ai commenté déjà presque tout Corneille avant que Gabriel Cramer ait encore fait venir le caractère de Paris . Si les vieillards doivent être hardis ils doivent être non moins actifs , non moins prompts . C’est le bel âge pour dépêcher de la besogne .

Je vous supplie de dire à l'Académie que je compte lui envoyer tout le commentaire pièce à pièce selon l'ordre des temps . Il faut qu'on pardonne à mon premier canevas . Je jette sur le papier tout ce que je pense au moment . L'Académie juge, je rectifie, je renvoie le manuscrit en mettant des nota bene en marge aux endroits corrigés et aux nouveaux . L'Académie juge en dernier ressort, alors je me conforme avec soin à sa décision, je polis le style, je jette quelques poignées de fleurs sur mes commentaires comme le voulait le cardinal de Richelieu . L'Académie dira peut-être, vous abusez de notre patience . Non messieurs , j'en use . Vous rendez service à la nation, vous fixez la langue française . Les commentaires deviendront grâce à vos bontés, une grammaire et une poétique au bas des pages de Corneille . On attend l'ouvrage à Petersbourg, à Moscou, à Yassi, à Kaminiek . L’impératrice de toutes les Russies a souscrit pour 8000 livres, et les fera compter à Gabriel Cramer, qui a déjà payé des graveurs .

Si l'Académie se lassait de revoir mon commentaire je serais très embarrassé . Je ne dois point m'en croire . Je peux avoir mille préventions . Il faut qu'on me guide . Un mot en marge me suffit . Cela me met dans le bon chemin . Marce Tulli, ménagez-moi les bontés et [la] patience de l'Académie . Interim, vive et [dilige me].3

N.B. – Ajoutez je vous supplie à l'endroit où je parle de nos académiciens :

M. le duc de Villars, M. l'archevêque de Lyon 4; M. l'ancien évêque de Limoges 5 .

Ce la ne vous coûtera que la peine d'insérer une ligne dans la copie pour le Mercure . »

1 Manuscrit olographe contresigné « Chammeville » .

2 Marcus Tullius [c'est-à-dire Cicéron] souviens-toi du peintre Watelet .

3 Manuscrit original endommagé ; on a comblé les lacunes grâce à une copie du comte d''Entraigues (Dijon) ; traduction : en attendant , vis et aime moi .

 

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20/09/2016 | Lien permanent

les friponneries des regrattiers

... Au sens figuré, dégoûtent le consommateur/citoyen/électeur floué . Que tous les candidats à la présidentielle arrêtent de prendre les contribuables pour une clientèle abrutie et cessent de servir la même soupe froide avec des rogatons . La nausée est là , l'écoeurement est déjà dépassé, une bonne dose de vérité est indispensable .

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 Mon opinion laverait-elle plus blanc que blanc ?... Et qui ?

 

 

« A Louis-Gaspard Fabry, Maire et

subdélégué

à Gex

Monsieur, il y a plusieurs articles sur lesquels il faut que j'aie l'honneur de vous écrire . Premièrement je dois vous renouveler mes remerciements . Je crois que vous savez combien on a été indigné à Dijon de la malhonnêteté et de l'insolence absurde avec laquelle on s'est conduit au sujet de l'église de Ferney . J'ai bien voulu continuer à la faire bâtir, quoique je dusse attendre qu'on eût eu avec moi les procédés qu'on me devait .

Il serait à souhaiter que M. de Villeneuve voulût bien venir à Ferney au mois de septembre ou d'octobre . Il y trouverait M. de Montigny , le commissaire du roi pour les sels, et on pourrait, je crois , finir alors l'affaire du baron Sédillot ; nous aurons dans ce temps M. le premier président de La Marche, qui n'aime point du tout les friponneries des regrattiers 1. Il est fort lié avec monsieur l'intendant, et il l'encouragerait à terminer .

Je vous propose actuellement, monsieur, de sauver les têtes, les bras , et les jambes, à une centaine de personnes ; on bâtit actuellement un théâtre à Châtelaine 2, il a la réputation de n'être point du tout solide, les curieux qui l'ont été voir disent que les poutres ont déjà fléchi, et sont sorties de leurs mortaises . On ne veut point aller à ce spectacle, à moins que vous n'ayez la bonté d'envoyer deux charpentiers experts pour visiter la salle, et faire leur rapport . Si vous vouliez m'envoyer un ordre pour Jacques Gaudet, charpentier de Moens, et pour François-Louis Landry, qui travaillent tous deux chez moi à Ferney, j'irais avec eux, et je vous enverrais leur rapport signé d'eux .

Je vous recommande, monsieur, les bras et les jambes de ceux qui aiment la comédie ; pour mon cœur il est à vous, et je serai toute ma vie, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

Ferney 14è juin 1761 . »

 

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09/05/2016 | Lien permanent

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