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23/07/2017

Ne nous brouillons avec personne . Nous avons besoin d'amis

... Telle doit être la pensée d'Emmanuel Macron qui fait tout pour fédérer les nations européennes que certains fauteurs de trouble voudraient voir plutôt tirer à hue et à dia .

Chris Froome est du même avis, pas de victoire sans travail d'équipe .

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« A Philippe Debrus

[vers le 25 août 1762] 1

Je crois qu'on se trompe, que toute 2 cette aventure n'est pas de l'année 1762, mais du temps de la Saint-Barthélémy .

Dieu soit béni de ce que les deux lettres de la mère et du fils ont effrayé et attendri les hommes sur ces horreurs, et donnent des protecteurs à l'innocence . J'apprends qu'il y en a deux éditions à Paris . Cela sera joint au procès qui sera rendu public un jour . Donat Calas nous sera d'une grande ressource . Puissions-nous avoir ici Pierre .

On ne dégoûtera certainement pas M. Crommelin . On s'unira à lui . Il faut que tous les moyens s'entraident, que toutes les voix soient à l'unisson .

J'ai toujours pensé qu'il ne fallait pas si tôt parler des filles . Quiconque a donné une lettre de cachet veut la soutenir . Ne nous brouillons avec personne . Nous avons besoin d'amis . »

1 L'édition Lettres inédites, 1863, place la lettre en juin, ce qui est trop tôt . Pour la date, on sait que Pierre Calas était avec Voltaire le 26 juillet [voir lettre du 26 juillet 1762 à Audibert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/06/16/je-passe-les-jours-et-les-nuits-a-ecrire-a-tous-ceux-qui-peu-5954821.html ] ; et le 4 août 1762 il y avait encore quelque difficulté à faire imprimer les pièces à Paris [voir lettre du 4 août 1762 aux d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/06/27/oh-je-crierai-pendant-ma-vie-si-on-ne-veut-pas-brailler-pour-5957992.html ] ; voir aussi l'allusion aux filles de Mme Calas dans la lettre du même jour à Mme Calas : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/07/19/tout-le-reste-se-fera-bien-facilement.html

2 toute est ajouté dans la marge par V*.

J'ai pris le parti depuis quelque temps de faire relier ce que je trouve de bon dans les livres nouveaux et de brûler le reste . S'il fallait tout lire, Mathusalem n'aurait pas le temps

... Seule Mam'zelle Wagnière est , à ma connaissance, capable de lire toute l'oeuvre de Voltaire et de plus la faire connaître au monde entier . Quant à moi, je ne suis pas un bon client pour les relieurs, n'ayant pas à trouver le bon dans des livres nouveaux que je ne lis pas,  non plus que de me chauffer au feu de ce qu'il m'est donné de trouver mauvais . D'autre part, le seul Mathusalem qui m'intéresse est une dive bouteille de 6 litres, à consommer, sans modération, avec ses amis .

 "Mathusalem et Cie" de Jacques Girardon

Mathusalem semble avoir mieux à faire que lire sans trêve

 

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

25è auguste [1762] aux Délices 1

Vous voilà donc mon illustre magistrat le protecteur de Pertharite, d'Agésilas, de Suréna, de Pulchérie etc. Vous étiez fait pour ne protéger que les Cinna et les Polyeucte . La meilleur part n'est pas tombée à votre dessinateur . Je lui sais bon gré de mettre du génie dans ses dessins, puisque ce Corneille en a mis si peu dans la moitié de ses pièces . Il eût fallu plutôt les supprimer que de les décorer par des estampes , mais le public qui n'a jamais entendu ses intérêts veut avoir toutes les sottises d'un grand homme . J'ai pris le parti depuis quelque temps de faire relier ce que je trouve de bon dans les livres nouveaux et de brûler le reste . S'il fallait tout lire, Mathusalem n'aurait pas le temps . Je me flatte toujours que Pierre Corneille me donnera le temps de venir cultiver auprès de vous la vraie philosophie qui vaut mieux que la poésie . Nous allons en attendant jouer des tragédies nouvelles que les comédiens ne défigureront pas . Mlle Corneille commence à réciter des vers, comme son oncle en faisait quand il était inspiré .

Nous attendons M. le maréchal de Richelieu et M. le duc de Villars à qui nous donnerons la comédie ; je trouverai à La Marche des plaisirs plus solides . Je préfère votre conversation à tous les dialogues en vers . C'est à La Marche que je compte inter silvas academi quaerere verum 2; si ce vrai tant cherché est fait pour l'homme, il doit se trouver chez vous . Je suis toujours affligé et inquiet des tristes discussions que vous êtes forcé d'avoir avec monsieur votre fils . Les choses sont-elles toujours au même état ? et les affaires de votre parlement avec la cour ne finiront-elles point ?j'ai peur que le temps n'envenime le mal au lieu de l'adoucir . Vous êtes donc plus content de Chalons que de Dijon . Mais quelle ville ne doit pas être enchantée de vous et de votre caractère ?

J'ai l'honneur de vous envoyer encore par M. de Villeneuve un mémoire sur les Calas . Cette affaire va être portée au conseil . C'est un grand préjugé en faveur de cette malheureuse famille que vous ayez de la compassion pour elle . Agréez mes tendres respects . »

1 Manuscrit olographe sauf la date ; l'édition Correspondance inédite de 1826 est incomplète ; l'édition "Lettres inédites de Voltaire à Fyot de La Marche ", 1927, est la première à imprimer le passage Je trouverai à La Marche […] votre caractère . Daté par Wagnière sur la troisième page, et par Fyot de La Marche .

2 Chercher le vrai parmi les forêts d'Academos ; Horace, Épîtres, II, ii, 45 .