16/12/2023
Avez-vous la Gazette d'Avignon
... Oui : https://www.gazette-locale.fr/communes/grand-avignon
« A Charles Bordes
[avril 1768]
Avez-vous la Gazette d'Avignon 1, mon cher ami ? Si vous l'avez lue, demandez-moi ma bénédiction, et travaillez toujours à cultiver la vigne du Seigneur. »
1Sans doute à propos de l'occupation par les troupes de Louis XV, du Comtat venaissin et d'Avignon, états pontificaux , pour faire pression sur le pape : https://fr.wikipedia.org/wiki/Comtat_Venaissin
Voir : https://presselocaleancienne.bnf.fr/ark:/12148/cb41428877f
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15/12/2023
Je dois mépriser ces impostures, sans pourtant haïr les imposteurs. Plus on avance en âge, plus il faut écarter de son cœur tout ce qui pourrait l’aigrir
... Ce qui revient dans ce monde actuel à se blinder énormément si on ne veut pas devenir zinzin .
Moi aussi !
« A Jean-Pierre Biord
Au château de Ferney 15è avril 1768 1
Monseigneur,
J’aurais dû répondre sur-le-champ à la lettre dont vous m’avez honoré 2, si mes maladies me l’avaient permis. Cette lettre me cause beaucoup de satisfaction, mais elle m’a un peu étonné. Comment pouvez-vous me savoir gré de remplir les devoirs dont tout seigneur doit donner l’exemple dans ses terres, dont aucun chrétien ne doit se dispenser, et que j’ai si souvent remplis ? Ce n’est pas assez d’arracher ses vassaux aux horreurs de la pauvreté, d’encourager leurs mariages, de contribuer, autant qu’on le peut, à leur bonheur temporel, il faut encore les édifier ; et il serait bien extraordinaire qu’un seigneur de paroisse ne fît pas, dans l’église qu’il a bâtie, ce que font tous les prétendus réformés dans leurs temples, à leur manière. Je ne mérite pas assurément les compliments que vous voulez bien me faire, de même que je n’ai jamais mérité les calomnies des insectes de la littérature, qui sont méprisés de tous les honnêtes gens, et qui doivent être ignorés d’un homme de votre caractère. Je dois mépriser ces impostures, sans pourtant haïr les imposteurs. Plus on avance en âge, plus il faut écarter de son cœur tout ce qui pourrait l’aigrir ; et le meilleur parti qu’on puisse prendre contre la calomnie, c’est de l’oublier.
Chaque homme doit des sacrifices, chaque homme doit penser que tous les petits incidents qui peuvent troubler cette vie passagère se perdent dans l’éternité, et que la résignation à Dieu, l’amour de son prochain, la justice, la bienfaisance, sont les seules choses qui nous restent devant le Créateur des temps et de tous les êtres. Sans cette vertu que Cicéron appelle charitas humani, generis 3 l’homme n’est que l’ennemi de l’homme ; il n’est que l’esclave de l’amour-propre, des vaines grandeurs, des distinctions frivoles, de l’orgueil, de l’avarice, et de toutes les passions. Mais s’il fait le bien pour l’amour du bien même, si ce devoir épuré et consacré par le christianisme domine dans son cœur, il peut espérer que Dieu, devant qui tous les hommes sont égaux, ne rejettera pas des sentiments dont il est la source éternelle. Je m’anéantis avec vous devant lui, et, n’oubliant pas les formules introduites chez les hommes, j’ai l’honneur d’être avec respect,
monseigneur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme ordinaire de la chambre
du roi très chrétien.
P.S.-- Vous êtes trop instruit pour ignorer qu’en France un seigneur de paroisse doit, en rendant le pain bénit instruire ses vassaux d’un vol commis dans ce temps-là même avec effraction, et y pourvoir incontinent, de même qu’il doit avertir si le feu prend à quelque maison du village, et faire venir de l’eau ; ce sont des affaires de police qui sont de son ressort. »
1 Original signé ; édition « Lettres de Mgr l'évêque et prince de Genève avec monsieur de V*** » (s. I, 1769) p. 7-9. Voir : https://www.jstor.org/stable/40520328?read-now=1&seq=2#page_scan_tab_contents
2 Le prêtre lui avait écrit, le 11 avril, pour le blâmer d’avoir fait ses pâques, et d’avoir prêché à cette occasion. (Georges .Avenel.)
Cette lettre conservée est du 11 avril 1768 . La voici :
« Ce 11 avril 1768
Monsieur,
L'on dit que vous avez fait vos pâques ; bien des personnes n’en sont rien moins qu'édifiées, parce qu'elles s'imaginent que c'est une nouvelle scène que vous avez voulu donner au public en vous jouant encore de ce que la religion a de plus sacré ; pour moi, monsieur, qui pense plus charitablement, je ne saurais me persuader que M. de Voltaire, ce grand homme de notre siècle, qui s'est toujours annoncé comme élevé par les efforts d'une raison épurée, et par les principes d'une philosophie sublime, au-dessus du respect humain, des préjugés et des faiblesses de l'humanité, eût été capable de trahir et de dissimuler ses sentiments par un acte d'hypocrisie qui suffirait seul pour ternir toute sa gloire et pour l'avilir aux yeux de toute personne qui pense . J'ai dû croire que la sincérité avait toujours fait le caractère de vos démarches.
Vous vous êtes confessé, vous avez même communié, vous l'avez donc fait de bonne foi, vous l'avez fait en vrai chrétien, vous l'avez fait persuadé de ce que la foi nous dicte par rapport aux sacrements que vous avez reçus.
Les incrédules ne pourront donc plus se glorifier de vous voir marcher à leur tête portant l'étendard de l'incrédulité ; le public, ne sera plus autorisé à vous regarder comme le plus grand ennemi de la religion chrétienne, de l’église catholique, et de ses ministres . S'il ne peut, malgré les protestations contraires insérées de votre part en certaines gazettes se persuader que vous ne soyez pas l'auteur d'une foule d'écrits, de brochures et d'ouvrages remplis d'impiété qui ont déjà occasionné tant de désordres dans la société, tant de dérèglements dans les mœurs, tant de profanations dans le sanctuaire, il croira au moins que revenu à vous-même, vous ayez enfin résolu de ne plus mettre au jour de semblables productions, et que par un acte aussi éclatant que celui que vous avez fait dans l’église de votre paroisse le jour de Pâques, vous avez voulu rendre un hommage public à la religion qui vous a vu naître dans son sein, et à qui des talents aussi distingués que les vôtres auraient été infiniment utiles, si vous les lui aviez consacrés ; il espérera encor qu'en soutenant ce premier acte par des sentiments et par une conduite uniformes, et en perfectionnant l'ouvrage d'une conversion ébauchée, vous ne laisserez plus aux gens de bien, amateurs de la religion, que le juste sujet de rendre grâces à Dieu, et de le bénir d'un retour qui mettra le comble à leur joie et à leur consolation . Si le jour de votre communion on vous avait vu non pas vous ingérer à prêcher le peuple dans l'église sur le vol et les larcins, ce qui a fort scandalisé tous les assistants, mais annoncer comme un Théodose par vos soupirs, vos gémissements et vos larmes, la pureté de votre foi, la sincérité de votre repentir, et le désaveu de tous les sujets de mésédification qu'il a cru entrevoir par le passé dans votre façon de penser et d'agir, alors personne n'aurait plus été dans le cas de regarder comme équivoque vos démonstrations apparentes de religion . On vous aurait cru mieux disposé à approcher de cette table sainte où la foi ne permet aux âmes même les plus pures de se présenter qu'avec une religieuse frayeur : on aurait été plus édifié de vous y voir, et peut-être auriez-vous tiré plus d'avantage de vous y être présenté . Mais quoiqu'il en soit du passé que je dois laisser au jugement du souverain scrutateur des cœurs et des consciences, ce seront les fruits qui feront juger de la qualité de l'arbre ; et j'espère que par ce que vous ferez à l'avenir vous ne laisserez aucun lieu de douter de la droiture et de la sincérité de ce que vous avez déjà fait . Je me le persuade d'autant plus facilement que je le souhaite avec plus d'ardeur n'ayant rien tant à cœur que votre salut , et ne pouvant oublier qu'en qualité de pasteur je dois rendre compte à Dieu de votre âme comme de toutes celles du troupeau qui m'a été confié par la divine Providence .
Je ne vous dirai pas, monsieur, combien j'ai déjà gémi sur votre état, ni combien j'ai déjà offert de prières et de supplications au Dieu de miséricorde pour qu'il daigne enfin vous éclairer de ses lumières célestes qui font aimer et suivre la vérité eu même temps qu'elles la font connaître . Je me bornerai simplement à vous faire remarquer que le temps presse et qu'il vous importe de ne plus perdre aucun des moments précieux que vous pouvez encore employer utilement pour l'éternité . Un corps exténué et déjà abattu sous le poids des années vous averti que vous approchez du terme où sont allés aboutir tous ces hommes fameux qui vous ont précédé et dont à peine reste-t-il aujourd’hui la mémoire .En [se] laissant éblouir par le faux éclat d'une gloire aussi frivole que fugitive, la plupart d'entre eux ont perdu de vue les biens et la gloire immortelle plus digne de fixer leurs désirs et leurs empressements . Fasse le ciel que plus sage et plus prudent qu'eux vous ne vous occupiez plus à l’avenir qu'à la recherche de ce bonheur souverain qui peut seul remplir le vide d'un cœur qui ne trouve rien ici-bas qui puisse le contenter !
C'est ce que je ne cesserai de demander au Seigneur par mes vœux les plus ardents et je le dois au vif intérêt que je prends à tout ce qui vous regarde, au zèle dont je suis animé pour votre salut et au sentiment respectueux avec lequel j'ai l'honneur d'être[...]. »
A propos de la harangue de V*, Wagnière écrit le 19 avril 1768 à Damilaville : « J’assistai à la cérémonie, et lorsque je lui ouïs ouvrir la bouche pour haranguer, le sang me glaça et je me cachai . Cela fait un bruit affreux et ne fera pas l'effet qu'il en avait espéré […]. »
3 Cicéron, De finibus, V, 23 . Trad. : l'amour du genre humain.
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14/12/2023
C'est à vous à voir si mon compte est juste
... La question se pose à l'Europe en pensant à accueillir l'Ukraine comme membre, et dans un premier temps apporter une aide financière conséquente ( 50 milliards d'Euros : mazette ! ): https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/sommet-de-l-ue/a...
A suivre ....
« A Christoph Heinrich von Ammon 1
15è avril 1768 2
Je suis plus étonné, monsieur,du souvenir dont vous m'honorez, que de vous voir entreprendre un ouvrage utile 3. La vieillesse de mon corps et de mon esprit ne me permet pas de vous être du moindre secours ; mais elle ne n’empêche pas de sentir vivement tous les droits que vous avez à mon estime . Des généalogies raisonnées, sobrement enrichies de faits intéressants, et ornées des caractères des principaux personnages peuvent fournir sans doute un ouvrage nécessaire à tous les hommes d’État et agréable pour tous les lecteurs .
J'avoue que le nombre des aïeux que vous faites monter dans seize générations à cent trente-un mille soixante et onze personnes passe mes connaissances . Je ne conçois pas comment on peut avoir des générations en nombre impair à moins que quelque grand-mère ne se soit avisée d'accoucher sans qu'aucun homme s'en mêlât, ce qui n’est arrivé, ce me semble, qu'à la Vierge Marie dans l’Écriture et à Junon dans la fable .
Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que tout homme, soit charbonnier, soit empereur, doit compter dans seize quartiers de père et de mère 109 616 personnes, tant mâles que femelles . C'est à vous à voir si mon compte est juste . Je vous souhaite autant de pistoles que vous trouverez d’aïeux .
J'ignore pourquoi vous dites que le maréchal de Belle-Isle fut le premier homme titré qui acceptât la place de secrétaire d’État . Avant lui sous sous Louis XIV, pendant la Régence, le maréchal de La Meilleraye, le duc de La Vieuville avaient gouverné les finances . Le maréchal d'Ancre, le comte de Schomberg, le connétable de Luynes avaient signé comme secrétaires d’État . Le cardinal de Richelieu fut secrétaire d’État étant évêque de Luçon . Le marquis d'O, le comte de Sancy, le duc de Sully avaient des patentes de secrétaires d’État et gouvernèrent les finances sous Henri IV ; et il fallait être reçu secrétaire du roi pour signer en son nom .
Vous me paraissez, monsieur, un très bon chrétien, de ne compter que cent soixante-quatorze générations parmi les hommes . Les peuples de l'Orient ne s’accommoderaient pas de ce calcul, et la Bible qu'on appelle des septante pourrait bien contredire un peu la Bible dite la Vulgate . Vous et moi les respections toutes deux également sans prétendre à l'honneur de les concilier .
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre . »
2 Minute avec des corrections autographes ; copie par Wagnière ; édition Supplément eu Recueil, II, 98-99.
3 C. H. von Ammon : Généalogie ascendante jusqu'au 4è degré inclusivement de tous les rois et princes de maisons souveraines de l'Europe actuellement vivants, réduite en CXIV tables de XVI quartiers, 1768 .Voir : https://books.google.fr/books?id=AINPAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
16:40 | Lien permanent | Commentaires (0)
il se sent coupable puisqu'il fait agir un tiers au lieu d'agir lui-même
... Serait-ce le cas pour Beigbeder Frédéric ? https://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/frederic-bei...
« A Charles Manoël de Végobre
Avocat
à Genève 1
Je souhaite me tromper, monsieur . Le cas où se trouve Sirven n'est point prévu par la loi de 1670 qui permet aux parents d'un condamné de présenter requête pour réhabiliter sa mémoire . On ne peut réhabiliter la mémoire de la défunte Sirven qu'en recommençant son procès, et ce procès est précisément celui de son mari et de ses filles . Il faut donc que Sirven et ses filles se présentent .
Les juges pourraient trop aisément soupçonner que Sirven n'ose pas purger la contumace, et qu'il se sent coupable puisqu'il fait agir un tiers au lieu d'agir lui-même . Cette réflexion est si naturelle que je crains bien que les juges ne la fassent . Ce serait une faveur bien singulière que de déclarer sa femme innocente afin qu'il pût se présenter à la justice dans la sûreté d'être absout, mais enfin, il n’est pas métaphysiquement impossible que ce moyen très hasardé réussisse, et s'il ne réussit pas, comme je le crains, ce ne sera que du papier et de l'argent perdu .
J’ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
14è avril 1768 à Ferney.»
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13/12/2023
à propos de Tournay
...
« A Charles de Brosses, baron de Montfalcon
Ferney, 13 avril 1768 1
[Retrace l'histoire de leurs relations à propos de Tournay.]
1 Original signé passé à la vente du baron de T,,,, Paris , le 23 mai 1885 . De Brosses, un des plus rudes adversaires de V*, il faut le reconnaître, a simplement noté sur le manuscrit : « Barbouillage et mensonge. »
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je communierai tant qu'il y aura une communion dans le monde, et je hurlerai avec les loups pour n'être point dévoré par eux
... Lorsqu'une religion est servie et prônée par de sales individus il devient nécessaire de les combattre avec leurs armes , sans remords, ni sentiment de culpabilité .
« A Jacob Tronchin
Conseiller d’État
à Genève
12è avril 1768 à Ferney
Je ne savais pas, monsieur, qu'il y eut un Tronchin allemand 1 ; ils me paraissaient tous Français et bons Français . Comment un Tronchin peut-il s'appeler Waldkirk, « Église du bois » ? Je parie que cette église n'est pas si jolie que celle où je communie . Oui, par Dieu, je communie, et je communierai tant qu'il y aura une communion dans le monde, et je hurlerai avec les loups pour n'être point dévoré par eux . J'accepte de bon cœur le Te Deum de votre pauvre diable d'évêque , qui comme vous savez est fait pour édifier l’Église, attendu qu'il est petit-fils d'un maçon .
Je n'ai jamais entendu parler du chandelier de Lyon ; c'est apparemment quelqu’un qui veut m'éclairer . Ce chandelier prétend que je suis votre parent . Plût à Dieu qu'il dît vrai , mais j'aime encore mieux que vous soyez mon ami .
Il est très vrai qu'on va travailler à force à Versoix . Ce sera un débouché de plus pour ceux qui achèteront Ferney . Pour moi qui ne songe qu'à la vie éternelle, il m'est fort indifférent de monter au ciel par Ferney ou par Tournay . Mais tant que je végéterai dans ce bas monde soyez très sûr que vous aurez en moi un serviteur passionnément dévoué .
De quoi s’avisait ce pauvre Jallabert de chevaucher 2 ? Je me garderai bien d'en faire autant .
Donnez-vous le plaisir d'ouvrir le paquet du chandelier . S'il y a quelque chose qui vaille la peine d'être lu ayez la bonté de me l'envoyer , sinon jetez-le dans le feu avec les quinze ou vingt volumes de brochures qui ont inondé votre République depuis quatre ans . Vivez gaiement, moquez-vous de tout . C'est un très bon parti que j'ai pris depuis longtemps .
V.
Quand vous viendrez à Ferney je vous ferai manger du pain bénit, tout indigne que vous en êtes. »
1 Louis Tronchin, mort en 1756, [Louis II Tronchin] avait épousé Élisabeth von Waldkirk à Schaffhausen le 3 décembre 1726, donnant ainsi naissance à une branche de Tronchin germanisée.
Voir : https://gw.geneanet.org/rossellat?lang=fr&p=louis&n=tronchin&oc=1
2 Jean Jallabert vient de faire une chute de cheval et a été mortellement blessé . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Jallabert
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12/12/2023
Si ces impostures atroces parviennent jusqu'au gouvernement, je me flatte qu'il me rendra justice
... C'est fait, M. Darmanin , votre démission a été refusée . That'all folks !
Jusqu'à la prochaine fois ...
« A Etienne-Noël Damilaville
12 avril 1768
Le malheureux Sirven, mon cher ami, veut s'établir dans mon voisinage . Il va lever une boutique qui sera tenue par ses filles ; nous rassemblons tous ses petits fonds . Il vous prie de lui envoyer une lettre de change à quinze jours de vue sur Lyon en son nom . Vous connaissez assez le nom de Pierre-Paul Sirven, vous lui avez rendu d'assez grands services . Vous n'avez qu'à m'envoyer la lettre de change de l'argent que vous avez bien voulu lui garder .
De toutes mes souffrances, mon cher ami, celles que la calomnie me fait essuyer sont les plus cruelles et les plus dangereuses , mais ces calomnies sont si peu vraisemblables qu'il faudra bien à la fin qu'elles s'anéantissent . Il est impossible qu'un homme occupé comme je le suis depuis deux ans de rassembler tous les matériaux qui peuvent faire honneur à sa patrie abandonne un si important ouvrage pour écrire toutes les fadaises que vingt auteurs faméliques ne composeraient pas en trois ans . Si ces impostures atroces parviennent jusqu'au gouvernement, je me flatte qu'il me rendra justice ; j'ose même tout attendre des bontés et du discernement du roi .
Je ne sais aucune nouvelle de littérature . Les mauvais livres qui nous inondent m'ont un peu dégoûté des nouveautés ; j’aime mieux relire Cicéron et Horace . Bonsoir, mon cher et vertueux ami . »
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