26/08/2022
l’embrasement de l’univers est annoncé dans Hystaspe et dans les Sibylles
... et pour confirmation , voir Paco Rabanne et Madame Soleil .
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hystasp%C3%A8s
https://www.parismatch.com/People/Paco-Rabanne-1999-apoca...
« A Simon-Nicolas-Henri Linguet
Au château de Ferney par Genève
le 14 [ou 15] mars 1767 1
Monsieur,
Je n'ai point encore reçu le livre que vous voulez bien m’envoyer , et probablement je ne l'aurai de longtemps . La communication entre Lyon et Genève est interrompue ; mais je ne veux pas différer les remerciements que je vous dois .2
Je crois, comme vous, monsieur, qu’il y a beaucoup à reprendre 3 dans l’Esprit des lois 4. Il y a très peu de lecteurs attentifs 5 . On ne s’est point aperçu que presque toutes les citations de M. de Montesquieu 6 sont fausses. Il cite le prétendu testament du cardinal de Richelieu, et il lui fait dire au chapitre vi, dans le livre III, que s’il se trouve dans le peuple quelque malheureux honnête homme, il ne faut point s’en servir. Ce testament, qui d’ailleurs ne mérite pas la peine d’être cité, dit précisément le contraire ; et ce n’est point au sixième, mais au quatrième chapitre. Il fait dire à Plutarque que les femmes n’ont aucune part au véritable amour 7.
Il ne songe pas que c’est un des interlocuteurs qui parle ainsi, et que ce Grec, trop grec, est vivement réprimandé par le philosophe Daphneus, pour lequel Plutarque décide. Ce dialogue est tout consacré à l’honneur des femmes ; mais Montesquieu lisait superficiellement, et jugeait trop vite.
C’est la même négligence qui lui a fait dire que le grand seigneur n’était point obligé par la loi de tenir sa parole 8 ; que tout le bas commerce était infâme chez les Grecs 9; qu’il déplore l’aveuglement de François Ier, qui rebuta Christophe Colomb 10, qui lui proposait les Indes, etc. Vous remarquerez que Christophe Colomb avait découvert l’Amérique avant que François Ier fût né.
La précipitation de son esprit 11 lui fait dire au même endroit, livre IV, chapitre xix, que le conseil d’Espagne eut tort de défendre l’emploi de l’or en dorures. Un décret pareil, dit-il, serait semblable à celui que feraient les états de Hollande, s’ils défendaient la cannelle 12. Il ne fait pas réflexion que les Espagnols n’avaient point de manufactures ; qu’ils auraient été obligés d’acheter les étoffes et les galons des étrangers, et que les Hollandais ne pouvaient acheter ailleurs que chez eux la cannelle .13
Presque tous les exemples qu’il apporte sont tirés des peuples presque 14 inconnus du fond de l’Asie, sur la foi de quelque voyageur mal instruit et menteur.
Il affecte 15 une connaissance très mal placée de la géographie et il se trompe au point d'affirmer qu’il n’y a de fleuve 16 en Perse que le Cyrus ; il oublie le Tigre, l’Euphrate, l’Oxus, l’Araxe, et le Phase 17,
Malheureusement son livre n'a pour fondement qu'une antithèse 18 qui se trouve fausse. Il dit que les monarchies sont établies sur l’honneur, et les républiques sur la vertu ; et, pour soutenir ce prétendu bon mot : la nature de l’honneur (dit-il, livre III, chapitre vii) est de demander des préférences, des distinctions . L'honneur est donc, par la chose même, placé dans le gouvernement monarchique. Il devrait songer que, par la chose même, on briguait, dans la république romaine, la préture, le consulat, des triomphes, des couronnes, et des statues.
J’ai pris la liberté de relever plusieurs méprises pareilles dans ce livre, d’ailleurs très-estimable. Je ne serai pas étonné que ce livre vous paraisse 19 plus rempli d’épigrammes que de raisonnements solides ; et cependant il y a tant d’esprit et de génie qu’on le préférera toujours à Grotius et à Pufendorf. Leur malheur est d’être ennuyeux ; ils sont plus graves que solides 20 .
Grotius, contre lequel vous vous élevez avec tant de justice, a extorqué de son temps une réputation qu’il était bien loin de mériter. Son Traité de la Religion chrétienne est méprisé de tous les savants 21. C’est là qu’il dit, au chapitre xxii de son premier livre, que l’embrasement de l’univers est annoncé dans Hystaspe et dans les Sibylles. Il ajoute à ces témoignages ceux d’Ovide et de Lucain ; il cite Lycophron pour prouver l’histoire de Jonas 22.
Pour bien juger 23 du caractère de l’esprit de Grotius, il n'y a qu'à lire sa harangue 24 à la reine Anne d’Autriche, sur sa grossesse. Il la compare à la Juive Anne, qui eut des enfants étant vieille ; il dit que les dauphins, en faisant des gambades sur l’eau, annoncent la lin des tempêtes, et que, par la même raison, le petit dauphin qui remue dans son ventre annonce la fin des troubles du royaume 25.
Je vous citerais cent sottises de ce Grotius qui a été tant admiré .
A l'égard de Jean-Jacques Rousseau dont vous me parlez, j'avoue qu'il n'a pas le génie de Montesquieu, ni l'érudition de Grotius, mais il tombe dans de plus grands écarts . Il n'a jamais écrit que des paradoxes, et il s'est toujours contredit . Sans la digression de son Vicaire savoyard, digression très mal placée dans l'instruction d'un jeune homme, on oublierait qu'il a écrit ; et encore ce vicaire se contredit lui-même en étant pénétré de respect pour des mystères qu'il trouve absurdes . Les reste de son Émile et de son Héloïse sont aujourd'hui dans la boue avec leur auteur . C'est un très méchant homme connu par la plus lâche et la plus orgueilleuse ingratitude . Toutes ses manœuvres sont d'un bas scélérat, démasqué par toute la magistrature de Genève, et connu pour tel par M. le duc de Choiseul et par le roi lui-même . Je ne vous conseille pas de prendre le parti de ce misérable ; ce n'est point par des paradoxes et des charlatanismes qu'on mérite l'estime des honnêtes gens . C'est par une conduite honnête ; il faut l'avoir et il ne l'a pas eue . Je pense et je parle comme milord Walpole, et le célèbre M. Tronchin en a été le témoin . Il sait avec qui Rousseau se ligua pour me forcer à quitter une maison de campagne que j'avais achetée à vie sur le territoire de Genève . Il sait comme il cabala avec les prédicants , et comme ensuite il cabala contre eux . Ce malheureux qui venait de donner à Paris une comédie sifflée s'avisa de m'écrire que je corrompais sa république en donnant des spectacles dans mon château de Ferney . Il m’écrivit que j'avais menti, si j'avais dit qu'il n'ait pas été secrétaire de l'ambassade de M. le comte de Montaigu à Venise, et qu'il en avait menti, lui, s'il n'avait pas eu tous les honneurs de l’ambassadeur ; et il se trouve par ses propres lettres écrites de Venise qu'il était domestique du comte de Montaigu et qu'il fut chassé à coups de bâton . Ces lettres furent écrites à M. Dutheil à qui il demandait l'aumône .
Ce beau philosophe a fini par mettre le trouble dans sa patrie, par être chassé de Genève, de Berne et de Neuchâtel ; et il imprime qu'il lui faut des statues . Voilà des vérités , monsieur,voila sur quoi il faut juger. Ajoutez à cela qu'il n'a signalé sa perfidie envers moi que parce que je lui avais offert le don d'une maison de campagne, et qu'il ne s'est élevé contre M. Hume que parce que M. Hume lui avait voulu procurer une pension . Après cela, prenez son parti si vous voulez .
J'espère , quand j'aurai lu votre livre, que je vous dirai avec la même vérité combien je vous estime ; c'est un sentiment que votre lettre m'a déjà inspiré 26. Je suis surtout pénétré du désir que vous paraissez témoigner de voir l'union régner parmi les gens de lettres . Ils seraient bien forts s'ils connaissaient le prix de cette union . Ce serait la phalange macédonienne qui ne trouverait point de Paul Émile chez les fanatiques .
J'ai l'honneur d'être, avec toute l'estime et les sentiments que je vous dois, etc. «
»
1 Copie contemporaine Darmstadt B. à la fin de laquelle le copiste écrit : « N[ot]a . Cette lettre fut envoyée ouverte à un mai qui ne la remit point dans la crainte que M. Linguet ne la fit courir . Il en fit part à M. de Voltaire qui approuva cette circonspection, et envoya la lettre suivante du 6 avril 1767 (voir lettre à M*** : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/05/correspondance-... ) à la place de la première . » Que ceci soit vrai ou faux et cela paraît peu vraisemblable sous cette forme) , la présente lettre ne parut dans Le Commentaire historique, désigné par la suite par le sigle ED, sous une forme remaniée, qui est passée dans toutes les éditions, et qui figurera ici en variantes . Pour la date, noter qu'une minute , avec les quatre dernières lignes autographes, passée en vente chez Charavay le 28 novembre 1861, est datée du 15 mars 1767 . l'existence de cette minute, retouchée par V*, prouve que la lettre à Linguet a été soigneusement méditée ..
2 Tout ce début manque dans ED, remplacé par une ligne de points .
3 ED : qu'il y a plus d’une inadvertance
4 On trouve dans divers ouvrages de Voltaire des critiques de l’Esprit des lois ; voyez la note, tome XX, page 1.
5ED : Très peu de lecteurs sont attentifs .
6 ED : les citations de Montesquieu
7 De l'Esprit des lois, VII, note a . En envoyant à V* sa Théorie des lois civiles ou Principes fondamentaaux de la société, Linguet lui a écrit le 19 février 1767 « {…] vous ne me blâmerez pas d'avoir combattu les opinions de M. de Montesquieu . J'ai rendu justice à son grand génie en attaquant ses erreurs . C'est un esprit brillant qui est sujet à de fréquentes éclipses . Je n'en ai pas dit à beaucoup près tout ce que j'en aurais pu dire . »
8 De l'esprit des lois, livre III, chapitre ix.
9 Livre IV, chapitre viii.
10 Livre XXI, chapitre xxii.
11 ED : la vivacité de son esprit .
12 De l'esprit des lois, XXI, xxii .
13 ED : que chez eux-mêmes la cannelle, qui croît dans leurs domaines.
14 ED omet presque .
15 ED : il affirme
16 ED : de fleuve navigable
17 ED continue : l’Indus même, qui a coulé longtemps sous les lois des rois de Perse. Chardin nous assure, dans son troisième tome, que le fleuve Zenderouth, qui traverse Ispahan, est aussi large que la Seine à Paris, et qu’il submerge souvent des maisons sur les quais de la ville.
18 ED : Malheureusement le système de l’Esprit des lois a pour fondement une
19 ED : J’ai pris la liberté de relever plusieurs méprises pareilles dans ce livre, d’ailleurs très-estimable. Je ne serai pas étonné que cet ouvrage célèbre vous paraisse
20 ED : .pesants que graves.
21 ED : n’est pas estimé des vrais savants
22 Voir Traduction d'une lettre de milord Brolingbroke : https://fr.wikisource.org/wiki/Examen_important_de_Milord_Bolingbroke/%C3%89dition_Garnier/Traduction
23 ED: Si vous voulez juger
24 ED : lisez
25 A partir d’ici, ED donne une fin toute différente : « Je vous citerais cent exemples de cette éloquence de collège dans Grotius, qu’on a tant admiré. Il faut du temps pour apprécier les livres, et pour fixer les réputations.
Ne craignez pas que le bas peuple lise jamais Grotius et Puffendorf ; il n’aime pas à s’ennuyer. Il lirait plutôt (s’il le pouvait) quelques chapitres de l’Esprit des lois, qui sont à portée de tous les esprits parce qu’ils sont très naturels et très agréables. Mais distinguons, dans ce que vous appelez peuple, les professions qui exigent une éducation honnête, et celles qui ne demandent que le travail des bras et une fatigue de tous les jours. Cette dernière classe est la plus nombreuse. Celle-là, pour tout délassement et pour tout plaisir, n’ira jamais qu’à la grand-messe et au cabaret, parce qu’on y chante, et qu’elle y chante elle-même ; mais, pour les artisans plus relevés, qui sont forcés par leurs professions mêmes à réfléchir beaucoup, à perfectionner leur goût, à étendre leurs lumières, ceux-là commencent à lire dans toute l’Europe. Vous ne connaissez guère, à Paris, les Suisses que par ceux qui sont aux portes des grands seigneurs, ou par ceux à qui Molière fait parler un patois inintelligible, dans quelques farces ; mais les Parisiens seraient étonnés s’ils voyaient dans plusieurs villes de Suisse, et surtout dans Genève, presque tous ceux qui sont employés aux manufactures passer à lire le temps qui ne peut être consacré au travail. Non, monsieur, tout n’est point perdu quand on met le peuple en état de s’apercevoir qu’il a un esprit. Tout est perdu au contraire quand on le traite comme une troupe de taureaux . Car, tôt ou tard, ils vous frappent de leurs cornes. Croyez-vous que le peuple ait lu et raisonné dans les guerres civiles de la rose rouge et de la rose blanche en Angleterre, dans celle qui fit périr Charles Ier sur un échafaud, dans les horreurs des Armagnacs et des Bourguignons, dans celles mêmes de la Ligue ? Le peuple, ignorant et féroce, était mené par quelques docteurs fanatiques qui criaient : Tuez tout, au nom de Dieu. Je défierais aujourd’hui Cromwell de bouleverser l’Angleterre par son galimatias d’énergumène ; Jean de Leyde, de se faire roi de Munster ; et le cardinal de Retz, de faire des barricades à Paris. Enfin, monsieur, ce n’est pas à vous d’empêcher les hommes de lire. Vous y perdriez trop, etc. »
26 Voir lettre de Linguet du 19 février 1767 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1767/Lettre_6757
00:09 | Lien permanent | Commentaires (0)
25/08/2022
nous ne savons plus quand nous jouerons
... Rassurez-vous les enfants, entre les grèves de vos enseignants et les congés scolaires, vos occasions de pouvoir jouer ne manqueront pas ces neuf prochains mois .
« A Henri Rieu
Samedi au soir [14 mars 1767]
Madame la dauphine est peut-être morte, on a cessé les spectacles à Paris 1 ; nous ne savons plus quand nous jouerons . Nous ne manquerons pas d'avertir à l'avance notre cher corsaire . Tout ce que je puis lui dire c'est que Mme de La Harpe lui fera grand plaisir .
Mille tendres compliments . »
1 La dauphine Marie-Josèphe est morte le 13 mars 1767, mais déjà les 9 et dix mars avaient été déclarés jours de prière pour son rétablissement . V* dut écrire cette lettre le lendemain de sa mort , qui est un samedi .
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Jos%C3%A8phe_de_Saxe_...)
17:44 | Lien permanent | Commentaires (0)
j’espère même que les principaux magistrats de votre province, justement indignés contre les manœuvres du procureur général , agiront auprès de leurs amis
... Avis aussi au Garde des Sceaux M. Dupond-Moretti ... ?
« A François-Louis-Henri Leriche
14 mars 1767
Le parlement de Besançon doit être très flatté, monsieur, que la cour ne l’ait pas cru persécuteur, et je suis persuadé que le parlement de Dijon montrera bien qu’il ne l’est pas ; j’espère même que les principaux magistrats de votre province, justement indignés contre les manœuvres du procureur général 1, agiront auprès de leurs amis de Dijon. Pour moi, quoique sans crédit, j’y ferai tous mes faibles efforts.
M. l’avocat Arnould est l’homme le plus propre à bien servir Fantet 2. Il faut qu’il s’adresse à cet avocat, à qui j’écrirai dès que j’aurai appris que Fantet est à Dijon. Je vais écrire à quelques amis que j’ai dans ce pays-là, et même à M. le premier président 3. Ma recommandation auprès du président de Brosses ne serait pas bien reçue ; il a mieux aimé profiter de ma bonne foi, en me vendant sa terre de Tournay à vie, que de mériter mon amitié par des procédés généreux ; mais j’ai le bonheur d’avoir pour amis des hommes qui ont plus de crédit que lui dans le parlement.
Vos bontés pour Fantet redoublent, monsieur, l’attachement que je vous ai voué. Ne pourrai-je point avoir la consolation de vous posséder quelques jours dans ma retraite ? »
1 Doroz. (Georges Avenel ) ; voir lettre à d'Alembert du 16 de septembre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/12/20/il-broutera-desormais-ses-chardons-et-voila-du-moins-cet-ane-6356165.html
2 Voir lettre du 4 août 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/10/30/on-dit-que-dans-votre-pays-on-fait-le-mal-assez-vite-et-qu-o-6346840.html
3 Fyot de La Marche..
14:29 | Lien permanent | Commentaires (0)
24/08/2022
Dans l'incertitude où je suis
... je renouvelle mon appel à nouvelles de Mam'zelle Wagnière-LoveVoltaire disparue d'Overblog depuis le 13 juin, elle qui est un modèle de fidélité exemplaire pour la mise en ligne de l'oeuvre de Voltaire . SVP , je suis plus qu'inquiet ;
« A Jacques Lacombe
Libraire
Quai de Conti
à Paris
Dans l'incertitude où je suis, monsieur, si on jouera Les Scythes, et dans la confiance que j'ai en vous, je vous envoie cette tragédie . Elle réussira plus auprès des Français que les héros romains . Il y a de l'amour comme dans l’opéra-comique, et c'est ce qu'il faut à vos belles dames . M. le duc de Choiseul et M. le duc Praslin ont déjà vu cet ouvrage, que l'auteur leur a dédié du pied du mont Caucase , ainsi les censeurs ne peuvent vous faire aucune difficulté . Je suis même si persuadé de l’amitié de M. Marin que c'est à lui que j'adresse la pièce pour vous être remise . Je vous prie de vouloir bien me mander par quelle voie et à quelle adresse vous me faites parvenir l'Histoire d'Italie 1 .
Voudriez-vous bien me marquer tout ce que vous savez de particulier touchant Bélisaire 2. Vous me ferez plaisir de donner 3 un honoraire de vingt-cinq louis d'or sur votre édition, si la pièce a quelque succès .
Je vous embrasse à mon ordinaire sans cérémonie, aimant beaucoup mieux votre amitié que les compliments .
V.
14è mars 1767 .
1 Voir lettre du 7 février 1767 à Lacombe : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/06/15/je-n-ai-pu-vous-remercier-de-votre-almanach-ni-le-lire-6387084.html
2 L'affaire Bélisaire de Marmontel : https://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A9lisaire_(Marmontel)
3 A Lekain .
08:43 | Lien permanent | Commentaires (0)
23/08/2022
vale et ride
... Sans plus, sans moins !
« A Pierre-Michel Hennin
en son hôtel
à Genève 1
La représentation des Scythes ne sera que pour samedi . Monsieur le Résident est supplié de vouloir bien donner au porteur toutes les guirlandes de fleurs qu'il pourra .
M. de Bournonville n'en a pas semé sur nos pas, mais nous pourrons bien en avoir sans lui .
Tâchez aussi , je vous en prie, de nous envoyer le volume que vous avez fait relier dans lequel se trouve l'épître de ce fanatique abbé de Rancé 2 à ses sots moines .
N. B. – Il se pourrait bien faire que la pièce ne fût jouée que de demain en huit, au lieu d'aujourd'hui en huit . Cela sera, je crois, plus commode pour vous . Je vous prie de le dire à mon cher corsaire .
Adieu, monsieur, vale et ride 3.
Samedi [14 mars 1767] au matin à Ferney . »
1 L'édition Correspondance inédite, 1825, date, comme les autres éditions, du 15 mars 1769 ; en fait la date se déduit, en général des diverses allusions, et plus précisément de la réponse de Hennin à V* du 16 mars 1767 qui fait totalement allusion à la Lettre de l'abbé de Rancé .
2 Sur cette Lettre de l'abbé de Rancé à un ami, écrite de son abbaye de la Trappe, 1765 ; de Nicolas-Thomas Barthe, voir lettre du 16 mars 1767 à Chabanon : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/04/correspondance-annee-1767-partie-22.html
3Porte-toi bien et ris .
09:32 | Lien permanent | Commentaires (0)
Puisse la France imiter bientôt la Russie et la Pologne
... Un peu de provoc' par ce titre !
Ce voeu idéaliste du XVIIIè siècle n'est plus d'actualité, désormais un pur voeu pieux .
Il est bien évident qu'on ne doit absolument pas imiter un Poutine et ses sbires, dans le même temps qu'on est en droit d'accueillir, ou au moins aider, des Ukrainiens comme le fait la Pologne : https://www.lesechos.fr/monde/europe/guerre-en-ukraine-la...
« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin
14è mars 1767
Le diable est déchaîné, mon cher ami ; et quand on n’est pas aussi fort que l’archange Michel, qui le battit si bien, il faut faire une honnête retraite. Il est très-prudent à vous de ne point envoyer à Dijon des armes offensives qui pourraient tomber entre les mains des ennemis . Il faut attendre qu’il y ait une trêve, pour avoir des correspondances sûres.
Je trouve qu’on fait beaucoup d’honneur au parlement de Besançon, en avouant qu’il n’est pas persécuteur ; mais je crois qu’on se trompe en regardant comme tel le parlement de Dijon. J’espère que Fantet 1 y sera traité aussi favorablement qu’il l’aurait été dans votre province.
J’écrirai à des amis qui prendront sa défense . Avertissez-moi quand Fantet sera à Dijon, et quand il faudra agir . J’y mettrai tout mon savoir-faire. J’ai la main heureuse . L’affaire des Sirven prend le train le plus favorable ; et, quoi qu’on en dise et quoi qu’on fasse, la raison et l’humanité l’emportent sur le fanatisme. Puisse la France imiter bientôt la Russie et la Pologne. L’impératrice de Russie et le roi de Pologne me font l’honneur de m’écrire de leur main qu’ils font tous leurs efforts pour établir la plus grande tolérance dans leurs États . Ils poussent l’un et l’autre la bonté jusqu’à me dire que mes faibles écrits n’ont pas peu contribué à leur inspirer ces sentiments. Ma patrie ne va pas encore jusque-là ; mais la dernière aventure du bureau de Collonges 2 prouve assez les progrès de la raison.
On aura soin, mon cher ami,de vous payer pour vos déboursés . Tâchez de faire parvenir des Honnêtetés 3 à M. Leriche, et quelques Questions 4. Mille tendres amitiés. »
1 Libraire de Besançon, poursuivi juridiquement pour avoir vendu quelques ouvrages philosophiques.
2 L’affaire Le Jeune.
3 Les Honnêtetés littéraires ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/125
4 Les Questions de Zapata , dont la publication est attestée à partir du 4 mars 1767 ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/183
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22/08/2022
Quoi ! nous t’avons en paix reçu dans ma patrie
... A combien de chefs d'Etats et de gouvernements peut-on dire cela en France ? Combien de fieffés sal..ards a-t-on dû ménager pour ne pas en venir à la guerre ? Trop, beaucoup trop et ce ne sont pas nos présidents de la République, grands avaleurs de couleuvres, qui diront le contraire . Et ce n'est pas demain la veille que ça changera . Au fait, bon voyage en Algérie !
« A Charles-Augustin Ferriol , comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
13è mars 1767 1
Mes anges et M. de Thibouville sauront donc que M. d’Hermenches vient de jouer Athamare à Lausanne avec un très grand succès . Et qui est M. d’Hermenches ? Un major suisse 2, qui a beaucoup d’esprit et qui a une femme très aimable, laquelle a joué très bien Obéide. Nous jouons sur le théâtre de Ferney dans quatre jours . On donne les Scythes à Genève, on les donne à Lyon . Messieurs de Paris, faites comme il vous plaira.
Je me suis aperçu qu’il y avait deux fois dangereux en trois vers, page 13, dans le rôle d’Hermodan :
D’aucun soins dangereux sa paix n’est altérée.
Corrigez :
Jamais de tristes soins sa paix n’est altérée.
La franchise, qui règne en nos déserts heureux,
Fait mépriser ta cour et ses fers dangereux.3
Acte quatrième, scène de l’embaucheur 4 .
Il faut absolument ôter ce vers :
Nous te traitons en frère, et ta férocité, 5
etc.
On dit beaucoup, au cinquième acte, que les Scythes sont féroces ; il ne faut pas qu’on dise, au quatrième acte, que les Persans sont féroces aussi;voici comme nous avons corrigé :
Quoi ! nous t’avons en paix reçu dans ma patrie,
Ton accueil nous flattait, notre simplicité
N’écoutait que les droits de l’hospitalité,
Et tu veux me forcer dans la même journée, etc. 6
M. de Thibouville est prié d’ajouter à toutes ses bontés celle de faire porter sur les rôles ces petites corrections.
J’ai envoyé à Lekain un résumé de tous les changements, afin qu’il les confronte.
N. B. Il se pourrait qu’on crût que ce vers, dans le premier acte :
Dans le secret du cœur ne puisse entretenir 7 »
1 La seconde feuille manque, d'où l'absence de la fin de lettre .
2 Constant d’Hermenches ; voir lettre du 10 mars 1767 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/08/20/puisse-je-vous-revoir-encore-une-fois-6397043.html
3 Ces vers seront encore modifiés dans l'acte I, scène 3 .
4 V* voit son héros Athamare sous les traits d'un sergent recruteur suisse ; on est à la scène 2 de l'acte IV.
5 Vers effectivement supprimé .
6 Acte IV, scène 2 des Scythes .
7 Le reste de cette lettre manque.
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