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22/06/2022

Voici le temps de copier les rôles et de les apprendre

... Et nous irons sans doute plus souvent à la soupe à la grimace qu'à la franche entente : et c'est parti pour cinq ans !  Bla bla bla : https://www.20minutes.fr/politique/3313111-20220622-legis... 

Rétropédalage (inévitable avec un tel bonhomme prêt à tout ) : https://www.bfmtv.com/politique/elections/legislatives/proposition-de-groupe-unique-melenchon-concede-avoir-peut-etre-ete-un-peu-trop-rapide_AN-202206210462.html

https://cdn-s-www.leprogres.fr/images/339456AA-D7CC-4BFC-82C1-973D475618FB/MF_contenu/le-dessin-du-jour-1651250703.jpg

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

[10-11 février 1767] 1

Je reçus hier la lettre du 3 février de mon cher ange, après avoir fait partir ma réponse à la lettre du 2è. Je suppose toujours que les deux exemplaires adressés à M. le duc de Praslin lui sont parvenus.

Les dernières additions que j’ai envoyées à mon ange et à M. de Thibouville peuvent servir aisément à rendre les deux exemplaires complets et corrects . Mais, pour abondance de précautions, voici encore un exemplaire nouveau, bien exactement revu, lequel pourra servir de modèle pour les autres ; il part à l’adresse de M. le duc de Praslin.

Je ne saurais être de l’avis de mon ange sur ce vers d’Obéide, dans la scène avec son père, au cinquième acte :

Elle m’a plus coûté que vous ne pouvez croire.


Cela ne veut dire autre chose pour ce père, sinon qu’il en a coûté beaucoup d’efforts à une jeune personne, élevée à la cour, pour venir s’ensevelir dans des déserts ; mais, pour le spectateur, cela veut dire qu’elle aime Athamare. Si j’avais le malheur de céder à cette critique, j’ôterais tout le piquant et tout l’intérêt de cette scène. J’ai fait humainement ce que j’ai pu. Il ne faut pas demander à un artiste plus qu’il ne peut faire ; il y à un terme à tout ; personne ne peut travailler que suivant ses forces.

Voici le temps de copier les rôles et de les apprendre ; il n’y a plus ni à reculer ni à travailler. Je demande seulement qu’on joue La Jeune Indienne 2 avec Les Scythes. Je serai bien aise de donner cette marque d’attention à M. de Chamfort, qui est, dit-on, très aimable, et qui me témoigne beaucoup d’amitié. Si ces deux pièces sont bien jouées, elles vaudront de l’argent au tripot ; elles donneront du plaisir à mes anges, mais, pour moi, je suis incapable de plaisir : je ne le suis que de consolation, et ma plus grande est l’amitié dont mes anges m’honorent.

N. B. – Dans le tracas horrible qui m’a accablé pendant un mois, je ne me suis jamais aperçu d’une faute d’impression au cinquième acte, page 64 :

Sozame a-t-il appris que sa fille qu’il aime.


Il y avait dans le manuscrit :

Sozame a-t-il appris à sa fille qui m’aime.


Il y a encore quelques petits changements fort légers dans la copie ci-jointe.

N. B. Comment pouvez-vous m’outrager au point de me soutenir que ce vers :

Elle m’a plus coûté que vous ne pouvez croire,


signifie :

Mon père, j’adore Athamare, et je ne le tuerai point, puisque le moment d’après elle dit :

Après ce coup terrible et qu’il me faut porter ?


Ce mot
qu’il me faut porter ne rejette-t-il pas très-loin tous les soupçons que pourrait concevoir le père ? D’ailleurs, quels soupçons pourrait-il avoir après les serments de sa fille ? Vous tueriez ma pièce si vous ôtiez Elle m’a plus coûté que vous ne pouvez croire. Je sais bien qu’il y aura quelques mouvements au cinquième acte parmi les malintentionnés du parterre ; mais je vous réponds que le receveur de la Comédie sera très-content de la pièce. Laissons dire Fréron et l’avocat Coquelet 3, son approbateur, et les soldats de Corbulon[3] 4, s’il y en a encore, et qu’on sonne 5 le bouteselle.

Mille tendres respects. Je ne sais point la demeure de M. le chevalier de Chastellux . Je prends la liberté de vous adresser la lettre 6.

V."

1 L'édition de Kehl est limitée à quelques lignes amalgamées à la lettre du 11 ; Cayrol la date du 8 février 1767, ce qu'on corrige en voyant la lettre du 11 .

2 La Jeune Indienne , de Chamfort, ne fut jamais représentée avec Les Scythes malgré la parenté des sujets . Voir : http://theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/CHAMFORT_LAJEUNEINDIENNE.xml

 

3 Ou plutôt Coqueley ; voir la lettre à Damilaville du 10 avril 1767: http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/05/correspondance-annee-1767-partie-26.html

L'approbateur de la pièce est bien Coqueley, et non Coquelet, comme l'écrit Wagnière .

4 On appelle ainsi les partisans de Crébillon ; par allusion aux vers de Rhadamiste et Zénobie, ac. III, sc. 2 :

De quels front osez-vous, soldats de Corbulon,

M’apporter dans ma cour les ordres de Néron ?

Voir la note 2 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome37.djvu/416

5 Et non qu'on some, comme le porte l'édition Besterman . Il s'agit d'une sonnerie de la cavalerie ordonnant la montée en selle .

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