13/05/2023
ces marauds-là ne valent pas la plaisanterie . Il ne faut point railler les scélérats, il faut les pendre
... Chacun a son pendu préféré, aussi je ne donne pas de nom ici , mais il suffit de savoir que ce sont des chefs d'Etats particulièrement révoltants qui ont du sang sur les mains et sont encore impunis . Il serait extraordinaire et consolant que la corde d'autour de leurs cous apporte la chance aux peuples brimés .
On braillera : Ah ! ça ira ! ça ira ! ça ira ! à la lanterne on les pendra !(air connu ) ; https://www.youtube.com/watch?v=OTh6LoKbATo&ab_channe...
« A Etienne-Noël Damilaville
4 octobre 1767 1
Mon cher ami, tandis que vous imprimez l'éloge de Henri IV sous le nom de Charlot, on l'a rejoué à Ferney mieux qu'on ne le jouera jamais à la Comédie . Mme Denis m'a donné en présence du régiment de Conti, et de toute la province, la plus agréable fête 2 que j'aie jamais vue . Les princes en peuvent donner de plus magnifique, mais il n'y a point de souverain qui en puisse donner de plus ingénieuse .
J'attends avec impatience le recueil qui achève d'écraser les pédants de collège . Savez-vous bien que l'impudent Coger a eu l'insolence et la bêtise de m'écrire 3? J'avais préparé une réponse qu'on trouvait assez plaisante 4 , mais je trouve que ces marauds-là ne valent pas la plaisanterie . Il ne faut point railler les scélérats, il faut les pendre . Voici donc la réponse que je juge à propos de faire à ce coquin 5 . Il m'est très important de détromper certaines personnes sur le Dictionnaire philosophique que Coger m'impute 6 .Vous ne savez pas ce qui se passe dans les bureaux des ministres, et même dans le conseil du roi, et je sais ce qui s'y est passé à mon égard .
Je pense que l’enchanteur Merlin peut bien me rendre le service d'imprimer la réponse à Coger, et vous pourrez la faire circuler pour achever d’anéantir ce misérable .
Je recommande toujours une faible édition de Charlot afin qu'on puisse corriger dans la seconde ce qui aura paru défectueux dans la première . Il se peut très bien faire que des Welches qui ont applaudi depuis trois ans à des pièces détestables se révoltent contre celle-ci . Il y a plus de goût actuellement en province qu'à Paris, et bientôt il y aura plus de talent . J'ai entre les mains un manuscrit admirable contre le fanatisme 7 , fait par un provincial . J'espère qu'il sera bientôt imprimé .
Je vous supplie mon cher ami, de donner à Thieriot les rogatons de vers 8 qui sont dans mon paquet . Cela peut servir à sa correspondance 9.
Je vous embrasse plus tendrement que jamais .
Je tiens qu'il est très bon qu'on envoie cette lettre à Coger, à ses écoliers, et aux pères des écoliers . Il ne s'agit pas ici de divertir le public, et de plaire, il s'agit d’humilier et de punir un maraud impudent. »
1 Copies contemporaines, Darmstadt B.; B.N. ; B. H. ; édition de Kehl ; Cayrol .Cette lettre a toujours été considérée comme adressée à Marmontel, mais rien ne l'indique, tandis que tous les détails renvoient à Damilaville .
2 Cette fête a été donnée le jour même à l'occasion de la St François, patron de Mme Denis et de V*.
3 Cette lettre est conservée . Elle fut imprimée en effet dans les Pièces relatives à l’examen de Bélisaire, 1768 , pages 46-48 : https://books.google.fr/books?id=bgZOAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
4 Certainement La défense de mon maître qui parut datée du 15 décembre 1767 dans Correspondance littéraire du 15 janvier 1768, VIII, 29-30, mais qui dut être écrite bien auparavant, avant même la réception de la lettre de Coger . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/La_d%C3%A9fense_de_mon_ma%C3%AEtre/%C3%89dition_Garnier
5 La « Lettre de Géroflé à Coger » : http://www.monsieurdevoltaire.com/2016/06/satire-lettre-de-gerofle-a-coge.html
6 Texte de l'édition : de faire à ce Coger qui m'impute le Dictionnaire philosophique ; il m'est important de détromper certaines personnes.
7 Les Lettres à S. A. Mgr le prince de *** sur Rabelais, 1767 . cet ouvrage fut connu à Paris au milieu de novembre ; voir les Mémoires secrets du 19 novembre 1767 . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6305006z.texteImage
8 Sans doute ceux qui avaient été déclamés lors de la fête de Ferney ; voir Correspondance littéraire, VII, 454-455 et 470, ainsi que Chabanon, Tableaux de quelques circonstances de ma vie, 1795, 142-143 : (à télécharger ) https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k108475x.texteImage
9 Ce paragraphe est omis dans les deux premiers manuscrits décrits plus haut .
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12/05/2023
Voici un petit écrit sur les dissidents
... Russes, en particulier ...https://legrandcontinent.eu/fr/2023/03/13/en-russie-de-la...
« A Etienne-Noël Damilaville
2 octobre 1767 1
Fondez donc cette maudite glande, mon cher et digne ami 2. Que l'exemple de M. Dubois vous rende bien attentif et bien vigilant . Vous n'avez pas, comme lui, cent mille écus de rente à perdre mais vous avez à conserver cette âme philosophique et vertueuse, si nécessaire dans un temps où le fanatisme ose combattre encore la raison et la probité. Si par hasard son édition a quelque succès dans ce siècle ridicule, je lui prépare un petit morceau sur Henri IV 3 qu'il pourra mettre à la tête de la deuxième édition, et je vous réponds que vous y retrouverez vos sentiments . Je finis ma carrière littéraire par ce grand homme, comme je l'ai commencée, et je finis comme lui. Je suis assassiné par des gueux, Coger est mon Ravaillac. Adieu, mon cher ami je suis trop malade pour dicter longtemps mais ne jugez point de mes sentiments par la brièveté de mes lettres.
Je vous demande en grâce que Merlin ne tire pas plus de 350 exemplaires et surtout qu'il ne fourre point là mon nom, et qu'il ne demande point de privilège 4 .
Faudra-t-il que je meure sans vous revoir?
Voici un petit écrit sur les dissidents 5 qui m'a été envoyé de Hollande 6.»
1 Copie contemporaine Darmstadt B. ; B.H ; édition de Kehl . Ces trois textes présentent quelques variantes . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/06/correspondance-annee-1767-partie-50.html
2 Cette phrase n'est pas dans les manuscrits .
3 Ce morceau n'est pas connu .
4Ms 2 et les éditions donnent à la place de ce paragraphe le texte suivant : « Vous êtes dans la force de l'âge vous serez utile aux gens de bien qui pensent comme il faut, et moi, je ne suis plus bon à rien. Je suis actuellement obligé de me coucher à sept heures du soir. Je ne peux plus travailler. Que Merlin ne fourre pas mon nom à la bagatelle que je lui ai donnée. »
Voir le début de la lettre du 23 septembre 1767 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/05/08/m-6442020.html
5 Voir lettre du 21 août 1767 à Vorontsov : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/05/03/vous-verrez-que-mes-dernieres-volontes-sont-la-liberte-de-co-6441276.html
6 Le dernier paragraphe manque dans le manuscrit 1 et les éditions .
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La facétie, dont vous avez vu une faible répétition, a été jouée bien supérieurement.
... Bravo Recep Tayyip Erdogan , doubler le salaire des fonctionnaires pour se faire élire ressemble comme deux gouttes d'eau à une corruption de fonctionnaire, ce qui laisse froid ta "justice" [sic] ( à géométrie variable : https://www.arte.tv/fr/videos/113761-000-A/en-turquie-cor... ), le mieux payant ayant toujours raison, c'est bien connu ( voir Trump ! ) : https://www.lefigaro.fr/international/election-presidenti...
« A François-Gabriel Le Fournier, chevalier de Wargemont
A Ferney, 1er octobre 1767
Je venais, monsieur, d'écrire à Mme la comtesse de Beauharnais, lorsque je reçois la lettre dont vous m'honorez, du 24è septembre. Je vous confirme ce que je dis à Mme de Beauharnais, que je suis à vos ordres jusqu'au dernier moment de ma vie.
La facétie, dont vous avez vu une faible répétition, a été jouée bien supérieurement. Tous les acteurs vous regrettaient, car c'est à vous qu'on veut plaire. On regrettait bien aussi les officiers de la légion de Soubise ; il n'y a point de corps mieux composé. Tel maître, telle légion.
Je suis bien honteux, monsieur, des peines que je vous ai données ; je vous en demande pardon, autant que je vous en remercie. Je ne sais pas trop où demeure Thieriot ; tout ce que je sais, c'est qu'il est correspondant du roi de Prusse . C'est une fonction qui ne lui produira pas des pensions de la cour. Si vous vouliez avoir la bonté d'ordonner à votre secrétaire de mettre le paquet pour Thieriot dans celui de Damilaville 1, et de l'envoyer sur le quai Saint-Bernard, au bureau du vingtième, il serait sûrement rendu. Damilaville n'est que le premier commis du vingtième mais c'est un homme d'un mérite rare, et d'une philosophie intrépide. Il a servi, il s'est distingué par son courage . Il se distingue aujourd'hui par un zèle éclairé pour la philosophie et pour la vertu . C'est un homme qui mérite votre protection.
Tout ce qui habite mes déserts vous présente ses hommages. Recevez, monsieur, avec la bonté à laquelle vous m'avez accoutumé, mes très sincères et très tendres respects.
V. »
1 Lettre du 30 septembre 1767 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/05/09/si-bene-vales-ego-quldem-valeo-6442196.html
et du même jour à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/05/08/m-6442020.html
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11/05/2023
Vous savez qu'il suffit d'un homme malintentionné ou mal instruit pour répandre les rumeurs les plus odieuses
... Pour peu qu'il utilise et abuse de ce que permet l'IA CHatGéPéTé, la foule simplette va gober une masse d'horreurs et les vomir à son tour comme si c'étaient des paroles d'Evangile . Qui n'entend qu'une cloche n'entend qu'un son ! plus que jamais faisons travailler ce qui se trouve entre les deux oreilles ( du moins le peu qu'il en reste après avoir admiré les nouveaux gourous influenceurs. ceuses )
« A François de Chennevières
1er octobre 1767 1
Il est vrai, mon cher confrère, qu'il a couru des bruits ridicules. Une parente 2 de M. le duc de Choiseul a daigné même venir m'en instruire dans ma retraite. Vous savez qu'il suffit d'un homme malintentionné ou mal instruit pour répandre les rumeurs les plus odieuses. Il n'y avait pas le plus léger fondement à tout ce qu'on a débité ; d'ailleurs je compte sur les bontés de M. le duc de Choiseul, qui me fait l'honneur de m'écrire quelquefois de sa main. M. le duc de Praslin et lui sont mes deux protecteurs très constants, et je crois d'ailleurs mériter leur protection et les bontés du roi par ma conduite. Si tous ceux qui habitent leurs terres faisaient ce que je fais dans les miennes, l'État serait encore plus florissant qu'il ne l'est. J'ai défriché des terrains considérables, j'ai bâti des maisons pour les cultivateurs, j'ai mis l'abondance où était la misère, j'ai construit des églises . Mes curés, tous les gentilshommes mes voisins, ne rendent pas de moi de mauvais témoignages, et quand les Fréron et les Pompignan voudront me nuire, ils n'y réussiront pas. Je vous remercie tendrement de votre attention et de la lettre de notre chevalier 3. Nous vous embrassons tous, vous et la sœur-du-pot .4 »
1Dans l'édition Cayrol manque le mot absolument (7è ligne ) , et avec notre chevalier à l'avant-dernière ligne.
2 Sans doute Mme de Saint-Julien.
3De Rochefort ; sa lettre n'est pas connue .
4 Anne-Charlotte de Crussol-Florensac, épouse du duc d'Aiguillon ( Armand-Louis Duplessis-Vignerod de Richelieu, duc d'Aiguillon, soutenait les philosophes et jouait ainsi auprès d'eux un rôle de «sœur du pot» .) . La duchesse d'Aiguillon, est surnommée par Voltaire la «sœur du pot des philosophes» (le terme désignant alors une religieuse dans un hôpital, une fille de la Charité ). Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Anne-Charlotte_de_Crussol_de_Florensac_d%27Aiguillon
et : https://aiguillon47.pagesperso-orange.fr/Ducs_Anne_Charlotte_de_Crussol.htm
14:24 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je fais ce que je peux pour que les officiers et les soldats soient contents
... Ouvrez le ban !
Also sprach Sébastien Lecornu, ministre des armées : "Il faudra enfin tirer les conséquences des échecs militaires de 1940 pour renforcer les armées de la France face aux menaces qui la visent. "
https://www.rhone.gouv.fr/Actualites/Message-de-Monsieur-...
Fermez le ban !
M. Sébastien Lecornu, et Mme Patricia Miralles : aux armes citoyens !
« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence, etc.
à Angoulême
1er octobre 1767 à Ferney 1
Par votre lettre du 20è septembre, mon cher philosophe militaire, vous m'apprenez que MM. de Broglie s'imaginent que je ne leur suis pas attaché . Cela prouve que ni MM. de Broglie ni vous n'avez jamais lu Le Pauvre Diable . Il a pourtant été imprimé bien souvent. Vous y auriez trouvé ces vers-ci, lesquels sont adressés à un pauvre diable qui voulait faire la campagne
Du duc Broglie osez suivre les pas
Sage en projets, et vif dans les combats,
11 a transmis sa valeur aux soldats;
Il va venger les malheurs de la France
Sous ses drapeaux marchez dès aujourd'hui,
Et méritez d'être aperçu de lui 2.
Pour moi, je suis un pauvre diable environné actuellement du régiment de Conti, dont trois compagnies sont logées à Ferney. Si elles étaient venues il y a dix ans, elles auraient couché à la belle étoile. Je fais ce que je peux pour que les officiers et les soldats soient contents mais mon âge et mes maladies ne me permettent pas de faire les honneurs de mon ermitage comme je le voudrais. Je ne me mets plus à table avec personne. J'achève ma carrière tout doucement et, quand je la finirai, vous perdrez un serviteur aussi attaché qu'inutile.
V. »
1 L'édition de Kehl corrige à tort de Broglie en Broglie . Broglie ne compte que pour une syllabe lorsque le e final est élidé, puisque l'i qui précède ne sert qu'à marquer la mouillure du l .
2 Le Pauvre Diable, vers 16-21 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8598918/f9.image.r=duc%20de%20Broglie
10:46 | Lien permanent | Commentaires (0)
On meurt plus à son aise chez soi que chez des rois
...
« Au marquis Francesco Albergati Capacelli , Senatore di Bologna, etc.
à Verone
Italie
Je suis encore entre le mont Jura et les Alpes, monsieur, et j'y finirai bientôt ma vie. Je n'ai point reçu la lettre par laquelle vous me faisiez part de votre chamberlanie 1. Je vous aimerais mieux dans votre palais à Bologne, que dans l'antichambre d'un prince. Si vous allez en Pologne je vous recommande la tolérance avec les dissidents 2. J'ai été aussi chambellan d'un roi, et d'un roi victorieux 3, mais j'aime cent fois mieux être dans ma chambre que dans la sienne. On meurt plus à son aise chez soi que chez des rois; c'est ce qui m'arrivera bientôt. En attendant, je vous présente mes respects.
V.
1er octobre 1767 à Ferney. »
1 Néologisme pour chambellanie.
2 La phrase considérée comme choquante a té omis par l'édition de Kehl . Les « dissidents » sont les orthodoxes soutenus par Catherine II contre leur patrie .
3 Ces cinq mots manquent dans toutes les éditions .
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10/05/2023
me procurer des instructions nécessaires
...
« A Gabriel Cramer
[septembre-octobre 1767]
[…] remercie de tout mon cœur monsieur Cramer de la peine qu'il veut bien se donner pour me procurer des instructions nécessaires que je peux puiser dans Lettres et mémoires de Mornay .1 »
1 Philippe de Mornay, sieur Du Plessis-Marly : Mémoires (…) contenant divers discours, instructions, lettres et dépêches, 1624 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8620760s
Pour la date voir lettres suivantes .
« A Gabriel Cramer
[septembre-octobre 1767]
Comme on a perdu l'épreuve de l'addition concernant la campagne d'Italie, et qu'il y avait deux ou trois fautes dans cette épreuve , il suffira de renvoyer un autre exemplaire de cette addition . On joindra les nouvelles additions nécessaires . On ne manquera pas de faire ce que monsieur Cramer demande touchant Jacoby .
Monsieur Cramer est prié de vouloir bien venir à Ferney pour les choses les plus intéressantes quand il sera à Tournay .
On compte sur les Lettres et mémoires de Du Plessis-Mornay, dont on aura un très grand soin . »
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