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09/10/2025

C’est le meilleur diable qui soit parmi les hérétiques

... A l'heure où je mets cette note en ligne, confusion chez les pronostiqueurs, et silence radio de M. Lecornu : https://www.franceinfo.fr/politique/gouvernement-de-sebastien-lecornu/direct-crise-politique-sebastien-lecornu-recoit-les-socialistes-mercredi-matin-apres-avoir-ouvert-la-voie-a-une-suspension-de-la-reforme-des-retraites_7539262.html

Petite actualisation : https://www.msn.com/fr-fr/divertissement/celebrites/l%C3%...

Lecornu 6 : jeu et  set . La balle est chez le président .

 

 

« A Gabriel-Amable Sénac de Meilhan

Monsieur,

Si vous vous souvenez encore de moi, permettez que je recommande avec la plus vive instance, à vos bontés, un citoyen de la Rochelle 1, qui, à la vérité, a le malheur d’être ministre du saint Évangile à Genève, mais qui est le plus doux, le plus honnête, le plus tolérant des hommes. Il ne vient dans sa patrie pour quelque temps que pour les intérêts de sa famille, et compte repartir dès qu’il les aura arrangés. Il ne s’agit ici en aucune manière de la parole de Dieu, qu’il prêche le plus rarement qu’il peut à Genève, et qu’il ne prêchera certainement point à la Rochelle. Il a été pasteur d’une église où j’avais un banc ; et nous l’appelions brebis plutôt que pasteur. C’est le meilleur diable qui soit parmi les hérétiques. Je vous prie, monsieur, de lui accorder votre protection, et point d’eau bénite de cour, attendu qu’il n’aime l’eau bénite d’aucune façon. Je regarderai comme des faveurs faites à moi-même toutes les bontés que vous voudrez bien avoir pour lui.

J’ai l’honneur d’être avec respect,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

Au château de Ferney par Lyon et Versoix 1er mai 1770. »

1 Jean Perdriau, né à Genève en 1712, auteur de quelques Éloges et de quelques Sermons, fut ami de J.-J. Rousseau, qui en parle dans le livre VIII de ses Confessions, et lui adressa deux lettres, en novembre 1754 et janvier 1756. Voir : https://archives.bge-geneve.ch/archive/catalogue/correspondants/perdriau--jean--1712-1786-/n:101

et : https://gw.geneanet.org/rossellat?lang=fr&p=jean&n=perdriau

08/10/2025

Je suis persuadé qu'un mot de votre part les déterminera à une opération si nécessaire

... Telle est la consigne du Président donnée à la hâte à son Premier ministre démissionnaire pour tenter de raccrocher les wagons , et que l'Etat reprenne le train-train nécessaire qui mène à l'étape du sacro-saint BUDGET avant la fin 2025 !

A suivre ...

 

« Voltaire et Marie-Louise Denis

à Louis-Gaspard Fabry

A Ferney 1er mai 1770

Monsieur,

Voici le moment de saigner le marais de Magny . Tout est prêt de notre côté . J'ai vidé et approfondi tous les fossés qui sont prêts à recevoir l'eau . Les habitants de Magny s'offrent à travailler . Il ne s'agit plus que d'enjoindre aux riverains de faire leur devoir . Ces riverains, comme vous le savez, sont :

M. Mallet

M. Rollet

M. le curé d'Ornex

Et les frères Maréchal, dits Guenands 1

Je suis persuadé qu'un mot de votre part les déterminera à une opération si nécessaire . Ce marais est pestilentiel . Quand M. de Boisy me vendit Ferney, il avertit Mme Denis et moi qu'il ne fallait jamais ouvrir à midi les fenêtres qui regardent ce marais .

Il s'en est formé un autre dans le village de Ferney par la négligence des nommés Brillon et Durant, habitants de Ferney ; et ce marais commence à être plus dangereux que l'autre . Il occasionne des fièvres putrides toutes les années . Brillon est tout prêt de travailler ; il n'y a que Claude Durant , étranger dans le pays, qui fait le difficile, et qui ne veut pas donner d'écoulement aux eaux . Il aime mieux exposer sa famille à la peste que de travailler deux ou trois jours . Nous vous prions, Mme Denis et moi, de le contraindre par toutes les voies qui sont en votre pouvoir. Le moment presse .

Nous avons l'honneur d'être avec tous les sentiments que nous vous devons,

monsieur,

vos très humbles et très obéissants serviteur et servante

Voltaire . Denis. »

1 La plupart de ces personnes sont mentionnées dans des actes reproduits par Th. Besterman dans divers appendices (D 235, D 250, D 256).

07/10/2025

il ne serait pas possible de deviner qu’il y a deux religions chez moi...[ce] qui démontre combien l’intolérance est absurde et abominable

... Je pense que Voltaire aurait mérité de Nobel de la Paix plus justement que ne réclame le trublion Trump, pacifiste (en peau de lapin ) autoproclamé .

 

 

« A Charles-Léopold Chazel, marquis de Jaucourt

[avril-mai 1770]1

Mon très généreux et très cher commandant, je suis votre sujet plus que jamais. J’ai établi dans le hameau Ferney Les-Versoix 2 une petite annexe de vos manufactures de montres de votre capitale de Bourg-en-Bresse. Cette salle de théâtre que vous connaissez est changée en ateliers . On fond de l’or, on polit des rouages, là où on déclamait des vers . Il faut bâtir de nouvelles maisons pour les émigrants . Tous les ouvriers de Genève viendraient, s’il y avait de quoi les loger. Il faut songer que chacun veut avoir une montre d’or, depuis Pékin jusqu’à la Martinique, et qu’il n’y avait que trois grandes manufactures, Londres, Paris et Genève.

Les âmes tolérantes et sensibles seront encore fort aises d’apprendre que soixante huguenots vivent avec mes paroissiens de façon qu’il ne serait pas possible de deviner qu’il y a deux religions chez moi . Voilà qui est consolant pour la philosophie, et qui démontre combien l’intolérance est absurde et abominable. La révolution s’est faite tout doucement dans les têtes les moins instruites comme dans les plus éclairées . Nous verrons la même chose dans dix ans en Turquie, si mon impératrice pousse sa pointe, comme dit le Père Daniel. Ma foi, le temps de la raison est venu, et j’en bénis Dieu, tout capucin que je suis . C’est dommage que je sois si vieux et si malade, car je me flatte que dans quelques années je verrais le vrai paradis de mon vivant.

Conservez-moi vos bontés, monsieur, elles sont un des ingrédients de mon paradis.

Frère François.

Je lis actuellement tous les articles de M. le chevalier de Jaucourt . Vous ne sauriez croire combien il me fait aimer sa belle âme, et comme je m’instruis avec lui. »

1 Minute olographe ; éd. Kehl . Cette lettre a dû être écrite peu de temps avant le premier voyage de Jaucourt à Ferney postérieur à l'établissement de la manufacture ; or cette visite de Jaucourt aura lieu le 23 juin 1770 .

2 C'est-à-dire « à côté de Versoix » suivant le sens bien connu du mot les ou lez dans ces expressions .

06/10/2025

Allez, allez, mon cher monsieur . Ne soyez point inconsolable ...On connaît votre mérite et vos services

... Au  revoir M. Lecornu, et grand bien vous fasse si vous osez continuer politiquement à fréquenter de tels individus que ceux qui vous ont "cassé !"

 

 

« A Louis-Gaspard Fabry, Maire

et subdélégué Chevalier

de l'ordre du roi

Gex

Allez, allez, mon cher monsieur . Ne soyez point inconsolable . C'est à moi qu'on avait mandé que deux articles et entre autres celui de l’éducation pourraient écarter les nouveaux colons . C'est à moi qu'on a écrit depuis qu’il ne serait point question d'éducation ? C'est à moi qu'on écrit par une troisième lettre du 14 ( reçue seulement aujourd'hui de M. Hennin ) qu'on fera garder le port par des invalides . Ainsi vous n'êtes responsable que du bien que vous faites tous les jours au pays . On connaît votre mérite et vos services, et vous devez vous consoler .

Il est clair qu'il faudra un autre édit si on veut que la ville soit habitée . En pareil cas c'est à ceux qu'on veut attirer, à donner la loi ; on traite ses sujets comme on veut ; mais il faut composer avec ceux qu'on veut acquérir .

Mille très tendres respects . 

V.

Dimanche matin [avril-mai1770] 1

1 Copie par Théophile Dufour. L'original a appartenu à Thérèse-Gabrielle-Suzanne-Emma de Laure, née Fabry ( 1870-1913).

Quelque parti qu'il prenne, on pense qu'il est très important pour lui d'achever le premier volume à tire-d'ailes

... Je ne pensais pas en conseillant à M. Lecornu de "taper dans le tas" qu'il nommerait un gouvernement éphémère qui n'a duré pas plus que ces restaurants ambulants à la mode . Retailleau peut jubiler , son orgueil et son ambition ont fait mouche . L R = Les Renégats est bien à jeter aux ordures avec les extrêmes de droite et de gauche . La Gauche avec les Ecologistes va pouvoir mettre ses motions de censure sous le coude en attendant le prochain gouvernement ; leur mauvaise foi ne connait pas la péremption.

Conseil au Président, bâclez l'ouvrage ou non, quoi que vous fassiez ça sera pisser dans un violon . Qui , un peu sensé, acceptera le poste de Premier Ministre et trouvera avec qui mener l'Etat ? Au secours Parcoursup et Chat GPT ! 

Voir : https://www.lemonde.fr/politique/live/2025/10/06/en-direct-demission-de-sebastien-lecornu-le-premier-ministre-demissionnaire-de-nouveau-a-l-elysee_6644534_823448.html?utm_source=firefox-newtab-fr-fr

 

 

« A Gabriel Cramer

[avril-mai 1770]

On renvoie à monsieur Cramer, les feuilles auxquelles on a mis les grands alinéas nécessaires . Quelque parti qu'il prenne, on pense qu'il est très important pour lui d'achever le premier volume à tire-d'ailes .

On a rayé dans l’article « Adorer » un paragraphe qui était répété .

On revoit toujours deux fois l’épreuve .

Si monsieur Cramer est prié de recommander à l'imprimerie qu'on renvoie A et B avec les nouvelles feuilles, afin qu'on puisse voir s'il n'y a rien de répété, ce qui est essentiel .

Il faudra qu'on en use ainsi pour toutes les feuilles .

J'avais besoin de Dion Cassius ; je n'y pouvais rien comprendre parce qu’il était en feuilles entremêlées les unes dans les autres . Je l'avais envoyé relier chez Jacoby ; mais monsieur Cramer l'ayant redemandé je l'ai rendu sans en avoir profité . Je crois qu’il est chez Chirol relié . Il faudrait savoir combien Chirol veut le vendre . Monsieur Cramer alors aurait la bonté de le faire envoyer chez M. Souchay, et le messager me l'apporterait .

Pardon de tant de menus détails . »

j’ai renoncé à ma chèvre,...Je vous demande quelques mois de grâce

... Bien dit Monsieur le Premier ministre . Pourtant, j'ai bien entendu dire que Rachida fera encore partie du nouveau gouvernement, elle qui n'a pas de clochette au cou mais des casseroles plaquées or : https://www.lefigaro.fr/tag/rachida-datiLe loup a encore près d'un an pour s'affuter les crocs avant de nous en débarrasser : beaucoup trop long . 

Il serait bon que vous bénéficiez  de quelques mois de grâce M. Lecornu, mais les chiens sont lâchés, tant à droite qu'à gauche, une seule solution : foncez dans le tas, ce ne sont que des opportunistes de bas étage !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

[vers le 30 avril 1770] 1

Je reçois, en ce moment, les faveurs de M. Bouvart 2, dont je vous remercie tous deux ; j’ai renoncé à ma chèvre, mon cher ange ; le temps est trop affreux ; je suis plongé dans les neiges.

Je vous demande quelques mois de grâce pour Le Dépositaire 3; il m’est impossible de travailler dans l’état où je suis . Quand je serai en vie, à la bonne heure, je serai assurément à vos ordres.

Les petits versiculets faits pour Mme la duchesse de Choiseul 4 et pour M. Saurin 5 n’étaient faits que pour eux.

C’est apparemment pour faire sa cour à M. l’abbé Terray qu’on les a montrés.

Voulez-vous me faire un plaisir ? informez-vous, je vous en prie, si on a fulminé, le jeudi de l’absoute 6, la bulle In cœna Domini 7. Quel mot, fulminé ! cela m’est important pour fixer mes idées sur Ganganelli . Il faut avoir des idées nettes.

Mais surtout dites à Mme de Choiseul que vous vous êtes chargé expressément de la gronder.

Me pardonnez-vous tout ce bavardage ? »

1 Dans l’édition de Kehl, cette lettre est datée de mars. Le nom du mois est surchargé dans l’original. (Beuchot)

Copie Beaumarchais-Kehl. L'original olographe de deux pages est passé en vente chez Privat en janvier 1930 et le 15 septembre de la même année . Sur le manuscrit, cette lettre, après quelques faux départs est placée ne mars 1770 ; pourtant il est évident, en dehors de quelques autres indices, qu'elle a été écrite après celle du 24 avril à de Caire et avant celle du 4 mai 1770 : https://www.monsieurdevoltaire.com/2015/12/correspondance-annee-1770-partie-13.html

2 La réponse à la consultation, celle-ci ayant disparu, Mais on a conservé le texte de la petite note de Bouvart datée du 17 avril 1770 qui l'accompagnait . Voir aussi lettre du 5 mars 1770 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/08/16/il-demande-si-on-a-l-experience-que-le-lait-de-chevre-avec-q-6559249.html

3Sur cette comédie du Dépositaire dont V* parle depuis longtemps, voir lettre du 4 mars 1769 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/09/07/tout-est-coup-de-des-dans-ce-monde-6513623.html

Le délai de réflexion qu'il demande est significatif de sa manière de composer ses pièces de théâtre .

6 Le Jeudi Saint qui tombait le 12 avril en 1770 .

05/10/2025

pour l'âme, elle est je ne sais où

... Et d'ailleurs pour savoir "où" il faut d'abord savoir "quoi ou qui" . Pour ma part, je ne la connais pas, pas plus que l'un de ces dieux qui sont motifs de tant de guerres menées par des prophètes avides . Contentons-nous de savoir ce que nous ne savons pas .

Suivons l'ami Voltaire pour nous éclairer : https://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_philosophique/Garnier_(1878)/%C3%82me

 

 

« A Jeanne-Louise Pavée de Provenchères de Rochefort d'Ally

A Ferney ce 30 avril 1770 1

Vous avez été attaquée dans votre foie, madame, et vous avez été saignée trois fois ; M. d'Alembert qui a été votre garde-malade vous dira qu'autrefois, selon l'ancienne philosophie et l'Ancien Testament, les passions étaient dans le foie et l'âme dans le sang . Aujourd'hui on dit que les passions sont dans le cœur, et pour l'âme, elle est je ne sais où. La mienne quelque part qu'elle soit, a été sensible comme elle le doit, à votre danger et à votre convalescence .

Je remercie bien tendrement monsieur de Rochefort de m'avoir donné de vos nouvelles . J'en ai quelquefois aussi de M. l'abbé Bigot 2 de fort agréables mais elles ne me rendent pas la santé que je crois avoir perdue sans retour . J'ai eu beau me faire capucin ; je n'ai pas prospéré depuis ce temps-là, et je crois que je verrai bientôt saint François mon bon maître . Je serai très aise de laisser sur la terre des personnes qui l'embellissent comme vous .

Je vous prie d'agréer ma bénédiction.

Frère François capucin indigne.

 

Mme Denis vous assure de son tendre attachement . »

1 Copie par Boissy d'Anglas (Clarke) ; copie contemporaine ; éd . La Vie privée de Voltaire qui fond cette lettre avec celle du 19 novembre 1770 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1770/Lettre_8037

2 Choiseul, comme on l'a déjà vu .