01/03/2019
Il aura lundi matin autant de contes à dormir debout qu'il voudra
... notre président SDF ( qui pourrait bien , remuant comme il est en ce moment, vivre dans une caravane ), avec, entre autres, les commentaires sur son refus de porter un collier "gilet jaune" . Il n'est pas encore assez bling bling pour accepter de se faire décorer comme un sapin de Noël, qui plus est, par une femme de mauvais poil qui lui promet un avenir grinçant .
Pika Pika Pikachuuuu !
« A Gabriel Cramer
[février 1764]
On dit que mon cher Caro a le plus gros visage du monde ; le mien n'est pas dans ce goût . Il aura lundi matin autant de contes à dormir debout qu'il voudra . Je m'intéresse beaucoup plus à sa santé qu'à toutes les guenilles dont il est question . S'il y a quelque relieur de bonne volonté qui puisse venir avec sa besace et ses outils, je lui enverrai un petit chariot . Il pourrait bien avoir demain des contes . La Tolérance aura bientôt ses coudées franches . Mille tendres compliments . »
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Il faut attendre encore quelque temps pour faire paraître à Paris la Tolérance
... Gilets jaunes vous êtes tolérés, à Paris comme en province, vous ne vous privez pas de semer la zizanie et êtes des fauteurs de trouble : basta ! Demain , restez chez vous , ne rajoutez rien à la pollution ambiante .
Les seuls gilets jaunes que je supporte désormais sont ceux portés par les enfants des écoles primaires qui vont et viennent du terrain de sports , les autres me donnent des boutons .
Le "ça", le "moi", et le "sur moi" : qu'en dis-tu Sigmund ?
« A Gabriel Cramer
[février 1764]
On envoie deux petits chapitres à monsieur Gabriel, et on ne le fera pas languir .
Il faut attendre 1 encore quelque temps pour faire paraître à Paris la Tolérance . Le mandement de l'archevêque et les brochures de ses adhérents que l'on poursuit avec acharnement, donnent lieu à une inquisition violente sur les livres . Le recueil même des contes et des opuscules de Guillaume Vadé et de Jérôme Carré ne passerait pas , tout innocent qu'il est, et monsieur Gabriel fera fort bien de le glisser adroitement avec le Corneille . On regrettera longtemps M. de Malesherbes .
Je demande à cor et à cri les premières feuilles de Guillaume Vadé, je prie instamment monsieur Cramer de me les envoyer . »
1 Wagnière a écrit par erreur entendre .
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28/02/2019
que de faussaires en tout lieu et en tout temps !
... Et rien n'a changé dans ce constat au XXIè siècle mon cher Voltaire , si ce n'est le nombre de faussaires qui grimpe exponentiellement .
« A Paul-Claude Moultou Ministre
à Genève
[vers le 15 février 1764] 1
Je profite, mon cher et aimable philosophe d'un moment d'intervalle que ma fluxion me laisse pour vous dire que je souhaite que ce soit un ministre d’État qui soit l'auteur de ce livre plus que je ne crois . M. de Maurepas en serait seul capable : mais je doute qu'il se mette en frais pour des intérêts qui lui sont si étrangers . La Tolérance est plus courue que connue ; elle est à Versailles sous la clef . On la mettra en liberté quand la fermentation parlementaire sera un peu calmée . Il est bien triste de n'avoir délivré qu'un galérien tandis qu'il y en a vingt-trois aux fers pour avoir prié Dieu mal à propos .
Il y a certainement un peu de mésintelligence entre la cour romaine et la nôtre . Plusieurs évêques étaient prêts de prendre le parti de Rome ; et voilà précisément pourquoi on a enfermé cette Tolérance ou plutôt cette indifférence afin de ne donner aucun prétexte de crier, et de dire qu'on en veut à la fois aux jésuites , aux papes et aux mystères 2.
Vous me feriez grand plaisir mon cher philosophe de m'envoyer la nouvelle preuve de la fausseté de ce beau monument chinois dont Navarette s'est tant moqué 3.
Comment le sage Abausit peut-il croire à ces animaux venus de Tacin 4 conduits par des nuées bleues ? que de faussaires en tout lieu et en tout temps ! Je vous embrasse, je vous respecte autant que je vous aime .
V. »
1 Les allusions au Traité de Versailles, à la garde sous clé du Traité sur la Tolérance, etc. , suggèrent que cette lettre est celle à laquelle Moultou répondit le 29 février et dont la réponse par V* est du 2 mars , d'où la date ici proposée .
2 La fin du paragraphe, depuis et de dire […] , biffée par l'éditeur sur le manuscrit, manque dans les éditions .
3 Voir la Réponse à l'Apologie des jésuites de la Chine par le père Diego Moralez , de Domingo Fernandez Navarrete, dans la Lettre d'une personne de piété sur un écrit des jésuites, 1701 .Voir : http://124.33.215.236/morisoncategory/show_detail_open_morison.php
4 Ce mot est laissé en blanc par le premier éditeur, avec la note : « Un mot indéchiffrable, de quatre ou cinq lettres . Ne serait-ce pas du ciel ? » En fait , cette lecture est impossible . Celle qui est proposée s'appuie sur l'Essai sur les mœurs, II, et les Lettres chinoises , IV ; voir page 19 : http://www.mediterranee-antique.fr/Fichiers_PdF/TUV/Voltaire/Moeurs.pdf
et : pages-22-23 : https://fr.calameo.com/read/00021549850a4ab9f2901
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27/02/2019
On dit que cet écrit est bon, par conséquent il a dû être fort inutile
... Triste constat, ou victoire de la nullité : bad is good !
« A Paul-Claude Moultou
à Genève
[vers le 15 février 1764]
Mon cher et aimable philosophe, n'auriez-vous point, ou ne pourriez-vous point déterrer un petit ouvrage intitulé Traité sur le rappel des protestants sous des conditions sages et honorables pour la religion et pour le gouvernement ?1
On dit que cet écrit est bon, par conséquent il a dû être fort inutile . Le malheur de tous ces livres-là, c'est qu'ils ne sont lus que par des protestants . Il en faut qui soient lus par les catholiques, et qui soient appuyés auprès des ministres ; un livre de cette espèce ne doit jamais paraitre sans avoir un parti qui le soutienne, mais il est plus aisé encore d'écrire que d'agir . Avouez que je travaille un peu pour des ingrats . La même chose pourra vous arriver un jour . Vous exciterez l'envie en méritant la reconnaissance . Comptez que vous n'exciterez jamais chez moi que la plus sincère estime et la plus véritable amitié .
V. »
1 Principes politiques sur le rappel des protestants en France, 1764, de Turmeau de La Morandière ; voir :https://data.bnf.fr/fr/12134741/denis-laurian_turmeau_de_la_morandiere/
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26/02/2019
Je ne vous réponds pas de ressembler à la Vierge Marie qui tire tous les samedis une âme du purgatoire, ... je ferai tout ce qui dépendra de moi pour qu'on ne fasse plus de martyrs
... Pour le plus grand déplaisir de Satan , bête noire, et coupable idéal et tout trouvé par le pape et ses sbires . Satanas et Diabolo avaient au moins le don de nous faire rire, les calottés blanc, rouge, violet et noir sont de bien tristes sires à l'heure de la justice espérée .
Quant à l'ex-vierge Marie, elle n'est pas surchargée de travail puisqu'elle ne s'y colle que le samedi ; je suppose que c'est elle qui a inspiré Martine Aubry et ses 35 heures .
Et ce serait eux les inspirateurs des prélats violeurs ?
« A Louis Necker , Négociant
à Marseille
15è février 1764 1
Ayez la bonté, monsieur, de m'envoyer les noms , surnoms, métiers, galères, numéros, de vos martyrs de la sottise, condamnés à ramer par le fanatisme ; il ne serait pas mal de spécifier en marge les mérites de chaque particulier . Par exemple , Isaac, pour être allé, armé, entendre la parole de Dieu. Jacob, pour avoir donné un soufflet à un prêtre . Daniel, pour avoir parlé irrévérencieusement de la présence réelle, etc.
Je ne vous réponds pas de ressembler à la Vierge Marie qui tire tous les samedis une âme du purgatoire, mais je vous réponds que j'enverrai la liste, et que je ferai tout ce qui dépendra de moi pour qu'on ne fasse plus de martyrs . On peut aller au ciel par tant de voies agréables, qu'il est ridicule d'y aller par celle-là . Je serai fort aise que l'ami Chaumont 2 vienne me faire une paire de souliers, et qu'il se souvienne surtout du proverbe, Ne sutor ultra crepidam 3.
L'affaire des Calas va à merveille . Cette cruelle aventure fera beaucoup de bien, en inspirant beaucoup d’horreur . Il y a encore quelques pédants et quelques hypocrites à Genève , mais il faut espérer que la race en finira . Celui qui vous écrit ces choses édifiantes est à vos ordres . »
1 Original avec cachet « Genève » ; l'édition d'Albert Rilliet « Deux lettres inédites de Voltaire », Journal de Genève du 25 février 1883, donne à tort Jacques Necker comme destinataire .
2 Voir lettre du 11 janvier 1764 à Louis Necker : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/01/16/il-me-parait-qu-il-a-bien-peu-de-foi-et-de-zele-puisqu-il-veut-renoncer-a-l.html
3 [Que le cordonnier] ne vise pas plus haut que la semelle ,( proverbe latin ).
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25/02/2019
Puissent les frères être toujours unis contre les méchants ! Qu’ils fassent seulement pour l’intérêt de la raison la dixième partie de ce que les autres font pour l’intérêt de l’erreur, et ils triompheront
... La charge de travail est immense et je suis encore abasourdi par les déclarations du pape François qui sont un sommet de débilité infantile ; soit il est de bonne foi et digne des petites- maisons, soit il veut nous tromper et il est digne de la prison . C'est du grand Guignol, Jésus-Christ crie et Satan tente , le père Noël grimace et le Père Fouettard jubile, paroles d'experts inexcusables ; décidément toutes les religions nous prennent pour des abrutis , c'est le gagne-pain de ces sectes .
Dédicace à tous ceux qui croient à la poupée qui tousse et aux croquemitaines : https://www.youtube.com/watch?v=TasfaJRD4c8
Le diable est franchement [bi]sexué, mais que cherchent ces mains en dessous de la ceinture du pape ?
« A Etienne-Noël Damilaville
15 février 1764
Ah, mons Crevier 1! ah, pédant ! ah, cuistre ! vous aurez sur les oreilles ; vous l’avez bien mérité, et nous travaillons actuellement à votre procès. Vous entendrez parler de nous avant qu’il soit peu, mons Crevier.
Mes chers frères auront des contes de toutes les façons . Un peu de patience, et tout viendra à la fois. J’ai reçu la première partie des Lettres historiques sur les fonctions du parlement. Il est plaisant que cela paraisse imprimé à Amsterdam . Il faut que l’auteur croie avoir dit partout la vérité, puisqu’il a fait imprimer son livre hors de France. Je remercie bien mon cher frère, et j’espère qu’il aura la bonté de me faire tenir la seconde partie. Je fais venir souvent des livres sur leurs titres, et je suis bien trompé. Ils ressemblent presque tous aux remèdes des charlatans : on les prend sur l’étiquette, et on ne s’en porte pas mieux. Mais au moins il y a quelque chose de consolant dans les mauvais livres ; quelque mauvais qu’ils soient, on y peut trouver à profiter, et même dans celui du lourd Crevier contre le sautillant Montesquieu.
Tout ce que j’apprends des dispositions présentes conduit à croire qu’on ne fera pas mal de répandre quelques exemplaires de la Tolérance. Tout dépend de l’opinion que les premiers lecteurs en donneront. Il s’agit ici de servir la bonne cause, et je crois que mon cher frère ne s’y épargnera pas.
Je ne sais si je lui ai mandé que cet ouvrage avait déjà opéré la délivrance de quelques galériens condamnés pour avoir entendu, en plein champ, de mauvais sermons de sots prêtres calvinistes. Il est évident que nos frères ont fait du bien aux hommes. On brûle leurs ouvrages ; mais il faudra bientôt dire : adora quod incendîsti, incende quod adorasti 2. Puissent les frères être toujours unis contre les méchants ! Qu’ils fassent seulement pour l’intérêt de la raison la dixième partie de ce que les autres font pour l’intérêt de l’erreur, et ils triompheront.
On dit que le contrôleur-général a fait retrancher les pensions sur la cassette, supprimer les tables officiers de la maison, et diminuer les revenant-bons des financiers. Ces ménages de bouts de chandelles ne sont peut-être pas ce qui fait fleurir un État ; mais, si on encourage le commerce et l’agriculture, on pourra faire quelque chose de nous.
J’embrasse tendrement mon cher frère et les frères.
Ecr. l’inf. »
1 Mons n'est pas une abréviation de monsieur mais un terme de mépris pour un inférieur .
2 Paroles adressées à Clovis par Remigius lors de son baptême : adore ce que tu as brûlé ; brûle ce que tu as adoré .
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24/02/2019
nous lisons, nous imprimons ce qui nous plaît, nous ne demandons point permission de penser à un dominicain, et cela vaut mieux que des oliviers et des orangers
... Ecce homo , ecce Voltaire : Esprit libre .
A l'heure du Salon de l'Agriculture, la description de sa situation paysanne n'est pas sans rappeler certaines doléances actuelles, en exceptant bien entendu toute référence à la PAC .
« Au marquis Francesco Albergati Capacelli
Senatore di Bologna
à Bologna
14è février 1764, à Ferney 1
Votre ami, monsieur, me fait trop d'honneur, et je suis obligé de vous avouer ma turpitude et ma misère . Le goût de la liberté, le voisinage de la Bourgogne où j'ai quelque bien, la beauté de la situation dont on m'avait fait des éloges très mérités m'ont engagé à bâtir dans le pays que j’habite depuis dix ans ; mais une ceinture de montagnes couvertes de neiges éternelles, gâtent tout ce que la nature a fait pour nous . En vain nous sommes sous le quarante-sixième degré de latitude, les vents sont toujours froids et chargés de particules de glace ; presque aucune plante délicate ne réussit dans ce climat . On est obligé de semer de nouvelle graine de brocoli tous les deux ans ; toutes les belles fleurs dégénèrent ; les vignes quoique plus méridionales que celles de Bourgogne, ne produisent que de mauvais vin . Le froment qu'on sème rend quatre pour un, tout au plus . Les figues n'ont point de saveur ; les oliviers ne peuvent croître ; enfin , nous avons un très bel aspect avec un très mauvais terrain . Mais aussi , nous lisons, nous imprimons ce qui nous plaît, nous ne demandons point permission de penser à un dominicain, et cela vaut mieux que des oliviers et des orangers .
Je vous avoue à la fois ma misère et mon bonheur . Ce bonheur serait parfait si je pouvais jamais embrasser un homme de votre mérite ; ma vieillesse et mes maux me privent d'une si douce espérance, sans m'ôter aucun de mes sentiments .
V. »
1 Le manuscrit original porte mention « f[ran]co Milano » ; l'édition de Kehl, suivie des autres éditions, supprime « nous ne demandons point permission de penser à un dominicain ». Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1764-partie-7.html
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