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07/05/2023

Gardez-vous bien de recevoir jamais dans l'Académie un seul homme de l'université

... Après plus de deux cents ans, les académiciens français ont changé la règle du jeu, -coup de jeune-, pour se porter candidat à l'Académie . L'ex-occupant du fauteuil 33 y est-il pour quelque chose ? https://www.liberation.fr/debats/2018/05/20/l-academie-fr...

Avis à la population, à ce jour il y a cinq fauteuils vacants : 3-6-16-19-22 ( avec un peu de chance ce sont peut-être les gagnants du loto ! ) : https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/les-quara...

Les quarante aujourd'hui | Académie française

Ah qu'est-ce qu'on est serré ....

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

30 de septembre [1767] 1

Mon cher philosophe, Gabriel Cramer dit qu'il n'a point retrouvé votre livre de géométrie. Je ne lui donne point de relâche, mais il s'en moque; il donne de bons soupers dans mon château de Tournay, que je lui ai prêté. Il renoncera bientôt au métier d'imprimeur, comme moi à celui d'auteur. Il est d'ailleurs si dégoûté par l'interruption totale du commerce qu'il ne songe qu'à se réjouir. Pour moi, j'ai un régiment entier à Ferney. Les grenadiers, ni les capitaines ne se soucient que fort peu de géométrie et quand je leur dis que la Sorbonne veut écrire contre Bélisaire, ils me demandent si Bélisaire est dans l'infanterie ou la cavalerie. Cependant la raison perce jusque dans ces têtes peu pensantes, et occupées de demi-tours à gauche. Genève surtout commence une seconde révolution plus raisonnable que celle de Calvin. Les livres dont vous me parlez 2 sont entre les mains de tous les artisans. On ne peut voir passer un prêtre dans les rues sans rire ; c'est bien pis dans le Nord : l'affaire des dissidents achève de rendre Rome ridicule et odieuse, et dans dix ans la Pologne aura entièrement secoué le joug. On a fait en Angleterre une seconde édition de l'Examen de milord Bolingbroke 3 ; elle est beaucoup plus ample et beaucoup plus forte que la première. Les femmes, les enfants, lisent cet ouvrage, qui se vend à très bon marché. Voilà plus de trente écrits, depuis deux ans, qui se répandent dans toute l'Europe. Il est impossible qu'à la longue cela n'opère pas quelque changement utile dans l'administration publique. Celui qui dit le premier que les hommes ne pourraient être heureux que sous des rois philosophes 4 avait sans doute grande raison. Je suis trop vieux pour voir un si beau changement, mais vous en verrez du moins les commencements. Je reconnais déjà le doigt de Dieu dans la bêtise de la Sorbonne. On craignait qu'elle n'élevât le trône du fanatisme sur le colosse renversé des Lessius 5 et des Escobar 6 : elle est devenue plus ridicule que les jésuites mêmes, et beaucoup moins puissante. Ces polissons sont l'opprobre de la France, et le capitaine Bélisaire reviendra d'Aix-la-Chapelle 7 leur tirer leurs longues oreilles. Ils ont fait souvent des démarches plus scandaleuses et plus atroces, mais ils n'en ont jamais fait de plus impertinentes.

Gardez-vous bien de recevoir jamais dans l'Académie un seul homme de l'université. Vous reverrez probablement, vers la fin de l'automne, M. de Chabanon et M. de La Harpe. Il faut qu'ils soient un jour vos confrères mais il faut que M. de La Harpe ait du pain, et nous n'avons point de Colbert qui encourage le génie. Il commence une carrière bien épineuse. Le théâtre de Paris n'existe plus. Nous sommes dans la fange des siècles pour tout ce qui regarde le bon goût. Par quelle fatalité est-il arrivé que le siècle où l'on pense soit celui où l'on ne sait plus écrire? Vous qui savez l'un et l'autre, aimez-moi toujours un peu. »

1 Édition de Kehl . Renouard a restitué un mot, polissons, vers la fin du premier paragraphe, pour ignorants.

4 Le mot est de Platon dans La République, V, mais V* a dû le trouver cité dans Gargantua, XIV, de Rabelais, qu'il lisait , comme on le verra bientôt , vers cette époque.

Voir : « C'est, répondit Gargantua, ce que dit Platon au livre V de La République : les républiques seront heureuses quand les rois philosopheront, ou quand les philosophes régneront. » http://ldm.phm.free.fr/Oeuvres/GargantuaFM.htm

5 Léonard Leys, dit Lessius, théologien jésuite dont l"oeuvre la plus lue est un traité sur la sobriété : Hygiallicon , 1613 .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Leonardus_Lessius

6 Antonio Escobar y Mendoza, autre jésuite espagnol célèbre auteur entre autres de Liber theologiae moralis, 1659.

Voir : https://scholasticon.msh-lse.fr/Database/Scholastiques_fr.php?ID=493

et : https://books.google.fr/books?id=Xl9dO4k76NoC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

7 Marmontel est en route pour Paris et peut-être même y est-il déjà arrivé .

Il faut que je vous avoue, mon cher ami, que j'ai soixante et quatorze ans

... Confidence royale de l'innocent aux mains pleines , Charles III promoteur de la quiche aux fèves et épinards : miam miam ! avec ou sans Marmite , qui, elle, a 121 ans ?

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Le drapeau noir flotte sur la marmite ! Voir , à propos du duc de Wurtemberg cité ci-après : https://www.pointdevue.fr/royal/couronnes-du-monde/wilhel...

 

 

« A Sébastien Dupont, Avocat au

Conseil souverain d'Alsace

à Colmar

Il faut que je vous avoue, mon cher ami, que j'ai soixante et quatorze ans; que j'ai donné tout mon bien à M. le duc de Virtemberg, qui ne me paie point. Il me doit une année entière . Il doit beaucoup à M. Dietrich sur ses terres d'Alsace , je ne sais ce qu'il doit sur celles de Franche-Comté mais je n'ai pas le temps d'attendre. Les dissensions de Genève m'ont attiré un régiment entier en garnison dans mes terres. Donnez-moi, je vous prie, un procureur qui puisse saisir les terres d'Alsace, j'en chercherai un pour celles de Franche-Comté, sans quoi il faut que je demande l'aumône, moi et ma famille. M. le duc de Virtemberg devrait savoir qu'il faut payer ses dettes avant de donner des fêtes. Je vous embrasse de tout mon cœur, et je me recommande à votre justice.

V.

A Ferney , 29è septembre 1767. 1»

 

1Original, mention de service « port payé » biffé et « f[ran]co Bâle » ; cachet « Bâle ».

06/05/2023

Prenez bien des fondants, et vivez pour l'intérêt de la raison et de la vérité et de la vertu

... Je n'ai pas entendu ces sages consignes lors de la messe de couronnement de Charles III, mais il est vrai qu'on n'était pas loin d'un peplum à la Cecil B. De Mille mâtiné intronisation du pape .

La religion est diablement présente . Et les religions se sont montrées en grande pompe : God save qui il peut/veut !

https://www.liberation.fr/resizer/cZTTzSNhBeBXCb3pIBsj1PVHqeI=/377x212/filters:format(jpg):quality(70)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/liberation/QSPJSSFWPJATVOYPVMFHWRUTI4.jpg

Doré sur tranches

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

28 septembre 1767 1

Je reçois, mon cher ami, votre lettre du 21. Je vous assure que vous m'aviez donné bien des inquiétudes. Prenez bien des fondants, et vivez pour l'intérêt de la raison et de la vérité et de la vertu . Vous ne me disiez pas que M. et Mme de Beaumont avaient gagné pleinement leur cause. Il est juste, après tout, que le défenseur des Calas et des Sirven prospère. Je me flatte que le procès des Sirven sera rapporté.

J'ai lu les Pièces relatives 2. Les Riballier et les Coger devraient mourir de honte, s'ils n'avaient pas toute honte bue.

Je ne sais qui m'a envoyé le Tableau philosophique du genre humain, depuis le commencement du monde jusqu'à Constantin 3. Je crois en deviner l'auteur mais je me donnerai bien de garde de le nommer jamais. Je suis fâché de voir qu'un homme si respectueux envers la Divinité, et qui étale partout des sentiments si vertueux et si honnêtes, attaque si cruellement les mystères sacrés de la religion chrétienne. Mais il est à craindre que les Riballier et les Coger ne lui fassent plus de tort par leur conduite infâme, et par toutes leurs calomnies, qu'elle ne peut recevoir d'atteintes des Bolingbroke, des Wolston, des Spinosa, des Boulainvilliers, des Maillet, des Meslier, des Fréret, des Boulanger, des La Mettrie, etc.

Je présume que vous avez reçu actuellement le brimborion 4 que je vous ai envoyé pour l'enchanteur Merlin. Je lui donne cette pièce, que j'ai brochée en cinq jours 5, à condition qu'il n'aura nul privilège. Je n'ai pas osé faire paraître Henri IV dans la pièce 6, elle n'en a pas moins fait plaisir à tous nos officiers et à tout notre petit pays, à qui la mémoire de Henri IV est si chère.

Songez à votre santé la mienne est déplorable. »

 

1 Édition de Kehl donne une version incomplète des mots Prenez bien des fondants, mais comprend deux phrases de plus que les manuscrits.

3 Charles Bordes : Tableau philosophique du genre humain depuis l'origine du monde jusqu'à Constantin, 1767 .

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k845766.image

D’Alembert parle de cet ouvrage à V* dans une lettre du 22 septembre 1767 , en même temps que de la Théologie portative, de L'Esprit du clergé, des Prêtres démasqués, et du Militaire philosophe ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/03/correspondance-avec-d-alembert-partie-47.html

4 Charlot .

5 Dans la préface de Charlot, V* a écrit : « Henri IV est véritablement le héros de la pièce : mais il avait déjà paru dans La partie de chasse [de Henri IV, par Collé ], représentée sur le même théâtre, et on n'a pas voulu imiter ce qu'on ne pouvait égaler. » Il est vrai que la pièce de Collé est supérieure à celle de V*.

6 Voir la préface de l'auteur et notes : https://books.google.com.bz/books?id=BQvfAgAAQBAJ&printsec=frontcover&source=gbs_book_other_versions_r&cad=3#v=onepage&q&f=false

et ci-après, la lettre 7047 du 16 octobre 1767 à Damilaville : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/06/correspondance-annee-1767-partie-52.html

CHARLOT, ou LA COMTESSE DE GIVRI. Pièce dramatique représentée sur le théâtre de F*** (Ferney) au mois de septembre 1767. Genève et Paris, Merlin, 1767. In-8 de I f. non chiff. (pour le faux-titre) et 69 pp. (Bibl. Nle Y, 5731, C. et C. V. Beuchot, 149).

Il y a des exemplaires sans le nom de Genève. Barbier signale une édition sur le frontispice de laquelle est indiquée la date de la représentation à Ferney (26 septembre 1767) : au titre près, c'est l'édition de Merlin. Enfin, le Catalogue de Soleinne (t. II, no 1680) cite une édition de Merlin (Genève et Paris), in-8 de 91 pp.

Voltaire envoya Charlot à Damilaville le 18 septembre 1767.

Merlin devait l'imprimer, sur-le-champ, sans privilège, et en tirer 750 exemplaires (Voltaire à Damilaville, 19 septembre 1767). — Dans une lettre du 2 octobre, adressée aussi à Damilaville, Voltaire parle d'un morceau sur Henri quatre que Merlin, dit-il, « pourra mettre à la tête de la seconde édition de Charlot » (Cf. Voltaire à Damilaville, 16 octobre 1767).

Charlot fut réimprimé, en 1768, dans le t. V des Nouveaux mélanges, etc., pp. 141-198.

La « Préface » qui est en tête de l'édition de 1767 n'a pas été conservée en 1768.

Quérard cite une autre réimpression de 1771. In-8 (Biblio- graphie Voltairienne, n° 145).

Joué à Ferney en 1767, puis sur le théâtre de Châtelaine, et enfin à Paris, sur le petit théâtre du comte d'Argental, Charlot fut représenté par les comédiens italiens le mardi 4 juin 1782. Mme Vestris avait réclamé la pièce au nom de sa troupe, mais on lui répondit « que son indifférence à cet égard, depuis « dix ans que ce drame était imprimé, ayant fait présumer « qu'elle ne s'en souciait pas, la famille s'était déterminée à « la livrer à la troupe, sa rivale » (Mémoires secrets, t. XX, p. 328.)

Voilà, mon cher ami, les expédients auxquels les impôts horribles mis sur les lettres me forcent d'avoir recours

... Mails ! MMS ! SMS ! Fin du papier , fin du timbre rouge ou vert . La disparition  du facteur. trice (pardon : préposé.e ) devancera de peu la fin des haricots .

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« A Cosimo Alessandro Collini, Secrétaire

intime , Historiographe de Son Altesse Électorale

à Mannheim

A Ferney, 28è septembre 1767 1

Mon cher ami, votre dissertation sur le cartel offert par l'électeur palatin au vicomte de Turenne 2 m'arrivera fort à propos. On a déjà entamé une nouvelle édition du Siècle de Louis XIV. Je profiterai de votre pyrrhonisme, pour peu que je le trouve fondé car vous savez que je l'aime, et que je me défie des anecdotes répétées par mille historiens. Il est vrai que vous êtes obligé d'avoir prodigieusement raison, car vous avez contre vous l'Histoire de Turenne par Ramzei 3, le président Hénault, et tous les mémoires du temps.

Ayez la bonté de m'envoyer sur-le-champ votre ouvrage. Voici comme on peut s'y prendre. Vous n'auriez qu'à l'envoyer à Lyon, tout ouvert, à M. Tabareau, directeur des postes, avec un petit mot de lettre. Vous auriez la bonté de lui écrire que, sachant qu'il lit beaucoup, et qu'il se forme une bibliothèque, vous lui envoyez votre ouvrage comme à un bon juge et à mon ami; que vous le priez de me le prêter après l'avoir lu, en attendant que je puisse en avoir un exemplaire à ma disposition. Voilà, mon cher ami, les expédients auxquels les impôts horribles mis sur les lettres me forcent d'avoir recours. Si, pour plus de sûreté, pendant que vous enverrez ce paquet par la poste à M. Tabareau, à Lyon, vous voulez m'en envoyer un autre par les chariots qui vont à Schaffousen et dans le reste de la Suisse, il n'y a qu'à adresser ce paquet à mon nom à Genève, je vous serai très obligé .Comptez que j'ai la plus grande impatience de lire votre dissertation .

Mettez-moi aux pieds de Leurs Altesses électorales. Si je pouvais me tenir sur les miens, je serais allé à Schwetzingen, tout vieux et tout malade que je suis . Mais il y a trois ans que je ne suis sorti de chez moi.

M°" Denis ne cesse de donner des fêtes, et moi je reste dans mon lit . Je dicte, ne pouvant écrire; mais ce que je dicte de plus vrai, c'est que je vous aime de tout mon cœur. »

1Original, mention de service « f[ran]co Canstat ».

2 Voir le passage de la lettre de Collini du 14 septembre 1767 à laquelle répond V* : « Vous savez que tout le monde a dit qu'un de nos Électeurs, Charles-louis, avait défié Turenne dans un combat singulier . Je me suis avisé de démontrer la fausseté de cette anecdote dans un petit ouvrage qui a pour titre Dissertation historique et critique sur le prétendu Cartel ou Lettre de défi de Charles-Louis Électeur Palatin au Vicomte de Turenne, et qui vient de paître . Ne me trouvez-vous pas hardi d'écrire,et encore plus d'écrire contre une opinion si généralement reçue ? Si je trouve une occasion particulière de vous faire parvenir ce petit ouvrage, je vous demande la permission de le faire . Vous me lirez avec indulgence ; vous ne perdrez jamais de vue que je suis florentin, mais vous n'aurez aucun égard pour les preuves que j'allègue . Si elles peuvent vous convaincre, il y aura dans l'Histoire encore un mensonge de moins. »

L'ouvrage de Collini traitant de ce problème est exactement décrit par lui ; il parut à Mannheim en 1767 et V* en posséda un exemplaire dans sa bibliothèque. Les efforts de Collini pour soutenir sa thèse sont méritoires, mais ils ont un défaut majeur : ils ne font qu'opposer des vraisemblances à un fait avéré .Voir : https://books.google.fr/books?id=Er5AAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

La justice du conseil est, à la vérité, comme celle de Dieu, fort lente; mais enfin elle arrive

....

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

28 septembre 1767

Mon cher ange, quoique vous ne m'écriviez point, je suppose toujours que Mme d'Argental a repris sa santé, son embonpoint, sa gaieté et ses grâces, et qu'elle est tout comme je l'ai laissée il y a environ quinze ans. Vous voulez que je vous envoie, pour vous amuser, la petite drôlerie 1 qui nous a fait passer quelques heures agréablement dans nos déserts. La perfection singulière avec laquelle cette médiocrité a été jouée me fait oublier les défauts de la pièce, et me donne la hardiesse de vous l'envoyer. Je l'adresse sous l'enveloppe de M. de Courteilles, et j'espère qu'elle vous parviendra saine et sauve.

On dit qu'on va reprendre l'affaire des Sirven en considération. Je commence à en avoir bonne espérance, puisque M. de Beaumont a gagné son procès 2, qui me donnait tant d'inquiétude . Il a la main heureuse. La justice du conseil est, à la vérité, comme celle de Dieu, fort lente; mais enfin elle arrive. La justice du parterre est assez dans ce goût , elle fait gagner d'assez mauvais procès en première instance, et il lui faut trente années pour rendre justice à ce qui est passable.

On m'a mandé qu'il n'y aurait point de spectacles à Fontainebleau. La chasse suffit; mais, comme vous aimez mieux la comédie que la chasse, je vous supplie de me mander des nouvelles du tripot.

Pour l'autre tripot, qui a condamné l'Ingénu 3 à ne plus paraître, je ne vous en parle point; mais quand je dis qu'il y a des Welches dans le monde, vous m'avouerez que j'ai raison.

Mille tendres respects à la convalescente.

V. »

1 Charlot ; on reconnaît la réminiscence de Molière : Le Bourgeois gentilhomme .

3 Note de Beuchot : « La police avait fait saisir l'Ingénu; mais je ne connais pas de jugement contre cet ouvrage. »

05/05/2023

On commencera sur les cinq heures .

... Information des chevaux du carrosse royal à leurs palefreniers . GMT, obviously .

https://www.francetvinfo.fr/monde/royaume-uni/roi-charles...

 

 

« A Paul-Claude Moultou

Samedi [26 septembre 1767 ] au soir à minuit 1

On avait écrit il y a trois jours un petit billet à Mme Necker pour la prier de nous dire si elle pouvait venir avec M. Moultou, demain dimanche, à Ferney à la comédie . Il y a deux acteurs qui sont dignes d'un tel auditoire .

On commencera sur les cinq heures .

Voici la lettre qu'on écrivait à Mme Necker, et que le commissionnaire vient de nous rendre . »

1 La date est la seule qui s'applique à la fois à une représentation à Ferney et à un séjour de Mme Necker aux environs .

Priez vos auteurs de ne citer que des faits avérés

... Avis à tous les médias dits d'information .

 

 

« A Charles-Joseph Panckoucke, Libraire

rue et près de la Comédie-Française

à Paris

A Ferney 25è septembre 1767 1

J’ai enfin reçu, monsieur, les deux premiers volumes de votre Vocabulaire 2. Tout ce que j’en ai lu m’a paru exact et utile : rien de trop ni de trop peu ; point de fades déclamations. J’attends la suite avec impatience . Votre entreprise est un vrai service rendu à toute la littérature.

Vous me feriez plaisir de m’apprendre les noms des auteurs à qui nous aurons tant d’obligations. J’ai l’honneur d’être bien véritablement, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur 3.



Il ne serait pas mal de mettre, dans votre errata, que nous prononçons auto-da-fé par corruption, et que les Espagnols disent auto de fé. Il y a une grosse faute à la page 423 :Les dieux mêmes, éternels arbitres 4, il faut lire les dieux même, sans s. Cet s donne une syllabe de trop au vers.

Il y a une plus grande faute à la page 422 :

 Plaçât tous bienfaiteurs au rang des immortels ; 5

C’est un barbarisme. On dit tous les bienfaiteurs, et non tous bienfaiteurs. On n’entendrait pas un homme qui dirait j’ai mis tous saints dans le catalogue.

D’ailleurs il faut tâcher, dans un dictionnaire, de ne citer que de bons vers, et ne point imiter en cela l’impertinent Dictionnaire de Trévoux. Les vers cités en cet endroit sont trop mauvais : Bonté fertile 6 est ridicule.

Priez vos auteurs de ne citer que des faits avérés. Le viol d’une dame par un marabout, à la face et non en face de tout un peuple 7, est un conte à dormir debout, digne de Léon d’Afrique 8. »

1 L'édition Kehl donne à tort pour destinataire Guyot, à la suite d'une erreur d’interprétation de la copie Beaumarchais, Panckoucke ayant noté sur la lettre « pour M. Guyot ; »

3 On croit deviner ici la signature de V* sous cette mention de Panckoucke : « Cette lettre et de M ; de Voltaire . »

4 J.B. Rousseau a dit : « Plaçât leurs bienfaiteurs. » (G.Avenel) . Vers dans Odes, III, ii, 181 . La correction est faite dans la seconde édition du Grand Vocabulaire, I, 423 .

5 Ibid., IV, ii, 78 ; Rousseau avait écrit leurs pour tous . La correction est faite dans la seconde édition , I, 422.

6 C'est le texte de Rousseau, Odes, III, ii, 188 . la seconde édition supprime la citation, I, 422.

7 Le passage subsiste dans la seconde édition, I, 498, mais est signalé dans l'errata .

8Hassan Ibn Muhammad al-Wassan al-Fasi [Leo Africanus], Africae descriptio, III,(section relative à Fez ).

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_l%27Africain