Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/12/2017

Je n'ai point fait de citoyens, mais j'ai fait de la terre .

...

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont

21è janvier 1763 à Ferney

Notre ami commun M. Damilaville, m'avait envoyé, monsieur, votre très beau et très solide discours, et je ne croyais pas l'avoir ; le titre m'avait trompé ; je viens enfin de m'apercevoir de mon erreur , j'ai vu votre nom à la 35è page, et je vous ai lu avec un plaisir extrême . Tout célibataire que je suis, j'avoue que vous faites très bien de prêcher le mariage . Je suis aussi très fort de votre avis sur les défrichements . Je me suis avisé de défricher, ne m’étant pas avisé de peupler ; mais voici comme je m'y suis pris ; j'ai assemblé les propriétaires des terres abandonnées, et je leur ai dit, mes amis, je vais défricher à mes frais, et quand la terre sera en valeur, nous partagerons . Je n'ai point fait de citoyens, mais j'ai fait de la terre .

Je me flatte , monsieur, que vous serez célèbre pour avoir fait une bien meilleure action, pour avoir fait rendre justice à l'innocence opprimée et rouée . Vous avez vu sans doute la lettre de la religieuse de Toulouse ; elle me paraît importante, et je vois avec plaisir que les sœurs de la Visitation n'ont pas le cœur si dur que messieurs ; j'espère que le Conseil pensera comme la dame de la Visitation .

Si vous voyez M. de Cideville, je vous prie de lui dire combien je l'aime ; c'est un sentiment que vos ouvrages m’inspirent pour vous , qui se joint bien naturellement à l’estime infinie avec laquelle j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

Il me semble que la simplicité, la vertueuse indulgence de cette nonne de la Visitation, condamne terriblement le fanatisme sanguinaire

...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

21 janvier 1763 1

J'envoie à mes frères la copie de la lettre d'une bonne religieuse 2. Je crois cette lettre bien essentielle à notre affaire . Il me semble que la simplicité, la vertueuse indulgence de cette nonne de la Visitation, condamne terriblement le fanatisme sanguinaire des assassins de Toulouse en robe .

Je demande pardon à mon frère de m'être trompé sur une brochure 3 qu'il avait eu la bonté de m'envoyer . Il ne m'annonçait par le titre qu'un discours de M. Rouxelin 4. Je n'eus pas le temps de le lire et je ne m'aperçus pas qu'il était suivi du discours de M. de Beaumont 5. Je répare ma faute, je le lis, et je vais remercier l'auteur .

Écrasez l'infâme .

V.

Voici deux lettres, mon cher frère, que je vous supplie de faire envoyer à leurs adresses .

Aurez-vous la bonté de m'envoyer le factum de Loyseau pour demoiselle Alliot 6?

Mes frères, écrasez l'infâme, vous dis-je . »

1 L'édition Cayrol omet la fin à partir du 3è paragraphe, ainsi que les éditions suivantes ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-2.html