06/10/2022
Mon cher ami, vous aurez tout ce que vous demandez
..., ce qui est exagérément trop, alors M. Guéant, qu'allez-vous voler encore à la Nation ?"
Nous avons ici un ex-ministre particulièrement puant et malhonnête et qu'on peut s'indigner de voir encore en liberté ; il n'est pas seul dans son cas, mais ce n'est pas une raison pour qu'il passe entre les mailles du filet grâce à des avocats hors de prix : https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/comp...
« A Etienne-Noël Damilaville
13 avril [1767]
Mon cher ami, vous aurez tout ce que vous demandez . Mais il faut auparavant savoir si mon paquet vous a été rendu chez M. Gaudet . Il y a eu beaucoup de paquets perdus . Je n'ai point encor le ballot des mémoires de M. de Beaumont . Comme vous le voyez, je vis dans l'embarras et dans le chagrin , c'est-à-dire comme la plupart des hommes . Faites passer, je vous prie, mon cher ami, cette petite lettre à M. de Lambertad 1 . »
17:06 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je ne craindrais jamais mon père ou mon époux.
... Si seulement ces hommes étaient mieux éduqués : https://www.francetvinfo.fr/societe/violences-faites-aux-...
« A Marc-Antoine-Jean-Baptiste Bordeaux de Belmont
Nouveaux changements dans la tragédie des Scythes :1
Acte Ier, scène 1ère (édition des Cramer )
L'olivier à la main devant nous se présente , 2
corrigez :
Sur un coursier superbe à nos yeux se présente.
Même scène, mettez :
Son adorable fille est encore au-dessus.
De son sexe et du nôtre elle unit les vertus ;
Courageuse et modeste ; elle est belle et l’ignore .
Sans doute elle est d'un rang que chez elle on honore ;
Son âme est noble au moins, car elle est sans orgueil.
Simple dans ses discours, affable en son accueil
Sans avilissement à tout elle s’abaisse .
Etc.
Acte IId, scène 1ère (corrigez ainsi ) :
Obéide
Après mon infortune, après l'indigne outrage
Qu'a fait à ma famille, à mon âge, à mon nom
De l'immortel Cyrus un fatal rejeton,
De la cour à jamais, lorsque tout me sépare
Quand je dois tant haïr ce funeste Athamare,
Sans état , sans patrie, inconnue en ces lieux
Tous les humains, Sulma, sont égaux à mes yeux.
Tout m'est indifférent.
Sulma
Ah ! Contrainte inutile !
Est-ce avec des sanglots qu'on montre un cœur tranquille ?
Obéide
Hélas ! Veux-tu m'ôter en croyant m'éblouir
Ce malheureux repos dont je cherche à jouir ?
Au parti que je prends je me suis condamnée .
Va – si j'aime en secret les lieux où je suis née
Mon cœur doit s'en punir : il se doit imposer
Un frein qui le retienne, et qu'il n'ose briser .
N'en demande pas plus . Mon père veut un gendre,
Il ne l'ordonne point, mais je sais trop l'entendre .
Le fils de son ami doit être préféré.
Etc.
Acte IIIè, scène 1ère
commencez cette scène ainsi :
Athamare
Quoi ! C'était Obéide ! Ah ! J'ai tout pressenti .
Mon cœur désespéré m'avait trop averti .
C’était elle, grands dieux !
Hircan
Ses compagnes tremblantes
Rappelaient ses esprits sur ses lèvres mourantes .
Etc .
Même scène :
Elle aura rassemblé ces objets de terreur ;
Elle imite son père, et je lui fais horreur .
Hircan
Un tel saisissement, ce trouble involontaire
Pourraient-ils annoncer la haine et la colère ?
Croyez-moi, les sanglots sont la voix des douleurs
Et les yeux irrités ne versent point de pleurs .
Athamare
Ah ! Lorsqu'elle m'a vu, si mon âme surprise
D'une ombre de pitié s'était au moins éprise !
Si, lisant dans mon cœur, son cœur eût éprouvé
Un tumulte secret faiblement élevé !
Hélas ! S'il était vrai ! – tu me flattes peut-être,
Ami, tu prends pitié des erreurs de ton maître .
Qu'ai-je fait ? Que ferai-je , et quel sera mon sort ?
Mon aspect en tout temps lui porta donc la mort !
Etc.
Cette même scène doit finir ainsi :
Hircan
Oui, seigneur, Obéide
Marche vers la cabane où son père réside,
Je l'aperçois .
Athamare
Hélas ! Tâche de désarmer
Ce père malheureux que je n'ai pu calmer .
Des chaumes ! Des roseaux ! Voilà donc sa retraite !
Ah ! Peut-être elle y vit tranquille et satisfaite
Et moi …
etc.
Acte IIIè, scène 2de
Sa vertu t'est connue, elle est inébranlable .
Athamare
Elle l'est dans la haine, et lui seul est coupable .
Obéide
Tu ne le fus que trop, tu l'es de me revoir,
De m'aimer, d'attendrir un cœur au désespoir .
Destructeur malheureux d'une triste famille
Laisse pleurer en paix et le père et sa fille
Il vient . Sors .
Athamare
Je ne puis .
Obéide
Sors , ne l'irrite pas .
Athamare
Non, tous deux à l'envi donnez-moi le trépas .
Obéide
Au nom de mes malheurs, et de l'amour funeste
Qui des jours d'Obéide empoisonne le reste,
Fuis, ne m’outrage plus par ton fatal aspect .
Athamare
Juge de mon amour ; il me force au respect,
J'obéis – dieux puissants qui voyez mon outrage
Secondez mon amour, secondez mon courage !
(Il sort .)
Scène 3è
Sozame
Eh quoi ! Cet ennemi nous poursuivra toujours !
Il vient flétrir ici les derniers de mes jours !
Etc.
Même scène
J'ai fait depuis quatre ans d'assez grands sacrifices ;
S’il en fallait encor je les ferais pour vous
Je ne craindrais jamais mon père ou mon époux.
Je vois tout mon devoir –
etc.
Acte Ivè, scène 5è
Athamare
Il m'en coûte
D'affliger ta vieillesse et de percer ton cœur,
Ton fils eût mérité de servir ma valeur .
Hermodan
Que dis-tu ?
Athamare (à ses soldats )
Qu'on épargne à ce malheureux père
Le spectacle d'un fils mourant dans la poussière.
Fermez-lui ce passage .
Hermodan
Achève tes fureurs
(on a déjà envoyé toutes les corrections du cinquième acte )
Si monsieur de Belmont veut que la pièce lui produise quelque chose il faut qu'Obéide soit touchante et sache pleurer, qu'Athamare soit jeune, brillant , passionné, emporté, que les vieillards soient naturels, qu'Indatire soit naïf, vif et tendre avec Obéide, simple et fier avec son rival . Il faut que les confidents prennent part à l'action . La pièce est très difficile à jouer . Si monsieur de Belmont veut faire une nouvelle édition de la pièce, voici l'épître dédicatoire suivant l'édition de Paris . C'est un vieux Scythe qui lui écrit et qui lui fait ses compliments .
13è avril 1767 à Ferney. »
1 Edition Henri-Auguste Barckhausen : « Lettres et vers de Voltaire », Annales de la faculté de Lettres de Bordeaux, 1880 .
2 Sur le manuscrit, en face de cette ligne, on lit : « N. B. – L'olivier n'est point symbole en Perse, et s'il l'est on ne doit point dire : Viens-tu nous insulter ? » . A quoi Belmont a jouté : « Pourquoi avoir rétabli dans l'édition de Genève L'olivier à la main , etc. ? »
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05/10/2022
Ah ! mon Dieu ! peut-on me proposer d’établir une loi par laquelle on est obligé de se marier au bout de quatre ans ?
...
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
13 Avril 1767
Je supplie mes anges et M. de Thibouville de lire les nouveaux changements ci-joints. Il ne faut plaindre ni la peine de l’auteur, ni celle du libraire, ni celle des comédiens.
Pour engager le libraire à faire des cartons ou à faire une édition nouvelle, il ne donnera que trois cents livres à Lekain, et je lui donnerai les trois cents autres.
J’ose me persuader que mes juges, en voyant ce nouveau mémoire de leur client, me donneront cause gagnée.
Je ne sais pas pourquoi on a imprimé à Paris :
Nous marchons dans la nuit, et d’abîme en abîme.
Je vous assure que mon vers
Nous partons, nous marchons de montagne en abîme ,1
est beaucoup plus convenable aux voisins du mont Jura. Je vois de mes fenêtres une montagne, au milieu de laquelle se forment des nuages. Elle conduit à des précipices de quatre cents pieds de hauteur, et, quand on est englouti dans cet abîme, on trouve d’autres montagnes qui mènent à d’autres précipices. Je peins la nature telle qu’elle est et telle que je l’ai vue. Je vous demande en grâce de faire jouer les Scythes après Pâques, de n’en faire annoncer qu’une représentation, et d’en donner deux si le public les redemande, après quoi on les jouera à Fontainebleau.
Les papiers publics disent qu’on les reprendra à la rentrée ; il ne faut pas les démentir, ce serait avouer une chute complète ; les Frérons triompheraient. Lekain me doit au moins cette complaisance ; il pourrait bien retarder d’un jour son voyage de Grenoble.
J’avoue que le rôle d’Athamare ne lui convient point. Il faudrait un jeune homme beau, bien fait, brillant, ayant une belle jambe et une belle voix, vif, tendre, emporté, pleurant tantôt de tendresse et tantôt de colère ; mais comme il n’a rien de tout cela, qu’il y supplée un peu par des mouvements moins lents. Que mademoiselle Durancy passe toute la semaine de Quasimodo à pleurer ; qu’on la fouette jusqu’à ce qu’elle répande des larmes ; si elle ne sait pas pleurer, elle ne sait rien.
Ah ! mon Dieu ! peut-on me proposer d’établir une loi par laquelle on est obligé de se marier au bout de quatre ans ? Cela serait en vérité d’un comique à faire rire. Il n’est permis d’ailleurs de supposer des lois que quand il en a existé de pareilles. La loi de venger le sang de son mari, ou de son père, ou de son frère, a été connue de vingt nations ; celle de n’être reçu dans un pays qu’à condition qu’on s’y mariera ressemblerait à l’usage du château de Cutendre, où l’on n’entrait que deux à deux 2.
Dieu me préserve de charger d’aventures et d’épisodes la noble simplicité, si difficile à saisir, si difficile à traiter, si difficile à bien jouer .
Rendez-moi Mlle Lecouvreur et Dufrêne, je vous réponds bien du troisième acte. Le meilleur conseil qu’on m’ait jamais donné se trouve exécuté dans ces vers.
Va, si j’aime en secret les lieux où je suis née,
Mon cœur doit s’en punir, il se doit imposer
Un frein qui le retienne, et qu’il n’ose briser :
N’en demande pas plus…3
Je vous dirai de même : n’en demandez pas plus, ce serait tout gâter. J’ose vous répondre que, si les comédiens approchaient un peu de la manière dont nous jouons les Scythes à Ferney, s’ils avaient la vérité, la simplicité, l’empressement, l’attendrissement de nos acteurs, ils feraient fortune ; mais la même raison pour laquelle ils ne peuvent jouer ni Mithridate, ni Bérénice, ni tant d’autres pièces, leur fera toujours jouer les Scythes médiocrement. N’importe, je demande à cor et à cri deux représentations après Pâques . Si mon cher ange parvient à faire chasser le monstre qui déshonore la littérature depuis si longtemps, les gens de lettres lui devront une statue. Je demande pardon à M. Coqueley 4; mais un avocat plaide furieusement contre lui-même quand il se fait l’approbateur de Fréron : c’est se faire le recéleur de Cartouche. On le dit parent de M. le procureur-général : son parent devait bien lui dire qu’il se déshonorait. On ne connaît pas toutes les scélératesses de Fréron. C’est lui qui a répandu dans Paris la calomnie contre les Calas. Il a voulu engager un des gueux avec lesquels il s’enivre à faire des vers sur les prétendus aveux de la pauvre Viguière 5. Je suis bien fâché que la vérité se soit trop tôt découverte. Il fallait laisser parler et triompher les Frérons pendant quinze jours, et ensuite montrer leur turpitude. Les colombes n’ont pas eu la prudence du serpent 6.
Déployez vos ailes, mes anges, jetez le diable dans l’abîme, et tirez les Scythes du tombeau. Respect et tendresse.
V.»
1 Les Scythes , Act. I, sc. III.
2 La Pucelle , chant XII : https://fr.wikisource.org/wiki/La_Pucelle_d%E2%80%99Orl%C3%A9ans/12
3 Les Scythes , Acte II, sc. I.
4 Voir lettre du 10 avril 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/09/26/ils-commencent-a-n-aimer-que-les-tours-de-passe-passe-et-les-6403201.html
5 La servante des Calas .
6 Évangile selon Matthieu, X, 16 : https://www.aelf.org/bible/Mt/10
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04/10/2022
Ils ne sont occupés qu'à raisonner et à boire
...
« A Jean Le Rond d'Alembert
13 avril 1767 1
Je me suis douté, monsieur, que vous ne seriez pas content de l'étui de mathématiques . Il vient du cabinet d'un grand maître, mais les garçons ne valent pas le diable . Ils ne sont occupés qu'à raisonner et à boire . On travaille votre planétaire, Dieu sait quand il sera fini . Vous avez dû aussi être mal servi à Lyon . On n'y fera jamais bien que des étoffes . Je suis fâché que l'ouvrier Jean-Gorges ait refusé la besogne qu'on lui donnait à faire . Je ne le croyais pas si sage . Vous voyez qu'on corrige quelquefois les sots . J'espère que Fréron sera bientôt corrigé en qualité de sot et de pervers . Mais , puisque le gouvernement d’Angleterre fait une pension à Jean-Jacques, pourquoi le gouvernement de France n'en fait-il pas à Fréron ? Jean-Jacques est plus adroit qu'on ne pense : il a trouvé le secret de piquer l'honneur de lord Chatham, qui s'est fait un mérite de lui faire obtenir ce qu'il n'avait pu avoir par le moyen d'un Écossais .
Dieux qui le connaissez,
Est-ce donc la vertu que vous récompensez ?
Il y a une statue de marbre 2 haute d'un pied et demi environ qui vous est adressée par les voituriers de Dijon ; elle doit être franche de port . Je la crois arrivée à présent . Ce n'est pas la statue que Jean-Jacques demandait pour lui : c'est celle que vous avez bien voulu qu'un homme qui vous aime tendrement vous présentât .
Mille tendres amitiés aux Français vos amis et des croquignoles aux Velches .
Je vous demande en grâce de dire à M. le chevalier de Rochefort combien je l'aime : on n'a point reçu les paquets .
Votre très humble et très obéissant serviteur
Boursier . »
1 V * répond à une lettre du 6 avril 1767 de d'Alembert où celui-ci se plaint des fautes dont est rempli l' »ouvrage de mathématiques » et parle de Jean-Georges de Pompignan, Simon Lefranc et Jean-Jacques Rousseau . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/03/correspondance-avec-d-alembert-partie-44.html
2 Sans doute la statue réalisée par un des Rosset, montrant V* debout, la main gauche sur la hanche, la droite tenant un livre . Un grand nombre de copies en furent exécutées : https://www.parismuseescollections.paris.fr/en/node/87909#infos-principales
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03/10/2022
je viens d'expédier aujourd’hui un avertissement au bureau des postes
... Et j'ai pris grand soin de bien timbrer mon mail !
« Au receveur des postes de Riga
[11 avril 1767]
[Demande si sa lettre et les papiers adressés à l’impératrice ont bien été reçus .1]
1 L'existence et le contenu de cette lettre , ainsi que d'une autre au même du 28 avril 1767 , se déduisent de la réponse du directeur général des postes à la la cour, Marvel Marveevitch von Eck à Voltaire, en date du 27 juin, dont voici le texte :
« A Saint-Pétersbourg le 16-27 juin 1767
Monsieur, / Le directeur des postes de Riga m'ayant mandé qu'il a eu l'honneur de recevoir deux lettres de votre part, monsieur, mais ne sachant pas un mot français, il n'était pas capable d'y répondre, je suis extrêmement charmé, monsieur, que l'ignorance de mon collègue me procure l'honneur de vous assurer aujourd'hui les sentiments d'estime et de la considération la plus distinguée, que je vous porte depuis longtemps, et de vous prier de m'honorer d'une place entre ceux qui aux abords de la Néva n'admirent [pas] moins qu'ailleurs tout ce que l'humanité vous doit à juste titre.
« Possédant par cette heureuse circonstance vos deux lettres du 11 et 28 avril adressées à Riga, j'ai l'honneur de vous assurer monsieur, que toutes vos lettres à l'impératrice ma souveraine, sont bien arrivées, et exactement remises à Sa Majesté impériale . J'espère que vous aurez reçu pareillement les deux lettres de Sa Majesté que j'ai expédiées d'ici le 7 avril et le 16 mai par la voie de Koenigsberg, et affranchis partout jusqu'à votre château. Aujourd'hui, voilà la troisième, que j'ai l'honneur de joindre ici, vous priant, monsieur, d'adresser dorénavant vos lettres en droiture au bureau général des postes à Petersbourg, afin que le port des lettres ne vous gène en aucune façon .
« Quant aux deux paquets pour la Société libre d’Économie de Pétersbourg, dont vous faites mention, monsieur, qu'ils étaient expédiés de Nürnberg, j'ai pris les informations nécessaires sur ce sujet ; mais comme le secrétaire de cette société, M. le conseiller d’État de Staehlin, m'a dit que ces deux paquets n'étaient pas parvenus à destination, je viens d'expédier aujourd’hui un avertissement au bureau des postes de Nürnberg, pour réclamer les deux paquets en question .
« J'ai l'honneur d'être avec la considération la plus parfaite, et un attachement inviolable, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
« D'Eck
conseiller de la cour de S. M. I. de toutes les Russies
et son directeur des postes de la cour.
« Je joins ici le billet de M. de Stählin en original . »
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02/10/2022
en cas que vous fassiez un profit assez considérable pour pouvoir fournir cette petite somme sans vous gêne
... pensez à nos retraites, ô richissimes fournisseurs de produits pétroliers !
« A Jacques Lacombe
11è avril 1767 à Ferney
N'ayant point encore de vos nouvelles, monsieur, n’ayant reçu ni le ballot des Scythes par la diligence ni aucun exemplaire par la poste et ignorant si vous avez encore les planches de l'édition, je vous envoie ces corrections à la hâte et à tout hasard, vous priant de faire deux cartons dans lesquels elles entreront aisément .
J'apprends que la pièce a eu beaucoup de succès le mercredi . Elle en aurait eu davantage le samedi si Lekain n'était pas parti pour Lyon .Donnez-lui toujours cent écus à son retour, ce sera pour les trois fois qu'il a joué et, à l'égard des cent autres écus, il ne faudra les donner que sur une prière expresse de ma part, en cas que vous fassiez un profit assez considérable pour pouvoir fournir cette petite somme sans vous gêner . C'est là mon dernier mot . Je voudrais vous être aussi utile que je vous suis dévoué .
V.
page 19, après ce vers
De l'immortel Cyrus un fatal rejeton,
ôtez de ce qui suit et mettez :
De la cour à jamais lorsque tout me sépare,
Quand je dois tant haïr ce funeste Athamare
Sans état, sans patrie, inconnue en ces lieux,
etc., comme dans l'original ;
page 10, ôtez le commencement du troisième acte et mettez à la place :
Athamare
Quoi ! C’était Obéide ! ah ! j'ai tout pressenti ;
Mon cœur désespéré m'avait trop averti,
C'était elle, grands dieux !
Hircan
Ses compagnes tremblantes
Rappelaient, etc .
page 32, ôtez ce couplet d'Hircan :
Il serait bien affreux, j'ose ici vous le dire, etc .
et mettez à la place ces quatre vers :
Un tel saisissement, ce trouble involontaire,
Pourraient-ils annoncer la haine et la colère ?
Croyez-moi, les sanglots sont la voix des douleurs,
Et les yeux irrités ne versent point de pleurs .
Athamare
Ah ! Lorsqu’elle m'a vu, etc .
même page, après :
Un tumulte secret faiblement élevé,
ôtez les deux vers qui suivent et mettez ceux-ci :
Hélas! s'il était vrai ! – tu me flattes peut-être ;
Ami, tu prends pitié des erreurs de ton maître
Qu'ai-je fait ? que ferai-je, et quels sera mon sort ?
etc .
page 33, vers 19 : voyez-vous Indatire ?
corrigez :
Indatire y préside, il s’avance à leur tête .
page 34
Va, cours, obtiens si tu le peux
De ce père implacable un pardon généreux
corrigez :
Hélas ! Tâche de désarmer
Ce père malheureux que je n'ai pu calmer.
Des chaumes !... etc. »
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01/10/2022
Les pays qui ne produisaient autrefois que des conquérants vont produire des sages, et, de la Chine jusqu’à l’Italie (exclusivement), les hommes apprendront à penser
... Mon pauvre Voltaire, tu étais bien optimiste !
« Au prince Dmitri Mikhailovitch Golitsin 1
11è Avril 1767 au château de Ferney par Genève
Monsieur,
Votre Excellence ne doute pas à quel point son souvenir m’est précieux. Je vous suis attaché à deux grands titres, comme à l’ambassadeur de l’impératrice, et comme à un homme bienfaisant.
Je vous remercie de l’imprimé que vous avez bien voulu m’envoyer 2. Sa Majesté impériale avait déjà daigné m’en gratifier il y a trois mois, avant qu’il fût public. Je n’y ai rien trouvé ni à resserrer ni à étendre. Cet ouvrage me paraît digne du siècle qu’elle fait naître. J’oserais bien répondre qu’elle fera goûter à son vaste empire tous les fruits que Pierre-le-Grand a semés. Ce fut Pierre qui forma l’homme, mais c’est Catherine seconde qui l’anime du feu céleste.
J’ai une opinion particulière sur l’affaire de Pologne, quoiqu’il ne m’appartienne guère d’avoir une opinion politique. Je crois fermement que tout s’arrangera au gré de l’impératrice et du roi, et que ces deux monarques philosophes donneront à l’Europe étonnée le grand exemple de la tolérance. Les pays qui ne produisaient autrefois que des conquérants vont produire des sages, et, de la Chine jusqu’à l’Italie (exclusivement), les hommes apprendront à penser. Je mourrai content d’avoir vu une si belle révolution commencée dans les esprits.»
2 Manifeste de Catherine sur les dissensions de Pologne. (G.Avenel.)
Voir le quatrième paragraphe de la lettre de Catherine II du 20 janvier 1767, donnée à propos de la lettre du 27 février 1767 à l'impératrice : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/07/25/si-vous-voulez-faire-des-miracles-tachez-seulement-de-rendre-6393680.html
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