04/09/2018
Je suis bien étonné qu'on ait envoyé à Paris, un pousse-cul
... Non, je ne sais pas en cette heure qui est le remplaçant de Nicolas Hulot !
Et d'ailleurs un pousse-cul n'est pas ce qu'on croit de prime abord, c'est beaucoup moins amusant que le tire-cul de nos montagnes ou que le pousseur du métro japonais , sans oublier le pousse-au-cul piégeux du chasseur de geais .
« A Etienne-Noël Damilaville
Mon cher frère , je reçois le paquet de M. Mariette, que vous avez la bonté de m'envoyer, je vous en rends mille grâces .
Je suis bien étonné qu'on ait envoyé à Paris, un pousse-cul 1 au sieur Bruysset 2; il me semble qu'il y a des pousse-cul à Lyon comme ailleurs, et que l'usage est qu'on envoie les ordres de Paris aux intendants ou aux juges des provinces, qui les font exécuter . Je vois qu'il y a des gens bien alertes dans le monde, mais mettre le nom d'un pauvre Français à la tête d'un ouvrage anglais contre le bon roi David, cela est bien pis que d'être alerte 3, c'est une scélératesse de libraire . Je ne sais , encore une fois ce que c'est que ce caloyer dont on parle . Je vous supplie, mon cher frère, de m’en donner des nouvelles .
10è septembre [1763] »
1 Un pousse-cul est un exempt chargé d'opérer les arrestations .
2 La famille des libraires Bruysset avait souvent maille à partir avec les autorités . Le mot est écrit Briset sur le manuscrit original . Voir : http://data.bnf.fr/16018904/freres_bruyset/
et page 32 et suiv. : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00707533/document
3 Conformément à l'étymologie, alerte signifie à l'époque classique « en éveil » , que ce soit pour se tenir en garde ou, fréquemment aussi, pour ne pas manquer une bonne prise ou une bonne affaire . Voir par exemple la lettre du 1er avril 1756 à d'Argental : « Vous me parlez d’une mademoiselle Guéant ; voilà ce que c’est d’écrire trop tard ! Les Bonneau sont plus alertes. » ; http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1756-partie-6-115508520.html
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J'espère qu'au moins mes amis me rendront justice
... déclare, avec raison, Nicolas Hulot : https://www.lci.fr/politique/en-direct-remaniement-nicola...
« A Etienne-Noël Damilaville
9 septembre [1763]
Dicunt 1 mon cher frère qu'on a imprimé à Paris un catéchisme qu'on appelle je crois le caloyer . Je ne suis guère curieux de voir ces drogues-là . Je suis assez occupé de mon procès . Vous devez avoir reçu par M. d'Argental un gros paquet que j'ai pris la liberté de vous envoyer . Vous voyez à quel point j'abuse de votre bonté .
Il vient dans ce moment chez moi un homme qui dit avoir vu ce caloyer . Il dit que cela doit faire un très grand effet . Tant mieux si l'ouvrage inspire la vertu et la haine de la superstition . La même personne m'assure qu'il paraît quelquefois des écrits dans ce goût qu'on a la mauvaise foi de m'attribuer . J'espère qu'au moins mes amis me rendront justice . Orate fratres et vigilate .
Je vous embrasse bien tendrement .
Écr l'inf. »
1 On dit .
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03/09/2018
le nombre des fidèles s’augmente prodigieusement ; il nous faut surtout de saintes femmes
... affirment sans rire les juges (têtes à claques) qui ont condamné à la bastonnade deux jeunes femmes homosexuelles : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2018/09/03/97001-20180903FILWWW00030-deux-malaisiennes-condamnees-pour-homosexualite-recoivent-des-coups-de-baton.php
On ne dira jamais assez haut combien est belle la Charia de l'ami Mohammed qui , comme tous les religieux de toutes confessions, était fort au courant de pratiques sexuelles à réprimer, bien qu'elles existent depuis la nuit des temps et ne nuisent ni à dieu (s'il existe) ni aux hommes .
« A Etienne-Noël Damilaville
Mon cher frère, il ne s’agit pas aujourd’hui d’affaires temporelles. Je vous confie que madame la duchesse d’Anville 1 a emporté une demi-douzaine d’exemplaires des oeuvres pies 2. Une autre personne en emporte une demi-douzaine ; le nombre des fidèles s’augmente prodigieusement ; il nous faut surtout de saintes femmes. Vous devez avoir quelques exemplaires dont vous n’aurez pas encore disposé . Je vous demande en grâce d’envoyer ceux-ci par la petite poste, mais surtout sans les contre-signer. Envoyez-en des vôtres à mademoiselle Clairon ; il est juste qu’elle possède les anathèmes lancés contre ceux qui l’anathématisent. Mon cher frère, je compte sur votre zèle : je m’imagine que frère Platon a été bien content du caloyer . Ce caloyer fait beaucoup d’effet, et j’en bénis Dieu.
Ecr. l’inf.
7è septembre [1763]3
Mandez-moi, je vous prie, si vous avez reçu ce paquet, et si vous en avez fait l’usage que je vous supplie d’en faire. Dieu vous ait en aide, mon très cher frère . »
1 Les registres du Conseil de Genève ne gardent pas trace du séjour de la duchesse, mais son fils est mentionné dans les minutes du 28 juin 1763, quand on décide de le complimenter « sur son arrivée et sur son mariage célébré l'année dernière depuis son départ de Genève ». Louis-Alexandre, duc de La Rochefoucauld et de La Roche-Guyon avait épousé Louise-Pauline de Grand de Mérode de Montmorency le 7 décembre 1762 .
2 Telles que le Catéchisme de l’honnête homme .
3 L'édition Lettres inédites intervertit les dates de cette lettre et de la suivante .
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02/09/2018
j’ai grand’peur que toutes ces belles remontrances n’aboutissent à donner une paralysie à la main de nos payeurs de rentes
...Ce dont ne semblent pas se soucier tous les opposants à la réforme, absolument nécessaire, des retraites , campés qu'ils sont sur des privilèges immérités .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet , comtesse d'Argental
7è septembre 1763 1
Mes divins anges, à peine ai-je reçu votre paquet, que j’ai fait à peu près tout ce que vous désirez. Vous ne m’avez point envoyé le premier acte ; je vous prie de me le dépêcher, afin que je raccorde le tout. Vous aurez probablement la pièce entière 2 dès que vous m’aurez fait tenir ce premier acte qui me manque 3. Il restera quelques vers raboteux ; cela ne fait pas mal au théâtre, et nous sommes convenus qu’il en fallait pour dépayser le monde. J’avoue que c’est une grande vanité à moi d’en convenir ; mais enfin j’ai passé dans mon temps, je ne sais comment, pour faire des vers assez coulants 4.
Vous avez bien raison , M. de Thibouville a le visage trop rond pour un conspirateur. Vous savez que César croyait que les visages longs et maigres étaient de vraies faces de conjurés.
Ah ! mes anges, est-il possible que vous n’aimiez pas,
A deux voluptueux a livré l’univers ?5
C’est bien là pourtant le caractère d’Antoine et du jeune Octave ; vous me forcerez à mettre des remarques , et les lettres de ces débauchés, que Suétone nous a conservées, y paraîtront avec les gros mots. Que je suis fâché contre vous d’avoir osé condamner ce vers qui dit tant de choses ! Vous y reviendrez, vous l’aimerez, car vous êtes justes.
Madame Denis et moi nous baisons le bout de vos ailes, sous lesquelles vous mettez notre procès sacerdotal.
Je n’entends plus parler de la Gazette littéraire, je ne sais si elle paraît. J’ai fait venir des livres d’Angleterre et de Hollande ; ils doivent être chez M. le duc de Praslin . S’il y a des doubles, je le supplie de me les envoyer, je les prendrai pour mon compte.
Mes anges, le diable est à Genève ; mais il est aussi en France, et j’ai grand’peur que toutes ces belles remontrances n’aboutissent à donner une paralysie à la main de nos payeurs de rentes. Vous ne me parlez jamais de ces petites drôleries ; vous ne songez qu’au tripot , cependant ces affaires-là sont un peu plus intéressantes.
Permettez, je vous en supplie, que je vous adresse ce paquet pour frère Damilaville, qui doit le rendre à M. Mariette. Il est bon de faire des tragédies, mais il faut songer au solide.
Respect et tendresse.
V. »
1 On trouve aussi , dans l'édition de Kehl cette lettre mêlée à des fragments de la lettre du 11 septembre, le tout daté du 11 février1763 (copie Beaumarchais) changé en 1764 .
2 Le Triumvirat.
3 Dans les éditions de Kehl, cette lettre est datée du 16 Février 1764, et commence ainsi : « Mes divins anges, puisque vous êtes assez lambins pour ne pas renvoyer le premier acte à M. Marcel, je vous en envoie cinq. Il se flatte d’avoir fait tout ce que votre comité exigeait de lui. Il restera, etc. » (Georges Avenel.)
4 Dans la lettre du 11 Février 1764, on lisait encore : « Il faut que M. le duc de Praslin se donne avec vous le plaisir d’attraper le public ; c’est une vraie opération de ministre. M. Marcel vous enverra une lettre soumise pour la reine Clairon, qui sera de la même écriture que la pièce. Je ne connais point de conspiration mieux arrangée. Nous verrons si celle de Rousseau contre Genève réussira mieux. Il est vrai qu’il a sept à huit cents personnes dans son parti ; mais je tiens que mes trois conspirateurs valent mieux que les associés de Jean-Jacques.
« Vous avez bien raison, etc. ».
5 V* céda finalement au caprice de ses anges et sacrifia ce vers à la scène 1, Ac. I d'Octave .
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01/09/2018
L’Adonis du parlement monsieur m'a fait l'honneur de m'apporter une de vos lettres
... et je prends acte de votre démission ".
Qui va être le prochain mistigri ?
Pour l'écologie, il faut savoir se raccrocher aux branches et affuter ses griffes
« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault, Conseiller
du Parlement
à Dijon
A Ferney 6 septembre [1763]
L’Adonis du parlement 1 monsieur m'a fait l'honneur de m'apporter une de vos lettres . Il y a eu dans mon taudis une séance du parlement plus agréable que celles où les commandants de province assistent . La fête eût été complète pour moi si vous aviez été du voyage . Permettez que je me dépique en vous demandant un de vos tonneaux ordinaires de votre excellent vin . Si j'osais je vous supplierais d'accompagner cet envoi de quelques ceps de vigne, que je puisse planter sur la fin de l'automne avec celles que vous avez déjà eu la bonté de m'envoyer . Elles viennent à merveille . J'ai au moins la consolation de voir les feuilles de la vigne dont probablement je ne boirai point le vin . Je suis un peu fâché que la vie soit si courte . Je n'en jouis que depuis que je suis dans la retraite . Je vous prie monsieur vous et madame Le Bault d'agréer le respect avec lequel j'ai l'honneur d'être votre très humble et obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Fyot de La Marche est donc bien venu à Genève avec d'autres membres du parlement, et V* désigne ainsi le plus jeune de la compagnie ; voir lettre du 1er novembre 1763 à Le Bault : « Il y a environ six semaines que j'eus l'honneur de vous écrire par le plus jeune de vos confrères que j'appelais l'Adonis du parlement . Je vous demandais un tonneau de votre meilleur vin ... ».
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31/08/2018
Comme vous m'avez dit que vous couriez tout le jour pour avoir toutes les raretés du pauvre pays
... cessez de vous poser la question, monsieur le président et monsieur le premier ministre : "prélèvement de l'impôt à la source ou pas ?". Les pays où cela se pratique n'ont pas passé des mois et des années à se demander si les contribuables seraient chagrinés, vexés, inquiets, frustrés . Soyons raisonnables et lucides , cette forme de prélèvement est plutôt un soulagement, il n'y a plus à se dire "Oh ! là, là ! J'ai trop dépensé et j'ai mon tiers provisionnel à payer . Je fais un découvert ? un emprunt ? une kyrielle de courriers pour avoir un délai ?", ce qu'on touchera au bout du mois sera du cash totalement disponible et c'est tout , on n'en sera ni plus riche ni plus pauvre qu'avant .
Il serait regrettable qu'on se retrouve avec un gouvernement "à la Hollande", style "j'y va-t-y, j'y va-t-y pas ! oula, j'y va plus "
http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2018/08/30/25001...
« A Jean-Philippe Fyot de La Marche
A Ferney, 6 septembre [1763]
Monsieur,
Comme vous m'avez dit que vous couriez tout le jour pour avoir toutes les raretés du pauvre pays de Genève, j'en ai moins de remords de ne vous pas faire ma cour aux Trois Rois, mais je suis inconsolable d'avoir profité si peu de votre apparition chez les Allobroges . Je vous supplie de pardonner à ma misérable santé qui s'oppose à mes devoirs et à mes plaisirs . Agréez au moins le respect et l'attachement avec lesquels j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
M'est-il permis de présenter mon respect à Mme de La Marche et à vos compagnons de voyage ?»
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30/08/2018
Voilà les éclaircissements que je peux vous donner
... ou pas " dit Emmanuel Macron à nos partenaires Danois, avant de conclure par un trait d'humour grinçant et un constat où malheureusement il a raison à propos du " Gaulois réfractaire au changement" .
Nous verrons bientôt comment le ministre de l'Education peut faire changer la vie des professeurs, et s'il le peut, ce genre de Gaulois ayant le changement en horreur pratiquement, même s'il le prône théoriquement ; à suivre : https://www.parismatch.com/Actu/Politique/Jean-Michel-Bla...
[Au ministère], [le changement de direction] [est d'actualité .]
-"Where is the predicat ?"
-"The predicat is dans la tête d'enseignants qui compliquent le vie à nous "
http://www.charivarialecole.fr/archives/277
« A Marc-Antoine-Jean-Baptiste Bordeaux de Belmont
à Bordeaux
Aux Délices par Genève
4è septembre [1763] 1
Vous pardonnerez, monsieur, à un vieillard malade s'il n'a pas répondu plus tôt à votre lettre du 6è august. Je suppose que vous avez l'édition d'Olympie faite par les frères Cramer 2. Il y en a une donnée à Manheim par M. Collini, secrétaire intime de l’Électeur ; on y trouve un détail assez instructif de la manière dont le 5è acte doit s'exécuter . L'actrice qui jouait Olympie sur le théâtre de Manheim se précipitait du haut d'une estrade sur un matelas, entre deux rangs de flammes, et on jetait de l'orcanson 3 qui augmentait encore le feu 4.
Voilà les éclaircissements que je peux vous donner . Je crois que les Cramer auront achevé dans deux mois l'édition de Corneille .
J'ai l'honneur d'être, monsieur, avec tous les sentiments que je vous dois, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Belmont est le nom de théâtre de l'acteur Bordeaux, dont la lettre n'est pas connue .
2 A ce propos voir : Genève, Paris ou Rouen? Quel modèle pour les contrefaçons liégeoises du Caffé et d’Olympie de Voltaire? par Daniel Droixhe : http://www.swedhs.org/ebibliotheque/articles/caffeolympie.html
3 Sur cette forme orcanson, voir lettre du 4 décembre 1758 à Capacelli : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/12/21/une-femme-quand-elle-est-jolie-est-mieux-coiffee-pour-un-ecu-5252181.html
4 Olympie , V, 7 .
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