10/02/2023
on a fait tout ce qu'on a pu pour profiter de ses observations judicieuses
... Déclaration du Sénat avant délibération avec le Parlement, pour Elisabeth Borne, à propos du projet de loi concernant les retraites . 49-3 ? ou pas ?
« A Henri-Louis Lekain
17 juillet 1767
Mon cher ami, je reçois votre lettre du 8 de juillet. J'attends tous les jours l'édition des Scythes, faite à Lyon, pour vous l'envoyer, c'est la seule à laquelle on doive se tenir. Elle est faite entièrement selon les vues de M. d'Argental , on a fait tout ce qu'on a pu pour profiter de ses observations judicieuses. Il est vrai que le rôle que vous voulez bien jouer dans cette pièce ne convient pas tout à fait à vos grands talents, et n'a pas ce sublime et cette terreur que vous savez si bien mettre sur la scène. Athamare est un très jeune homme, amoureux, vif, pétulant dans sa tendresse, un jeune petit cheval échappé, et puis c'est tout. Il est fait pour un petit blondin nouvellement entré au service. Mais vous savez vous plier à toute sorte de caractères.
Si vous jouez le Droit du seigneur, comme je l'espère, je donne le rôle d'Acanthe à Mlle Doligny, celui de Colette à Mlle Luzy, celui du fermier Mathurin à M. Montfoulon ; ce sont les dispositions que M. d'Argental a faites lui-même.
A l'égard d'Olympie, je suis persuadé que cette pièce, remise au théâtre, vous vaudra quelque argent mais il est absolument nécessaire de la jouer comme je l'ai faite, et non pas comme Mlle Clairon l'a défigurée, elle a cru devoir sacrifier la pièce à son rôle, supprimer et changer des vers dont la suppression ou le changement ne forme aucun sens. On a surtout dépouillé le cinquième acte de ce qui en faisait toute la terreur et l'intérêt. Une actrice assez bonne, qui a joué Olympie à Genève, ayant restitué tous les endroits supprimés ou altérés par Mlle Clairon, a eu un succès si prodigieux que la pièce a été jouée six jours de suite.
Si vous jouez l'Orphelin de la Chine 1, je vous prie très instamment de la donner aussi telle qu'elle est imprimée dans l'édition des Cramer. Vous devez avoir cette édition et, si vous ne l'avez pas, elle est chez M. d'Argental.
Voici encore un petit mot pour l'Écossaise, que je vous prie de donner à l'assemblée. Nous allons ce soir jouer L'Orphelin de la Chine. M. de Chabanon et M. de La Harpe travaillent pour vous de toutes leurs forces. J'aurai du moins le plaisir de voir mes amis soutenir le théâtre auquel mon grand âge, mes maladies, et peut-être encore plus mes ennemis, me forcent de renoncer. Je vous embrasse de tout mon cœur.
V.»
1 Cette pièce ne fut reprise que le 11 janvier 1769.
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09/02/2023
Ayez la bonté de me donner une note des prix . Je vous enverrai une lettre de change sur-le-champ
... Lettre du gouvernement aux grandes surfaces ?
« A Jacques Lacombe, Libraire
Quai de Conti
à Paris
17è juillet 1767, à Ferney
Si vous pouvez, monsieur, m'envoyer par la poste Le Siècle littéraire de Louis XIV de M. d'Aquin 1 je vous serai très obligé ; vous avez imprimé je crois, un Dictionnaire raisonné de l'histoire naturelle 2. Vous pourriez me le faire tenir par la même voie dans un second envoi .
Voudriez-vous bien aussi faire mettre à la diligence de Lyon le Tableau de l'histoire moderne 3en trois volumes .
L'Essai sur le nombre des hommes 4.
L'Histoire de la comtesse Mathilde 5.
Les voyages de Cyrus de Ramsay 6.
L'Histoire des troubles de France, ou l'Esprit de la Ligue 7.
Les Anecdotes sur la constitution 8.
Agrippa, De vanitate scientiarum 9.
Les Anecdotes littéraires de l'abbé Raynal 10.
Les éloges prononcés dans les différentes académies par Fontenelle 11, Mairan 12, Boze 13, Fréret 14, Le Beau 15 et Fouchy 16.
Les Œuvres de Boindin 17.
On dit qu'il y a un Dictionnaire historique et critique en huit volumes 18. Je voudrais l'avoir . J'ai déjà celui de l'abbé Ladvocat 19, et le Dictionnaire historique portatif par une société de gens de lettres en quatre volumes in-8° 20. Savez-vous qui sont les auteurs de ce dernier ouvrage ?
Ayez la bonté de me donner une note des prix . Je vous enverrai une lettre de change sur-le-champ.
Voyez, mon cher monsieur, si vous pouvez me faire tous ces petits plaisirs que je vous demande . Vous avez très bien fait de ne pas réimprimer Les Scythes . Je les ai beaucoup retravaillés . J'en fais faire une petite édition nouvelle à Lyon seulement pour donner à mes amis . Vous en aurez des premiers et le tout sans compliment.
V. »
1 Pierre-Louis d'Aquin de Château-Lyon : Le Siècle littéraire de Louis XIV, 1753 . Le Louis XIV de V* est un lapsus . En marge, Lacombe a porté le prix , « 2.10s »
2 Peut-être M.D.L.C.D.B. [ François-Alexandre Aubert de La Chesnaye Des Bois], Dictionnaire raisonné et universel des animaux, 1759.
3 Guillaume-Alexandre Chevalier de Méhégan, Tableau de l'histoire moderne, depuis la chute de l'empire d'Occident jusqu'à la prise de Westphalie, 1766 .
4 Robert Wallace, Essai sur la différence du nombre des hommes dans les temps anciens et modernes [trad. Élie de Joncourt], 1754 . Catalogue Ferney, dans la marge « 2,5 » et « R »,ce qui signifie certainement relié.
5Probablement Francesco Maria Fiorentini, Memorie della gran contessa Matilda, 1756 ; dans la marge « 4 ».
6 Andrew Michaël Ramsay , Les Voyages de Cyrus, 1727 ; dans la marge « 4R » et « ici »
7 Louis-Pierre Anquetil, L'Esprit de la Ligue, 1767 ; dans la marge « 7, 10 R ».
8 Joseph-François Bourgoing de Villefore, Anecdotes , ou Mémoires secrets sur la constitution Unigenitus, 1730-1733 ; dans la marge « 6R, 3V » (six volumes reliés en trois .)
9 On n'avait publié aucune édition récente de cet ouvrage . Néanmoins, Lacombe note en marge « I, 15R »
10 Guillaume-Thomas-François Raynal, Anecdotes littéraires, 1750 ; Lacombe note en marge « 2 vol, 5 # » ; cela signifie que Lacombe avait en vue une édition antérieure ; seules les éditions de 1750 sont en deux volumes, alors que les éditions de 1752 et de 1756 en comportent trois .
11 Bernard Le Bovier de Fontenelle, Histoire du renouvellement de l'Académie royale des sciences en 1769, et les éloges historiques de tous les académiciens morts depuis ce renouvellement, 1708. l'édition la plus récente était Éloges des académiciens de l'académie royale des sciences, 1766.
12 Voir lettre à Dortous de Mairan du 10 janvier 1748 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1748-partie-1-104025495.html
13 Claude Gros de Boze et Claude-Pierre Goujet, Histoire de l'académie royale des inscriptions et belles-lettres depuis son établissement, 1718-1773.
14 On ne connaît aucun éloge composé et publié par Nicolas Fréret .
15 Charles Le Beau publia une demi-douzaine d’Éloges, mais aucun n'est mentionné dans le Catalogue Ferney .
16 Jean-Paul Grandjean de Fouchy, Éloges des académiciens de l'Académie royale des sciences depuis l'an 1744, 1761.
17 Nicolas Boindin, Œuvres, 1733 ; dans la marge « 5# ».
18 Pierre Barral et autres, Dictionnaire historique, littéraire et critique, 1758-1759 ; l’ouvrage est en six volumes ; dans la marge « 33# ».
19 Jean-Baptiste Ladvocat, Dictionnaire historique portatif, 1752 ; le Catalogue Ferney mentionne seulement l'édition de 1777.
20 Sur cet ouvrage de Mayeul-Chaudon, voir lettre du 15 juillet 1767 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/03/13/c-est-un-tissu-de-calomnies-si-long-et-si-odieux-qu-il-faut-bien-enfin-y-me.html
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08/02/2023
On ne plaint point son argent pour avoir un Opéra-Comique, et on le plaindra pour avoir des aqueducs dignes d'Auguste
... On ne plaint point son argent pour les chaines payantes et les places de stade pour le foot et les footeux millionnaires et on râle pour l'installation d'éoliennes et parcs photovoltaïques . On a des priorités d'égoïstes imbéciles . On en crèvera .
« A Antoine Deparcieux
Au château de Ferney, par Genève, le 17 juillet 1767 1
Vous avez dû, monsieur, recevoir des éloges et des remerciements de tous les hommes en place ; vous n'en recevez aujourd'hui que d'un homme bien inutile, mais bien sensible à votre mérite et à vos grandes vues patriotiques 2. Si ma vieillesse et mes maladies m'ont fait renoncer à Paris, mon cœur est toujours votre concitoyen. Je ne boirai plus des eaux de la Seine, ni d'Arcueil, ni de l'Yvette, ni même de l'Hypocrène ; mais je m'intéresserai toujours au grand monument que vous voulez élever. Il est digne des anciens Romains, et malheureusement nous ne sommes pas Romains. Je ne suis point étonné que votre projet soit encouragé par M. de Sartines. Il pense comme Agrippa mais l'Hôtel de Ville de Paris n'est pas le Capitole. On ne plaint point son argent pour avoir un Opéra-Comique, et on le plaindra pour avoir des aqueducs dignes d'Auguste. Je désire passionnément de me tromper. Je voudrais voir la fontaine d'Yvette former un large bassin autour de la statue de Louis XV. Je voudrais que toutes les maisons de Paris eussent de l'eau, comme celles de Londres. Nous venons les derniers en tout. Les Anglais nous ont précédés et instruits en mathématiques, les Italiens en architecture, en peinture, en sculpture, en poésie, en musique; et j'en suis fâché.
J'ai l'honneur d'être, avec l'estime infinie que vous méritez, et avec la reconnaissance d'un concitoyen, monsieur, votre, etc. »
1 Édition Épîtres, satires, contes, odes et pièces fugitives, .
2 Antoine Deparcieux, né le 28 octobre 1703, à Cessous, diocèse d'Uzès, associé de l'Académie des sciences depuis 1746, mort le 2 septembre 1768, avait publié des Mémoires sur la possibilité et la facilité d'amener auprès de l'Estrapade à Paris les eaux de la rivière d'Yvette, 1763, in-i". Il a donné un Troisième Mémoire sur le projet d'amener l'Yvette d Paris, 1768, in-12. ( note de édition Garnier )
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Deparcieux_(1703-1768)
et : https://www.ifpass.fr/leblogdesexperts/antoine-deparcieux-pere-de-lactuariat-moderne
Deparcieux, un physiocrate, a envoyé à V* son Second mémoire sur le projet d'amener à Paris la rivière d'Yvette, , ou même un premier exemplaire du Troisième mémoire sur le projet d'amener l'Yvette à Paris, 1768 dont il a lu le texte à l'Académie des sciences en 1767, ou encore les Analyses comparées des eaux de l'Yvette, de Seine, d'Arcueil, de Ville-d'Avray, de Sainte-Reine et de Bristol, imprimées à la suite du second mémoire sur le projet d'amener à Paris la rivière d'Yvette, lu à l'assemblée publique de l'Académie royale des sciences, le mercredi 12 novembre 1766; sur ce dernier ouvrage, voir la Correspondance littéraire, VII, 398 .
Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9661863h/texteBrut
et : https://vieux-marcoussis.pagesperso-orange.fr/Chroniques/yvette1.htm
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07/02/2023
Comment au moins ne lui impose-t-on pas silence?
... Oui, comment ne pas clouer le bec des va-en-guerre syndicalistes et politicards qui gonflent le nombre de leurs sympatisants et manifestants ? En n'oubliant pas de rectifier les dires des autorités qui ne sont pas infaillibles .
Retour à la réalité , ça ne mange pas de pain : https://www.francebleu.fr/infos/societe/reforme-des-retra...
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
Je crois que M. de Courteilles est à la campagne, pardonnez-moi si je vous adresse ce paquet pour Lekain.
J'écris donc à M. d'Aguesseau, puisque vous l'ordonnez.
L'affaire de La Beaumelle est grave. C'est un monstre. Lavaysse le père a été assez affligé qu'il ait séduit sa fille. Il est l'éditeur des lettres affreuses imprimées sous mon nom. Mais comment souffre-t-on qu'il traite Louis XIV, le régent et le duc de Bourbon d'empoisonneurs? Comment au moins ne lui impose-t-on pas silence? Ah mon cher ange, qu'il y a des gens de lettres indignes de ce nom ! Cela empoisonne la fin de ma vie.
17è juillet [1767]· »
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06/02/2023
Je vous prie de me dire pourquoi les offres n'ont pas été jugées réelles
... Tout simplement parce que plusieurs milliers d'amendements pour contrer une loi nécessaire sont la preuve d'une énorme vacuité de raison, le "NAAANNN" d'un gamin boudeur . Aucun esprit constructif dans ces lamentables oppositions .
« A Joseph-Marie Balleidier, Procureur
à Gex
Vous n'avez que trop raison, monsieur, M. Arnoult est parent du sieur Vachat ; on a fait juger que les offres que vous aviez faites n’étaient point réelles . Mme Denis est condamnée aux frais qui se montent à trois louis d'or .
On me mande qu'il faut que je donne les cent quarante quatre et les trois louis d'or, ce qui se monte à neuf louis d'or . Je vous prie de dire sur-le-champ à M. Nicod qu'il porte les neuf louis d'or à Vachat, qu'il en tire une quittance, et qu'il me l’envoie ou qu'il me l'apporte . Je vous serai très obligé .
Votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire .
16è juillet 1767 à Ferney.1
Je vous prie de me dire pourquoi les offres n'ont pas été jugées réelles. »
1 Balleidier a écrit sur le manuscrit : « A conserver pour raison. »
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05/02/2023
La chapelle de la Gloire, et la farce de Navarre sont prêtes aussi
A l'égal des discussions parlementaires menées par l'opposition, et des rodomontades des syndicats, également en manque de cotisants . Leurs réclamations vindicatives sont exagérées et donc futiles . S'opposer ne doit pas être fait sans réflexion au long terme .
« A Gabriel Cramer
[juillet 1767] 1
Mon cher ami, Le Siècle de Louis XIV est tout prêt 2 . Il est entièrement changé . Nous commençons par tous les princes de la maison royale, et tous les princes contemporains, des généraux, des ministres, et enfin de tous ceux qui se sont signalés dans les arts . Ce dernier catalogue est augmenté d'un tiers . Le corps de l'ouvrage est aussi fort augmenté . Mon âge et mon amitié vous pressent . Je crois que vous ferez aisément entrer le livre en France .
La chapelle de la Gloire, et la farce de Navarre sont prêtes aussi et à vos ordres 3 . »
1 Pour la date, voir les notes suivantes et la lettre suivante à Cramer ; voir aussi S. S. B. Taylor « Voltaire's L'Ingénu, the Huguenots and Choiseul »
2 Allusion à l'édition de 1768 de cet ouvrage .
3 Il s'agit ici de la préparation du volume V des Nouveaux mélanges, 1768.
« A Gabriel Cramer
[juillet 1767]
Voici Caro quelques additions pour la liste des auteurs qui ont fleuri sur 1 Louis XIV . L'ouvrage grossit sous mes mains . J'espère qu'il sera vrai, curieux et utile . Voilà ce qu'il vous faut .
Faites-moi renvoyer la dernière feuille . Elle était pleine de transpositions .
N. B. – L'Ingénu vaut mieux que Candide, en ce qu'il est infiniment plus vraisemblable . J'en ai à votre service 2. »
1 Lapsus pour sous.
2 Ceci signifie que L’Ingénu ( Utrecht [Genève] 1767 ) n'a pas été publié chez Cramer . Le premier témoignage daté de la publication de ce roman est fourni par une lettre de d’Alembert du 21 juillet 1767, d'où la date de la présente lettre . Noter qu'une fois de plus, la correspondance ne fournit pas de renseignement direct sur l'élaboration du conte .
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04/02/2023
c'est un tissu de calomnies si long et si odieux qu'il faut bien enfin y mettre ordre
... Il serait grand temps que les saloperies , je dis bien les saloperies de Cyril Hanouna cessent d'être déversées larga manu sur un public décérébré qui le porte au nues . Les millions accordés à ce minable et grossier personnage, modèle de lâcheté devant ses "invités", et sa bande de prétendus chroniqueurs , encouragent la décadence ; pour être riche et célèbre, brassez des ordures, couvrez-en le monde et vendez les . Hanouna , ce ne sont pas seulement Les Mains Sales que tu incarnes, tu es ordurier, c'est impardonnable .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
15 juillet 1767
Je reçois votre lettre angélique du 10 juillet, mon tendre et respectable ami . Vous aurez bientôt ces malheureux Scythes ; mais je crois qu'il faut mettre un intervalle entre les sauvages de l'Orient et les sauvages de l'Occident . Je persiste toujours à penser qu'il faut laisser le public dégorger Les Illinois ; je pense encore qu'une ou deux représentations suffiront avant Fontainebleau . Faisons-nous un peu désirer et ne nous prodiguons pas .
Je suis sans doute plus affligé que le petit Lavaysse ; mais comment voulez-vous que je fasse ? J'ai affaire à un d’Éon et à un Vergy 1, et je ne suis pas ambassadeur de France . Je suis persécuté depuis longtemps par mes chers rivaux les gens de lettres ; c'est un tissu de calomnies si long et si odieux qu'il faut bien enfin y mettre ordre . Il y a plus de douze ans que ce La Beaumelle me persécute et me fait le même honneur qu'à la maison royale . Il y a plus de sûreté à s'attaquer à moi qu'aux princes ; si j'étais prince, je ne m'en soucierais guère, mais je suis un pauvre homme de lettres sans autre appui que celui de la vérité ; il faut bien que je la fasse connaître, ou que je meure calomnié . Il ne s'agit pas ici de La Défense de mon oncle, qui est une pure plaisanterie, il s'agit des plus horribles postures dont jamais on ait été noirci.
Je serai assez hardi pour écrire à M. d'Aguesseau, puisque vous m'encouragez, mon cher ange, et je tâcherai de ne lui écrire que des choses qui pourront lui plaire et le toucher 2.
La Harpe ( Dieu merci) ne fait point deux tragédies, mais il a abandonné un sujet presque impraticable pour un autre où il est plus à son aise. En un mot, mon atelier aura l'honneur de vous servir.
Lacombe n'a donné que deux cents francs à cause des petits frais qu'il a été obligé de faire .
Je ne me souviens plus des deux rôles que vous voulez que je donne pour Le droit du seigneur 3. Si vous voulez bien avoir la bonté de m'envoyer les noms, je signerai sur-le-champ 4.
Je vous avoue que je voudrais bien qu'on jouât Olympie une ou deux fois avant Fontainebleau mais qu'on la jouât comme je l'ai faite, car il est assez dur de se voir mutiler. Il est vrai que je ne le vois point, mais je l'entends dire, et je reçois la blessure par les oreilles. Vous savez que les oreilles d'un poète sont délicates. Toute notre petite troupe vous présente ses hommages, ainsi qu'à madame d'Argental.
Je crois M. de Thibouville à la campagne. S'il vient à Paris, je vous supplie de ne me pas oublier auprès de lui. Recevez toujours mon culte de dulie.
Je viens d'acheter un Dictionnaire historique portatif , par une société de gens de lettres, en quatre gros volumes in-8°, sous le titre d'Amsterdam, qu'on dit imprimé à Paris 5. Je tombe sur l'article « Tencin ». Madame votre tante y est indignement outragée. On y dit que La Freynaye, conseiller au grand-conseil, fut tué chez elle 6. Quels historiens ! quels Tite-Live ! Dites-moi, après cela, si je dois souffrir un La Beaumelle. Vous devriez bien demander à Marin où s'est faite cette infâme édition, et qui en sont les auteurs.
V. »
1Voir lettre 24 janvier 1765 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/04/08/je-me-gueris-moi-meme-par-le-regime-et-par-la-patience-et-jusqu-ici-je-m-en.html
2 Cette lettre dont il sera encore question dans celle du 17 juillet 1767 ne nous est pas parvenue.
3 Le Droit du seigneur ne fut pas repris, pas plus qu'Olympie dont il est question un peu plus loin .
4 Ce paragraphe et le précédent,biffés sur le manuscrit ont été omis dans l' édition de Kehl et les éditions suivants .
5 Il s'agit du Nouveau dictionnaire historique portatif [...] de Louis Mayeul-Chaudon et autres , par une société de gens de lettres, 1766, quatre volumes . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30407055.texteImage
6 L'article Tencin de ce dictionnaire est en effet fort injuste . On y dit que le bref rendant Mme de Tencin au monde avait été obtenu « par le crédit de Fontenelle » et sur de « faux motifs » . Des recherches récentes de Coynart ont au contraire démontré que Mme de Tencin avait protesté à temps, par devant notaire, de la contrainte qui lui avait été faite . Quant à La Fresnaye, il est vrai qu'il mourut chez elle d'une balle de pistolet;mais il semble qu'il ait choisi ce lieu pour se suicider dans l'intention délibérée de la compromettre .
Voir : http://siefar.org/dictionnaire/fr/Claudine-Alexandrine_Gu%C3%A9rin_de_Tencin
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