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26/11/2023

Tout ce que je sais, aussi certainement qu’on peut savoir quelque chose, c’est-à-dire en doutant

...

 

« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul

1er Avril 1768.1

Mon protecteur, ceci s’adresse au ministre de paix. Vous avez la bonté de m’accorder quelques éclaircissements sur le Siècle de Louis XIV. Tout ce qui regarde la cruelle guerre est imprimé. Je n’ai plus qu’un seul petit objet de curiosité sur une tracasserie ecclésiastique en cour de Rome. Mon protecteur connaît ce pays-là. Il y avait, en 1699, un birbone, un furfante, un malandrino 2 nommé Giori, espion de son métier, prenant de l’argent à toute main, et en donnant partie ad alcuni ragazzi ; quello buggerone 3 trahissait le cardinal de Bouillon en recevant ses présents . Il fut la cause de tous les malheurs de ce cardinal. Il doit y avoir deux ou trois lettres de ce maraud, écrites en février et mars 1699, à M. de Torcy. Si vous vouliez, monseigneur, en gratifier ma curiosité, je vous serais fort obligé.

Y aurait-il encore de l’indiscrétion à vous demander la relation de la colique néphrétique de cet ivrogne de Pierre III, adorateur du roi de Prusse, écrite par M. de Lunière 4, secrétaire du baron de Breteuil ? Cette relation est entre les mains de plusieurs personnes, et n’est plus un secret. Tout ce que je sais, aussi certainement qu’on peut savoir quelque chose, c’est-à-dire en doutant, c’est que Pierre III n’aurait point eu la colique s’il n’avait dit un jour à un Orlof, en voyant faire l’exercice aux gardes Préobazinsky : « Voilà une belle troupe ; mais je ferais fuir tous ces gens-là comme des gredins, si j’étais à la tête de cinquante Prussiens. »

Je vous jure, mon protecteur, que ma Catherine ne m’a pas dit un mot de cette colique, quoiqu’elle ait eu la bonté de me mander tout le bien qu’elle fait dans ses vastes États. Je ne lui ai point écrit :

Ninus, en vous chassant de son lit et du trône,

En vous perdant, madame, eût perdu Babylone.

Pour le bien des mortels vous prévîntes ses coups ;

Babylone et la terre avaient besoin de vous :

Et quinze ans de vertus et de travaux utiles,

Les arides déserts par vous rendus fertiles,

Les sauvages humains soumis au frein des lois,

Les arts dans nos cités naissant à votre voix,

Ces hardis monuments, que l’univers admire,

Les acclamations de ce puissant empire,

Sont autant de témoins, dont le cri glorieux

A déposé pour vous au tribunal des dieux.5

Elle n’a pas même fait jouer Sémiramis une seule fois à Moscou. Cependant je ne la crois pas si coupable qu’on le dit ; mais si vous daignez m’envoyer la petite relation, je vous jure, foi de votre créature, de n’en jamais faire le moindre usage.

Je ne me suis pas encore fait chartreux, attendu que je suis trop bavard, mais je fais régulièrement mes pâques, et je mets aux pieds du crucifix toutes les calomnies fréroniques et pompignantes qui m’imputent toutes les gentillesses antidévotes 6 que Marc-Michel Rey imprime depuis trois ou quatre ans, à Amsterdam, contre les plus pures lumières de la théologie. Il y a deux ou trois coquins défroqués qui travaillent, sans relâche, à l’œuvre du démon. Mais sérieusement vous m’avouerez qu’il serait bien injuste d’imaginer qu’un radoteur de soixante et quatorze ans, occupé du Siècle de Louis XIV, de mauvaises tragédies, de mauvaises comédies, d’établir une fortune de quarante écus , de suivre dans ses voyages une princesse de Babylone, et de faire continuellement des expériences d’agriculture, eût le temps et la volonté de barboter dans la théologie.

Les envieux mourront, mais non jamais l’envie.7

Les envieux ont eu beau jeu. Une nièce qui va à Paris quand un oncle est à la campagne est une merveilleuse nouvelle : mais le fait est que mes affaires étant fort délabrées par le manque de mémoire de plusieurs illustres débiteurs grands seigneurs, tant français qu’allemands, je me suis mis dans la réforme . Je me suis lassé d’être l’aubergiste de l’Europe. Je donne vingt mille francs de pension à ma nièce, votre très humble servante. Cornélie-Chiffon, nièce du grand Corneille, a eu en mariage environ quarante mille écus, grâce à vos bienfaits et à ceux de madame la duchesse de Gramont. J’ai partagé une partie de mon bien entre mes parents, et je n’ai plus qu’à mourir doucement, gaiement, et agréablement, entre mes montagnes de neige, où je suis à peu près sourd et aveugle.

Voilà un compte très exact de ma conduite . Ma reconnaissance le devait à mon bienfaiteur , le bavard lui demande pardon de l’avoir tant ennuyé ; il bavardera vos bontés jusqu’au dernier moment de sa vie.

Il voudrait bien bâtir une jolie maison dans votre ville de Versoix, mais il sera mort avant que votre port soit fait.

la vieille marmotte des Alpes. »

1 V* a daté la minute : «  1er avril à M. le duc de Choiseul. »

2 Un drôle, un gredin, un malandrin .

3 A quelques garçons ; ce bougre-là [...]

4 Plus exactement Claude Carloman de Rulhière dont les souvenirs et anecdotes furent publiés pour la première fois partie dans les Œuvres posthumes de M. de Rulhière, 1792, partie dans une nouvelle édition des Œuvres posthumes de Rulhière, 1819 . L'épisode dont il est ici question fut imprimé dans l'Histoire, ou Anecdotes sur la révolution de Russie en l'année 1762, 1797, dont l'épître dédicatoire est datée du 10 février 1768 .

Rulhière faisait lecture dans les sociétés de ses Anecdotes sur la révolution de Russie. (Georges Avenel.)

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Carloman_de_Rulhi%C3%A8re

5 Sémiramis, Ac. I, sc. 5 , de Voltaire . Sur le manuscrit, on lit d'abord le premier vers suivi de etc., onze vers, puis ajouté dans la marge : « Copiez ici les 11 vers de Sémiramis ».Voir : https://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/VOLTAIRE_SEMIRAMIS.xml

6 Parmi ces créations plaisantes, on pourrait se demander si antidévot n'est pas attesté : or il n'est enregistré ni par Littré ni par le très riche Dictionnaire national de Bescherelle .

7 Tartufe, Ac.V, sc. 3 , vers 1666, de Molière : http://moliere.gueuledebois.net/Tartuffe/LeTartuffe_5_3.html

25/11/2023

je n'ai pu encore obtenir un mot de réponse sur cet article essentiel, sans lequel rien ne peut être consommé

... Hamas s'en tient à cette affirmation .

C'est hélas ce qui se passe en Israël et Gaza pour l'échange de prisonniers et otages ; Joe Biden , lui, appliquant la méthode Coué, s'attend à des libérations par douzaines, Hamas n'est pas du même avis : https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-pa...

 

 

 

« A Charles-Eugène, duc de Wurtemberg

A Ferney 1er avril 1768 1

Monseigneur,

La chambre de Montbéliard vient de m'envoyer deux délégations pour l'avenir, à commencer le 1er juillet prochain, et, quoique ces délégations ne soient pas revêtues de formes ordinaires, le respect pour votre nom, et la confiance en votre générosité y suppléeront . Mais quoique j'aie envoyé vingt mémoires à la Chambre, quoiqu'il suffise d'un quart d'heure pour mette en règle le passé, quoique j'aie envoyé mon compte conforme à celui du sieur Jeanmaire, votre conseiller, et du sieur Surleau, avocat, je n'ai pu encore obtenir un mot de réponse sur cet article essentiel, sans lequel rien ne peut être consommé .

Messieurs de la chambre des finances n'ont rien écrit, rien statué sur les soixante et dix mille livres qu'on veut prêter à Votre Altesse Sérénissime, à Genève, et dont vous avez fait deux billets dont je suis dépositaire . M. Jeanmaire m’a mandé à la vérité que votre intention était que cet argent servit à me payer les arrérages du passé qui se montent à 66 924 livres . J'ai envoyé le compte tout dressé à messieurs de la chambre des finances il y a plus d'un mois . J’ai envoyé plusieurs mémoires consécutifs . Tout est en règle de ma part, et dans la meilleure forme ; il ne s'agit que de finir .

Je supplie Votre Altesse Sérénissime de daigner ordonner que cette affaire soit enfin entièrement terminée . C'est ce que j’attends de sa générosité et de sa bonté . C'est ce que mon grand âge, mes maladies et les intérêts de ma famille me forcent de vous demander avec instance.

Je suis avec un profond respect, monseigneur

de Votre Altesse Sérénissime

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1Voir : Voltaire créancier du duc de Wurtemberg, Emile Lizé ; https://www.jstor.org/stable/40528905

Si la nature ne m’avait pas donné deux antidotes excellents, l’amour du travail et la gaieté, il y a longtemps que je serais mort de désespoir

... Est-ce le cas pour les Enarques de la promotion Voltaire de 1980 à celle de Charlie Hebdo de 2015 :

De la promotion Voltaire (ENA 1980) à Charlie Hebdo (2015) Université de Lorraine https://hal.univ-lorraine.fr › tel-04057869 de W Soumaho · 2022 — De la promotion Voltaire (ENA 1980) à Charlie Hebdo (2015) : présence de Voltaire dans la société et dans les textes (aire française et ...

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

1er avril [1768], et ce n’est pas un poisson d’avril.

Je reçois, mon cher ange, votre lettre du 26 mars. Vous n’avez donc pas reçu mes dernières , vous n’avez donc pas touché les quarante écus que je vous ai envoyés par M. le duc de Praslin 1, ou bien vous n’avez pas été content de cette somme ? Il est pourtant très vrai que nous n’avons pas davantage à dépenser, l’un portant l’autre. Voilà à quoi se réduit tout le fracas de Paris et de Londres. Serait-il possible que ma dernière lettre adressée à Lyon 2 ne vous fût pas parvenue ? Je vous y rendais compte de mes arrangements avec Mme Denis, et ce compte était conforme à ce que j’écris à M. de Thibouville . Ma lettre est pour vous et pour lui. Mandez-moi, je vous en conjure, si vous avez reçu cette lettre, qui doit être timbrée de Lyon 3. Cela est de la plus grande importance, car, si elle ne vous a pas été rendue, c’est une preuve que mon correspondant est au moins très négligent. Je vous disais que j’étais dans les bonnes grâces de M. Jeannel 4, et je vous le prouve, puisque c’est lui qui vous envoie ma lettre et La Princesse de Babylone 5.

Vous me demandez pourquoi j’ai chez moi un jésuite ? Je voudrais en avoir deux ; et, si on me fâche, je me ferai communier par eux deux fois par jour. Je ne veux point être martyr à mon âge. J’ai beau travailler sans relâche au Siècle de Louis XIV, j’ai beau voyager avec une Princesse de Babylone, m’amuser à des tragédies et des comédies, être agriculteur et maçon, on s’obstine à m’imputer toutes les nouveautés dangereuses qui paraissent. Il y a un baron d’Holbach à Paris qui fait venir toutes les brochures imprimées à Amsterdam chez Marc-Michel Rey. Ce libraire, qui est celui de Jean-Jacques, les met probablement sous mon nom. Il est physiquement impossible que j’aie pu suffire à composer toutes ces rapsodies . N’importe, on me les attribue pour les vendre.

J’ai lu la relation 6 dont vous me parlez . Elle n’est point du tout sage et modérée, comme on vous l’a dit . Elle me paraît très outrageante pour les juges. Jugez donc, mon cher ange, quel doit être mon état . Calomnié continuellement, pouvant être condamné sans être entendu, je passe mes derniers jours dans une crainte trop fondée. Cinquante ans de travaux ne m’ont fait que cinquante ennemis de plus, et je suis toujours prêt à aller chercher ailleurs, non pas le repos, mais la sécurité. Si la nature ne m’avait pas donné deux antidotes excellents, l’amour du travail et la gaieté, il y a longtemps que je serais mort de désespoir.

Dieu soit béni, puisque Mme d’Argental se porte mieux : Je me recommande a ses bontés.

Mes compliments je vous prie à Mme Gillet 7 .»

 

1 Un exemplaire de L’Homme aux quarante écus. Voir lettre du 2 novembre 1767 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/06/02/ces-bagatelles-amusent-un-moment-deux-ou-trois-cents-oisifs-6445853.html

2 Cette lettre manque.

3 L'adresse de cette lettre ne nous est pas parvenue .

4 Sur Jeannel, intendant général des postes, voir lettre du 9 août 1756 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/08/05/je-m-unis-a-tout-hasard-aux-sentiments-des-saints-sans-savoi.html

7 Mme Gillet était non pas une bas-bleu comme on l'a dit, mais une femme d'esprit qui collaborait à la feuille de Fréron.

24/11/2023

Je tâcherai de vous faire une pacotille

... D'autres que moi semblent s'en charger

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https://www.tribunejuive.info/2023/10/31/tribune-feminici...

 

« A Louise-Suzanne Gallatin Vaudenet 1

[mars-avril 1768 ?]

Ma chère voisine, j'ai deux Princesse de Babylone, je les céderai volontiers . Je n'ai aucun des autres romans qu'on demande . Ils sont imprimés en Hollande ; je les ferai chercher à Genève, mais ils sont très rares, et il faudra du temps . Je tâcherai de vous faire une pacotille . Mes respects, je vous en prie, au très aimable prince ; je suis fâché de mourir sans lui faire ma cour . Vous me faites compliment sur ma santé . J'ai soixante et quatorze ans et je suis très malade .

Votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

j'ai bien des choses à vous dire

... affirme Anwar Abu Eisheh, ancien ministre de l'Autorité palestinienne : https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-pa...

 

 

 

« A Pierre-Michel Hennin

Mille remerciements à mon très cher ministre . Je n'oublierai jamais ses bontés . J'ai peur que la fille au vilain ne soit déjà mariée, du moins je la crois fiancée . Si vous pouvez, monsieur, vous échapper un moment et venir à Ferney, j'ai bien des choses à vous dire . Je ne vous dirai jamais combien je vous aime et révère .

Mercredi au soir [mars-avril 1768]. »

Il est triste qu'on cherche à transformer les nouvelles publiques et d'autres écrits plus sérieux en libelles diffamatoires . Chaque citoyen est intéressé à prévenir les suites d'un abus si funeste à la société

... Ce qui attriste Voltaire à l'époque du simple écrit est multiplié par millions au temps de l'internet, et des réseaux dits "sociaux", vastes poubelles où un peu de bon est inondé de merdouilles . Je plains les modérateurs  . Les capacités de nuisance sont infernales . Il y a urgence à former chacun à savoir trier le vrai du faux , c'est vital si on ne veut pas voir exploser des guerres nouvelles tant les humains sont faciles à berner : la terre est certainement plate !

"Lao Tseu a dit "Il faut trouver la voie !" , et "Pour la trouver il faut vous couper la tête !" selon Didi son disciple (Le Lotus Bleu). On en est trop souvent là .

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Retour de flamme, c'est maintenant le Chinois qui est méchant et le Japonais gentil

 

 

« Au « Mercure de France » 1

J'ai appris dans ma retraite qu'on avait inséré dans la Gazette d'Utrecht du 11 mars des calomnies contre M. de La Harpe, jeune homme plein de mérite déjà célèbre par la tragédie de Warwick et par plusieurs prix remportés à l'Académie française avec l'approbation du public . C'est sans doute ce mérite-là même que lui attire les imputations envoyées de Paris contre lui à l'auteur de la Gazette d’Utrecht . On articule dans cette gazette des procédés avec moi dans le séjour qu'il a fait à Ferney 2. La vérité m'oblige de déclarer que ces bruits sont sans aucun fondement et que tout cet article est calomnieux d'un bout à l’autre . Il est triste qu'on cherche à transformer les nouvelles publiques et d'autres écrits plus sérieux en libelles diffamatoires . Chaque citoyen est intéressé à prévenir les suites d'un abus si funeste à la société .

Fait au château de Ferney, 30 [31] mars 1768.

Voltaire. »

1 Minute olographe ; édition « Article envoyé par M. de Voltaire pour être inséré dans les papiers publics », Mercure de France, avril 1768 . La lettre parut aussi dans d'autres journaux de l'époque, à la date du 31 dans tous les textes imprimés bien qu'elle soit sans aucun doute rédigée le 30.

2 Dans son numéro du 18 mars 1768, la Gazette d'Utrecht, dans une « nouvelle de Paris » datée du 11, déclare que La Harpe a été expulsé de Ferney parce qu'il trahissait la confiance de son bienfaiteur « en lui enlevant furtivement différents manuscrits précieux » . V* fera souvent allusion à ce vol, dont Dupuits avait été témoin.

23/11/2023

le montant ne m'est pas présent à l'esprit . Il sera aisé de faire ce compte

... dit Rachida Dati au juge qui la poursuit pour « corruption et trafic d’influence passif par personne investie d’un mandat électif public ». Pour mémoire, il s'agit de 900 000 euros, touchés en "honoraires" de Renault-Nissan, à forte odeur de pot-de-vin : https://www.20minutes.fr/justice/4055076-20230927-affaire...

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Plus menteuse qu'elle et plus bêcheuse que ça, tu meurs !

 

 

« A Guillaume-Claude de Laleu 1

1768 30 mars

Le séjour, monsieur, que Mme Denis doit faire à Paris exige que je profite de vos bontés pour faire quelques arrangements nécessaires .

Vous savez que ni M. de Richelieu ni les héritiers de la maison de Guise, ni M. de Lézeau ne m’ont payé depuis longtemps .

Cela fait un vide de 8800 livres de rente .

Le reste de mes revenus que M. Le Sueur doit toucher se monte à 45 200 livres sur lesquelles je paye 400 livres au sieur Le Sueur, 1800 livres à M. l'abbé Mignot, et 1800 livres à M. d'Hornoy à compter de ce jour au lieu de douze cents livres qu'il touchait . C'est donc 3400 à soustraire de 45 200 livres, reste net : 41 800 livres .

Sur ces 41 800 livres, j'en prenais 36 000 livres pour faire aller la maison de Ferney . Vous avez eu la bonté de faire payer encore plusieurs petites sommes pour moi à Paris dont le montant ne m'est pas présent à l'esprit . Il sera aisé de faire ce compte .

M. de Laborde a la générosité de m'avancer tous les mois mille écus pour les dépenses courantes que vous voulez bien rembourser quand le sieur Le Sueur a reçu mes semestres . Je serai obligé de prendre ces trois mille livres encore quelques mois à Genève chez le correspondant de M. de Laborde, pour m'aider à payer environ 20 000 livres de dettes criardes .

Sur les 41 800 livres de rente qui me restent entre vos mains il se peut qu'il me soit dû encore quelque chose . En ce cas je vous supplie de donner à Mme Denis ce surplus, et de vouloir bien me faire savoir à quoi il se monte .

Outre ce surplus on a transigé avec M. de Lézeau à condition qu'il paierait 9000 livres au mois d'avril où nous entrons . Je compte encore que M. le maréchal de Richelieu lui donnera un acompte .

Tout cela lui peut composer cette année une somme de 20 000 livres, après quoi, lorsque les affaires seront en règle, je m'arrangerai de façon avec vous qu'elle touchera chez vous 20 000 livres de pension chaque année . Je me flatte que vous approuverez mes dispositions et que vous m'aiderez à m'acquitter des charges que les devoirs du sang et de l'amitié m'imposent .

Je vous souhaite une bonne santé .

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois,

monsieur. »