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23/11/2023

vous n'êtes pas si arithméticienne, ... vous ne vous souciez guère de savoir si la France est riche ou pauvre

... C'est un avis à l'opposition  , ridiculement campée sur des négations, qui fait des bonds de cabri quand le budget national est adopté via le 49-3 (ce en quoi, ça confirme que notre première ministre sait compter au moins jusqu'à 49 ) : https://www.france24.com/fr/france/20230927-%C3%A9conomie...

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Puce, sans âme et mortelle aussi, comme l' I A sans l'homme est si proche du hi-han 

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

30è mars 1768 1

Quand j'ai un objet, madame, quand on me donne un thème, comme par exemple de savoir si l'âme des puces est immortelle, si le mouvement est essentiel à la matière, si les opéras-comiques sont préférables à Cinna et à Phèdre, ou pourquoi Mme Denis est à Paris, et moi entre les Alpes et le mont Jura, alors j'écris régulièrement, et ma plume va comme une folle .

L'amitié dont vous m'honorez me sera bien chère jusqu'à mon dernier moment, et je vais vous ouvrir mon cœur .

J'ai été pendant quatorze ans l'aubergiste de L'Europe , et je me suis lassé de cette profession . J'ai reçu chez moi trois ou quatre cents Anglais qui sont tous si amoureux de leur patrie que presque pas un seul ne s'est souvenu de moi après son départ, excepté un prêtre écossais nommé Broun 2, ennemi de M. Hume, qui a écrit contre moi, et qui m'a reproché d'aller à confesse, ce qui est assurément bien dur .

J'ai eu chez moi des colonels français avec tous leurs officiers pendant plus d'un mois . Ils servent si bien le roi qu'ils n’ont seulement pas eu le temps d'écrire ni à Mme Denis , ni à moi .

J'ai bâti un château comme Béchamel 3, e tune église comme Lefranc de Pompignan . J’ai dépensé cinq cent mille francs à ces œuvres profanes et pies . Enfin , d'illustres débiteurs de Paris et d'Allemagne, voyant que ces magnificences ne me convenaient point , ont jugé à propos de me retrancher les vivres pour me rendre sage . Je me suis trouvé tout d'un coup presque réduit à la philosophie . J'ai envoyé Mme Denis solliciter les généreux Français, et je me suis chargé des généreux Allemands.

Mon âge de soixante et quatorze ans, et des maladies continuelles me condamnent au régime et à la retraite . Cette vie ne peut convenir à Mme Denis, qui avait forcé la nature pour vivre avec moi à la campagne . Il lui fallait des fêtes continuelles pour lui faire supporter l'horreur de mes déserts, qui de l'aveu des Russes sont pires que la Sibérie pendant cinq mois de l'année . On voit de sa fenêtre trente lieues de pays, mais ce sont trente lieues de montagnes, de neiges et de précipices . C'est Naples en été, et la Laponie en hiver . Mme Denis avait besoin de Paris ; la petite Corneille en avait encore plus besoin . Elle ne l'a vu que dans un temps où ni son âge, ni sa situation ne lui permettaient de le connaître . J’ai fait un effort pour me séparer d'elles, et pour leur procurer des plaisirs à la tête desquels je mets celui qu'elles ont eu de vous rendre leurs devoirs . Voilà, madame, l'exacte vérité sur laquelle on a bâti bien des fables, selon la louable coutume de votre pays, et je crois même tous les pays .

J'ai reçu de Hollande une Princesse de Babylone . J’aime mieux les Quarante écus que je ne vous envoie point, parce que vous n'êtes pas si arithméticienne, et que vous ne vous souciez guère de savoir si la France est riche ou pauvre . La princesse part sous l'enveloppe de Mme la duchesse de Choiseul. Si elle vous amuse je ferai plus de cas de l’Euphrate que de la Seine .

J'ai reçu une petite lettre de Mme de Choiseul ; elle me paraît digne de vous aimer . Je suis fâché contre M. le président Hénault ; mais j'ai cent fois plus d'estime et d'amitié pour lui que je n'ai de colère .

Adieu, madame, tolérez la vie ; je la tolère bien . Il ne vous manque que des yeux, et tout me manque . Mais assurément les sentiments que je vous dois et que je vous ai voués ne me manquent pas .

V. »

2 Sur ce Brown, voir de Beer-Rousseau, p. 49-50 .Robert Brown. Voyez une note du chap. Ier de la Guerre civile de Genève. (Georges Avenel.)

3 Louis de Béchamel, marquis de Nointel, surintendant des bâtiments sous Louis XIV, célèbre pour son hospitalité fastueuse et encore plus pour l'invention de la sauce de son nom . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_B%C3%A9chameil_de_Nointel

22/11/2023

Voici , mon cher ami, des lettres très importantes

... Ce sont les lettres de Voltaire, cher ami lecteur .

Aujourd'hui , faute de lecture on écoute et on regarde, plus ou moins attentivement/distraitement une foule d'informateurs/informations . Permettez-moi de vous diriger vers ceci , découvert au hasard (heureux ) : https://www.youtube.com/watch?v=6sCJlcmlA6Y

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

30 mars 1768

Voici , mon cher ami, des lettres très importantes que je vous supplie de faire tenir à ma famille . N'y a-t-il rien de nouveau dans la littérature que vous aimez ? On parle d’une relation de la mort du chevalier de La Barre que l'on dit très touchante . Je ne l'ai point vue . J’ignore si cela a été imprimé en Hollande ou à Paris . C'est apparemment quelque feuille volante que vous pourriez aisément me faire tenir si elle était tombée entre vos mains .

Voilà tout ce que peut vous écrire aujourd'hui un pauvre malade ermite . »

21/11/2023

Je me vois dans la nécessité de vous faire mes dernières représentations

... Ecoutons ce que dit Aurélien Pradié, député LR , à propos du projet de loi sur l'immigration : https://www.francetvinfo.fr/politique/les-republicains/re...

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« Au Conseil suprême de Montbéliard

29è mars 1768 à Ferney

Messieurs,

Le sieur Meivel, directeur des forges de Montbéliard m'a bien mandé en effet que vous lui aviez ordonné de me payer trente-quatre mille livres par année à partir du 1er avril ; mais il ne m'a point envoyé de soumission en forme portant qu'il s'engage à me payer à moi ou à mon ordre huit mille cinq cents livres sans frais .

Je n'ai reçu aucune nouvelle concernant l'autre partie qui consi[s]te en vingt huit mille livres .

Je n'ai point reçu mon compte en forme . Le procureur de M. Jaquelot ne veut pas avancer un sou sans ces préliminaires . Je suis tout aussi mal que j’étais . Je me vois dans la nécessité de vous faire mes dernières représentations . Ma famille ne peut pas souffrir qu'on ait aussi peu d'égard pour mon âge et pour mes procédés .

J’ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois,

messieurs,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

Il y a six mois entiers qu'on me donne des paroles dont aucune n'a été exécutée

... J'espère bien qu'aucun sinistré de la tempête ou des inondations ne pourra dire cela face aux assurances et aux engagements financiers de l'Etat .

Voir : https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A16...

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« A Charles-Eugène, duc de Wurtemberg

Au château de Ferney 29è mars 1768

Monseigneur,

Je suis obligé d'informer Votre Altesse Sérénissime qu'aucun de vos ordres n'a été exécuté à Montbéliard . Il n'y a qu'un maître de forges 1 qui m'ait mandé qu'il était chargé de me payer une somme cette année ; mais on ne m'a envoyé aucune délégation en forme .

On me doit actuellement environ soixante et sept mille livres . Le procureur du sieur Jaquelot ne veut pas prêter un denier sans voir des délégations . Les deux billets que Votre Altesse Sérénissime m'a fait l'honneur de me confier deviendront absolurent inutiles si le sieur Jeanmaire qui a contracté avec moi en votre nom ne se met pas en règle . Il est bien cruel qu'à mon âge de soixante et quatorze ans passés je sois obligé de me plaindre de lui soit devant Votre Altesse Sérénissime, soit devant la justice de France .

Je vous demande en grâce, monseigneur, de prévenir ce malheur par des ordres si précis qu'ils ne puissent être éludés . Il y a six mois entiers qu'on me donne des paroles dont aucune n'a été exécutée .

Je suis sans aucune ressource ; on me prive, moi et ma famille, du pain dont nous vivions.

Je suis avec un profond respect,

monseigneur,

de Votre Altesse Sérénissime

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

Il faut enfin que les hommes conçoivent que la religion ne doit servir qu'à unir les hommes et non à les diviser, que la morale ne peut faire que du bien et que le dogme a toujours fait du mal . C'est une vérité essentielle, dont il est temps de convenir

... Hélas, cette convention ne viendra que lorsque les poules auront des dents .

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« Au comte Alexandre Romanovitch Vorontsov

28 mars 1768

Monsieur, si la satisfaction dont j'ai vu M. Bourdillon pénétré a été un peu altérée par l'apostasie de cet évêque de Cracovie , il goûte d'ailleurs une joie pure en voyant les dissidents rétablis dans les droits de l'humanité , et les progrès de la raison qui s'étendent chaque jour du Nord au Midi . Il faut enfin que les hommes conçoivent que la religion ne doit servir qu'à unir les hommes et non à les diviser, que la morale ne peut faire que du bien et que le dogme a toujours fait du mal . C'est une vérité essentielle, dont il est temps de convenir . L'hydre des disputes théologiques a trop désolé la terre . Vous me feriez, monsieur, un sensible plaisir de me mander si votre auguste impératrice est d'accord avec le roi de Pologne . Ces deux têtes philosophiques me semblent faites pour être unies. Soyez sûr d'ailleurs que je vous garderai le plus profond secret . Il ne s'agit ici que de l'estime et de la confiance qu'ils se doivent l'un à l'autre . L’amitié n'est pas affaire d’État .

Conservez, monsieur, un peu de bonté pour un vieux serviteur qui est pénétré des plus respectueux sentiments pour votre mérite .

V. »

20/11/2023

Je voudrais que vous fussiez philosophe syndic

...

 

« A Jacob Vernes

Le brave ennemi d'Athanase et de la tyrannie est supplié de me renvoyer Le Philosophe militaire 1. Je n'ai que cet exemplaire .

Je voudrais que vous fussiez philosophe syndic, et que vous cessassiez d'être un petit Sinésius qui prêchait des bêtises dont il se moquait . Croyez-moi, troquez vite votre maudit rabat de prêtre contre un rabat de conseiller .

Votre très humble et très obéissant serviteur

V.

28è mars [1768].

Renvoyez Le Militaire chez M. Souchay. »

avec de l'ordre et de l'économie je ferai face à tout . Il n'y a que le désordre qui ruine

... D'où mon recours au 49-3" dit Mme Borne, première ministre qui s'en prend plein la figure et n'en démord pas .

 

 

« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy

28è mars 1768

Mon cher parlementaire , suspendez un moment vos disputes avec l'ange bouffi du Grand Conseil pour écouter mon plaidoyer, comme si vous étiez sur les fleurs de lys 1 ; réunissez-vous tous les deux ; n'en croyez point les discours vagues et extrajudiciaires du public . Vous savez que ce public a autant d'oreilles et de bouches que la renommée mais qu'il n'a point d'yeux . Voici le fait clair et net .

M. le maréchal de Richelieu me doit vingt-sept mille livres, la succession de Guise vingt mille, Lézeau vingt mille, ce qui joint à d'autres non-valeurs sur mes rentes, monte à près de quatre-vingt mille .

M. le duc de Virtemberg en doit aussi environ quatre-vingt mille . Il a fait des billets à ordre qui ne sont payables que dans deux années (c'est-à-dire probablement après ma mort ) et sur lesquels on ne peut emprunter un denier . Voilà un vide de cent soixante mille livres sur un revenu qui était ma ressource .

Le seul château de Ferney, avec les embellissements et les améliorations de la terre, a coûté cinq cent mille livres, et rapporte très peu . J'ai dépensé plus de deux millions dans le pays barbare que j’habite depuis quatorze ans . Telle est ma situation . Je ne vous dis pas tout . Je vous enverrai bientôt un mémoire sur la terre de Tournay qui vous surprendra .

Nous avons pendant l'année dernière donné des fêtes à trois régiments . Nous avons eu chez nous pendant deux mois un colonel et presque tous ses officiers . Ce colonel est si occupé du service du roi, qu’étant de retour à Paris il ne nous a pas seulement écrit un mot de remerciement .

Ainsi en ont usé trois ou quatre cents Anglais que nous avons très bien reçus, et qui sont si attachés à leur patrie qu'ils ne se sont jamais souvenus de nous . Nous avons été pendant quatorze ans les aubergistes de l’Europe, aux Délices, à Lausanne, à Ferney.

Joignez à tout cela l'agrément d'acheter tout à Genève le double plus cher qu'en France, et de payer toute la main-d’œuvre le double ; vous verrez que le chapeau de Fortunatus et les trésors d'Aboulcassem n'y suffiraient pas .

Je ne veux pas mourir ruiné ; et je ne veux pas que Mme Denis en souffre . Elle ne peut vivre dans le pays barbare de Gex sans quelques amusements qui la consolent ; et ces amusements ne se trouveront plus . J'ai soixante et quatorze ans . Je me couche à dix heures du soir , je me lève à six du matin . Cette vie ne peut lui convenir ; sa santé s'altère , elle a besoin de tous les secours de Paris . Ce séjour n'est pas moins nécessaire à Mme Dupuits . C'est forcer la nature que de transporter des Parisiennes dans les glaces éternelles des Alpes et du mont Jura ; je dirais plus, c'est abréger leurs jours . Je n'ai plus qu'à mourir, mais il faut qu'elle vive, et quelle vive agréablement .

Il ne me reste actuellement que mes rentes sur M. de Laleu ; tout le reste est épuisé pour deux années . Ces rentes dans lesquelles il y a tant de non-valeurs suffiront à peine pour entretenir Mme Denis à Paris et moi à Ferney . Vous n'avez pas assez sur ces rentes , et il faut pour être juste égaler le Parlement au Grand Conseil . Ainsi , je vous supplie dès à présent, à commencer du premier avril où nous sommes, d'accepter la somme modique de dix-huit cents livres en attendant mieux .

J'avais compté que pour compléter la part que je fais à Mme Denis, M. le maréchal de Richelieu lui donnerait au moins trois ou quatre cents louis d'or . Je l'en ai conjuré par ma dernière lettre . S'il ne veut pas faire cet effort, si la succession de Guise ne fournit rien encore, vous avez mon cher ami votre recours sur Lézeau, qui doit donner au mois d'avril neuf ou dix mille francs au procureur boiteux . Ces neuf ou dix mille francs joints à ce que Mme Denis peut avoir encore, ne suffira pas pour lui faire avoir des meubles d'une maison commode . Il faut donc qu'elle vende la terre de Ferney qui baissera toujours de prix, par l'aversion naturelle qu'ont tous les Genevois à posséder des biens-fonds dans ce pays, et surtout parce qu'ils n'achètent jamais que de l'utile et non de l'agréable . Je me retirerais alors dans la terre de Tournay . Elle toucherait une grosse somme d’argent comptant ; elle augmenterait ses rentes, elle serait très riche .

Cet arrangement si convenable, et même si nécessaire, a manqué pour ne m'avoir pas envoyé à temps son consentement, et pour avoir écouté des personnes qui ne pouvaient être au fait de ses affaires, ni de ma position . Le marché qu'on lui proposait était des plus avantageux, mais il ne se retrouvera plus 2. L'acquéreur s'est dédit, et a donné l'alarme aux autres .

Mme Denis m'a laissé pour environ quinze mille livres de dettes criantes à payer 3 ; j'en ai environ pour cinq mille de ma part . Il ne me reste pour subvenir à toute cette année et le suivante que mes rentes . J'arrangerai tout de manière qu'elles suffiront .

J'ai encore vingt-sept personnes à nourrir dans le le château . Mais avec de l'ordre et de l'économie je ferai face à tout . Il n'y a que le désordre qui ruine .

Je me flatte qu'après cette lettre je serai reçu dans l'académie de lésine de Boulogne ; mais ma famille ne m'exclura pas du temple de l'amitié .

Je reçois une petite lettre de M. Dupuits toute pleine d’amitié . Je l’embrasse tendrement lui et sa femme . Il trouvera ici son avocat quand il viendra, il a un maudit bien dans le maudit pays de Gex .

Mme Denis n'a point répondu à mes trois dernières lettres . Serait-elle malade ? M. Dupuits ne me le mande point, ni vous non plus .

V. »

1 C'est-à-dire en séance au tribunal .

2Voir lettre 7213 de Hennin du 19 mars 1768 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411361p/texteBrut

3Curieux détail qu'on ne soupçonnerait guère .