23/01/2025
Je ne suis pas homme d’ailleurs à demander un billet pour assister à la fête ; je ne vous parle qu’en bon citoyen qui ne songe qu’au plaisir des autres
... C'est ce que disent hypocritement tous les politicards ( en tout cas les Français ) qui n'ont pas été invités à assister à l'intronisation trumpienne . Ils ne pourront pas bicher comme des poux en l'évoquant, et c'est tant mieux . Trump en grand Guignol a montré ce qui lui importe et ses effets de manches ne trompent pas la justice qui va corriger ses dictatures : https://www.rts.ch/info/monde/2025/article/trump-decrets-choc-entre-application-immediate-et-obstacles-juridiques-28764761.html
Il y a des limites , même au Great again !
"A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
À Ferney, 19è juillet 1769
Ce n’est point aujourd’hui à monsieur le doyen de notre Académie, c’est au premier gentilhomme de la chambre que je présente ma requête. Je vous jure, monseigneur, que la musique de Pandore est charmante, et que ce spectacle ferait le plus bel effet du monde aux yeux et aux oreilles . Il n’y avait certainement qu’un grand opéra qui pût réussir dans la salle du Manège, où vous donnâtes une si belle fête aux noces de la première dauphine ; mais la voûte était si haute que les acteurs paraissaient des pygmées ; on ne pouvait les entendre. Le contraste d’une musique bruyante avec un récit qui était entièrement perdu faisait l’effet des orgues qui font retentir une église quand le prêtre dit la messe à voix basse. Il faut, pour des fêtes qui attirent une grande multitude, un bruit qui ne cesse point, et un spectacle qui plaise continuellement aux yeux. Vous trouverez tous ces avantages dans la Pandore de M. de La Borde, et vous aurez de plus une musique infiniment agréable, qui réunit, à mon gré, le brillant de l’italien et le noble du français.
Je vous en parle assurément en homme très désintéressé, car je suis aveugle tout l’hiver, et presque sourd le long de l’année. Je ne suis pas homme d’ailleurs à demander un billet pour assister à la fête ; je ne vous parle qu’en bon citoyen qui ne songe qu’au plaisir des autres.
De plus, il me semble que l’opéra de Pandore est convenable aux mariages de tous les princes 1, car vous m’avouerez que partout, il y a de grands malheurs ou de grands chagrins mêlés de cent mille petits désagréments. Pandore apporte l’amour et l’espérance, qui sont les consolations de ce monde et le baume de la vie. Vous me direz peut-être que ce n’est pas à moi à me mêler de vos plaisirs, que je ne suis qu’un pauvre laboureur occupé de mes moissons, de mes vers à soie, et de mes abeilles ; mais je me souviens encore du temps passé, et, si je ne peux plus donner de plaisir, je suis enchanté qu’on en ait.
Mme de Fontaine-Martel, en mourant, ayant demandé quelle heure il était, ajouta : « Dieu soit béni ! quelque heure qu’il soit, il y a un rendez-vous. »
Pour moi, je n’emporterai que le regret d’avoir traîné les dernières années de ma vie sans vous faire ma cour ; mais je vous suis attaché comme si je vous la faisais tous les jours.
Agréez le tendre respect de V."
1 Voir une note de la lettre du 31 juillet 1769 à d'Argental : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7616
Lors du mariage du dauphin et de Marie-Antoinette, dont il était question depuis longtemps (voir lettre du 16 décembre 1768 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/20/je-ne-songe-a-present-qu-a-rebatir.html ) et qui n'eût lieu que le 16 mai 1770 .
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22/01/2025
j’ai toujours remarqué qu’on ne lisait point, qu’on parcourait avec négligence, et qu’on jugeait au hasard
... On peut le dire au présent ; mon pauvre Voltaire si tu pouvais lire ce qui se dit à jet continu sur les réseaux-dits-sociaux, tu n'en reviendrais pas que tant d'énergie soit dépensée pour donner de si lamentables éructations .
"A François-Louis-Claude Marin
A Ferney 19 juillet 1769 1
Je n’avais point achevé, monsieur, la lecture de l’Histoire du Parlement, lorsque je vous mandais 2 que cet ouvrage me paraissait très superficiel, et d’ailleurs un plagiat presque continuel. Mais je vous avoue que les derniers chapitres m’ont paru aussi indécents que faux et mal écrits. Qu’est-ce qu’un supplice perpétré ? Qu’est-ce qu’un départ pour son exil ? Qu’est-ce qu’un procès à faire à Damiens 3 ? Je ne connais guère de plus mauvais style que celui de ces derniers chapitres : ils ne paraissent pas de la même plume 4 que les premiers ; et ils sont si mauvais en tout sens qu’ils ne méritent pas qu’on les réfute. Si on lisait avec quelque attention, si tous les lecteurs étaient aussi judicieux que vous, on ne m’imputerait pas de telles rapsodies ; mais j’ai toujours remarqué qu’on ne lisait point, qu’on parcourait avec négligence, et qu’on jugeait au hasard. Rien ne peut égaler l’indignation où je suis, ni ma sincère amitié pour vous."
1 Copie envoyée à Mme Denis ; autre copie envoyée à d'Hornoy . Ed. Lettres inédites . La date est donnée seulement par la seconde des deux copies .
2 Par la lettre du 5 juillet 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/01/06/la-multitude-des-ouvrages-inutiles-est-si-immense-que-la-vie-6529896.html
3 Voltaire, qui relève ces phrases, n’a pas changé la seconde ; voir page 96 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_Œuvres_complètes_Garnier_tome16.djvu/106
4 Ed. : main
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vous savez que les morts sont bien moins ingrats que les vivants
... Pour peu qu'on leur laisse la parole . Il doit y en avoir quelques exemples dans ces oeuvres posthumes, autobiograhiques, je vous laisse le choix :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C3%A9gorie:Roman_posthume
Voir par exemple Samuel Butler "Ainsi va toute chair" : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ainsi_va_toute_chair
Le Paradis, d'hervé Guibert : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Paradis_(roman)
La Fille pauvre , de Maxence Van der Meersch : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Paradis_(roman)
"A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La Touraille
19è juillet 1769
Vraiment, monsieur, je ne savais pas l’honneur que vous m’avez fait 1 et l’obligation que je vous ai. Vous écrivez des lettres charmantes à des pédants, et après vous être fait tailler avec tant de courage, vous vous amusez à venger la pauvre innocence opprimée. Vous rendez justice à la mémoire de mon cher oncle, l’abbé Bazin. Je le verrai bientôt, et je lui dirai ce que vous avez daigné faire pour lui ; il y sera sensible; vous savez que les morts sont bien moins ingrats que les vivants.
Je ne sais pourquoi on s’obstine parmi les vivants à m’attribuer l’Histoire du Parlement. Il est juste que je prenne la liberté de vous confier ce que je pense sur cet ouvrage, dont l’impression est, je vous assure, un grand mystère d’iniquité. Voici la copie de la lettre que j’ai écrite 2 à M. Marin, secrétaire de la librairie. Vous vous êtes fait mon chevalier : vous voilà engagé par vos bienfaits; ajoutez, monsieur, à toutes les grâces dont vous me comblez, celle de me mettre aux pieds du digne petit-fils du grand Condé.
Comptez, monsieur, jusqu’au dernier moment de ma vie, sur le tendre respect de l’ermite des Alpes."
1 Lettre du 25 janvier 1769 à Tabareau : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/08/06/le-bibliothecaire-s-acquitte-de-son-devoir-du-mieux-qu-il-pe-6509578.html
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Nous verrons si on sera assez barbare pour agir contre un homme de soixante et quinze ans sur des propos vagues et ridicules sans la moindre apparence de preuve
... C'est du Sarkozy tout pur [sic], celui qui serait capable de tricher sur son âge comme sur bien des affaires malhonnêtes : https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/01/21/au-proc...
https://www.lunion.fr/id676766/article/2025-01-05/lactual...
"A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy
19è juillet [1769] 1
La poste part, mon cher ami, presque au moment où je reçois votre lettre . À peine ai-je le temps et la force de vous dire combien je vous suis obligé de m'avoir instruit de tout ce qui se passe . Tout ce que je puis vous dire c'est que je ne sais rien de plus erroné et de plus platement écrit que la fin de cet ouvrage . Cela n'est pas assurément de moi . Il faut être bien peu judicieux ou très méchant pour dire que c'est là mon style . Mme Denis sait qu'on m'a volé des lettres qu'on veut encore faire imprimer 2. L'aventure dont vous me parlez est beaucoup plus odieuse . Je n'ai d'autre parti à prendre que celui de me taire et de me renfermer dans l'innocence la plus prouvée .
Au reste, voilà à peu près le centième ouvrage qu'on m'impute . Nous verrons si on sera assez barbare pour agir contre un homme de soixante et quinze ans sur des propos vagues et ridicules sans la moindre apparence de preuve . J'ai assez vécu, et je mourrai en vous aimant .
Vous pourrez montrer la copie ci-jointe 3.
Si vous avez la bonté d'envoyer les arrêts en question, je vous prie de les envoyer par M.Marin."
1 Original, les deux derniers paragraphes sont autographes .
2 Sur cette affaire, voir lettre du 8 juillet 1769 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/01/12/il-faut-se-resigner-et-agir-6530715.html
et celle du 22 juillet 1769 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/09/correspondance-annee-1769-partie-24.html
3 Probablement une copie de la lettre du 5 juillet 1769 à Marin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/01/06/la-multitude-des-ouvrages-inutiles-est-si-immense-que-la-vie-6529896.html
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21/01/2025
on ne manquera pas de fournir pour l'arrière-cabinet tout ce qu'on pourra recevoir de Hollande
... L'herbe qui fait rire, par exemple, et quelques tulipes, faute de proposer un territoire riche en minéraux pour le nouveau locataire de la Maison Blanche .
Je me suis bien gardé de regarder son investiture , l'avènement d'un salopard me débecte .
Bravo peuple US, magnifique choix, tu vas en baver des ronds de chapeau / Well done people of the USA, magnificent choice, you are going to lose your hat.
"A François-Samuel Mandrot, Secrétaire
et Bibliothécaire de la Société
à Morges 1
La personne à qui monsieur Mandrot a bien voulu s'adresser pour avoir quelques livres a été très flatté de l'honneur et du plaisir d'être son bibliothécaire . On fait partir aujourd’hui par le coche un petit paquet ; et on ne manquera pas de fournir pour l'arrière-cabinet tout ce qu'on pourra recevoir de Hollande .
Le bibliothécaire de monsieur Mandrot souhaiterait passionnément d'avoir l'honneur de s'entretenir avec lui . Il ira peut-être prendre les eaux de Rolle 2, et saisira ce prétexte pour voir un philosophe qui met les hommes en état de s'instruire . Il lui présente ses très sincères obéissances .
18è juillet 1769.3"
1 Voir : https://www.unil.ch/files/live/sites/defelice/files/shared/DF_MANDROT.pdf
et : https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/042463/2010-11-11/
et lettre du 12 février 1768 de Charles Bonnet : https://archives.bge-geneve.ch/ark:/17786/vtad55c7425b0e4e029/dao/0/1?id=https://archives.bge-geneve.ch/ark:/17786/vtad55c7425b0e4e029/canvas/0/1&vx=1765.61&vy=-3580.51&vr=0&vz=5.2631
3 Original : bibliothèque de Morges .
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20/01/2025
ne savez-vous pas que je suis tolérant, et que je préfère même le petit nombre, qui fait la bonne compagnie à Paris, au petit-nombre des élus
... La preuve, j'ai invité à mon investiture la crême de l'extrême droite française , européenne et mondiale ! " dit le pénible Trump qu'il va falloir subir quatre ans (sauf heureuse disparition providentielle ) .
Qui paye les frais de voyage des invités ? Le RN pour Louis Aliot , Julien Sanchez et Alexandre Sabatout ? Reconquète pour Marion Maréchal , Zemmour et Sarah Knafo ?
Voir le montant faramineux des frais de cet évènement : https://www.vietnam.vn/fr/chi-phi-khung-cho-le-nham-chuc-...
https://www.cartooningforpeace.org/editos/trump-investitu...
"A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand
18è juillet 1769
Ma nièce m’a dit, madame, que vous vous plaignez de mon silence, et que vous voyez bien qu’un dévot comme moi craint de continuer un commerce scandaleux avec une dame profane telle que vous l’êtes. Eh ! mon Dieu, madame, ne savez-vous pas que je suis tolérant, et que je préfère même le petit nombre, qui fait la bonne compagnie à Paris, au petit-nombre des élus ? Ne savez-vous pas que je vous ai envoyé par votre grand’maman les Lettres d’Amabed 1, dont j’ai reçu quelques exemplaires de Hollande ? Il y en avait un pour vous dans le paquet.
N’ai-je pas encore songé à vous procurer la tragédie des Guèbres, ouvrage d’un jeune homme qui paraît penser bien fortement, et qui me fera bientôt oublier ? Pour moi, madame, je ne vous oublierai que quand je ne penserai plus ; et, lorsqu’il m’arrivera quelques ballots de pensées des pays étrangers, je choisirai toujours ce qu’il y aura de moins indigne de vous pour vous l’offrir. Vous serez bientôt lasse des contes de fées. Quoi que vous en disiez, je ne regarde ce goût que comme une passade.
Avez-vous lu l’Histoire 2 de M. Hume ? il y a là de quoi vous occuper trois mois de suite. Il faut toujours avoir une bonne provision devant soi.
Il paraît en Hollande une Histoire du Parlement, écrite d’un style assez hardi et assez serré ; mais l’auteur ne rapporte guère que ce que tout le monde sait, et le peu qu’on ne savait pas ne mérite point d’être connu : ce sont des anecdotes du greffe. Il est bien ridicule qu’on m’impute un tel ouvrage ; il a bien l’air de sortir des mêmes mains qui souillèrent le papier de quelques invectives contre le président Hénault 3, il y a environ deux années : c’est le même style ; mais je suis accoutumé à porter les iniquités d’autrui. Je ressemble assez à vous autres, mesdames, à qui on donne une vingtaine d’amants quand vous en avez un ou deux.
Deux hommes que vous connaissez sans doute, M. le comte de Schomberg et M. le marquis de Jaucourt, ont forcé ma retraite et ma léthargie ; ils sont très contents de mes progrès dans la culture des terres, et je le suis davantage de leur esprit, de leur goût, et de leur agrément ; ils aiment ma campagne, et moi, je les aime. Ah ! madame, si vous pouviez jouir de nos belles vues ! il n’y a rien de pareil en Europe ; mais je tremble de vous faire sentir votre privation. Vous mettez à la place tout ce qui peut consoler l’âme. Vous êtes recherchée comme vous le fûtes en entrant dans le monde : on ambitionne de vous plaire ; vous faites les délices de quiconque vous approche. Je voudrais être entièrement aveugle, et vivre auprès de vous."
1 Mme Du Deffand accuse réception des Lettres d'Amabed dans une lettre du 16 juillet : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7596
V* avait dû les envoyer en même temps que la lettre du 3 juillet 1769 à la duchesse de Choiseul : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/01/03/les-details-me-pilent-6529523.html
Lettres d'Amabed : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_Œuvres_complètes_Garnier_tome21.djvu/461
2 Voltaire avait, en 1764, donné dans la Gazette littéraire un article qui est pages 169-173 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_Œuvres_complètes_Garnier_tome25.djvu/179
3 Voltaire veut parler de l’Examen de la nouvelle Histoire de Henri IV. Voir page 532 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_Œuvres_complètes_Garnier_tome15.djvu/542;
et : page 265 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_Œuvres_complètes_Garnier_tome29.djvu/275
et ci-dessus la lettre du 13 septembre 1768 à Hénault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/03/26/m-6491423.html
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Les livres ne peuvent qu'amuser... et ne peuvent rien lui apprendre
... Est-ce pour cela que les Français, en particulier les jeunes se désintéressent des livres ? Petite étude sur le sujet : https://www.culture.gouv.fr/actualites/La-lecture-en-pert...
Nos jeunes ne prennent pas même le temps de lire les consignes de leurs jeux vidéo, pressés qu'ils sont de faire s'agiter leurs personnages et cliquant au pif sans autre but .La France, ta culture fout le camp !
"A François-Louis Allamand
18è juillet 1769 1
Le bibliothécaire de monsieur Allamand lui fait les plus sincères compliments, et lui envoie deux volumes qu'il vient de recevoir . Les livres ne peuvent qu'amuser monsieur Allamand et ne peuvent rien lui apprendre ."
1 Au verso de la lettre, Allamand a noté quelques vers pour mettre à la tête du pot-pourri de Voltaire [...] de La Philosophie de l'histoire [...] de La Pucelle [...] .
Voir : https://lumieres.unil.ch/fiches/bio/18/
et : https://data.bnf.fr/fr/ark:/12148/cb12061798d
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