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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

C'est surtout dans la conversation qu'on peut faire beaucoup de bien, et je m'en rapporte à vous ; ne manquez pas de con

... Voltaire a fort bien compris le pouvoir de la parole et les immenses capacités de diffusion des idées par les femmes . Féministe sans le savoir, infiniment réaliste assurément .

 

 

« [Destinataire inconnu]

[28 février 1763] 1

Je me suis toujours douté,monsieur, que l'expulsion des jésuites ferait le même effet que votre ancienne réforme, on ne secoue une tyrannie que pour être tyran, on se croit obligé d’être austère quand on a combattu une prétendue morale relâchée . Les jésuites étaient bons à quelque chose, parce qu'on pouvait se moquer d'eux impunément . Les pédants qu'on va mettre à leur place, feront une affaire d’État des ridicules qu'on leur donnera , et qu'ils mériteront . Nous avons autant de peine à approcher des Anglais qu'à leur résister . Dieu merci, il nous reste le pape, c'est quelque chose , et [à] la première sottise que fera la cour de Rome, on verra la philosophie d'élever sur ses ruines .

Le malheur jusqu'à présent , de nos philosophes de Paris, est de ne s'y être pas bien pris, et d'avoir paru attaquer la morale plutôt que la superstition . Je voudrais que nous fussions tous comme les rose-croix et quVoltairee nous ne communiquassions 2 qu'aux adeptes . J'ai vu par exemple, des ouvrages édifiants et utiles, comme le Sermon des cinquante, le Testament de Jean Meslier, le drame anglais de Saül et David, circuler entre deux ou trois cents personnes tout au plus, et faire un très bon effet pour la plus grande gloire de Dieu . C'est surtout dans la conversation qu'on peut faire beaucoup de bien, et je m'en rapporte à vous ; ne manquez pas de convertir toutes les femmes qui vous tomberont sous la main .

Je vous remercie tendrement de tout ce que vous avez fait pour notre infortunée Calas, cela est digne de votre âme . Je me flatte qu'elle n'aura été secourue à Paris que par des philosophes ; je ne voudrais pas de l'argent des dévots, je leur dirais que votre aumône périsse avec vous .

Mme Dupuits vous est très obligée de tout ce que vous faites pour augmenter sa dot, heureusement la voilà très bien établie ; et encore mieux traitée par l'amour que par la fortune ; jamais femme n'a été physiquement mieux aimée, son bonheur me réjouit , et me fait rire, il n'en est pas de même de Mme Denis qui est très malade depuis plus d'un mois et qui n'a pu être de la noce . Si je voulais je rirais aussi un peu moins, car je deviens aveugle . Je crois que Pertharite, Agésilas et Suréna, m'ont donné ma fluxion . Savez-vous que l'Académie en corps a signé au contrat de mariage de Mlle Corneille 3? Jamais officier de dragons ne s'est trouvé à pareille fête . Que le contrôleur général donne ce qu'il voudra et comme il voudra, nous attendrons patiemment, nous ne sommes ni pressés, ni pressants . Le roi s'est expliqué, il donnera environ dix mille livres, et la famille Corneille se trouvera très bien de vos soins généreux .

Vous me ferez un plaisir extrême, monsieur, de me mander tout de que vous apprendrez des Calas . J'attends beaucoup de M. de Crosne ; le genre humain est intéressé dans cette affaire ; la plus abominable superstition a fait rouer un père de famille, il est temps d’étouffer ce monstre qui a causé plus de maux que la peste de Marseille .

On dit que les libraires de l'Encyclopédie sont divisés par le principe qui divise tout, par l'intérêt, et que cet intérêt plus funeste qu'Omer de Fleury, arrête absolument l'impression . J'en suis très fâché, cet ouvrage ne devait jamais être imprimé à Paris .

Je vous embrasse de tout mon cœur, et sans cérémonie comme sans date, cela n'est bon à rien . »

1 Date complétée par une main contemporaine sur le manuscrit original . Besterman remarque avec raison que cette lettre ne sonne pas tout à fait juste . On se demande si elle a été réellement dictée par V* . Certes, quelques phrases du quatrième paragraphe nous paraissent de bon aloi, mais le refus de dater est bizarre .

2 La copie porte communiassions, qui n'est satisfaisant ni pour la forme ni pour le sens .

3 Charles Pinot-Duclos a répondu à la demande de V* : « Extrait des registres de l'Académie française ./ Le 19 février 1763 ./ L'Académie a autorisé son secrétaire à signer au contrat de mariage de Mlle Corneille au nom de la compagnie ; bien entendu que si quelque autre académicien signe au contrat,ce sera comme particulier, et non comme membre de l'Académie, tous les académiciens étant compris dans la signature du secrétaire . / Duclos secrétaire ./En conséquence de la délibération ci-dessus j'autorise monsieur de Voltaire à signer à ma place. À Paris le 19 février 1763 ./Duclos secrétaire. [...] »

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04/02/2018 | Lien permanent

vous saurez que V. se moque de tout cela, qu'il rit tant qu'il peut et que s'il digérait il rirait bien davantage

... Ce qui me rappelle que mes bien-aimés parents, pour "rire à gorge déployée" ( on se croirait chez l'ORL ! ) disaient "se tord-boyauder" (là , on est chez le gastro-entérologue ! ), ce qui est bien dans le raisonnement voltairien .

Mis en ligne le 15/11/2020 pour le 10/8/2015

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

[10 août 1760] 1

Je cherche ma dernière lettre à mon cher Palissot pour vous l'envoyer . Palissot est un brave homme ; il imprime français, aurais, ferais par un â et les encyclopédistes n'en ont pas tant fait 2. Ce drôle-là ne manque pas d'esprit et a même quelque talent . Mais c'est un calomniateur que mon cher Palissot, un misérable, et j'ai eu l'honneur de l'en avertir assez gaiement . Autant que je peux m'en souvenir ma dernière lettre à ce cher Palissot était toute chrétienne .

Je doute fort que M. de Malesherbes me rende d'importants services 3. Un folliculaire 4 qui fait la feuille intitulée L'Avant-Coureur, nommé Jonval 5 , demeurant quai de Conti, m'a mandé qu'on lui avait donné L'Oracle des philosophes 6 à annoncer . Vous savez ce que c'est que cet oracle . Pour moi j'en ignore l'auteur . Mon divin ange vous me ferez plaisir de me faire connaître ce bon homme . Je lui dois au moins un remerciement . Ce Jonval l'annonçait donc, et en même temps le dénonçait aux honnêtes gens comme un plat libelle . Il prétend que son censeur qu'il ne nomme pas lui a rayé son annonce et lui a dit, si vous tombez sur V. on vous en saura gré, mais si vous voulez défendre V. on ne vous le permettra pas . Or mon cher ange vous saurez que V. se moque de tout cela, qu'il rit tant qu'il peut et que s'il digérait il rirait bien davantage . Ô anges V. baise le bout de vos ailes avec plus de dévotion que jamais .

N.B.-- Nous voici à dimanche 10 auguste, ou barbarement août . Le bruit se répand sur le Haut-Rhin, de là à Bâle, de Bâle à Shafouze, de Shafouze à Berne, de Berne aux Délices que le maréchal Daun a défait l'armée de Luc sans ressource 7 . Demain nous en saurons davantage . Il serait doux d'écraser dans le même mois Luc, Fréron et Pompignan . La poste partira avant que je puisse vous dire des nouvelles ; mais au bout de vingt-quatre heures vous en saurez plus que moi par les courriers que recevra M. le duc de Choiseul, supposé que cette nouvelle soit plus vraie que celle des 22 jésuites pendus .

11 au matin . La nouvelle n'est pas vraie . Ce n'est qu'un confirmation de la nouvelle de la levée du siège de Dresde avec quelque perte .

Voici trois pancartes pour M . de Chauvelin que je fourre dans le paquet . La poste part . »

1 Date mentionnée par d'Argental avec la notation « Re[pondu] » . Tout le post-scriptum suite à la copie de Beaumarchais, manque dans l'édition de Kehl et suivantes .

2 Allusion à la réforme orthographique préconisée par V* (après Berlin à la fin du XVIIè siècle), et qui consistait à substituer -ai- à -oi- dans les désinences d'imparfait et de conditionnel et dans quelques autres mots (connaître, raie, français, anglais, japonais, etc.) pour lesquels la prononciation courante était è . Voir la lettre à Berger du 5 avril 1736 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/01/8d35e392882d0ebe4a27cc4805560aba.html

3 Malesherbes avait certainement informé d'Argental de ses efforts pour réduire Fréron au silence ; la correspondance entre Fréron, Malesherbes et Coqueley ( reproduite par Besterman pour la période allant du 18 juillet au 21 août 1760) montre quelles furent les difficultés rencontrées par Fréron pour se défendre dans son propre journal, du fait d'un censeur pointilleux et hostile .Il n'y a sans doute pas d'aspect plus difficile à pardonner dans l'attitude et le caractère de V* que cet acharnement à réduire au silence, grâce au bras séculier, des personnages contre lesquels il s'acharne obstinément, nommément et semble-t-il sans aucune considération des lois qu'il invoque lui-même contre eux .

4 V* venait de créer ce néologisme dans Candide, chap . XXII :

5 Jonval (dont l'identité n'est pas autrement connue) était l'un des rédacteurs d'un hebdomadaire fondé en 1759 sous le nom de La Feuille nécessaire, contenant divers détails sur les sciences, les lettres et les arts, qui devint en 1760 l'Avant-coureur, Feuille hebdomadaire, où sont annoncés les objets particuliers des sciences et des arts,etc. Cette feuille qui a survécu jusqu'en 1774, se signale , à cette époque d’irréligion agressive, par sa modération et son orthodoxie .

6 Sur L'Oracle des philosophes que V* avait en main dès le début de juin, voir lettre du 4 juin 1760 à Palissot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/04/il-y-a-des-articles-pitoyables-sans-doute-et-les-miens-pourr-5634190.html

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10/08/2015 | Lien permanent

Vous savez bien que, sur un mot de vous, il n'y a rien que je ne hasarde pour vous servir....mais sachez qu'il est à pré

... Oh ! avec des "mais" on perd le sens communautaire des membres du gouvernement . Rendez-vous au prochain remaniement !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

23 novembre [1767]

Vous n'aviez pas besoin, mon cher ami, de la lettre de M. d'Alembert pour m'exciter. Vous savez bien que, sur un mot de vous, il n'y a rien que je ne hasarde pour vous servir.

Je vous avais déjà prévenu en écrivant la lettre la plus forte à Mme de Sauvigny. Je prendrai aussi, n'en doutez pas, le parti d'implorer la protection de M. le duc de Choiseul; mais sachez qu'il est à présent très rare qu'un ministre demande des emplois à d'autres ministres. Il n'y a pas longtemps que j'obtins de M. le duc de Choiseul qu'il parlât à monsieur le vice-chancelier en faveur d'un ancien officier 1 à qui nous avons donné la sœur de M. Dupuits en mariage. Cet officier, retiré du service avec la croix de Saint-Louis et une pension, avait été forcé, par des arrangements de famille, à prendre une charge de maître des comptes à Dôle : il demandait la vétérance avant le temps prescrit ; croiriez-vous bien que monsieur le vice-chancelier refusa net M. de Choiseul, et lui envoya un beau mémoire pour motiver ses refus ? Vous jugez bien que, depuis ce temps-là, le ministre n'est pas trop disposé à des choses qui ne dépendent pas de lui. Soyez sûr que je n'aurai réponse de trois mois.

Il y a environ ce temps-là que j'en attends une de lui sur une affaire qui me regarde. Il m'a fait dire, par le commandant de notre petite province, qu'il n'avait pas le temps d'écrire, qu'il était accablé d'affaires . Voilà où j'en suis.

Il me paraît de dernière importance d'apaiser M. de Sauvigny . Il faut l'entourer de tous côtés . M. de Montigny, trésorier de France, de l'Académie des sciences, est très à portée de lui parler avec vigueur. N'avez-vous point quelque ami auprès de M. d'Ormesson ? Heureusement la place qui vous est promise n'est point encore vacante; on aura tout le temps de faire valoir vos droits si bien établis.

La tracasserie qu'on vous fait est inouïe. Je me souviens d'un petit dévot, nommé Leleu, qui avait deux crucifix sur sa table : il débuta par me dire qu'il ne voulait pas transiger avec moi, parce que j'étais un impie, et il finit par me voler vingt mille francs 2. Il s'en faut beaucoup, mon cher ami, que les scènes du Tartuffe soient outrées : la nature des dévots va beaucoup plus loin que le pinceau de Molière.

J'aurai, dans le courant du mois de décembre, une occasion très favorable de prier monsieur le contrôleur général de vous rendre justice. Je ne saurais m'imaginer qu'on pût manquer à sa parole sur un prétexte aussi ridicule. Cela ressemblerait trop au marquis d'O 3, qui prétendait que le prince Eugène et Marlborough ne nous avaient battus que parce que le duc de Vendôme n'allait pas assez souvent à la messe.

Je vous prie de ne pas oublier le maréchal de Luxembourg , qui n'allait pas plus à la messe que le duc de Vendôme. Je suis obligé d'arrêter l'édition du Siècle de Louis XIV, jusqu'à ce que j'aie vu ces campagnes du maréchal, où l'on m'a dit qu'il y a des choses fort instructives.

Le petit livre du Militaire philosophe vaut assurément mieux que toutes les campagnes. Il est très estimé en Europe de tous les gens éclairés. J'ai bien de la peine à croire qu'un militaire en soit l'auteur. Nous ne sommes pas comme les anciens Romains, qui étaient à la fois guerriers, jurisconsultes et philosophes.

Vous ne me parlez plus de votre cou, pour moi, je vous écris de mon lit, dont mes maux me permettent rarement de sortir. On ne peut s'intéresser à vos affaires, ni vous embrasser plus tendrement que je le fais. »

1Sur ce personnage « maître des comptes », voir lettre du 12 janvier 1767 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/01/13/a08b9872249f3498a157c9a3d00303ee.html

2 V* raconte cette même histoire dans la préface du Dépositaire , 1769

3 Le marquis de Villiers d'O a épousé Marianne Lavergne de Guilleragues, fille de Guilleragues, auteur des Lettres portugaises, et ambassadeur à Constantininople, attaché au duc d'Orléans .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lettres_portugaises

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12/06/2023 | Lien permanent

Tout cela me paraît bien délicat. C'est une affaire de faveur

... et de ferveur patriotique en Ukraine : https://actu.orange.fr/monde/ukraine-a-kiev-des-orthodoxe...

Et m... à Poutine et sa pseudo-piété orthodoxe, et à ceux qui le soutiennt !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

4è juin 1767 1

Mon cher ami, faites d'abord mes compliments à la Sorbonne du service qu'elle nous a rendu, car les choses spirituelles doivent marcher devant les temporelles . Ensuite ayez la charité de reprendre l'affaire des Sirven . M. de Chardon peut à présent rapporter l'affaire. Sirven est prêt à partir pour Paris; je vous l'adresserai. Il faudra qu'il se cache, jusqu'à ce que son affaire soit en règle.

Je tremble pour celle de notre ami Beaumont; on me mande qu'elle a un côté odieux, et un autre qui est très défavorable. L'odieux est qu'un philosophe, que le défenseur des Calas et des Sirven, reproche à un mort d'avoir été huguenot 2, et demande que la terre soit confisquée, pour avoir été vendue à un catholique. Le défavorable est qu'il plaide contre des lettres patentes du roi. Il est vrai qu'il plaide pour sa femme, qui demande à rentrer dans son bien, mais elle n'y peut rentrer qu'en cas que le roi lui donne la confiscation. Il reste à savoir si ce bien de ses pères a été vendu à vil prix. Tout cela me paraît bien délicat. C'est une affaire de faveur; et il est fort à craindre que le secrétaire d'État qui a signé les lettres patentes de son adverse partie ne soutienne son ouvrage. Je crois que M. de Chardon est le rapporteur. Je serais fâché que M. de Chardon fût contre lui, et plus fâché encore si, M. de Chardon étant pour lui, le Conseil n'était pas de l'avis du rapporteur. L'affaire de Sirven me paraît bien plus favorable et bien plus claire. Je m'intéresse vivement à l'une et à l'autre.

Voici un petit mot pour Protagoras 3, qui est d'une autre nature. Tout ce qui est dans ce billet est pour vous comme pour lui ; tout est commun entre les frères. Ma santé devient tous les jours plus faible, tout périt chez moi, hors les sentiments qui m'attachent à vous. Je vous embrasse bien fort, mon très cher ami.

V. »

1 Copie par Wagnière ; l'édition de Kehl d'après la copie Beaumarchais, joint à cette lettre, en guise de post-scriptum, un passage de la lettre du 7 juin 1767 : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/05/correspondance-annee-1767-partie-37.html

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26/12/2022 | Lien permanent

J’avoue qu’il me serait dur de me transplanter à mon âge , mais il le faudrait bien, si on me chicanait . Vos bontés me

... Paroles de virus Covid-19 , majeur et pas encore vacciné !

Rassuré pour sa survie quand il voit ses hôtes et futurs porteurs se balader avec le masque sous le nez, se faire un malin plaisir de se regrouper juste pour braver les consignes -au prétexte de convivialité-, geindre de se trouver privés de quelques libertés accessoires et dans le même temps, être des dangers publics,  faire du  port et usage d'arme biologique sans remords .

https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/12/21/covid-19-...

https://www.santelog.com/sites/santelog.com/www.santelog.com/files/styles/large/public/images/accroche/respiration_conversation_covid-19_adobestock_334958243.jpeg?itok=eeDABTnm

En attendant le vaccin, fermons la  !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

26 août [1765]

Mes divins anges, je viens encore de recevoir plusieurs paquets contre-signés Laverdy, Choiseul, Saint-Florentin. Tous les paquets adressés directement à moi de la part de ceux qui ont droit de contre-seing me sont rendus, et l’ont été sans difficulté ; on n’en fait que lorsque ces paquets sont adressés à quelqu’un pour une autre personne. C’est pour avoir pris trop de précautions, c’est pour m’être fait adresser l’ouvrage du jeune homme sous le nom de Camp, et pour avoir fait mettre une seconde enveloppe : A Wagnière, à Genève, chez un marchand, que ce paquet fut taxé ; c’est pour avoir envoyé ce même ouvrage de Genève, à votre nom, sous celui de M. le duc de Praslin, qu’il a été taxé encore. Si je l’avais envoyé tout ouvert à M. le duc de Praslin, en le priant de vous le remettre, il aurait certainement joui d’une pleine franchise. M. le duc de Praslin pourrait donc très aisément m’envoyer cet ouvrage, et même avec un mot de sa main, étant très permis à un ministre de lire de mauvais vers et de me les renvoyer.

J’avais été extrêmement effarouché de l’aventure de la demi-feuille 1 ; mais il n’y a qu’à ne plus écrire de ces demi-feuilles et à continuer la correspondance comme à l’ordinaire, en observant seulement que les gros paquets, comme l’ouvrage en question que M. le duc de Praslin me renverrait directement ne fussent pas sous une autre enveloppe que la sienne.

J’envoie donc ce présent mémoire à M. de Courteilles pour premier essai, et surtout je vous demande très humblement pardon de ces détails et de ces embarras, tristes fruits d’une éternelle absence.

Je devais vous envoyer aujourd’hui des vers que j’ai faits pour mademoiselle Clairon 2, mais comme Gabriel Cramer, toujours extrêmement attentif, ne m’en a donné aucun exemplaire, et que Mlle Clairon, qui vient de partir, s’est saisie à mon insu de ceux qui sortaient tout mouillés de la presse, vous ne les aurez que par la prochaine poste. Je les ai faits avec beaucoup de soin, ils n’en sont peut-être pas meilleurs.

Je vous ai supplié de m’obtenir du dépôt des Affaires étrangères un éclaircissement sur les secrétaires d’ambassade, et surtout sur celle de Venise . Je vous réitère ma très humble prière.

Je crois ou du moins on croit ici que Montpéroux, résident à Genève, n’a pas longtemps à vivre 3. Il est attaqué d’une jaunisse à la suite d’une apoplexie. Il y a un M. Astier, commissaire de marine en Hollande ; c’est un philosophe, et de plus un homme très sage et très aimable. Si M. de Montpéroux succombait, si vous protégiez M. Astier, M. le duc de Praslin ne pourrait faire un meilleur choix.

J’avoue qu’il me serait dur de me transplanter à mon âge , mais il le faudrait bien, si on me chicanait . Vos bontés me rassurent.

Permettez que j’insère ici ce petit mot pour Lekain. 4»

3 Il mourra le 7 septembre 1765 . Voir : https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_2005_num_37_1_2655

4 Ces mots ont été écrits par V* dans la marge du bas .

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22/12/2020 | Lien permanent

il est bien doux de vivre sous les lois

... Mon cher Voltaire, on voit bien que vous ne connaissez pas le poids du code civil actuel : 1,298 kg, le poids des mots, l'émoi des maux . Sans oublier le code du travail : 1,450 kg, le code du commerce : 1,560 kg, le code général des impôts : 1,520 kg , j'en passe et j'en oublie, je ne pèse pas les codes de la CE . Tout ça parce qu'il y a des gens malhonnêtes dont on doit empêcher et réprimer les abus , on n'a inventé la clé que parce qu'il y a des voleurs .

Inflation législative — Wikiberal

Le mal franco-européen

 

 

« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault

Au château de Ferney, 20 mars 1765

Monsieur,

Je reçus les 120 bouteilles trois jours après vous avoir exposé ma misère . Au lieu de mes doléances, recevez mes tendres remerciements. Permettez-moi de présenter mes respects au magistrat philosophe qui se démet de la place de procureur général , et à celui qui lui succède .

Je suis tout fier des bontés de madame Le Bault . Mme Denis la remercie bien respectueusement, ainsi que vous, monsieur, dont les bontés me sont bien chères, et dont la santé nous est également précieuse .

Oserais-je encore vous supplier de vouloir bien ne me pas oublier auprès de monsieur le premier président qui m'a toujours honoré de sa protection ?

La justice complète, rendue enfin aux Calas, est applaudie de toute l'Europe, et vous n’ignorez pas à présent cette nouvelle . Cette affreuse aventure n’était point la faute du parlement de Toulouse, mais celle d'un capitoul qui est bien puni aujourd'hui de son fanatisme . Cela ne serait pas arrivé au parlement de Dijon ; il est bien doux de vivre sous les lois .

J'ai l'honneur d'être, avec beaucoup de respect, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

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17/06/2020 | Lien permanent

un ouvrage honnête, religieux, humain, utile, capable de faire du bien, et qui ne peut faire de mal , etc

... C'est ce que croit mettre en route le pape François avec ses monsignores qui sont tous aussi plein de bonne volonté que Donald Trump est plein de mansuétude pour les Mexicains et autres émigrants , belle brochette de tonsurés aussi francs qu'un âne qui recule (dignes héritiers de la mule du pape ) .

Sachant qu'il a fallu plus de trois siècles pour que l'Eglise convienne qu'elle avait injustement condamné Galilée, combien de temps lui faudra-t-il pour faire totalement le ménage chez ses prêtres de tous grades , agresseurs impunis et protégés ?

Le "peuple de Dieu" en a ras l'auréole ! Soit ! Les agnostiques et athées , citoyens honnêtes  n'ont pas de leçon à en recevoir .

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« A Etienne-Noël Damilaville

13è février 1764

Mon cher frère, j'ai des nouvelles assez satisfaisantes sur la Tolérance . On souhaite d'abord que vous en donniez quelques exemplaires à des personnes qui les trompetterons dans le monde, comme un ouvrage honnête, religieux, humain, utile, capable de faire du bien, et qui ne peut faire de mal , etc. Alors, il aura son passeport et marchera la tête levée . Rendez donc mon cher frère ce service aux honnêtes gens . Vous pouvez aisément prendre deux douzaines d'exemplaires dans l'endroit où ils sont . Frère Thieriot, dont on n'a jamais de nouvelles, pourra en placer quelques-uns . Je vous prierai d'en faire tenir à M. de Crosne, à M. de Montigny-Trudaine, à M. le marquis de Chimène, rue des Bons-Enfants près du Palais-Royal . C'est une œuvre charitable que je recommande à votre piété .

J'ai pris la liberté de vous adresser un certificat de vie pour M. de Laleu, car vous m'avez accoutumé à employer vos bontés pour le temporel comme pour le spirituel ; voici une petite lettre pour Protagoras qui ne regarde pas le temporel . Songez toujours que vous m'aviez promis les sottises de Crevier sur Montesquieu . Je le paierai sans faute de toutes ses peines, dès que j'aurai son mémoire final .

On doit aussi vous avoir envoyé une Seconde lettre du quakre, qui est un sermon très orthodoxe , et très charitable . Ces petits ouvrages font beaucoup de bien aux bonnes âmes, et nourrissent la dévotion . Je vous embrasse bien tendrement . Écr l'inf . »

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23/02/2019 | Lien permanent

J'en demande bien pardon, mais mon erreur était bien excusable

... sera, soit l'introduction, soit la conclusion de l'audition de M. Collomb, ministre de l'Intérieur, ce propos étant possible tant de la bouche du ministre que dans celle d'un des députés interrogateurs . Je doute cependant qu'on entende cette excuse de qui que ce soit .

"Il n'y a pas eu et il n'y aura pas d'impunité !" , qu'on se le dise !

https://www.francetvinfo.fr/politique/emmanuel-macron/agr...

 

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Qui dit mieux ?

https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/affaire-bena...

 

 

« A Philippe Debrus

à Genève

6è auguste [1763] à Ferney 1

J'avais mandé une nouvelle prématurée il y a environ quinze jours . J'en demande bien pardon, mais mon erreur était bien excusable ; M. Mariette m'écrivait je vais voir des pièces qui doivent être chez M. de Crosne . Elles n'étaient pourtant point arrivées, monsieur le chancelier ne les reçut que dix jours après , il les garda quelque temps avant de les remettre au rapporteur .

Vous croyez bien que nos amis ne s'endormiront pas à Paris ; mais s'ils s'endorment je leur donnerai de furieux coups d'aiguillon pour les éveiller . J'espère venir dans quelques jours embrasser monsieur Debrus, et lui faire mes tendres compliments . »

1 Debrus a noté sur le manuscrit « R[épondu] le 8 août » .

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23/07/2018 | Lien permanent

Ces messieurs-là connaissent bien mal leur monde, et sont bien maladroits

... Russie-Ukraine et le reste du monde . Poutine veut décidément bien emm... le reste du monde, et il y réussit .  Les affaires de gros sous ont le vent en poupe (surtout quand il y a du gaz dans les tuyaux ). Xi Jin Ping se frotte les mains .

Rencontre Poutine-Macron : cette photo "étrange" que tous "auraient voulu  faire"

Comme ça, ils ne peuvent pas se blairer (au sens premier = https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition... )

 

 

« Au chevalier Pierre de Taulès

A Ferney, 10 novembre 1766 1

J'ose supplier, monsieur, Son Excellence ou vous, de vouloir bien mettre dans vos paquets de la cour ces deux guenilles que MM. les ducs de Choiseul et de Praslin m'ont demandées . Dites-moi, je vous en prie, ce qu'on pense de Jean-Jacques à Genève . Les vingt-cinq perruques sont assurément sur des têtes de travers, si elles pensent que je suis enrôlé contre elles dans le régiment de Rousseau . Ces messieurs-là connaissent bien mal leur monde, et sont bien maladroits .

M. Thomas, Dieu merci, a tous les suffrages . Donnez-moi ici le vôtre , et traitez avec amitié

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Le manuscrit a été vendu lors de la même vente que la lettre précédente : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/14/je-sais-attendre.html

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15/02/2022 | Lien permanent

L’horrible absurdité des persécutions, sur des matières où personne ne s’entend, commence à être décriée partout. Nous s

... Hélas non !

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« A Olivier des Monts

25 décembre 1767 1

La personne à qui vous avez bien voulu écrire, monsieur, le 17 de décembre, peut d’abord vous assurer que vous ne serez point pendu. L’horrible absurdité des persécutions, sur des matières où personne ne s’entend, commence à être décriée partout. Nous sortons de la barbarie. Un édit pour légitimer vos mariages a été mis trois fois sur le tapis devant le roi à Versailles : il est vrai qu’il n’a point passé ; mais on a écrit à tous les gouverneurs de province, procureurs généraux, intendants, de ne vous point molester. Gardez-vous bien de présenter une requête au Conseil, au nom des protestants, sur le nouvel arrêt rendu à Toulouse ; elle ne serait pas reçue . Mais voici, à mon avis, ce qu’il faut faire.

Un conseiller au parlement de Toulouse fit imprimer, il y a environ quatre mois, une lettre contre le jugement définitif rendu par messieurs les maîtres des requêtes en faveur des Calas. Le Conseil y est très maltraité, et on y justifie, autant qu’on le peut, l’assassinat juridique commis par les juges de Toulouse. M. de Chardon, maître des requêtes, et fort avant dans la confiance de M. le duc de Choiseul, n’attend que cette pièce pour rapporter l’affaire des Sirven au conseil privé du roi.

Tâchez de vous procurer cet impertinent libelle par vos amis . Qu’on l’adresse sur-le-champ à M. de Chardon, avec cette apostille sur l’enveloppe : pour l’affaire des Sirven, le tout sous l’enveloppe de Mgr le duc de Choiseul, à Versailles. Cela demande un peu de diligence. Ne me citez point, je vous en prie. Il faut aller au secours de la place sans tambour et sans trompette.

Je vais écrire à M. de Chardon que probablement il recevra, dans quelques jours, la pièce qu’il demande. Quand cela sera fait, je me flatte que M. le duc de Choiseul lui-même protégera ceux qu’on exclut des offices municipaux. La chose est un peu délicate, parce que vous n’avez pas les mêmes droits que les luthériens ont en Alsace, et que d’ailleurs M. le duc de Choiseul n’est point le secrétaire d’État de votre province . Mais on peut aisément attaquer l’arrêt de votre parlement, en ce qu’il outrepasse ses pouvoirs, et que la police des offices municipaux n’appartient qu’au Conseil.

Voilà tout ce qu’un homme qui déteste le fanatisme et la superstition peut avoir l’honneur de vous répondre, en vous assurant de ses obéissances, et en vous demandant le secret. »

 

 

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