24/08/2018
Ces privilèges sont fondés
... Combien sont-ils, ceux qui font grève pour conserver envers et contre tout les intouchables avantages acquis, privilèges parfaitement infondés, pieusement nommés acquis sociaux pour berner le public qui n'en peut mais . Le choix des privilèges ne manque pas dans notre république soumise au mauvais vouloir de syndicats qui font du clientélisme . La dernière (je veux dire la plus récente) grève annoncée, celle d'Air France, est un modèle du genre écoeurant : money-money-money et peut importe que l'entreprise coule pourvu que l'Etat paye cette gabegie .
https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/08/14/air-franc...
Sans parler de la SNCF qui, pour une fois, n'est pas en retard .
E-C-O-E-U-R-A-N-T !
« Voltaire et Marie-Louise Denis à
[destinataire inconnu]
28 auguste 1763
[pas de texte disponible]. 1
1L'original signé, avec la formule autographe, est passé à la vente du « portefeuille de Voltaire » chez Charavay le 12 mars 1855. Cette lettre était certainement en rapport avec la lettre suivante, de même date, signée de Jacob de Budé, Jacques Pictet et Marie-Louise Denis, adressée au roi, et à laquelle V* a certainement mis la main .
« Sire,/ Jacob de Budé, colonel au service de Hollande, Jacques Pictet, colonel au service du roi de Sardaigne, et Marie-Louise Denis, veuve de Nicolas-Charles Denis, capitaine au régiment de Champagne, commissaire ordonnateur des troupes de Votre majesté etc. , demandent très humblement pour toute grâce à Votre Majesté, qu'Elle daigne demeurer juge en son conseil du droit que les suppliants réclament . Ce droit est celui de toutes les terres du pays de Gex, dont les seigneurs ont toujours été en possession des dîmes .
Il s'agit , Sire, d'une terre seigneuriale, nommée Ferney, qui passa de la main des ducs de Savoie à celle des seigneurs de Berne .
Les seigneurs de Berne vendirent cette terre et ses dîmes , en 1542 . Elle tomba ensuite dans la maison de Budé, qui l'a vendue en 1759, à la dame Denis, et Votre Majesté, par un brevet du 18è mai 1759 , a maintenu la dame Denis dans tous les privilèges de cette terre, dont l'acquisition eût pu lui être très onéreuse sans cette grâce .
Ces privilèges sont fondés ,
1° sur le traité de Lausanne en 1564 fait entre les ducs de Savoie et le canton de Berne, sous la médiation du roi Charles IX . Il y est dit , Que les ventes faites subsisteront, quelques choses, et quelques bien qu'elles puissent concerner, sans en rechercher le premier état .
Or les seigneurs de Berne avaient vendu toutes les dîmes à tous les différents seigneurs du pays de Gex, qui demeurèrent sans difficulté en possession de ces dîmes qui avaient appartenu autrefois aux ducs de Savoie .
2° sur le traité de Lyon conclu en 1601, entre Henri le Grand et Charles Emmanuel, duc de Savoie, qui céda le pays de Gex à Henri le Grand . Le 12è article porte, Que pour le regard des ventes et aliénations faites à titre onéreux, Sa Majesté y sera obligée, tout ainsi que le duc y avait été tenu.
3° sur le traité d'alliance conclu à Arau en juin 1658 entre le feu roi et les cantons portant, Que tous les abergements et aliénations faites par la ville et le canton de Berne, des biens ecclésiastiques et autres dans le pays de Gex subsisteraient ; que le roi voulait qu'ils demeurassent en force et vigueur, et que les possesseurs ne fussent au préjudice d'iceux en aucune façon inquiétés ni molestés, conformément aux traités faits en 1564 entre le duc de Savoie, et le dite ville et canton de Berne, par la médiation et ratification du roi Charles IX et de plus entre le roi Henri IV, notre aïeul, et Charles Emmanuel, duc de Savoie, en 1601 .
4° sur les lettres du feu roi au conseil de Genève, l'une du 17è juin 1642, l'autre du 30è mai 1643, portant toutes deux, Que Sa Majesté ne souffrira pas que les causes concernant les dîmes du pays de Gex soient portées ailleurs que devant Elle en son conseil.
5° sur l'arrêt du conseil privé du roi du 12è avril 1657 qui évoque à lui la cause de François Lullin, attaqué pour la possession de ces dîmes, et fait défense au parlement d'en connaître .
6° sur l'arrêt du conseil de 1663, du 16è novembre, confirmatif de tous ceux qui évoquent au conseil toutes les causes concernant les dîmes du pays de Gex.
7° sur l'arrêt du 25è juin 1759 qui évoque à lui la cause instante entre des suppliants Jacob de Budé et Charles Pictet, et par conséquent celle de la dame Denis, contre le sieur Gros , curé de Ferney, lequel possédant dans la paroisse, plus de terres que le seigneur, et y ayant même des fiefs, demande encore les dîmes, transmises aux seigneurs de temps immémorial .
Le dit curé, comblé d'ailleurs de biens par la dame Denis, et sachant que les sieurs de Budé et Pictet étaient dans les pays étrangers, a surpris contre les suppliants, il y a quelques mois, un arrêt du conseil de Sa Majesté, par défaut, lequel renvoie les parties au parlement de Dijon.
Les suppliants représentent très humblement à Sa Majesté qu'Elle est seule juge et interprète de ses traités et de ses grâces .
Que le parlement de Dijon n'en peut juger, puisqu'il ne les connait pas, et qu'il ne juge que sur le droit commun .
Que si les seigneurs de Ferney se soumettent au jugement de Sa Majesté, un curé doit s'y soumettre aussi, et qu'il ne peut décliner sa justice .
Qu'ils demandent à revenir contre l'arrêt obtenu par défaut, arrêt longtemps caché à la dame Denis, et qui ne lui a été signifié qu'au bout de plus de six mois .
Cette surprise est non seulement faite aux suppliants, mais à Sa Majesté même, et à ses ministres, seuls juges de cette affaire, dans laquelle sont intervenus les conseil de Berne, et en dernier lieu la république de Genève, comme parties intéressées . Sa Majesté ayant évoqué le dit procès à son conseil, sur les remontrance du canton de Berne ; et M. le duc de Praslin ayant été supplié par le république de Genève , de maintenir le traité d'Arau en cette partie comme dans tout le reste .
De Budé
Denis
Pictet. »
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23/08/2018
C'est tout ce que nous ambitionnons, et ce que notre partie adverse décline
... Ambitionner une critique libre du gouvernement semble être le pire des crimes, passible de la peine de mort dans ce magnifique pays respectueux des droits de l'homme, j'ai nommé l'Arabie Saoudite .
Ô merveille ! les femmes ont acquis le droit de conduire leur voitures .
Ô merveille ! elles ont aussi toujours le droit d'être mises à mort !
Comme dit Shakespeare version XXIè siècle : "Il y a quelque chose de pourri dans le royaume d'Arabie !", et le prince ( mon esprit républicain a du mal à lui reconnaitre ce titre ) Mohamed ben Salmane, un réformateur servi par des ministres sanguinaires moyenâgeux, nous montre ses limites, il n'est pas prêt à payer de sa personne pour que la liberté règne enfin . L'esprit violent de l'an 1923, -prise de pouvoir par le poignard- de cette famille est toujours d'actualité .
http://www.leparisien.fr/international/arabie-saoudite-pe...
http://www.atlantico.fr/rdv/geopolitico-scanner/menaces-m...
Israa al-Ghomgham et quatre autres militants des droits de l’homme étaient accusés d’avoir encouragé la contestation dans une région chiite d’Arabie saoudite.
« Marie-Louise Denis et Voltaire
à César-Gabriel De Choiseul
duc de Praslin
Aux Délices près de Genève
28è auguste 1763
Monseigneur,
Nous vous supplions de daigner être notre juge . Le sieur Mariette notre avocat, vous présentera une requête plus détaillée 1. Il fera voir que l'arrêt obtenu contre nous par défaut, l'a été sur un faux exposé, et contre la femme du sieur Pictet, morte depuis longtemps .
Nous ajoutons seulement ici, que le curé contre lequel nous plaidons, nous a toujours, et publiquement assurés qu'il ne plaidait point, et que pendant ce temps-là même, il faisait avec nous un échange très avantageux, que le roi a revêtu de ses lettres patentes du mois de juin 1763 . Ainsi, ce curé a trompé le Conseil, ainsi que nous .
Les traités et les déclarations de nos rois, nous font espérer que notre sort dépendra de vous . C'est tout ce que nous ambitionnons, et ce que notre partie adverse décline .
Nous sommes avec le plus profond respect
monseigneur
vos très humbles , très obéissants serviteur et servante
Denis
Voltaire . »
1 A savoir le « Mémoire succinct, sur la terre de Ferney et les dîmes » . Les suppliants Voltaire et Mme Denis y demandent « l'honneur et l'avantage de plaider devant nos seigneurs [du Conseil de Berne] » pour « prouver que les dîmes en question leurs appartiennent entièrement » . Voir aussi lettre du 27 septembre 1763 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/09/27/vous-m-empechez-de-dormir-et-je-n-en-peux-plus.html
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22/08/2018
que disent nos chers frères de la liberté que doit avoir selon les lois tout vicaire savoyard ?
... Rien .
C'est exactement ce qu'il faut et qu'il suffit (comme je l'ai appris en math ) .
« A Etienne-Noël Damilaville
26è auguste [1763]
Que dit mon cher frère du peuple genevois ? que disent nos chers frères de la liberté que doit avoir selon les lois tout vicaire savoyard ? Avouez donc que voilà un plaisant événement . Ne vous ai-je pas dit que de deux mille personnes de toutes les parties du monde, et même jusqu'à des Espagnols, que j'ai vues dans mes retraites, je n'en ai pas vu une seule qui ne fût de la paroisse de ce vicaire . L'affaire va grand train chez les honnêtes gens . Orate fratres et vigilate .
Permettez qu’on vous adresse ce petit morceau pour M. Mariette . Mille tendres compliments .
Écr l'inf . »
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Je vois, avec une sainte joie, combien votre cœur est touché des vérités sublimes de notre sainte religion, et que vous voulez consacrer vos travaux et vos grands talents à réparer le scandale que vous avez pu donner
... Se disent réciproquement l'Arabie Saoudite et le Qatar à l'occasion du hajj, rituel et énorme commerce, version 2018 : http://www.france24.com/fr/20180817-arabie-saoudite-mecqu...
Les pèlerins ne sont pas des saints, pas plus les musulmans que ceux de toutes autres religions/superstitions, et leur concentration apporte un anonymat qui permet des actes délictueux noyés dans la masse , et avec la bénédiction d'Allah . Mohammed, tes adorateurs ne valent pas mieux après pèlerinage qu'avant , ils restent aussi bornés , et dans leurs têtes ça continue à tourner bêtement comme autour du caillou sacro-saint .
Noter les rubriques : Ambiance , Humour, Divers
Que pense Patrick Sébastien face à ces redoutables concurrents en rigolade ?
« A Claude-Adrien Helvétius
25è août 1763 1
Monsieur,
Pax Christi 2. Je vois, avec une sainte joie, combien votre cœur est touché des vérités sublimes de notre sainte religion, et que vous voulez consacrer vos travaux et vos grands talents à réparer le scandale que vous avez pu donner, en mettant dans votre fameux livre 3 quelques vérités d’un autre ordre, qui ont paru dangereuses aux personnes d’une conscience délicate et timorée, comme MM. Omer Joly de Fleury, MM. Gauchat, Chaumeix, et plusieurs de nos pères.
Les petites tribulations que nos pères éprouvent aujourd’hui les affermissent dans leur foi ; et plus nous sommes dispersés, et plus nous faisons de bien aux âmes. Je suis à portée de voir ces progrès, étant aumônier de M. le résident de France à Genève ; je ne puis assez bénir Dieu de la résolution que vous prenez de combattre vous-même pour la religion chrétienne dans un temps où tout le monde l’attaque et se moque d’elle ouvertement. C’est la fatale philosophie des Anglais qui a commencé tout le mal. Ces gens-là, sous prétexte qu’ils sont les meilleurs mathématiciens et les meilleurs physiciens de l’Europe, ont abusé de leur esprit jusqu’à oser examiner les mystères. Cette contagion s’est répandue partout. Le dogme fatal de la tolérance infecte aujourd’hui tous les esprits ; les trois quarts de la France au moins commencent à demander la liberté de conscience : on la prêche à Genève.
Enfin, monsieur, figurez-vous que lorsque le magistrat de Genève n’a pu se dispenser de condamner le roman de M. J.-J. Rousseau, intitulé Émile, six cents citoyens sont venus 4 par trois fois protester au conseil de Genève qu’ils ne souffriraient pas que l’on condamnât, sans l’entendre, un citoyen qui avait écrit à la vérité contre la religion chrétienne, mais qu’il pouvait avoir ses raisons, qu’il fallait les entendre ; qu’un citoyen de Genève peut écrire ce qu’il veut, pourvu qu’il donne de bonnes explications.
Enfin, monsieur, on renouvelle tous les jours les attaques que l’empereur Julien, les philosophes Celse et Porphyre, livrèrent, dès les premiers temps, à nos saintes vérités. Tout le monde pense comme Bayle, Descartes, Fontenelle, Shaftesburi, Bolingbroke, Colins, Wolston ; tout le monde dit hautement qu’il n’y a qu’un Dieu, que la sainte vierge Marie n’est pas mère de Dieu, que le Saint-Esprit n’est autre chose que la lumière que Dieu nous donne. On prêche je ne sais quelle vertu qui, ne consistant qu’à faire du bien aux hommes, est entièrement mondaine et de nulle valeur. On oppose au Pédagogue chrétien 5 et au Pensez-y bien 6, livres qui faisaient autrefois tant de conversions, de petits livres philosophiques qu’on a soin de répandre partout adroitement. Ces petits livres se succèdent rapidement les uns aux autres. On ne les vend point, on les donne à des personnes affidées qui les distribuent à des jeunes gens et à des femmes. Tantôt c’est le Sermon des Cinquante, qu’on attribue au roi de Prusse ; tantôt c’est un Extrait du Testament de ce malheureux curé Jean Meslier, qui demanda pardon à Dieu en mourant d’avoir enseigné le christianisme ; tantôt c’est je ne sais quel Catéchisme de l’honnête Homme, fait par un certain abbé Durand. Quel titre, monsieur, que le Catéchisme de l’honnête Homme ! comme s’il pouvait y avoir de la vertu hors de la religion catholique !
Opposez-vous à ce torrent, monsieur, puisque Dieu vous a fait la grâce de vous illuminer. Vous vous devez à la raison et à la vertu indignement outragées : combattez les méchants comme ils combattent, sans vous compromettre, sans qu’ils vous devinent. Contentez-vous de rendre justice à notre sainte religion d’une manière claire et sensible, sans rechercher d’autre gloire que celle de bien faire. Imitez notre grand roi Stanislas, père de notre illustre reine, qui a daigné quelquefois faire imprimer de petits livres chrétiens entièrement à ses dépens. Il eut toujours la modestie de cacher son nom, et on ne l’a su que par son digne secrétaire M. de Solignac. Le papier me manque ; je vous embrasse en Jésus-Christ.
JEAN PATOUREL, CI-DEVANT JÉSUITE. »
1 Voir lettre 509 dans Correspondance générale d'Helvétius : https://books.google.fr/books?id=1fblDQAAQBAJ&pg=PT114&lpg=PT114&dq=Andr%C3%A9+Colinot,+1721%C2%A0&source=bl&ots=H9SCZQ8GW4&sig=Hiq6zo5Qy_OAk7-JFCYL3tVy2Ls&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjjsemf-_7cAhVPExoKHbjXBMcQ6AEwAXoECAkQAQ#v=snippet&q=509&f=false
2 La paix du Christ (soit avec vous ) . Formule par laquelle les jésuites commençaient leurs lettres . V* pastiche leur style, et pousse la plaisanterie jusqu'à écrire la lettre par une main inconnue, peut-être même avec une orthographe particulière (il écrit résident sous la forme rhésident ).
3 De l'esprit .
4 Le 18 juin et le 8 août 1763 .
5 Le pédagogue chrétien, ou la Manière de vivre chrétiennement, de Philippe d'Outreman, vers 1630 ; V* dans sa bibliothèque un exemplaire d’une des nombreuses rééditions postérieures . La dernière édition de l'ouvrage est de 1866 . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k858859n.image
6 Pensez-y bien : courtes réflexions sur les quatre fins et le purgatoire, d'André Colinot, 1721 ; voir : http://data.bnf.fr/10304128/andre_colinot/
et : http://www.chire.fr/A-143337-pensez-y-bien-ou-reflexions-sur-les-quatre-fins-dernieres.aspx
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21/08/2018
Je supplie Votre Excellence de vouloir bien l’encourager à faire ce voyage
... me hasardai-je à dire, -entre la poire et le fromage du repas du 12 courant,- au grand-duc Henri du Luxembourg, dont la propriété jouxte le fort de Brégançon, afin que notre président fasse le voyage au Danemark et en Finlande pour prôner l'unité européenne qui en a bien besoin , et soit entendu .
Dur de bronzer tranquille, surtout en chemise à manches longues ! give me five !
« Au prince Dmitri Mikhaïlovitch Golitsin
25 auguste 1763
à Ferney par Genève 1
Monsieur,
Voici le quatrième envoi que je prends la liberté de dépêcher à Votre Excellence . Le nom qui est sur mes paquets est mon excuse .
J'espère toujours que M. Schouvalow viendra dans nos ermitages : j'oublierai en le voyant ma faiblesse et mes maladies .
Je supplie Votre Excellence de vouloir bien l’encourager à faire ce voyage . Daignez agréer le respect avec lequel je serai toute ma vie, monsieur, de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur .
Voltaire. »
1 Le manuscrit passe pour avoir été dans les archives d’État russes, mais Lyublinsky affirme qu'il ne l'y a pas trouvé ; on a ici la même édition que celle de la lettre du 12 août 1763 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/08/03/j-espere-qu-il-passera-par-nos-hameaux.html
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20/08/2018
Vous vous amusez, monsieur, à faire des enfants comme les pauvres gens. Vous aurez bientôt une famille nombreuse , tant mieux ; il ne saurait y avoir trop de gens qui vous ressemblent
... J'adore ce genre de compliment voltairien qui mêle la moquerie à la louange .
La vie continue (et complique celle du DRH ! ), que disent les seize papas ?
Les enfants de ces infirmières seront-ils des infirmiers tels que leurs mamans ? https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/etats-unis-seize-in...
« A Bernard-louis Chauvelin
25 auguste 1763 à Ferney
Votre Excellence saura que je deviens quinze-vingts, que je suis des mois entiers sans pouvoir écrire. Si l’air de Turin vous a donné un anthrax 1 ou un clou, l’air du lac pourrait bien m’ôter entièrement la vue.
Vous vous amusez, monsieur, à faire des enfants comme les pauvres gens. Vous aurez bientôt une famille nombreuse 2, tant mieux ; il ne saurait y avoir trop de gens qui vous ressemblent. Je ne suis pas si content de monsieur le coadjuteur que de vous. Vous savez sans doute que nous appelions autrefois monsieur l’abbé le coadjuteur 3. Il a oublié l’ancienne amitié dont il m’honorait, parce qu’il a cru que je ne criais pas assez haut : Vive monsieur le coadjuteur !
Je sais que je devrais, plus humble en ma misère,
Me souvenir du moins que je parle à son frère.4
Aussi je lui pardonne de tout mon cœur. Il est impossible de ne pas aimer la rage qu’il a pour le bien public.
J’avais bien recommandé aux Cramer de vous envoyer toutes les misères dont vous voulez bien me parler ; mais l’un est allé à Paris, l’autre à la campagne, et je vois que Votre Excellence n’a point été servie. Je leur ferai bien réparer leur faute . Je vous demande très humblement pardon de leur négligence.
Le bruit a couru que l’Infant 5 voyagerait l’année prochaine, et qu’il passerait par Genève ; je souhaite que vous en fassiez autant. Je sais que vos amis de Paris soupirent après votre retour. Je sais que tous les lieux sont égaux pour les esprits bien faits ; mais il n’en est pas de même quand les esprits bien faits ont des cœurs sensibles.
Je crois que vous verrez à Turin M. de Schouvaloff, ci-devant empereur de Russie 6. Je l’attends à Ferney dans le mois prochain. Il ira de là à Turin et à Venise, et il y soupera probablement avec les six autres rois qui mangeaient à table d’hôte avec Candide et son valet de chambre 7.
Votre Excellence n’aura que l’hiver prochain Pierre Corneille et ses commentaires. J’ai fait une 8 tâche plus vite que les libraires ne font la leur. Vous trouverez que mon commentaire n’est pas comme celui de dom Calmet, qui loue tout sans distinction. Il est vrai que Corneille est pour moi un auteur sacré ; mais je ressemble au père Simon 9, à qui l’archevêque de Paris demandait à quoi il s’occupait pour mériter d’être fait prêtre : Monseigneur, répondit-il je critique la Bible.
Conservez-moi vos bontés, je vous en prie. Permettez-moi de me mettre aux pieds de celle qui fait le bonheur de votre vie, et qui l’augmentera dans un mois.
L’aveugle V. »
1 Une édition donne par erreur entrave , le furoncle ou anthrax est nommé aussi communément clou.
2 Chauvelin eut trois enfants mais aucun d'entre eux ne fit souche, si bien que cette branche de la famille disparut . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard-Louis_Chauvelin
3 L'abbé Chauvelin, dit le coadjuteur ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Philippe_de_Chauvelin
4 Mithridate, I, 1, de Racine .
5 Le duc de Parme
6 Il a été l'amant de l'impératrice Élisabeth .
7 Voir chapitre XXVI de Candide : https://fr.wikisource.org/wiki/Candide,_ou_l%E2%80%99Optimisme/Garnier_1877/Chapitre_26
8 On est tenté de lire ma pour une ; la faute est paléographiquement possible .
9 Richard Simon, de l'Oratoire, fondateur de la critique biblique au XVIIè siècle : https://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Simon
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19/08/2018
J’envoie à notre cher frère un beau désaveu pour mettre dans les papiers publics
... à propos des crimes pédophiliques de mon clergé ."
Signé : François Ier (actuel locataire du Vatican, et non vainqueur de Marignan ) .
Dieu est jeune !
La belle affaire, mon vieux François .
Est-ce pour mieux toucher dieu que ton clergé ne se contente pas de l'hostie rituelle et s'adonne au crime pédophilique ?
« A mon frère Nicolas-Claude Thieriot
23è auguste 1763
Frère, vraiment on a raison de remarquer que ce sont les Rémois qui font la dépense de la statue, et que, par conséquent, ce n’est pas à eux à se louer. Il faudra, s’il vous plaît, rayer ces deux vers-là ; mais donnez toujours ma lettre 1 à M. Pigalle, afin qu’il ne croie pas que je suis un paresseux qui ai négligé de lui répondre.
Je ne sais quel fripon de Paris vient de faire imprimer le Droit du Seigneur sur une mauvaise copie transcrite à la Comédie. Le brigandage est partout. On a imprimé aussi je ne sais quelle tragédie de David, traduite de l’anglais 2, avec mon nom à la tête, les gens sont bien méchants.
J’envoie à notre cher frère un beau désaveu pour mettre dans les papiers publics 3. Je vois qu’on persécutera toujours les saints ; mais aussi vous savez qu’ils auront la vie éternelle.
Quid novi ? Portez-vous bien.
V. »
1 Lettre du 10 août 1763 à Pigalle : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/07/29/je-desespere-d-en-venir-a-bout.html
2 Ces quatre mots sont ajoutés au-dessus de la ligne sur le manuscrit .
3 Ce désaveu fut publié dans les Annonces , affiches et avis divers, 5 septembre 1763, et réimprimé par Émile Lizé, « Deux lettres inédites et un texte oublié de Voltaire », Annales historiques de la révolution française, 1974 . Le voici : « Je suis obligé d'avertir tous ceux qui ont souscrit pour les œuvres du grand Corneille que j'ai rempli toute la tâche que je m'étais imposée ; que toutes ses tragédies ainsi que l'Ariane et Le comte d'Essex de Thomas son frère sont imprimées avec un commentaire ; que tous ceux qui voudront ou souscrire ou demander des éclaircissements peuvent s'adresser au sieur Cramer , libraire à Genève . Je saisis cette occasion pour faire savoir qu'on débite actuellement à Paris , sous mon nom, plusieurs ouvrages dont non seulement je ne suis point l'auteur, mais que même je n'ai jamais vus . J'avertis aussi qu'une comédie intitulée Le Droit du seigneur qu'on débite depuis quelques jours, n'est point telle que je l'ai faite ; qu'elle est entièrement défigurée ; que je n'ai fait présent de mes ouvrages qu'au sieur Cramer ; et qu'on ne doit regarder comme mes ouvrages aucun de ceux qui ne sont pas de son imprimerie . À Genève , 23 auguste 1763. »
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