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17/08/2020

I ask only for your protection

...

Whale and Dolphin Conservation (WDC) on Twitter: "Only one day to ...

 

 

 

« [Destinataire inconnu]

Château de Ferney, 29 avril [1765]1

[M. Dupuits, cornet in the colonel's company of dragoons, whom you kindly promised your favour and protection, has just heard that the 60th company is being mustered . If this news be true I join him in asking you to favour him . He is now at Dijon pursuing a lawsuit . I ask only for your protection, but I take the liberty of sending you the enclosed documents in case you think it necessary to show them to the duchesse de Gramont.] 2»

1 Le manuscrit autographe fut acheté par Brown à la vente William Wright des 12-18 juin 1899 . Pour la date, le catalogue donne 1768, mais c'est une erreur ; voir lettre du 10 avril 1765 à Le Bault :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/07/24/il-est-fort-a-son-aise-nous-lui-avons-fait-batir-une-jolie-eglise-nous-lui.html ; ainsi qu’une lettre de Marie-Louise Denis à Germain-Gilles-Richard de Ruffey allant dans le même sens . Du reste, en 1768 Dupuits est capitaine .

2 Traduction figurant dans le catalogue : «M. Dupuits cornette dans la compagnie colonelle des dragons, à qui vous avez aimablement promis votre faveur et votre protection, vient d'apprendre que la soixantième compagnie est en voie de reconstitution . Si la nouvelle est exacte, je me joins à lui pour vous prier de le favoriser . Il est actuellement à Dijon où il poursuit un procès . Je vous demande seulement votre protection, mais je prends la liberté de vous envoyer les documents ci-joints, pour le cas où vous estimeriez nécessaire de les montrer à la duchesse de Gramont. » 

16/08/2020

Faisons le plus de bien que nous pourrons ; Dieu nous en saura gré

... Avec ou sans l'approbation du grand barbu - ou la grande mamelue (qui sait?)-, faisons le bien !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

29è avril 1765 1

Mon cher frère, j'ai envoyé à votre protégé Grasset la lettre dont vous l'avez honoré . Je doute fort que la voie de ce M. Cataud 2 soit commode et sûre, et j'ai grande impatience de savoir si celle de Lyon et de M. Gaudet aura réussi . L’idée de l’estampe 3 des Calas est merveilleuse. Je vous prie, mon cher frère, de me mettre au nombre des souscripteurs pour douze estampes. Il faut réussir à l’affaire des Sirven comme à celle des Calas ; ce serait un crime de perdre l’occasion de rendre le fanatisme exécrable. Je crois que le généreux Élie peut toujours faire son mémoire. La confirmation de l’arrêt de Toulouse est assez constatée par le procès-verbal d’exécution. Le mémoire de Sirven est de la plus grande fidélité ; il a répondu avec exactitude à toutes les interrogations de son patron Élie ; ainsi nous espérons dans peu voir la seconde Philippique.

L’aventure de mademoiselle Clairon est furieusement welche. Si j’avais un conseil à donner aux gens tenant la Comédie, ce serait de ne jamais remonter sur le théâtre qu’on ne leur eût rendu les droits de citoyens. La contradiction est trop forte d’être mis au cachot si on ne joue pas, et d’être déclaré infâme si on joue. Je crois qu’il faut envoyer une aune de ruban 4 à l’abbé de Voisenon. Vous savez d’ailleurs comment placer ces pompons : on dit qu’ils peuvent guérir les pestiférés. Il faut en envoyer un à M. le comte de La Touraille, gentilhomme de la chambre du prince de Condé . Un à Mme la comtesse de La Marck, rue Saint-Antoine . Faisons le plus de bien que nous pourrons ; Dieu nous en saura gré.

Je compte que Gabriel fera partir le 1er de mai la petite batterie dressée contre l’insolence et l’absurdité théologiques 5. Il nous est arrivé un général autrichien qui est tout a fait attaché à la bonne cause . Nous avons aussi un excellent prosélyte danois ; toute langue et toute chair commence à confesser la vérité. Ô sainte philosophie, que votre règne nous advienne !6 J’embrasse tous les frères dans la communion de l’esprit ; Dieu répand sur eux visiblement ses bénédictions. Je vous aime tous les jours davantage.

Ecr. l’inf…

 

N.B. – Il me vient en idée de faire dessiner aussi le portrait du petit Calas 7, qui est encore à Genève ; il a la physionomie du monde la plus intéressante. On pourrait, pour en faire un beau 8 contraste, le placer à la porte de la prison, sollicitant un conseiller de la Tou[r]nelle. Voyez, mon cher frère, si cette idée vous plaît ; parlez-en à madame Calas.

Mandez-moi, je vous prie, si mademoiselle Clairon est encore au Fort-l’Evêque, et si elle persiste dans la résolution de renoncer au théâtre. »

1 L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais et suivie des autres éditions omet les deux premières phrases .

2 Il faut lire Catand ; Damilaville a en effet écrit à V* le 18 avril 1765 à propos de la Destruction des jésuites : « Il faut […] qu' […] il m'en fasse parvenir quelques exemplaires par la voie de M . Catand : afin que je voie avec Marin s'il y aura moyen d'en débiter [...] »

4 Un Catéchisme de l'honnête homme .

5 Les Observations […], de Morellet .

6 Évangile selon Matthieu, VI, 10 :https://saintebible.com/matthew/6-10.htm

 ; et selon Luc XI, 2 : https://saintebible.com/luke/11-2.htm

7 Ce projet eut certainement une suite (voir lettre du 20 mai 1765 et 22 mai 1765 à Damilaville) , mais ledit portrait n'est pas connu .Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1765/Lettre_6023

et https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1765/Lettre_6025

8 V* a ajouté un beau au-dessus de la ligne ; l'édition de Kehl omet ces deux mots .

15/08/2020

Tous ces marauds-là en ites, en istres et en iens sont également les ennemis de la raison

... Première version  mise en ligne le 27 avril 2011

[ http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/04/26/on-ne-saurait-souffrir-l-absurde-insolence-de-ceux-qui-vous.html  ] , revue et augmentée ici .

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

27 avril [1765]1

Mes divins anges, il me parait que le tripot est un peu troublé i. Si les comédiens étaient assez fermes pour dire : nous ne pouvons faire les fonctions de notre état si on l'avilit, nous sommes las d'être mis en prison si nous ne jouons pas, et d'être excommuniés si nous jouons ii; dites-nous à qui nous devons obéir, du roi ou d'un habitué de paroisse ; mettez-nous au dernier rang des citoyens, mais laissez-nous jouir des droits qu'on accorde aux gadouards iii, aux bourreaux et aux Frérons ; si, dis-je, ils tenaient ce langage et s'ils le soutenaient, il faudrait bien composer avec eux . Mais la difficulté sera toujours d'attacher le grelot . Je me flatte que vous avez été un peu amusés par les dernières feuilles de l'abbé Bazin iv. Si je peux en attraper encore, j'aurai l'honneur de vous en faire part .

Il y aura des misérables qui malgré les protestations honnêtes et respectueuses de l'abbé v, croiront toujours qu'il a eu des intentions malignes, mais il faut les laisser crier .

 

Je ne sais à qui en a le tyran du tripot vi. Mon cher ange a fait tout ce qu'il devait ; si le tyran persiste dans sa lubie, mon ange n'ayant rien à se reprocher l'abandonnera à son sens réprouvé 2.

 

Je vous rends toujours mille grâces aussi bien qu'à M. le duc de Praslin de la vertu de persévérance dans les arrangements avec le parlement de Bourgogne vii. Je crois que le premier président et M. de Fontette viii sont à présent à Paris . Ainsi on sera à portée d'obtenir d'eux des paroles positives .

On n'a donc point voulu permettre le débit de la Destruction jésuitique ix qui est bien aussi la destruction des jansénistes x. Tous ces marauds-là en ites, en istres et en iens sont également les ennemis de la raison . Mais la raison perce malgré eux, et il faudra bien qu'à la fin ils n'aient d'empire que sur la canaille . C'est à mon gré le plus grand service qu'on puisse rendre au genre humain de séparer le sot peuple des honnêtes gens pour jamais ; et il me semble que la chose est assez avancée . On ne saurait souffrir l'absurde insolence de ceux qui vous disent : je veux que vous pensiez comme votre tailleur et votre blanchisseuse .

Mes anges, je baise le bout de vos ailes. »

1 L'édition de Kehl omet tout le quatrième paragraphe , rayé sur la copie Beaumarchais, suivie des autres éditions .

2 V* ayant fait une tache d'encre à cet endroit, écrit les mots pardon du pâté qu'il entoure d'un trait de plume selon l'usage, suivi dans la correction des épreuves d'imprimerie .

ii C'est ce qu'il « supplie » Mlle Clairon de déclarer le 1er mai ; en concluant : « si elle (Mlle clairon) remonte sur le théâtre comme un esclave qu'on fait danser avec ses fers, elle perd toute considération . J'attends d'elle une fermeté qui lui fera autant d'honneur que ses talents, et qui fera une époque mémorable »

Voir page 211 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f216.image.r=tome+40.langFR

iii = Vidangeurs .

v Voir lettre du 22 mai à Damilaville :« L'auteur y montre partout un grand respect pour la religion ; ... » Page 219 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f224.image.r...

vi Richelieu ; voir lettre du 24 avril à Damilaville ; Richelieu s'en prenait aux d'Argental .

vii Il s'agit toujours du procès pour les dîmes avec le curé de Ferney .

14/08/2020

quand on est sûr de la fidélité et de l’attachement d’une personne, c’est une acquisition dont il est cruel de se défaire

... Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2020/08/citation.html

Merci Mam'zelle Wagnière .

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

26 avril [1765]

Une bonne femme, monseigneur, m’a donné d’une eau qui guérit mes misérables yeux, au moins pour quelques mois ; et le premier usage que je fais de la vue est de vous renouveler de ma tremblante main mes tendres hommages.

Je suppose que le paquet que vous m’ordonnâtes d’adresser à M. Jeannel vous a été rendu. Quand vous en voudrez d’autres, vous n’aurez qu’à me donner vos ordres. Je vous obéirai ponctuellement, ne doutant pas d’une sécurité entière sous vos auspices.

Le bruit des remontrances des gens tenant la Comédie 1 est parvenu jusqu’à l’enceinte de mes montagnes ; il paraît qu’une troupe est quelquefois plus difficile à conduire que des troupes ; il y a un esprit de vertige répandu dans plus d’un corps.

J’oserais soupçonner qu’il y a eu quelques tracasseries de la part d’une princesse de théâtre 2 qui aura pu vous indisposer contre M. d’Argental, dont vous aimiez autrefois la bonhomie, les yeux clignotants et la perruque en nid de pie. Il vous a de plus beaucoup d’obligations : c’est vous qui engageâtes le cardinal de Tencin à lui assurer une pension. Il serait trop ingrat s’il avait oublié vos bienfaits. Il jure qu’il s’en souvient tous les jours, et qu’il ne vous a jamais manqué. Je suis trop intéressé à vous voir persévérer dans votre bienveillance pour vos anciens serviteurs, je vous suis trop attaché, trop sensible à toutes vos bontés, pour n’être pas affligé qu’un cœur reconnaissant soit dans votre disgrâce. J’ai pris quelquefois la liberté d’avoir de petites altercations avec M. d’Argental sur le tripot ; mais que n’oublie-t-on pas quand on est sûr d’un cœur ?

On a d’ailleurs tant de sujets de se plaindre des hommes, on est entouré dans ce monde de tant d’ennemis, ou déclarés ou secrets, que quand on est sûr de la fidélité et de l’attachement d’une personne, c’est une acquisition dont il est cruel de se défaire. Pour moi, je vous réponds bien que vous serez mon héros jusqu’au tombeau, et que je mourrai le plus fidèle et le plus respectueux de tous ceux qui vous ont été attachés.

V. »

1 Ils voulaient demander justice de l’insulte qui leur avait été faite dans un mémoire où l’on rappelait que les serments des comédiens ne pouvaient être reçus en justice, attendu qu’ils exercent un métier infâme. (Beuchot.)

13/08/2020

Sans concourir au bien, prôner la bienfaisance !

...Paradoxal ! non ? Faites ce que je dis, etc., ... Les exemples abondent, chacun en connait, et chacun le pratique un jour ou l'autre . Il faut juste ne pas en abuser si on veut que le monde reste vivable  .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

24è avril 1765 1

En réponse à votre lettre du 18, mon cher frère, j’embrasse tendrement Platon-Diderot. Par ma foi, j’embrasse aussi l’impératrice de toute Russie . Aurait-on soupçonné, il y a cinquante ans, qu’un jour les Scythes récompenseraient si noblement dans Paris la vertu, la science, la philosophie, si indignement traitées parmi nous ? Illustre Diderot, recevez les transports de ma joie.

Je ne peux faire la moindre attention aux tracasseries de la Comédie . Cela peut amuser Paris ; pour moi, je suis rempli d’autres idées . La générosité russe, la justice rendue aux Calas, celle qu’on va rendre aux Sirven, saisissent toutes les puissances de mon âme. On travaille à force à la condamnation du cuistre théologien dénonciateur, sot, et fripon 2 . La bonne cause triomphe sourdement. Nouvelle édition du Portatif en Hollande, à Berlin, à Londres ; réfutations de théologiens qu’on bafoue ; tout concourt à établir le règne de la vérité.

Vous aurez l’abbé Bazin avant qu’il soit peu, n’en doutez pas. Vous devriez envoyer un ruban à madame du Deff*** . Vraiment, il ne faut lui envoyer rien du tout, si elle trahit les frères. De quoi s’avise-t-elle à son âge et aveugle, de forcer des hommes de mérite à la haïr !

Sans concourir au bien, prôner la bienfaisance !3

Hélas ! elle ne sait pas que sans les philosophes le sang des Calas n’aurait jamais été vengé.

Mandez-moi si M. Gaudet vous aura remis par cette poste un paquet assez gros touchant nos vingtièmes .

La voie de saint-Claude est longue, on n peut y envoyer des paquets que par des exprès .

Mon cher frère, faut-il que je meure sans vous avoir vu de mes yeux, que le printemps guérit un peu ? Je vous vois de mon cœur. Ecr. l’inf. »

1 L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais et suivie des autres éditions omet les cinquième et sixième paragraphes.

Voici quelques extraits de le lettre de Damilaville : « Il y a longtemps que Diderot cherche à vendre sa bibliothèque pour assurer la dot de sa fille […] Grimm a écrit au général Betzki pour [la] proposer à l'impératrice de Russie […] Le général répond que l'impératrice n'a pu voir sans beaucoup de peine ce sacrifice paternel, qu'elle prend la bibliothèque pour 16 000 livres et qu'elle donne des ordres au prince Galizin son ambassadeur pour le paiement de cette somme, mais à condition que Diderot gardera les livres pour son usage jusqu'à ce que l'impératrice les fasse demander et qu'il acceptera chaque année l'excédent du prix, c'est -à-dire cent pistoles pour les soins qu'il en prendra […] La manière vaut mieux encore que la chose quoiqu’elle soit fort importante pour Diderot puisqu’enfin elle fait une différence de 1800 livres de rente de plus dans sa fortune . […] Autre nouvelle, il n'y a point eu de spectacle aux Français lundi dernier, jour de la rentrée . Dubois avait été chassé pour friponnerie par ordre de M. le maréchal de Richelieu et par le vœu de ses confrères […] M. le maréchal écrit aux comédiens que le roi s'est réservé de décider si Dubois était un fripon ou non, qu'en attendant ils eussent à jouer avec lui Le Siège de Calais qui devait être donné . Aussitôt Lekain et Molé décampent , Mlle Clairon , incommodée, va se mettre dans son lit, on veut représenter Le Joueur, le public le refuse, il a un tapage du diable, tout le monde s'en va, on rend l'argent et le lendemain Brizard, dont la femme accouche le même jour, est mis au Fort-l'Evêque avec Doberval […]. »

12/08/2020

le fanatisme de la superstition subsiste dans toute sa force, et que le seul moyen de l'écraser est de faire rendre justice

...

Une plume contre l'infâme | Philosophie Magazine

https://www.philomag.com/les-idees/une-plume-contre-linfa...

 

 

« A Henri Cathala

[vers le 23 avril 1765] 1

M. de Beaumont mande que l'affaire des Sirven est plus sûre que celle des Calas, que la cassation de la sentence de Mazamet est indubitable, suivant toutes les lois . Il exige deux pièces absolument nécessaires : 1° la copie des charges et informations sur lesquelles sont intervenus les décrets de prise de corps ; 2° l'arrêt de Toulouse qui confirme la sentence . Si monsieur Cathala a quelque liaison avec M. Jalabert, il est supplié d'engager une correspondance suivie avec M. de Beaumont directement . On aura d'ailleurs le même empressement à demander justice pour les Sirven que pour les Calas . Ces deux affaires présentées coup sur coup aux yeux de l'Europe indignée feront un effet prodigieux et forceront enfin le ministère à la tolérance que tout le public réclame . J'espère que M. Cathala et ses amis prendront les partis les plus sûrs avec la plus grande chaleur ; il est supplié d'en conférer avec M. de Végobre . Il faut surtout considérer qu'il y a encore dans le Languedoc un parti violent contre les Calas, que le fanatisme de la superstition subsiste dans toute sa force, et que le seul moyen de l'écraser est de faire rendre justice à la famille Sirven . On fait à monsieur Cathala les plus tendres compliments . »

1 Une copie de la main de Sirven était autrefois conservée dans les archives de la famille Ramond, à Castres . L'édition Camille Rabaud donne une version très abrégée et datée de juillet 1767 ; Galland donne une date qui paraît bonne et est ici conservée .

11/08/2020

Tantùm relligio potuit suadere malorum ! Tant la religion a pu inspirer de crimes

... Et ça n'est pas fini !

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Elie de Beaumont

A Ferney, le 22 Avril [1765]

J’envoie au protecteur de l’innocence la réponse des Sirven en marge. Nous écrivons à Castres pour avoir des éclaircissements ultérieurs. Il est certain que l’évêque de Castres fit enfermer la fille Sirven de son autorité privée. Je joins aux réponses du père les monitoires que vous verrez, monsieur, entièrement semblables à ceux qui furent publiés contre les Calas. Voilà un beau champ pour votre éloquence sage et attendrissante. Quels monstres vous avez à combattre, et quels services vous rendez à l’humanité ! deux parricides en deux mois imputés par le fanatisme ! 

Tantùm relligio potuit suadere malorum !1

Vous allez tirer un grand bien du plus horrible des maux.

Permettez que je vous embrasse avec la plus tendre amitié. Ma foi, j’en fais autant à votre digne épouse, malgré mes soixante-onze ans passés. »

1 Tant la religion a pu inspirer de crimes ; Lucrèce, De natura rerum, I, 101 .