02/06/2023
Ces bagatelles amusent un moment deux ou trois cents oisifs de la ville et sont ensuite oubliées pour jamais
... Comme le dernier match du multimillionnaire Messi avec le PSG ( Perdant Sans Gloire ) : https://www.huffingtonpost.fr/sport/video/christophe-galt...
Heureusement !
« A Etienne-Noël Damilaville
2 novembre 1767 1
J'ai reçu, mon cher ami, les deux actes de Colmar que vous avez eu la bonté de m'adresser . Ils me seront très utiles dans le délabrement des affaires de M. le duc de Wurtemberg . Personne ne me paye et j'ai depuis six semaines les régiments de Conti auquel il faut faire les honneurs du pays . Je suis plus embarrassé que la Sorbonne ne l'est avec M. de Marmontel .
J'ai fait des petites notes sur Charlot, mais je doute que ces notes passent à la douane des pensées . Je doute aussi beaucoup que Merlin ne fasse une seconde édition . Ces bagatelles amusent un moment deux ou trois cents oisifs de la ville et sont ensuite oubliées pour jamais .
Je viens d'apprendre qu'il y a des Mémoires imprimés du maréchal de Luxembourg 2, et je suis honteux de l'avoir ignoré ; ils me seront très utiles pour la nouvelle édition que l'on fait du Siècle de Louis XIV; et je vous prie instamment, mon cher ami, de me les faire venir par Briasson, ou de quelque autre manière.
Connaîtriez-vous un petit écrit sur la population d'une partie de la Normandie et de deux ou trois autres provinces de France ? On dit que l'intendant, M. de La Michodière, a part à cet ouvrage, qui est, dit-on, très exact et très bien fait 3.
Mandez-moi surtout des nouvelles de votre cou, je m'y intéresse plus qu'à tous les dénombrements de la France. »
1 Copies contemporaines : Darmstadt B. ; B. H. ;édition de Kehl . Voir lettre du 31 octobre 1767 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/05/31/il-faut-bien-quelque-philosophe-que-l-on-soit-ne-pas-neglige-6445602.html
2 François-Henri de Montmorency, duc de Luxembourg : Mémoire pour servir à l'histoire du maréchal duc de Luxembourg, depuis sa naissance, en 1628, jusqu'à sa mort, en 1695, contenant des anecdotes très-curieuses, et sa détention à la Bastille, écrite par lui-même; La Haye (Paris), 1758, in-4° : https://books.google.fr/books?id=PB59pmY7Gg0C&pg=PP1&lpg=PP1&dq=Fran%C3%A7ois-Henri+de+Montmorency,+duc+de+Luxembourg+:+M%C3%A9moire+pour+servir+%C3%A0+l%27histoire+du+mar%C3%A9chal+duc+de+Luxembourg,+depuis+sa+naissance,+en+1628,+jusqu%27%C3%A0+sa+mort,+en+1695,+contenant+des+anecdotes+tr%C3%A8s-curieuses,+et+sa+d%C3%A9tention+%C3%A0+la+Bastille,+%C3%A9crite+par+lui-m%C3%AAme;+La+Haye+(Paris),+1758,+in-4%C2%B0.&source=bl&ots=K6uPtoqRA1&sig=ACfU3U3j5kFAaWWrUPcsXEVj8V-7W-h2ig&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjo94W_96P_AhVvTKQEHSneBSMQ6AF6BAgDEAM
3 Messance : Recherches sur la population des généralités d'Auvergne, de Lyon, de Rouen, et de quelques provinces et villes du royaume, 1766, in-4" : https://books.google.bj/books?id=AyhGpkZI2AgC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
On a dit à l'époque que La Michodière et Audra avaient collaboré à cet ouvrage ; voir notamment la Correspondance littéraire, VII, 130 . Du reste V* connaissait La Michodière à qui il a écrit : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1757/Lettre_3422
C'est l'ouvrage dont Voltaire parle dans une note de L'Homme aux quarante écus; voir https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome21.djvu/338
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pour le fortifier dans sa sainte religion
... Kitchissime régal de nos anciennes grenouilles de bénitier et punaises de sacristie !
Vraiment cucul !
« A Gabriel Cramer
[octobre-novembre 1767]
Monsieur Cramer nous abandonne ; il nous avait promis un exemplaire des Nouveaux Mélanges, et il ne les a point envoyés .
On ne lui avait point promis les Lettres sur Rabelais 1, et on les lui envoie pour le fortifier dans sa sainte religion . »
1 Sur cet ouvrage, voir lettre du 4 octobre 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/05/12/ces-marauds-la-ne-valent-pas-la-plaisanterie-il-ne-faut-poin-6442855.html
Voir : https://www.musee-rabelais.fr/2021/07/08/voltaire-critique-rabelais/
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6305006z.texteImage
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01/06/2023
P*** n'a point voulu recevoir de mon argent, mais je l'ai forcé d'en prendre
... Ah ! que ne suis-je à la place de P*** !
N. B. : https://apprendreaeduquer.fr/probleme-relation-argent/
« A Henri Rieu
[vers le 31 octobre 1767]
Mon cher ami, je viens de recevoir les deux premiers tomes de Pellet 1 . Je suis un peu étonné de voir Guillaume Tell immédiatement après Le Cid, sans que l’éditeur donne aucune raison de cette étrange accolade .
Je vous suis bien obligé de toutes vos bontés ; on aura bien de la peine à empêcher Marc-Michel Rey d'être un fripon et un insolent . Pourriez-vous cependant me faire avoir les Doutes sur la religion suivi de l'Analyse de Spinoza par Boulainvilliers 2.
L'Esprit du clergé ou le Christianisme primitif vengé 3, traduit de l'anglais ;
La Théologie portative 4 de l'abbé Bernier ;
Le Recueil de Passeran 5.
Vous pourriez aisément me faire avoir ces livres par votre ami M. Cramer .
Je vous embrasse bien tendrement . Pellet n'a point voulu recevoir de mon argent, mais je l'ai forcé d'en prendre . »
1 Du Théâtre français ; voir lettre du 18 avril 1767 à Rieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/10/18/vous-me-ferez-un-plaisir-extreme-de-faire-depecher-les-feuil-6407183.html
2 Doutes sur la religion, suivis de l'analyse du Traité théologico-politique de Spinoza . L'attribution à Boulainvilliers est douteuse ; voir Norman L. Terray : « Boulainvilliers, The man and the mask », Studies on Voltaire … 1955.
Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k845270.texteImage
3 John Trenchard and Thomas Gordon : L'Esprit du clergé ou le Christianisme primitif vengé des entreprises et des excès de nos prêtres modernes [traduit par d'Holbach et Naigeon], 1767 .
Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k84524z
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k845259.image
Le titre original est The Independant Whig, ouvrage que V* possède aussi : https://oll.libertyfund.org/title/trenchard-the-independent-whig-4-vols-1720-1743
4 Paul-Henri Dietrich, baron d'Holbach : Théologie portative ou Dictionnaire abrégé de la religion chrétienne, par M. l'abbé Bernier, 1768 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3045227k.texteImage
et voir lettre du 22 août 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/04/18/je-sais-monsieur-que-vous-vous-amusez-quelquefois-de-littera-6438954.html
5 Albert Radicati, comte de Passeran : Recueil de pièces curieuses sur les matières les plus intéressantes, 1736 : https://books.google.fr/books?id=ZWuyZLkcT-sC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
Plus tard dans l'année V* publiera son Épître aux Romains , 1768, sous le nom de Passeran : https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99%C3%89p%C3%AEtre_aux_Romains/%C3%89dition_Garnier
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31/05/2023
Ce n'est pas sa faute assurément si je ne suis pas payé, mais c'est sa faute de promettre ce qu'il ne peut exécuter
... Et je ne suis pas le seul à en vouloir au gouvernement .
« A Sébastien Dupont
A Ferney 31 octobre 1767
Mon cher ami, je reçois votre lettre, et celle du procureur que vous avez choisi 1. Je vous demande en grâce d'exiger de lui qu'il fasse sur-le-champ une opposition entre les mains des régisseurs de Riquewirh et des fermiers du Martinet. Il est essentiel que mes démarches soient faites en même temps en Alsace et en Franche-Comté . Je crois qu'on peut toujours faire une opposition sans avoir la grosse en main, sauf à la produire ensuite . Tout mon but est de forcer M. le duc de Virtemberg de mettre de l'ordre dans ses affaires, à ne se pas ruiner, et à ne pas ruiner ses créanciers. Quand il verra qu'on fait des saisies en France, tandis que la commission impériale lui impose des lois en Souabe, il faudra bien qu'il prenne un parti raisonnable, dans la crainte de se voir en tutelle . Il aurait même la douleur de ne pouvoir s'opposer à la vente de ses terres, s'il ne prenait incessamment une résolution digne de son rang. Il est fort mal à M. Jeanmaire de ne m'avoir point averti du désordre des affaires, et de m'avoir toujours donné des paroles qu'il savait bien ne pouvoir tenir. Il m'a envoyé, en dernier lieu, quatre mille cinq cents livres, au lieu de soixante-deux mille qu'il m'avait promises . Ce n'est pas sa faute assurément si je ne suis pas payé, mais c'est sa faute de promettre ce qu'il ne peut exécuter . M. De Montmartin a été plus sincère que lui. En un mot, mon cher ami, je compte sur vous comme sur ma seule ressource . Je vous embrasse du meilleur de mon cœur. ·
Voltaire.
Je vous prie de me mander à quoi se monte la créance du baron banquier Dietrich, et celle des marchands de Lyon qui ont fourni de belles étoffes à des filles. »
1 Simon ; voir lettre du 3 novembre 1767 à Dupont.
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Il faut bien, quelque philosophe que l'on soit, ne pas négliger absolument ses affaires temporelles
... Hier, il y a deux cent quarante cinq ans, Voltaire cessait de se soucier des affaires temporelles et nous laissait son oeuvre extraordinaire et sa pensée remarquable : https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article7857
VIVE VOLTAIRE
Je meurs en adorant Dieu, en aimant mes amis, en ne haïssant pas mes ennemis, en détestant la superstition.
« A Etienne-Noël Damilaville
31 octobre 1767 1
Je reçois, mon cher ami, une lettre d'un des nôtres, nommé M. Dupont, avocat au conseil souverain d'Alsace, qui me mande vous avoir adressé des papiers d’affaires très importants pour moi . Il faut bien, quelque philosophe que l'on soit, ne pas négliger absolument ses affaires temporelles .
Je vous enverrai de petites notes sur La Comtesse de Givry, supposé qu'on la réimprime. Je crois que le parti de faire des notes est plus convenable que celui de faire un discours en forme sur Henri IV . Cette besogne est ébauchée autant que ma faible santé l'a pu permettre, mais je ne veux pas faire un travail inutile ; ainsi je vous prie de me mander si en effet on prépare une nouvelle édition . »
1 Copies contemporaines : Darmstadt B. ; B.H. . L'édition de Kehl amalgame quelques mots de la présente lettre et de celle du 4 novembre 1767 et au début de celle du 2 novembre .
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30/05/2023
Mais il n'y a pas moyen de dire tout ce qu'on devrait et qu'on voudrait dire
... C'est tristement que cet in petto résonne dans le crâne du président ( c'est ce que j'espère ! ) après avoir traditionnellement adressé ses félicitations à Erdogan calife à la place du calife .
Le menteur va pouvoir se gaver encore .
« A Etienne-Noël Damilaville
30 octobre 1767 1
Mon cher ami, je reçois votre lettre du 20 d'octobre, car il faut que je sois exact sur les dates ; on dit qu'il y a quelquefois des lettres qui se perdent. J'écris à M. Chardon 2, à tout hasard, pour l'affaire des Sirven, quoique je ne croie pas le moment favorable. On vient de condamner à être pendu un pauvre diable de Gascon qui avait prêché la parole de Dieu dans une grange auprès de Bordeaux. Le Gascon maître de la grange est condamné aux galères, et la plupart des auditeurs gascons sont bannis du pays; mais quand on appesantit une main, l'autre peut devenir plus légère. On peut en même temps exécuter les lois sévères qui défendent de prêcher la parole de Dieu dans des granges, et venger les lois qui défendent aux juges de rouer, de pendre les pères et les mères sans preuves.
Ne pourriez-vous point m'envoyer cette Honnêteté théologique 3 dont on parle tant, et qu'on m'impute à cause du titre, et parce que l'on sait que je suis très honnête avec ces messieurs de la théologie ? Je ne l'ai point vue, et je meurs d'envie de la lire. On ne pourra pas empêcher qu'il y ait une Sorbonne, mais on pourra empêcher que cette Sorbonne fasse du mal. Le ridicule et la honte dont elle vient de se couvrir dureront longtemps. Il faut espérer que tant de voix, qui s'élèvent d'un bout de l'Europe à l'autre, imposeront enfin silence aux théologiens, et que le monde ne sera plus bouleversé par des arguments comme il l'a été tant de fois.
Je vous envoie le petit changement que vous avez très justement demandé pour Charlot . Cette pièce a été faite en cinq jours de temps pour vous amuser et n'était pas trop digne du public ; mais si par hasard on en faisait encore une édition à Paris, avertissez-moi, et je vous enverrai une petite préface sur le compte de notre ami Henri IV . Je n'ai pu y travailler encore, ma santé plus languissante que jamais, ne me l'a pas permis, mais j'ai des matériaux dans ma tête .
Envoyez-moi donc s'il vous plaît un exemplaire de Charlot . Je n'en ai point . Il manquait une feuille à celui que vous avez eu la bonté de me faire tenir .
Je voudrais bien que l'enchanteur Merlin m'envoyât un Horace de Dacier de la dernière édition .
Adieu, mon très cher ami , tâchez donc de venir à bout de cette enflure au cou . Pour moi, je suis bien loin d'avoir des enflures, je diminue à vue d’œil, et je serai bientôt réduit à rien.
Je reçois à l'instant deux exemplaires de La Comtesse de Givry . Je vais donc travailler à la préface dans la supposition que la première édition n'a pas été considérable, et qu'elle peut s'écouler promptement . On me mande qu’on a déjà joué Charlot dans plus d’une maison de campagne auprès de Paris et que l'Opéra-Comique veut s'en emparer en y ajoutant un petit divertissement ; mais j'ai renoncé absolument à tout autre théâtre que le mien .
Pourquoi donc ne pas donner vos observations sur L'Ordre essentiel des Sociétés 4? Mais il n'y a pas moyen de dire tout ce qu'on devrait et qu'on voudrait dire. »
1 Copies contemporaines ( Darmstadt B. ; B. H.;édition de Kehl . Ms 2 et toutes les éditions donnentune version peu soignée de la moitié environ du texte de cette lettre (voir : lettre 7057 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411361p/texteBrut)
2 Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/
Note de Garnier : « Cette lettre, qui est probablement celle dont il est question page 417, est perdue . »
3 L'Honnêteté théologique, qui forme le second cahier des Pièces relatives à Bélisaire, a été attribuée à Voltaire et à Turgot; mais il parait qu'elle est de Damilaville toutefois Voltaire l'a rebouisée (voyez tome XXVI, page 529 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/539
4 Voir lettre du 8 août 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/03/29/je-vous-l-avais-bien-dit-qu-il-fallait-passer-sa-vie-a-comba-6435778.html
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
29/05/2023
[Sur l'affaire Sirven.]
... Les Sirven turcs ont encore du souci à se faire pendant au moins cinq ans , n'est-ce pas Erdogan Pacha ?
https://www.lemonde.fr/blog/plantu/2018/06/22/la-turquie-...
« A Daniel-Marc-Antoine Chardon 1
Ferney 25 octobre 1767
[Sur l'affaire Sirven.]2
1 Voir : https://data.bnf.fr/fr/10649904/daniel_marc_antoine_chardon/
et : https://cths.fr/an/savant.php?id=114115
et : https://www.persee.fr/doc/rhmc_0996-2743_1904_num_6_7_4356_t1_0507_0000_2
et : https://brunodumes.pagesperso-orange.fr/andre-articles-t1/intendant-corse-chardon.pdf
2Original passé à la vente Gable, New York, 13 février 1924.
Voir par ex. lettre de décembre 1767 : https://voltaire.bge-geneve.ch/ark:/79005/vtae3c7fd66e72ead65
09:14 | Lien permanent | Commentaires (0)