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14/08/2024

Vous n’empêcherez pas les Welches d’être toujours welches ; mais les véritables Français penseront comme vous

... Tel est le credo du RN qui tente -vainement- de se refaire une virginité en éliminant -en apparence- ses moutons noirs : https://www.lepoint.fr/politique/le-rassemblement-national-fait-le-grand-menage-parmi-ses-cadres-locaux-13-08-2024-2567853_20.php#11

et

https://www.francetvinfo.fr/politique/front-national/

 

 

 

« A Michel-Paul-Guy de Chabanon

6è février 1769

Je suis partagé, mon cher ami, entre le plaisir que m’ont donné les beaux morceaux de votre pièce, et la reconnaissance que je vous dois pour votre préface 1. Vous n’empêcherez pas les Welches d’être toujours welches ; mais les véritables Français penseront comme vous. Votre pièce 2 serait encore plus belle si vous aviez donné plus d’étendue aux sentiments, et si l’action avait été un peu plus filée . Mais, telle qu’elle est, elle doit vous faire beaucoup d’honneur.

Ne va-t-on pas jouer incessamment le cœur 3 du sire de Coucy en ragoût ?

Nil intentatum nostri liquere poetæ.4

Comment gouvernez-vous Orphée-La Borde ? Est-il toujours attaché à ce maudit procès 5 contre un vilain prêtre ? Je n’ai point eu de ses nouvelles depuis près d’un mois.

On m’impute un A, B, C 6, auquel je n’ai nulle part ; mais je voudrais l’avoir fait, et qu’on n’en sût rien.

Je vous embrasse bien tendrement . Ma santé s’affaiblit tous les jours, et je crois que j’irai bientôt rendre mes respects à Corneille et à Racine.

V. »

1 Dans la préface d'Eudoxie qui vient d'être publiée , Chabanon exprime à V* « l'hommage de la plus tendre reconnaissance ».

3 Gabrielle de Vergy, tragédie en cinq actes et en vers de de Belloy, fut imprimée en 1770, mais ne fut jouée que le 12 juillet 1777.

Voir lettre du 1er janvier 1769 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/07/09/vous-ferez-l-usage-que-vous-croirez-le-plus-convenable-tout-6506351.html

4 Horace de Art poétique., v. 285. Nos poètes ne nous ont rien laissé qu'ils n'eussent déjà tenté .

13/08/2024

j’irai au-devant de lui en chantant : hozanna filio Belzebuth

... Mais il y a tant de fils de Belzebuth que j'en deviendrai aphone avant d'en voir le dernier en chantant plutôt enfin leur disparition .

 

 

« A Germain-Gilles-Richard de Ruffey, etc.

à Dijon

4è février 1769 à Ferney

Mon cher président, les marques de votre souvenir me sont toujours bien chères. Ne viendrai-je donc jamais vous en remercier à Dijon ? Ne verrai-je point cette Académie dont je vous regarde comme le fondateur  1? Il y a quinze ans que j’habite la campagne : il faudra bien qu’enfin j’aille vous embrasser à la ville, et que je vous remercie, vous et M. Legouz 2, de l’adoucissement qu’il a mis aux prétentions de votre confrère le président De Brosses, qui faisait tant de cas de mes meubles, et qui, par mégarde et sans y penser, avait mis dans son contrat que tout lui appartiendrait et qu’il dépouillerait mes héritiers 3.

Si mon cher Isaac 4 va au printemps en Provence, je suis sur la route ; j’irai au-devant de lui en chantant : hozanna filio Belzebuth !5

Adieu, mon cher président. Ne manquez pas surtout, je vous en prie, d’assurer M. Legouz de ma tendre reconnaissance ; ce sont des sentiments que je conserverai pour vous et pour lui toute ma vie.

V. »

1 C’est Hector-Bernard Pouffier qui a fondé l'académie de Dijon en 1740 ; mais Ruffey a pris une part importante à la réforme de 1759 qui lui a donné un nouveau départ . Voir Marcel Bouchard, L'Académie de Dijon et le premier discours de Rousseau, 1950, p. 16 et 21 : https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&opi=89978449&url=https://excerpts.numilog.com/books/9782402632027.pdf&ved=2ahUKEwjGsY_fzO-HAxWX2gIHHakEMOwQFnoECBgQAQ&usg=AOvVaw07n8ZyLtLSK0Fg2Gbt4Zl4

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Acad%C3%A9mie_des_sciences,_arts_et_belles-lettres_de_Dijon

3 Cette dernière phrase, depuis votre confrère, a été omise dans la première impression de cette lettre, qui fait partie des Lettres inédites publiées par C.-N. Girault, Dijon, 1819 in-8°. Elle a été restituée par M. Foisset.

4 Le marquis d’Argens.

5 Hosannah au fils de Belzebuth .D'après l'évangile de Matthieu, XXI, 9 : https://www.aelf.org/bible/Mt/21

12/08/2024

La France serait un bien joli pays sans les impôts et les pédants

... On ne peut dire mieux .

Oublions les "pédants" qui critiquaient les J. O. de Paris .

Oublions les impôts ( jusqu'au prochain prélèvement, au moins ).

Que faire pour se débarrasser des deux inconvénients , ou un au moins , au choix ?

 

 

 

« A Jean-François-René Tabareau

3è février 1769 à Ferney 1

Je ne savais pas, monsieur, que vous eussiez été si dangereusement malade . Soyez sût qu'on ne peut vous connaître sans s'intéresser tendrement à vous . L'hiver commence à être rude . Ménagez-vous beaucoup. Votre santé doit être chère à tous les honnêtes gens.

Il est plaisant de fêter à la fois la Purification et la Présentation 2 . La France serait un bien joli pays sans les impôts et les pédants . À l'égard du peuple il sera toujours sot et barbare, témoin ce qui est arrivé à la canaille de Lyon 3. Ce sont des bœufs, auxquels il faut un joug, un aiguillon et du foin . Je vous embrasse de tout mon cœur, vous et M. Vasselier . Sans compliments, s'il vous plaît .

V. »

1 L'édition Cayrol amalgame cette lettre à celle du 24 juin 1769 à Vasselier ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7470

3 Sur l'émeute qui donne lieu à une dure remarque de V*, voir lettre du 29 novembre 1768 à Bordes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/09/il-parait-par-la-derniere-emeute-que-votre-peuple-de-lyon-n-6502213.html

je suis honteux de tant de vin. Vous me prenez pour un Polonais

... Hips !

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Covid ...ton verre !

 

« A János Fékété, comte de Galánta

3 février 1769 à Ferney

Monsieur !

C’en est trop de moitié. Vous m’envoyez de très jolis vers et du vin de Hongrie. Je reçois les vers avec le plus grand plaisir du monde ; mais je suis honteux de tant de vin. Vous me prenez pour un Polonais.

Voici une des bagatelles que vous daignez me demander. Vous ne trouverez, je crois, personne sur les frontières de la Hongrie qui se connaisse en vers français. Il n’y avait guère que M. le duc de Bragance qui pût vous servir de second.

Je ne présume pas que vous ayez la guerre sitôt, à moins que vous ne vouliez la faire absolument. J’imagine que vous vous contenterez des lauriers d’Apollon encore deux ou trois années. Puissent toutes les guerres ressembler à celle de Genève ! Elle n’a été que ridicule, et on a fini par boire ensemble.

Vous voulez, monsieur, me faire l’honneur de me voir face à face ; mais pour cela il faudrait que j’eusse une face, et un squelette de soixante et quinze ans n’en a point ; je ressemble à la nymphe Écho, je n’ai plus que la voix, et encore elle est rauque ; mais je sens vivement votre mérite et vos bontés.

J’ai l’honneur d’être avec le plus sincère et le plus tendre respect,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

l’Ermite des Alpes. »





11/08/2024

Comment pourrait-on être à la fois si hardi, si lâche, et si bête ?

... Facile, il suffit de se nommer Donald Trump et de vitupérer contre Kamala Harris !

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« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

3 février 1769

Voici le temps, madame, où vous devez avoir pour moi plus de bontés que jamais. Vous savez que je suis aveugle comme vous, dès qu’il y a de la neige sur la terre ; et j’ai par-dessus vous les souffrances. Le meilleur des mondes possibles est étrangement fait. Il est vrai qu’en été je suis plus heureux que vous ; et je vous en demande pardon, car cela n’est pas juste.

Serait-il bien vrai, madame, que le marquis de Bélestat, qui est très estimé dans sa province, qui est riche, qui vient de faire un grand mariage 1, eût osé lire a l’Académie de Toulouse un ouvrage qu’il aurait fait faire par un autre, et qu’il se déshonorât de gaieté de cœur pour avoir de la réputation ? Comment pourrait-on être à la fois si hardi, si lâche, et si bête ? Il est vrai que la rage du bel esprit va bien loin, et qu’il y a autant de friponnerie en ce genre qu’en fait de finance et de politique. Presque tout le monde cherche à tromper, depuis le prédicateur jusqu’au faiseur de madrigaux. Vous, madame, vous ne trompez personne, vous avez de l’esprit malgré vous : vous dites ce que vous pensez avec sincérité. Vous haïssez trop les philosophes, mais vous avez plus d’imagination qu’eux. Tout cela fait que je vous pardonne votre crime contre la philosophie, et même votre tendresse pour le pincé La Bletterie.

Je songe toujours à vous amuser. J’ai découvert un manuscrit sur la canonisation que notre Saint-Père le pape a faite, il y a deux ans, d’un capucin nommé Cucufin. Le procès-verbal de la canonisation est rapporté fidèlement dans ce manuscrit : on croit être au XIVè siècle. Il faut que le pape soit un grand imbécile de croire que tous les siècles se ressemblent, et qu’on puisse insulter aujourd’hui à la raison comme on faisait autrefois.

J’ai envoyé 2 le manuscrit de la Canonisation de frère Cucufin à votre grand’maman, avec prière expresse de vous en faire part. Je ne désespère pas que ce monument d’impertinence ne soit bientôt imprimé en Hollande. Je vous l’enverrai dès que j’en aurai un exemplaire. Mais vous ne voulez jamais me dire si votre grand’maman a ses ports francs 3, et s’il faut lui adresser les paquets sous l’enveloppe de son mari.

Je vous prie instamment, madame, de me mander des nouvelles de la santé du président ; je l’aimerai jusqu’au dernier moment de ma vie. Est-ce que son âme voudrait partir avant son corps ? Quand je dis âme, c’est pour me conformer à l’usage : car nous ne sommes peut-être que des machines qui pensons avec la tête comme nous marchons avec les pieds. Nous ne marchons point quand nous avons la goutte, nous ne pensons point quand la moelle du cerveau est malade.

Vous souciez-vous, madame, d’un petit ouvrage nouveau dans lequel on se moque, avec discrétion, de plusieurs systèmes de philosophie ? Cela est intitulé les Singularités de la nature. Il n’y a d’un peu plaisant, à mon gré, qu’un chapitre sur un bateau de l’invention du maréchal de Saxe 4, et l’histoire d’une Anglaise qui accouchait tous les huit jours d’un lapin 5. Les autres ridicules sont d’un ton plus sérieux. Vous êtes très naturelle, mais je soupçonne que vous n’aimez pas trop l’histoire naturelle. Cependant cette histoire là vaut bien celle de France, et l’on nous a souvent trompés sur l’une et sur l’autre. Quoi qu’il en soit, si vous voulez ce petit livre intitulé Les Singularités de la nature 6, j’en enverrai deux exemplaires à votre grand’maman dès que vous me l’aurez ordonné.

Adieu, madame ; je suis à vos pieds. Je vous prie de dire à M. le président Hénault combien je m’intéresse à sa santé. »

1 Le marquis de Bélestat a fait un « grand mariage » en épousant Marie-Charlotte de Rousselet de Château-Renaud, puisque le roi y a signé ; mais l'événement remontait à 1752 . Voir : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&p=francois&n=de+varagnes

et : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&p=marie+charlotte&n=de+rousselet

3 Voir la réponse de la marquise du 8 février 1769 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire...

 

6 Les mots intitulé Les Singularités de la nature manquent dans le manuscrit Wyatt.

10/08/2024

Que n'ai-je appris plutôt dans nos sombres retraites Le lieu, le nouveau poste et le rang où vous êtes.

... Paroles de Mélenchon ou de Marine Le Pen ? Même pendant les vacances les tractations politiques continuent, avec leurs lots de surprises et déceptions . Républicains, LFI, RN, NFP , profitez du beau temps, d'ici une semaine vous allez grouiller comme un seau d'écrevisses, et on verra alors ce que valent les alliances faites le feu au cul .

 

 

 

« A Henri-Louis Lekain

J'ai retrouvé, mon cher ami, une lettre de feu Guimond de La Touche, qui était je crois pour vous, car il supposait qu'il n'y a qu'un grand acteur qui pût faire réussir le rôle d'Iradan . Il priait cet acteur de changer deux ou trois vers à la sixième et dernière scène du quatrième acte . Voici comme ils sont dans cette lettre, et comme ils doivent être, à mon avis.

Le vieux Arzemon

Ce nom coûta souvent des larmes bien cruelles ;

Et vous allez peut-être en verser de nouvelles ;

Mais vous les chérirez .

Iradan

Quels discours étonnants !

Césène

Adoucis-tu mes maux par de nouveaux tourments ?

Le veux Arzemon

Que n'ai-je appris plutôt dans nos sombres retraites

Le lieu, le nouveau poste et le rang où vous êtes.

La guerre loin de moi porta toujours vos pas .

Enfin je vous retrouve 1.

Etc.

Guimond de La Touche priait donc notre grand acteur de faire porter ce petit changement sur la pièce . Je joins mes prières aux siennes en qualité de son exécuteur testamentaire .

Il me semble que cette pièce ne peut souffrir aucune difficulté de la police . En attendant vous allez sans doute, mon cher ami, donner votre cœur à manger à Mlle Vestris, et rendre aux Français le chevalier Bayard 2, dont on dit qu'ils ont grand besoin . Si après Pâques vous voulez faire un voyage en Scythie, je pourrai venir vous en remercier à Paris . Je vous embrasse de tout mon cœur .

V.

2 février 1769 à Ferney. »

1 Les Guèbres .

09/08/2024

J’ai pensé que cela vous amuserait plus que les assemblées de messieurs pour faire enchérir le pain, et que toutes les tracasseries modernes, dont on dit que vous faites peu de cas

... Petit post scriptum à une invitation du président aux remises de médailles olympiques ?

Ou critique d'athlète à un "président hors-sol": https://www.msn.com/fr-fr/actualite/other/jo-2024-emmanue...

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Tout sourire

 

 

« A Louise-Honorine Crozat du Châtel, duchesse de Choiseul

A Lyon ce 2 février 1769 1

Madame, le présent manuscrit étant parvenu en ma boutique, et cette chose étant très vraie et très drôle, j’ai cru en devoir faire prompt hommage à Votre Excellence avant de la mettre en lumière. J’ai pensé que cela vous amuserait plus que les assemblées de messieurs pour faire enchérir le pain, et que toutes les tracasseries modernes, dont on dit que vous faites peu de cas.

Au surplus, madame, je charge votre conscience, quand vous aurez lu la Canonisation de saint Cucufin 2, de la faire lire à madame votre petite-fille 3, laquelle a grand besoin d’amusement et de consolation, étant attaquée du mal de Tobie, et n’ayant point d’ange Raphaël pour lui rendre la vue avec le foie d’un brochet 4. Je me tue à l’amuser tant que je puis ; ce qui est très difficile, tant elle a d’esprit.

Dès que j’aurai mis sous presse la Canonisation de saint Cucufin, à qui je fais de présent une neuvaine, je ne manquerai pas de vous envoyer, madame, deux exemplaires, l’un pour vous, et l’autre pour votre petite-fille, comptant parfaitement sur votre dévotion envers les saints, et sur votre discrétion envers les profanes. J’espère même, sous un mois ou six semaines, garnir votre bibliothèque d’un ouvrage fort insolent 5; mais si le délicat et ingénieux abbé de La Bletterie me défend de plus vous fournir, je ne vous fournirai rien, et je vous laisserai au filet 6.

Toutefois j’ai l’honneur d’être avec un respect vraiment sincère,

madame,

de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.

Guillemet. »

1 Voltaire était à Ferney : mais il date sa lettre de Lyon, parce qu’il suppose que c’est là que demeure le typographe Guillemet, dont il prend le nom. ( Beuchot.)

Copies faites pour Mme Du Deffand ; copie par Wyatt ; édition Kehl .

3 Mme du Déffand appelait Mme de Choiseul sa grand’maman.

4 Dans le livre apocryphe de Tobie . On commence, semble-t-il à voir V* s'intéresser aux histoires bibliques qui feront le fond du Taureau blanc : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-en-ligne-conte-49174851.html

5 Je pense qu’il veut parler de l’Histoire du parlement. (Beuchot.)

V* ayant à cette époque plusieurs ouvrages insolents en chantier il est impossible de dire à quoi ceci s'applique .( Besterman ).

6 « Le filet est un «bridon léger à canons minces qui accompagne d'ordinaire la bride et sert à ménager la bouche du cheval » . D'où par extension, mettre un cheval au filet, lui passer le filet et lui faire tourner le dos au râtelier, et, figurément , l'emploi du texte qui revient à « laisser sans provisions » . Ces explications sont données par le Dictionnaire général de Hatzfeld, Darmesteter et Thomas, qui cite le présent passage.