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15/02/2010

Et cependant cela joue encore un rôle dans l’Europe !

Satisfaction-life.jpg

 

 http://www.youtube.com/watch?v=ulVDM0a49Lw

 Pourquoi cette insatisfaction qui m'a rappelé ce titre des seventies ? sarkozydeux-presidence-sondage-satisfaction-a-L-2.pngUn amour contrarié ? Mal aux pieds ? Médaille de bronze ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Allez! cette insatisfaction je la chasse avec mon antidote favori : Voltaire !

Et puis, si ça intéresse un psy, je passe à l'ange : Angie (au volant, je passe aussi à l'or-ange ! ) :

http://www.youtube.com/watch?v=JMkFjYRWM4M&feature=re...

 

 

 

« A Frédéric II , roi de Prusse

 

A Ferney, 15 février [1775]

 

             Sire,

 

             Je ne suis point étonné que le grand baron de Polnitz se porte bien à l’âge de quatre-vingt-huit ans ; il est grand, bien fait, bien constitué . Alexandre, qui était très bien constitué aussi, et très bien pris dans sa taille  , mourut à trente ans, après avoir seulement remporté trois victoires ; mais c’est qu’il n’était pas sobre, et qu’il s’était mis à être ivrogne.

 

Quand je le loue d’avoir gagné des batailles en jouant de la flûte comme Achille, ce n’est pas que je n’aie toujours la guerre en horreur ; et certainement j’irais vivre chez les quakers en Pensilvanie[m1] ,  si la guerre était partout ailleurs.

 

             Je ne sais si Votre Majesté a vu un petit livre qu’on débite actuellement à Paris, intitulé Le Partage de la Pologne, en sept dialogues, entre le roi de Prusse, l’impératrice-reine et l’impératrice russe. On le dit traduit de l’ anglais ; il n’a pourtant point l’air d’une traduction [m2] . Le fond de cet ouvrage est surement composé par un de ces Polonais qui sont à Paris. Il y a beaucoup d’esprit, quelquefois de la finesse, et souvent des injures atroces . Ce serait bien le cas de faire paraître certain poème épique   [m3] que vous eûtes la bonté de m’envoyer il y a deux ans . Si vous savez vaincre et vous arrondir[m4] , vous savez aussi vous moquer des gens mieux que personne. Le neveu de Constantin[m5] , qui a rit et qui a fait rire aux dépens des Césars, n’entendait pas la raillerie aussi bien  que vous.

 

             Je suis très maltraité  [m6] dans les sept dialogues ; je n’ai pas soixante mille hommes pour répondre ; et Votre Majesté me dira que je veux me mettre à l’abri sous votre égide . Mais en vérité, je me tiens glorieux de souffrir pour votre cause.

 

             Je fus attrapé comme un sot quand je crus bonnement, avant la guerre des Turcs, que l’impératrice de Russie s’entendait avec le roi de Pologne pour faire rendre justice aux dissidents, et pour établir seulement la liberté de conscience. Vous autres rois, vous nous en donnez bien à garder, vous êtes comme les dieux d’Homère, qui font servir les hommes à leurs desseins sans que ces pauvres gens s’en doutent.

 

             Quoi qu’il en soit, il y a des choses horribles dans ces sept dialogues qui courent le monde.

 

             A l’égard de d’Etallonde-Morival, qui ne s’occupe à présent que de contrescarpes et de tranchées, je remercie Votre Majesté de vouloir bien me le laisser encore quelque temps. Il n’en deviendra que meilleur meurtrier, meilleur canonnier, meilleur ingénieur ; et il vous servira avec un zèle inaltérable dans toutes les journées de Rosbac qui se présenteront.

 

             J’espère envoyer à Votre Majesté, dans quelque mois, un petit précis de son aventure velche[m7] , vous en serez bien étonné . Je souhaiterais qu’il ne plaidât que devant votre tribunal . C’est une chose bien extraordinaire que la nation velche ! Peut-on réunir tant de superstition et tant de philosophie, tant d’atrocité et tant de gaieté, tant de crimes et tant de vertus, tant d’esprit et tant de bêtises ?  Il ne faudrait qu’un Louvois et qu’un Colbert pour rendre ce rôle passable ; mais Colbert, Louvois et Turenne ne valent pas celui dont le nom commence par une F, et qui n’aime pas qu’on lui donne de l’encens par le nez .

 

             En toute humilité, et avec les mêmes sentiments que j’avais il y a environ quarante ans.

 

             Le vieux malade de Ferney. »


 [m1] Pour les idées que se fait V* sur la Pennsylvanie, voir les Lettres philosophiques, et l’Histoire de Jenni (1775)

 

 [m2] Le Partage de la Pologne en septt dialogues en forme de drame (Londres 1774), traduction de Joseph Mathias Gérard de Rayneval du texte attribué à Théophilus Lindsey (alias Gottlieb Pansmouser) ou à John Lind. Le 26 mars, réponse de F II : « L’auteur de cet ouvrage est un anglais nommé Lindsey, théologien de profession, et précepteur du jeune prince Poniatowski », qu’il a « composé sa satire en anglais », qu’on a envoyé ces Dialogues à traduire « à un certain Gérard » consul de France à Dantzig, que ce Gérard  qui le « hait cordialement » a retouché les Dialogues où « il y a par-ci par-là des grossièretés et des platitudes insipides » mais aussi « des traits de bonne plaisanterie ».

 

 [m3] La Guerre des Confédérés, poème de Frédéric envoyé à V* en novembre , imité de La Guerre civile de Genève de V* ; F II répondra le 2 mars qu’il a fait ce poème « pour se désennuyer » quand il était « alité de la goutte », que « dans cet ouvrage il est question de bien des personnes qui vivent encore, et (qu’il) ne doi(t) ni ne veu(t) choquer personne ni plus ni moins » . Le 26 mars, après avoir lu les Dialogues, il dit qu’il « n’ira point ferrailler à coups de plume contre ce sycophante ».

 

 

 

 [m5] L’empereur, dans ces Césars, sorte de tragi-comédie. Le 10 mars 1771, F II avait écrit à V* qu’il appréciait peu cette plaisanterie.

 

 [m6] On y dit que V* « a survécu à son influence » (celle de F II).

 

 [m7] Le 4 février, V* écrivait au roi : « … d’Etallonde-Morival … compte écrire dans quelque temps, ou au chancelier de France, ou au roi de France lui-même … Il ne fera partir sa lettre qu’après que … vous l’aurez approuvée . Vous serez étonné de cette affaire qui est … cent fois pire que celle des Calas  Vous y verrez un jeune gentilhomme innocent, condamné au supplice des parricides, par trois juges de province, dont l’un était un ennemi déclaré, et l’autre un cabaretier, marchand de cochons, autrefois procureur, et qui n’avait jamais fait le métier d’avocat… ». Le 28 mars, V* envoie « le mémoire de d’Etallonde … fondé sur les pièces originales qu’on (leur) cachait » et qu’ils ont « résolu d’envoyer à tous les jurisconsultes de l’Europe » pour avoir « l’Europe entière contre trois gredins d’Abbeville ». cf lettre du 16 avril à d’Argental ; Pour l’affaire de La Barre, cf lettres des 14 et 28 juillet 1766, des 13 et 31 décembre 1773, du 11 décembre 1774.

 

 

 

 

 

 

 

Une chanson que l'on aimerait vivre : http://www.dailymotion.com/video/x2ed4y_nicole-croisille-...

 

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