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14/09/2010

Ah ! pauvres Français ! Réjouissez-vous ; car vous n'avez pas le sens d'une oie

Texte de Gainsbourg :  http://www.deezer.com/listen-6136064 ; étonnant, non ?

http://www.deezer.com/listen-268586 : voila qui correspond bien aux Français dont nous parle Volti !

Ravel n'a pas écrit que le Bolero : http://www.deezer.com/listen-4043319

Et à vous qui avez au moins le sens d'une oie ... vivat Voltaire !

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

14 septembre [1761]

 

Dès que je sus que mes anges avaient fait consulter M. Tronchin je fus un peu alarmé, j'écrivis, voici sa réponse. Elle est bonne à montrer au docteur Fournier, il n'en sera pas mécontent . Que mes anges ne soient pas surpris de l'étrange adresse . Viro immortali veut dire qu'on vit longtemps quand on suit ses conseils, et Deo immortali est une allusion à l'inscription que j'ai mise sur le fronton de mon église : Deo erexit Voltaire . Ma prière, est : vivat d'Argental.

 

Vous êtes bien bon d'envoyer votre billet aux Cramer . Ont-ils besoin de votre billet ? [i]

 

Et moi bien bon d'avoir cru M. le comte de Choiseul ministre d'État quand vous ne m'en disiez rien . Je m'en réjouissais, je ne veux plus rien croire si cela n'est pas vrai.

 

Si Mlle Gaussin a encore un visage, Acanthe est fort bien entre ses mains, et tout est fort bien distribué. M. Picardin sera fort bien joué . Que dites-vous de la préface du sieur Picardin ?[ii] ne l'enverrez-vous pas à frère Damilaville ? Il a un excellent sermon qu'il montrera à mes anges pour les réjouir [iii]. M. de La Marche a été d'une humeur charmante . Il n'y parait plus [iv]. C'est de plus une belle âme. C'est dommage qu'il ait certains petits préjugés de bonne femme.[v]

 

Daignez, mes anges, envoyer l'incluse [vi] au secrétaire perpétuel après l'avoir lue .

 

Zarucma ! quel nom ! d'où vient-il ? Le père de Zarucma n'est il pas monsieur Cordier ? Il est vrai que Zarucma ne rime pas à sifflets, mais il peut les attirer [vii]. Zulime au moins est plus doux à l'oreille . Nous nous mîmes quatre à lire Zulime à M. de La Marche. Il avait un président avec lui [viii] qui dormit pendant toute la pièce comme s'il avait été au sermon ou à l'audience . Ainsi il ne critiqua point . M. de La Marche fut ému, attendri, pleura, et quand Mme Denis s'écria en pleurant : J'en suis indigne,[ix] il n'y put pas tenir . Je fus touché aussi . Je dis : Zulime consolera Clairon de Zarucma .

 

Je vous avais dit que j'étais content de M. de Montmartel . Point . J'en suis mécontent . Il ne veut pas avancer trois cents louis [x]. Le contrôleur général propose des effets royaux, des feuilles de chêne. Nous aurons du bruit !

 

La paix ! il n'y aura point de paix . C'est un labyrinthe dont on ne peut se tirer [xi]. Ah ! pauvres Français ! Réjouissez-vous ; car vous n'avez pas le sens d'une oie .

 

Divins anges, je baise le bout de vos ailes. »

 

i Souscription aux Commentaires sur Corneille ?

ii « Picardin » ou « Picardet », pseudo de V*, auteur du Droit du seigneur ; il avait demandé à La Marche « le nom de quelques académiciens de Dijon ses confrères. » Picardet, académicien de Dijon, avait publié un Prospectus d'un ouvrage intitulé la religion donnée en spectacle à l'esprit humain, 1754 ; pour la préface cf. lettre du 5 septembre.

iii La religion d'accord avec la raison, dont il est question dans la lettre à Damilaville le 7 septembre.

iv Cf. lettre du 5 septembre.

v Vers le 23 août, V* en indiquant le chemin de Ferney ajouta : « Venez, si vous aimez tant les jésuites, il y en a six à ma porte » ; cf. lettre du 26 janvier 1762 à d'Argental.

vi Lettre à Duclos concernant les Commentaires sur Corneille le 14 septembre.

vii La Zarucma de Cordier ne fut jouée que le 17 mars 1762 grâce à des « illustres protecteurs ». Elle était « envoyée à correction » par les Comédiens depuis 1758 au moins ; elle le sera encore le 21 septembre 1761 et les Comédiens décideront « de se mettre à l'étude pour la représentation de Zulime. »

viii Ruffey.

ix Dernières paroles de Zulime avant de se tuer.

x Subvention promise pour les Commentaires sur Corneille.

xi Entreprises par Choiseul en 1760, les négociations de paix avec l'Angleterre aboutissent le 25 juillet 1761 à un ultimatum anglais auquel Choiseul répondit le 9 septembre par un « Ultimatissimum » modéré.

 

http://www.deezer.com/listen-7199251

 

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