14/05/2021
il est utile même que le peuple soit persuadé que la vie et la mort dépendent du Créateur
... Utile ? Oui, pour ceux qui gouvernent par la trouille et appâtent le troupeau des croyants à grandes portions de paradis mirifiques .
Où en est le Créateur en Israël ces jours-ci ?
Il est confiné ! Il n'est pas vacciné, bien qu'étant prioritaire . Il n'a pas coché la case "Motif familial impérieux, assistance aux personnes vulnérables, garde d’enfants, situation de handicap " ; tout s'explique .
Il passe la main à Poutine, grand défenseur de la paix s'il en est ; nos sénateurs peuvent en témoigner : https://www.senat.fr/rap/r07-416/r07-4165.html
et
« A Etienne-Noël Damilaville
25 janvier 1766 1
Mon cher frère, vous souvenez-vous d’un certain mandement de l’archevêque de Novogorod, que je reçus de Paris la veille de votre départ ? J’en ignore l’auteur, mais sûrement c’est un prophète. Figurez-vous que la lettre de M. le prince de Galitzin en renfermait une de l’impératrice qui daigne m’apprendre qu’en effet l’archevêque de Novogorod a soutenu hautement le vrai système de la puissance des rois2 contre la chimère absurde des deux puissances. Elle me dit qu’un évêque de Rostow, qui avait prêché les deux puissances, a été condamné par le synode auquel l’archevêque de Novogorod présidait, qu’on lui a ôté son évêché, et qu’il a été mis dans un couvent. Faites sur cela vos réflexions, et voyez combien la raison s’est perfectionnée dans le Nord.
Notre grand Tronchin ne vous apporte rien, parce que je n’ai rien. Les chiffons dont vous me parlez ont été bien vite épuisés. Boursier jure qu’il vous a envoyé les numéros 18 et 19 3. Fauche n’envoie point les ballots ; je ne reçois rien, et je meurs d’inanition.
Il pleut tous les jours à Genève de nouvelles brochures 4; ce sont des pièces du procès qui ne peuvent être lues que par les plaideurs.
La querelle de Rousseau sur les miracles a produit vingt autres petites querelles, vingt petites feuilles dont la plupart font allusion à des aventures de Genève, dont personne ne se soucie. On m’a fait l’honneur de m’attribuer quelques-unes de ces niaiseries. Je suis accoutumé à la calomnie, comme vous savez.
J'oubliais de vous dire que l'impératrice de Russie est étonnée de la sensibilité que M. d'Alembert passe pour avoir marquée dans l’affaire de sa pension . Il faut qu'elle ait lu de mauvaises gazettes . Je l’ai mise au fait et je l'ai rassurée sur la manière de penser de notre philosophe . Vous auriez bien dû lui dire quelque chose des procédés généreux de M. le duc de Choiseul. 5
Je ne saurais finir sans vous parler de sainte Geneviève. Il est bon d’avoir des saints, mais il est encore mieux de se résigner à Dieu ; il est utile même que le peuple soit persuadé que la vie et la mort dépendent du Créateur, et non pas de la sainte de Nanterre. C’est le sentiment de tous les théologiens raisonnables, et de tous les honnêtes gens éclairés. Écr. l’inf. »
1 Dans l'édition Darmstadt manquent les trois derniers mots .
2 Note de Beuchot (en 1879 ): « Une copie qui m’est parvenue récemment de la lettre de Catherine, du 17-28 novembre 1765 (, contenait, après le second alinéa, le passage inédit que voici :
« Les sujets de l’Église souffrant des vexations souvent tyrannique, auxquelles les fréquents changements de maîtres contribuaient encore beaucoup, se révoltèrent vers la fin du règne de l’impératrice Élisabeth, et ils étaient à mon avènement plus de cent mille en armes. C’est ce qui fit qu’en 1762 j’exécutai le projet de changer entièrement l’administration des biens du clergé, et de fixer ses revenus. Arsène, évêque de Rostou, s’y opposa, poussé par quelques-uns de ses confrères, qui ne trouvèrent pas à propos de se nommer. Il envoya deux mémoires où il voulait établir le principe des deux puissances. Il avait déjà fait cette tentative du temps de l’impératrice Élisabeth. On s’était contenté de lui imposer silence. Mais son insolence et sa folie redoublant, il fut jugé par le métropolitain de Novogorod et par le synode entier, condamné comme fanatique, coupable d’une entreprise contraire à la foi orthodoxe autant qu’au pouvoir souverain, déchu de sa dignité et de la prêtrise, et livré au bras séculier. Je lui fis grâce, et je me contentai de le réduire à la condition de moine. »
Le passage de la lettre de Voltaire à Damilaville prouve, ce me semble, l’authenticité du fragment que je viens de transcrire. (Beuchot.)
L'éditeur Garnier ajoute : « On pourrait croire aussi, d’après l’avant-dernier paragraphe de la lettre 6367 ( 21 juin 1766 ), que ce fragment faisait partie d’un mémoire, distinct de la lettre du 28 novembre 1765 , adressé par Catherine à Voltaire. »
3 Lettres XVIII et XIX des Lettres sur la miracles : https://fr.wikisource.org/wiki/Questions_sur_les_miracles/%C3%89dition_Garnier/18
et : https://fr.wikisource.org/wiki/Questions_sur_les_miracles/%C3%89dition_Garnier/19
4 Rivoire en compte une vingtaine pour le mois de janvier 1766 .
5 Ce paragraphe manque dans l'édition Garnier .
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13/05/2021
Ou les hommes deviendront entièrement fous, ou ils admireront tout ce que vous faites de grand et d’utile. Cette prédiction même vient un peu, comme les autres, après l’événement
... Si au moins c'était vrai, si au moins il se trouvait quelque gouvernant qui permette ce constat, ce compliment ! On en est encore loin à ce jour . Les humains sont plus prompts à délirer qu'à admirer . Un peu d'optimisme, tout n'est pas perdu, espérons !
« A Catherine II, impératrice de Russie
24è janvier 1766 1
Madame,
24 janvier.
La lettre2 dont Votre Majesté impériale m’honore m’a tourné la tête ; elle m’a donné des patentes de prophète . Je ne me doutais pas que l’archevêque de Novogorod se fût en effet déclaré contre le système absurde des deux puissances. J’avais raison sans le savoir, ce qui est encore un caractère de prophétie. Les incrédules pourront m’objecter que cet archevêque ne s’appelle pas Alexis3, mais Démétri. Je pourrai répondre avec tous les commentateurs qu’il faut de l’obscurité dans les prophéties, et que cette obscurité rend toujours la vérité plus claire. J’ajouterai qu’il n’y a qu’à changer Alex en Démé, et is en tri, pour avoir le véritable nom de l’archevêque. Il n’y aura certainement que les impies qui puissent ne se pas rendre à des preuves si évidentes 4.
Je suis si bon prophète que je prédis hardiment à Votre Majesté la plus grande gloire et le plus grand honneur. Ou les hommes deviendront entièrement fous, ou ils admireront tout ce que vous faites de grand et d’utile. Cette prédiction même vient un peu, comme les autres, après l’événement.
Il me semble que si cet autre grand homme, Pierre Ier, s’était établi dans un climat plus doux que sur le lac Ladoga, s’il avait choisi Kiovie, ou quelque autre terrain plus méridional, je serais actuellement à vos pieds, en dépit de mon âge. Il est triste de mourir sans avoir admiré de près celle qui préfère le nom de Catherine aux noms des divinités de l’ancien temps, et qui le rendra préférable 5. Je n’ai jamais voulu aller à Rome ; j’ai senti toujours de la répugnance à voir des moines dans le Capitole, et les tombeaux des Scipions foulés aux pieds des prêtres ; mais je meurs de regret de ne point voir des déserts changés en villes superbes, et deux mille lieues de pays civilisés par des 6 héroïnes. L’histoire du monde entier n’a rien de semblable ; c’est la plus belle et la plus grande des révolutions : mon cœur est comme l’aimant, il se tourne vers le nord. D’Alembert a bien tort de n’avoir pas fait le voyage, lui qui est encore jeune. Il a été piqué de la petite injustice qu’on lui faisait ; mais l’objet, qui est fort mince, ne troublait point sa philosophie. Tout cela est réparé aujourd’hui. Je crois que l’Encyclopédie est en chemin pour aller demander une place dans la bibliothèque de votre palais 7.
Que Votre Majesté impériale daigne recevoir avec bonté ma reconnaissance, mon admiration, mon profond respect.
Feu l’abbé Bazin. »
1 En tête de la minute, V* a porté « à S.M. L'impéra/tr » complété par Wagnière « à l’impératrice de Russie ».
2 Voir la note de la lettre du même jour à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/05/11/la-tolerance-est-etablie-chez-nous-elle-fait-loi-de-l-etat-et-il-est-defen.html
Accessoirement, voir lettre du 25 janvier 1766 à Damilaville : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6246
3 Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Mandement_de_l%E2%80%99archev%C3%AAque_Alexis/%C3%89dition_Garnier
4 V* a commencé ici un nouveau paragraphe qui a été biffé : « Je jure madame, par les dieux qui m’inspirent, je jure par le nom de Catherine et par tout ce qu'elle fait d'utile et de grand. »
5 Ce qui précède, depuis celle qui préfère [...] , est autographe .
6 Mot ajouté par V* au-dessus de la ligne .
7 Les quelques lignes , depuis D'Alembert a bien tort […] sont autographes .
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12/05/2021
« La tolérance est établie chez nous ; elle fait loi de l’État, et il est défendu de persécuter. »
... Devinez où , et quand, et quel chef d'Etat dit cela ?
-- Russie .
-- 1765
-- Catherine II .
Qu'en pense le dictateur Poutine ( exhibitionniste ridicule, qui en cela arrive à battre le Donald Trump de triste mémoire ) "le plus orgueilleux" et "le plus malhonnête homme" qui soit ? J'ajouterai : le plus dangereux .
Pitoyable !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
24è janvier 1766 1
Je vous avoue, mon divin ange, et à vous aussi, ma divine ange, que je trouve vos raisons pour ne pas venir à Genève extrêmement mauvaises. Je penserai toujours qu’un conseiller d’honneur du parlement de Paris peut très bien figurer avec un grand trésorier du pays de Vaud ; je penserai qu’un ministre plénipotentiaire d’un petit-fils du roi de France est fort au-dessus de tous les plénipotentiaires de Zurich et de Berne ; je penserai que l’incompatibilité du ministère de Parme avec celui de France est nulle, et qu’on a donné des lettres de compatibilité 2 en mille occasions moins importantes. Enfin, je croirai toujours que ce voyage ne serait pas inutile auprès de Mme de Grosley ; mais vous ne voulez point venir, il ne me reste que de vous aimer en gémissant.
On me mande de Paris que, le jour de Sainte-Geneviève 3, jour auquel sa chapelle autrefois ne désemplissait pas, il ne se trouva personne qui daignât lui rendre visite, et que celle qui donne la pluie et le beau temps gela de froid le jour de sa fête. Je ne me souviens plus si je vous ai mandé que M. Dupuits, et mon jésuite, qui nous dit la messe, s’en allèrent malheureusement à Genève donner des copies de cette guenille : on l’imprima sur-le-champ, le tout sans que j’en susse rien. On l’a imprimée à Paris. Fréron dira que je suis un impie et un mauvais poète . Les honnêtes gens diront que je suis un bon citoyen.
Vous souvenez-vous d’un certain mandement d’un archevêque de Novogorod contre la chimère aussi dangereuse qu’absurde des deux puissances ? L’auteur ne croyait pas si bien dire. Il se trouve en effet que non-seulement cet archevêque, à la tête du synode grec, a réprouvé ce système des deux puissances, mais encore qu’il a destitué l’évêque de Rostou, qui osait le soutenir. L’impératrice de Russie m’a écrit huit grandes pages de sa main, pour me détailler toute cette aventure. J’ai été prophète sans le savoir, comme l’étaient tous les anciens prophètes. Voici d’ailleurs deux lignes bien remarquables de sa lettre 4 : « La tolérance est établie chez nous ; elle fait loi de l’État, et il est défendu de persécuter. »
Pourquoi faut-il que ma Catherine ne règne pas dans des climats plus doux, et que la vérité et la raison nous viennent de la mer glaciale ! Il me semble que, dans mon dépit de ne vous point voir arriver à Genève, je m’en irais à Kiovie finir mes jours, si Catherine y était ; mais malheureusement je ne peux sortir de chez moi ; il y a deux ans que je n’ai fait le voyage de Genève.
Vous me demandez qui sera mon médecin quand je n’aurai plus le grand Tronchin ; je vous répondrai : personne, ou le premier venu ; cela est absolument égal à mon âge ; mon mal n’est que la faiblesse avec laquelle je suis né, et que les ans ont augmentée ; Esculape ne guérirait pas ce mal-là . Il faut savoir se résigner aux ordres de la nature.
Rousseau est un grand fou, et un bien méchant fou, d’avoir voulu faire accroire que j’avais assez de crédit pour le persécuter, et que j’avais abusé de ce prétendu crédit. Il s’est imaginé que je devais lui faire du mal, parce qu’il avait voulu m’en faire, et peut-être parce qu’il lui était revenu que je trouvais son Héloïse pitoyable, son Contrat social très insocial, et que je n’estimais que son Vicaire savoyard dans son Émile ; il n’en faut pas d’avantage dans un auteur pour être attaqué d’un violent accès de rage. Le singulier de toute cette affaire-ci, c’est que les petits troubles de Genève n’ont commencé que par l’opinion inspirée par Jean-Jacques au peuple de Genève que j’avais engagé le conseil de Genève à donner un décret de prise de corps contre Jean-Jacques, et que la résolution en avait été prise chez moi, aux Délices. Parlez, je vous prie, de cette extravagance à Tronchin, il vous mettra au fait ; il vous fera voir que Rousseau est non-seulement le plus orgueilleux de tous les écrivains médiocres, mais qu’il est le plus malhonnête homme.
J’ai été tenté quelquefois d’écrire au conseil de Genève pour démentir solennellement toutes ces horreurs, et peut-être je succomberai à cette tentation 5; mais j’aime bien mieux la déclaration que me donnèrent, il y a quelque temps, les syndics de la noblesse et du tiers état de notre province, les curés et les prêtres de mes terres, lorsqu’ils surent qu’il y avait, je ne sais où, des gens assez malins pour m’accuser de n’être pas bon chrétien. Je conserve précieusement cette pièce authentique, et je m’en servirai, si jamais la tolérance n’est pas établie en France comme en Russie.
J'espère que ma petite famille verra M. de Chabanon avec plus de plaisir que Virginie . On a dit qu'il a beaucoup de talents agréables et des mœurs charmantes ; il a une sœur fort aimable, qui voulait acheter une terre dans mon voisinage.
Adieu, anges cruels, qui ne voulez voir ni les Alpes ni le mont Jura ; je ne m’en mets pas moins à l’ombre de vos ailes.
Je vous supplie d’avoir la bonté de me mander si cette dame Belot que M. de Meynières vient d’épouser, est la dame Belot traductrice de Hume, et qui voulait venir à Ferney .
V.»
1 L'édition de Kehl, suivant la copie Beaumarchais et suivie des éditions omet le dernier paragraphe ainsi que celui qui commence par « J'espère … voisinage. »
2 Littré ne donne pas d'exemple de ce mot, qui existe pourtant dans le langage juridique dès le XVIIè siècle .
3 Le 3 janvier .
4 V* se montre un peu trop optimiste . Voir la lettre , qui occupe deux folios, donc quatre pages dans l'original conservé à Moscou : «De Catherine II, impératrice de Russie II,
« À Pétersbourg, ce 28 novembre 1765 [9 décembre nouveau style].
« Monsieur, ma tête est aussi dure que mon nom est peu harmonieux ; je répondrai par de la mauvaise prose à vos jolis vers . Je n’en ai jamais fait, mais je n’en admire pas moins pour cela les vôtres. Ils m’ont si bien gâtée, que je ne puis presque plus en souffrir d’autres. Je me renferme dans ma grande ruche ; on ne saurait faire différents métiers à la fois. Le mien prend beaucoup de temps , et je trouve ma tête, malgré ce que vous me dîtes de mon bau nom , si peu docile, si peu flexible, que le nom de Catherine m'est très justement donné . Il harmonie avec l'harmonie de mon génie . C'est feu l'impératrice Élisabeth à laquelle je dois beaucoup qui m'appela ainsi par tendresse et par respect pour sa mère .
Jamais je n’aurais cru que l’achat d’une bibliothèque m’attirerait tant de compliments : tout le monde m’en fait sur celle de M. Diderot. Mais avouez, vous à qui l’humanité en doit pour le soutien que vous avez donné à l’innocence et à la vertu dans la personne des Calas, qu’il aurait été cruel et injuste de séparer un savant d’avec ses livres, et empêchez je vous prie M. d'Alembert d'être aussi sensible au refus de la pension qui lui est due . C'est une inconséquence qu'il doit mépriser, il a fait des sacrifices bien au-delà de cette très modique pension . L'effet de ce refus retombe sur ceux qui le persécutent, ils en souffrent plus que lui ..
Dmitri, métropolite de Novogorod, n’est ni persécuteur, ni fanatique. Il n’y a pas un principe dans le Mandement d’Alexis qu’il n’avouerait, ne prêcherait, ne publierait, dès que cela était utile ou nécessaire . Il abhorre la proposition des deux puissances, plus d’une fois il en a donné des exemples que je pourrais vous citer si je ne craignais de vous ennuyer . Je les mettrai sur une feuille séparée, afin de la brûler si vous ne voulez pas la lire.
La tolérance est établie chez nous : elle fait loi de l’État, et il est défendu de persécuter. Nous avons, il est vrai, des fanatiques qui, faute de persécution, se brûlent eux-mêmes ; mais si ceux des autres pays en faisaient autant, il n’y aurait pas grand mal ; le monde n’en serait que plus tranquille, et Calas n’aurait pas été roué. Voilà, monsieur, les sentiments que nous devons au fondateur de cette ville, que nous admirons tous deux.
Je suis bien fâchée que votre santé ne soit pas aussi brillante que votre esprit : celui-ci en donne aux autres. Ne vous plaignez point de votre âge, et vivez les années de Metusalem, dussiez-vous tenir dans le calendrier la place que vous trouvez à propos de me refuser. Comme je ne me crois point en droit d’être chantée, je ne changerai point mon nom contre celui de l’envieuse et jalouse Junon . Je n’ai pas assez de présomption pour prendre celui de Minerve ; je ne veux point du nom de Vénus, il y en a trop sur le compte de cette belle dame. Je ne suis pas Cérès non plus ; la récolte a été très-mauvaise en Russie cette année . Le mien au moins me fait espérer l’intercession de ma patronne là où elle est et à tout prendre, je le crois le meilleur pour moi ; mais en vous assurant de la part que je prends à ce qui vous regarde, je vous en éviterai l’inutile répétition.
Le mandement m'a fait ressouvenir de l'honnête Antoine Vadé et de son discours. » ***
*** En rouge les sections manquantes dans l'édition selon Beuchot . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire...
5 Ce qu'il fait le jour suivant, voir lettre du 25 janvier 1766 à Pierre Lullin .
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11/05/2021
Je ne crois pas qu’à eux deux ils viennent à bout de faire une tragédie
... Détrompe toi ami Voltaire, Israeliens et Palestiniens sont tout à fait capables de faire couler le sang, les pessimistes disent "comme d'habitude", les optimistes disent "à nouveau", ou vice-versa . Il est vraiment lamentable que ce pays qui vient de se vanter d'avoir sauvé du Covid par une vaccination massive la quasi totalité de son peuple, trouve le moyen de faire remonter les statistiques des décès par la folie d'intégristes bornés (pléonasme), plus cinglés et meurtriers que nos adeptes de rave parties , puis comme la religion ne suffit pas comme motif de s'étriper, le vrai motif fondamental, l'intérêt, le dieu dollar/shekel reçoit son tribut de morts . A tous ceux qui reprochent à la France un passé colonialiste, je demande qu'ils voient, et dénoncent s'ils l'osent, un peu ce qui se passe au présent dans ce petit pays au soleil ( pour faire sécher le sang ? ).
https://www.lefigaro.fr/international/pelerinage-en-israe...
Il y a trois ans
https://www.planetebd.com/bd/le-lombard/la-petite-bedethe...
« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine, marquise de Florian
22 janvier 1766
J’ai fini avec regret l’Histoire de Ferdinand et d’Isabelle 1. Elle m’a fait un très grand plaisir, et je ne doute pas qu’elle n’ait beaucoup de succès auprès de tous ceux qui préfèrent les choses utiles et vraies aux romanesques. Je fais mon compliment à l’auteur, et je m’enorgueillis de lui appartenir de si près. Si Isabelle revenait au monde, elle lui donnerait au moins un canonicat de Tolède ; mais si la petite Geneviève de Nanterre revenait, elle me traiterait fort mal. Dès que j’eus fait ces maudits vers 2, M. Dupuits et père Adam les portèrent à Genève sans m’en rien dire ; ils furent imprimés sur-le-champ dans la ville de Calvin ; ils l’ont été dans le quartier de Geneviève à Paris, et me voilà brouillé avec la sainte, avec tous les génovéfins, avec M. Soufflot, et peut-être avec les dévots de la cour ; mais c’est ma destinée. J’avais pourtant bonne intention. Je me suis laissé trop entraîner à mon zèle pour Henri IV. Il n’y a d’autre remède à cela que de faire pénitence, et de réciter l’oraison de sainte Geneviève pendant neuf jours.
Je ne me mêle en aucune façon du recueil qu’on fait à Lausanne des pièces concernant les Calas 3. Je n’aime point le titre d’assassinat juridique, parce qu’un titre doit être simple, et non pas un bon mot. Il est très vrai que la mort de Calas est un assassinat affreux, commis en cérémonie4; mais il faut se contenter de le faire sentir sans le dire.
Le père Corneille est venu voir sa fille. Je ne crois pas qu’à eux deux ils viennent à bout de faire une tragédie : mais le père est un bon homme, et la fille une bonne enfant.
Il n’y a point de trouble à Genève, comme on se tue de le dire : il n’y a que des tracasseries, des misères, des pauvretés auxquelles les médiateurs mettront ordre dans quatre jours.
Le docteur Tronchin doit être parti aujourd’hui, suivi de quelques-uns de ses malades, qui le mènent en triomphe. J’espère que M. et Mme de Florian le verront dans sa gloire, et qu’ils me maintiendront dans mon amitié 5.
J’embrasse tendrement nièce, neveu et petits-neveux. »
1 Histoire des rois catholiques Ferdinand et Isabelle, 1766, deux volumes in-12. L’auteur est l’abbé Mignot, frère de Mme de Florian et neveu de Voltaire. Voir lettre du 29 décembre 1762 à Mme de Fontaine : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/11/04/il-est-honteux-que-cette-affaire-traine-au-conseil-si-longte-5995797.html
2 Épître à Henri IV.
3 Il s'agit peut-être de ce qui deviendra l'Histoire des malheurs de la famille Calas [...], d’Édouard Thomas Simon, 1766 : voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89douard-Thomas_Simon
et https://openlibrary.org/works/OL7567338W/Histoire_des_malheurs_de_la_famille_des_Calas
4 Rappel des Satires, VIII, 296, de Boileau;page 84 : « Mener tuer un homme avec cérémonie » https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5469682b/f105.item.texteImage
5 On sait que Tronchin a pris ses distances avec V* . On est tenté de lire dans son amitié .
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10/05/2021
à la honte de la France, il y a cent personnes qui lisent les males semaines de Fréron, contre une qui s'instruit dans les ouvrages de Clairault
... Changeons "Fréron" par n'importe quel tabloïd, et "Clairault" par "Voltaire" et tout autre auteur de la liste suivante https://www.senscritique.com/liste/Lectures_recommandees/91989 , et nous aurons actualisé le constat voltairien .
Lire plus de 280 signes, est-ce donc si difficile ? Et les écrire correctement ?
« A Philibert-Charles-Marie Varenne de Fénille
La lettre que vous me citez, Monsieur, est précisément celle dont je vous parlais 1; ce sera du moins un témoignage de l'amitié qui me liait à l'illustre M. Clairault. Je ne croyais pas lui survivre 2. Nous avons fait une grande perte, mais le public ne la sent pas assez, il ne sait pas combien les mérites de ce genre sont en petit nombre ; nous avons tout au plus trois ou quatre géomètres astronomes ; s'ils manquaient on serait tout étonné de n'avoir pas un seul homme qui sut faire une observation. Et à la honte de la France, il y a cent personnes qui lisent les males semaines de Fréron, contre une qui s'instruit dans les ouvrages de Clairault .
Votre très humble et très obéissant serviteur
V.
20è janvier 1766 à Ferney.3 »
2 Voir lettre du 27 mai 1766 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/09/17/je-suis-devenu-si-vieux-que-je-ne-peux-plus-meme-jouer-les-roles-de-vieilla.html
3 L'édition « Copie d'une lettre de M. de Voltaire , à M. de Varenne, receveur des tailles de Montargis », Journal encyclopédique du 1er janvier 1770, amalgame la lettre du 1er janvier 1766 à la présente ; voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/04/21/je-m-interesse-au-monument-que-vous-elevez-a-sa-gloire-il-me-6311176.html
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Allez jouir de tous vos succès, ils ne seront pas plus grands que les regrets que vous nous laissez
... Diable ! à qui pourrais-je bien dire cela ?
En attendant, je me dis ...
« A Théodore Tronchin
A Ferney 20è janvier 1766 1
Mon cher Esculape, vos malades vous accompagnent à Paris, et mon cœur vous y suivra . Si Mlle Ferboz a l'honneur d'écrire à sa chère amie Mlle Levasseur, je vous enverrai sa lettre 2. Je n'ai plus qu'un désir, c'est celui de souper un jour entre vous et Mme d'Epinay, mais comme je n'ai pas la force de me transporter à Genève, il n'y a pas d'apparence que je puisse faire le voyage de Paris . Allez jouir de tous vos succès, ils ne seront pas plus grands que les regrets que vous nous laissez . »
1 L'édition Tronchin B. est incomplète et mal datée .
2 Ce qu'on sait de cette affaire ressort du début d'une lettre de Du Pan à Freudenreich du 18 janvier 1766 : « Nous attendons sa vingt-et-unième lettre , qui sera de Mlle Levasseur servante maîtresse de Jean-Jacques à Mlle Catherine Ferboz, ci-devant maîtresse de Covelle et à présent femme d'un quidam . Rousseau va être la bête à qui Voltaire adressera ses coups et si Rousseau répond, Volt garde pour la réplique les propres lettres dudit Jean-Jacques écrites de Venise et qu'il a en original, pour prouver que Rousseau n’était rien moins que premier secrétaire d'ambassade […] . C'est Rousseau qui a conseillé à nos souverains de se lier avec Voltaire, ces messieurs voulaient faire frapper une médaille à l'honneur de Rousseau, qui écrivit à l'un d'eux qu'ils feraient bien de s'attacher à Voltaire, et de lui décerner la médaille avec cette légende Phoebo pacificatori, à Apollon pacificateur . Ils ont fait leur cour à Voltaire qui les a bien reçus, mais comme ils sont faits pour l'ennuyer, il est vraisemblable que leur liaison avec lui ne sera pas de longue durée. »
La vingt-et-unième lettre ne parut pas .
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Th%C3%A9r%C3%A8se_Le_Vasseur
et : https://gw.geneanet.org/rossellat?lang=fr&p=catherine&n=ferboz
et :: https://gw.geneanet.org/rossellat?lang=fr&p=robert&n=covelle
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09/05/2021
Je n'ai [... ]que cette horreur pour le fanatisme intolérant ; horreur bien raisonnable, et qu’il est utile d’inspirer au genre humain pour la sûreté des princes, pour la tranquillité des États, et pour le bonheur des particuliers
... S'il est une des meilleures choses à laquelle il faut se tenir, c'est bien celle-là .
http://123parlefrancais.blogspot.com/2020/10/le-vaccin-pa...
« A Marie de Vichy de Chamrond
marquise Du Deffand
20è janvier 1766 1
Je me jette à vos genoux, madame ; je vois par votre lettre du 6è janvier 2, qui ne m’est parvenue pourtant que le 18, que je vous avais alarmée. Comptez que je serais désespéré de vous causer la plus légère affliction. Vous sentez bien que, dans la situation où je suis, je ne dois donner aucune prise à la calomnie : vous savez qu’elle saisit les choses les plus innocentes pour les empoisonner. Il y a des gens qui m’envient une retraite au milieu des rochers, qui n’auraient pitié ni de ma vieillesse, ni des maux qui l’accablent, et qui me persécuteraient au delà du tombeau ; mais je suis pleinement rassuré par votre lettre, et vous avez dû voir par ma dernière 3 avec quelle confiance je vous ouvre mon cœur ; ce cœur est plein de vous, il est continuellement sensible à votre état comme à votre mérite, il aime votre imagination et votre candeur, il vous sera attaché tant qu’il battra dans mon faible corps.
Vous et votre ami, vous pouvez avoir été convaincus par ma dernière lettre combien je suis éloigné de quelques philosophes modernes qui osent nier une intelligence suprême, productrice de tous les mondes. Je ne puis concevoir comment de si habiles mathématiciens nient un mathématicien éternel. Ce n’était pas ainsi que pensaient Newton et Platon. Je me suis toujours rangé du parti de ces grands hommes. Ils adoraient un Dieu, et ils détestaient la superstition ; je n’ai rien de commun avec les philosophes modernes que cette horreur pour le fanatisme intolérant ; horreur bien raisonnable, et qu’il est utile d’inspirer au genre humain pour la sûreté des princes, pour la tranquillité des États, et pour le bonheur des particuliers.
Voilà ce qui m’a lié avec des personnes de mérite qui peut-être ont trop d’inflexibilité 4 dans l’esprit, qui se plient peu aux usages du monde, qui aiment mieux instruire que plaire, qui veulent se faire écouter, et qui dédaignent d’écouter ; mais ils rachètent ces défauts par de grandes connaissances et par de grandes vertus. J’ai d’ailleurs des raisons particulières d’être attaché à quelques-uns d’entre eux, et une ancienne amitié est toujours respectable. Mais soyez bien persuadée, madame, que de toutes les amitiés la vôtre m’est la plus chère. Je n’envisage point sans une extrême amertume la nécessité de mourir sans m’être entretenu quelques jours avec vous ; c’eût été ma plus chère consolation. Vos lettres y suppléent : je crois vous entendre quand je vous lis. Jamais personne n’a eu l’esprit plus vrai que vous ; votre âme se peint tout entière dans tout ce qui vous passe par la tête ; c’est la nature elle-même avec un esprit supérieur ; point d’art, point d’envie de se faire valoir, nul artifice, nul déguisement, nulle contrainte. Tout ce qui n’est pas dans ce caractère me glace et me révolte. Je vous aime, madame, parce que j’aime le vrai : en [un] mot, je suis au désespoir de ne point passer quelques jours avec vous, avant de rendre ma chétive machine aux quatre éléments.
Vous ne m’avez point mandé si vous digérez ; tout le reste, en vérité, est bien peu de chose.
Faites-vous lire, madame, le rogaton 5 que je vous envoie, et ne le donnez à personne, car, quelque bon serviteur que je sois de Henri IV, je ne veux pas me brouiller avec sainte Geneviève. »
1 L'édition de Kehl la date du 27, ;suivant la copie de Beaumarchais V* semble répondre à une lettre du 6 janvier 1766 connue par une copie de Wyart (voir note suivante), mais on possède une autre lettre de Mme du Deffand du 14 janvier 1766 qui contient les mêmes thèmes, plus une allusion à « l'abbé Bazin » et des nouvelles du président Hénault .
2 Elle commence ainsi : « Jamais je n'ai rêvé d’oiseaux qu'il ne me soit arrivé quelque tracasserie . J'ai rêvé cette nuit de perroquet et à mon réveil j'ai reçu votre lettre du 1er janvier, elle a troublé ma pauvre tête . Je vous proteste que je ne 'ai donné de copie de vos lettres à personne , et que depuis celle qui vous a fait une tracasserie avec Montcrif je n'en ai lu aucune qu'à quatre ou cinq personnes, le président, Pont-de-Veyle, et mes Anglais . »
3 Lettre du 20 novembre 1765 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/03/15/plus-on-vieillit-dit-on-plus-on-a-le-coeur-dur-cela-peut-etr-6303685.html
4 D'Alembert, qui n'est pas aimé de Mme Du Deffand, et qui le lui rend bien . (Beuchot.)
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