16/02/2016
ce n'est point s'attaquer à la religion, mais au contraire la servir, que d'empêcher qu'un curé ne la déshonore
... Il est quand même déconcertant que cette vérité si simple connue depuis deux cent cinquante ans ne soit pas encore ancrée dans la caboche du clergé catholique !
http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20160215.OBS4654/l...
Barbarin, Decourtray et consorts il va falloir payer le prix fort, capital et intérêts, vous n'êtes pas au dessus des lois républicaines, pas plus que des lois divines que vous pronez hypocritement .
De l'une à l'autre, vous ne sentirez pas la différence, non ?
On rira de vous, on se moquera de vous, calottes et calottins et ce sera bien fait , au mieux vous serez la risée du Régiment de la Calotte , qui compta Voltaire dans ses rangs ( https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9giment_de_la_Calotte )
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« A Germain-Gilles-Richard de Ruffey [et autres] 1
[vers le 16 février 1761]
Vous me permettez, monsieur, de vous importuner sur la malheureuse affaire du sieur de Croze . Il joint à la douleur d'avoir vu son fils prêt de mourir par un assassinat, celle de voir l’assassin triompher de son affliction ; il est soutenu par une cabale puissante contre un pauvre homme sans secours , qui n'a ni assez d'intelligence, ni peut-être assez de fortune pour le suivre dans les détours de la chicane la plus odieuse et la plus longue . Ce curé est assez connu à Dijon par une foule de procès qu'il y est venu soutenir attend que les cicatrices des plaies faites au jeune de Croze puissent être fermées, afin qu'il paraisse que les blessures n'ont été que légères , et que l’assassinat passe pour une simple querelle ; mais je peux vous assurer que le temps qui est le seul refuge du curé laissera toujours paraître les preuves de son attentat . Le crâne a été ouvert, et le lieutenant-criminel lui-même a vu le malade en danger de mort : je l'ai vu moi-même en cet état . J'apprends que le curé a appelé du décret d'ajournement personnel et de prise de corps rendu à Gex : il fonde ses malheur[eus]es défenses sur une méprise qu'on dit être dans les dépositions : on a déposé en effet que led[it] curé avait été boire chez Mme Burdet le 27, veille de l'assassinat, et il se trouve que ce n'est que le 26 ; mais cette erreur de date n'emporte point une erreur de fait, et cette méprise est aisément corrigée au récolement et aux confrontations.
Il se fonde encore sur la mauvaise réputation de la dame Burdet, chez laquelle l’assassinat s'est commis, et qu'il a frappée lui-même . Mais si la dame Burdet est une femme diffamée pourquoi allait-il boire chez elle ? pourquoi part-il d'une demi-lieue de sa maison pour aller à dix heures du soir chez cette femme avec des gens armés ? Il a l'audace de dire que c'était pour arrêter le scandale, mais est-ce à lui d'exercer la police ? L'exerce-t-on à coups de bâton ? Lui est-il permis d'entrer par force pendant la nuit chez une ancienne bourgeoise du lieu très bien alliée ? Les violences précédentes de ce curé, le procès qui lui fut intenté par le notaire Vaillet pour avoir donné des coups de bâton à son fils, ses querelles continuelles, son ivrognerie qui est publique ne sont-elles pas des présomptions frappantes qu'il n'était venu chez la dame Burdet que dans le dessein qu'il a exécuté ? Une irruption faite pendant la nuit avec des hommes armés dans une maison paisible peut-elle être regardée comme un rite ordinaire ? Un laïque en pareil cas ne serait-il dès longtemps dans les fers ? Cependant ce prêtre, aussi artificieux que violent soulève le clergé en sa faveur . L'évêque de Genève 2 soutient que c'est à lui seul de le juger ; qu'il n'est pas permis aux juges séculiers se connaître les délits d'un prêtre, et qu'il n'est coupable que d'un zèle un peu inconsidéré : on intimide le pauvre de Croze ; on emploie le profane et le sacré pour lui fermer la bouche ; et enfin le jésuite Fessy a porté l'abus de son ministère jusqu'à refuser l'absolution à la sœur de l’assassiné, jusqu'à ce qu'elle portât son père et son frère à se désister de leurs justes poursuites . Ce malheureux curé du village de Moens, s'imaginant très faussement que c’était moi seul qui encourageait un père malheureux à demander vengeance du sang de son fils, a porté les habitants de son village à me couper la communication des eaux, et m'a fait proposer de me donner le double des eaux qu'on voulait m'ôter si je pouvais obtenir de de Croze un désistement . L'évêque m'[a] mandé en propres termes que pour quelques gouttes de sang il ne fallait pas faire tant de vacarme 3.
Voilà l'état où sont les choses, et sans la justice du parlement de Bourgogne, tout le pauvre petit pays de Gex serait dans le plus détestable bouleversement .
J'ai l'honneur d'être, avec beaucoup de respect, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .
Voilà ce que j'écris à des magistrats du parlement . Je conjure monsieur le président de Ruffey de parler à M. de La Marche, au premier président de La Tournelle, et de protéger les infortunés opprimés .
V.»
1 Le post-scriptum et l'absence de date suggèrent que l'on a ici le texte d'une lettre circulaire envoyée à plusieurs correspondants, ce qui est confirmé par la publication par Mandat-Grancey du même texte (sans post scriptum) sous la forme d'une lettre à Le Bault du 16 février 1761 . Moland a même imprimé cette lettre en double !
2 Deschamps de Chaumont , évêque in partibus de Genève .
3 Allusion de V* à la lettre écrite par Deschamps de Chaumont à Mme Denis à la suite de lettres que lui avait adressées Voltaire sous le couvert de sa nièce . Voici ces lettres :
« Marie-Louise Denis à Joseph-Nicolas Deschamps de Chaumont [vers le 1er février 1761] / Monseigneur, j'espère que non seulement vous excuserez, mais que vous approuverez une importunité qui me pèse beaucoup plus qu'à vous . Je ne comprends rien aux articles de vos lettres qui regardent mon oncle . Il fait plus de bien à la province qu'aucun homme en place n'y en a fait depuis plusieurs siècles ; il fait dessécher tous les marais qui infectent le pays , il prête de l'argent sans intérêt aux gentilshommes , il en donne aux pauvres, il établit des écoles où il n'y en a jamais eu, il défriche des terres incultes, il nourrit plus de cent personnes, il rebâtit une église . J'ose dire que la province le respecte et le chérit, et qu'il a droit d'attendre de vous autant de bonté et de considération qu'il a pour vous de déférence et de respect . / Je vous parle au nom de la province, monseigneur, pour les affaires qui nous intéressent . Nous sommes tous indignés de voir des curés qui ne savent que plaider et battre les paysans . Voilà un curé de Mérin qui vient de perdre le septième procès à Dijon et qui est condamné à l'amende . Voilà le curé de Moens qui a eu huit procès civils, et qui est actuellement à son deuxième procès criminel . Au nom de Dieu mettez ordre à ces scandales, et à ces violences . On vous trompe bien cruellement ; croyez qu'il peut résulter des choses très funestes de la conduite violente du curé de Moens ; si vous versez des larmes de sang vous empêcherez qu'un prêtre ne fasse verser le sang des chrétiens, et des sujets du roi mon maître ; vous n'êtes point étranger à la France, puisque la grande partie de votre diocèse est en France . / Ne vous laissez point prévenir par les artifices de ceux qui croient l'honneur de leur corps intéressé à soutenir un coupable, et qui ne savent pas que leur véritable honneur est de l'abandonner . Je me flatte toujours que vous agirez en père commun, que vous n’écouterez ni la faction ni la calomnie, que vous honorerez la vertu bienfaisante, et que nous nous louerions de votre justice autant que j'ai l'honneur d'être avec respect, monseigneur, votre très humble et très obéissante servante. »
« Monseigneur, j'ai l'honneur de me joindre à mon oncle auprès de vous, sur l'affaire du curé de Moens . Je possède conjointement avec mon oncle la terre de Ferney, et par conséquent j'ai l'avantage d'être de votre diocèse . / Je voudrais qu'une affaire moins triste, tant pour l'exemple que les ministres de l’Évangile doivent aux fidèles, que pour la tranquillité publique, m'eût procuré plutôt l'honneur de vous assurer des sentiments que votre caractère, et votre mérite personnel m'inspirent . / Je conviens, monseigneur, que ce curé n'est pas le nôtre , qu'il n'a battu, assassiné personne qui vous appartienne ; et que par conséquent mon oncle et moi nous aurions pu l'abandonner à son sens réprouvé, et nous contenter d’abhorrer en nous-mêmes une action si scandaleuse . / Mais daignez vous mettre un moment à notre place . La pitié pour de Croze, et l'amour du bien public se sont joints à notre indignation. / De Croze père est venu trouver mon oncle, ne sachant à qui demander justice : mon oncle vit son fils dans le moment où il fut question de le trépaner, ce qu'on aurait fait sans l'avis de M. Tronchin qui connait le danger de cette opération, et qui dit qu'il valait mieux le laisser mourir que de l'achever . De Croze s'adressa à la justice de Gex, et mon oncle eut l'honneur de vous avertir sur le champ de ce qui se passait . / Ne croyez pas, monseigneur, que l'animosité contre ce curé ait pu le porter à vous instruire de ce crime . Je vous le répète, la pitié pour de Croze, et l'amour du bien public ont été ses principaux motifs . Nous possédons des terres, et nous serions très fâchés que des curés fussent en droit de venir dans nos maisons sous quelque prétexte que ce fût , accompagnés de paysans armés, assassiner les gens qui leur déplairaient ; nous serions très fâchés qu'il ne parlassent qu'à grands coups de bâton, comme fait celui-ci à nos paysans, quand par leur ministère ils sont destinés à entretenir la paix et à apaiser les querelles, à prêcher et de paroles et d'exemples la charité et le pardon des injures . / Je sais , monseigneur, que vous avez ordonné un examen de la vie et des mœurs de cet homme . Si le rapport qu'on vous a fait est tel que vous le désirez dans le fond de votre cœur si on vous envoie des attestations plus convenables au caractère dont il est revêtu, qu'à sa conduite, si on l'a justifié sur des choses dont on ne l’accuse point , et si on a passé sous silence les violences dont il est convaincu, on vous a cruellement trompé . / Il y a encore dans le pays plusieurs habitants, hommes et femmes, auxquels il a osé donner des coups de bâton . Il s'est même mis dans le cas d'en recevoir ; et il a avili son ministère par des violences, non seulement proscrites dans l’Évangile, mais abhorrées de tous les honnêtes gens . Vous ordonnerez de cet homme, monseigneur, tout ce qui vous sera suggéré par vos lumières . / Mais j'ose vous conjurer avec instance de ne point laisser cet homme dans le pays . Je sais que le clergé du pays de Gex tâche de le sauver, qu'il regarde cette affaire comme la sienne propre ; mais le crime d'un seul peut-il influer sur un corps respectable , et n'est-il pas plus honorable d'écarter un coupable que de l'incorporer avec soi ? J'ose encore, monseigneur, vous faire une observation . Je crains les vengeances et les meurtres . De Croze a été assommé . Un contrôleur des fermes a eu la tête fendue . S'il arrivait quelque malheur, votre cœur se le reprocherait . J'abandonne cette affaire à votre justice ; et j'ai l'honneur d'être avec respect, monseigneur, votre très humble et très obéissante servante, / Denis, dame de Ferney / Au château de Ferney le 5 février 1761 . »
« Joseph-Nicolas Deschamps de Chaumont à Marie-Louise Denis / Madame, l'affaire du curé de Moens suit dans les deux tribunaux le cours de la justice ordinaire ; mais le sort de M. de Voltaire était entre ses mains, si au lieu de savoir jouir de ses biens et de son opulence, ou pour mieux dire, si au lieu de pleurer sur lui-même et sur les maux irréparables qu'il a fait à la religion, devenu furieux contre un curé uniquement ennemi du vice, il ne s’était pas livré sans mesure à ce qui l'a mené beaucoup plus loin qu'il ne pensait peut-être en l'embarquant dans une aussi mauvaise affaire ; j'en suis fâché , mais je le suis bien plus encore du peu de fruits de certains avis qu'en qualité d'évêque la nécessité seule m'a arrachés dans une circonstance où certainement à beaucoup près je ne l'avais pas cherché ; le principe en a été pur, et leurs mauvaises suites ont même encore si peu produit de fiel que je voudrais actuellement au prix de mon sang entier pouvoir laver une âme qui trop aveugle pour se plaindre elle-même, affecte de gémir encore d'une manière aussi étrange sur l'effusion de quelques gouttes, non pas de la main du prêtre, où après tout elle n'a d'autre intérêt que celui que pour des motifs trop connus elle veut bien y prendre . J'ai l'honneur d'être avec respect, madame, votre très humble et très obéissant serviteur. / Annecy ce 7è février 1761 . / Je crois , madame, devoir encore vous dire que je conseille fort à monsieur votre oncle de s'en tenir aux lettres qu'il m'a écrites, elle lui auraient fait peu d'honneur, si je les avais voulu répandre, mais ne voulant pas à beaucoup près la mort du pêcheur, je souhaite seulement qu'il se convertisse et qu'il vive . »
« Marie-Louise Denis à Joseph-Nicolas Deschamps de Chaumont / Monseigneur, j'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l’honneur de m'écrire du 7 février, et je me crois encore obligée d'y répondre pour vous assurer que malgré l'envie que l'on a de pallier auprès de vous l'excès où s'est porté ce malheureux curé, je suis persuadée que vous agirez avec l'honneur d'un homme du qualité, et la charité d'un évêque . Vous ne démentirez jamais les sentiments qui sont dans votre cœur . / Si je pouvais me persuader que mon oncle en cherchant à faire rendre quelque justice à ce pauvre de Croze eût pu porter quelque atteinte à la religion, loin de m'intéresser à cette affaire, elle ne m'inspirerait que de l'horreur . Ses motifs sont bien différents . Il croit que ce n'est point s'attaquer à la religion, mais au contraire la servir, que d'empêcher qu'un curé ne la déshonore . Soyez sûr, monseigneur, qu'il n'a d'autre envie que de faire du bien dans ses terres et qu'il y réussit . / Il met tout en œuvre pour l'instruction des enfants, et pour maintenir le bon ordre . Il vient encore d'établir à ses dépens un maître d'école à Ferney où il n'y en avait jamais eu . / Pardonnez-nous donc, monseigneur, si un voisinage tel que celui du curé de Moens nous alarme . On a beau dire que ses intentions étaient bonnes . Ses violences sont connues, et sa charité chrétienne est d'une nature bien différente de celle que nous prêche l'Evangile . J'ai vu les blessures de De Croze . Je l'ai vu à la mort . Les témoins déposent que le curé l'a frappé lui-même . Qu'allait-il faire chez une femme à dix heurs du soir accompagné de paysans armés ? Non, monseigneur, vous ne pouvez approuver cette horreur . / Du reste, monseigneur, si mon oncle a eu l’honneur de vous écrire quelques lettres, il était bien sûr des mains dans lesquelles il les a déposées . Votre probité, votre candeur et vos vertus ne vous permettraient pas de publier des lettres sans l'aveu de celui qui les écrit . L'idée n'en peut venir à quiconque a l'honneur de vous approcher . Ces sentiments de probité animent sans doute tous ceux que vous employez . / Je suis avec respect, monseigneur, votre très hulmble et très obéissante servante / Denis, dame de Ferney / Au château de Ferney le 13 février 1761 . »
A cette lettre, l'évêque répondit vers le 16 février 1761, ce qui donna lieu à la réponse suivante de Mme Denis, dans laquelle il est bien difficile de ne pas voir encore l'esprit de Voltaire qui dut au moins l'inspirer et la corriger (elle est comme les précédentes de la main d'un secrétaire : Wagnière?)
« Marie-Louise Denis à Joseph-Nicolas Deschamps de Chaumont / Monseigneur, ce que vous me faites l'honneur de me mander sur le coup que mon oncle peut porter à la religion en prenant la défense de De Croze m’afflige sensiblement . Quoique je ne puisse douter des intentions pures de mon oncle dans cette affaire, je soumettrai toujours ma façon de penser à vos lumières . Je le dois par toutes sortes de raisons ; et si j'ose encore vous faire des objections sur quelques endroits de votre dernière lettre, c'est pour présenter à vos yeux le petit nombre de faits dont je suis certaine, et surtout c'est pour m'éclairer . / Lorsque de Croze fut si cruellement assommé, son père le fit transporter chez lui, et envoya chercher le sieur Cabanis, le plus habile chirurgien de Genève, pour le panser . Cabanis revint à Genève, désespérant de la vie du blessé , et conta à tout le monde l'action du curé de Moens, qui parut odieuse à des protestants, et qui ne doit pas l'être moins aux yeux des catholiques . En deux heures de temps, Genève fut remplie de cette affreuse histoire, et nous ne l'avons apprise que par la voix publique . J'ai mille raisons de croire, monseigneur, que mon oncle n'a eu aucune part à l'imprimé dont vous vous plaignez ; mais quand cet imprimé n'aurait point paru, le scandale n'en était pas moins fait, puisqu'il était public et connu même à Lyon et à Dijon deux ou trois jours avant que l'imprimé existât . / J'ose vous demander, monseigneur, si pour les vrais intérêts de la religion, il est plus avantageux de souffrir qu'un curé assomme et fasse assommer impunément des personnes qui ne lui ont jamais rien fait, que de lui faire subir le sort de la justice ordinaire, surtout quand le scandale est public . Comment la religion peut-elle autoriser dans ses ministres ce qu'elle défend aux autres hommes ? Comment un corps aussi respectable que le clergé, le premier corps de l’État, soutient-il un de ses membres qui le déshonore, tandis qu'un régiment chasse pour la moindre faute un officier , dans la crainte que la faute impunie ne porte sur le corps entier ? N'en use-t-on pas de même dans les cours de judicature ? Les corps en deviennent plus estimables, la justice plus exacte, et le roi mieux servi . Comment imaginer, monseigneur, que le clergé de Gex, respectable à tous égards, soutiendrait près de vous un confrère si coupable ? Mon oncle ne pouvait pas le prévoir . Il semble que pour des âmes faibles et des hérétiques, un tel exemple ne peut être que préjudiciable à la religion : voilà du moins comment cette affaire s’est présentée à mes yeux . / Le curé de Moens a eu, sans doute, de mauvais procédés pour mon oncle ; mais cela ne rend son crime ni plus faible ni plus grand ; cela a prouvé seulement la violence de son caractère . / A l’égard de toutes les lettres que mon oncle a eu l'honneur de vous écrire, monseigneur, je ne les ai point vues ; je ne peux pas même lui en parler parce qu'il y a deux jours qu'il est absent ; mais j'ose vous assurer que ses intentions n'ont point été telles qu'elles sont présentées à votre esprit ; il vous honore comme il le doit, en général ,et je me mêle d'aucune affaire, et si ce n’avait été l'honneur de vous écrire, et de justifier les intentions de mon oncle auprès de vous je n'aurais jamais prononcé le nom du curé de Moens . / On a répandu dans Genève, monseigneur, la copie d'une lettre que l'on dit être adressée par mon oncle à Votre Grandeur . J'ai répondu hardiment que cette copie était supposée, et je ne peux en douter ; votre parole est respectable, et je méprise tous les vains discours . Heureuse si je peux mériter vos bontés par le respect et par l'inviolable attachement avec lequel j'ai l'honneur d'être , monseigneur, votre très humble et très obéissante sevante / Denis / Au château de Ferney, le 19 février 1761 . »
On possède encore une « Dernière réponse une fois pour toutes de Mgr l'évêque de Genève à une réplique de Mme Denis, qui d'un ton très radouci lui demande un peu de part à ses bontés, tâche d'excuser les lettres de son oncle, qu'elle dit n'avoir pas vues , mais qu'elle craint fort de voir paraître et répandues . », ainsi qu'une lettre de même à un inconnu, où il fait état de l'attitude ambiguë de Voltaire, partagé entre le désir de ne pas déplaire à l'évêque parce qu'il est « réellement au désespoir de n'avoir pas la liberté d'aller à Paris » et sa « haine contre un curé innocent qu'il a toujours persécuté . »
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