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15/06/2015

dévot qui crut être badin

... or, on ne badine pas avec l'amour, encore moins l'amour d'Allah qui doit se sentir bien seul et ce n'est pas le "travail" du CFCM (Comité Français du Culte Musulman ) qui a pu le déranger un tantissoi-peu . Dévots musulmans vous me semblez bien loin d'être unis , tant pis et tant mieux .

 http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20150612.OBS0660/francais-musulmans-cherchent-representants-pas-serieux-s-abstenir.html

 

arabe.jpg

 On a dit "Pas sérieux , s'abstenir !

 

« A Gabriel Cramer

[juin 1760]

Gresset dévot qui crut être badin

          corrigez

Gresset dévot qui fut un peu badin .

Gresset se trompe ; il est très peu coupable

          corrigez

Gresset se trompe, il n'est pas si coupable .1

Vous ferez plaisir à Mlle Vadé mio caro Gabriele d'envoyer au correspondant ces légers changements, en disant que le copiste s'est trompé , les mots étant mal effacés .

Au reste Catherine Vadé vous fait ses compliments et demande des nouvelles . »

1 La seconde des deux corrections fut retenue pour Le pauvre Diable, vers 198 . Quant au premier vers (203) il devint Gresset dévot, longtemps petit badin . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/satire-le-pauvre-diable-partie-2.html

14/06/2015

Dans cette incertitude je prends le parti le plus convenable, celui de faire ce que veut le plus véritable ami

... Qu'il soit à deux ou à quatre pattes  !

chien d aveugle.jpg

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

13 juin [1760]

Mon cher lyonnais, vous voilà donc débarrassé du tumulte de Paris . Soyez le bien revenu sur les bords de notre Rhône . C'est ce que vous appelez l'ami de Paris ou plutôt de Versailles 1 qui ne veut pas qu'on vende . Je vous confie que dans une de mes lettres je lui avais dit que je ne faisais nul cas de ces effets et que je perdais toute espérance . Il a eu la bonté de me répondre qu'il fallait tout garder . Il m'a inspiré encore plus de reconnaissance que de confiance . Ce que vous appelez l'ami de Berlin pense au contraire qu'on fera trois campagnes . Dans cette incertitude je prends le parti le plus convenable, celui de faire ce que veut le plus véritable ami . Quand j'aurai le bonheur de vous voir je vous en dirai davantage . Je vous embrasse tendrement vous et votre femme , M. Camp 2. Mme Denis et moi nous vous remercions l'un et l'autre de toutes vos bontés .

V. »

2 Plaisanterie voltairienne, car Jean-Robert Tronchin et Ami Camp sont tous deux vieux garçons .

13/06/2015

on voit que la place même où se commit le petit délit dont il est question était de la haute justice de la république

... Dit, en sortant du tribunal, Dirty Silly Keutard à son très honnête pourvoyeur Dodo la Saumure ! Ah ! quel bel assemblage ! pour ne pas dire quel beau couple (je ne tiens jamais la chandelle dans ce putain de milieu et je travaille sur PC et non sur Mac ) .

 

dodo et dsk.png

 Dodo et DD sont dans un bateau . Qui rame ? personne .

Ils marchent à la voile et à la vapeur .

 

A Jean-François JOLY DE FLEURY,
intendant de Bourgogne 1
Aux Délices, 13 juin [1760].
Monsieur, je suis plus inquiet de la santé de M. de Courteilles qu'occupé du soin de vous rendre compte des recherches faites à l'occasion du petit coin de terre nommé la Perrière au pays de Gex.
Cependant comme M. de Courteilles, en m'envoyant une consultation pour M. Tronchin, m'instruit que vous vouliez bien vous charger de l'examen de cette petite affaire, j'ai l'honneur de vous présenter l'acte authentique tiré des registres de Genève par lequel on voit que la place même où se commit le petit délit dont il est question était de la haute justice de la république.
Vous savez, monsieur, que ces hautes justices furent cédées à Sa Majesté par le traité de 1749: ainsi il me paraît qu'il ne reste aucune difficulté.2
Si pourtant vous aviez besoin, monsieur, de quelque éclaircissement nouveau, je suis prêt à vous satisfaire.
Je n'ai jamais douté que cette enclave ne fût de la juridiction du roi, mais je suis encore plus sûr des sentiments d'attachement et de respect avec lesquels j'ai l'honneur d'être,

 

monsieur,

 

votre très-humble et très-obéissant serviteur.
Voltaire »

 

 

1 Le manuscrit porte les mentions : « Répondre – Et joindre à ce que l'on [doit ?] envoyer à M. Fabry » et « f[ait] le 19 juin 1760 »

 

2 Voir ce certificat de V* : « A Monseigneur l'intendant de Bourgogne
François de Voltaire, seigneur actuel de Tournay, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, certifie que dans le traité passé entre le roi et la république de Genève en 1749, il est dit article 2 « la république cède à Sa Majesté tous ses droits, de quelque nature qu'ils soient, sur les terres et maisons de Saint-Victor et chapitre au pays de Gex.

Or Saint-Victor avait le fief de la Perrière, au pays de Gex.
Donc depuis 1749 le roi est possesseur du fief.
S'il faut un plus grand éclaircissement, monseigneur l'intendant de Bourgogne est supplié de donner ses ordres pour que le requérant demande en son nom à la république de Genève la compulsion des archives; et il demande délai jusqu'à ce temps.
Voltaire "

 

 

12/06/2015

On a besoin de plaisanterie : c'est un remède sûr contre la maladie épidémique qui trouble si tristement tant de cerveaux

... Par exemple ...

jurassic world charlie hebdo.jpg

 

http://stripsjournal.canalblog.com/tag/Les%20Unes%20de%20Charlie%20Hebdo

 

 

 

« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'ÉPINAY
13 juin [1760].
Ma belle et respectable philosophe, vous avez un grand défaut, vous êtes comme tous les Parisiens et toutes les Parisiennes de ma connaissance ; ils ne manquent pas de m'écrire : Vous savez sans doute; vous avez lu; que dites-vous de ce Mémoire? Eh! non, messieurs, je n'ai rien lu. Tout le monde me parle du Mémoire 1 de M. Lefranc de Pompignan, et personne ne me l'envoie; au reste, il se peut fort bien faire que le dévot Lefranc de Pompignan ait été interdit pour avoir donné ou mérité des soufflets ; mais le fait est que le pédant chancelier d’Aguessseau lui refusa, de ma connaissance, les provisions de sa charge pendant six mois, en 1739, pour avoir mal traduit la Prière du Déiste 2; je le servis dans cette affaire, et il m'en a récompensé dans son beau discours à l'Académie.
La Vision 3 m'a fait une peine extrême; c'est le comble de l'indécence et de l'imprudence d'avoir mêlé Mme la princesse de Robecq dans cette querelle. Il est affreux d'avoir insulté une mourante; cela irrite contre les philosophes, les fait passer pour des fous et des cœurs mal faits; cela justifie Palissot, cela fait mettre Robin en prison, cela inquiète le Prophète de Bohême,4 cela achève de perdre le pauvre Diderot, qui a trouvé le secret de renverser le plus bel édifice du monde pour y avoir mis une douzaine de pierres mal taillées, qui ne s'accordent pas avec le reste du bâtiment.
Vous me feriez un très-grand plaisir, madame, de m'envoyer en détail vos réflexions sur l'Écossaise; je les ferais passer à mon ami M. Hume, digne prêtre qui ne manquerait pas d'en profiter, et qui vous aurait une extrême obligation. Je vous envoie le Plaidoyer de Ramponeau, à condition que vous aurez la bonté de me faire tenir, par qui il vous plaira, le Mémoire du grave président.
Vous me faites prendre, madame, un vif intérêt à madame votre mère 5; je reconnais votre cœur; il n'y a que votre esprit que je lui compare. Adieu, madame; si vous me faites le plaisir d'être un peu exacte, instruisez-moi de la demeure du prophète de Bohême 6: je ne m'en souviens plus ; mais je me souviendrai toute ma vie de lui.
Je crois qu'il serait à propos que les Que et le Ramponeau parussent. On a besoin de plaisanterie : c'est un remède sûr contre la maladie épidémique qui trouble si tristement tant de cerveaux. »

1 Mémoire présenté au roi par M. de Pompignan le 11 mai 1760 . on lit page 17 le fameux passage dont V* se moque quo^pieusement : 'Toute la cour a été témoin de l'accueil que me firent Leurs majestés . Il faut que tout l'univers sache aussi qu'elles ont paru s'occuper de mon ouvrage, non comme d'une nouveauté passagère ou indifférente, mais comme d'une production qui n'était pas indigne de l'attention particulière des souverains . Le roi daigna m'en entretenir avec des personnes de sa cour ; et l'on n'a pas voulu que j’ignorasse que Sa Majesté avait joint à ses éloges un air d'intérêt et de bonté qui marquait sa satisfaction . » On trouve les commentaires de V* sur ce passage dans Le Russe à Paris, 1760 .

Voir : https://books.google.fr/books?id=YYFSAAAAcAAJ&pg=PT6&lpg=PT6&dq=M%C3%A9moire+pr%C3%A9sent%C3%A9+au+roi+par+M.+de+Pompignan+le+11+mai+1760&source=bl&ots=DVPt2ACApG&sig=EkjF0bvmQFvuMddSxZf3cwzxE90&hl=fr&sa=X&ved=0CCIQ6AEwAGoVChMIv86bmYKHxgIViG4UCh3XTwCO#v=onepage&q=M%C3%A9moire%20pr%C3%A9sent%C3%A9%20au%20roi%20par%20M.%20de%20Pompignan%20le%2011%20mai%201760&f=false

et : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-satires-le-russe-a-paris-partie-1-123258991.html

2 La Prière universelle, à laquelle V* fait référence, a été publiée pour la première fois en 1740 et non en 1736 .Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6492119q

4 Melchior Grimm .

5 Mme d'Esclavelles

6 Grimm demeurait alors dans la rue Neuve-de-Luxembourg.

 

11/06/2015

la morale est un peu moins ennuyeuse en vers bien frappés qu'en prose.

..."Et je suis partisan d'une morale rétablie où ce ne seront pas seulement les vers qui seront bien frappés" aurait pensé le pape François en prenant (enfin) une décision contre ce qui deshonorait/deshonore l'Eglise catholique (bien qu'elle ne soit pas seule en cause) : http://www.lepoint.fr/justice/vatican-un-tribunal-pour-juger-les-eveques-couvrant-des-abus-sexuels-10-06-2015-1935206_2386.php

 

Sigle illustrant la lutte contre les abus sexuels.jpg

 http://el-siglo.blogspot.fr/2015/03/pedophilie-pressions-sur-le-pape-pour.html

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL.
Aux Délices, 13 juin 1760. 1
Mon divin ange, à peine ai-je reçu votre paquet que j'ai envoyé sur-le-champ la consultation à M. Tronchin, et je l'ai accompagnée de la lettre la plus pressante.
Je m'intéresse à la santé de M. de Courteilles comme vous- même; je dois beaucoup à ses bontés. Il est vrai qu'elles sont la suite de son amitié pour vous; mais je n'en suis, par cette raison là même, que plus reconnaissant. Dès que Tronchin aura fini, vous aurez son mémoire 2 ; mais il faudra s'y conformer. Je vous jure, quoi qu'en dise M. le duc de Choiseul, que c'est un homme admirable pour les maladies chroniques; la preuve en est que je suis en vie. Je vous prie de vouloir bien présenter mon respect à Mme de Courteilles, qui m'édifie. Pour Mme Scaliger, je crois qu'elle s'en tient à Fournier 3, et elle a raison; il connaît son tempérament, il est attentif. Je voudrais qu'elle fît un peu d'exercice; mais il ne faut pas en parler aux dames de Paris.
Venons maintenant au tripot; passez-moi le mot, car je suis du métier, et nous allons jouer sur le nôtre. Je supplie donc Mlle Clairon de bien dire que j'ai retiré la Médime : elle la jouera ensuite quand elle voudra; mais je veux me donner un peu l'air d'être indigné de la pièce des Grenouilles 4 contre les Socrates. Je le suis encore davantage de la réponse intitulée Vision, dans laquelle on insulte Mme de Robecq mourante: c'est le coup le plus mortel que les philosophes puissent se porter à eux-mêmes. Je suppose que vous avez reçu, mon cher ange, mon paquet adressé à M. de Chauvelin, paquet dans lequel était ma réponse à Palissot. J'ai pris la liberté de vous prier que cette réponse passât par vos mains, afin que vous fussiez à la fois témoin et juge.
Encore une fois, il paraît difficile qu'on joue Socrate. Cette pièce ne peut plaire qu'en rendant les Mélitus et les Anitus, et les autres juges, aussi méprisables que des coquins peuvent l'être ; d'ailleurs, je voudrais que la pièce fût en vers : cela donne plus de force aux maximes, et la morale est un peu moins ennuyeuse en vers bien frappés qu'en prose.
Pour l'Écossaise, vous l'aurez quand vous voudrez ; et tout le procès-verbal du voyage de Lindane à Londres, et de ce qu'elle y fait, ne tiendra pas dix lignes. Frelon embarrasse fort M. Hume.
Il me mande que, si on change le caractère de cet animal, il croira qu'on l'a craint, et qu'il est bon que ce scorpion subsiste dans toute sa laideur. M. Guêpe vaut bien M. Frelon : wasp signifie en anglais frelon et guêpe ; mais on ne peut pas s'appeler Wasp à Paris.
Lé petit Hurtaud croit le Droit du Seigneur ou le Débauché infiniment supérieur à Socrate et à l'Écossaise; il n'y voit pas la moindre ressemblance avec Nanine. Il compte vous soumettre la pièce, et vous l'envoyer avec l'ordonnance de M. Tronchin (mais non, il ne vous l'enverra pas de quinze jours; tant mieux).
Venons, s'il vous plaît, à un autre article. Je ne lis point les feuilles de Frelon. J'ignore s'il loue ou s'il blâme les œuvres de Luc; mais, entre nous, je soupçonne M. le duc de Choiseul de s'être servi de lui pour répondre à une certaine ode de Luc contre le roi. Cependant M. le duc de Choiseul m'écrivit qu'il l'avait faite lui-même 5. Tant mieux, si cela est; j'aime qu'un ministre soit du métier, et j'admire sa facilité et sa promptitude.
Marmontel est ici avec un Gaulard très-aimable et très-doux.
Il jure qu'il n'a pas la moindre part à l'infamie 6 de la scène d'Auguste, et il le jure avec larmes.
Est-il vrai, mon cher ange, qu'on persécute les philosophes avec fureur? Que je suis aise d'être aux Délices ! Mais que je suis fâché d'être loin de vous !

 

V.
Je reçois dans ce moment les arrêts de Tronchin ; je ne crois pas que ce soient des édits contre lesquels on puisse faire des remontrances. Je vous adresse le paquet, afin qu'il parvienne par vous à Mme de Courteilles, avec qui je vous soupçonne de conspirer contre la gourmandise de monsieur. »

1 La copie Beaumarchais-Kehl supprime les passages suivants : indignement et Cela est fou et atroce ; je vous priais […] en est un ; et donne seulement l'initiale de Mme de Robecq au 3è paragraphe .

2 Il est daté du 13 juin 1760 ; dans Bestermann on trouve daté du 26 juin :  « A M. le docteur Tronchin pour la consultation de M. de Courteilles 36 livres . »

3 Il n'y avait pas à Paris à cette époque de docteur Fournier au moins appartenant à la Faculté de médecine de Paris ; en revanche, on connait un Jean Fournier à Dijon, médecin réputé ; voir Luynes, XIV, 464, 1756 .

4 Ce titre d'une comédie d'Aristophane désigne celle des Philosophes.

5 Cette ode était de Palissot et datait de plus d'un an

 

10/06/2015

Que de traverses . Mais il faut rire

... Pénalty contre le PS : fautif Manuel Valls le N° 2 (qui se prend pour un libero) avec notre inénarrable François Hollande en gardien de but qui nous pond un mot d'excuses foireux .

Paroles d'experts : 0-0 , la France mène !

 

ballon caché hollande.png

 

 François, rend-nous le ballon !

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 11 juin 1760]

Renvoyez-moi Les Philosophes 1 pour Dieu .

Redonnez-moi la dernière feuille du Pauvre Diable 2. Il y faut corriger quelque chose .

J'ai écrit de mon côté 3 pour avoir des nouvelles de Robin mouton . Que de traverses . Mais il faut rire . »

1La fameuse pièce de Palissot , bien entendu .

 

09/06/2015

Mes enfants, aimez-vous les uns les autres , si vous pouvez. Votre ennemi vous a dit, ou plutôt redit que nous sommes perdus si nous nous divisons

... Il est parfois des ennemis qu'il faut écouter, et des amis à aimer, dans la mesure de nos possibilités . Advienne que pourra .

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 Union libre

 

« A Nicolas-Claude THIERIOT.
9 juin [1760]
J'ai reçu, mon cher et ancien ami, toutes les archives de l'esprit et de la raison, de l'horreur et de la méchanceté, du pour et du contre, de la persécution contre les philosophes, et de leur juste défense; il me manque la Vision 1. On dit qu'il y a des pourquoi, des oui et des non nouveaux, qui sont aussi bons que les que; je les attends aussi. Il faut que j'aie toutes les pièces du procès . Il est intéressant.
J'étais dans un bosquet de roses quand je reçus votre paquet ; je me flatte que je ne sentirai pas les épines de cette dispute. Voilà donc Robin-mouton envoyé à la boucherie 2! est-ce pour la Vision qu'on a saisi Robin? et cette Vision est-elle bien de Grimm ? Je soupçonne que Grimm est de la troupe des prophètes, mais que l'esprit ne descend pas sur lui seul.
Il serait bien à désirer que les frères fussent unis : ils écraseraient leurs indignes adversaires, qui les mangent l'un après l'autre. Il faudrait que les Da 3, Dé, Di, Do, Du, les H, les G, etc., soupassent tous ensemble deux fois par semaine.
Mes enfants, aimez-vous les uns les autres 4, si vous pouvez. Votre ennemi vous a dit, ou plutôt redit que nous sommes perdus si nous nous divisons 5.
Par quelle dure fatalité arrive-t-il que j'aie la réponse de Ramponeau 6, et que je n'aie pas le factum de M. de Beaumont 7 contre Ramponeau? Il n'y avait qu'un exemplaire de ce factum dans notre petite province; je ne l'ai tenu qu'un instant. Je l'ai lu rapidement, mais avec grand plaisir, et j'ai eu la bêtise honnête de le rendre. Voyez combien les philosophes sont honnêtes gens, quoi qu'en dise Palissot ! Je vous envoie la seule copie de la réponse que j'aie en main : elle est d'un homme de l'Académie de Dijon ; cela m'a paru gai, et je n'aime plus que ce qui est gai. Je veux passer, encore une fois, le reste de ma vie à lire et à rire.
Vous trouverez sans doute quelque bon citoyen qui se fera un plaisir de publier le Plaidoyer de Ramponeau. Je voudrais avoir de plus belles choses à vous envoyer, et de plus longues; mais il vient rarement de bonnes choses de la province.
Les Fétiches 8 du président de Brosses n'ont pas eu grand cours ; le Discours même du président de Montauban 9 n'est pas recherché. C'est la pierre sur laquelle on va aiguiser ses couteaux ; mais, pour la pierre, elle est au rebut.

A propos mon cher correspondant je n'ai point L’Interprétation de la nature 10. Je vous prie de me la faire tenir . N'auriez-vous point les deux derniers volumes de Warburton Moses legation ?11 Ils me manquent au besoin .
La Préface de Palissot 12 est pire que son ouvrage. Il impute aux encyclopédistes des passages de La Mettrie ; passages horribles, mais que La Mettrie lui-même réfute. Il supprime la réfutation.
Il présente ce poison à la cour, pour faire croire que ce sont nos philosophes qui l'ont apprêté. Je n'ai point ce livre de La Mettrie, de la Vie heureuse 13. Pouvez-vous me faire avoir toutes les œuvres de ce fou ? Vous devriez courir chez M. d'Alembert, qui ne sait pas peut-être combien ces passages sont altérés : car ce livre est, je crois, très-rare. Je pense qu'il faudrait faire un ouvrage sage, ferme et piquant, où tous les tours de mauvaise foi des ennemis fussent relevés ! qui le peut mieux que M. d'Alembert? Mais ce pauvre Robin, ce pauvre Robin-mouton ! pour Dieu, envoyez-moi La Vision.

Palissot m'a écrit, j'ai répondu . Je vous enverrai ma lettre . Cela est curieux . »

1 Préface de la comédie des PHILOSOPHES, ou la Vision de Charles Palissot. — Cette brochure de l'abbé Morellet, dans laquelle la princesse de Robecq était nommée, fit mettre son auteur à la Bastille le 11 juin. Il en sortit le 30 juillet suivant. Robin, libraire au Palais-Royal, qui avait vendu et distribué un grand nombre d'exemplaires de cette Préface, fut mis en prison dès le 31 mai; mais il en sortit le 25 juin. (Clogenson.)

2 Il s'agit d'un libraire nommé Robin qui avait vendu un nombre considérable d'exemplaires de la Vision ( voir lettre du 31 mai 1760 à Chennevières : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/05/29/faites-moi-le-plaisir-mon-cher-ami-5631086.html ) et qui avait fait l'objet d'un mandat d'arrêt le 30 mai ; la nouvelle de son arrestation est donnée par Cramer dans une lettre à Grimm du 9 juin 1760 . Pour Robin mouton, voir La Fontaine : Le Berger et son troupeau : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/bergtroup.htm

3 D'Alembert., d'Epinay, Diderot., Duclos, et autres philosophes.—Les initiales H et G désignent Helvétius et Grimm.

4 « Hæc mando vobis, ut diligatis invicem. » Evangile de Jean, chap. xv, v. 17.

5 Vers de la comédie des Philosophes, acte III, scène III.

6 V[oltaire] : Plaidoyer pour Genest Ramponeau […] contre Gaudon, entrepreneur d'un théâtre des bouleverts [sic], 1760 .

7 Ramponeau était gérant d'une auberge qui devint soudain très populaire ; un entrepreneur de spectacles nommé Gaudon l'engagea à monter sur les planches ; le propriétaire de l'auberge résilia le contrat de Ramponeau et fut alors poursuivi en justice par Gaudon, représenté par Jacques Élie de Beaumont . Le factum de ce dernier parut dans le Recueil des facéties parisiennes, 1760 .Voir : page 166 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4235914/f166.image.r=ramponeau.langFR

8 Du Culte des dieux fétiches, ou Parallèle de l'ancienne religion d'Égypte avec la religion actuelle de Nigritie, 1760, in-12. Voir lettre du 12 décembre 1759 à De Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/12/21/et-parcus-victus-cum-deficiente-crumena-et-une-vie-frugale-e-5517378.html

9 Lefranc de Pompignan, premier président, frère de l'évêque .

10 Il s'agit de l'ouvrage (anonyme) de Diderot : Pensées sur l’interprétation de la nature aux jeunes gens qui se disposent à l'étude de la philosophie naturelle , 1754 . http://sami.is.free.fr/Oeuvres/diderot_nature.html

12 Il ne s'agit pas , bien entendu, de la Préface de Morellet, habituellement appelée Vision, mais de la véritable préface de Palissot publiée sous le titre de Lettre de l'auteur de la comédie des Philosophes au public pour servir de préface à la pièce , in-12 de vingt-trois pages,1760 .