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08/11/2023

Cet arrangement m'a paru peu convenable. Je n'ai point signé

... Dupont-Moretti , --innocent comme l'agneau qui vient de naître évidemment ,-- n'est pas loin de déclarer cela et dit plus exactement ceci : https://www.bfmtv.com/police-justice/en-direct-proces-d-eric-dupond-moretti-l-interrogatoire-du-ministre-de-la-justice-reprend_LN-202311070261.html

A l'entendre, il faut sortir nos mouchoirs tant sa peine est grande ... Pauvre Chilly Willy, tu t'es fait pincer : 

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« A Pierre-Michel Hennin

J'étais près de signer le traité aujourd'hui, mon cher ministre. On donne deux cent vingt mille livres, en prenant la moitié des meubles, et en me donnant l'autre ; mais on ne paye que soixante mille livres argent comptant, et le reste en dix années. Cet arrangement m'a paru peu convenable. Je n'ai point signé. Il faut un peu plus d'argent comptant. Voyez si vous pouvez rendre ce service à Mme Denis. Voici un état fidèle de la terre. J'ai le cœur navré en la quittant ; mais je ne l'ai bâtie que pour maman, et il faut que la vente la mette à son aise.

Quand vous serez à votre maison de campagne 1, ne pouvez-vous pas pousser jusqu'à Ferney? Car, en conscience, je ne puis aller à Genève.

Dès que vous serez arrangé dans votre petite maison, je quitterai mes confins uniquement pour vous.

18è mars 1768. »

07/11/2023

je suis excédé

... Pourquoi encore tant de meurtres ?

Dans ce même ton : https://www.youtube.com/watch?v=jeICC5SFpP0&ab_channe... 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

18 mars 1768

Mon cher ami, en attendant que je reçoive une lettre de vous, en voici une pour M. de La Harpe 1 ; je vous prie de la lire, de la cacheter et de l'envoyer par la petite poste . Vous verrez dans cette lettre quels sont mes sentiments ; c’est à vous de lire dans mon cœur puisque vous y êtes .

Vous avez sans doute vu Mme Denis . Je suis dans l'affliction, mon ami, mais il faut s'en rendre le maître . Un de mes chagrins est l'acharnement de certaines gens à m'attribuer tout ce qui paraît . Je travaille depuis six mois à l'édition nouvelle du Siècle de Louis XIV et le gros Cramer m'abandonne pour aller jouer la comédie à Lausanne . Pendant qu’il se réjouit on m'impute toutes les sottises que Marc-Michel Rey imprime en Hollande, et on met dans les gazettes que je me suis brouillé avec toute ma famille . Voilà les fruits de la cruelle indiscrétion de La Harpe . Il faut avaler tout cela et j'avale .

Embrassez pour moi le vrai philosophe d'Alembert . Il n'y a pas moyen que je lui écrive aujourd’hui ; je suis excédé . Quoiqu’il puisse en être, votre amitié, la sienne et celle de Mme Denis me consolent . »

 

06/11/2023

je n'ai fait le merveilleux que par complaisance

... On croirait entendre le ci-devant Garde des Sceaux Dupont-Moretti , grand bavard s'il en est  : https://www.lefigaro.fr/politique/une-infamie-devant-la-c...

Il n'est pas besoin d'être grand clerc pour deviner qu'il ne sera qu'égratigné ; en trois ans et demi il a eu largement le temps d'étayer sa défense, jeu d'enfant pour ce vieux briscard au carnet d'adresses bien rempli, et dossiers sensibles à disposition larga manu .

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Quand lama fâché, lui faire comme ça ! Il va cracher fort !

 

 

« A François de Chennevières

18 mars 1768

Mon cher ami, les auteurs et les actrices ont cela de commun avec les princes, qu'on dit toujours des sottises d'eux quand ils n'en feraient pas. Je compte que vous aurez vu maman, et qu'elle vous aura bien détrompé. Elle est à Paris pour les affaires les plus pressantes, et moi je vais à Stutgard arranger les siennes avec M. le prince de Virtemberg, notre voisin, sur lequel nous avons la plus grande partie de notre bien. Je ne veux pas laisser en mourant les affaires embrouillées. J'ai été un petit duc de Virtemberg, je me suis ruiné en fêtes. Avec toute ma philosophie, je suis un plaisant philosophe ; mais je vous jure que je n'ai nul goût pour tout ce fracas, et que je n'ai fait le merveilleux que par complaisance.

Je vous demande en grâce de dire à M. le comte de Rochefort que je lui serai attaché jusqu'au dernier moment de ma vie, comme à vous et à la sœur-du-pot. »

 

Je ne vous dirai point quelles suites cruelles votre aventure a entraînées

... Ô si !

Détestable Hamas, voilà tout un pays à feu et à sang ; femmes, enfants, hommes sans armes tombent sous vos coups, et ceux de votre adversaire qui ne sait plus ce qu'est la justice , frappant sans merci, écrasant aveuglément sans pitié , par vengeance et par peur . Qui peut vous obliger à un cesser-le-feu et apporter de quoi survivre aux malheureux qui sont pris dans cette nasse de Gaza ? Israeliens, êtes-vous aussi fous que votre adversaire ? Aujourd'hui, je le crois .

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C'est inhumain !

 

 

« A Jean-François de La Harpe

17 mars 1768

Mon cher confrère,

Je ne vous dirai point quelles suites cruelles votre aventure a entraînées . Vous m'avez fait un mal que vous ne pouvez réparer, mais assurément vous n'avez pas eu la moindre intention de me nuire ; il faudrait que je fusse un barbare pour avoir de l'aigreur contre vous . Vous avez fait une grande étourderie ; d'accord ; mais j'en ai fait soixante et quatorze, attendu que j'ai soixante-quatorze ans . Je vous dirai avec Horace num minus est jucundus amicus 1 ?

Il ne faut avoir de la rancune que contre les Frérons qui ne travaillent que pour avilir les gens de lettres et la littérature, contre un Pompignan qui ose insulter l’Académie quand il vient faire son remerciement de l'honneur qu'elle lui a fait de l’admettre dans son corps, et qui ne parle des gens de lettres ses confrères que comme des ennemis de l’État et de la religion . Voilà ceux contre lesquels il est permis d'avoir un peu de colère . J'ai mandé à Mme de La Harpe ce que j'avais sur le cœur, et c'est une preuve bien sûre que le cœur est vrai , et qu'il est bien à vous . Je suis d'ailleurs dans l'affliction et dans le plus grand embarras . Ainsi pardonnez à une lettre si courte qui serait très longue, si je m’étendais sur les sentiments qui m'attachent à vous et à Mme de La Harpe , et si les affaires les plus désagréables ne me dérobaient des moments que je voudrais consacrer à l'amitié . »

1 D'après Horace, Satires, I, iii, 93-94 : Un ami en est-il moins cher pour autant ?

quand les arbres auront des feuilles

... La "loi immigration" sera peut-être adoptée et décrétée ; qui sait ? En attendant , il n'est pas mauvais de savoir quelques chiffres et situations :

https://www.francetvinfo.fr/societe/immigration/infograph...

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« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches

Le vieux solitaire de Ferney remercie bien tendrement monsieur le baron de Rebecque d'Hermenches, monsieur le major qui méritait d'être major général d'une armée. Il a eu la bonté de se prêter avec sa courtoisie ordinaire à la rédemption d'un captif, frère de mon ami Wagnière . Votre charmant colonel général 1 vient d’accorder le congé qu'on demandait, et il a mis dans cette grâce toutes celles qui sont dans son caractère .

Savez-vous bien, mon cher major, que je pourrais bien venir voir manœuvrer votre régiment quand les arbres auront des feuilles ? À la manière dont vous vous y prenez, ce régiment sera celui des frères bleus comme Cromwell avait dressé celui des frères rouges 2, mais il y aura cette différence que Cromwell formait des fanatiques et vous des honnêtes gens .

Mme Denis est allée à Paris avec ma fille adoptive Corneille Dupuits pour arranger un peu nos affaires que des soupers de deux cents convives, des bals, des comédies avaient extrêmement dérangées . De mon côté je pourrai bien aller rendre mes profonds respects à la chambre des finances de Mgr le duc de Virtemberg, peu philosophe frère de Mgr le duc de Virtemberg grand philosophe .

Je vous supplie, mon brave major, de vouloir bien me mettre aux pieds de M. le maréchal de L'Orge . Je ne sais pas s'il est philosophe, mais je sais qu'il m'accorde sa protection dont j'aurai peut-être besoin auprès de M. Goll, président (si je ne me trompe ) de la chambre de Montbéliard 3. Sur ce, je vous renouvelle les protestations de l’amitié la plus vraie que je conserverai pour vous jusqu’à mon dernier souffle .

Le vieux Suisse V.

Ferney 17è mars 1768. »

1 Choiseul .

2 V* oppose les habits bleus des soldats français aux habits rouges des anglais .

Moyennant cet accord, tout sera parfaitement en règle ; nous serons débarrassés, vous et moi, d'une discussion qui doit vous fatiguer beaucoup et qui désole

... Sera-ce l'introduction du juge de la Cour de la Justice de la République pour le procès intenté contre Dupond-Moretti, garde des Sceaux abusif et partial ?

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/11/05/p...

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Franc comme un âne qui recule

 

 

« Au Conseil suprême de Montbéliard

Messieurs

J'ai reçu les deux billets de Son Altesse Sérénissime . J'en ai sur-le-champ donné avis à M. Jaquelot qui part dans quelques jours pour le Languedoc . Il me mande qu'il apportera l'argent chez moi avant de partir, en déduisant les deux années à cinq pour cent . Je suppose qu'il entend l'intérêt de soixante et dix mille livres pour la première année, et de trente-cinq mille pour la seconde . Il fera le compte lui-même .

Pour vous, messieurs, je me flatte que vous aurez la bonté de vouloir bien m'envoyer un double du compte que j'ai l'honneur de vous remettre, qui se montait à 51392 livres et qui à la fin du mois de mars où nous sommes se montera à la somme de soixante et six mille neuf-cent vingt-trois livres .

Il vous sera aisé, messieurs, de répartir cette somme sur plusieurs fermiers ou régisseurs qui donneront chacun leur soumission pure et simple de me payer au temps désigné, chacun de la portion qui lui sera assignée . Ils y joindront aussi la promesse de me payer de préférences à tous les quartiers de mes rentes, chacun dans le temps désigné par vous . Moyennant cet accord, tout sera parfaitement en règle ; nous serons débarrassés, vous et moi, d'une discussion qui doit vous fatiguer beaucoup et qui désole ma vieillesse .

J'ai l'honneur d’être, avec tous les sentiments que je vous dois,

messieurs

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

A Ferney 16 mars 1768. »

05/11/2023

queste coglionerie mi trastullano un poco . Elles me délassent de mille requêtes inconsidérées, et de mille propositions ridicules que je reçois tous les jours

... Mais qu'est-ce qui peut amuser un président en exercice comme Emmanuel Macron , qui manque visiblement de sommeil ?

Personnellement j'ai un fort faible pour les humoristes de France Inter : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/bouquet-l-humour-d-inter

 

 

« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul

16è mars 1768 1

J'ai reçu avec satisfaction la lettre de bonne année que vous avez pris la peine de m'écrire, en date du 4 de janvier. Je continuerai toujours à vous donner des marques de mes bontés; et, quoique vous radotiez quelquefois, j'aurai de la considération pour votre vieillesse, attendu que je connais votre sincère attachement pour ma personne, et les idées que vous avez de mon caractère. J'ai souvent fait des grâces à des Genevois quand vous m'en avez prié, quoiqu'ils ne les méritent guère. Ils m'ont excédé pendant deux ans pour leurs sottes querelles et quand ils ont obtenu un jugement définitif, ils ne s'y sont point tenus . C'était bien la peine que je leur fasse l'honneur de leur envoyer un ambassadeur du roi

Je sais que vous avez très bien traité les troupes que j'ai fait séjourner neuf mois dans vos quartiers, que vous avez fourni le prêt à la légion de Condé 2, que vous avez eu dans votre chaumière pendant deux mois M. de Chabrillant, et tous les officiers du régiment de Conti et si M. de Chabrillant, chargé des plus importantes affaires, a oublié de marquer sa satisfaction à Mme Denis, qui lui a fait de son mieux les honneurs de votre grange, je prends sur moi de vous savoir gré de votre attention pour les officiers, et des couvertures que vous avez fait donner aux soldats dans votre hameau.

Je n'ignore pas que le grand chemin ordonné par moi pour aller de l'inconnu Meyrin à l'inconnu Versoix, dans l'inconnu pays de Gex, vous a coupé quatre belles prairies, et des terres que vous ensemencez au semoir . Cela aurait ruiné l'homme aux quarante écus de fond en comble, mais je vous conseille d'en rire.

Tout décrépit que vous êtes, on ne dira pas que vous êtes vieux comme un chemin, car vous avez, ne vous en déplaise, soixante et quatorze ans passés, et mon chemin de Versoix n'a qu'un an tout au plus.

Je sais que vous avez pleuré comme un benêt de ce que j'ai opiné dans le Conseil contre la requête des Sirven . Vous êtes trop sensible pour un vieillard goguenard tel que vous êtes. Ne voyez-vous pas que toutes les formes s'opposaient à l'admission de la requête, et que, dans les circonstances où je suis, il y a des usages consacrés que je ne dois jamais heurter de front ?

Consolez-vous. Je sais que Sirven est dans votre maison avec sa famille . Elle est bien infortunée et bien innocente. J'en aurai soin, je leur donnerai, dans Versoix, un petit emploi qui, avec ce que vous leur fournissez, les fera vivre doucement. Je fais le bien que je peux, mais il m'est impossible de tout faire.

On m'a dit que La Harpe s'était pressé d'apporter à Paris votre second chant de la Guerre de Genève, qui n'était pas achevé . Il faut que vous le raccommodiez. Est-il vrai qu'il y a cinq chants?

Envoyez-les-moi, queste coglionerie mi trastullano un poco 3. Elles me délassent de mille requêtes inconsidérées, et de mille propositions ridicules que je reçois tous les jours.

Je veux que vous me donniez la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV . C'était un beau siècle, celui-là, pour les gens de votre métier. Je suis fâché d'avoir oublié de recommander à Taulès de vous fournir des anecdotes . Votre ouvrage en vaudrait mieux. C'est un monument que vous érigez en l'honneur de votre patrie . Je pourrai le présenter au roi dans l'occasion.

Portez-vous bien et si vous avez quelques petits calculs dans la vessie et dans l'urètre, prenez du remède espagnol 4, je m'en trouve bien. L'Espagne doit contribuer à ma guérison, puisque j'ai contribué à sa grandeur et à celle de la France par mon pacte de famille.

Bonsoir, ma chère marmotte je crois que je deviens aussi bavard que vous

Signé le duc de Choiseul.

15 mars 1768. »

1 Minute autographe que Wagnière a intitulé « folie à M. le duc de Choiseul » ; édition Kehl. Cette plaisanterie de V* consiste à envoyer à Choiseul la réponse qu'il est censé faire aux demandes et aux lettres de V* . c'est un amusant pastiche du style de Choiseul . V* récidivera cette plaisanterie le 21 mars 1768, avant même que Choiseul n'ait répondu à celle du 16 .

2 Le prêt est l'argent avec lequel les officiers font à leurs hommes l'avance de leur paie.

3 Ces couillonneries m'amusent un peu .