16/03/2023
Le faux prend la couleur de la vérité à laquelle il est mêlé . La calomnie se perpétue dans l'Europe si on ne prend soin de la détruire
... Ce serait presque satisfaisant si ça se limitait effectivement à l'Europe . Mais, diable, le monde entier est touché, le Net est son terreau .
« A Jacques Lacombe, Libraire
Quai de Conti
à Paris
7è auguste 1767 à Ferney 1
Je vous suis très obligé, monsieur, des livres que vous m'envoyez . Ils sont pour l'usage du jeune homme dont je vous avais parlé .
Il serait sans doute bien flatteur pour moi qu'un homme de lettres tel que vous, qui a bien voulu se donner à la typographie, entreprit la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV que j'ai consacré principalement à la gloire des belles-lettres et des beaux-arts. J'ai augmenté le catalogue raisonné des gens de lettres d'un grand tiers ; et j'ai tâché de détruire plus d'un préjugé et plus d'une fable qui déshonoreraient un peu l'histoire littéraire de ce beau siècle . J'en ai usé ainsi, dans la liste des souverains contemporains, des princes de sang, des généraux et des ministres . D’anciens recueils que j'avais faits pour mon usage, et que j'ai retrouvés, m'ont beaucoup servi . J'ai reçu de toutes parts depuis des années des instructions que je fais entrer dans le corps de l’ouvrage . J'ose enfin le regarder comme un monument élevé à l'honneur de la France . Il est très triste pour moi que cette édition ne se fasse pas en France ; mais vous savez que je suis plus près de Genève et de Lausanne que de Paris . L'édition est commencée . Ma méthode dont je n'ai jamais pu me départir est de faire imprimer sous mes yeux, et de corriger à chaque feuille ce que je trouve de défectueux dans le style . J'en use ainsi en vers et en prose . On voit mieux ses fautes quand elles sont imprimées .
Au reste , cette édition est principalement destinée aux pays étrangers . Vous ne sauriez croire quels progrès a fait notre langue depuis dix ans dans le Nord . On y recherche nos livres avec plus d’avidité qu'en France . Nos gens de lettres instruisent vingt nations tandis qu'ils sont persécutés à Paris , même par ceux qui osent se dire leurs confrères .
Quant au mémoire qui regarde les calomnies absurdes du sieur La Beaumelle, il était encore plus nécessaire pour les étrangers que pour les Français . On sait bien à Paris que Louis XIV n'a point empoisonné le marquis de Louvois ; que le Dauphin , père du roi, ne s'est point entendu avec les ennemis pour faire prendre Lille ; que Monsieur le duc, père de M. le prince de Condé d'aujourd'hui, n'a point fait assassiner M. Vergier . Mais à Vienne, à Bude, à Berlin, à Stokholm, à Petersbourg, on peut aisément se laisser séduire par le ton audacieux dont La Beaumelle débite ces abominables impostures . Ces mensonges imprimés sont d'autant plus dangereux qu'ils se trouvent aussi à la suite des lettres de Mme de Maintenon qui sont pour la plupart authentiques . Le faux prend la couleur de la vérité à laquelle il est mêlé . La calomnie se perpétue dans l'Europe si on ne prend soin de la détruire . Il est de mon devoir de venger l'honneur de tant de personnes de tout rang outragées, surtout dans des notes infâmes dont ce malheureux a défiguré mon propre ouvrage. J'étais historiographe de France lorsque je commençai Le Siècle de Louis XIV . Je dois finir ce que j'ai commencé , je dois laver ce monument de la fange dont on l'a souillé . Enfin , je dois me presser, ayant peu de temps à vivre .
Recevez, monsieur, les assurances de mon estime et de mon attachement .
V.
N. B. – Il me semble que vous pourriez mettre cette lettre dans votre Avant-Coureur en commençant à ces mots il serait sans doute .
M. Daquin dont je ne connaissais pas le livre ne m'a pas rendu justice en bien des choses, et surtout dans l'idée où il est que mes ouvrages ont fait ma fortune . Il se trompe beaucoup . »
1 Original, la fin autographe à partir de la formule, mention de service « de Genève » . Édition l'Avant-Coureur du 17 août 1767 ; Édition de Kehl ; l'une et l’autre incomplètes du premier paragraphe et de toutes la fin autographe, mais grossies d'une version abrégée de la lettre du 4 septembre 1767 .
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15/03/2023
plus ils travailleront, plus ils réussiront
... Et oui ! Ecoliers , étudiants et apprentis de toutes sortes, croyez-en Voltaire .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
7è auguste 1767
Mon cher ange, je vous crois actuellement à Paris, et j'ai bien des choses à vous dire sur le tripot. En premier lieu, les exemplaires de l'édition de Lyon 1 sont encore en chemin de Lyon à Ferney et, grâce à l'interruption du commerce, ils y seront encore longtemps. Sur votre premier ordre, j'écrirai au libraire de Lyon de faire partir les exemplaires au moins à l'adresse de M. le duc de Praslin.
Secondement, il faut que vous sachiez que Lekain m'écrit que M. le duc de Duras a perdu une petite distribution des rôles que j'avais envoyée, et qu'il en faut une seconde; mais, dans cette seconde, il me semble qu'on enfle un peu la liste des pièces destinées à Mlle Durancy. On demande pour elle Alzire, Électre, Aurélie, Aménaïde, Idamé, Zulime, Obéide. Je ferai sur-le-champ ce que vous aurez ordonné. Vous savez qu'il y a des contestations entre Mlle Durancy et Mlle Dubois.
Après le tripot de la comédie, vient celui de la typographie. Il me paraît que c'était à Lavaysse à mettre un frein aux horreurs dont son beau-frère est coupable, et que s'il n'a pu en venir à bout, c'est une preuve que ce beau-frère est un monstre incorrigible. Vous ne savez pas, mon cher ange, combien le reste de l'Europe est différent de Paris, et avec quelle avidité de telles calomnies sont recherchées , elles sont répétées par mille échos. Vous pouvez, ainsi que M. le duc de Praslin, mépriser les d'Éon et les Vergy. M. le prince de Condé peut dédaigner 2 un misérable qui traite son père d'assassin mais les gens de lettres ne sont pas dans une situation à négliger de pareilles atteintes. Il est assurément bien nécessaire de réprimer cet excès, parvenu à son comble. La vie d'un homme de lettres est un combat perpétuel.
Les jansénistes, d'un autre côté, sont devenus plus persécuteurs et plus insolents que les jésuites. On nous a défaits des renards, mais on nous laisse en proie aux loups. Ce sont des jansénistes qui ont fait ce malheureux Dictionnaire historique 3, où feu Mme de Tencin est si maltraitée.
Je reviens à la comédie. Vous allez avoir une nouvelle pièce 4, dont Lekain ne me parle pas. Je suis bien aise qu'il y ait quelques nouveautés qui fassent entièrement oublier les Illinois 5. Les nouveautés de MM. de Chabanon et de La Harpe ne seront pas de sitôt prêtes. Tant mieux; plus ils travailleront, plus ils réussiront. M. de Chabanon vous est toujours très attaché, maman 6 aussi, et moi aussi, qui vous adore. Mme d'Argental me boude, mais mettez-moi à ses pieds.
V. »
1 L'édition des Scythes, faite à Lyon par les soins de Bordes.
2 Dans sa réponse à la lettre du 20 juillet 1767 le prince de Coudé disait que l'ouvrage calomnieux dont lui parlait Voltaire ne pouvait mériter que le mépris.Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/03/16/cette-horreur-jointe-a-tant-d-autres-doit-certainement-etre-6433503.html
3 Celui de Mayeul-Chaudon ; voir lettre du 15 juillet 1767 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/03/13/c-est-un-tissu-de-calomnies-si-long-et-si-odieux-qu-il-faut-bien-enfin-y-me.html
4La tragédie de Cosroès, par Pierre-François-Alexandre Le Fèvre, fut jouée le 26 auguste 1767 et a eu dix représentations pour la première série . Pierre François-Alexandre Le Fèvre, né en 1741, est mort à la Flèche le 9 mars 1813. Voir : https://books.google.fr/books?id=gT5aAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
et : https://data.bnf.fr/16501580/pierre-francois-alexandre_lefevre/
5Sur Hirza ou les Illinois, voir lettre du 29 juillet 1767 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/03/22/meprisez-ces-sottises-laissez-vous-calomnier-laissez-nous-en-6434413.html
6 Mme Denis.
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14/03/2023
Elle verra qu'il s'agit des matières les plus graves, et non pas de vaines disputes littéraires
... Il est certain, Mme Borne, que la défense de quelques tas de terre, de "bassines", ne nécessite pas qu'on en arrive à faire des mutilés, ou pire, des morts . Quant aux organisateurs de manifestations illégales qu'ils commencent par vider de leurs rangs les "casseurs de flics". Gandhi ! ils sont tous fous !
« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha
A Ferney 5è auguste 1767
Madame,
Je crois devoir envoyer à Votre Altesse Sérénissime le mémoire authentique ci-joint . Elle verra qu'il s'agit des matières les plus graves, et non pas de vaines disputes littéraires . Elle plaindra peut-être un vieillard des soixante-quatorze ans obligé de repousser les calomnies d'un homme tel que La Beaumelle . Je la supplie aussi de se faire représenter la lettre que j’écris à M. Rousseau, conseiller de sa cour 1. Je me recommande aux bontés de la grande maîtresse des cœurs, et j'attends tout de l'équité et de la protection de l'auguste Princesse à qui je suis attaché depuis longtemps avec le plus profond respect .
Son vieux Suisse V. »
1 Cette lettre n'est pas connue.
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13/03/2023
Tous les lecteurs sont malins, et plusieurs sont bien sots, et la calomnie se perpétue
... C'est redoutablement vrai .
« A Gabriel-Henri Gaillard, de l'Académie
des belles-lettres etc. 1
5è auguste 1767 à Ferney
Mon cher confrère, il est juste qu'un historien qui aime la vérité autant que vous prenne un peu le parti d'un historien non moins véridique quoique moins éloquent . J'avais envoyé déjà le mémoire à monsieur le vice-chancelier . Ce n'est pas mon intérêt dont il s'agit ici , c'est l'honneur de la famille royale qu'on outrage avec une fureur dont il n'y a point d'exemple dans les temps de la ligue et de la fronde . C'est le père du roi à qui on ose imputer d'avoir trahi le royaume ; c'est son grand-oncle contre lequel on vomit des injures des halles . C'est son bisaïeul et son prédécesseur Louis XIV qu'on traite d'empoisonneurs ; c'est son oncle le régent dont on dit les mêmes horreurs ; c'est le père de Mgr le prince de Condé qu'on accuse d'être un assassin . Est-il possible qu'un La Beaumelle imprime impunément des impostures dont la moindre pouvait lui attirer le dernier supplice ? On réimprime toutes ces bêtises à Avignon, et on en fait un ornement du Siècle de Louis XIV !
En vérité , mon cher confrère, vous rendrez service aux lettres en faisant connaître à monsieur le chancelier l'excès de cette turpitude . Tous les lecteurs sont malins, et plusieurs sont bien sots, et la calomnie se perpétue .
M. de Chabanon et M. de La Harpe vous font les plus tendres compliments, aussi bien que Mlle Denis .
V. »
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12/03/2023
Je n'ai rien oublié de ce qui peut servir à l'honneur de ma patrie et à celui de la vérité
... Garde à vous ! Fermez le ban ! Rompez !
Les quatre ans à tenir/venir ne vont pas être marrants , au train où l'on va .
« A Etienne-Noël Damilaville
5 auguste 1767 1
Mon cher ami, Lacombe me mande qu'il imprime le mémoire 2 que je n'avais présenté qu'au vice-chancelier, aux ministres, et à mes amis. Je compte même en mettre un beaucoup plus grand et plus instructif à la tête de la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV. Cette nouvelle édition, consacrée principalement aux belles-lettres et aux beaux-arts, est augmentée d'un grand tiers. Je n'ai rien oublié de ce qui peut servir à l'honneur de ma patrie et à celui de la vérité. J'espère que cet ouvrage, aussi philosophique qu'historique, aura l'approbation des honnêtes gens. Mais si M. Lavaysse veut que ce monument, que je tâche d'élever à la gloire de la France, ne soit point souillé 3 par la réfutation des calomnies de La Beaumelle, il ne tient qu'à lui d'engager le libraire à en suspendre la publication, jusqu'à ce que celui qui a outragé si longtemps et si indignement la vérité et moi reconnaisse sa faute et s'en repente. Je ne peux qu'à ce prix abandonner ma cause ; il serait trop lâche de se taire quand l'imposture est si publique.
Je suis très affligé que le coupable soit le beau-frère de M. de Lavaysse mais je le fais juge lui-même entre son beau-frère et moi. Je vous prie de lui envoyer cette lettre, et de lui témoigner témoigner toute ma douleur.
Je vous embrasse bien tendrement.
V. »
1 Edition de Kehl .
2 Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/365
Sur ce mémoire, voir lettre Besterman, D 13358 . Pour sa part Wagnière écrit à Damilaville le 5 août 1767 que ce mémoire le « au désespoir » parce qu' « on a été puni pour ce dont on se plaint. »
3 Les éditions donnent ne soit point impri[mé avec […].
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11/03/2023
elles ne sont pas comme vous au-dessus de ces outrages. Plus vous êtes grande, plus vous êtes clémente.
... Comparons les élues , et Mme Elisabeth Borne : https://www.20minutes.fr/politique/4029596-20230325-renon...
« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha
A Ferncy, le 3 auguste 1767.
Madame,
Mon attachement pour Votre Altesse sérénissime, qui durera autant que ma vie, a réveillé, il est vrai, ma sensibilité à la vue d'une nouvelle édition de La Beaumelle, dans laquelle il renouvelle les insolences qu'il osa vomir, il y a plusieurs années, contre votre auguste maison. Plusieurs étrangers même s'en sont plaints à notre ministère. Il est bien surprenant qu'un tel homme ait eu la hardiesse d'écrire 1 à Votre Altesse sérénissime. On lui a fait parler par M. le marquis de Gudanes, commandant du pays de Foix, où il est exilé ; on a supprimé son édition, et on l'a menacé, de la part du roi, de le punir très sévèrement s'il écrivait avec une pareille licence. Les autres personnes intéressées n'ont pas été aussi indulgentes que vous, madame, parce qu'elles ne sont pas comme vous au-dessus de ces outrages. Plus vous êtes grande, plus vous êtes clémente. Il résulte de la lettre qu'on a daigné écrire à cet homme, en votre nom, qu'il partit de vos États avec une misérable servante 2 voleuse. Il appartient bien à un tel homme de parler des princes et de les juger ! Votre nom respectable est mêlé dans ses ouvrages à ceux de Louis XIV et de toute la maison royale, infiniment plus outragée que Votre Altesse sérénissime. De tous ceux qu'il a insultés, il n'a osé écrire qu'à votre personne, tant il a compté sur la bonté de votre caractère et sur votre clémence. Pour moi, je ne puis que garder le silence et ne point profaner votre nom par une justification qui est trop au-dessous de ce nom, qui m'est sacré. Cette petite affaire m'avait fait sortir de ma léthargie. Je me suis ranimé au bord de mon tombeau pour renouveler à Votre Altesse sérénissime les protestations de mon inviolable attachement et de mon profond respect.
Le vieux Suisse V. »
1 Le 18 juin. C'est le conseiller Rousseau qui lui répondit le 24 juillet, au nom de la duchesse .
2 Une gouvernante d'enfants, nommée Schwecker.
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10/03/2023
j'ai représenté à beaucoup de personnes en place l'atrocité des calomnies répandues
... En vain ?
« A François-Alexandre Gaubert-Lavaysse
3 auguste 1767 1
Il est très certain que j'ai reçu plusieurs lettres anonymes remplies d'injures et toutes au nom du sieur La Beaumelle, ou concernant sa conduite envers moi . J'ai envoyé la dernière au ministère 2. Je n'ai su que très tard que le sieur La Beaumelle avait eu l'honneur d’épouser la sœur de M. Lavaysse de Vidou . Cette alliance n'a pas empêché le sieur La Beaumelle de me joindre au nombre prodigieux de personnes qu’il a outragées de gaieté de cœur dans ses écrits . Il a fait faire depuis peu une nouvelle édition, où toutes ces insultes sont renouvelées . Il a outragé la maison de Saxe-Gotha, ainsi que toute la maison royale de France . J'ai écrit à un de mes amis que cet auteur avait étudié en théologie, qu'il avait été chassé de Copenhague et qu'il était parti il y a quelques années de Gotha avec une servante qui avait volé sa maîtresse, mais je n'ai point dit qu'il ait été complice du vol .
Il a écrit depuis peu à Gotha pour avoir une attestation, et voici le certificat qu’il a obtenu d'un conseiller de cour, du 24 juillet 1767 : « On se rappelle très bien que vous étiez parti avec la gouvernante des enfants d'une de Gotha, qui, après s'être rendue coupable de plusieurs vols, s'éclipsa furtivement de la maison de sa maîtresse, ce dont tout le public est pleinement instruit ici ; mais on n'a point dit que vous eussiez la moindre part à ces vols . »
Je ne l'ai point dit non plus ; mais j'ai représenté à beaucoup de personnes en place l'atrocité des calomnies répandues par le sieur La Beaumelle dans le Siècle de Louis XIV, falsifié par lui et chargé des notes les plus infâmes .
Quelques puissances étrangères intéressées dans ces impostures en ont marqué leur mécontentement au ministère de France, plusieurs personnes de la cour sachant que leur maison a été insultée par le même auteur . M. le marquis de Gudanes, commandant au pays de Foix, a été chargé de parler fortement au dit sieur La Beaumelle, sur cette licence dangereuse . Le seul parti qu'il avait à prendre était de se rétracter, de demander pardon et de se corriger . J’ai été attaché et je le suis encore à la famille de M. de Lavaysse . Elle doit sentir combien il a été douloureux pour moi d'avoir essuyé pendant douze années de suite les calomnies d'un homme qui est entré dans une famille considérée . Je ne puis me consoler qu'en pensant que le même homme a imprimé plus d'impostures contre nos princes et nos ministres que contre moi . Si M. de Lavaysse de Vidou avait pu trouver quelque manière de réparer ces horreurs dans la lettre qu'il m'a écrite, j'aurais embrassé de grand cœur le parti qu'il m'aurait proposé .
Je le supplie d'être persuadé que les outrages réitérés du sieur La Beaumelle n'ont point altéré les sentiments que je conserverai toujours pour M. de Lavaysse et pour toute sa famille .
J’ai l'honneur d'être son très humble et très obéissant serviteur
V. »
1 Édition Lauriol . Cette lettre ne figure pas dans l'édition Besterman .
2 Écrivant à Voltaire le 25 juin, Gaubert-Lavaysse a feint de blâmer sa sœur d'avoir pensé que V* pût être l'auteur des libelles et des dénonciations contre son beau-frère La Beaumelle . V* est embarrassé : sans avouer les faits, il se garde de les nier, et se contente de justifier ses attaques .
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