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14/02/2011

Comptez que c'est une femme charmante, et que personne n'a plus de goût, plus de raison, et plus de douceur

Titre spécial St Valentin !

Avec un sourire spécial pour Mam'zelle Wagnière ...

fleurs diddle.jpg

 

 

 

«  A Claude-Etienne Darget

[mi-février 1751]

Mon cher ami, quand je vous écris c'est pour vous seul, c'est à vous seul . Je suis si malade que je ne sens plus mes afflictions. Mon âme est morte, et mon corps se meurt. Je vous conjure de vous jeter s'il le faut aux pieds du roi, et d'obtenir de lui que je me retire au Marquisat i à la fin de ce mois, et que j'y reste jusqu'au mois de mai . Il est vrai que je ne pourrai guère m'y passer des mêmes bontés et des mêmes générosités dont il daigne m'honorer à Berlin ii, et qu'il est impertinent à moi d'en abuser à ce point . Mais mon cher ami,tachez d'obtenir bien respectueusement, bien tendrement, que ma pension soit retranchée à compter depuis février jusqu'au temps de mon retour . J'aime infiniment mieux raccommoder ma santé au Marquisat que de toucher de l'argent. Ce que le roi daigne faire pour moi coûte autant qu'une forte pension . Ce double emploi n'est pas juste . Je n'ai que faire d'argent, mon cher ami iii, je veux la campagne, du petit-lait, de bon potage, des livres, votre société et les nouveaux ouvrages d'un grand homme qui m'a juré de ne me pas rendre malheureux . Ce que je lui demande adoucira tous mes maux . Qu'il dise seulement à M. Federcsdoff iv qu'on ait soin de moi au Marquisat ; j'ai des meubles que j'y ferai porter. J'ai presque tout ce qu'il me faut hors un cuisinier et des carrosses . Je n'aurai cela que quand je reviendrai avec ma nièce qui prend enfin pitié de mon état, et qui consent de se retirer avec moi à la campagne pour me consoler . En un mot il dépend du roi de me rendre la vie . J'ai tout quitté pour lui ; il ne peut refuser ce que je lui demande . Il s'agit de rétablir ma santé pendant deux mois et demi au Marquisat, et d'y vivre à ma fantaisie . Mais je veux absolument que la pension me soit retranchée pendant tout ce temps-là, et pendant celui de mon absence jusqu'à mon retour avec ma nièce .

Elle fera partir tous mes meubles de Paris le 1er juin, et je vous réponds que le reste de ma vie sera tranquille et philosophique . Soyez sûr que son amitié et la mienne contribueront à la douceur de votre vie . Elle ne me parle que de vous . Elle vous aime déjà de tout son cœur ; et je vous demanderai bientôt votre protection auprès d'elle . Comptez que c'est une femme charmante, et que personne n'a plus de goût, plus de raison, et plus de douceur . Elle est plus capable de sentir le mérite des ouvrages du Salomon du Nord que tout ce qui l'entoure . Si je veux espérer de rester au Marquisat avec elle, ma vie sera aussi heureuse qu'elle a été horrible depuis trois mois v.

Je vous embrasse tendrement, réussissez dans votre négociation . Il le faut absolument .

V.

La vraie amitié réussit toujours . »

 

i Le Marquisat est une maison d'été devant la porte de Brandebourg, assez près du château de Potsdam .

 

ii A Berlin, V* est logé (au château), nourri, « voituré, défrayé de tout ».

 

iii Cf. lettre à Darget du 10 février :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/10/l...

 

iv Federsdorf, ancien soldat devenu valet de chambre et favori du roi .

 

v Cf. lettre du 10 février 1751 , et le mémoire sur l'affaire Hirschel dans le lettre à Cocceji du 5 février 1751, l'affaire d'Arnaud, etc., dans la lettre à d'Argental du 28 novembre 1750 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/11/28/i...

Note pour le baron Samuel de Cocceji :

http://en.wikipedia.org/wiki/Samuel_von_Cocceji

13/02/2011

Monsieur l'évêque est occupé auprès de quelques filles de l'Opéra-Comique

 

goldoni théatre italien milwauk2.jpg

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

13 février [1763]

 

Mon cher frère, si vous n'avez pas des Éclaircissements historiques, en voici . Il est assez plaisant qu'on puisse imprimer la calomnie, et qu'on ne puisse pas imprimer la justification i. Je joins à ces deux exemplaires la véritable feuille de l'Essai sur les Mœurs ii de laquelle assurément Messieurs doivent être contents, à moins qu'ils ne soient extrêmement difficiles . Comme il n'y a rien dans cette feuille qui ne se trouve dans le procès de Damiens que le parlement lui-même a fait imprimer, je ne vois pas que Messieurs aient le moindre prétexte de me traiter comme les jésuites ; d'ailleurs, j'aime la vérité, et je ne crains point Messieurs. Je suis à l'abri de leur greffier . Au reste, il me semble qu'il y a , à la page 325, une chose bien flatteuse pour un de ces Messieurs iii.

 

Quant à la roture de Messieurs, il faudrait être aussi ignorant qu'un jeune conseiller au parlement pour ne pas savoir que jamais de simples conseillers ne furent nobles . Voyez le chapitre de la noblesse . C'est bien pis. Les chanceliers n'étaient pas nobles par leur charge ; ils avaient besoin de lettres d'anoblissement . Quand on écrit l'histoire il faut dire la vérité et ne point craindre ceux qui se croient intéressés à l'opprimer.

 

Le traité sur l'éducation iv me parait un très bon ouvrage, et pour tout dire, digne de l'honneur que frère Platon-Diderot lui a fait d'en être l'éditeur.

 

Si frère Thieriot ne sait pas l'air de Béchamel, je vais vous l'envoyer noté, car il faut avoir le plaisir de chanter : Vive le roi et Simon Lefranc !v

 

Avez-vous entendu parler de la pièce dont M. Goldoni a régalé le Théâtre-Italien vi? a-t-elle du succès ? joue-t-on encore le vieux Dupuis et M. Desronais vii? J'avais prié mon cher frère de m'envoyer ce Dupuis ; j'attendais le discours de mon confrère l'évêque de Montrouge viii, il m'avait écrit qu'il me l'envoyait, mais point de nouvelles . Monsieur l'évêque est occupé auprès de quelques filles de l'Opéra-Comique . Mais c'est à frère Thieriot que j'en veux : il est bien cruel qu'il n'ait pas encore cherché les Dialogues de Grégoire-le-Grand . Je les avais autrefois . C'est un livre admirable en son espèce : la bêtise ne peut aller plus loin.

 

J'embrasse tendrement mon cher frère, et je le prie de faire passer cette lettre à Pindare-Le Brun dont je suis censé ignorer les sottises ix.

 

Je reçois Tout le monde a tort x. Ce Tout le monde a tort ne serait-il point de Mme Belot ? Il me parait qu'une ironie de soixante pages en faveur des jésuites pourrait être dégoutante . »


i « petite addition » à l'Histoire générale : Éclaircissements historiques à l'occasion d'un libelle calomnieux sur l'Essai de l'histoire générale, qui répond aux Erreurs de M. de Voltaire, de Nonnotte . Damilaville a également écrit une réponse que V* joignit à la sienne sous le titre de Additions aux susdits éclaircissements .

http://www.archive.org/details/erreursdevoltair01nonn

http://www.voltaire-integral.com/Html/24/64_Eclaircisseme...

Cf. lettres à d'Alembert du 28 novembre 1762, à Damilaville du 9 septembre et du 13 décembre 1762 :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/27/a...

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/08/c...

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/12/13/l...

La « calomnie » désigne les écrits de Nonnotte . Les Éclaircissements sont signalés à Malesherbes comme imprimés du 29 janvier 1763.

ii A ce propos, voir lettre à Mme d'Argental du 9 février : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/09/j...

iii Dans le chapitre sur l'attentat de Damiens «  ... l'un (des membres du parlement exilé) ... célèbre pour son patriotisme et pour son éloquence, fonda une messe à perpétuité pour remercier Dieu d'avoir conservé la vie du roi qui l'exilait », avec cette note de V* : « L'abbé de Chauvelin »

iv De l'Éducation publique, 1762 . Thieriot disait qu'on ne connaissait pas l'auteur de cet ouvrage édité par Diderot ; on a cité Jean-Baptiste-Louis Crevier ou même Diderot lui-même. http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste-Louis_Crevier

http://books.google.be/books?id=d-wNAAAAYAAJ&printsec...

v C'est l'Hymne chanté au village de Pompignan ; http://books.google.be/books?id=2sJCAAAAYAAJ&pg=PA140...

cf. lettre à Mme d'Argental du 9 février .

vi L'Amour paternel ou La Suivante reconnaissante, représentée le 4 février au Théâtre Italien . http://fr.wikipedia.org/wiki/Carlo_Goldoni

vii Dupuis et Desronais, comédie de Charles Collé ; cf. lettre à Damilavile du 24 janvier . Représentée pour la première fois à la Comédie-Française le 17 janvier . http://books.google.be/books?id=FSU_AAAAcAAJ&printsec...

viii C'est le discours de réception à l'Académie Française, prononcé le 22 janvier par l'abbé Voisenon ; il signait « évêque de Montrouge » car il fréquentait la maison du duc de La Vallière à Montrouge. http://www.academie-francaise.fr/immortels/discours_recep...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude-Henri_de_Fus%C3%A9e_d...

ix Sur ce Le Brun, surnommé Pindare à cause de son ode sur Corneille, et sur ses rapports avec V*, voir lettres à d'Alembert du 18 janvier et Damilavile du 24 janvier : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/16/j...

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/01/25/l...

x Tout le monde a tort ou Jugement impartial d'une dame philosophique, sur l'affaire présente des jésuites, 1762, attribué à Claude-Cyprien-Louis Abrassevin, jésuite .

Voir note 17862 page 325 : http://books.google.be/books?id=ozgLAAAAQAAJ&pg=PA325...

 

 

12/02/2011

vous serez bien aise de voir les belles choses que fait le roi de Prusse

http://wn.com/Merope_(opera) : Mérope, version différente de celle de Graun écrite sur le livret (partiellement ) du roi de Prusse en 1756, où l'on peut admirer les prouesses vocales de hautes-contre .

En tout cas, ça me plait bien .

 

mérope the lost pleïade pleyades21_07.jpg

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

[vers le 7 février 1756] i

 

Je vous demande pardon, mon cher ange, de vous envoyer tant de vers et point de nouvelle tragédie . Mais j'imagine que vous serez bien aise de voir les belles choses que fait le roi de Prusse . Il m'a envoyé toute la tragédie de Mérope mise par lui en opéra ii. Permettez que je vous donne les prémices de son travail . Je m'intéresse toujours à sa gloire iii. Vous pourriez confier ce morceau à Thieriot, qui en chargera sans doute sa mémoire et qui sera une des trompettes de la renommée de ce grand homme . Je ne doute pas que le roi de Prusse n'ait fait de très beaux vers pour le duc de Nivernais iv; mais jusqu'à présent on ne connait que son traité en prose avec les anglais.

 

Mille respects à tous les anges . »


i Voir autre version de cette lettre MMCCCXXIII, page 320 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f324.image.p...

ii Au final, le livret sera conjoint de Frédéric et de Gianpietro Tagliazucchi, la musique de Carl Heinrich Graun ; cet opéra fut interprété le 26 mars 1756 à Berlin. Voir : http://operabaroque.fr/GRAUN.htm

iii Le 26, à d'Argental : « Il est vrai que je ne pouvais mieux me venger de l'auteur de Mérope opéra qu'en vous en envoyant un petit échantillon. », ce qui n'est pas flatteur : page 325 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f329.image.p...

Le 10 février à d'Alembert : « Les vers vous en paraitront fort lyriques et paraissent faits avec facilité. » : plus gentil : pages 321-322 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f325.image.p...

Vers le 10 février, il écrivit à Jean-Robert Tronchin : « Ce monarque pendant qu'il faisait son traité faisait un opéra en vers français de ma tragédie de Mérope. », plus admiratif .

iv Allusion sans doute à l'épigramme qu'aurait faite Frédéric contre le duc de Nivernais, envoyé de France en Prusse au moment où la Prusse signait un traité d'alliance avec l'Angleterre, ennemie de la France .

Dans ses Mémoires, V* écrit à ce propos : « Le roi de France voulant le retenir dans son alliance, lui avait envoyé le duc de Nivernais ... qui faisait de très jolis vers ... (Frédéric) se moqua du roi de France, et signa son traité avec l'Angleterre le jour même que l'ambassadeur arriva à Berlin, joua très poliment le duc et pair,et fit une épigramme contre le poète. » En fait, le duc arriva le 12 janvier, le traité fut ratifié à Londres le 16 janvier, et en Prusse le 16 février ; le duc fut très bien reçu, et on ne retrouve pas l'épigramme .

 

 

 

11/02/2011

On ne peut cesser d'être persécuteurs sans avoir cessé auparavant d'être absurdes

"je vous conjure d'immoler vos raisonnements au bien de la bonne cause. "

A combien de dirigeants et combien de temps faudra-t-il dire et ressasser cette phrase ?

 

Persécuteurs du monde entier, combien vous êtes absurdes !

 

Volti, ami, merci, tu as encore vu juste !

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Persécution :http://www.deezer.com/listen-4957040

Machines absurdes ; parce que j'aime bien William Sheller :http://www.deezer.com/listen-2277081

Singeries, que je vous recommande, dans "le meilleur des mondes" :http://www.deezer.com/listen-2277081

Toute ressemblance avec des personnes existantes , etc. ...

 

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

 

13 de février [1764]

 

Gardez-vous bien, mon très cher philosophe, d'alarmer la foi des fidèles par vos cruelles critiques i. Je ne vous demande pas de changer d'avis, parce que je sais que les philosophes sont têtus ; mais je vous conjure d'immoler vos raisonnements au bien de la bonne cause. Le bon homme, auteur de La Tolérance ii, n'a travaillé qu'avec les conseils de deux très savants hommes iii. Vous vous doutez bien que ce n'est pas de son chef qu'il a cité de l'hébreu. Ces deux théologiens sont convenus avec lui, à leur grand étonnement, que ce peuple abominable, qui égorgeait, dit-on, vingt-trois mille hommes pour un veau iv, et vingt-quatre mille pour une femme v, etc., ce même peuple pourtant donne les plus grands exemples de tolérance ; il souffre dans son sein une secte accréditée de gens qui ne croient ni à l'immortalité de l'âme ni aux anges . Il a des pontifes de cette secte . Trouvez-moi sur le reste de la terre une plus forte preuve de tolérantisme dans un gouvernement . Oui, les Juifs ont été aussi indulgents que barbares ; il y en a cent exemples frappants ; c'est cette énorme contradiction qu'il fallait développer, et elle ne l'a jamais été que dans ce livre .

 

On a très longtemps examiné, en composant l'ouvrage, s'il fallait s'en tenir à prêcher simplement l'indulgence et la charité, ou si on ne devait pas craindre d'inspirer de l'indifférence . On a conclu unanimement qu'on était forcé de dire des choses qui menaient, malgré l'auteur, à cette indifférence fatale, parce qu'on n'obtiendra jamais des hommes qu'ils soient indulgents pour le fanatisme, et qu'il faut leur apprendre à mépriser, à regarder même avec horreur les opinions pour lesquelles ils combattent.

 

On ne peut cesser d'être persécuteurs sans avoir cessé auparavant d'être absurdes . Je peux vous assurer que le livre a fait une forte impression sur tous ceux qui l'ont lu, et en a converti quelques-uns. Je sais bien qu'on dit que les philosophes demandent la tolérance pour eux ; mais il est bien fou et bien sot de dire, que quand ils y seront parvenus, ils ne toléreront plus d'autre religion que la leur ; comme si les philosophes pouvaient jamais persécuter, ou être à portée de persécuter. Ils ne détruiront certainement pas la religion chrétienne, mais le christianisme ne les détruira pas, leur nombre augmentera toujours ; les jeunes gens destinés aux grandes places s'éclaireront avec eux, la religion deviendra moins barbare et la société plus douce . Ils empêcheront les prêtres de corrompre la raison et les mœurs . Ils rendront les fanatiques abominables, et les superstitieux ridicules . Les philosophes, en un mot, ne peuvent qu'être utiles aux rois, aux lois et aux citoyens . Mon cher Paul de la philosophie, votre conversation seule peut faire plus de bien dans Paris que le jansénisme et le molinisme n'y ont jamais fait de mal ; ils tiennent le haut du pavé chez les bourgeois, et vous dans la bonne compagnie . Enfin, telle est notre situation, que nous sommes l'exécration du genre humain, si nous n'avons pas pour nous les honnêtes gens ; il faut donc les avoir, à quelque prix que ce soit ; travaillez donc à la vigne, écrasez l'Infâme . Que ne pouvez-vous point faire sans vous compromettre ? Ne laissez pas une si belle chandelle sous le boisseau vi. J'ai craint pendant quelque temps qu'on ne fut effarouché de la Tolérance ; on ne l'est point , tout ira bien . Je me recommande à vos saintes prières et à celles des frères .

 

Le petit livret de la Tolérance a déjà fait au moins quelque bien . Il a tiré un pauvre diable des galères vii, et un autre de prison . Leur crime était d'avoir entendu en plein champ la parole de Dieu prêchée par un ministre huguenot. Ils ont bien promis de n'entendre de sermon de leur vie . On a dû vous donner Macare et Thélème viii; je crois d'ailleurs que Macare ix est votre meilleur ami, et vous le méritez bien.

 

N.B.- M. Gallatin était chargé pour vous de deux exemplaires cachetés . Ecr l'Inf, vous dis-je. »

 

i D'après la réponse de d'Alembert du 22 février, ceci concerne le tableau que V* fait des Juifs dans le Traité sur la Tolérance .

Voir lettre Page 197 : http://books.google.be/books?id=zzQHAAAAQAAJ&printsec...

 

ii V* lui donne le nom d'Herman ; cf. lettre à Damilaville du 4 mars :

page 405 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80036m/f410.image.p...

 

iii Les informations linguistiques de V* sont fournies par le pasteur genevois Moultou qui a pour amis le pasteur Vernes et Abauzit qui fut administrateur de la bibliothèque de Genève.

iv Trois mille pour le veau d'or : Bible, Exode XXXII, 28. http://www.biblia-cerf.com/BJ/ex32.html

 

v Vingt quatre mille pour la Madianite : Bible, Nombres XXV, 1-9. http://www.biblia-cerf.com/BJ/nb25.html

vi Évangile de Matthieu.

vii Claude Chaumont, condamné le 15 mars 1751 . V* écrira à son propos à Végobre, avocat : « M. le duc de Choiseul a délivré des galères le nommé Chaumont, dont tout le crime était d'avoir entendu un sermon au désert » et : « Il a quelques compagnons dont je ne désespère pas de briser les fers et les rames. » . V* demandait en effet au protestant Louis Necker, négociant à Marseille, de lui envoyer la liste de leurs « martyrs de la sottise, condamnés à ramer par le fanatisme » pour l'envoyer et faire « tout ce qui dépendra de moi pour qu'on ne fasse plus de martyrs »

viii Macare et Thélème, conte en vers de V*, 1764, imprimé dans les Contes de Guillaume Vadé. Page 63 : http://books.google.be/books?id=wZwMAQAAMAAJ&pg=PA67&...

ix « Macare », transcription du mot grec signifiant « bienheureux », ou comme l'écrit V* : « bonheur ».

10/02/2011

Genève, qui fait pour deux millions de contrebande par an

http://www.deezer.com/listen-3715452  : Traficants !

http://www.tdg.ch/contrebande-frites-frontiere-franco-sui...

Juste pour vous mettre dans l'ambiance, je peux vous assurer que Genève doit, de nos jours, allègrement dépasser le chiffre indiqué par Volti . Et ce pour le plus grand bien des centres commerciaux et de leurs employés dans le pays de Gex .

Vive la contrebande !

Et je ne compte pas les quarante mille traficants potentiels que sont les travailleurs transfrontaliers . Une seule loi, parfaitement raisonnable : dépenser le moins possible pour en avoir le maximum .

Il existe, -et peut-être la Confédération helvétique leur élèvera-t-elle des statues !-, il existe, quand même, des Suisses qui dépensent en Suisse pour défendre l'économie suisse . Minorité qui a les moyens financiers de s'offrir la plus-value du niveau de vie helvète.

Genève , chanté par William Sheller :

http://www.deezer.com/listen-982876

La Suisse est bien gardée et respecte les quotas : 1 homme + 1 femme + 1 animal ,Rantanplan, arme imparable . Ne vous fiez pas à l'allure pépère de la voiture, nos voisins ont de bons mécanos (le plus souvent français ) qui font de bons moteurs gonflés .

 

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« A Monsieur le chevalier de Beauteville i


Ferney le 10 février [1767]

 

Monsieur, certainement j'irai rendre à Votre Excellence les visites dont elle m'a honoré ii, quand elle voulait mettre la paix chez des gens qui ne méritent pas d'avoir la paix .

M. le duc de Choiseul m'a donné à la vérité toutes les facilités possibles ; mais, quelques bontés qu'il aie, la gène et le fardeau retombent toujours sur nous . Quel pays que celui-ci ! Je n'ai pu trouver dans Paris une lettre de change sur Genève ; il faut faire venir l'argent par la poste . Les coches de Lyon et de Suisse n'arrivent plus , et je peux vous assurer qu'on trompe beaucoup M. le duc de Choiseul, si on lui écrit que les Genevois souffrent, il n'y a réellement que nous qui souffrons. On croit se venger d'eux et on nous accable . Si on voulait effectivement rendre la vengeance utile, il faudrait établir un port au pays de Gex, ouvrir une grande route avec la Franche-Comté, commercer directement de Lyon avec la Suisse par Versoix, attirer à soi tout le commerce de Genève, entretenir seulement un corps de garde perpétuel dans trois villages entre Genève et le pays de Gex ; cela coûterait beaucoup, mais Genève, qui fait pour deux millions de contrebande par an, serait anéantie dans peu d'années.

Pardonnez-moi la liberté que je prends en faveur de la confiance que vous m'avez inspirée, et de l'intérêt très réel que j'ai à tous ces mouvements.

La petite affaire de la sœur du brave Thurot iii est finie de la manière dont je l'aurais finie moi-même si j'avais été juge . Je n'en ai point importuné M. le duc de Choiseul ; j'ai la principale obligation de tout à M. le vice-chancelier.

Je vous conseille de jeter Les Scythes dans le feu, car je les ai bien changés, et je vais m'amuser à en faire une meilleure édition.

Permettez que M. le chevalier de Taulès iv trouve ici les assurances des sentiments que j'aurai pour lui toute ma vie.

J'ai l'honneur d'être, avec bien du respect, et la plus tendre reconnaissance de toutes vos bontés, monsieur, de Votre Excellence, le très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire. »

 

i Pierre de Buisson , chevalier de Beauteville, ambassadeur du roi de France , et médiateur, écrit au Conseil de Genève le 30 décembre 1766 : « le roy mon maître , instruit de la réjection du plan de conciliation qu'il avait approuvé,... m'ordonne de me retirer de cette ville et de me rendre à Soleure. »

 

ii En 1766 .

 

iii A propos de cette affaire , voir : http://www.leschroniquesdemichelb.com/2010/10/voltaire-co...

et lettre du 2 janvier 1767 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/02/j...

 

iv Secrétaire d'ambassade à Genève en 1766 : Jean Taulès .

Chercher Taulès dans : http://books.google.be/books?id=HPgMAAAAYAAJ&pg=PT724...

et page XI :

http://books.google.fr/books?id=UgNbAAAAQAAJ&dq=Jean%...¨s%20masque%20de%20fer&pg=PR11#v=onepage&q&f=false

 

 

 

09/02/2011

Ils lui ont dit que non seulement il ne commettait pas un crime, mais qu'il faisait une action méritoire

"Gott mit uns" portaient fièrement (?) les guerriers allemands du Reichführer Adolf sur la boucle de leurs ceintures . Dieu avec nous ! quelle dérision ! 

Un de mes oncles qui eut la malchance d'être fait prisonnier en 39-45, nous racontait qu'au stalag il était courant de se faire battre à coups de ceinture, et que si on demandait ce qui était arrivé à la victime, on disait qu'elle avait reçu  quelques "Gott mit Uns".

Pour des tueurs, avoir Dieu de son côté, quelle preuve de son bon droit ! Non ?

Fanatiques de tous temps, écoutez les paroles de ceux qui disent "armons-nous !" et "partez vous faire martyrs !" Allez vous faire sauter, émietter, pulvériser pour ceux qui restent à l'abri, au chaud, prècheurs de violence imbécile .

Something was wrong : http://www.deezer.com/listen-2250586

http://www.deezer.com/listen-2248070 : Crime of the century

 

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« A Gabriel et Philibert Cramer

 

[10 février 1759]

 

Les chefs de la conspiration contre le Roi de Portugal ont été exécutés 1. Le duc d'Aveïro avant de mourir a déclaré que c'étaient les jésuites qui l'avaient encouragé à l'assassinat du Roi. Ils lui ont dit que non seulement il ne commettait pas un crime, mais qu'il faisait une action méritoire . Ils ont fait des neuvaines pour le succès de l'assassinat . Les auteurs de ces conseils sont, suivant la déposition du duc d'Aveïro, un jésuite italien, un du Brésil, le père provincial, les anciens confesseurs du roi et de la famille royale, le père Maltos, et le père Irance, tous cordons bleus de l'Ordre ;2 ils sont actuellement dans les fers au nombre de neuf.3»

 

1 Exécutés en janvier 1759 ; l'attentat du 4 septembre 1758 contre Joseph Ier , avait en fait pour but de venger l'honneur d'une grande famille ; les jésuites n'avaient pas de responsabilité directe . Voir page 389 et suiv. : http://books.google.be/books?id=NLy5O3X8ouoC&pg=PA389...

 

 

2Le ministre Pombal a fait chasser la Compagnie de Jésus le 19 janvier 1759.http://fr.wikipedia.org/wiki/Sebasti%C3%A3o_Jos%C3%A9_de_...

 

 

3 Dans sa lettre du 10 à Bertrand, il ajoute à cette relation :  « Voilà les nouvelles du 5, de Paris, et copiées sur la traduction portugaise pour le roi de France »

08/02/2011

Ils disent tous que j'ai vécu trop longtemps pour être payé

ça eut payé : http://www.deezer.com/listen-1125857

En musique, Paye tes dettes : http://www.deezer.com/listen-7859047

 http://www.deezer.com/listen-7781954 : Trop vieux  !!

Trop jeune ou trop vieux : http://www.deezer.com/listen-2536153

Le temps n'a pas de prise sur les paroles de Volti . Payons-le de notre reconnaissance pour ses idées lumineuses .

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Gravure de Henriquez dont il est question dans la lettre .

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol comte d'Argental

 

4è février 1777

 

 

Mon cher ange, votre lettre du 27è janvier me prouve que votre providence bienfaisante a toujours les yeux sur mes misères. Je n'ai point reçu de vers de M. de Sélis i dont vous me parlez, ni de lettre de l'abbé Pezzana ii ni l'estampe de la part du graveur Henriquez iii. J'ai reçu seulement par un libraire de Genève la nouvelle édition de l'Arioste, et j'en ai remercié l'abbé Pezzana par une lettre adressée à l'hôtel garni nommé L'Île d'amour, où il demeurait il y a plusieurs mois lorsqu'il m'écritvit.

 

Vous croyez, vous et M. de Thibouville, que je ne vous ai invités qu'à un petit souper de trois services iv; il faut que je vous avoue que j'en prépare un autre de cinq v. Le rôti est déjà à la broche, mais le menu m'embarrasse . Je crains bien de n'être qu'un vieux cuisinier dont le goût est absolument dépravé. Vous êtes le plus indulgent des convives ; mais il n'y a pas tant de gens qui s'empressent à vous donner à souper ; j'ai tant de rivaux qui me traiteront de gargotier que je tremble de vous donner mes deux repas. Je vois évidemment qu'il faut remettre cette partie à une saison plus favorable . Il suffirait qu'il y eut un ragoût manqué, pour que tout le monde, jusqu'aux valets de l'auberge, me traitât de vieil empoisonneur . Il viendra peut-être un temps où l'on aura plus d'indulgence . Il faut d'ailleurs que je présente quelques rafraichissements à six juifs et à leur aumônier M. l'abbé Guénée vi qui me paraissent un peu échauffés, et qui tirent la langue d'un pied de long.

 

Il résulte de tout cela, mon cher ange, que je ne pourrai vous rien envoyer jusqu'au mois de mars. Vous me pardonnerez sans doute quand vous saurez le triste état où je suis . Ma colonie me prend presque tout mon temps vii. Des débiteurs très grands seigneurs, comme MM. Les ducs de Bouillon et de Richelieu, et M. le duc de Virtemberg, m'ont manqué tous à la fois viii, et me laissent dans l'impossibilité de continuer ma fondation. Il n'y a pas jusqu'à un fermier général ix qui ne me laisse sans aucun secours. Ils disent tous que j'ai vécu trop longtemps pour être payé . Ils me regardent comme un homme mort ; et ce qui me parait très désagréable, c'est qu'ils auront bientôt raison . Or, jugez si dans de telles circonstances je puis hasarder de vous donner à souper surtout quand je suis presque sûr de vous faire une chère détestable.

 

Vous me parlez de Mme du Deffand . Vous sentez bien que la multitude énorme des fardeaux dont j'ai chargé ma faiblesse, et des embarras dont je suis environné ne me permet guère d'agacer les jeunes dames de Paris x. Sufficit diei malitia sua xi. Songez que j'ai presque autant de maladies que d'années et presque autant de chagrins et d'occupations inquiétantes que de maladies . Ayez donc un peu pitié de moi, mon très cher ange, portez-vous bien, réjouissez-vous, et aimez-moi. Vous ferez toujours ma consolation.

 

V. »

 

i Nicolas-Joseph Sélis, auteur de Épîtres en vers sur différents sujets, 1776.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas-Joseph_S%C3%A9lis...

Il écrira un pamphlet, Relation de la maladie, confession et mort de M. de Voltaire, 1778, -sous le nom de Dubois,- contre Voltaire à la mort de celui-ci.

ii L'abbé Giuseppe Pezzana 1735-1802, demanda en juillet 1776 la permission de lui dédier sa traduction de l'Arioste ; il traduisit aussi L'Orphelin de la Chine.

Chercher Pezzana sur : http://odb-opera.com/modules.php?name=Content&file=pr...

iii Son portrait et ceux de Diderot, d'Alembert et Montesquieu dont il le remerciera le 7 février .

Chercher Henriquez dans : http://www.archive.org/stream/p2lesgraveursdud02portuoft/...

 

iv Irène, en trois actes.

Cf. Lettre du 15 décembre 1776 : page 33 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80043w/f38.image.pa...

 

v Agathocle .

 

vi Un chrétien contre six juifs, 1777,

http://books.google.be/books?id=6jMHAAAAQAAJ&printsec...

aussi intitulé Le Vieillard du mont Caucase aux juifs portugais, allemands et polonais ... qui est une réponse aux Lettres de quelques juifs portugais, allemands et polonais à M. de Voltaire, de Guénée .Cf. lettres à d'Alembert du 8 décembre, à d'Argental du 15 décembre 1776.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2008/12/09/a...

et voir page 234 : http://books.google.be/books?id=LZxJAAAAIAAJ&pg=PA234...

Antoine Guénée : http://www.napoleon-juifs.org/Guenee.htm

vii Cf. lettre à Mme de Saint-Julien sur les difficultés qu'il rencontre le 5 décembre 1776 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2008/12/06/g...

viii = Qui ne payent pas leurs dettes .

ix Marchant . Lors de la liquidation de la succession de son notaire, Laleu, fin 1776, V* apprend que Marchant lui doit encore quarante mille francs.

x Mme du Deffand a 80 ans !

xi A chaque jour suffit sa peine . Évangile de Matthieu.