04/02/2011
quinze mille cultivateurs pouvaient être aussi utiles à l'État, du moins dans cette vie, que vingt chanoines qui ne doivent être occupés que de l'autre
Travaille ! esclave !! Paroles de moines .
Horreur.
Au XVIIIè siècle , me direz-vous .
Oui, mais les Eglises diverses et multiples actuelles ne pronent -elles pas encore une obéissance aveugle à leurs dogmes , et par là de s'échiner pour leur gloire, sinon gare à l'enfer .
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Relevez-vous ! Hommes libres ! Paroles de Voltaire .
Etonnez-vous, après ça qu'on devienne irreligieux !
Je vous laisse choisir vers qui vont mes préférences .
« A Jean-François Joly de Fleury
A Ferney le 4è février 1771
Monsieur,
Vous ne serez point surpris qu'un homme qui a eu l'honneur de vous faire sa cour pendant que vous étiez intendant de Bourgogne i vous implore pour des infortunés ; il vous voyait alors occupé du soin de les soulager .
L'avocat ii que je prends la liberté de vous présenter n'est point un homme que l'on doive juger par la taille. Il joint à la plus grande probité une science au-dessus de son age . Il est le défenseur de douze à quinze mille bons sujets du roi, que vingt chanoines veulent rendre esclaves iii. Il a cru que quinze mille cultivateurs pouvaient être aussi utiles à l'État, du moins dans cette vie, que vingt chanoines qui ne doivent être occupés que de l'autre.
Vous connaissez cette affaire, Monsieur, vous en êtes juge . Il ne m'appartient pas de vous parler en faveur d'aucune des parties, mais il m'est permis de vous dire que l'impératrice de Russie a rendu libres quatre cent mille esclaves de l'Église grecque ; que le roi de Sardaigne a aboli la servitude dans ses États iv; et je puis encore ajouter à ces exemples le roi du Dannemark qui a la bonté de me mander qu'il est actuellement occupé à détruire dans ses deux royaumes cet opprobre de la nature humaine. Tout ce que désireraient les quinze mille hommes à qui on refuse les droits de l'humanité, serait que vous en fussiez le rapporteur.
J'ai l'honneur d'être avec beaucoup de respect,
Monsieur,
votre etc . »
i Celui-ci était venu avec son neveu ( pourtant fils de l'ennemi Omer Joly de Fleury) chez V* qui lui avait donné une fête ; cf. lettre à Mlle Clairon du 16 octobre 1760 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/10/16/a...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Joly_de_F...
ii Charles-Gabriel-Frédéric Christin, avocat de Saint Claude (Jura): http://www.demolyremy.fr/histoire_demoly/histoire_jura_de...
iii Les chanoines de Saint-Claude revendiquaient encore le droit de mainmorte . V* écrira, ou soufflera à Christin, la Supplique des serfs de Saint-Claude à monsieur le chancelier (Maupéou), c'est évoqué dans une lettre à Christin du 22 avril 1771 ;
http://books.google.be/books?id=xE0TAAAAQAAJ&pg=PA484...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mainmorte
iv En particulier dans le duché de Savoie par un édit du 20 janvier 1762 (cité en note par V* dans Au roi en son Conseil : page 411 : http://books.google.be/books?id=NRNvjjYauOsC&pg=PA586... )
13:02 | Lien permanent | Commentaires (0)
On joue tous les jours la comédie à Lausanne. Ce n'est pas comme dans votre ville de Calvin
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"Il faut que je m'accoutume aux naufrages", voici en substance ce que doit se dire le monde arabo-musulman qui a fait profession de mettre des dictateurs au pouvoir .
Il est cependant regrettable qu'il ne soit envisagé par le peuple que la technique du baton pour reprendre son destin en main . Je fais des voeux pour que les urnes ne soient pas seulement funéraires .
La faim a réveillé la peur, qui a réveillé la colère qui va faire couler le sang, fatalement .
Le poids des mots ! et direct à l'hosto ! le choc des balles , encore et encore .
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et pour ceux qui sont pour la B.O. : http://www.deezer.com/listen-2305241
Et pendant ce temps là, on danse à Lausanne et on brasse des paroles (vaines ? ) à Genève.
Voir : http://rajaadanse.magix.net/
Et , contraste, pourquoi pas , à venir, avenir souhaité : http://www.partagider.com/index.php?post/11-Edito-55CSW
nous verrons ce qu'il en sortira sur le terrain ( J'ai cru entendre : "poussière, comme d'hab' !! " ).
« A Jean-Robert Tronchin
Montriond 4 ou 5 février [1757]
Mon cher correspondant, encore un gros vaisseau de pris !i Je tremble pour notre compagnie des Indes.
Il me parait assez sûr que l'Espagne va se déclarer. Le roi de Prusse vient de m'écrire une lettre très tendre ii. L'impératrice de Russie veut que j'aille à Pétersbourg iii. Mais je vous réponds bien que je ne quitterai pas vos Délices iv. Il faut que je m'accoutume aux naufrages . Ce ne sont pas seulement mes vaisseaux qui périssent. Une barque que j'envoyais de Montriond aux Délices, chargée de bois et de meubles, est allée au fond du lac . Cela ne m'empêchera pas de jouer le vieux bonhomme Lusignan dans Zaïre. Ce rôle me convient . On joue tous les jours la comédie à Lausanne. Ce n'est pas comme dans votre ville de Calvin .
Je suis bien fâché de la mort du marquis d'Argenson, ex-ministre philosophe v. Il y avait cinquante ans que je l'aimais.
Me permettrez-vous de vous adresser les lettres ci-jointes pour épargner une partie du port à de pauvres diables ?
Les Pictet vi sont enchantés de Lyon et ils ont raison .
Il me revient qu'on a brûlé à Glats les magasins du roi de Prusse. C'est une perte difficile à réparer. Il y a disette de grains en Germanie.
Les deux Suisses vous embrassent bien tendrement.
V. »
i Par les Anglais .
ii Le 8, à la duchesse de Saxe-Gotha : « Le roi de Prusse m'a écrit de Dresde le 19 janvier une lettre toute pleine de bonté » . Frédéric écrivait à sa sœur , la margravine , le 20 janvier , qu'il a fait « répondre par l'abbé (de Prades) tout plein de belles choses » à V* (dont il avait été surpris de recevoir une lettre car on disait V* mort ! ).
Lettre MMCDLIX page 423 ; lettres MMCDLV pages 420-421 et MMCDLVII page 422 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f426.image.p...
iii « Pour écrire l'histoire de Pierre Ier » écrit-il en cette période à ses correspondants.
iv « Vos Délices » allusion au fait que V* a acheté la propriété sous le nom de Tronchin : Cf. lettre du 13 février 1755 http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/13/j...
v Mort le 26 janvier . http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Louis_de_Voyer_de_...
Cf. lettre à Cideville du 9 février : pages 422-423 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f426.image.p...
« J'ai tendrement regretté le marquis d'Argenson, notre vieux camarade. Il était philosophe et on l'appelait à Versailles d'Argenson la bête. Je plais davantage la chèvre, s'il est vrai qu'on l'envoie brouter en Poitou. » La « chèvre » = comte d'Argenson, frère du marquis, exilé aux Ormes près de Saumur. http://fr.wikipedia.org/wiki/Marc-Pierre_de_Voyer_de_Paul...
vi Pierre Pictet, professeur, et sa famille habitent aussi St Jean, près des Délices ; Mme Denis avait été un peu jalouse de la jeune et jolie Charlotte, fille de Pierre, qui avait fait un bonnet pour V* . http://www.archivesfamillepictet.ch/famille/biographies.h...
Pour poursuivre mon chemin, l'ami Georges, qui ne se défile jamais : http://www.deezer.com/listen-917425
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Je vous avertis que cette postérité a l'œil sur vous, quoique vous soyez continellement occupé du présent
Pour le contraste avec les fauteuils de l'Académie, si confortables qu'ils soient, je préfère les bancs publics :
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Mon esprit, qui n'en est plus à une gaffe près, soupçonne Volti d'avoir, in petto, pensé la denière phrase de sa lettre telle que je vous la livre, insolemment : "le très vieux et très raillé solitaire du mont Jura, ... qui en est pour son culte".
Vu son esprit de répartie qui ne craint pas d'appeler un chat, un chat, je vous mets au défi de certifier, -croix de bois, croix de fer,- que ma version ne peut exister !
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
4è février 1771, à Ferney
Mon héros passe sa vie à m'accabler de bontés et de niches . On i me mande qu'il est à la tête d'une faction brillante contre M. Gaillard ii. Je le supplie de descendre un moment du grand tourbillon dans lequel il plane pour considérer que M. Gaillard travaille au Journal des savants depuis vingt quatre ans ; qu'il a remporté des prix à l'Académie ; qu'il a fait l'Histoire de François Ier iii laquelle est très estimée, et qu'il n'a fait ni Les Fétiches, ni les Terres australes iv.
Je supplie notre respectable doyen, le neveu de notre fondateur, de ne pas contrister à ce point ma pauvre vieillesse toute décrépite. Je sais bien qu'il ne fera que rire de mes lamentations, et qu'il se moquera de moi jusqu'au dernier moment de ma vie . Mon héros est très capable de me venir voir, et de m'accabler de plaisanteries. Il daigne m'aimer depuis longtemps, et me tourner parfois en ridicule . Je suis accoutumé à son jeu, et il sait que je supporte la chose avec une patience angélique.
Il me reproche toujours des chimères, des préférences qu'il imagine v, des négligences qui n'existent pas, et sur ce beau fondement il mortifie son très humble et très obéissant serviteur.
L'Europe croit que j'ai beaucoup de crédit sur l'esprit de mon héros ; l'Europe se trompe, et je lui certifierai quand elle voudra que je n'en ai aucun, et qu'il passe sa vie à se moquer de moi . Cependant, il faut qu'il soit juste.
Là, mon héros, mettez la main sur la conscience . Vous avez fait serment devant Dieu de donner votre voix au plus digne, sans écouter la brigue et les cabales . Jugez quel est le plus digne, et songez à ce que dira de vous la postérité si vous me bafouez dans cette affaire de droit ! Je vous avertis que cette postérité a l'œil sur vous, quoique vous soyez continellement occupé du présent. Je me plaindrai à elle comme font tous les mauvais poètes, et toute prévenue qu'elle est en votre faveur, elle me rendra justice. Ne désepérez point le très vieux et très raillé solitaire du mont Jura, qui vous a toujours aimé et révéré du culte de dulie vi, et qui en est pour son culte.
V. »
i D'Alembert.
ii Pour l'élection à l'Académie française.
iii Histoire de François Ier, roi de France, 1766-1769. http://books.google.be/books?id=a1E2AAAAMAAJ&printsec...
Elu en 1771, Gabriel-Henri Gaillard , fauteuil 22.
iv Qui sont des œuvres du président De Brosses, qui semble être soutenu par Richelieu ; cf. lettre à d'Alembert du 10 décembre 1770 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/09/s...
v Pour d'Argental notamment.
vi = « culte de respect et d'honneur, par opposition au culte de latrie, qu'on rend à Dieu seul. » ; dulie qui donne "aduler", latrie qui donne 'idolatrie".
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03/02/2011
L'âme supporte des fatigues que le corps ne soutient pas ; mais avec le temps on vient à bout de tout,
Lettre rédigée le 4 mai 2011.
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
Mardi matin, 3 de février [1778]
Mon cher ange, c'est moi qui vous écris aujourd'hui, ce n'est pas Mme Denis ; c'est moi qui suis désespéré de ne pas accompagner nos voyageurs i. J'ai eu la force de faire dix actes ii, et je n'ai pas celle de faire cent lieues . L'âme supporte des fatigues que le corps ne soutient pas ; mais avec le temps on vient à bout de tout, et quand les cent lieues mènent dans votre voisinage, on les fait gaiement . Je ne suis pourtant pas trop gai . Un homme de mon âge, qui vient de bâtir quatre-vingt-quatorze maisons, qui est ruiné, qui a dix procès et dix actes de tragédie sur le corps, n'a pas de quoi rire .
Quand est-ce donc que ce pauvre éclopé aura le bonheur de vous embrasser, vous et votre aimable secrétaire iii? Je vais accompagner Mme Denis jusqu'à la première poste iv. Je n'ai pas le temps d'écrire à M. de Thibouville ; ces dames lui parleront plus éloquemment que moi, et elles arriveront avant ma lettre . »
iv Il pense sans doute à Bourg-en-Bresse . Le même jour il écrit à Vasselier que Mme Denis et les de Villette vont à Paris par Bourg-en-Bresse ; Pierre-Michel Hennin écrit le 4 à Jean-Michel Hennin : « M. de Voltaire vient de partir pour Paris, si ce n'est pas une ruse pour faire maison nette ; il va avec ses chevaux jusqu'à Bourg, passe à Dijon, où il s'arrête trois jours pour un procès » .V* a peut-être changé d'avis au dernier moment : le soir de ce mardi 3 il écrit à Vasselier : « Mme Denis est partie ce matin avec M. et Mme de Villette . Ils vont à Paris par Bourg-en-Bresse . Moi je pars jeudi ou vendredi au plus tard pour Dijon ... » sans mentionner Paris comme destination ; le 7, Mme Gallatin écrira (ce qui est exact) qu'il « est parti avant-hier 5è pour Paris »
La lettre de Hennin peut être mal datée, écrite en plusieurs fois ou contenir une erreur .
14:34 | Lien permanent | Commentaires (0)
Presque tout le monde cherche à tromper, depuis le prédicateur jusqu'au faiseur de madrigaux ...Il faut que le pape soit un grand imbécile de croire que tous les siècles se ressemblent, et qu'on puisse insulter aujourd'hui à la raison comme on faisait
Rédigé le 24 juin 2011 pour parution le 3 février 2011
« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand
3 février 1769
Voici le temps , Madame, où vous devez avoir pour moi plus de bontés que jamais . Vous savez que je suis aveugle comme vous dès qu'il y a de la neige sur la terre et j’ai par dessus vous les souffrances . Le meilleur des mondes possibles est étrangement fait . Il est vrai qu'en été je suis plus heureux que vous, et je vous en demande pardon, car cela n'est pas juste .
Serait-il bien vrai, Madame, que le marquis de Bélestat, qui est très estimé dans sa province, qui est riche, qui vient de faire un très grand mariage 1, eût osé lire à l'académie de Toulouse un ouvrage qu'il aurait fait faire par un autre, et qu'il se déshonorât de gaieté de cœur pour avoir de la réputation 2? Comment pourrait-on être à la fois si hardi, si lâche et si bête ? Il est vrai que la rage du bel esprit va bien loin et qu’il y a autant de friponnerie en ce genre qu'en fait de finance et de politique . Presque tout le monde cherche à tromper, depuis le prédicateur jusqu'au faiseur de madrigaux . Vous, madame, vous ns trompez personne ; vous avez de l'esprit malgré vous ; vous dites ce que vous pensez avec sincérité . Vous haïssez trop les philosophes ; mais vous avez plus d'imagination qu'eux . Tout cela fait que je vous pardonne votre crime contre la philosophie, et même votre tendresse pour le pincé La Bletterie 3.
Je songe toujours à vous amuser . J'ai découvert un manuscrit sur la canonisation que notre Saint-Père le pape a faite il y a deux ans d'un capucin nommé Cucufin 4. Le procès verbal de la canonisation est rapporté fidèlement dans ce manuscrit . On croit être au XIVè siècle . Il faut que le pape soit un grand imbécile de croire que tous les siècles se ressemblent, et qu'on puisse insulter aujourd'hui à la raison comme on faisait autrefois .
J'ai envoyé le manuscrit de La Canonisation de saint Cucufin à votre grand maman 5, avec prière expresse de vous en faire part . Je ne désespère pas que ce monument d'impertinence ne soit bientôt imprimé en Hollande, je vous l'enverrai dès que j'en aurai un exemplaire. Mais vous ne voulez jamais me dire si votre grand maman a ses ports francs et s'il faut lui adresser les paquets sous l'enveloppe de son mari .
Je vous prie instamment, Madame, de me mander des nouvelles de la santé du président 6; je l'aimerai jusqu'au dernier moment de ma vie . Est-ce que son âme voudrait partir avant son corps ? Quand je dis âme, c'est pour me conformer à l'usage, car nous ne sommes peut-être que des machines qui pensons avec la tête comme nous marchons avec les pieds . Nous ne marchons point quand nous avons la goutte, nous ne pensons point quand la moelle du cerveau est malade .
Vous souciez-vous , Madame, d'un petit ouvrage nouveau dans lequel on se moque avec discrétion de plusieurs systèmes de philosophie ? Cela est intitulé Les Singularités de la nature . Il n’y a d'un peu plaisant à mon gré qu'un chapitre sur un bateau de l'invention du maréchal de Saxe, et l'histoire d'une anglaise qui accouchait tous les huit jours d'un lapin 7. Les autres ridicules sont d'un ton plus sérieux . Vous êtes très naturelle, mais je soupçonne que vous n'aimez pas trop l'histoire naturelle . Cependant cette histoire là vaut bien celle de France, et l'on nous a souvent trompés sur l'une et sur l'autre . Quoi qu'il en soit, si vous voulez ce petit livre intitulé Les Singularités de la nature, j'en enverrai deux exemplaires à votre grand maman dès que vous me l'aurez ordonné .
Adieu, Madame,je suis à vos pieds . Je vous prie de dire à M. le président Hénault combien je m'intéresse à sa santé . »
1 Le roi était signataire au mariage de Bélestat avec Marie-Charlotte de Château-Renaud, mais en 1752 .
2 Voir lettre du 13 janvier 1769 à d'Alembert , ce que Bélestat écrit à V* le 20 décembre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/11/les-vieilles-tetes-rongees-de-la-teigne-de-la-barbarie-mourr.html
et voir aussi lettre du 18 septembre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/18/dites-moi-pourquoi-depuis-bossuet-et-flechier-nous-n-avons-p.html
26 octobre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/26/ma-bonne-sante-et-ma-mort-sont-egalement-fausses.html#more
21 décembre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/20/je-deteste-les-poules-mouillees-et-les-ames-faibles.html
3 Dans une note de la traduction de Tacite de La Bletterie, V* se voyait attaqué, or Mme du Deffand défendait La Bletterie ; voir lettre du 26 décembre 1768 à Mme du Deffand, et du 13 janvier 1769 à d'Alembert .
4 Œuvre évidente de V* : La Canonisation de saint Cucufin ; voir dans la lettre du 21 décembre d'où lui est venue l'idée .
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lettre sur un ministre public ... ce n'est pas une chose ordinaire d'endosser des lettres de change sur ces messieurs
Le petit navire , pas celui de Cadix avec or et argent, mais celui de Daphné :
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Et pour rester dans une ambiance marine : Le rêve de Neptune :
http://www.deezer.com/listen-929308
« A Jean-Robert Tronchin
à Lyon
A Lausanne 3 février [1758]
Mes petites affaires avec l'Électeur palatin i, mon cher correspondant, vont mieux que celles que je peux avoir avec le roi de Prusse. Je vous prie d'envoyer à Paris ce petit billet de change pour en coucher la recette dans votre greffe. Je ne crois pas que les lettres de change sur la Silésie fussent si bien acquittées que le sera celle-ci.
Vous me ferez plaisir de vouloir bien m'instruire de la manière dont la lettre sur un ministre public aura été reçue : car ce n'est pas une chose ordinaire d'endosser des lettres de change sur ces messieurs.
Je crois que la personne que vous savez aura été un peu piquée qu'on lui ai mandé : Je vous ferai réponse par un de mes commis ii. Cette manière de répondre n'est ni agréable ni de bon augure iii.
Il y a tant de raisons particulières qui doivent influer sur ce gros commis qu'il persistera dans les idées avec lesquelles il a commencé son commerce, et il y a grande apparence qu'il fera la même fortune qu'a faite le grand banquier que vous voyez souvent. C'est cet objet de commerce dans lequel la cochenille et la bonneterie ont part, qui doit l'occuper préférablement à tout iv.
On dit qu'il est arrivé à Cadix un vaisseau tout plein d'or et d'argent . N'y avez-vous point quelque part ? Pour moi quand tout le Mexique et tout le Pérou arriveraient, je n'aurais pas de nouvelles de MM. Gilly v. Je pense qu'ils sont morts, ou qu'ils me croient mort.
Bonsoir. Je suis en vie pour vous aimer.
V.»
i V* lui a prêté de l'argent. Une lettre de change, de 6500 livres,passe ici par l'intermédiaire du baron de Grevenbrok, ministre de l'Électeur à Paris.
ii « La personne... » = cardinal de Tencin . C'est effectivement l'abbé de Bernis qui lui a répondu le 29 janvier .
iii D'autres négociations ( Guerre de Sept ans commencée en 1756) étaient menées parallèlement par l'intermédiaire du prince Henri de Prusse, frère cadet de Frédéric II, et du comte de Mailly, ami de Frédéric ; ce dernier écrivait le 30 janvier de Versailles que Louis XV ne voulait pas traiter. http://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin-Joseph_de_Mailly
http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_de_Prusse_%281726-1802...
iv « Gros commis » = Bernis : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Joachim_de_Pie...
« grand banquier » = cardinal de Tencin , qui va mourir le 2 mars 1758 : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Gu%C3%A9rin_de_Tencin
« la même fortune » = la faveur et la disgrâce ; « la cochenille » = le chapeau de cardinal, qui sera remis à Bernis le 2 octobre, et peu après il sera disgracié et exilé.
v Frères Gilly : voir : Robert Chamboredon, Des placements de Voltaire à Cadix : http://societe-voltaire.org/cv-resumes.php
Faire aussi « Chercher » Gilly dans http://adlitteram.free.fr/biographie_marmontel.htm
"Je suis en vie pour vous aimer", Mam'zelle Wagnière, aussi vais-je "Mourir d'un oeil" seulement :
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02/02/2011
on mourra volontiers après avoir tiré sur les bêtes puantes
http://www.deezer.com/listen-6576347 : Jet black
"Jet" noir comme le jet de bile qui encombrait Volti .
http://www.deezer.com/listen-7117373
Partons sur le sentier de la guerre aux couleurs d' Apache :
http://www.deezer.com/listen-3245606
Sur un Mustang :
http://www.deezer.com/listen-3245616
Et maintenant, Volti se sent bien : Feeling fine :
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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
A Ferney 2 février [1761]
Anges de paix, anges de justice, voici ce Pantaedai [sic]i du sieur Abraham Chaumeix tel qu'on me l'a envoyé de Paris ; je l'ai fait copier fidèlement . Je ne connais point le petit singe à face de Thersite ii; mais si cet homme est tel qu'on me le mande il mérite l'exécration publique, et je ne connais personne qui doive craindre de démasquer un personnage si ridicule et si odieux. Quand on joint les mensonges de Sinon iii au style de Zoïle, à l'impudence de Thersite, et à la figure de Ragotin iv, on doit s'attendre de recevoir en public le châtiment qu'on mérite ; et ceux qui n'ont pas la force en main pour se venger font très bien de payer les Thersite et les Zoïle dans leur propre monnaie. Se reconnaitra qui voudra dans cette fidèle peinture, on n'en craint point les conséquences ; on est bien aise même que Thersite sache à quel point on le hait et on le méprise ; on en fera profession publique quand il le faudra. Le chevalier d'Aydie vient de mourir en revenant de la chasse ; on mourra volontiers après avoir tiré sur les bêtes puantes. D'ailleurs on n'a rien à perdre en France, et on trouvera partout ailleurs des établissements assez avantageux pour braver avec sécurité, et pour confondre avec les armes de la vérité les délateurs hypocrites, et les calomniateurs impudents v. Je ne connais l'homme dont il est question jusqu'à ses titres ; et si je le rencontrais je le lui dirais en face s'il a une face.
Pardonnez, mes divins anges, à cette petite digression un peu aigrelette . Il y a longtemps que je couve ce fiel dans le fond de mon cœur. Voilà ma bile purgée . Je me rends à tous les charmes de votre commerce, à votre douceur, à vos grâces . Je suis doux comme vous quand je me suis vengé.
Je ne crois pas que l'auteur de Pantoadai doive le lâcher de si tôt. Il n'y a que Thieriot, je crois qui en soit en possession. Je lui mande d'attendre ; et il attendra . Il faut tendre actuellement toutes les cordes de son âme pour punir Fréron de son insolence, et pour lui procurer quelque peine afflictive salutaire , qui lui apprenne à ne plus insulter une fille de condition, et le nom de Corneille dans ses infamies littéraires vi. L'Écluse, qui n'est point celui de l'Opéra-Comique, mais chirurgien du roi de Pologne, a donné sa procuration et demande justice. Mme Denis a envoyé son certificat. Le nommé Fréron est très punissable et le procès criminel ne sera pas long. Le Brun a toutes les pièces vii. Il ne manque que la procuration du bonhomme Corneille viii. Je mets le tout sous votre protection . Vous êtes bon, mais vous êtes ferme ; et c'est ici qu'il faut l'être . Mon contemporain le président de La Marche m'a écrit une lettre pleine d'esprit.
Le maréchal de Belle-Isle est-il mort ?ix M. de Choiseul a-t-il la Guerre ?x M. de Chauvelin le ministre de paix ? Ne souffrez pas que Le Blanc soit de l'Académie.
Pleurez-vous toujours ?xi Je pleure votre absence .
V. »
i= Épître A Daphné ou Épître de M. de Voltaire à Mlle Clairon, datée du 1er janvier 1761, et dont le sous-titre est Pantaodaï, étrennes à Mlle Clairon, publiée sous le pseudonyme de A*** C*** ( Abraham Chaumeix ayant fait des mémoires contre l'Encyclopédie et contribué à la faire condamner en 1759). V* a écrit le mot pantaedai dans la première occurrence du manuscrit.
ii « le petit singe » dans le poème est Omer Joly de Fleury, soit à « face de Thersite », soit « à phrases compassées », soit « petit singe ignorant », « imbécile » ou « indocile » selon les versions.
iii C'est Sinon qui dans l'Enéïde fait entrer le cheval dans Troie.
iv Personnage du Roman comique de Scarron. http://www.gutenberg.org/catalog/world/readfile?fk_files=...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Roman_comique
v « Je mourrai en bravant tous ces ennemis du sens commun. S'ils ont le pouvoir (ce que je ne crois pas) de me persécuter dans l'enceinte des quatre-vingt lieues de montagne ... j'ai , Dieu merci, quarante-cinq mille livres de rente dans les pays étrangers ... » écrit V* le 30 janvier : voir page 178 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800358/f184.image.p...
vi Voir pour cette « insolence » de Fréron la lettre du 15 janvier à Du Molard-Bert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/01/17/t...
vii « le certificat de Mme Denis et celui du résident de France à Genève » qui « démontrent que L'Écluse, depuis six mois, n'a point mis les pieds chez (V*) » donc que ce dernier « ne donne point Mlle Corneille à élever à un bateleur de la foire ».
viii Le père de Marie-Françoise ; V* prétend que les calomnies de Fréron peuvent empêcher Mlle Corneille de se marier.
ix Mort le 26 janvier .
x Belle-Isle décédé, c'est Choiseul qui a le portefeuille de celui-ci en plus du sien : Chauvelin ne pouvait donc lui succéder aux Affaires étrangères.
xi Non de tristesse, mais à cause d'une affection ophtalmique.
A la chandeleur, l'hiver part ou reprend vigueur . Je dois confirmer ce que Volti avait constaté : Pays de Gex = hivers rudes et longs .
Cependant le printemps n'a jamais été aussi proche : un avant goût : Spring is nearly here :
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