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22/07/2010

et je conclus que si j'avais un fils qui dût éprouver les mêmes traverses je lui tordrais le cou par tendresse paternelle.

http://www.dailymotion.com/video/x6icl5_beaumarchais-lins...

Voici un extrait de ce film d'Edouard Molinaro que j'ai eu le plaisir de voir hier soir dans un cadre qui me tient à coeur, le parc du chateau de Voltaire .

Je peux vous assurer qu'Edouard Molinaro, à 82 ans, garde une clarté d'esprit égale à sa simplicité, simplicité et complicité également partagée par son épouse.

Donc grands plaisirs, avec une visite nocturne, très chiche en lumignons (le CMN n'aurait-il pas de budget pour quelques bouts de chandelles qu'il sait parfois brûler par les deux bouts ) , ce qui est un comble pour illustrer la vie d'un homme des Lumières, mais talent des acteurs qui campaient (avec plus ou moins d'exactitude) des proches de Voltaire.

Accompagnement par de jeunes guides qui n'ont eu qu'une journée pour mettre au point leur intervention, pour ceci bravo, grand bravo ! mais pour certains détails de la vie voltairienne, à corriger impérativement.

C'est à l'image de la vie, du bon et du moins bon ! A reconnaitre ! Progresser et s'améliorer .

 

Régalez-vous :

http://www.allomovies.com/viewf.php?id=YOF8XFVDEOTJMEEG&a...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

A Postsdam 22 juillet [1752]



Mon cher ange, on m'a mandé que vos volontés célestes étaient que l'on représentât incessamment cette Amélie [représentée le 17 août] que vous aimez, et qu'on m'exposât encore aux bêtes dans le cirque de Paris. Votre volonté soit faite au parterre comme au ciel. J'ai envoyé sur-le-champ à M. de Thibouville [le 15 juillet], l'un des juges de votre comité, à qui Madame Denis a remis la pièce, quelques petits vers à coudre au reste de l'étoffe. Il ne faut pas en demander beaucoup à un homme tout absorbé dans la prose de Louis XIV et entouré d'éditions comme vos grands-chambriers le sont de sacs. Je ne sais pas encore quel parti prend ma nièce sur sa Coquette [dans le Journal de la Librairie, le 4 mai, d'Hémery dit qu'elle ne parvenait pas à faire recevoir sa pièce par les Comédiens]. Apparemment qu'elle veut attendre ; vous ne doutez pas que je n'eusse la politesse de lui céder le pas.



J'attends demain de ses nouvelles, je tremble toujours pour elle et pour moi. Un oncle et une nièce qui donnent à la fois des pièces de théâtre donnent l'idée d'une étrange famille. Dancourt n'a-t-il pas fait La Famille extravagante [comédie en un acte de Le Grand, représentée la première fois en 1709]? On la donnera probablement pour petite pièce. Heureusement vos prêtres sont plus fous que nous, et leur folie n'est pas si agréable. Mais vos gredins du Parnasse sont de grands malheureux. On ôte à Fréron le droit qu'il s'était arrogé de vendre les poisons de la boutique de l'abbé Desfontaines [#]. Je demande sa grâce à M. de Malesherbes [en effet, le 13 juin ; d'Hémery note dans le Journal de la Librairie du 4 août 1752 : « … M. de Malesherbes a permis a Fréron de dire partout que les feuilles étaient rendues avant qu'il eut reçu la lettre de Voltaire ; ce qui est vrai. » Les Lettres … ne parurent pas entre fin avril et début octobre.] et le scélérat pour récompense fait contre moi des vers scandaleux qui ne valent rien . Mes anges, si Amélie réussissait après le petit succès de Rome sauvée, moi présent, les gens de lettres me lapideraient ou bien ils me donneraient à brûler aux dévots et allumeraient le bûcher avec les sifflets qu'ils n'auraient pu employer. Il faut vivre à Paris riche et obscur, avec mes amis, mais être à Paris en butte au public ! j'aimerais mieux être une lanterne des rues exposées au vent et à la grêle. Pardon, mes anges, mais quelquefois je songe à tout ce que j'ai essuyé, et je conclus que si j'avais un fils qui dût éprouver les mêmes traverses je lui tordrais le cou par tendresse paternelle.



Je vous ai parlé encore plus à cœur ouvert dans ma dernière lettre, mon cher et respectable ami. Je ne vous ai jamais donné une plus grande preuve d'une confiance sans bornes [##]. Je mérite que vous en ayez en moi.



Je serais bien affligé si la Coquette [La Coquette punie, de Mme Denis] recevait un affront. Je me consolerais plus aisément de la disgrâce d'Amélie et du Duc de Foix. Il y a d'autres évènements sur lesquels il faudra prendre son parti. Voulez-vous voir toute ma situation, et tous mes sentiments ? J'aime passionnément mes amis, je crains Paris, et le repos est nécessaire à ma santé et à mon âge. Je voudrais vous embrasser et je suis retenu par mille chaines jusqu'au mois d'octobre. On m'assure positivement que Le Siècle sera fini dans ce temps-là [la deuxième édition reconnue par V*, faite à Dresde par Walther ; le 8 juillet, à Walther : « Je crains d'être obligé de faire un voyage vers la fin de septembre, et je prévois que votre édition ne sera pas prête pour ce temps-là. »], et que je pourrai faire un petit voyage pour vous aller trouver. Cette idée me console. L'amitié seule remplit le cœur. Mon cher ange, conservez-moi cette amitié précieuse qui fait le charme de la vie. Quelque chose qu'on puisse penser de moi à la cour et à la ville, que les uns me blâment, que les autres regrettent leur victime échappée, que les gredins m'envient, que les fanatiques m'excommunient, aimez-moi et je suis heureux. Je vous embrasse tendrement.



V. »


#A la demande de Mme Denis, la publication des Lettres sur quelques écrits de ce temps a été interdite car Fréron avait donné le 25 mars un portrait satirique de V* et l'avait ensuite accusé le 5 avril d'avoir volé à La Motte le madrigal à la princesse Ulrique.

Desfontaines est mort le 16 décembre 1745 et Fréron a repris les Jugements sur les écrits modernes (jusqu'en 1746) ; avant la mort de Desfontaines, il le remplaçait déjà aux Observations sur les écrits modernes (jusqu'en 1743). Par ailleurs il lança les Lettres à la comtesse de *** sur quelques écrits modernes (1745-1746), puis en février 1749, Les lettres sur quelques écrits de ce temps.


##A d'Argental, le 11 juillet : « Elle [Mme Denis]me paraît entièrement décidée à livrer bataille( c'est à dire faire jouer sa pièce), elle a une confiance entière en M. d'Alembert. C'est un homme de beaucoup d'esprit, mais connait-il assez le théâtre ? Cette extrême confiance en M. d'Alembert pourrait bien d'ailleurs justifier un peu mon absence. Vous voyez si je vous ouvre mon cœur. »

On pourrait en déduire que V* soupçonnait une liaison entre sa nièce et d'Alembert.

 

 

Petite note sur Gudin, dont il est question dans Beaumarchais l'insolent : http://books.google.fr/books?id=MwHgAAAAMAAJ&pg=PA433...

 

 

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