20/06/2015
n'espérez-vous pas la paix , de cette inaction de quatre cent mille hommes en Allemagne ?
... Ne vous y trompez pas, il ne s'agit pas ici de fonctionnaires teutons.
Si l'inaction rapportée était en France, on serait bien en dessous des derniers relevés du chômage et l'on aurait ici un pléonasme concernant nos dirigeants . Dans ces deux cas, point d'espoir de paix .
« A François de Chennevières
20è juin 1760
Mon cher correspondant n'espérez-vous pas la paix , de cette inaction de quatre cent mille hommes en Allemagne ? J'attends des succès de M. le duc de Broglie et la paix de M. de Choiseul .
Voulez-vous bien avoir la bonté de favoriser les incluses d'un beau cachet ? Est-il vrai que nous soyons assez heureux pour que M. le duc de Bourgogne soit hors de danger ? Nous avons eu ici M. Marmontel qui m'a paru bien philosophe après la perte de 12000 livres de rente, moins il méritait de les perdre, mieux il supporte sa mauvaise fortune . Je vous embrasse tendrement .
V. »
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19/06/2015
Toutes les armées ont pris de l'opium, puisse l'olive venir à son tour
... Langage codé ? étrange, il est ! n'est-il pas ?
L'opium ? les militaires modernes ont d'autres drogues à disposition .
L'olive ? je vois très bien où il faut la mettre pour obtenir de l'huile première pression à chaud . Aurons-nous la paix pour autant ?
Combien d'années de cabane pour la détention de cette savonnette ?
« A Jean-Robert Tronchin
19 juin 1760
Comme je vous supplierai mon cher monsieur de m'aider d'un group de 500 louis d'or quand vous viendrez dans la ville du picard Chauvin dit Calvin, je mets d'avance un emplâtre sur cette blessure, emplâtre de 9000 livres . Il ne me vient pas un scrupule de catholicon de Cadix . Toutes les armées ont pris de l'opium, puisse l'olive venir à son tour 1. Voulez-vous bien avoir la bonté de faire mettre à la poste les incluses pour épargner partie de port à de pauvres diables ? Oncle et nièce vous embrassent .
V. »
1 Voir lettre du 2 avril 1760 à Élie Bertrand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/04/03/c-est-un-fripon-artificieux-et-insolent-qui-leur-attirera-qu-5596042.html
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on va jusqu'à m'appeler l'oracle des philosophes, pour me faire brûler le premier.
...
« A Nicolas-Claude Thieriot
à l'Arsenal
à Paris
rue Couture-sainte
Catherine chez un
médecin
Aux Délices 19 juin 1760
Vous devez, encore une fois, mon cher et ancien ami, avoir reçu ma réponse et mes remerciements, et la liste de mes besoins, par M. Darboulin, à qui je l'ai recommandée.
M. d'Alembert suppose toujours que j'ai tout vu; c'est une règle de fausse position. Je n'ai rien vu ; je n'ai point le Mémoire de M. Lefranc de Pompignan ; je demande l'Interprétation de la Nature 1, la Vie heureuse de l'infortuné La Mettrie, etc., etc. Je paierai tout loyalement .2
Je réitère mes sanglots sur la Vision; cette vision est celle de la ruine de Jérusalem. Voilà la philosophie perdue et en horreur aux yeux de ceux qui ne l'auraient pas persécutée. 0 ciel ! attaquer les femmes! insulter à la fille d'un Montmorency! à une femme expirante! Je suis réellement au désespoir.
M. d'Alembert croit m'apprendre que M. le duc de Choiseul protège Palissot et Fréron. Hélas! j'en sais plus que lui sur tout cela, et je peux répondre que M. le duc de Choiseul aurait protégé davantage les pauvres Socrates; et je vous prie de le lui dire.
Il m'écrit que les philosophes sont unis,3 et moi, je lui soutiens qu'il n'en est rien ; quand ils souperont deux fois par semaine ensemble, je le croirai. On cherche à les diviser; on va jusqu'à m'appeler l'oracle des philosophes, pour me faire brûler le premier. On ose dire, dans la Préface de Palissot, que je suis au- dessus d'eux; et moi je dis, j'écris qu'ils sont mes maîtres.
Quelle comparaison, bon Dieu! des lumières et des connaissances des d'Alembert et des Diderot avec mes faibles lueurs! Ce que j'ai au-dessus d'eux est de rire et de faire rire aux dépens de leurs ennemis; rien n'est si sain : c'est une ordonnance de Tronchin.
Écrivez-moi, mon ancien ami ; voyez Protagoras-d'Alembert, et venez aux Délices. »
1 Pensées sur l'interprétation de la nature. Cet ouvrage est de Diderot. Il parut au commencement de 1754
2 Cette dernière phrase est omise dans l'édition de Kehl et suivantes .
3 « Ce n'est pas l'union qui manque aux frères » écrit d'Alembert le 11 juin 1760, et le 16 juin 1760 : « 9° C'est très-bien fait au chef de recommander l'union aux frères; mais il faut que le chef reste à leur tête, et il ne faut pas que la crainte d'humilier des polissons protégés l'empêche de parler haut pour la bonne cause, sauf à ménager, s'il le veut, les protecteurs, qui au fond regardent leurs protégés comme des polissons. » ; voir page 420 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f434.texte.r=3764
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18/06/2015
En tout pays on se pique De molester les talents
... Et il me semble, -enfin à mon humble avis,- que cette foutue énième réforme de l'enseignement du secondaire en particulier, va niveler le savoir par le bas . De tout un peu ! saupoudrage de bricolos plus doués pour jargonner qu'enseigner.
Quel encouragement peut attendre un élève qui travaille et réussit si celui qui n'en fiche pas une rame devient le mètre-étalon et bachelier par la grâce de professeurs laxistes trop heureux de le voir débarrasser le plancher scolaire ?
http://fdgpierrebe.over-blog.com/2015/05/une-reforme-des-colleges-qui-fait-reculer-la-qualite-de-l-enseignement-et-progresser-les-inegalites.html
« Au marquis Franceso ALBERGATI CAPACELLI.
En tout pays on se pique 1
De molester les talents ;
De Goldoni 2 les critiques
Combattent ses partisans. 3
On ne savait à quel titre
On doit juger ses écrits;
Dans ce procès on a pris
La nature pour arbitre.
Aux critiques, aux rivaux,
La nature a dit sans feinte :
Tout auteur a ses défauts,
Mais ce Goldoni m'a peinte.
Ecco, o mio signore, la mia sentenza. Mi lusingo ch' ella sarà firmata al vostro tribunale. Aspetto un Shaftesburi, e subito che la sua theologia inglese mi sara pervenuto 4 la spedirò alla vostra beatudine 5. Mille compliments à M. Algarotti. Aimez toujours le théâtre pour être béni. Si nous jouons à Tournay quelque nouveauté, nous ne manquerons pas de l'envoyer à Bologna quæ docet 6. Je vous aime sans vous avoir vu, et j'aime le cher Algarotti, parce que je l'ai vu. Mille respects à l'un et à l'autre.
V.
Aux Délices, 19 juin 1760. »
1 V* a d'abord écrit puis rayé critique .
2 Ch. Goldoni, nommé par ses compatriotes le Molière italien.
3 Toutes les éditions précédentes donnent Goldoni voit maint critique / Combattre ses partisans .
4 Che la sua [,,,] pervenuto manque dans les éditions précédentes .
5 A voi figure dans les éditions à la place des trois derniers mots .
Voilà, monsieur, ma sentence . Je me flatte qu'elle sera confirmée à votre tribunal . J’attends un Shaftesbury, et dès que sa théologie anglaise me sera parvenue je l'enverrai à votre béatitude .
6 Qui enseigne .
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17/06/2015
Si vous voulez bien favoriser cette petite partie du pays d'une réparation nécessaire
... Bêche, sarcloir, binette, râteau, brouette, huile de coude seront fournis par le corvéable citoyen qui tient à son bout de terrain et n'entend pas le céder aux griffes des ronds de cuir .
« A Louis-Gaspard Fabry
Premier syndic maire
et subdélégué
à Gex
17 juin1760
Monsieur, je vais écrire à un fermier général de mes amis et lui demander quand M. de Saint-Amant arrive . J'aurai l'honneur de vous en rendre compte , et de l'inviter à nos petites Délices .
Je profite de cette occasion pour vous dire que suivant ce que me dit il y a un an le président De Brosses 1 les habitants de Prégny et Chambési devaient faire quelques corvées pour réparer leur chemin qui est impraticable . Je demande sur cet objet vos ordres, le temps, le nombre des corvées . Si vous voulez bien favoriser cette petite partie du pays d'une réparation nécessaire, à laquelle je contribuerai beaucoup plus que les corvées, on vous aura une grande obligation . J'ai l'honneur d'être avec les sentiments que je vous dois
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1Probablement en réponse à la lettre du 17 janvier 1759 , : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/02/06/je-peuplerai-le-pays-de-gex-de-perdrix-je-voudrais-le-peuple-5291835.html
la lettre de De Brosses est perdue . Voir aussi lettre du 15 février 1759 à De Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/03/19/j-essuie-toutes-les-algarades-d-un-fermier-ivrogne-qui-a-tou-5326142.html
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16/06/2015
Il lui recommandera de ne plus s'enivrer, de ne point battre sa femme, et de travailler
... Pour la paix des ménages, et du monde tant qu'on y est, on ne peut mieux recommander . Si pour cause de chômage la troisième recommandation ne peut être respectée, ce n'est pas une excuse pour ne pas honorer les deux précédentes, tenez-vous le pour dit .
Pensez-y ! Faites -le !
« A Guillaume Corboz
à Ferney
[vers juin 1760]
Je recommande instamment au sieur Corboz de mettre ordre au ménage du nommé Mayer 1 qui travaille pour moi au Chastelar 2 en menuiserie . Il lui recommandera de ne plus s'enivrer, de ne point battre sa femme, et de travailler . Il le menacera de la justice s’il ne fait pas son devoir . Il ira à son loisir à l'ermitage , il visitera les champs et les prés du domaine ; il verra ce qu'on en peut faire, en quel état sont les moutons, et il me rendra compte de tout . Je lui serai très obligé .
Voltaire . »
1 Voir lettre de mars-avril 1760 à François Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/03/31/l-ebeniste-mayer-catholique-qui-a-sanctifie-une-huguenote-en-5594289.html
2 Proche du château de Ferney .
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15/06/2015
Cela égaiera les horreurs de la campagne qui s'ouvre
... la campagne électorale en France, qui, contrairement à la campagne paysanne, ne connait pas de morte saison et va nous montrer encore une cohorte de gugusses de tous bords prêts à tout pour garder ou conquérir leur gras fromage d'élus .
d'après M. Thévenet R.http://solko.hautetfort.com/archives/category/des_nuits_e...
« A Gabriel Cramer
[juin 1760 ?]
Je reçois dans ce moment une lettre de Mlle de Vadé qui vous prie et vous conseille d'en faire tirer 500 exemplaires ou plus, pour la province, l'Helvétie, les loustics d'Allemagne 1. Cela égaiera les horreurs de la campagne qui s'ouvre . J'en retiens pour ma part 24 exemplaires pour l’édification du prochain . Je veux rire, et mourir en riant . ». »
1Rappel de la lettre à Pierre Rousseau du Journal Encyclopédique relative à Candide du 1er avril 1759 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/08/19/tous-les-peres-sans-en-excepter-un-seul-ont-fonde-la-religion-chretienne-su.html
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