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25/12/2021

j’ai été enchanté des morceaux que j’ai entendus

... et surtout celui-ci : https://www.youtube.com/watch?v=_AxgZHs2tFQ

à écouter la poignée dans le coin .

humoristique Humour Carte de Noël avec Père Noël et ange : HO HO HO.... de  haut la Solidarité Internationale révolutionnaire. : Amazon.fr: Fournitures  de bureau

Joyeux Noël à tous ceux de bonne volonté

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon

19 septembre 1766 1

Je vous avoue, mon très aimable confrère, que je croyais que M. de La Borde faisait de la musique comme un homme de cour. Je suis heureusement détrompé ; j’ai été enchanté des morceaux que j’ai entendus. En vérité, vous devriez faire un opéra pour lui ; vous le feriez mieux que moi. Je n’ai pas l’intelligence de ce spectacle ; je ne connais point le goût de la nation ; il faut être à Paris pour faire un opéra. Vous auriez d’ailleurs le plaisir de travailler avec un homme aussi aimable que vous. Je vous exhorte de tout mon cœur à embellir la scène lyrique. Pandore était un beau sujet ; mais il me semble que je ne l’ai pas traité comme il faut.

La boîte de Pandore s’est ouverte depuis quelque temps ; il en est sorti des malheurs horribles. Les Calas, les Sirven, les La Barre, ont déchiré mon cœur ; et, par une fatalité singulière, je me suis trouvé engagé dans les trois aventures. La première a été réparée ; je n’ai qu’une faible espérance pour la seconde, et la troisième m’afflige sans consolation.

Une de mes nièces a une terre auprès d’Abbeville ; j’ai su l’origine et tous les détails de cette détestable catastrophe. Je vous assure que les cheveux vous dresseraient à la tête, si vous saviez tous les ressorts qu’un vieux scélérat jaloux a fait jouer pour perdre cinq jeunes gens en perdant son rival.

Pour dissiper ma douleur et ma mélancolie, j’ai fait jouer sur mon petit théâtre Annette et Lubin, Rose et Colas, le Roi et le Fermier, et enfin Henri IV. Je n’avais jamais vu d’opéra-comique, et il fallait bien que l’auteur de la Henriade vît son héros. J’ai ri, j’ai pleuré ; je me suis mis presque à genoux avec la petite famille, quand Henri IV est reconnu. Enfin j’ai eu du plaisir, et j’en avais grand besoin. J’en aurai davantage au printemps prochain, si vous voulez venir essayer votre tragédie à Ferney 2. J’aime votre talent passionnément, et j’aime encore mieux votre personne. Mme Denis pense de même. Nous vous embrassons le plus tendrement du monde.

V.

Je vais chercher vite un exemplaire mieux conditionné. »

1 L'édition Voltaire à Ferney, est plus complète que le manuscrit de la copie contemporaine qui ne comporte que les deux premières phrases . Le manuscrit original est passé à la vente J. B. Learmont le 9 janvier 1918 à New-York .

24/12/2021

Je viens d’entendre des morceaux de Pandore ; je vous assure qu’il y en a d’excellents

... Cher ami Voltaire , je vous crois sur parole, mais permettez-moi de trouver supérieur ce qui suit : https://www.youtube.com/watch?v=xbhCPt6PZIU

Pour Noël : Stairway to heaven ! Eviva Led Zepp'!

Led Zeppelin - Stairway To Heaven (NOT LIVE) (Perfect Audio) - YouTube

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

19è septembre 1766

Mes divins anges, je vous avouerai longtemps que j’ai été pénétré de l’aventure que vous savez. Le jugement flétrissant porté unanimement contre ce monstre de Broutet a été une goutte de baume sur une profonde blessure. J’étais dans une si horrible mélancolie que, pour me guérir, j’ai fait venir toute la troupe des comédiens de Genève, au nombre de quarante-neuf, en comptant les violons. J’ai vu ce que je n’avais jamais vu, des opéras-comiques . J’en ai vu quatre. Il y a une actrice très supérieure, à mon gré, à Mlle Dangeville ; mais ce n’est pas en beauté : elle est pourtant très bien sur le théâtre. Elle a, par-dessus Mlle Dangeville, le talent d’être aussi comique en chantant qu’en parlant. Il y a deux acteurs excellents ; mais rien pour le tragique ni pour le haut comique en aucun lieu du monde. Cela prouve évidemment que le cothurne est à tous les diables, et que la nation est entièrement tournée aux tracasseries parlementaires, aux horreurs abbevilliennes, et à la farce. J’ai vu jouer aussi Henri IV . Vous croyez bien que cela n’a pas déplu à l’auteur de la Henriade.

J’ai reçu une lettre charmante de M. le duc de Choiseul . En vérité, c’est une belle âme ; lui et M. le duc de Praslin sont de l’ancienne chevalerie ; mais je doute que M. Pasquier en soit.

Le petit Commentaire sur les Délits et les Peines 1, d’un avocat de Besançon, réussit beaucoup dans la province et chez l’étranger.

Il y a dans le parlement de Besançon un procureur général 2 qui est un bœuf . Le parlement lui fait souvent l’affront de nommer le greffier en chef pour faire les fonctions de procureur général dans les affaires difficiles. Ce bœuf alla mugir, ces jours passés, chez un libraire qui vendait ce que les sots appellent de mauvais livres ; il le fit mettre en prison, et requit qu’on le fît pendre, en vertu de la belle loi émanée en 1756 . Car les Velches ont aussi quelquefois des lois. Le Parlement, d’une voix unanime, renvoya le libraire absous, et le bœuf, en mugissant, dit au libraire ,  Mon ami, ce sont les livres que vous vendez qui ont corrompu vos juges. 

Voilà de beaux exemples. Ô Welches  profitez ! Mais cependant je n’ai point encore le factum pour les Sirven 3; mes anges l’ont-ils vu ? Je crois que je me consolerais de tout si je gagnais ce procès . Non, je ne me consolerais point : le monde est trop méchant.

Jean-Jacques Rousseau est un étonnant fou.

J’ai chez moi actuellement M. de La Borde, qui met en musique le péché originel, sous le nom de Pandore 4. Le bon de l’affaire, c’est que monsieur le dauphin lui avait proposé cet opéra quelques mois avant sa mort.

Respect et tendresse.

V.

N. B. -- Je viens d’entendre des morceaux de Pandore ; je vous assure qu’il y en a d’excellents. »

3 Voir lettre du 8 octobre 1766 à d'Argental : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6529

il avait fait quelques commissions pour vous . Il ne m’a pas dit ce que c’était

... Radio Bruits de couloirs : Non, madame , ni votre meilleure amie, ni votre concierge ne sauront vous révéler ce que monsieur va vous offrir , et c'est tant mieux ; si déception il y a, elle arrivera toujours bien trop tôt .

Ô magie de Noël ! comme dit l'innocent aux mains pleines .

PAQUES..... - Le blog de creationsmamapah.over-blog.com

http://creationsmamaph.over-blog.com/2015/04/paques.html

Un cadeau, c'est un cadeau ! Pas de saison pour ça .

 

 

« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence

19 septembre 1766 à Ferney

J’ai reçu, monsieur, la traduction de l’Exorde des Lois de Zaleucus 1, l’un des plus anciens et des plus grands législateurs de la Grèce. C’est un précieux monument de l’antiquité , il sert à prouver que nos premiers maîtres ont toujours reconnu un Dieu suprême qui lit dans le cœur des hommes, et qui juge nos actions et nos pensées. Il n’y a que la malheureuse secte d’Épicure qui ait jamais combattu une opinion si raisonnable et si utile au genre humain . La piété et la vertu sont de tous les temps.

Vous me mandez que vous avez trouvé des barbares, indignes de la société des honnêtes gens, qui se sont élevés contre ce fragment si respectable. Il est triste que, dans notre nation, il y ait des gens si absurdes . C’est le fruit de l’ignorance où l’on vit dans la plupart des provinces, et de la misérable éducation qu’on y a reçue jusqu’à présent. La rouille de l’ancienne barbarie subsiste encore. On trouve cent chasseurs, cent tracassiers, cent ivrognes, pour un homme qui lit ; c’est en quoi les Anglais, et même les Allemands, l’emportent prodigieusement sur nous.

J’ai vu, ces jours passés, M. Boursier 2, qui m’a dit qu’il avait fait quelques commissions pour vous . Il ne m’a pas dit ce que c’était . Tout ce que je sais, c’est qu’il vous est attaché comme moi. Soyez bien persuadé, monsieur, des tendres sentiments de votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire.»

1 Voir l'Essai sur les mœurs, page 78  : https://fr.wikisource.org/wiki/Essai_sur_les_m%C5%93urs/Introduction#p78

V* fait apparemment allusion à la préface, faussement attribuée à Zaleucus, publiée par Strobée dans son Florilegium, XLIV, xx-xxi ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Stob%C3%A9e

et : https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/1755265

2 Il s’agit peut-être ici du Recueil nécessaire : https://fr.wikisource.org/wiki/Essai_sur_les_m%C5%93urs/Introduction

Le Recueil nécessaire, à Leipzig, 1765, in-8°, contient : 1° Avis de l’éditeur ; 2° Analyse de la religion chrétienne (sous le nom de Dumarsais) ; 3° le Vicaire savoyard, tiré de l’Émile de Rousseau ; 4° Catéchisme de l’Honnête Homme (voir tome XXIV, page 523) ; 5° Sermon des Cinquante (voir tome XXIV, page 437) ; 6° Examen important, par milord Bolingbroke (c’est-à-dire par Voltaire ; voyez tome XXVI, page 195) ; 8° Dialogue du Douteur et de l’Adorateur (Voyez tome XXV, page 129) ; 8° Les dernières paroles d’Épictète à son fils (voyez tome XXV, page 125) ; 9° Idées de La Mothe Le Voyer (voyez tome XXIII, page 489).

vous n’ignorez pas tous les bruits qui ont couru

... Eh bien , moi , si !

Je me garde précieusement à l'écart des réseaux sociaux chronophages et m'offre le luxe de n'avoir pas à purger à longueur de journée ma boîte aux lettres . Des amis en chair et en os sont bien préférables, et à tous ceux qui se flattent d'avoir des kyrielles de followers , je rappelle ce que chante le Grand Jacques : " il est plus humiliant d'être suivi que suivant " https://www.youtube.com/watch?v=XVWaGlpOPnY

VIDEO. Réseaux sociaux: Notre addiction résumée en 99 secondes

Ce n'est pas faute d'avoir été prévenus : https://www.20minutes.fr/high-tech/1833499-20160425-video...

 

 

« A Jean-François de La Harpe

17 septembre 1766

Mon cher confrère et mon cher enfant, je vous remercie bien tard, mais j’ai été malade. J’ai pris les eaux, et pendant ce temps-là on n’écrit point. Vous savez aussi peut-être combien j’ai été affligé d’une aventure 1 dont vous avez entendu parler à Hornoy ; vous n’ignorez pas tous les bruits qui ont couru . Je suis sûr enfin que vous me pardonnerez mon silence . Comptez que je n’en ai pas moins été sensible à vos succès 2 et à votre gloire. Je suis persuadé que vous avez achevé actuellement votre tragédie, car vous travaillez avec la facilité du génie. Je ne sais si vous aurez des acteurs, . Je ne suis sûr que de vos beaux vers. Votre ami M. de Chamfort m’a envoyé sa pièce académique 3. Vous avez un frère en lui, vous êtes l’aîné ; mais ce cadet me paraît fort aimable, et très digne de votre amitié. Votre union fait également honneur au vainqueur et au vaincu . Je voudrais vous tenir l’un et l’autre dans ma retraite. Je vois que vous n’y viendrez que quand les beaux jours seront passés, mais vous ferez les beaux jours. Vous me trouverez peut-être vieilli et triste ; vous me rajeunirez, et vous m’égaierez. Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.

V. »

1 Le supplice de La Barre.

3 Sébastien-Roch-Nicolas de Chamfort : L’Homme de lettres, discours philosophique en vers, 1766, envoyé à l'Académie en même temps que le poème de La Harpe pour le concours du prix de poésie.

: Voir : https://data.bnf.fr/fr/documents-by-rdt/11895962/te/page1

 

23/12/2021

C'est à ceux qui se portent bien à venir chez les malades

... Mon cher Voltaire, ton bon coeur te perdra , connais-tu le virus du Covid 19-version omicron ? Jamais si petite lettre, zéro minuscule, n'a fait sur nous le dessin d'un centre de cible . Seul blindage salvateur : le vaccin . Par sécurité, ajoutons le masque et évitons la foule .

Geluck, Gallo, Gorce... Les conseils des humoristes pour se soigner par  l'humour

Les pères Noël de supermarchés sont-ils masqués sous leurs barbes ? Sinon, touchent-ils une prime de risque ? Si malades, maladie professionnelle ?

 

 

« A Théodore Tronchin

16è septembre 1766 1

Je ne peux rien écrire de ma main à mon Esculape, c'est un tribut que je paie régulièrement au changement des saisons . Je m'étais mis cependant à un excellent régime . Je n'ai pu résister à l'envie de voir jouer Henri IV sur mon petit théâtre de Ferney ; il faut pardonner à l'auteur de La Henriade l'insolence qu'il a eue de faire venir toute la troupe de Genève chez lui . J'ai pleuré une partie de la pièce et j'ai ri l'autre . Si on la jouait à Paris je crois qu'elle serait jouée un an de suite .

Ne nous hâtons pas, je vous en conjure, de condamner M. de Beaumont . Le fond de l'affaire est que le bien revendiqué par Mme de Beaumont avait été vendu à trop vil prix . Elle est héritière naturelle . La lésion est manifeste . Voilà pour les procédés . À l'égard des procédures, je pense comme vous qu'il est fort triste d'être dans la dure nécessité de réclamer une loi cruelle contre laquelle on s'était élevé dans d'autres affaires . Mais il n'y a pas, je crois, d'autre moyen de revenir contre la lésion dont on se plaint . C'est une affaire fort désagréable, et qu'on devrait, ce me semble accommoder .

Ne confondez point , je vous en supplie, vos parents avec d'autres personnes de Genève . Soyez très sûr que je serai attaché du fond de mon cœur à toute votre famille jusqu'au dernier moment de ma vie . Mais il faut se voir et se parler pour s'entendre , et vous savez qu'il y a plus de deux ans que je ne peux sortir . Je vous répète encore que je ne me mêlai un petit moment des affaires de votre ville que sur la prière de plusieurs personnes des deux partis . Je me débarrassai de tous dès que M. Hennin arriva . M. le duc de Choiseul, malgré la multitude de ses affaires, me rend plus de justice que vous . Je reçois une lettre de lui en même temps que je reçois la vôtre 2, et j'aurais souhaité que vous n'eussiez parlé avec autant de confiance et de bonté que lui . Vous affligez encore une fois mon amitié par le soupçon que vous semblez avoir que je ne préfère pas l'intérêt de votre famille à tout autre intérêt . Si quelqu'un avait à se plaindre, ce serait moi, peut-être . C'est à ceux qui se portent bien à venir chez les malades . M. l'ambassadeur me fait l’honneur d'y venir assez souvent pour qu'un de vos parents daignât l'accompagner . Je n'en dirais pas autant de quelques perruques . MM. Tronchin ont toujours été les seuls avec qui j'aie été lié . Au reste, soyez très sûr qu'ils ne peuvent être sacrifiés à personne, et que les partisans les plus outrés du peuple ne leur ôteront jamais rien de leur considération . Je sais bien que la concorde ne sera jamais dans Genève, mais les lois en tiendront lieu et c'est tout ce qu’on peut attendre .

Pour Jean-Jacques, je tiens toujours qu'il faut le montrer à Bartholomey fair pour un scheling . Cela devient trop comique, et la folie est trop forte pour qu'on s'en fâche . Il est très physiquement mentis non compos 3, et je parie ce qu'on voudra qu'il sera enfermé à Bedlam avant deux ans .

Je ne saurais cesser de dicter sans vous demander si vous êtes instruit qu'on a flétri d'une voix unanime à la cour des aides le nommé Broutet, l'un des juges du chevalier de La Barre . Ce scélérat s'étant porté pour juge n'était pas même gradué . Il s'était acharné contre le chevalier, et il avait animé tous les autres juges . Le voilà désormais incapable d’exercer aucune charge de judicature .

Je finis de peur de trop parler, les malades doivent ménager leur poitrine . Mon cœur vous dit tout ce que le secrétaire n'écrit point . »

1 Edition André Delattre « Lettres à Théodore Tronchin par Voltaire », Mercure de France, 1er octobre 1950 . La lettre, comme celle du 3 septembre 1766 a été très mal éditée par Tronchin B.

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9odore_Tronchin

et : https://archives.bge-geneve.ch/archive/fonds/tronchin_141_397

2 Cette lettre n'est pas connue ; pour celle de Choiseul, voir lettre du 14 septembre 1766 à Mme de Saint-Julien : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/12/17/soyez-sure-madame-que-vous-n-etes-pas-faite-seulement-pour-p-6355537.html

3 Non maître de son esprit ; réminiscence de Quinte-Curce .

22/12/2021

des philosophes en Italie, mais il faut les déterrer. Les statues se présentent dans ce pays-là, et les hommes se cachent

... Soulevez un panettone, vous trouverez un fraudeur ou davantage (remarquons au passage que l'Italie n'a pas le monopole de ce genre  d'individu ) . Il en est un qui a compris à sa manière ce que dit le Petit Prince : "on ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux" ; chez lui le coeur se trouve évidemment directement sous le portefeuille : https://www.ouest-france.fr/europe/italie/apres-avoir-per...

LES HOMMES SE CACHENT POUR MENTIR - THEATRE DE DIX HEURES

Pas mieux !

 

 

« Au chevalier Jacques de Rochefort d'Ally

16 septembre 1766

Dieu vous maintienne, monsieur, dans le dessein de faire le voyage d’Italie 1, puisque vous passerez dans mon ermitage à votre retour ! Dans le temps que monsieur le gazetier d’Utrecht et monsieur le courrier d’Avignon disaient que je n’étais pas chez moi 2, j’y faisais jouer Henri IV par la troupe de Genève, tout le monde pleura quand la famille du meunier se mit à genoux devant Henri IV . Il est adoré dans nos déserts comme à Paris.

On attend Mme la comtesse de Brionne vers la fin de ce mois ou le commencement de l’autre . Elle va des Pyrénées aux Alpes : cela est digne d’une grande écuyère.

M. Duclos sera pour vous un excellent compagnon de voyage . Vous verrez tous deux des philosophes en Italie, mais il faut les déterrer. Les statues se présentent dans ce pays-là, et les hommes se cachent.

Vous ne sauriez croire à quel point je suis pénétré de vos bontés. Le jour où j’aurai le bonheur de vous voir avec M. Duclos sera un beau jour pour moi. »

1 D'Ally devait accompagner Duclos dans son voyage en Italie ( raconté par Duclos sous ce titre , 1791) que celui-ci devait faire , mais finalement Duclos partit seul . Voir Paul Meister, Charles Duclos, 1918 , p. 53 : https://www.jstor.org/stable/3719521

Voir : https://books.google.fr/books?id=aiphAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

21/12/2021

C’est un petit singe fort bon à enchaîner, et à montrer à la foire pour un chelin

...

Breve guía para sobrevivir en el bar: 23 y 24 de abril

Tullius Détritus champion de la zizanie .

Eric Zemmour est son représentant .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

16 septembre 1766 1

Je me hâte, mon cher ami, de répondre à votre lettre du 11 . Je commence par ce recueil abominable, imprimé à Amsterdam sous le titre de Genève. Les trois lettres qu’on attribue en note, d’une manière indécise, à M. de Montesquieu 2 ou à moi, sont ajoutées à l’ouvrage, et sont d’un autre caractère. La lettre à M. Deodati, sur son livre de l’Excellence de la langue italienne, est falsifiée bien odieusement : car, au lieu des justes éloges que je donnais au courage ferme et tranquille d’un prince 3 à qui tout le monde rend cette justice, on y fait une satire très amère de sa personne et de sa conduite 4. C’est ainsi qu’on a empoisonné presque toutes les lettres qu’on a pu rassembler de moi. Celle que je vous écrivis sur les Sirven 5 est falsifiée et pleine d'interpolations 6 .

Je suis dans la nécessité de me justifier dans les journaux ; un simple désaveu ne suffit pas7. L’infâme éditeur est déjà allé au-devant de mes dénégations. Il dit dans son avertissement que toutes les personnes à qui mes lettres sont adressées vivent encore ; il réclame leur témoignage : c’est donc leur témoignage seul qui peut le confondre. J’attends le certificat de M. Deodati ; j’en ai déjà un autre 8 ; mais le vôtre m’est le plus nécessaire. Je vous prie très-instamment de me le donner sans délai.

Vous pouvez dire en deux mots que vous avez vu, dans un prétendu recueil de mes lettres, un écrit de moi, page 170, à M. Damoureux ; que cette lettre n’a jamais été écrite à M. Damoureux, mais à vous ; que cette lettre est très falsifiée ; que tout le morceau de la page 182 est supposé ; qu’il est faux que le morceau ait jamais été présenté à aucun censeur, et que la note de l’éditeur à l’occasion de cette lettre est calomnieuse.

Une telle 9 déclaration fortifiera beaucoup les autres certificats. Le prince, indignement attaqué dans la lettre à M. Deodati, jugera d’une calomnie par l’autre. En un mot, j’attends cette preuve de votre amitié ; vous ne pouvez la refuser à ma douleur et à la vérité. Il est très certain que c’est ce M. Robinet, éditeur de mes prétendues Lettres, qui a fait imprimer celles-ci ; mais je ne prononcerai pas son nom, et je ne détruirai même la calomnie qu’avec la modération qui convient à l’innocence.

Je suis très-aise qu’aucun sage ne soit en correspondance avec ce Robinet, qui se vante de connaître la nature 10, et qui connaît bien peu la probité.

Entendons-nous, s’il vous plaît, sur M. d’Autré 11. Il n’a jamais dit qu’il ait eu des conférences avec M. Tonpla ; mais que Tonpla ayant écrit quelques réflexions philosophiques pour un de ses amis, il y avait répondu article par article. Je vous ai montré cette réponse, bonne ou mauvaise ; mais je n’ai jamais ouï dire ni dit qu’ils aient eu ensemble des conférences . La vérité est toujours bonne à quelque chose jusque dans les moindres détails.

Je me porte fort mal, et je serai très fâché de mourir sans avoir vu Tonpla. Vous savez qu’un de ces malheureux juges qui avait tout embrouillé dans l’affaire d’Abbeville, et qui avait tant abusé de la jeunesse de ces pauvres infortunés, vient d’être flétri par la cour des aides de Paris comme il le méritait. Ce scélérat, nommé Broutet, qui a osé être juge sans être gradué, devrait être poursuivi au parlement de Paris, et être puni plus grièvement qu’à la cour des aides . C’est, Dieu merci, un des parents de mon neveu d’Hornoy le conseiller, à qui l’on doit la flétrissure de ce coquin.

On vient de m’envoyer le Mémoire de M. de Calonne 12; il est en effet approuvé par le roi 13 : ainsi M. de Calonne est justifié dans tout ce qui regarde son ministère. Le public n’est juge que des procédés, qui sont fort différents des procédures.

Je vous avoue que j’ai une extrême curiosité de savoir ce qui se passe à Bedlam, et de lire la lettre de cet archi-fou 14, qui se plaint si amèrement de l’outrage qu’on lui a fait en lui procurant une pension . C’est un petit singe fort bon à enchaîner, et à montrer à la foire pour un chelin 15.

Il y a un commentaire 16 sur le petit livre de Beccaria, dont on dit beaucoup de bien ; il est fait par un jeune avocat de Besançon ; dès que je l’aurai, je vous l’enverrai. On dit qu’il entre surtout dans quelques détails de la jurisprudence française, et qu’il rapporte beaucoup d’aventures tragiques . Celle des Sirven m’occupe uniquement. Je vous ai mandé l’excès des bontés de M. le duc de Choiseul, et combien je compte sur sa protection.

Je connaissais déjà le projet de la traduction de Lucien 17, et j’avais lu le plus beau de ses dialogues. Ce Lucien-là valait mieux que Fontenelle ; j’ai une très grande idée du traducteur.

Ah ! mon cher ami, que j'aurais été 18 heureux de me trouver entre Tonpla et vous ! Ne m'envoyez-vous pas le mémoire de La Bourdonnais dans le paquet dont vous me gratifiez ?19 »

1 L'édition de Kehl, et suivantes, est incomplète de plusieurs passages .

2Il s'agit toujours des Lettres de Voltaire à ses amis du Parnasse . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/593

3 Le prince de Soubise ; voir lettre du 9 septembre 1766 à Deodati ,

et : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1761/Lettre_4432#170

6 Phrase qui manque sur la copie Beaumarchais-Kehl et dans les éditions .

8 Du duc de La Vallière , dont le certificat, d’après ce que Voltaire dit ici, parait antérieur à la date qu’il porte : https://fr.wikisource.org/wiki/Page%3AVoltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/592

9 A la place de ces deux mots, le manuscrit donne Votre .

12 Calonne est l'auteur du Mémoire présenté au roi, 1766 contre La Chalotais . D'Alembert dit de lui le 141 août 1766 : « Laubardemeont de Calonne surtout (car on l’appelle ainsi ) ne se relèvera pas de l’infamie dont il est couvert […]. » Voir : https://books.openedition.org/pur/124119?lang=fr

13 Le roi avait écrit de sa main, au bas du mémoire de Calonne : « Je vous autorise à faire imprimer ce mémoire, etc. »

15 Un shilling .

17 L’abbé Morellet avait formé le projet de traduire Lucien, mais ne l’a pas exécuté. On trouve aux tomes II et III des Variétés littéraires (par Arnaud et Suard, 1768-1769) la traduction, par Morellet, de Jupiter le tragique et de Pérégrinus.

18 D'après la copie Beaumarchais on a que je serais .

19 Phrase omise dans la copie Beaumarchais et les éditions .