30/08/2018
J'ai essayé de faire l'inscription en deux vers de plusieurs manières . Je n'ai été content d'aucune
... Ô Parcoursup ! supplice de la question ! quels aveux attends-tu de tous ces bacheliers qui veulent se dédier à des études en col blanc, dédaignant tout apprentissage de métier manuel dont on a pourtant infiniment plus besoin que d'experts commerciaux ?
Culture Mc Do ! quand tu nous tiens ...
« A Etienne-Noël Damilaville
3 septembre [1763] 1
J'ai essayé de faire l'inscription 2 en deux vers de plusieurs manières . Je n'ai été content d'aucune .
Il y a assez d'espace sur le piédestal pour quatre vers en faisant les lettres un peu plus petites .
Je crois que l'inscription suivante conviendrait assez :
Esclaves prosternés 3 sous un roi conquérant
De vos pleurs arrosez la terre 4.
Levez-vous citoyens, sous un roi bienfaisant,
Enfants bénissez votre père .
J'ai déjà écrit à M. Pigalle 5. Je prie M. Thieriot de lui faire mes très humbles compliments . »
1 L'édition Lettres inédites donne cette lettre pour Thiriot ; l''erreur est corrigée par Clogenson . Pour le quantième, , 4 est corrigé en 3 sur le manuscrit .
2 Voir lettre du 10 août 1763 à Pigalle : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/07/29/je-desespere-d-en-venir-a-bout.html
3 V* a d'abord écrit accablés .
4 On trouve, biffé : Prosternez-vous, frappez la terre .
5 Lettre déjà citée ci-dessus, à moins qu'il ne s'agisse d'un billet pour lui envoyer le quatrain et qui ne nous serait pas parvenu .
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29/08/2018
Il m’a toujours paru que MM. les libraires avaient, pour la probité, une extrême négligence
... Et cette "rentrée littéraire" 2018, avec je crois près de 500 ouvrages, n'est pas faite pour contredire Voltaire . Quelle probité trouver pour l'édition de cette somme ? C'est un commerce , mesdames et messieurs, c'est même un commerce de gros quand un prix quelconque est attribué , en respectant bien sûr l'alternance et le renvoi d'ascenseur de nos éditeurs/fournisseurs : à toi le Goncourt, à moi l'Interallié, à toi le Renaudot, à moi le Médicis, à toi le Fémina, etc.
Partage du gâteau qui, bien entendu, pour des éditeurs est un millefeuille !
Lqissons là la littérature, et revenons aux choses essentielles ...
« A Etienne-Noël Damilaville
1er septembre [1763]
J’ai reçu la tragédie hébraïque 1 dont mon cher frère a bien voulu me régaler . Cet ouvrage est sans doute de quelque jeune prêtre gaillard, tout plein de sa sainte Écriture, lequel a travaillé dans le goût du révérend père Berruyer. L’éditeur est aussi un plaisant ; les noms des personnages sont à faire mourir de rire . La Pythonisse fameuse sorcière en Israël, etc.2 Mais l’éditeur a un peu manqué à la probité en fourrant là mon nom . Il m’a toujours paru que MM. les libraires avaient, pour la probité, une extrême négligence.
Je ne crois pas qu’on soit assez bête à Paris pour traiter sérieusement les amours du bon roi David. Je voudrais bien savoir si Le Franc de Pompignan a traduit en vers magnifiques la belle chanson de l’oint du Seigneur : Beatus qui tenebit et allidet parvulos ad petram 3. L’oint du Seigneur était furieusement vindicatif.
Vous avez raison, mon cher frère, il n’y a rien de si difficile que de faire une bonne inscription en deux vers pour une statue, et surtout dans le temps présent.
Si on envoie des troupes en Normandie, cela gâtera les deux vers 4. Je vous demande encore en grâce, mon cher frère, de vouloir bien faire parvenir à M. Mariette ces questions pour mon affaire temporelle et spirituelle.
A l’égard de mes trois vingtièmes, je crois que M. de Marinval vérifie les états du receveur de Gex . En tout cas, j’ai payé, et si le parlement de Dijon rend un arrêt contre les vingtièmes, il ne me fera pas rendre mon argent.
Vous devez avoir des honnêtes gens de reste 5. Vous en êtes-vous défait pour le bien des âmes ? J’ai grand’peur que cette tragédie de Saül ne fasse grand tort à l’Ancien Testament . Car enfin tous les traits rapprochés du bon roi David ne forment pas le tableau d’un Titus ou d’un Trajan.
M. Hut, qui a fait imprimer à Londres l’Histoire de David 6, l’appelle sans façon le Néron de la Palestine. Personne ne l’a trouvé mauvais ; voilà un bien abominable peuple !
Tendresse aux frères.
Ecr. l’inf. »
1 Saül et David .
2 Ces derniers vers signalent un acheminement vers Le taureau blanc .
3 Heureux celui qui tiendra les petits enfants et les brisera contre la pierre ; Psaumes, CXXXVI, 9 de La Vulgate : https://fr.wikisource.org/wiki/Livre_des_Psaumes_-_Crampo...).
4 Pour la statue de Louis XV à Reims .
5 Le Catéchisme de l'honnête homme .
6Voir la lettre du 18 octobre 1761 à Le Bret : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/10/06/je-m-apercois-depuis-longtemps-que-rien-n-est-si-rare-que-de-5856229.html
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28/08/2018
J'ai l’honneur d’être avec beaucoup de respect, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
... signé : Nicolas Hulot
28è auguste 2018 ."
Auguste ! oui, car le rôle de clown blanc est déjà pris, et celui qui reçoit les coups de pied aux fesses et les tartes à la crème tire le rideau . Ecologie , politique et intérêts économiques ne font pas bon ménage sous nos cieux .
Bonnes vacances Monsieur Hulot , et félicitations .
"Que vouliez-vous qu'il fît ?"
« A Jean-Philippe Fyot de La Marche
Monsieur,
Si j'avais de la santé, je n'aurais pas l'honneur de vous écrire . J'irais au-devant de vous, pour vous supplier très instamment, de venir débarquer dans mon petit ermitage, où vous serez du moins mieux couché que dans une hôtellerie de Genève . Mme de La Marche se reposerait de ses fatigues .
J'envoie à Gex, en cas que vous passiez par Gex ; et à Meyrin, si vous passez par Meyrin . J'attends avec impatience le bonheur de vous faire ma cour .
J'ai l’honneur d’être avec beaucoup de respect,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
À Ferney mercredi matin 31è august [1763]. »
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Mon cher président quand vous me mandez qu'on viendra dans mon petit pays, pourquoi ne me mandez-vous pas que vous viendrez aussi ?
... Serait-ce parce que vous y vîntes déjà récemment pour inaugurer la réouverture au public de mon modeste château, mon ermitage ? Je vous signale que je peux mettre en eau la carpière ( pour laquelle j'ai dépensé moult livres tournoi ) bien supérieure à votre baignoire de Brégançon . Laissez-vous tenter . Mes respects à madame Macron, et je reste , monsieur , votre très obéissant serviteur .
P.S.- Embrassez la petite sirène pour moi ."
Noter la mise aux normes avec rampe pour accès aux p.a.m.r. [sic]
http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article1332http:/...
« A Germain-Gilles-Richard de Ruffey
président
à Dijon
30è auguste 1763 à Ferney
Mon cher président quand vous me mandez qu'on viendra dans mon petit pays, pourquoi ne me mandez-vous pas que vous viendrez aussi ? Je ne réponds point à monsieur le premier président 1 qui a bien voulu me faire part de son voyage . Vous m’avez mandé qu'il serait le trente et un dans le pays genevois . Ma réponse est de l'attendre . Je voudrais bien aller voir le père à La Marche mais je perds la vue, je n'ai point de santé, et je ne peux quitter ni Corneille qui est bientôt fini ni mes ouvrages de campagne que je préfère infiniment à Pertharite, à Théodore, Suréna, Attila, Othon, Pulchérie etc., qui ne valent pas un char de regain .
Je vous aime, je vous estime, je vous respecte .
V. »
1 Jean-Philippe Fyot de La Marche auquel il écrit pourtant le lendemain .
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27/08/2018
J'ai peur que les représentations de nos parlementaires ne soient d'une conséquence plus dangereuse que les remontrances de vos bourgeois faites en procession
...
« A Ami Camp
A Ferney 29 auguste [1763] 1
Mon cher correspondant je présume que M. Tronchin a reçu le montant des lettres de change de M. Turkeim de Strasbourg par moi endossés en votre nom , et à vous envoyées le 27 juillet . Elles sont toutes du 2 mai à trois usances 2 et composent la somme de 11200 livres . Elles doivent avoir été payées à Paris vers le 12 août courant . Vous me ferez plaisir de me faire remettre cette somme en or à Genève . Je vous serai fort obligé .
J'attends le cabriolet que vous avez eu la bonté d’ordonner à Lyon pour moi .
J'ai peur que les représentations de nos parlementaires ne soient d'une conséquence plus dangereuse que les remontrances de vos bourgeois faites en procession à l'occasion de Jean-Jacques . Ce Jean-Jacques fait du bruit à Genève mais il ne sera jamais compris dans les banqueroutes d’Amsterdam . Tout notre petite famille vous fait les plus tendres compliments . »
1 Le manuscrit se trouvait en dernier lieu dans la collection d’Édouard Champion à Paris .
2 Le mot « usance » désigne un « délai de trente jours donné à celui sur qui est tirée une lettre de change pour la payer « .
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26/08/2018
C'est une affaire très désagréable . Je me console d'avance du mauvais succès, mais je ferai tout ce qui dépendra de moi pour en obtenir un bon
... Affirme Jean-Luc Mélenchon à propos de "la raclée" démocratique qu'il veut donner à Emmanuel Macron . Avec l'insoumis bavard-tête-de-gondole, et quelques autres de tous bords et tous acabits, la politique du "contre", de la démolition, du " tous pourris sauf moi" a de beaux jours devant elle . Si vous voulez quelque chose de constructif avec ceux-là, circulez, y'a rien à voir !
« A Etienne-Noël Damilaville
29è auguste [1763]
Puisque vous daignez, mon cher frère, conduire avec tant de bonté mes affaires temporelles, en voici une bonne faffée .1
J'envoie à M. Mariette le brevet que le roi nous a donné à Mme Denis et à moi, accompagné de la copie de notre mémoire au Conseil . Je vous supplie de vouloir bien lui adresser le tout : nous aurons perdu tout le fruit de nos peines et les bontés du roi, si notre évocation au conseil n'a pas lieu . C'est une affaire très désagréable . Je me console d'avance du mauvais succès, mais je ferai tout ce qui dépendra de moi pour en obtenir un bon . J'espère que Dieu aura pitié d'un de vos frères .
Mon cher frère a-t-il distribué les salutaires pancartes qu'il a reçues ? Je fais mille compliments à mon cher frère, et je l'embrasse tendrement . Je serais curieux de voir ce Saül qu'on a la méchanceté de mettre sous mon nom .
Ecr l'inf . »
1Voir lettre à Darget du 6 mai 1750 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1750/Lettre_2081 et Villon : Le Grand Testament, chanson CLXVII : https://www.ebooksgratuits.com/blackmask/villon_le_grand_testament.pdf
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25/08/2018
ou elle est malade, ou elle ne m’aime plus ; et ces alternatives sont fort tristes
... Comment allez-vous chère LoveVoltaire, Mam'zelle Wagnière, auteur de MonsieurdeVoltaire , depuis trop longtemps silencieuse ?
Toutes les saisons sont bien grises sans vous .
http://www.monsieurdevoltaire.com/
« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis
Au château de Ferney 29 août 1763 1
Monseigneur,
Ou votre éminence n’a pas reçu le paquet que je lui envoyai il y a plus d’un mois 2, ou elle est malade, ou elle ne m’aime plus ; et ces alternatives sont fort tristes. C’est quelque chose qu’un gros paquet de vers ou perdu ou méprisé. Renvoyez-moi mes vers, je vous en conjure, et rendez-les meilleurs par vos critiques. Il n’appartient qu’à vous de juger de la poésie. Je viens de lire et de relire vos Quatre Saisons, très mal imprimées . Heureux qui peut passer auprès de vous les quatre saisons dont vous faites une si belle peinture ! Je n’ai jamais vu tant de poésie. Il n’y a que nous autres poètes à qui la nature accorde de bien sentir le charme inexprimable de ces descriptions et de ces sentiments qui leur donnent la vie. C’est Babet 3 qui remplissait son beau panier de cette profusion de fleurs . Que le cardinal ne s’avise pas de les dédaigner. J’aime bien autant votre panier et votre tablier que votre chapeau. Cette lecture m’a consolé des romans de finance 4 qu’on imprime tous les jours, et des remontrances. Je suis fâché que cette édition soit si incorrecte. Il y a des vers oubliés, et beaucoup d’estropiés. Oh ! si vous vouliez donner la dernière main à ce charmant ouvrage ! Pourquoi non ? on ne peut pas dire toujours son bréviaire. Quand vous seriez archevêque, quand vous seriez pape, je vous conjurerais de ne pas négliger un talent si rare . Mais vous ne m’avez rien répondu sur la tragédie de mes roués . Est-ce que les Grâces rebutent le pinceau du Caravage ? Cela pourrait bien être ; mais ne rebutez pas le tendre respect du vieux de la montagne. »
1 Le manuscrit est passé à la vente Sotheby le 11 juin 1968 .
2Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/07/17/on-ne-peut-pas-toujours-etre-tendre.html
3 Surnom de jeunesse de Bernis : Babet la bouquetière ; voir : http://culture-et-debats.over-blog.com/article-babet-ou-la-bouquetiere-ou-l-abbe-l-ambassadeur-le-ministre-le-cardinal-de-bernis-1715-1794-106765935.html
4 Tels que celui de Roussel de La Tour : voir : http://data.bnf.fr/12336832/roussel_de_la_tour/
09:19 | Lien permanent | Commentaires (0)