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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

je me cherche des crimes pour justifier votre indifférence. Je vois bien qu'il n'y a point de passion qui ne finisse

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 Comme toute grande coquette, se faire désirer ...

 

 

« A Catherine II, impératrice de Russie


 

A Ferney, 9 auguste 1774


 

Madame,


 

Je suis positivement en disgrâce à votre cour. Votre Majesté Impériale m'a planté là pour Diderot ou pour Grimm ou pour quelque autre favori. Vous n'avez eu aucun égard pour ma vieillesse. Passe encore si Votre Majesté était une coquette française, mais comment une impératrice victorieuse et législatrice peut-elle être si volage ?


 

Je me suis brouillé pour vous avec tous les Turcs [voir tout ce que V* a écrit depuis 1768 sur eux et le sultan depuis le début de la guerre russo-turque], et même encore avec M. le marquis Pugatshew [$], et votre oubli est la récompense que j'en reçois! Voilà qui est fait, je n'aimerai plus d'impératrice de ma vie.


 

Je songe cependant que j'aurais bien pu mériter ma disgrâce. Je suis un petit vieillard indiscret qui me suis laissé toucher par les prières d'un de vos sujets nommé Rose, Livonien de nation, marchand de profession, déiste de religion, qui est venu apprendre la langue française à Ferney. Peut-être n'a-t-il pas mérité vos bontés que j'osais réclamer pour lui.


 

Je m'accuse encore de vous avoir ennuyée par le moyen d'un Français dont j'ai oublié le nom [« L'avocat Dumesnil qui voulait aider (l'impératrice) à faire des lois » et dont V* reparlera le 19 octobre], qui se vantait de courir à Pétersbourg pour être utile à Votre Majesté et qui sans doute a été fort inutile.


 

Enfin je me cherche des crimes pour justifier votre indifférence. Je vois bien qu'il n'y a point de passion qui ne finisse.[$$] Cette idée me ferait mourir de dépit si je n'étais pas tout près de mourir de vieillesse.


 

Que Votre Majesté, Madame, daigne donc recevoir cette lettre comme ma dernière volonté, comme mon testament. Signé votre admirateur, votre délaissé, votre vieux Russe de Ferney.


 

V. »

$ Insurrection menée par le pseudo-tsar Pougatchev ; en janvier Catherine écrivait : «  Je m'attendais à y voir [à Silistrie] les oisifs fort occupés d'un voleur de grand chemin qui pille le gouvernement d'Orembourg, et qui tantôt pour effrayer les paysans prend le nom de Pierre III et tantôt celui de son employé ».



 

$$ Le 4 septembre Catherine répond : « … quoique très plaisamment vous prétendiez être en disgrâce à ma cour, je vous déclare que vous ne l'êtes point … Je vous révêre tout comme par le passé … Mais en vérité … j'aurais envie de me plaindre à mon tour des déclarations d'extinction de passion que vous me faites... »

 

 

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09/08/2010 | Lien permanent

le remercier, je ne sais pas trop bien de quoi, car j'avais demandé plusieurs choses, et on me disait qu'il me les avait

1er avril : ouverture du château de Voltaire à la visite à 10h ; voir :  

http://voltaire.monuments-nationaux.fr/fr/bdd/page/visites

http://www.monuments-nationaux.fr/fr/actualites/a-la-une/...

et

 http://voltaire-a-ferney.org/40.html

Résistances ! cette exposition est tout à fait à sa place  chez  Volti . Non seulement il a fait de la résistance aux pouvoirs injustes, non seulement il a résisté aux maux, mais il a fait des mots son arme pour contre-attaquer . J'ai hâte de voir ce que Michel Butor et Michel Launay, entre autres, ont choisi de montrer, et je peux vous assurer que ce matin je serai fernésien, avec au coeur une pensée plus qu'amicale pour Mam'zelle Wagnière .

Résiste : http://www.deezer.com/listen-8773797

 

Appel-du-18-Juin-en_2007.gif

 

 

« A Marie-Louise Denis

à l'hôtel d'Herbouville

rue Pavée à Paris

 

Ce jeudi [1er avril 1745]

 

Je comptais bien , ma chère enfant, vous revoir après le spectacle à Versailles 1. La lutinerie de la cour en ordonna tout autrement . On me dit qu'il fallait courir après le roi à bride abattue, et se trouver à un certain moment dans un certain coin, pour le remercier, je ne sais pas trop bien de quoi, car j'avais demandé plusieurs choses, et on me disait qu'il me les avait toutes accordées . On me présenta donc à Sa Très Gracieuse Majesté, qui me reçu très gracieusement et que je remerciai très humblement . Mais faire signer des brevets est une chose beaucoup plus difficile que de faire des remerciements . On dit à présent qu'il faut que je ne désempare pas jusqu'à ce que tout soit bien cimenté, scellé et consommé 2. J'aimerais mieux venir vous embrasser, et et finir votre affaire avec La Porte que la mienne avec le roi . Je serai honteux d'être heureux si vous ne l'êtes pas et quand vous voudrez, je parlerai à M. le contrôleur général qui doit avoir quelque crédit sur les La Porte . Si vous voyez Mme Dupin, dites-lui bien à quel point je lui suis dévoué . Si vous dites à votre sœur que je lui ai écrit, dites-lui qu'après vous c'est celle de mes nièces que j'aime le mieux . Vous méritez, ma chère enfant, des sentiments bien distingués et je les aurai assurément pour vous toute ma vie . Je vous embrasse avec la plus vive tendresse.

 

V. »

 

1Le dimanche précédent, il avait invité sa nièce à venir au château dans sa petite chambre n° 144 près du « piu puzzolente cacatoio di Versailles ».

Voir aussi lettre du 2 décembre 1745 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/12/02/trou-ou-je-demeure-petite-chambre-n-144-pres-du-piu-puzzolen.html#more

2 Charge de gentilhomme ordinaire de la chambre du roi et place d’historiographe de France ; le brevet d'historiographe est daté du 1er avril 1745 ; V* ne deviendra gentilhomme ordinaire qu'en novembre 1746 quand une charge se libèrera, et le brevet sera signé le 22 décembre 1746.

 

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01/04/2011 | Lien permanent

Qu’importe l’auteur d'un livre pourvu qu'il fasse du bien aux bonnes âmes

... Les Evangiles , et les Actes des apôtres , et l'Apocalypse sont-ils du nombre des livres qui font du bien ? et seulement à ceux qui sont de bonne volonté ? Quant aux mauvaises âmes incultes , qu'elles aillent au diable !

Joyeux réveillon et bien le bonjour au petit Jésus et à ses parents involontaires, et une caresse aux premiers témoins que sont le boeuf et l'âne .

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« Les choses prodigieuses et improbables doivent être quelquefois rapportées, mais comme des preuves de la crédulité humaine. »

Dictionnaire philosophique – Article : HISTOIREVOLTAIRE.

http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/08/citation-du-jour-8.html

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

2è novembre 1764 1

Mon cher frère, comptez que je ne me suis pas alarmé mal à propos sur ce Portatif qu'on m'imputait , et qu’il a été nécessaire de prendre à la cour des précautions qui ont coûté beaucoup à ma philosophie . Le mal vient de ce que des frères zélés m'ont nommé d'abord . Il faudrait que les ouvrages utiles n'appartinssent à personne . On doute encore de l'auteur de l'Imitation de Jésus-Christ . Qu’importe l’auteur d'un livre pourvu qu'il fasse du bien aux bonnes âmes ? Je ne sais pourquoi frère Protagoras ne m'écrit point ; je n'en compte pas moins sur son zèle fraternel . Hélas ! si les philosophes s’entendaient, ils deviendraient tout doucement les précepteurs du genre humain .

Avez-vous entendu parler de la nouvelle édition du testament du cardinal de Richelieu ? On croit m'avoir démontré que ce testament est authentique ; mais je me sens de la pâte des hérésiarques 2, je n’ai jamais été plus ferme dans mon opinion, et vous entendrez bientôt parler de moi ; cela vous amusera ; je m'en rapporterai entièrement à votre jugement . Mais surtout, mon cher frère, écr l'inf. »

1 L'édition de Kehl, suite à la copie Beaumarchais, amalgame des fragments de cette lettre avec une version abrégée de la lettre du 7 novembre 1764 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/08/correspondance-annee-1764-partie-36.html

2 Cette phrase est citée dans les Mémoires secrets (11 novembre 1764 ) : http://obvil.lip6.fr/crit2017/1780_Bachaumont_Memoires_secrets_pour_servir_a_lhistoire_de__861_GALLICA.xml

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24/12/2019 | Lien permanent

Il a daigné faire du bien à ceux que j’ai pris la liberté de lui recommander, et je lui suis trop attaché pour lui prése

... C'est ainsi que M. Attal  commente ses choix ministériels auprès du président . Les faits , malheureusement, montrent qu'il n'a pas que des blanc-bleu dans son équipe , et les hors-jeu débordent déjà .

A ce rythme là, va savoir ce qui nous attend encore : https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/remaniement-acte-ii-macron-monte-en-premiere-ligne-des-nominations-toujours-attendues_228318.html

 

 

 

« A Henri Lambert d'Herbigny, marquis de Thibouville

22 mai 1768

Je vous aimerai autant que j’aimerai mes anges, c’est-à-dire jusqu’à mon dernier soupir. Je n’écris guère, mon cher marquis, parce que j’ai très peu de temps à moi. La décrépitude, les souffrances du corps, l’agriculture, les peines d’esprit, inséparables du métier d’homme de lettres, une nouvelle édition du Siècle de Louis XIV, tout cela ne me laisse pas respirer. Ajoutez-y la calomnie toujours aboyante, et les persécutions toujours à craindre, vous verrez que j’ai besoin de solitude et de courage.

Je sais qu’un de mes malheurs est de ne pouvoir être ignoré. Je sais tout ce qu’on dit, et je vous jure qu’il n’y a pas un mot de vrai. Je n’aime la retraite que parce qu’elle est absolument nécessaire à mon corps et à mon âme. Vivez à Paris, vous autres mondains ; Paris est fait pour vous, et vous pour lui. Aimez le théâtre comme on aime sa vieille maîtresse qui ne peut plus donner de plaisir, mais qui en a donné. Tout le monde la trouve fort vilaine ; mais il est beau à vous et à mes anges d’avoir avec elle de bons procédés.

Il y a très longtemps que je n’ai écrit à ces chers anges ; mais si vous leur montrez ma lettre, ils y verront tous les sentiments de mon cœur.

Je suis enchanté que vous causiez souvent avec madame Denis. Vous devez tous deux vous aimer ; je vous ai vus tous deux très grands acteurs. Entre nous, mon ami, la vie de la campagne ne lui convient pas du tout. Je ne hais pas à garder les dindons, et il lui faut bonne compagnie ; elle me faisait un trop grand sacrifice ; je veux qu’elle soit heureuse à Paris, et je voudrais pouvoir faire pour elle plus que je n’ai fait.

J’ai avec moi actuellement mon gendre adoptif , qui sera assurément un officier de mérite. M. le duc de Choiseul, qui se connaît en hommes, commence déjà à le distinguer. Il a daigné faire du bien à ceux que j’ai pris la liberté de lui recommander, et je lui suis trop attaché pour lui présenter des personnes indignes de sa protection.

Je compte toujours sur celle de MM. les ducs de Choiseul et de Praslin. Vous savez que j’en ai un peu besoin contre la cabale fréronique, et même contre la cabale convulsionnaire, qui seraient bien capables de me persécuter jusqu’au tombeau, comme les jésuites persécutèrent Arnauld. Mon curé prend l’occasion de la Pentecôte pour vous faire ses plus tendres compliments. La première fois que je rendrai le pain bénit, je vous enverrai une brioche par la poste.

V. »

 

 

 

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15/01/2024 | Lien permanent

Il y a des choses bien humiliantes dans l’espèce humaine ; mais il n’y en a point de plus honteuse que de voir continuel

...Oui ! mais quelle idée de demander à ces célèbres garagistes de se prononcer sur les arts, quand bien même ils ne sont pas tous dotés d'oreilles d'âne : chez ces bénis des dieux, chaque pièce de ferraille passant par leurs mains est vendue à prix d'or !

Laisserons nous alors les Midas-marchands d'art-impesarios ratisser autant d'or que possible et s'ériger en connaisseurs critiques sans autre réelle volonté que vendre le plus cher possible: du beau parfois, du moche souvent, du ridicule et insignifiant trop abondamment , des merdes ( et autres produits d'émonctoires ) au sens premier du terme,  car l'argent n'a pas d'odeur  et qu'il y a suffisamment de gogos acheteurs-spectateurs-sectateurs ?

L'art , dès qu'il devient marchandise vendue par un professionnel, perd toute réalité esthétique, se chosifie comme une paire de vieilles savates présentées comme bottes de sept lieues !

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Pas de date limite de consommation : laissé au goût du client

https://www.youtube.com/watch?v=lFynoeD0RUs

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

16 d’Octobre [1765] 1

Mon cher et vrai et grand philosophe, madame de Florian , qui retourne à Paris, vous dira combien vous êtes aimé à Ferney, et combien l’injustice qu’on vous fait nous a paru welche ; mais, en récompense, on dit qu’on donne une pension à l’auteur du Siège de Calais et à ceux du Journal chrétien. Il y a des choses bien humiliantes dans l’espèce humaine ; mais il n’y en a point de plus honteuse que de voir continuellement les arts jugés par des Midas.

Votre aventure fait tort à la nation, ou plutôt à ceux qui la gouvernent par leurs premiers commis. Je rougis quand je songe qu’on vous a refusé chez vous la vingtième partie de ce qu’on vous a offert dans les pays étrangers. Le mérite, les talents, la réputation, seront-ils donc regardés comme les ennemis de l’État ?

Quoi ! vous ne voulez pas croire que Jean-Jacques, pour avoir la sainte communion huguenote, a promis (page 90)  de s’élever clairement contre l’ouvrage infernal De l’Esprit, qui, suivant le principe détestable de son auteur, prétend que sentir et juger sont une seule et même chose, ce qui est évidemment établir le matérialisme ?2  Cela est écrit et signé de la main de Jean-Jacques , et frère Damilaville vous apporte l’exemplaire d’où ces belles paroles sont tirées. En vérité les Velches valent encore mieux que les Genevois. Vous êtes un peu vengé à présent de ces déistes honteux ; les prêtres sont dans la boue, et les citoyens dans un orage. Le Conseil et les bourgeois sont divisés plus que jamais, et je crois que le Conseil a tort, parce que des magistrats veulent toujours étendre leur pouvoir, et que le peuple se borne à ne vouloir pas être opprimé. Au milieu de toutes ces querelles, l’inf… est dans le plus profond mépris. On commence de tous côtés à ouvrir les yeux. Il y a certains livres 3 dont on n’aurait pas confié le manuscrit à ses amis, il y a quarante ans, dont on fait six éditions en dix-huit mois. Bayle paraît aujourd’hui beaucoup trop timide. Vous sentez bien que le fanatisme écume de rage, à mesure que le jour 4 de la raison commence à luire. J’espère que du moins cette fois-ci les parlements combattront pour la philosophie sans le savoir. Ils sont forcés de soutenir les droits du roi contre les usurpations des évêques. On ne s’était pas douté que la cause des rois fût celle des philosophes ; cependant il est évident que des sages, qui n’admettent pas deux puissances, sont les premiers soutiens de l’autorité royale. La raison dit que les prêtres ne sont faits que pour prier Dieu ; les parlements sont en ce point d’accord avec la raison.

 Grâce aux préventions de leur esprit jaloux,

Nos plus grands ennemis ont combattu pour nous 5.

J’ai passé des jours délicieux avec frère Damilaville, et je voudrais vivre et mourir entre vous et lui. Ne pouvant remplir ce désir, je souhaite au moins que les sages de Paris soient unis entre eux.

Cinq ou six personnes de votre trempe suffiraient pour faire trembler l’inf… et pour éclairer le monde. C’est une pitié que vous soyez dispersés sans étendard et sans mot de ralliement. Si jamais vous faites quelque ouvrage en faveur de la bonne cause, frère Damilaville me le fera tenir avec sûreté ; vous ne serez point compromis par des bavards, comme vous l’avez été.

On mettra le nom de feu M. Boulanger à la tête de l’ouvrage. Vous êtes comptable de votre temps à la raison humaine. Ayez l’inf… en exécration, et aimez-moi ; comptez que je le mérite par les sentiments que j’aurai pour vous jusqu’au jour où je rendrai mon corps aux quatre éléments, ce qui arrivera bientôt, car j’ai une faiblesse continue, avec des redoublements. »

1 V* répond à une lettre du 7 octobre 1765 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/02/correspondance-avec-d-alembert-partie-39.html . D'Alembert y note que l'Académie a fait une seconde démarche le 14 août 1765 pour l'octroi de sa pension, et qu'il a écrit au Journal encyclopédique (« Lettre de M. d'Alembert aux auteurs de ce journal » 1er octobre 1765, datée du 28 septembre .)

2 C’est la page d’un recueil des lettres de Montmolin et de Rousseau que Voltaire donne ici. (Georges Avenel.) . Voir lettre du 28 août 1765 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/12/24/je-suis-bien-sur-que-vous-approuverez-qu-on-estime-ou-qu-on-6286264.html

Rousseau ne s’est expliqué, avons-nous dit, que verbalement. (Georges .Avenel.)

3 Le Dictionnaire philosophique .

4 Lefèvre a ajouté ici de la raison,ces mots dont rien de garantit l'authenticité ont été passés dans les édition suivantes .

5 Britannicus ,ac. V,sc.1, de Racine.

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13/02/2021 | Lien permanent

malheureusement pour nous, nos solitudes ne sont pas bien fécondes en nouvelles. Tout ce que j’espère faire, c’est de vo

... chère Mam'zelle Wagnière qui êtes si loin pour un temps, et si attachante pour toujours .

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« A Mme de Champbonin 1

Aux Délices, 17 novembre [1763] 2

Je ne sais si vous savez, mon cher gros chat, que je deviens aveugle ; vous me direz que je suis très clairvoyant sur le mérite des Pompignan ; je vous assure que je ne le suis pas moins sur les devoirs de l’amitié. Je vous écrirais plus souvent si j’avais du temps et des yeux ; mais tout cela me manque : vous savez de plus que j’ai l’honneur d’avoir soixante-dix ans, et qu’étant né très faible, je n’acquiers pas de la force avec l’âge. On meurt en détail, ma chère amie , puissiez-vous jouir d’une meilleure santé que la mienne ! Je n’ai pas la consolation d’espérer de vous revoir ; nous sommes l’un et l’autre dans des hémisphères différents. J’ai un ami dans ce pays-ci qui va souvent en Amérique, mais qui en revient comme de Versailles à Paris ; il n’en est pas de même d’un gros chat dont la gouttière est en Champagne, et d’un aveugle posté dans les Alpes. Il faut se dire adieu, ma chère amie ; cela est douloureux. Je sens que je passerais avec vous des moments bien agréables ; mais nous sommes cloués par la destinée chacun chez nous, et, malheureusement pour nous, nos solitudes ne sont pas bien fécondes en nouvelles. Tout ce que j’espère faire, c’est de vous dire que je vous aime de tout mon cœur. Quand cela est dit, je vous le redis encore : c’est comme l’Ave Maria qu’on répète . On dit qu’il ennuie la Sainte Vierge, et j’ai peur d’ennuyer gros chat par de pareilles répétitions. Que n’êtes-vous la nièce de Corneille ? Je vous aurais remariée, et vous seriez grosse actuellement, et nous vivrions ensemble le plus gaiement du monde.

Adieu, mon cher gros chat ; vivons tant que nous pourrons ; mais la vie n’est que de l’ennui ou de la crème fouettée. »

2 L'édition de Kehl date de 1764 ; Beuchot corrige l'année .

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10/11/2018 | Lien permanent

je ne me porte pas si bien que vous mais vous m'étonnez de me dire qu'il ne faut pas travailler dans la vieillesse ; c'e

... Mon pauvre Voltaire, ils sont des millions à ne pas avoir goût pour cette consolation; ils faut avouer qu'eux n'aiment pas le travail qui n'est que leur gagne-pain .

 

 

« A l'abbé Pierre-Joseph Thoulier d'Olivet

Doyen de l'Académie française etc.

près du Louvre

à Paris

23è auguste 1767.

Si j'étais votre Atticus, mon cher Cicéron, praeclare venderem 1 votre livre très instructif ; et je vous assure qu'au propre votre libraire le vendra à merveille. Je vous assure que je ne me porte pas si bien que vous mais vous m'étonnez de me dire qu'il ne faut pas travailler dans la vieillesse ; c'est, ce me semble, la plus grande consolation de notre âge ; decet musarum cultorem scribentcm mori 2. Je ne hais pas même la guerre à mon âge , cela me ranime, et je ris quelquefois dans ma barbe.

Si je ne peux plus faire de tragédies, on en fait chez moi qui vaudront mieux que les miennes . Nous les jouerons bientôt sur le théâtre de Ferney. Je ne faisais pas mal les rôles de vieillard; mais je deviens aveugle tous les jours, et je ne pourrais plus jouer que le rôle de Tirésias. Puissiez-vous avoir la goutte, mon cher confrère ! Bernard de Fontenelle 3 en avait quelques accès, et il vécut jusqu'à cent ans , c'est un avant-goût de la vie éternelle.

Il faut que je vous envoie quelque jour La Défense de mon oncle . Il y a je ne sais quelle bavarderie orientale et hébraïque qui pourra amuser un savant comme vous.

J'admire votre style, et votre petite écriture nette et ferme. Pour moi, je suis obligé presque toujours de dicter. Vous êtes meliore luto 4 que moi. Non equidem invideo; miror magis. 5

Mes respects à l'Académie, je vous en supplie; et quelques sifflets, si vous le voulez, à la Sorbonne.

Et, sur ce, je vous embrasse de tout mon cœur, avec les sentiments les plus inaltérables. Ainsi fait ma nièce.

V. »

1 Je vendrais très bien . Le livre dont il est question est : Remarques sur la langue française : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8339z.image

( Traité de la Prosodie française, 1736 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50813j.image

2 D'après le mot attribué à Vespasien par Suétone : Divus Vespasianus, XXIV : Imperatorem […] stantem mori oportere, c'est-à-dire : « Il faut qu'un empereur meure debout », ici :Il faut que celui qui cultive les muses meure en écrivant .

3 Cette façon de désigner un contemporain par son prénom et son nom est rare à l'époque, spécialement chez V*.

4 Juvénal, Satires, XIV, 35 ; d'une meilleure argile . Allusion à la fable antique du premier homme fait de limon ou d'argile .

5 Virgile, Bucoliques, I, 11 ; Je ne t'en envie pas pour autant : c'est plutôt que je t'admire .

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13/04/2023 | Lien permanent

croyez-moi, il y a encore en France bien des gens embourbés, qui, tout couverts d’ordures, ne veulent pas qu’on les nett

... C'est hélas vrai ! Il en est trop d'exemples pour en faire la liste , politiques, religieux, fonctionnaires et tous corps de métiers en fournissent leurs lots , et même, parfois, vous et moi : nobody's perfect .

Nobody's perfect | moncarnetdanalyse

Vivons en utilisant correctement les deux bouts

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

À Ferney, 3 janvier 1766. 1

Eh mon Dieu ! mon ange tutélaire, pourquoi ne serait-ce pas vous qu’on nommerait médiateur2 ? Votre ministère parmesan y mettrait-il obstacle ? Il me semble que non. Ce ministère ne vous empêche pas d’être conseiller d’honneur au parlement, et je vous avertis que nos Genevois désirent passionnément un magistrat.

Vous verrez, par l’imprimé ci-joint3, qui m’est tombé entre les mains, que les perruques de Genève ne doivent point être ébouriffées de la façon dont on parle des affaires et des miracles de Jean-Jacques .

Je sais que quelques personnes m’ont attribué plusieurs de ces brimborions ; mais, Dieu merci, on ne me convaincra jamais d’y avoir eu la moindre part. J’en suis aussi innocent que du Dictionnaire philosophique, qu’on m’a si indignement imputé. Il y a dans Neuchâtel, à Lausanne, et dans Genève, des gens de beaucoup d’esprit qui se plaisent à écrire sur ces matières. On en avait un très-grand besoin. Ces cantons et une grande partie de l’Allemagne étaient plongés dans la plus horrible superstition : on sort à présent de cette fange ; mais, croyez-moi, il y a encore en France bien des gens embourbés, qui, tout couverts d’ordures, ne veulent pas qu’on les nettoie. L’opinion gouverne les hommes, et les philosophes font petit à petit changer l’opinion universelle.

Voici des vers4, mes divins anges, que j’ai faits tout d’une tire 5 sur un sujet qui m’a paru en valoir la peine . Voyez si les vers ne sont pas trop indignes du sujet.

Ah ! si vous pouviez être plénipotentiaire à Genève !

Puis-je présenter par vous mes respects à M. le duc de Praslin et à M. le marquis de Chauvelin ? Je me mets sous vos ailes pour 1766. »

1 Sur le manuscrit olographe l'année est corrigée de 1765 en 1766 ; l'édition Supplément au recueil amalgame à la présente lettre quelques lignes de celle du 8 janvier 1766 : « Je vous supplie de vouloir bien engager M. Marin à empêcher les libraires d’imprimer les tristes vers que j’ai faits sur un événement fort triste. J’ai assez parlé de Henri IV en ma vie, sans ennuyer encore ses mânes. »

2 Dans sa lettre du 21 décembre 1765, Voltaire proposait de nommer médiateur Hennin, déjà résident à Genève. Cette idée ayant été rejetée, Voltaire pensait à d'Argental. Ce fut le chevalier de Beauteville, ambassadeur de France en Suisse, qui fut nommé médiateur pour la France dans les affaires de Genève. Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/04/13/il-faut-bien-pourtant-qu-il-y-ait-quelque-chose-de-tres-bon-6309498.html

3 La collection des Lettres sur les miracles.

4 Épître à Henri IV, sur ce qu’on avait écrit à l’auteur que plusieurs citoyens de Paris s’étaient mis à genoux devant la statue équestre de ce prince pendant la maladie du Dauphin ; voir : https://zims-lfr.kiwix.campusafrica.gos.orange.com/wikisource_fr_all_maxi/A/%C3%89p%C3%AEtres_(Voltaire)/%C3%89p%C3%AEtre_96

5 Tout d'une traite .

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Je n'ai [... ]que cette horreur pour le fanatisme intolérant ; horreur bien raisonnable, et qu’il est utile d’inspirer a

... S'il est une des meilleures choses à laquelle il faut se tenir, c'est bien celle-là .

 

 

http://123parlefrancais.blogspot.com/2020/10/le-vaccin-pa...

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond

marquise Du Deffand

20è janvier 1766 1

Je me jette à vos genoux, madame ; je vois par votre lettre du 6è janvier 2, qui ne m’est parvenue pourtant que le 18, que je vous avais alarmée. Comptez que je serais désespéré de vous causer la plus légère affliction. Vous sentez bien que, dans la situation où je suis, je ne dois donner aucune prise à la calomnie : vous savez qu’elle saisit les choses les plus innocentes pour les empoisonner. Il y a des gens qui m’envient une retraite au milieu des rochers, qui n’auraient pitié ni de ma vieillesse, ni des maux qui l’accablent, et qui me persécuteraient au delà du tombeau ; mais je suis pleinement rassuré par votre lettre, et vous avez dû voir par ma dernière 3 avec quelle confiance je vous ouvre mon cœur ; ce cœur est plein de vous, il est continuellement sensible à votre état comme à votre mérite, il aime votre imagination et votre candeur, il vous sera attaché tant qu’il battra dans mon faible corps.

Vous et votre ami, vous pouvez avoir été convaincus par ma dernière lettre combien je suis éloigné de quelques philosophes modernes qui osent nier une intelligence suprême, productrice de tous les mondes. Je ne puis concevoir comment de si habiles mathématiciens nient un mathématicien éternel. Ce n’était pas ainsi que pensaient Newton et Platon. Je me suis toujours rangé du parti de ces grands hommes. Ils adoraient un Dieu, et ils détestaient la superstition ; je n’ai rien de commun avec les philosophes modernes que cette horreur pour le fanatisme intolérant ; horreur bien raisonnable, et qu’il est utile d’inspirer au genre humain pour la sûreté des princes, pour la tranquillité des États, et pour le bonheur des particuliers.

Voilà ce qui m’a lié avec des personnes de mérite qui peut-être ont trop d’inflexibilité 4 dans l’esprit, qui se plient peu aux usages du monde, qui aiment mieux instruire que plaire, qui veulent se faire écouter, et qui dédaignent d’écouter ; mais ils rachètent ces défauts par de grandes connaissances et par de grandes vertus. J’ai d’ailleurs des raisons particulières d’être attaché à quelques-uns d’entre eux, et une ancienne amitié est toujours respectable. Mais soyez bien persuadée, madame, que de toutes les amitiés la vôtre m’est la plus chère. Je n’envisage point sans une extrême amertume la nécessité de mourir sans m’être entretenu quelques jours avec vous ; c’eût été ma plus chère consolation. Vos lettres y suppléent : je crois vous entendre quand je vous lis. Jamais personne n’a eu l’esprit plus vrai que vous ; votre âme se peint tout entière dans tout ce qui vous passe par la tête ; c’est la nature elle-même avec un esprit supérieur ; point d’art, point d’envie de se faire valoir, nul artifice, nul déguisement, nulle contrainte. Tout ce qui n’est pas dans ce caractère me glace et me révolte. Je vous aime, madame, parce que j’aime le vrai : en [un] mot, je suis au désespoir de ne point passer quelques jours avec vous, avant de rendre ma chétive machine aux quatre éléments.

Vous ne m’avez point mandé si vous digérez ; tout le reste, en vérité, est bien peu de chose.

Faites-vous lire, madame, le rogaton 5 que je vous envoie, et ne le donnez à personne, car, quelque bon serviteur que je sois de Henri IV, je ne veux pas me brouiller avec sainte Geneviève. »

1 L'édition de Kehl la date du 27, ;suivant la copie de Beaumarchais V* semble répondre à une lettre du 6 janvier 1766 connue par une copie de Wyart (voir note suivante), mais on possède une autre lettre de Mme du Deffand du 14 janvier 1766 qui contient les mêmes thèmes, plus une allusion à « l'abbé Bazin » et des nouvelles du président Hénault .

2 Elle commence ainsi : « Jamais je n'ai rêvé d’oiseaux qu'il ne me soit arrivé quelque tracasserie . J'ai rêvé cette nuit de perroquet et à mon réveil j'ai reçu votre lettre du 1er janvier, elle a troublé ma pauvre tête . Je vous proteste que je ne 'ai donné de copie de vos lettres à personne , et que depuis celle qui vous a fait une tracasserie avec Montcrif je n'en ai lu aucune qu'à quatre ou cinq personnes, le président, Pont-de-Veyle, et mes Anglais . »

4 D'Alembert, qui n'est pas aimé de Mme Du Deffand, et qui le lui rend bien . (Beuchot.)

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09/05/2021 | Lien permanent

Considérez encore que tous les personnages mourraient, et qu’il faut bien au moins qu’il en reste un, n’importe lequel.

... Je ne peux manquer ici de penser à Donald Trump dont l'égo l'amène à retourner vite fait chez lui, faute d'avoir des arguments valables à exposer à ses contradicteurs . Beau courage en vérité ! il part comme un roquet, la queue entre les pattes .

 America first ? first pour se barrer, oui .

 

 

A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

13 juin [1763]

Mes divins anges j'ai reçu le paquet de Mme la duchesse d'Anville . J'écris à M. des Parcieux 1 et je souhaite au gouvernement l'honneur et la gloire d'exécuter le projet d'un académicien aussi habile que bon citoyen . Votre projet d'établir les feuilles de MM. Arnaud et Suard 2 est celui de saint Michel d'écraser le diable . Vous pensez bien que je servirai avec zèle dans votre armée . Si M. le duc de Praslin veut seulement favoriser la bonne volonté de quelques directeurs des postes qui m'enverront les nouveautés d'Angleterre, d'Italie et d’Allemagne, moyennant une petite rétribution, je fournirai exactement votre armée, et les deux chefs rédigeront à leur gré tout ce que je leur ferai parvenir . Je m'instruirai, je m'amuserai, je vous servirai . Rien ne pouvait m'arriver de plus agréable .

C’est monsieur le contrôleur-général 3 qui a fait graver Tronchin . C’est lui qui donne ces estampes et c’est lui faire plaisir de lui en demander. Je ne crois pas qu’il fasse graver messieurs de la grand’chambre, ni que messieurs fassent la dépense de son portrait : on siffle sa pièce 4, mais je ne l’en crois pas l’auteur. Pour celle d’Olympie, il est bien difficile d’exécuter l’idée que vous approuvez, et que je n’ai proposée que comme nouvelle, et non comme heureuse. Songez qu’Antigone étant mort, rien ne pourrait plus alors empêcher Olympie de se faire religieuse . Le pontife n’aurait plus à craindre le combat des deux rivaux dans le temple ; et s’il craignait la violence de Cassandre, il démentirait son caractère . Le théâtre serait trop vide, la fin trop maigre. Olympie, entre les deux rivaux, forme un bien plus beau spectacle qu’en se trouvant seule avec Cassandre ; et c’est peut-être quelque chose d’assez heureux d’introduire devant elle les deux princes, obligés tous deux de respecter celle qu’ils veulent enlever, et réduits à l’impossibilité de troubler la cérémonie. La mort d’Antigone ne peut jamais faire un grand effet. Ce n’est pas un tyran dont la mort soit nécessaire pour mettre deux amants en liberté, et ce n’est guère que dans ce cas que le spectateur aime la mort d’un personnage odieux. Antigone mort ne serait qu’un personnage de moins au cinquième acte. Considérez encore que tous les personnages mourraient, et qu’il faut bien au moins qu’il en reste un, n’importe lequel. Mais c’est le plus coupable qui s'est sauvé ? Oui . Par ma foi, mes anges, c’est ainsi que la Providence est souvent faite, et j’en suis bien fâché.

En attendant que je débrouille mes idées, voici une Zulime pour M. de Thibouville-Baron 5. Cette Zulime me paraît assez rondement écrite ; c’est tout. J’ai peu d’enthousiasme pour mes ouvrages, mes anges ; je n’en ai que pour vous.

A l'égard de Mlle Clairon si les frères Cramer débitent avec quelque avantage le tome d'Olympie, de Zulime et du Droit du seigneur 6 il faudra bien qu'ils fassent un présent . Mais peut-être pour assurer le débit du livre il faudra faire jouer ces pièces . Mes anges feront comme ils le jugeront à propos . Ils sont les maîtres, et je suis bien honteux de leur soumettre un si petit empire . »

1 Sur le physiocrate Deparcieux, voir lettre du 5 janvier 1763 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/11/15/il-faut-qu-il-mette-du-vin-dans-son-eau.html

2 Sur la Gazette littéraire d'Europe, voir lettre du 23 juin 1763 à d'Argental ; la « feuille » est la Gazette littéraire de l'Europe et la « gazette » est la Gazette de France dont Arnaud est un des éditeurs .

3 Bertin .

4 Ses édits .

5 Surnom donné par Voltaire au marquis de Thibouville, qui jouait fort bien les rôles tragiques.

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10/06/2018 | Lien permanent

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