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30/09/2018

Les ouvrages métaphysiques sont lus de peu de personnes, et trouvent toujours des contradicteurs . Les faits évidents, les choses simples et claires sont à la portée de tout le monde, et font un effet immanquable

...

 

« A A Etienne-Noël Damilaville

4è octobre 1763

Mon cher frère, voici d’abord un paquet qu’on m’a envoyé de Hollande pour vous.

A l’égard de mademoiselle Clairon, il importe peu qu’elle mérite ou non l’attention qu’on a de lui envoyer ce que vous savez 1 : elle est intéressée à décrier ce qui condamne son état ; et, quoi que puissent penser ses amis sur les gens de lettres, ils pensent uniformément sur l’objet dont nous nous occupons ; ils sont très capables de répandre, sans se compromettre, ce qui doit percer peu à peu dans l’esprit des honnêtes gens. Je vous avoue, mon cher frère, que je sacrifie tout petit ressentiment, tout intérêt particulier, à ce grand intérêt de la vérité. Il faut assommer une hydre qui a lancé son venin sur tant d’hommes respectables par leurs mœurs et par leur science. Vos amis, et surtout votre principal ami 2, doivent regarder cette entreprise comme leur premier devoir, non pas pour se venger des morsures passées, mais pour se garantir des morsures à venir, pour mettre tous les honnêtes gens à l’abri, en un mot, pour rendre service au genre humain. Il est clair qu’il faut nettoyer la place avant de bâtir et qu’on doit commencer par démolir l’ancien édifice élevé dans des temps barbares . Les petits ouvrages que vous connaissez peuvent servir à cette vue . Je pense que c’est sur ces principes qu’il faut travailler. Les ouvrages métaphysiques sont lus de peu de personnes, et trouvent toujours des contradicteurs . Les faits évidents, les choses simples et claires sont à la portée de tout le monde, et font un effet immanquable.

Je voudrais que votre ami eût assez de temps pour travailler à rendre ce service ; mais il a un ami 3 qui est actuellement à sa terre, et qui a tout ce qu’il faut pour venger la vertu et la probité si longtemps outragées. Il a du loisir, de la science, et des richesses : qu’il écrive quelque chose de net, de convaincant, qu’il le fasse imprimer à ses dépens, on le distribuera sans le compromettre . Je m’en chargerai, il n’aura qu’à m’envoyer le manuscrit , cet ouvrage sera débité comme les précédents que vous connaissez, sans éclat et sans danger. Voilà ce que votre ami devrait lui représenter.

Parlez-lui, engagez-le à obtenir une chose si aisée et si nécessaire. On se donne quelquefois bien des mouvements dans le monde pour des choses qui ne valent pas celle que je vous propose. Employez, votre ami et vous, toute la chaleur de vos belles âmes, dans une chose si juste.

Je demande pardon à frère Thieriot, c’est-à-dire, à frère indolent, d’être aussi indolent que lui, et de ne lui point écrire ; mais je compte que ma lettre est pour vous et pour lui.

J’aime mieux, pour une inscription, deux vers que quatre . Ce distique

Il chérit ses sujets comme il est aimé d’eux ;

Heureux père entouré de ses enfants heureux,

n’est peut-être pas vrai aujourd’hui ; mais il peut l’être avant que la statue soit érigée, quand toutes les remontrances du parlement seront oubliées.

A-t-on imprimé le plaidoyer contre les Bernardins ? Si vous l’avez, mon cher frère, je vous supplie de me l’envoyer. Plût à Dieu que vous pussiez m’envoyer aussi quelque édit qui abolît les Bernardins !

Je ne peux trop vous remercier de la bonté que vous avez eue de faire parvenir mes mémoires et mes lettres à l’avocat au conseil. Je vous supplie de lui faire tenir encore cette lettre.

Je ne sais si j’aurai jamais la consolation de vous voir, et si je vous aimerai plus que je ne vous aime.

Voici encore un petit mot pour M. Helvétius ; je ne sais où il est ; je vous recommande ce petit mot. »

1 Un Catéchisme de l'honnête homme .

2 Diderot .

3 Helvétius , qui ne se laissera pas enrôler pour la bataille .

29/09/2018

Le comble de la douleur, à mon gré, est d’être terrassé par des ennemis absurdes.

...

 

« A Claude-Adrien Helvétius

à 1

4è octobre 1763

Mon frère, le hasard m’a remis sous les yeux le décret de la Sorbonne, et le réquisitoire de maître Omer 2. Je vous exhorte à les relire, pour vous exciter à la vengeance en regardant votre ennemi. Je ne crois pas qu’on ait entassé jamais plus d’absurdités et plus d’insolences, et je vous avoue que je ne conçois pas comment vous laissez triompher l’hydre qui vous a déchiré. Le comble de la douleur, à mon gré, est d’être terrassé par des ennemis absurdes. Comment n’employez-vous pas tous les moments de votre vie à venger le genre humain, en vous vengeant ? Vous vous trahissez vous-même, en n’employant pas votre loisir à faire connaître la vérité. Il y a une belle histoire à faire ; c’est celle des contradictions 3. Cette idée m’est venue en lisant l’impertinent décret de la Sorbonne. Il commence par condamner cette vérité que toutes les idées nous viennent par les sens, qu’elle avait adoptée autrefois, non parce qu’elle était vérité, mais parce qu’elle était ancienne. Ces marauds ont traité la philosophie comme ils traitèrent Henri IV, et comme ils ont traité la bulle, que tantôt ils ont reçue, et qu’ils ont tantôt condamnée.

Ces contradictions règnent depuis Luc et Matthieu, ou plutôt depuis Moïse. Ce serait une chose bien curieuse que de mettre sous les yeux ce scandale de l’esprit humain. Il n’y a qu’à lire et transcrire ; c’est un ouvrage très agréable à faire ; on doit rire à chaque ligne. Moïse dit qu’il a vu Dieu face à face, et qu’il ne l’a vu que par derrière 4; il défend qu’on épouse sa belle-sœur, et il ordonne qu’on épouse sa belle-sœur 5; il ne veut pas qu’on croie aux songes 6, et toute son histoire est fondée sur des songes.

Enfin, dans chaque page, depuis la Genèse jusqu’au concile de Trente, vous trouverez le sceau du mensonge.

Cette manière d’envisager les choses est palpable, piquante, et capable de faire le plus grand effet. Ne seriez-vous pas charmé qu’on fît un tel ouvrage ? Faites-le donc, vous y êtes intéressé ; vous devez décréditer ceux qui vous ont traité si indignement.

Si l’idée que je vous propose n’est pas de votre goût, il y a cent autres manières d’éclairer le genre humain. Travaillez, vous êtes dans la force de votre génie ; je me charge de l’impression, vous ne serez jamais compromis.

Adieu ; soyez sûr que votre Fontenelle n’eût jamais été aussi empressé que moi à vous servir. »

1 L'adresse est laissée en blanc, certainement pour être complétée par Damilaville en cas de besoin ; voir la fin de la lettre du même jour à Damilaville : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1763-partie-32.html

2 Du 23 janvier 1759 , contre le livre De l'Esprit . Voir lettre du 7 février 1759 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/02/26/ce-qui-est-neuf-n-est-pas-toujours-vrai-5308752.html

3 Voir les Notebooks, Index sous le mot « contradictions », ainsi que le Pot-pourri, chap. X . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Pot-pourri

4 Respectivement Exode , XXXIII, 11, et Exode , XXXIII, 20 et 23 . Voir : https://saintebible.com/exodus/33-11.htm

et : https://saintebible.com/exodus/33-20.htm

28/09/2018

Des systèmes établis dans des temps de ténèbres doivent disparaître dans notre siècle ; et vous aurez la gloire d’avoir détruit le plus pernicieux des préjugés

... en envisageant -enfin- une dégressivité de l'indemnité de chômage pour les mieux lotis , Monsieur Edouard Philippe . Pour les mieux lotis seulement ! j'insiste .

Au passage, je peux vous donner le témoignage d'un proche qui a eu à passer par la case chômage, et qui alors s'en trouvait bien, financièrement parlant, n'ayant plus alors les frais de transport  qui grévaient son budget ; le bon côté de la chose est qu'il a pu ainsi reprendre des études complémentaires à sa formation, être diplômé et retrouver un emploi valable . Tout le monde n'est pas toujours apte à faire ce progrès .

 Et pendant ce temps un pourri , maître parmi les pourris, Patrick Balkany se fait voter une augmentation de 56% de son indemnité de maire . Jusqu'à quand va-t-on supporter cet enfoiré , intime de Sarkozy, coupable de blanchiment de fraude fiscale aggravée , corruption passive, blanchiment de corruption et prise illégale d'intérêts, excusez du peu . Et dire que cette engeance s'est reproduit ! https://www.youtube.com/watch?v=vU17tMsWh7Ehttps://www.yo...

 

 

 

« A Antoine Prost de Royer

Au château de Ferney le 1er octobre 1763 1

Je vous remercie, monsieur, du plus court et du meilleur livre qu’on ait écrit depuis longtemps. La raison et l’éloquence l’ont dicté ; on ne peut y répondre que par du fanatisme et du galimatias. Je ne doute pas que votre archevêque 2 ayant, comme vous, beaucoup d’esprit et de lumières, ne soit entièrement de votre avis dans le fond de son cœur. Il est trop bon citoyen pour soutenir une absurdité qui ruinerait l’État. Des systèmes établis dans des temps de ténèbres doivent disparaître dans notre siècle ; et vous aurez la gloire d’avoir détruit le plus pernicieux des préjugés. Il faut avouer que nous avons encore beaucoup de lois absurdes et contradictoires : on les doit à l’esprit monacal, qui a régné trop longtemps. Il est également triste et honteux pour nos tribunaux d’être réduits à éluder ce que sans doute ils voudraient abolir ; mais on trouve la superstition en possession de la maison, on n’ose pas l’en chasser tout d’un coup ; et on se contente d’y loger avec elle.

Ce que vous dites des cinq talents qui devaient en produire cinq autres m’a toujours frappé : mais j’avoue que cet intérêt à cent pour cent m’avait paru un peu trop fort. Cela fait voir qu’il y a bien des choses qu’il ne faut pas prendre au pied de la lettre.

Il est très vrai, monsieur, que MM. Tronchin et Camp me donnent quatre pour cent du peu d’argent qu’ils ont à moi . M. le cardinal de Tencin en tirait cinq  et si M. votre archevêque fait bien, il en tirera autant, attendu qu’au bout de l’année il donnera aux pauvres vingt-et-un mille livres au lieu de vingt mille.

Je crois monsieur que vous ne ferez pas mal d'envoyer un exemplaire de votre ouvrage à M. Rousseau, auteur du Journal encyclopédique à Bouillon . Vous pouvez le lui adresser sous l'enveloppe de M. Naudet, secrétaire de M. de Trudaine, et par dessus, sous celle de M. de Trudaine, conseiller d’État, intendant des Finances en son hôtel à Paris ; il lui parviendra sûrement . J'ai l'honneur d'être monsieur avec toute l'estime que je vous dois votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire.

Gentilhomme ordinaire de la chambre du roi .

Il serait fort à souhaiter que votre libraire envoyât plusieurs exemplaires à Genève . »

1 Copie par Wagnière limitée aux trois premiers paragraphes ; d'autres copies contemporaines, d'une même main, apparemment littérales, qui pour cette raison ont été suivies . Sur le destinataire de cette lettre, voir Ernest Niepce : « Prost de Royer » dans Revue du Lyonnais, 1874 . L'édition de Kehl est limitée aux 3 premiers paragraphes, et l'édition de Droz limitée au reste de la lettre .

27/09/2018

Ces énergumènes, plus intolérants et plus intolérables que les jésuites, voulaient faire regarder l’intérêt de l’argent comme un péché

... Qu'on se rassure [sic], notre monde moderne ne contient plus aucun de ces énergumènes, la race des banquiers et agioteurs les a éradiqués, le dollar est roi, l'argent appelle l'argent inéluctablement, le péché s'il en était encore question , n'est considéré, au pire, que comme véniel par toutes les églises . Tout comme le minerai et le charbon doivent donner de l'acier, l'argent doit produire encore plus d'argent, sans trêve : pour quoi, pour qui ?

 

 

« A Pierre Rousseau, Directeur du

« Journal encyclopédique »

à Bouillon par Paris

1er octobre 1763

Je peux vous assurer, monsieur, que je partage vos peines autant que j’estime votre journal . Il m’a fait tant de plaisir, que depuis un an c’est le seul que je fasse venir, et que j’ai renvoyé tous les autres .

Soyez encore très sûr qu’on a arrêté pendant plus d’un mois tous les imprimés qui venaient de Genève. La lettre d’un homme qui porte votre nom peut en avoir été la cause ; on peut encore avoir eu d’autres raisons. Je me servirai de l’adresse que vous me donnez, dès que j’aurai quelque chose qui pourra convenir à votre greffe.

Il y a un excellent ouvrage qui paraît à Lyon depuis quelques jours, sous le titre d’Avignon : c’est une lettre d’un avocat à l’archevêque de Lyon, concernant la légitimité du prêt à intérêt 1 ; on y confond l’insolence fanatique de quelques pères de l’Oratoire, chargés aujourd’hui de l’éducation de la jeunesse lyonnaise. Ces énergumènes, plus intolérants et plus intolérables que les jésuites, voulaient faire regarder l’intérêt de l’argent comme un péché, et immoler Lyon au jansénisme. Je vais écrire à l’auteur pour l’engager à vous envoyer l’ouvrage par la voie de M. Naudet.

Je ne sais si vous savez que six cents citoyens de Genève ont fait coup sur coup quatre protestations contre le jugement du conseil qui a fait brûler l’Emile de Jean-Jacques ; ils disent qu’un citoyen de Genève est en droit de tourner en ridicule la religion chrétienne tant qu’il veut, et qu’on ne peut le condamner qu’après avoir conféré amiablement avec lui. Cela est assez plaisant dans la ville de Calvin : un temps viendra où il arrivera la même chose dans la ville 2 où l’on prétend que Simon Barjone a été crucifié la tête en bas. »

1 Par Prost de Royer : Lettre à Mgr l'archevêque de Lyon, dans laquelle on traite du prêt à intérêt à Lyon, appelé dépôt de l'argent, 1763, brochure de 93 pages ; V* lui écrit le même jour . La brochure a été attribuée à tort à V* et réimprimée à ce titre dans Les Choses utiles et agréables , 1769, et même au volume IX des Nouveaux mélanges, 1765-1776, imprimés pourtant sous la surveillance de V* . Voir : https://books.google.fr/books?id=5bVMcbz-vGgC&pg=PA21&lpg=PA21&dq=Lettre+%C3%A0+Mgr+l%27archev%C3%AAque+de+Lyon,+dans+laquelle+on+traite+du+pr%C3%AAt+%C3%A0+int%C3%A9r%C3%AAt+%C3%A0+Lyon,+appel%C3%A9+d%C3%A9p%C3%B4t+de+l%27argent&source=bl&ots=-BzXEICewi&sig=7M9U7i3m0VMvxRJ__aHiOHXFjFk&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwir4_zfxdrdAhVNyxoKHd0GCDQQ6AEwAHoECAkQAQ#v=onepage&q=Lettre%20%C3%A0%20Mgr%20l'archev%C3%AAque%20de%20Lyon%2C%20dans%20laquelle%20on%20traite%20du%20pr%C3%AAt%20%C3%A0%20int%C3%A9r%C3%AAt%20%C3%A0%20Lyon%2C%20appel%C3%A9%20d%C3%A9p%C3%B4t%20de%20l'argent&f=false

et : http://data.bnf.fr/12124955/antoine-francois_prost_de_royer/

et  lettre de V* à Prost de Royer : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1763-partie-32.html

2 Rome .

26/09/2018

J'attends, puisqu'il le faut, ces deux rivaux cruels

... dit Antonio Guterres, à l'ONU, concernant les USA et l'Iran en bisbille :

http://www.lefigaro.fr/international/2018/09/25/01003-201...

 

 

 

« A Marc-Antoine-Jean-Baptiste Bordeaux de Belmont

Directeur des spectacles

à Bordeaux

[septembre-octobre 1763]

Corrections et additions faites à Olympie

acte IV, scène 3

 

Est la honte d’Éphèse et l'horreur de l’Asie.

 

Cassandre

Va ! Ton lâche artifice est ce qui fait horreur .

 

L’Hiérophante

Modérez l'un et l'autre une indigne fureur,

Rendez-vous à la loi, révérez sa justice etc.

Elle est commune .1

 

Scène IV

 

Sostène, elle est leur fille ; elle a le droit affreux .

 

mettez

 

Olympie est leur fille ; elle a la droit affreux

De haïr sans retour un époux malheureux.

Sostène, elle m'abhorre, et moi je la préfère, 2etc.

 

Scène V au second vers

 

au lieu de qu'il se condamne ! hélas ! mettez , qu'il se déteste 3 hélas !

 

même scène, après ce vers

 

Tout mon sang fut formé pour couler sous ta main

 

ôtez ce qui suit, et mettez

C'est là ma destinée .

 

Cassandre

Ah ! C'est trop de vengeance,

J'eus moins de cruauté, j’eus moins de violence.

Le ciel sait faire grâce, et vous savez punir ;

Est-ce donc votre époux qu'il vous fallait haïr !

 

Olympie

Ma haine est-elle juste, et l'as-tu méritée ?

Cassandre, si ta main féroce ensanglantée,

Ta main qui de ma mère osa percer le flanc,

N’eut frappé que moi seule, et versé que mon sang,

Je te pardonnerais, je t'aimerais – barbare !

Va , tout nous désunit .

 

Cassandre

Non, rien ne nous sépare .

Vous ne punirez point des crimes, des malheurs

Vengés par mes remords, effacés par mes pleurs,

Oubliés par les dieux, expiés par vous-même .

Vous avez à l'autel prononcé, je vous aime,

Ce mot saint et sacré ne peut se profaner .

 

Olympie

Ah ! Si ma mère encore pouvait te pardonner !

 

Cassandre

Donnez-lui cet exemple .

 

Olympie

Eh le puis-je ?

 

Cassandre

Oui, cruelle !

J'aurai ma grâce enfin des dieux, de vous, et d'elle .

Amis eussiez-vous Cassandre encor plus en horreur

Dussiez-vous m'épouser pour me percer le cœur,

Vous me suivrez – il faut 4 etc.

 

Scène VII

 

Qui périt infidèle , ou meurt dénaturée .

Cassandre c'en est fait , sans doute il faut te fuir

Il faut t'abandonner ; – mais comment te haïr ?5 etc .

 

scène VIII

 

Elle tombe, elle touche au moment de la mort .

 

corrigez

 

Elle tombe, et peut-être elle touche à la mort .6

 

acte V, scène III

 

Faites venir ici ces deux rivaux cruels .

 

corrigez

 

J'attends, puisqu'il le faut, ces deux rivaux cruels .7

 

scène V

 

Je veux en périssant te voir et t'adorer .

 

Olympie

 

Ô dieux qui l'entendez ! Dieux cachez-lui mes larmes !

 

Cassandre

Mais indigne de vivre, indigne de tes charmes,

J'ose exiger au moins 8 qu'un barbare après moi,

Un rival odieux n'obtienne point ta foi .

Ta bouche l'a promis, ton cœur n'est point parjure

Va, l'hymen est encor 9 etc .

 

scène VI, ôtez le commencement, et mettez celui-ci :

 

Antigone

S'il ose vous parler j'aurai la même audace ;

J'ai le droit qu'il usurpe ; il vous demande grâce .

Je demande justice : il insulte les morts,

Je viens pour les venger .

 

Cassandre

Non perfide, je sors,

Suis-moi .

Antigone

Je te suivrai – commence par entendre

L'irrévocable arrêt que sa bouche doit rendre .

Princesse prononcez et ne redoutez rien ;

Vous êtes en ces lieux et son juge et le mien .

Vous saurez aisément, et du moins je l'espère,

Distinguer l'assassin du vengeur d'une mère , etc .

 

On fait mille compliments à monsieur de Belmont . »

1 Ce passage fut profondément remanié .

2 Sauf le premier vers maintenu, le reste de ce passage fut adopté dans une forme légèrement modifiée .

3 Le changement ne fut pas effectué .

4 Le texte fut légèrement modifié .

5 Ces vers furent incorporés sous une forme modifiée et sensiblement amplifiée .

6 Le changement ne fut pas apporté .

7 Cet autre changement ne fut pas davantage adopté .

8 Sur le manuscrit , encor exiger corrigé par V* en exiger au moins .

9 Les vers 2-6 furent remplacés par un seul vers .

25/09/2018

la vérité est bonne , mais il ne faut pas qu'elle ruine

...

 

« A Jean Ribote-Charron

28 septembre 1763 1

Le solitaire à qui M. Ribote écrit quelquefois a trois tristes qualités, celles d'être vieux, malade et paresseux . Il se réveille quelquefois, tantôt pour soutenir un pauvre roué, dont par parenthèse le procès commencera après la Saint-Martin, tantôt pour donner sur le nez à Simon Lefranc, attendu que Simon Lefranc porte le nez un peu trop haut, tantôt pour prêcher la tolérance au long et au large . Il est fort aise que vos protestants assemblent des synodes 2 et serait encore plus aise que les philosophes en assemblassent . Il a entendu dire qu’on avait imprimé à Paris un petit Catéchisme de l'honnête homme, dont tous les honnêtes gens sont assez contents, il a entendu dire aussi qu'on en enverrait à M. Ribote si on pouvait lui faire tenir le paquet franc de port ; la vérité est bonne , mais il ne faut pas qu'elle ruine . Cinq ou six cents citoyens de Genève vont faire des représentations au Conseil pour la quatrième fois sur la manière dont ledit Conseil en a usé envers Jean-Jacques Rousseau leur concitoyen . Ils prétendent qu'un bourgeois de Genève a le droit de tourner en ridicule la religion chrétienne tant qu'il veut, qu'on doit disputer aimablement avec lui et non pas le condamner sans l’entendre . Le nombre des philosophes qui augmente prodigieusement rit de tout cela et fait bien . Que monsieur Ribote rie, si jamais il fait un voyage dans nos quartiers , je le prie de venir rire chez moi . »

1 Le manuscrit s'est trouvé autrefois dans les archives de la famille Portal à Montauban .

2 Un synode a effectivement été tenu en juin ; voir Histoire des églises du désert, 584-587,1841, de Charles Coquerel Voir aussi : http://larevuereformee.net/articlerr/n217/l%E2%80%99eglise-du-desert

 

24/09/2018

Il faut espérer qu'on oubliera bientôt toutes ces déclamations et que les effets royaux reprendront la faveur que les remontrances leur ont ôtée

... dit Marcel Campion, "roi des forains", suite à ses dires sur les "pervers homosexuels" :

https://www.huffingtonpost.fr/2018/09/23/marcel-campion-s... 

Ses arguments de défense me rappellent ceux de feu Jean-Marie Le Pen qui se défendait d'être raciste puisqu'il y avait un maghrébin , proche de lui, candidat FN aux élections . Campion, roi des faux-jetons, lui , est homophile quand sa fortune dépend de l'accord du maire de Paris Delanoé, et homophobe quand on ne lui accorde plus de privilèges . Minable !

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« A Ami Camp, Banquier

à Lyon

28è septembre 1763 à Ferney

La traite de M. Olensshlager, monsieur, dont je vous parlais dans ma dernière lettre, consiste en deux lettres de change, l'une de quatre mille livres, sur Maurin Bruyère et compagnie, signée Maurin et Comp.

L'autre de deux mille cinq cents livres sur Jean-Baptiste Arnd Duc et compagnie, signée frères Mayer .

À Lyon pour le paiement d’août .

Ces 6500 livres sont le paiement de ce que me devait l’Électeur Palatin au 1er juillet . Je vous envoyai ces lettres de change vers 1 le 19è d'août, je les tiens de M. Olensshlager, et je n'ai rien à répéter sur M. Franck ni sur M. Bois de La Tour .

Je vous remercie de la réponse au parlement de Bordeaux 2. Elle paraît sage, équitable et ferme . La lettre au parlement de Rouen imprimée dans les gazettes est beaucoup plus forte . Il faut espérer qu'on oubliera bientôt toutes ces déclamations, et que les effets royaux reprendront la faveur que les remontrances leur ont ôtée .

Vous recevrez, monsieur, un petit paquet, à votre adresse par M. Tabareau, que je vous supplie de vouloir bien faire mettre à la poste ; il m'a été confié par des personnes qui ne veulent point se servir de la voie de Genève, attendu que depuis l'équipée de Jean-Jacques on met souvent à Paris au rebut les lettres qui portent le timbre de Genève, et dans lesquelles on soupçonne qu'il y a des imprimés .

Mme Denis et moi, et toutes la petite famille, nous vous embrassons bien tendrement .

V. »

1 vers ajouté au dessus de la ligne par V*.