25/02/2010
la Gaussin, elle a les fesses trop avalées
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Mlle Gaussin a "les fesses trop avalées" !
D'abord, quand on porte un bonnet comme ça, il vaut mieux se taire !
Volti ! quel manque de reconnaissance envers une charmante maîtresse qui vous charma vers votre quarantaine et ranima un temps votre cinquantaine, au grand dam de Mme du Châtelet, avant de ceder aux charmes de Marie-Louise Denis.
Certe, Volti n'est pas le roi de la galipette, mais je me permets de souligner sa discourtoisie !
Il l'a encensée pourtant, mais il a eu sous les yeux "la belle-fille du marquis de Langalerie "belle comme le jour..." et adieu "la gentille Gaussin" ! Goujat !!
Messieurs, permettez que je me désolidarise de la gent masculine sur ce point.
Que vous le permettiez ou non, je ne changerai pas !
"Ah ! les hommes ! Vous êtes tous pareils" ai-je entendu il y a peu ! Et ça m'a fait mal, car vous le savez, quand une femme dit ceci, ce n'est pas un compliment . Sous entendu, si une plus jeune, si une supposée plus jolie est dans les environs, alors comme un certain me l'avait dit à propos de lui-même : "c'est la p'tit' tête qui mène la grosse tête". Mesdames, mesdamoiselles, croyez-le et rassurez-vous, chez les hommes aussi il y a un coeur, et qui ne bat pas que pour ce qui est au-dessous de la ceinture .
En tout cas, chez moi, c'est ainsi que j'aime .
Fidèle ? Sentimental ?
Oui ! Et ce n'est pas maintenant que je vais changer !
Petite bio express sur Mlle Gaussin :
http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://upload.wikim...
« « A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental
A Lausanne 25 février[f1] [1758]
Il ne s’agit point, mon cher et respectable ami, des articles qu’on m’avait demandés pour le 8è tome de l’Encyclopédie[f2] . Ils sont à présent entre les mains de d’Alembert. Il s’agit de papiers que Diderot a entre se mains au sujet de l’article Genève, et des Kakouacs , il s’agit de lettres[f3] que je lui ai écrites auxquelles il n’a pas répondu, et que j’exige qu’il me rende ? Après sa lettre que j’ai reçue aujourd’hui 26 au bout de deux mois, je voudrais seulement qu’il brûlât devant vous le petit billet que je lui écrivis au sujet du libelle des Kakouacs, libelle que je croyais alors fait par les jésuites[f4] . Il a presque désavoué d’Alembert sur l’article Genève. Il a abandonné son ami et son associé qui avait très grande raison, et qui n’a dit que l’exacte vérité, vérité même dont les prédicants genevois conviennent assez dans la profession de foi qu’ils viennent de publier[f5] . Il faut d’ailleurs que Diderot soit le plus mou[f6] et le plus faible des hommes pour continuer à travailler à l’Encyclopédie sous la potence. Si lui, le chevalier de Jaucourt et les autres déclarent qu’ils cesseront tout jusqu’à ce qu’on leur ait rendu la justice qu’on leur doit, et la liberté qu’ils méritent, on sera bien obligé de revenir à eux, et les coquins dont on encourage aujourd’hui les libelles seront obligés de se taire. D’Alembert se conduit en homme libre. Et Diderot en esclave. Vous pouvez, mon cher ange, ne lui pas reprocher sa mauvaise comédie du Bâtard[f7] et sa mauvaise foi de n’avoir pas cité le Guldoni dont il l’a prise presque tout entière. Mais en vérité son procédé avec moi est inexcusable. Je veux qu’il me rende mes lettres et je vous prie, puisque vous le connaissez d’avoir la bonté de les retirer de ses mains. Je ne veux pas qu’il reste aucun vestige de ce que j’ai pensé sur cette sottise des Kakouacs. Aidez-moi à être tranquille. Car je trouve qu’il n’y a que cela de bon.
Il faut surtout que mon âme soit bien à son aise pour retravailler Fanime[f8] dans la multiplicité de mes occupations et de mes maladies. Nous la jouâmes hier et avec un nouveau succès. Je jouais Mohadar. Nous étions tous habillés comme les maîtres de l’univers. Je vous avertis que je jouai le bonhomme de père mieux que Sarrazin. Ce n’est point vanité. C’est vérité ! Quand je dis mieux, j’entends si bien que je ne voudrais pas de Sarrazin pour mon sacristain. J’avais de la colère et des larmes, et tantôt une voix forte tantôt tremblante et des attitudes ! et un bonnet ! Non jamais il n’y eut de si beau bonnet. Mais je veux encore donner quelques coups de rabot à mon loisir, si Dieu me prête vie.
Oui vous êtes des sybarites fort au-dessous des Athéniens dans le siècle présent. La décadence est arrivée chez vous beaucoup plus tôt que chez eux. Mais vous leur ressemblez par votre inconstance. Vous traitiez le roi de Prusse de Mandrin[f9] il y a six mois. Aujourd’hui c’est Alexandre. Dieu vous bénisse, Alexandre n’a point fui dix lieues à Molvits[f10] , et n’a point crocheté les armoires de Darius[f11] pour avoir un prétexte de prendre l’argent du pays. Peut-être Alexandre aurait récompensé l’Iphigénie en Crimée[f12] comme il a récompensé Cherile[f13] .
Je vous remercie, mon divin ange, de ce que vous faites pour ces Douglas[f14] . C’est vous qui ne démentez jamais votre caractère, et qui êtes toujours bienfaisant.
Voulez-vous bien faire mes compliments à M. Chauvelin ? Je suis toujours fâché qu’il s’en retourne par Lyon[f15] . M. l’abbé de Bernis trouverait fort bon qu’il passât par les Délices. J’ai reçu trois lettres de lui dans lesquelles il me marque toujours la même amitié. Mme de Pompadour a toujours la même bonté pour moi. Il est vrai qu’il ya toujours quelques bigots qui me voient de travers, et que le roi a toujours sur le cœur ma chambellanie[f16] . Mais je n’en suis pas moins content dans la retraite que j’ai choisie. Je n’aime point votre pays dans lequel on n’a de considération qu’autant qu’on a acheté un office et où il faut être janséniste ou moliniste pour avoir des appuis. J’aime un pays où les souverains viennent souper chez moi. Si vous aviez vu hier Fanime, vous auriez cabalé pour me faire avoir la médaille[f17] . Mais qui donc jouera Enide ? Si c’est la Gaussin, elle a les fesses trop avalées, et elle est trop monotone. Mme Dhermanges[f18] l’a très bien jouée. Et que dirons-nous de la belle-fille du marquis de Langalerie ? Belle comme le jour ; et elle devient actrice. Son mari se forme. Tout le monde joue avec chaleur. Vos acteurs à Paris sont à la glace. Nous eûmes après Fanime des rafraichissements pour toute la salle, ensuite le très joli opéra des Troqueurs[f19] , et puis un grand souper. C’est ainsi que l’hiver se passe. Cela vaut bien l’empire de Mme Geoffrin etc. Brûlez cette lettre.
Il faut ajouter à ma lettre que la déclaration des prêtres de Genève justifie entièrement d’Alembert. Ils ne disent point que l’enfer soit éternel, mais qu’il y a dans les Ecritures des menaces de peines éternelle. Ils ne disent pont que J.-C. soit égal à Dieu le père. Ils ne l’adorent point, ils disent qu’ils ont pour lui plus que du respect. Ils veulent apparemment dire du goût. Ils se déclarent en un mot chrétiens déistes.
26 février.
Enfin, au bout de six semaines je reçois une réponse de Diderot[f20] . Voilà un plaisant correspondant. Je vais vous demander une grâce, c’est de daigner aller chez lui sur-le-champ et de lui montrer ce que je vais vous écrire. Soyez de mon avis, et protégez l’Encyclopédie en la faisant différer.
[f2]Le 9 février, il dit à d’Argental qu’il avait « mandé à M. Diderot de (lui) renvoyer les articles et les papiers concernant cet ouvrage ».
Le 15, d’Alembert écrit que tous les articles sont entre ses mains ; cf. lettres à d’Alembert du 8 janvier et 13 février 1758.
[f3]Les éditeurs de Kehl ont supprimé la fin du premier paragraphe, à partir de « il s’agit de lettres »
[f4]Dans ce billet, vers le 5 janvier, V* écrit : « Quoi ! on permet aux Garasses d’insulter les Varron et les Pline !... Il sera permis à je ne sais quels pédants jésuites d’insulter leurs maîtres … Les nouveaux Garasse devraient être mis au pilori. Mandez-moi … les noms de ces malheureux. Je les traiterai selon leur mérite dans la nouvelle édition qui se prépare de l’Histoire générale… Faut-il … que les ennemis de la raison, les persécuteurs des philosophes, les assassins de nos rois osent encore parler dans un siècle tel que le nôtre !. »
Les « libelles diffamatoires » de « ces monstres » « devraient servir à allumer les bûchers de leurs sodomites prêtres ».
V* faisait aussi allusion à « la rage » de « quelques ministres de genève » qui voulaient « justifier l’assassinat juridique de Servet ».
[f5]Leur Déclaration a été publiée le 8 février à 1500 exemplaires et consignée dans les registres de la Vénérable Compagnie le 10 février 1758.
V* écrira à son sujet le 7 mars à d’Alembert : « Berne, Zurik et la Batavie crient que la Vénérable Compagnie qui s’est fait rendre compte de votre article et qui, ouï le rapport, a donné son édit, est plus que socinienne, mais cela ne fait aucune sensation ».
[f7]Le Bâtard : Le Fils Naturel, qui s’inspire de la pièce de Goldoni Il vero amico ; la pièce de Diderot publiée en 1757 , ne sera jouée qu’en 1771.
[f9]Le 15 décembre 1754, à Gauffecourt, V* écrit « … Il (le major Rock) a vu Mandrin à Nyon . J’espère avoir bientôt cet honneur. »
Le 14 janvier 1755, à la duchesse de Saxe-Gotha, V* écrivit : « Il y a trois mois ce n’était qu’un voleur, c’est à présent un conquérant … Ce brigandage peut devenir illustre et avoir de grandes suites Les révolutions de la Perse n’ont pas commencé autrement » .
Mandrin sera roué vif en 1755.
[f11]A savoir le coffre du roi de Pologne, à Dresde le 10 septembre 1756, pour trouver dans les archives saxonnnes les documents qui justifieraient son agression.
[f12]V* donne ce titre péjoratif à Iphigénie ne Tauride de Claude Guymond de La Touche, reprise le 12 décembre 1757.
[f13]Choerilus d’Iassos recevait, dit-on, des pièces d’or pour les bons vers et des coups pour les mauvais.
[f14]« des Ecossais francisés, des Douglas… », nouveaux acquéreurs du manoir de Montréal, pour qui V* le 12 décembre demande à d’Argental d’intervenir auprès de Courteilles, intendant des finances,et en faveur aussi de la famille Budé qui plaident contre un receveur du domaine.
[f15]Bernard-Louis (alias François-Claude) de Chauvelin est ambassadeur à Turin.
[f17]Un auteur obtenait une médaille portant « Prix de l’art dramatique » quand ils avaient un deuxième succès.
[f20]Datée du 18 février.
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