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07/05/2021

un autre serait embarrassé, et c’est où il triomphera

... Estrosi ou Jacob, qui est le plus embarrassé  ? Qui est celui qui tirera un bénéfice de sa démission ? Seul Shiva le sait, dans sa version dieu destructeur préparant un monde meilleur, lui qui peut voter à la fois pour et contre, au gré de ses multiples mains, style conseil à Koh Lanta . Il est vrai que la France , qui maîtrise merveilleusement la crise sanitaire [sic], est absolument intéressée par les ambitions de ces politiciens qui ne rêvent que de créer de nouveaux partis dont ils seront les chefs et à ce titre sous les feux de la rampe pour pérorer en invités sur tous les médias . J'en ai déjà trop dit .

Diviser pour régner, voilà qu'on n'a plus besoin des Anglais pour ça !

Caricature Christian Estrosi - Paperblog

Sur la promenade des nantis ...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

18 janvier 1766 1

Mon cher frère, je souhaite la bonne année à Mme Calas par le petit billet que je vous adresse, et vous la lui donnerez par l’estampe que vous lui destinez. Je peux donc me flatter de voir le mémoire des Sirven ! Le véritable Élie n’obtiendra peut-être pas un arrêt d’attribution, mais il obtiendra un arrêt d’approbation au tribunal du public. Il sera regardé comme le protecteur de l’innocence, et, tant qu’il sera au barreau, il sera le refuge des opprimés.

Je voudrais bien savoir ce qu’a dit Protagoras en voyant ce petit extrait auquel il ne s’attendait point du tout 2.

Platon 3 était peut-être le seul homme capable de faire l’histoire de la philosophie. Quand il en sera aux deux premiers siècles de notre ère vulgaire, un autre serait embarrassé, et c’est où il triomphera.

Quelle horreur de persécuter les philosophes ! Les Romains, plus sages que nous, n’ont pas persécuté Lucrèce. Jamais personne n’a parlé plus hardiment que Cicéron, et il a été consul ; mais il n’avait pas affaire à des Welches. Il convient à des Welches que Fréron s’enivre à Paris, et que je meure au pied des Alpes. »

1 L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais insère cette lettre au début de celle du 20 janvier 1766 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/11/correspondance-annee-1766-partie-4.html

2 Sans doute l’extrait d’inscription au livre des pensions, délivré alors à d’Alembert après la mort de Clairaut. (Note de la Correspondance de Grimm.)

Ce paragraphe biffé dans la copie de Darmstadt manque dans les éditions .

3 Diderot .

06/05/2021

je mettrai votre estampe au chevet de mon lit, et le premier objet que je verrai en m’éveillant sera la vertu persécutée et respectée

... Il a tenu parole et on peut encore voir l'estampe dans la reconstitution de la chambre du patriarche .

akg-images - Le déjeuner de Ferney avec Voltaire, le 4 Juillet 1775 /  Gravure 18e siècle

 

 

 

« A Anne-Rose Calas

à Paris

J'ai reçu avec une extrême sensibilité, madame, les témoignages de votre souvenir . J'ai embrassé vos deux fils au commencement de cette année . Je vous souhaite, madame, à vous et à mesdemoiselles vos filles toute la félicité que vos vertus méritent . Je ne cesserai tant que je vivrai de m’intéresser à vous . Je n'ai jamais eu le bonheur de vous voir, mais je mettrai votre estampe au chevet de mon lit, et le premier objet que je verrai en m’éveillant sera la vertu persécutée et respectée, c'est avec ces sentiments que j'ai l'honneur d'être, madame, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

À Ferney 17è janvier 1766. »

En vérité, je fais trop de bien pour qu’on me fasse du mal

...  Ô optimiste que tu es ! La malice humaine prouve incessamment  le contraire .

Me revient à l'esprit, à ce sujet, l'exemple de l'assassinat du père Charles de Foucauld, en 1916, ermite à Tamanrasset qui s'était mis au service de ses frères humains touaregs, sans zèle de conversion, simplement prêcher par l'exemple . Le Vatican  le déclare saint après enquête, des guérisons miraculeuses lui étant attribués . Personnellement , j'estime que le seul miracle valable serait que la malveillance disparaisse . Les bas-de-plafond ont bien sûr mis en avant la "coupable conquête coloniale" française, comme l'estime l’universitaire Ladji Ouattara . Devinez où il a fait ses études ? Il fut doctorant en histoire à l’Institut d’études européennes et en Master de Sciences politiques à l’Ecole des sciences politiques et sociales de l’Université Catholique de Louvain (Belgique) ; s'il est des gens de mauvaise foi qui le surpassent, mandez le moi .

Je pense aussi aux moines de Tiberine et tous les humanitaires qui se font enlever, torturer, tuer, au nom de quoi , de qui ? Et tant d'autres ...

Etre bon n'est pas un talisman .

Père de Foucauld ,1915, moitié abbé Pierre, moitié mère Térésa, moitié soeur Emmanuelle !

 

 

«  A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

17è janvier 1766

Je vous envoie, mes divins anges, le consentement plein de respect et de reconnaissance que les citoyens de Genève, au nombre de mille, ont donné à la réquisition que le Petit conseil a faite de la médiation. Je leur ai conseillé cette démarche, qui m’a paru sage et honnête, et vous verrez que je les ai engagés encore à faire sentir qu’ils sont prêts à écouter les tempéraments que le Conseil pourrait leur proposer ; mais j’aurais voulu qu’ils eussent proposé eux-mêmes des voies de conciliation. Quoi qu’il en soit, on a bien trompé la cour quand on lui à dit que tout était en feu dans Genève. Je vous répète encore qu’il n’y a jamais eu de division plus tranquille. C’est moins même une division qu’une différence paisible de sentiments dans l’explication des lois. Quoique j’aie remis à M. Hennin la consultation de vos avocats, quoiqu’il ne m’appartienne en aucune manière de vouloir entrer le moins du monde dans les fonctions de son ministère, cependant, comme depuis plus de trois mois je me suis appliqué à jouer un rôle tout contraire à celui de Jean-Jacques, j’ai continué à donner mes avis à ceux qui sont venus me les demander. Ces avis ont toujours eu pour but la concorde. Je n’ai caché au Conseil aucune de mes démarches, et le conseil même m’en remercia par la bouche d’un conseiller du nom de Tronchin, la veille de l’arrivée de M. Hennin.

En un mot, tout est et sera tranquille, je vous en réponds. Je vous prie de l’assurer à M. le duc de Praslin. La médiation ne servira qu’à expliquer les lois.

Je redouble mes vœux de jour en jour pour que vous soyez le médiateur ; M. Hennin le désire comme moi, et vous n’en doutez pas. Je sais que M. le comte d’Harcourt est sur les lieux, je sais qu’il a un mérite digne de sa naissance ; mais M. le duc de Praslin sait aussi que ce n’est pas le mérite qu’il faut pour concilier des lois qui semblent se contredire, pour en changer d’autres qui paraissent peu convenables, et pour assurer la liberté des citoyens sans offenser en rien l’autorité des magistrats.

Je ne cesserai de vous dire que ce doit être là votre ouvrage, et je me livre dans cette espérance à des idées si flatteuses que je ne sais pas comment je pourrais supporter le refus. Venez, mes chers anges, je vous en conjure.

Il faut vous dire encore un petit mot de ces lettres 1 qui ont amusé tous les honnêtes gens, et jusqu’à des prêtres . Elles ne sont ni ne seront jamais de moi, elles n’en peuvent être. Je vous renvoie à la lettre 2 que je vous ai écrite sous l’enveloppe de M. le duc de Praslin. Je ne puis pas répondre que la fréronnaille 3 ne me calomnie quelquefois, mais je vous réponds bien que j’aurai toujours un bouclier contre ses armes . L’imposture peut m’accuser, mais jamais me confondre. Je ferais beau bruit si on s’avisait de s’en prendre à un homme de soixante-douze ans, à qui toute sa petite province rend témoignage de sa conduite chrétienne, de ses bons sentiments, et de ses bonnes œuvres, et qui, de plus, est sous les ailes de ses anges. En vérité, je fais trop de bien pour qu’on me fasse du mal.

Respect et tendresse.

V.»

1 Les Questions sur les miracles .

3 Néologisme, se rapprochant de prétraille, dont use volontiers V* .

05/05/2021

Je sais bien que tout homme public, à moins qu’il ne soit homme puissant, est obligé de passer sa vie à réfuter la calomnie

... "Passer sa vie à " est quand même exagéré et la puissance n'est pas l'antidote parfait, tout juste un frein . Les hommes/femmes publics.ques ont , tout autant que la calomnie, et même plus, à affronter la vérité . Pas de saints chez ceux qui ont choisi de se montrer, de diriger ; ça se saurait . Peut-être un jour saura-t-on simplement bien faire et laisser dire ? Je ne vous dis pas l'égo qu'il faudra développer pour tenir, que les faits passent avant le vent des paroles néfastes .

Quant aux réseaux sociaux calomnieux ( parfaitement a-sociaux ) pourquoi aller mettre son doigt dans cet engrenage ? Se faire voir ? bien voir ? Se retrouver accroché comme un tableau  qui se croyait jusque là oeuvre d'art, et se fait traiter de vieille croûte ? Est-ce bien utile de savoir ce que des milliers/centaines/dizaines d'inconnus pensent de vous : ce ne sont que des micro-impulsions électroniques qui sont incapables de vous tenir la main en cas de besoin, pas même aptes à vous beurrer un sandwich, qu'on efface d'un clic et qui polluent l'atmosphère .

Parlons plutôt de ce qui me/nous plait : https://www.youtube.com/watch?v=j5wLXvQnufM

Qui sait flatter sait aussi calomnier. - Atmosphère Citation

Petit clin d'oeil à ceux qui aiment Napoléon en oubliant Bonaparte , et le fêtent aujourd'hui

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

13 janvier 1766 1

Mon cher ami, j’ai reçu vos deux lettres du 6 et du 9 de ce mois. Je réponds d’abord à l’article de Merlin 2. Son correspondant, pressé d’argent, est venu trouver mon ami Wagnière, qui lui a prêté cinq cents francs, moyennant quoi ledit correspondant  à donné un billet de cinq cents livres de Merlin, payable à l’ordre dudit Wagnière. Cela s’arrangera vers les échéances. Je compte que, tout philosophe que vous êtes, vous avez de l’ordre, étant employé dans les finances.

Ce monstre de vanité et de contradictions, d’orgueil et de bassesse, Jean-Jacques Rousseau, ne réussira certainement pas à mettre le trouble dans la fourmilière de Genève, comme il l’avait projeté. Je ne sais si on l’a chassé de Paris, comme le bruit en court ici, et s’il s’en est allé à quatre pattes ou avec sa robe d’Arménien. Figurez-vous qu’il m’avait imputé son bannissement de l’État de Berne, pour me rendre odieux au peuple de Genève. J’ai heureusement découvert et hautement confondu cette sourde imposture. Je sais bien que tout homme public, à moins qu’il ne soit homme puissant, est obligé de passer sa vie à réfuter la calomnie. Les Frérons et les Pompignans, qui m’ont accusé d’être l’auteur du Dictionnaire philosophique, n’ont pas réussi, puisque les noms de ceux qui ont fait la plupart des articles sont aujourd’hui publiquement connus.

Il en est de même des lettres des sieurs Covelle, Beaudinet, Montmollin, etc., à l’occasion des miracles de Jean-Jacques, et je ne sais quel cuistre de prédicant 3. On m’impute plusieurs de ces lettres ; mais, Dieu merci, M. Covelle m’a signé un bon billet par lequel il détruit cette accusation pitoyable. Il m’a fallu prévenir la rage des hypocrites qui me persécutent encore à Versailles, et qui veulent m’opprimer, à l’âge de 72 ans, sur le bord de mon tombeau. On en parlait, il y a quelques mois, devant les syndics de nos états de Gex. Les curés de mes terres y étaient avec quelques notables : ils me connaissent, ils savent que j’ai fait un peu de bien dans la province, et que je ne me suis pas borné à remplir tous les devoirs de chrétien et d’honnête homme . Ils signèrent un acte authentique, et ils me l’apportèrent, à mon grand étonnement. Il est trop flatteur pour que je vous le communique ; mais enfin il est trop vrai pour que je n’en fasse pas usage dans l’occasion, et que je ne l’oppose, comme une égide, aux coups que la calomnie, couverte du masque de la dévotion, voudra me porter.

J’attends tous les jours le ballot de Fauche. Je n’entends point parler des boîtes que vous m’aviez promises par le carrosse de Lyon, à l’adresse de MM. Lavergne père et fils, banquiers à Lyon 4. Je ne sais plus ce que fait Bigex 5.

Tronchin part le 24 . Je me flatte, mon cher ami, qu’il raccommodera votre estomac, lequel n’a pas soixante-douze ans comme le mien 6.

Je ne vous parle point de M. de Villette ; je ne réponds pas de sa conduite . Il m’a paru aimable, il m’a gravé, il a fait des vers pour moi. Je ne l’ai point gravé, j’ai répondu à ses vers : il faut être poli. Je ne suis point poli avec vous, mon cher ami ; mais je vous aimerai tendrement jusqu’à mon dernier soupir. »

1 L'édition Correspondance littéraire ne désigne pas le destinataire et donne 13 pour la date . Les lettres de Damilaville ne sont pas connues .

2 Le manuscrit remplace toute la fin de ce paragraphe et le début du deuxième (jusqu'à bassesse) par ces mots : par un billet de cinq cents livres .

3 David Claparède, né en 1727, mort postérieurement à 1786, est auteur des Considérations sur les miracles, 1765, in-8° ; voir les Questions sur les miracles : https://fr.wikisource.org/wiki/Questions_sur_les_miracles/%C3%89dition_Garnier

5 Ce paragraphe manque dans la copie de Darmstadt .

6 La phrase depuis Je me flatte manque dans la copie de Darmstadt .

Ce qui reste dans Genève de pédants et de cuistres du XVIè siècle perdra ses mœurs sauvages . Ils deviendront tous Français. Ils ont déjà notre argent, ils auront nos mœurs . Ils dépendront entièrement de la France, en conservant leur liberté

... Voltaire te voilà prophète . On est là pas loin de la vérité, à ceci près qu'on est dans la configuration "je te tiens, tu me tiens par la barbichette" ( ou autre partie anatomique en relief ; je mets barbichette pour ne pas choquer les dames patronnesses ). Genève ne survit que par la force de travail des frontaliers et saisonniers, lesquels ne gagnent (bien ) leur pain que par leurs compétences indispensables et vitales au peuple suisse .

Les Genevois ne deviendront pas Français, ils se contentent d'acheter tout ce qu'ils peuvent : immobilier, mobilier, nourriture, côté français ; mais  au fond les cuistres des deux côtés de la frontière ne se lassent pas encore les uns  de casser du sucre sur le dos des Frouzes, les autres de les traiter de Gueules Enfarinées ! Ouf ! ils sont minoritaires .

La vie dans le bassin genevois à la loupe | GROUPE ECOMEDIA

https://groupe-ecomedia.com/vie-bassin-genevois-loupe/

Même s'il faut réactualiser les chiffres bruts, la réalité du terrain est inchangée .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

15 janvier 1766

Oui, mes divins anges, il faut absolument que vous veniez, sans quoi je prends tout net le parti de mourir.

M. Hennin vous logera très-bien à la ville, et nous aurons le bonheur de vous posséder à la campagne. Je vous avertis que tout le tripot de Genève, et les députés de Zuric et de Berne, désirent un homme de votre caractère. Il y avait eu bien des coups de fusil de tirés, et quelques hommes de tués, en 1737, lorsqu’on envoya un lieutenant général des armées du roi 1; mais aujourd’hui il ne s’agit que d’expliquer quelques lois, et de ramener la confiance. Personne assurément n’y est plus propre que vous.

Je sens combien il vous en coûterait de vous séparer longtemps de M. le duc de Praslin ; mais vous viendrez dans les beaux jours, et pour un mois ou six semaines tout au plus. M. Hennin vous enverra tout le procès à juger, avec son avis et celui des médiateurs suisses. Ce sera encore un grand avantage de pouvoir consulter, à Paris, les avocats en qui vous avez confiance, quoique vous n’ayez pas besoin de les consulter. Lorsque enfin M. le duc de Praslin aura approuvé les lois proposées, vous viendrez nous apporter la paix et le plaisir.

M. Hennin signera après vous, non-seulement le traité, mais l’établissement de la comédie. Ce qui reste dans Genève de pédants et de cuistres du XVIè siècle perdra ses mœurs sauvages . Ils deviendront tous Français. Ils ont déjà notre argent, ils auront nos mœurs . Ils dépendront entièrement de la France, en conservant leur liberté.

M. Hennin est homme du monde le plus capable de vous seconder dans cette belle entreprise . Il est plein d’esprit et de grâces, très instruit, conciliant, laborieux, et fait pour plaire aux gens aimables et aux barbares.

Au reste, le jeune ex-jésuite vous attend après Pâques. Je vous répète qu’on est très content de sa conduite dans la province. Il n’a eu nulle part ni au Dictionnaire philosophique, ni aux Lettres des sieurs Covelle et Beaudinet . Il a toujours preuve en main. Il dit qu’il est accoutumé à être calomnié par les Frérons, mais que l’innocence ne craint rien ; que non-seulement on ne peut lui reprocher aucun écrit équivoque, mais que s’il en avait fait dans sa jeunesse, il les désavouerait, comme saint Augustin s’est rétracté. Il ne se départira pas plus de ces principes que du culte de latrie qu’il vous a voué. »

1 Lautrec ; voir lettre du 13 novembre 1765 à d'Argental :

04/05/2021

Toute la maison de Ferney vous remercie et est à vos ordres ...

... M. Stéphane Bern, après avoir suivi , hier soir, Secrets d'histoire sur "Voltaire ou la liberté de penser" . Magnifique idée, bien réalisée avec juste un petit bémol, trop de plans montrant un Voltaire figé, lui qui est la vivacité faite homme . Mais , bon, exposer Voltaire vous vaut l'absolution .

https://www.france.tv/france-3/secrets-d-histoire/2221551...

 

 

« A Catherine-Josephte de Loras du Saix, baronne de Monthoux

A Ferney, 13 janvier 1766

Madame,

Toute la maison de Ferney vous remercie et est à vos ordres ; si ma vieillesse et ma santé me le permettaient, j'aurais l'honneur de venir moi-même les prendre chez vous .

Je suis avec bien du respect, madame, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire . »

J’aurais aimé à voir le contraste de la tyrannie insolente et du noble orgueil de l’indigence vertueuse

... Il va de soi qu'on a là un dramatique point de vue théâtral, et pourtant, je pense que la réalité dépasse la fiction, à ceci près que le tyran n'est jamais réellement confronté au vertueux indigent, ou s'il l'était , je ne vous fais pas un dessin, mais on aura alors la version humaine du pot de fer contre le pot de terre : les tessons ne feront pas le bonheur d'un futur archéologue .

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon

À Ferney, 13 janvier 1766

Plus vos lettres, monsieur, m’ont inspiré d’estime et d’amitié pour vous, plus je sens qu’il est de mon devoir de répondre à la confiance dont vous m’honorez, en vous disant librement ma pensée.

Il m’est arrivé avec vous ce qui arrive presque toujours avec les gens du métier que l’on consulte : ils voient le sujet sous un point de vue, et l’auteur l’a envisagé sous un autre.

Je m’intéresse véritablement à vous ; le sujet 1 m’a paru d’une difficulté presque insurmontable ; ne m’en croyez pas ; consultez ceux de vos amis qui ont le plus d’usage du théâtre, et le goût le plus sûr ; laissez reposer quelque temps votre ouvrage, vous le reverrez ensuite avec des yeux frais, et vous en serez meilleur juge que personne. Ce pas-ci est glissant : il ne faudrait vous compromettre à donner une pièce au théâtre qu’en cas que tous vos amis vous eussent répondu du succès, et que vous-même, en revoyant votre pièce après l’avoir oubliée, vous vous sentissiez intérieurement entraîné par l’intérêt de l’intrigue. C’est de cette intrigue qu’il s’agit principalement ; vous jugerez si elle est assez vraisemblable et assez attachante ; c’est là ce qui fait réussir les pièces au théâtre. La diction, la beauté continue des vers, sont pour la lecture. Esther est divinement écrite, et ne peut être jouée . Le style de Rhadamiste est quelquefois barbare, mais il a un très grand intérêt, et la pièce réussira toujours. Je ne sais si je me trompe, mais j’aurais souhaité que Virginie n’eût point eu trois amants ; j’aurais voulu que l’état d’esclave dont elle est menacée eût été annoncé plus tôt, et que cet avilissement eût fait un beau contraste avec les sentiments romains de cette digne fille ; qu’elle eût traité son tyran en esclave, et que son père l’eût reconnue pour légitime à la noblesse de ses sentiments ; je voudrais que le doute sur sa naissance fût fondé sur des preuves plus fortes qu’une simple lettre de sa mère.

La conspiration contre Appius ne me paraît point faire un assez grand effet, elle empêche seulement que l’amour n’en fasse. Les intérêts partagés s’affaiblissent mutuellement.

J’aurais aimé encore, je vous l’avoue, à voir dans Virginius un simple citoyen, pauvre, et fier de cette pauvreté même. J’aurais aimé à voir le contraste de la tyrannie insolente et du noble orgueil de l’indigence vertueuse.

Mais je ne vous confie toutes ces idées qu’avec la juste défiance que je dois en avoir. Pardonnez-les, monsieur, au vif intérêt que je prends à votre gloire . Un mot, quoique jeté au hasard et mal à propos, fait souvent germer des beautés nouvelles dans la tête d’un homme de génie. Vous êtes plus en état de juger mes pensées que je ne le suis de juger votre ouvrage. Agréez l’estime infinie que je vous dois, et les sentiments d’amitié que vous faites naître dans mon cœur. Je supprime les compliments inutiles. »