Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/03/2025

Les melons seront bientôt mûrs

... Fashion week oblige !

flat,750x,075,f-pad,750x1000,f8f8f8.jpg

Eve éternelle

 

 

« A [Paul-Claude Moultou ?]

1er septembre 1769 1

Monsieur, les nouvelles de Nervis 2 sont aussi bonnes que celles de M. Boursier. Un de nos voisins 3 ayant écrit à M. l’abbé Foucher une lettre insérée page 151 du Mercure de France (juin 1769) cet académicien répondit 4, page 144 du second volume de juillet, on lui écrivit 5 page 122 du volume d’août, et l’abbé mettra sans doute dans le Mercure de septembre sa seconde réponse 6 reçue le 26 août, et répondue le 31 du même mois 7 : le tout au sujet du Sadder.

On a aussi imprimé la prétendue Profession de foi de M. de Voltaire, dont le confesseur et le curé de ce savant ont pris acte le 15 avril 8 devant le notaire de Ferney, qui avait donné acte le 1er dudit mois d’avril 9 à M. de Voltaire du pardon public des Guyon, Nonotte, etc. Cette profession de foi n’est point signée de M. de Voltaire, ni des témoins qui ont signé les actes du 31 mars et du 1er avril : ce qui en rend la vérité et l’authenticité plus que suspectes à ceux qui lisent avec réflexion ; voici la lettre qu’une religieuse de Paris 10, laquelle a été quelque temps à Gex, vient d’écrire à ce sujet à monsieur le curé de Ferney, avec un extrait qu’elle lui envoie de ces quatre actes. Vous aurez la bonté de me renvoyer cette lettre, et de faire parvenir à ladite religieuse la réponse de monsieur le curé 11, que vous cachetterez après l’avoir lue, et vous la ferez mettre à la petite poste.

M. Delean a une médaille en plomb qu’il aura l’honneur de vous remettre, ou à M. de La Haye, qui voudra bien lui porter le petit billet ci-joint 12, et se charger de sa réponse, que vous m’enverrez avec la lettre de la religieuse au curé, et celle que m’a promise l’homme de confiance de M. le comte de Sch. 13, qui posta une bagatelle à une dame respectable dont j’attends des nouvelles avec les vôtres, à votre arrivée à Paris.

Les melons seront bientôt mûrs : on n’oubliera pas GG ni SS.

Quand M. Waechter 14 vous aura envoyé des médailles de cuivre, on rendra celle de plomb à M. Delean. »

1 Original ; Ed. Clogenson . Cette lettre est à rapprocher de la lettre du 13 août 1769, et doit être destinée au même correspondant . Les allusions sont parfois obscures .

Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/02/25/voici-ce-qu-en-pense-un-de-nos-republicains-6537015.html

2 Sirven.

5 Lettre du 25 juin 1769 .

6 Ceci n'eut pas lieu .

10 Cette lettre de la religieuse de Paris paraît ne pas avoir été imprimée. (Beuchot.)

Ni la lettre, ni la « religieuse de Paris » ne sont connues à moins que la religieuse ne soit Mme Denis .

11 On ne connaît rien de tel .

12  S'agit-il du document cité en note de la lettre du 3 août 1769 ?

12/03/2025

Le mourant à qui vous envoyâtes il y a environ un mois de très jolis vers, ne pourra vous répondre qu'au cas qu'il ressuscite

... C'est le cas du pape François qui va mieux : https://fr.aleteia.org/2025/03/11/sante-du-pape-quels-son...

 

 

« A Anne-Henriette Payan de Lestang, marquise d'Antremont

[vers août-septembre 1769] 1

Le mourant à qui vous envoyâtes il y a environ un mois de très jolis vers, ne pourra vous répondre qu'au cas qu'il ressuscite . Il n'est pas comme les cygnes qui chantaient , à ce qu'on disait, à leur dernier moment . S'il lui revient de la voix, ce sera pour dire que la vôtre est charmante, qu'il est enchanté de vos talents et de vos bontés . Tous les vivants doivent être à vos pieds, j'y suis aussi , madame, bien que je ne puisse pas remuer .

J'ai l'honneur d'être,

votre très humble et très obéissant serviteur

le pauvre malade de Ferney . »

1 Ed. Poésies de Mme la marquise d'Antremont, 1770 . La date est fournie de façon approximative par la mention « il y a environ un mois » se référant à l’envoi de la marquise, lequel n'est daté [1769] que par rapport à la publication des Poésies […].

Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Anthologie_f%C3%A9minine/Marquise_d%E2%80%99Antremont

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Henriette_Bourdic-Viot

et : https://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/correspondance-annee-1768-partie-9.html

j'ai fait une belle étourderie

... J'ai oublié de fêter mon 331è anniversaire du 20 février !" dixit François-Marie Arouet qui revendique deux dates de naissance et deux papas ( mais quand même une seule maman ).

35aa90dc-0dc8-f048-9d8f-7de5e8314706.jpg

 

« A Joseph Vasselier

Tout vieux que je suis, mon cher ami, j'ai fait une belle étourderie . Je vous ai envoyé dans le paquet que le courrier vous apporte une lettre adressée à M. de Sénovert 1, avocat à Toulouse . Je me suis trompé, elle est pour M. de La Croix qui est l'avocat des Sirven .

Je vous demande en grâce de bouloir bien mettre le nom de La Croix sur l'enveloppe au lieu de Sénovert .

Sirven s'est rendu en prison ; priez Dieu avec moi qu'on ne le roue pas comme on a roué Calas .

Faites-moi l'amitié de donner cours à cette lettre pour M. d’Alembert 2.

Votre bibliothécaire vous embrasse de tout son cœur . Il est toujours bien malade.

V.

1er septembre 1769 à Ferney. »

1 François-Ignace de Sénovert, beau-frère de Lavaysse . Cette lettre n'est pas connue .

Voir : https://man8rove.com/fr/profile/f8qx5vtjl-francois-ignace-de-senovert

et : https://gw.geneanet.org/hparey?lang=en&n=de+senovert+de+cintre&p=francois+ignace

2 Lettre non conservée .

11/03/2025

ils ne connaissent que l’habitude, et nous connaissons l’amitié. Les chiens barbets ont beau avoir la réputation d’être les meilleurs amis du monde, ils ne nous valent pas

... Mme Brigitte Bardot et vous tous membres de la SPA, n'êtes sans doute pas de cet avis, mais il est vrai que Voltaire fut un extraordinaire modèle de fidélité envers quelques humains malgré quelques accrocs de leur part . On peut bien lui pardonner de ne pas mettre les chiens au premier plan .

Petit rappel qui me ravit toujours :  "Plus je connais les hommes, plus j'aime mon chien. Plus je connais les femmes, moins j'aime ma chienne. » (Pierre Desproges).

 

 

« A Gottlob Louis , comte de Schomberg

31 auguste 1769

Il est vrai, monsieur, que j’ai été fort malade. C’est le partage ordinaire de la vieillesse, surtout quand on est né avec un tempérament faible ; et ces petits avertissements sont des coups de cloche qui annoncent que bientôt il n’y aura plus d’heure pour nous. Les bêtes ont un grand avantage sur l’espèce humaine : il n’y a point de coup de cloche pour les animaux, quelque esprit qu’ils aient : ils meurent tous sans qu’ils s’en doutent . Ils n’ont point de théologiens qui leur apprennent les quatre fins des bêtes 1. On ne gêne point leurs derniers moments par des cérémonies impertinentes et souvent odieuses ; il ne leur en coûte rien pour être enterrés ; on ne plaide point pour leurs testaments ; mais aussi nous avons sur eux une grande supériorité, car ils ne connaissent que l’habitude, et nous connaissons l’amitié. Les chiens barbets ont beau avoir la réputation d’être les meilleurs amis du monde, ils ne nous valent pas.

Vous me faites sentir du moins, monsieur, cette consolation dans toute son étendue.

Je n’ai jamais eu l’honneur de voir Mme Gargantua 2. Je ne connais d’elle qu’un soulier qui annonce la plus grande taille du monde ; mais je connais d’elle des lettres qui me font croire qu’elle a l’esprit beaucoup plus délicat que ses pieds ne sont gros.

Je lui passe de ne pas aimer Catau : c’est entre elles deux qui sera la plus grande ; mais je ne lui passe pas de croire qu’une rapsodie 3, contre laquelle vous m’avez vu si en colère, puisse être de moi.

La Compagnie des Indes, dont vous me parlez, paye actuellement le sang de Lally ; mais qui payera le sang du chevalier de La Barre ?

Ne soyez point étonné, monsieur, que j’aie été malade au mois d’auguste, que les Welches appellent août. J’ai toujours la fièvre vers le 24 de ce mois, comme vers le 14 de mai 4. Vous devinez bien pourquoi, vous dont les ancêtres étaient attachés à Henri IV. Votre visite et votre souvenir sont un baume sur toutes mes blessures. Conservez-moi des bontés dont le prix m’est si cher. »

1 Allusion à l’ouvrage de Laurent Rouault intitulé Les quatre Fins de l’homme, avec des réflexions capables de toucher les pécheurs les plus endurcis, et de les ramener dans la voie du salut, 1734 : https://books.google.fr/books?id=7AMPAAAAIAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

2 Mme de Choiseul .

3 Il parle de l’Histoire du Parlement de Paris .

4 C’est le 14 mai 1610 que Ravaillac assassina Henri IV.

10/03/2025

Toutes nos marchandises sont du cru de France

... Ce qui est loin d'être possible dans le monde de la restauration, tout autant que le "fait maison". On peut leur accorder une petite excuse quand on voit par ailleurs le succès, chez la ménagère pressée et les célibataires, des plats cuisinés aux ingrédients d'origines douteuses qui ne les arrêtent pas le moins du monde.

 

 

« A Jeanne-Louise Pavée de Provenchères de Rochefort d'Ally

Ferney 31 auguste 1769 1

Madame Clotier,

J’ai reçu la vôtre, qui m’a fait une grande joie : car, quoique vous n’ayez pas dix-huit ans, cependant vous raisonnez comme une femme de quarante, et outre cela vous avez un très bon petit cœur, ce qui vous attirera toujours beaucoup d’amis. Un homme qui vous a vue dans votre province nous disait l’autre jour en famille : « Cette Mme Clotier est très belle, mais elle pourrait se passer de beauté. »

Nous sommes toujours très attachés, ainsi que monsieur votre époux, à M. l’abbé Bigot 2 et à M. d’Ermide 3. MM. de Bruguières 4, nos ennemis, nous accuseraient en vain de vendre de la contrebande ; nous n’en vendons point. Toutes nos marchandises sont du cru de France ; et pourvu qu’on ne nous desserve pas auprès de M. Le Prieur 5, nous nous moquons de MM. de Bruguières et des financiers 6. Nous souhaitons seulement que vous n’ayez plus la peste 7 et nous espérons toujours que M. Bigot sera votre médecin ; qu’il conservera toujours sa bonne réputation, malgré la tante 8, qui est, je crois, une bonne femme.

Notre manufacture va toujours son petit train, et nous comptons dans quelques semaines pouvoir vous envoyer des échantillons.

Nous reçûmes, il y a un mois, un maroquin rouge fort propre : nous ne savions d’où il venait ; mais enfin nous avons jugé qu’il vient de votre boutique, car vous n’avez que du beau et du bon . C’est une justice qu’on rend à Mme Clotier et à monsieur son cher époux.

Je suis, madame Clotier, avec un profond respect, votre très humble servante et commère.

Girafou. »

1 Copie contemporaine . Ed. Vie privée, qui porte Brunière pour Bruguières.

2 Le duc de Choiseul.

3 Le prince de Beauvau.

4 Gens du parlement .

5 Louis XV

6 La chambre des comptes .

7  Le duc de Villeroi.

8 Mme Du Barry.

Se tromper est très ordinaire, insulter en se trompant est odieux

...

 

« A Paul Foucher

Au château de Tournay ce 31è auguste 1769 1

Monsieur,

La persévérance à défendre ceux à qui on est attaché est une vertu , l’acharnement à soutenir une critique injurieuse et injuste n'est pas si honnête .

Quand on veut faire une critique, il faut consulter toutes les éditions, voir si elles sont conformes, examiner si une faute d'imprimeur que la malignité rejette souvent sur un écrivain n'est pas corrigée dans les dernières éditions . Un censeur est une espèce de délateur ; plus son rôle est odieux, plus il a besoin d'exactitude ; il faut qu'il ait raison en tout .

Celui qui fait imprimer dans le recueil d'une académie des outrages contre un homme d'une autre académie, manque à toutes les bienséances . Il ne faut pas dire : Je parierais bien que M. de *** n'a pas lu le livre dont il parle, parce que cette expression , je parierais bien est d'un style très bas ; parce que dire à un homme : Vous ne connaissez pas les choses dont vous parlez, est une injure grossière, parce qu'il est évident que vous auriez perdu votre gageure ; parce que non seulement l'homme que vous outragez connaît les choses dont il parle, mais les fait quelquefois connaître au public d'une manière à faire repentir ceux qui l'insultent au hasard ; parce que ce n'est pas une excuse valable de dire , comme vous faites : son nom est venu au bout de ma plume . Vous sentez bien, monsieur, que le vôtre peut venir au bout de la sienne et être connu du public .

Permettez-moi, monsieur, de faire ici une réflexion générale . Une des choses qui révoltent le plus les honnêtes gens, c'est cette obstination à vouloir pallier son sort . Se tromper est très ordinaire, insulter en se trompant est odieux . Chercher mille prétextes pour faire accroire qu'on a eu raison d'insulter un homme à qui on devrait des égards est le comble du mauvais procédé . Au reste, la personne avec laquelle vous en avez si mal agi n'a jamais lu votre ouvrage, elle en a été avertie par quelques amis . J'ai vengé la vérité, j'ai fait mon devoir et vous n'avez pas fait le vôtre .

Je suis, monsieur, etc.

Bigex. 

P. – S. Vous pensez, à ce que je vois par votre dernière lettre, que l'on m'a dicté mes réponses . Vous vous trompez en cela comme dans tout le reste . Je ne suis d'aucune académie, mais je sais m'exprimer et je connais les devoirs de la société .»

1 Copie de la main de Bigex ; éd. Lefèvre . Ceci représente la dernière lettre connue de la main de ce copiste . La mention du château de Tournay est bizarre ; V* n'y habitait plus depuis plusieurs années . Voir lettre du 30 avril 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/10/30/j-espere-que-vous-serez-content-de-ma-politesse-6520988.html

09/03/2025

des contretemps que je ne pouvais pas prévoir me mettent dans la nécessité de vous demander encore cent louis

... Oui, cher président et chers ministres, vous allez trouver le moyen de nous faire payer l'effort de guerre nécessaire par tout moyen que vous allez imaginer, pourvu que le mot d'impôt supplémentaire  ne soit pas prononcé ; ça aura la couleur de l'impôt, le goût de l'impôt, mais ça ne sera pas de l'impôt, évidemment .

 

 

« A Guillaume-Claude de Laleu

Secrétaire du roi, Notaire

rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie

à Paris

30è auguste 1769 à Ferney 1

C'est bien malgré moi, monsieur, que je vous importune encore, mais des contretemps que je ne pouvais pas prévoir me mettent dans la nécessité de vous demander encore cent louis . Permettez-moi de les tirer sur vous . Je vous aurai l'obligation de me délivrer d'un embarras très pressant . Je vous enverrai incessamment un certificat de vie . J'ai été si malade pendant un mois entier que je n'ai pas cru que je fusse en droit de demander ce certificat . Je me flatte que le coup porté à la Compagnie des Indes n’empêchera pas qu'elle ne paie les rentes viagères qu'elle doit .

J'ai l'honneur d'être avec bien de la reconnaissance, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Original signé, cachet D sur P.D., et autre cachet rouge, mention : « Renvoyez vieille rue du Temple ».