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26/07/2018

Ne m'épargnez point, vous ne me trouverez jamais négligent quand il s'agira de vous servir

... Ou plus exactement : « S’ils cherchent un responsable, le seul responsable, c’est moi et moi seul. » déclare Emmanuel Macron à propos de "l'affaire Benalla" . C'est dit . Qu'on s'en souvienne . 

 On ne dira jamais assez combien il est dangereux pour un chef d'Etat de donner un petit pouvoir à un médiocre ; s'il avait fait son service militaire, il aurait su qu'il n'y a rien de pire qu'un sous-fifre qui pète plus haut que son cul sous prétexte qu'il a une mini-ficelle sur la manche, se prétend indispensable et joue à la mouche du coche . Trop tard, le mal est fait .

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Un peu de théâtre , ça peut donner le change

 

 

« A Charles-Manoël de Végobre, Avocat

à Genève

8è auguste [1763] à Ferney

Monsieur,

J'ai sur-le-champ exécuté vos ordres, j'ai écrit à M. Dubois une lettre pressante accompagnée d'un mémoire . Ne m'épargnez point, vous ne me trouverez jamais négligent quand il s'agira de vous servir .

N'avez-vous pas reçu un petit mot de moi, par lequel je vous supplie de me dire s'il est vrai que le parlement de Toulouse ait l'absurdité d'admettre des quarts et des huitièmes de preuve ?

J'ai l'honneur d'être sans quarts ni huitièmes, mais entièrement, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

25/07/2018

La poste est une belle invention, mais il y faut un peu de fidélité, et même de l'indulgence

... Surtout en cette période estivale où ce sont des étudiants qui font la distribution du courrier ; visiblement ce ne sont pas des gens de lettres et ils nous donnent l'occasion de faire le facteur pour mettre dans la bonne boîte d'un voisin le courrier indûment reçu . Reconnaissons-leur quand même le courage de travailler quand tant de leurs collègues coincent la bulle .

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« A Etienne-Noël Damilaville

8è auguste [1763]

Je vous prie, mon cher frère, de lire le nouveau mémoire ci-joint, et de vouloir bien le faire passer à M. Mariette .

Vous avez dû recevoir une petite plainte 1 de moi contre le receveur de votre vingtième , qui demeure à Belley à quinze lieues de chez nous, et qui veut que nous lui envoyions un exprès pour le payer . Le directeur des vingtièmes du pays m'est venu voir, et s'est chargé d'accommoder l'affaire . Il se trouve que ce directeur est précisément M. de Marinval 2 à qui vous avez disputé ce que vous n'avez eu ni l'un ni l'autre .

Je n'ai point vu la lettre que Jean-Jacques a écrit 3 à Paris , dans laquelle ce fou traite les philosophes aussi mal que les prêtres afin qu'il ne lui reste aucun ami sur la terre .

J'ai lu Les Quatre Saisons 4 du cardinal de Bernis . Il y a la valeur de quatre-vingt saisons, au moins ; les campagnes que j’habite ne sont pas si fertiles, il s'en faut de beaucoup . Quelle terrible profusion de vers !

Je prie mon cher frère de me mander s'il a reçu des paquets par M. d'Argental . La poste est une belle invention, mais il y faut un peu de fidélité, et même de l'indulgence .

Je prie mon cher frère de m'envoyer sur-le-champ la lettre de Jean-Jacques s'il en a une copie . N'est-ce pas une lettre à M. le duc de Luxembourg qui tient seize pages ? On dit qu'elle a été lue de Mgr le Dauphin .

Ma tendre bénédiction à tous les frères .

Écr l'inf. »

3 Sic, suivant un usage bien attesté .

4 Les Quatre Saisons ou les Georgiques françaises, poème par M. le c. de B ; à son propos Thieriot écrit le 30 juillet : « Je ne dédaigne pas autant que frère Damilaville Les Quatre saisons du cardinal de Bernis . Je voudrais que les traits de la vielle fable s'y montrassent avec moins de profusion[...] ». Voir : http://tolosana.univ-toulouse.fr/fr/notice/044224028

24/07/2018

me dire s'il est vrai qu'on soit assez absurde au parlement de Toulouse pour reconnaître des quarts de preuve, des huitièmes de preuve

...Ce genre de folie défiant  la vérité au dix-huitième siècle semble être encore en vigueur à l'Assemblée nationale et au Sénat aujourd'hui, dès lors que dans l'affaire Benalla on cherche stupidement des commencements de preuves de la culpabilité du président de la république et de ses ministres . A ce train là, peut-on dire que les millions d'électeurs d'Emmanuel Macron détiennent chacun un millionième de responsabilité et doivent en répondre eux aussi  ? Et eux-aussi devront-ils démissionner ? et comment ?

Nous avons bien en France l'opposition la plus ridicule du monde, elle me semble aussi passionnante  que les tabloïds de tous bords . Allez ! je repars en vacances à Groland -plage .

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« A Charles Manoël de Végobre

à Genève

A Ferney 6è auguste [1763]

Je présente mes très humbles obéissances à monsieur de Végobre . Je le supplie de me dire s'il est vrai qu'on soit assez absurde au parlement de Toulouse pour reconnaître des quarts de preuve, des huitièmes de preuve 1, de façon que quatre ouï-dire d'un côté, et huit bruits populaires de l'autre fassent deux preuves complètes, et tiennent lieu de deux témoins oculaires ?

On m'assure qu'on est assez barbare en Septimanie pour admettre cette jurisprudence, et que c'est l'excuse du parlement de Toulouse .

Si monsieur de Végobre n'est pas instruit de cette horreur, je le supplie de s'en informer à Toulouse, et de vouloir bien me faire part de ce qu'on lui aura répondu .

V. »

23/07/2018

J'en demande bien pardon, mais mon erreur était bien excusable

... sera, soit l'introduction, soit la conclusion de l'audition de M. Collomb, ministre de l'Intérieur, ce propos étant possible tant de la bouche du ministre que dans celle d'un des députés interrogateurs . Je doute cependant qu'on entende cette excuse de qui que ce soit .

"Il n'y a pas eu et il n'y aura pas d'impunité !" , qu'on se le dise !

https://www.francetvinfo.fr/politique/emmanuel-macron/agr...

 

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Qui dit mieux ?

https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/affaire-bena...

 

 

« A Philippe Debrus

à Genève

6è auguste [1763] à Ferney 1

J'avais mandé une nouvelle prématurée il y a environ quinze jours . J'en demande bien pardon, mais mon erreur était bien excusable ; M. Mariette m'écrivait je vais voir des pièces qui doivent être chez M. de Crosne . Elles n'étaient pourtant point arrivées, monsieur le chancelier ne les reçut que dix jours après , il les garda quelque temps avant de les remettre au rapporteur .

Vous croyez bien que nos amis ne s'endormiront pas à Paris ; mais s'ils s'endorment je leur donnerai de furieux coups d'aiguillon pour les éveiller . J'espère venir dans quelques jours embrasser monsieur Debrus, et lui faire mes tendres compliments . »

1 Debrus a noté sur le manuscrit « R[épondu] le 8 août » .

22/07/2018

envoyer le manuscrit sur la Compagnie des Indes , chez M. Souchay au Lion d'Or

... et le contrat juteux de la Chine avec le Sénégal à Xi Jinping-président-fortuné-à-vie et Maki Sall-président-des-ex-Y-en-a marre à Dakar .

 

Business is business !

http://www.rfi.fr/afrique/20180722-xi-jinping-senegal-acc...

 

 

« A François Tronchin

Conseiller d’État

rue des Chaudronniers

à Genève

[vers le 5 août 1763]

M. de Voltaire présente ses respects à monsieur Tronchin, et il le supplie d'envoyer le manuscrit sur la Compagnie des Indes 1, chez M. Souchay au Lion d'Or . »

1 Simon Gilly a envoyé à François Tronchin, par l'intermédiaire de Jean-Robert Tronchin de Lyon, des « Mémoires imprimés de la Compagnie des Indes et de M. Law contre M. Dupleix » [voir : https://archive.org/details/memoirepourlacom00comp ], et une lettre à V* « au sujet de divers passages de son Essai sur l'hist[oire] générale où il parle de la Comp[agnie] des Indes » ; Gilly se plaignait du tort qu'avait fait V* à la compagnie et à ses employés en se rapportant à des « mémoires infidèles ». Voir sa lettre du 29 juillet 1763 . Voir aussi pages 117, 239 et suiv . , 262  : https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/mm/media/download/FRAN_ANX_011407.pdf

21/07/2018

les gens faibles, quelque esprit qu'ils aient, sont capables de croire que deux et deux font cinq

... et nos faibles députés de l'opposition ,eux , sont capables de sauter sur n'importe quel prétexte pour quitter leur travail normal d'examen des textes de lois et réclamer à hauts cris la mise au rebut du premier ministre et celle de celui de l'Intérieur . Ah qu'ils sont magnifiques ces LR, RN et FI braillards, tous trainant des casseroles judiciaires et jouant de leurs immunités parlementaires pour échapper à quelque examen et condamnation que ce soit, nicht wahr Jean-Luc ? Marine ? Balkany and Co ?

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

3è auguste [1763]

Je dois cette lettre à Lekain, et je supplie mes anges de vouloir bien la lui faire donner quand ils iront à la comédie 1.

Si mes anges m 'avaient renvoyé ma drogue, je la leur aurais dépêchée sur le champ corrigée autant qu'on corrige pour la première fournée, et cela aurait été encore un amusement pour mes anges .

On dit que le président Hénault est fort malade, il semble qu'il retombe bien souvent, cela fait peine ; je voudrais bien savoir s'il joint à sa maladie celle de la dévotion : serait-il bête à ce point là avec l'esprit qu'il a ? mais les gens faibles, quelque esprit qu'ils aient, sont capables de croire que deux et deux font cinq . J'ai une autre maladie, c'est d'être sensiblement affligé de voir tant de faiblesse dans les hommes de mérite . On me console beaucoup en me disant que le président n'a pas infiniment de compagnons de sa maladie d'esprit . Le nombre des sages augmente, dit-on, à vue d’œil ; Dieu soit loué, c'est tout ce qu'on veut dans Alep . »

1Les d'Argental faisaient-ils quelque difficultés à remettre la lettre à Lekain ? Il semble, plus simplement, que V* leur demande de ne pas oublier la commission qu'il leur avait donnée, il s'agit sans doute de la lettre du 27 juillet 1763 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/07/13/tout-a-ses-inconvenients-et-le-chemin-du-bon-est-bien-etroit.html

20/07/2018

Il en sait plus qu'il n'en dit ...

... le parrain de la nouvelle Marianne qui ornera, moyennant finances, le recto de nos lettres , en deux mots le président Macron au sujet de l'affaire Benalla . Statistiquement parlant, c'était fatal que cela arrive, à partir d'un certain nombre on est sûr d'avoir à son service un homme qui vous fera regretter de l'avoir engagé, que l'on soit président ou petit patron . Ne perdons pas de temps à savoir ce que sait ou ne sait pas big chief , et que passe la justice promptement (il est déjà loin le 1er mai ! non ? ).

 Alors , en parfait accord avec les Ogres de Barback  : Vous m'emmerdez : https://www.youtube.com/watch?v=eKBu3WDQEXs

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A écouter, plutôt que les brêles rappeuses et les braillards sans âmes

 Bonus, entre autres : https://www.youtube.com/watch?v=Xy66aSALt50

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

1er auguste [1763]

Ô anges de lumière, voici ce que M. de Thibouville me mande sous votre cachet :

Mais , j'aurai bien autre chose encore . Oui, oui, oui, j'en sais plus que je n'en dis, peut-être plus que vous même qui me tenez rigueur, entendez-vous ? Mon Dieu que cela sera beau !

Il en sait plus qu'il n'en dit ; donc il a lu mes roués [= Octave ou Le Triumvirat]. Il en sait plus que moi, donc il sait votre sentiment sur mes roués, que je ne sais pas encore. Il est donc dans la bouteille. Vous lui avez donc fait jurer de garder le secret. Ce secret est essentiel. C'est en cela que consiste tout l'agrément de la chose. Figurez vous quel plaisir de donner tout cela sous le nom d'un adolescent sortant du séminaire . Comme on favorisera ce jeune homme qui s'appelle, je crois, Marcel [+]! Voilà la vraie tragédie, dira Fréron . Les soldats de Corbulon [= les partisans de Crébillon, allusion aux vers de Rhadamiste et Zénobie de Crébillon : « De quel front osez-vous, soldats de Corbulon / M'apporter dans ma cour les ordres de Néron ? »] diront : ce jeune homme pourra un jour approcher du grand Crébillon ; et mes anges de rire. Si on siffle, mes anges ne feront semblant de rien quoi qu'il arrive. C'est un amusement sûr pour eux ; et c'est tout cela que je prétendais.

Mais me voici à présent bien loin de la poésie et de cette niche que vous ferez au public. Mon procès me tourmente [++]. Je prévois une perte de temps effroyable. Si je peux parvenir à raccrocher cette affaire au croc du Conseil dont on l'a décrochée, je suis trop heureux. Elle y pendra longtemps, et j'aurai toujours le plaisir de me moquer d'un homme d'Église, ingrat et chicaneur. Il y a un siècle que je n'ai reçu de nouvelles de mon frère Damilaville. Je ne sais comment le monde est fait.

Respect et tendresse. »

 

+Quelques jours avant, V* écrit à Choiseul-Praslin : « il faut mettre la conspiration sous le nom d'un jeune novice jésuite, qui, grâce à la bonté du parlement , est rentré dans le monde, et qui … attend son dîner du succès de son ouvrage. Je m'imagine que les girouettes françaises tournent actuellement du côté des jésuites ; on commence à les plaindre … on aimera passionnément un pauvre petit diable jésuite, qui donnera l'espérance d'être un jour un Lemierre, un Colardeau, un Dorat. Je persisterai toujours à croire qu'il faut donner un nom à ce jeune jésuite … Si on ne nomme personne on me nommera, et tout sera perdu. »

La « conspiration » est le code utilisé pour parler de la pièce et ce qui la concerne.

 

++ Le curé Pierre Gros de Ferney voulait faire payer la dîme à V*, propriétaire de la terre de Ferney, et avait porté l'affaire devant le tribunal de Dijon, à la suite de la condamnation du précédent propriétaire par défaut devant le Conseil du roi.

V* voulait « en vertu du traité d'Arau » la faire porter à nouveau devant le Conseil du roi, où le curé avait toutes les chances de perdre.

V* demandait à cet effet l'appui du duc de Choiseul-Praslin, ministre des Affaires étrangères, directement par lettre (6 juin) et indirectement par les d'Argental.