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03/07/2024

tout vieux et tout malingre que je suis

... Prise de conscience de Jo Biden, mais qui ne peut en tirer toutes les conséquences, tant il faut trouver d'urgence tout moyen pour neutraliser Donald Trump the Crook  . Pourquoi donc n'avoir pas mis en avant Kamala Harris ?

Voir : https://en.wikipedia.org/wiki/Kamala_Harris

https://www.whitehouse.gov/administration/vice-president-harris/

 

 

 

« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse de

Bentinck, née comtesse

d'Altenburg

à Hambourg

27è décembre 1768 au château de Ferney 1

Parmi tous ses talents divers

On peut compter la patience.

On fatigua son indulgence

Par les plus détestables vers 2.

Sans le chevalier de Boufflers

L'ennui l'eût fait périr en France .

Si les Danois, madame, étaient d'aussi mauvais poètes que le sont à présent les Français, je crois que ce monarque aurait des vapeurs en arrivant à Copenhagen . Il me semble que les seuls jolis vers qu'on ait faits pour lui sont ceux que fit M. le chevalier de Boufflers à table .

Je vous avoue que si le roi de Danemark n'avait pas pris son chemin par Strasbourg, qui est à cent lieues de sa retraite, je me serais transporté sur sa route pour le voir passer, tout vieux et tout malingre que je suis . Vous vous plaignez que je vous néglige ; cependant je vous réponds toujours sur-le-champ quand vous me faites l'honneur de m'écrire . J'ai renoncé au monde, mais non à vous, madame, à qui je serai attaché avec bien du respect jusqu'à mon dernier moment.

V. »

1 Original, initiale autographe . V* répond à une lettre de Mme de Bentinck qui ne nous est plus conservée que par une traduction anglaise . La comtesse Bentinck demandait à V* un quatrain pour le roi de Danemark, qui devait passer à Hambourg, venant d'Altona, et y séjourner une huitaine de jours . Ce sont ces vers que l'on trouve au début de la lettre de V*.

2 Sur ces vers, voir Lewis, IV, 167, note et IV, 168.

On m’a fait étranger, et puis on me reproche de penser comme un étranger . Cela n’est pas juste

... Paroles de bi-national le lundi 8 juillet 2024 après la chasse aux sorcièr.e.s déclenchée par Jordan Bardella, pilier de cette extrême droite détestable qui a enjôlé tant de citoyens à la courte vue et qui vont faire morfler la France entière .

Heureusement qu'il y a les bi-nationaux à tous les postes possibles pour soutenir notre pays .

Et malheureusement on va se retrouver avec des haineux, pseudo-rassembleurs, aux postes "sensibles" . Combien de temps va-t-il falloir pour que les Français ouvrent les yeux et les vident ?

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Probable

 

 

« A Pierre-Jacques-Claude Dupuits

[26 décembre 1768] 1

En vous remerciant, mon cher capitaine, de m’avoir envoyé copie de la jolie lettre de cette dame que Mme du Deffand appelle sa petite mère 2. Je dirais volontiers à Mme du Deffand :

Il se peut bien qu’elle soit votre mère .
Elle eut un fils assez connu de tous :
Méchant enfant, aveugle comme vous,
Dont vous aviez, soit dit sans vous déplaire,
Et la malice et les attraits si doux,
Quand vous étiez dans l’âge heureux de plaire.

Quoi qu’il en soit, je sais que la petite mère et la petite fille sont la meilleure compagnie de l’Europe.

Cette dame prétend qu’elle a volé le Siècle de Louis XIV ; elle ne sait donc pas que c’était son bien . J’avais d’abord imaginé que M. le D[uc] de Ch[oiseul] pourrait avoir la bonté d’en faire présenter un exemplaire à quelqu’un qui n’a pas le temps de lire 3. Mais j’envoyai ce même exemplaire pour être donné à celle qui daigne lire, et il y avait même quatre petits versiculets 4 qui ne valent pas grand’chose. Cela sera perdu dans l’énorme quantité de paperasses qu’on reçoit à chaque poste. La perte n’est pas grande.

Il est vrai que je lui ai envoyé Le Marseillais 5 de Saint-Didier, et que je n’ai pas osé risquer les Trois Empereurs en Sorbonne 6, de l’abbé Caille, à cause des notes.

Dieu me garde d’avoir la moindre part à l’A, B, C ! C’est un ouvrage anglais, traduit et imprimé en 1762 7. Rien n’est plus hardi et peut-être plus dangereux dans votre pays. C’est un cadran qui n’est fait que pour le méridien de Londres. On m’a fait étranger, et puis on me reproche de penser comme un étranger . Cela n’est pas juste.

On m’a su mauvais gré, par exemple, d’avoir dit des fadeurs à Catau. Je crois qu’on a eu très grand tort. Catau avait fourni 5000 livres pour le Corneille de madame votre femme. Catau m’accablait de bontés, m’écrivait des lettres charmantes . Il faut un peu de reconnaissance . Les muses n’ont rien à démêler avec la politique. Tout cela m’effarouche. Cependant, si on le veut, si on l’ordonne, s’il n’y a nul risque, je chercherai un A, B, C, et j’en ferai tenir un à la personne du monde qui fait le meilleur usage des vingt-quatre lettres de l’alphabet quand elle parle et quand elle écrit.

Pour La Bletterie, il est très-certain qu’il a voulu me désigner en deux endroits, et qu’il a désigné cruellement Marmontel dans le temps qu’il était persécuté par l’archevêque et par la Sorbonne. Il a attaqué Linguet ; il a insulté de même le président Hénault page 235, tome II :  En revanche, fixer l’époque des plus petits faits avec exactitude, c’est le sublime de plusieurs prétendus historiens modernes. Cela leur tient lieu de génie et des talents historiques.  Peut-on appliquer un soufflet plus fort sur la joue du président ? Et puis comment trouvez-vous les talents historiques ? Ne reconnaissez-vous pas à tous ces traits un janséniste de l’Université, gonflé d’orgueil, pétri d’âcreté [...], et qui frappe à droite et à gauche ?

Je ne savais point du tout qu’il eût surpris la protection de Mme la duchesse de Choiseul. Quelqu’un a dit de moi que je n’avais jamais attaqué personne, mais que je n’avais pardonné à personne. Cependant je pardonne à La Bletterie, puisqu’il est protégé par l’esprit et par les grâces . J’ai même proposé un accord. La Bletterie veut qu’on m’enterre, parce que j’ai soixante-quinze ans . Rien ne paraît plus plausible au premier aspect . Je demande qu’il me permette seulement de vivre encore deux ans. C’est beaucoup, dira-t-il ; mais je voudrais bien savoir quel âge il a, et pourquoi il veut que je passe le premier ?

Mon cher capitaine, vous qui êtes jeune, riez des barbons qui font des façons à la porte du néant.

Je vous embrasse, vous et votre petite femme.

V. »

1 Minute olographe ; copie par Wyart datée du 26 décembre ce qui est certainement correct ; édition Kehl qui date à tort du 21 décembre .

2 La lettre de Mme de Choiseul à Dupuits est conservée ; en fait c'est à elle que V* répond  . Voici le texte :

«  A Versailles ce 14 décembre 1768

« Je suis bien fâchée, monsieur, de n'avoir pas eu le plaisir de vous voir à Paris, quand vous avez pris le peine de m'y venir chercher . J'ai depuis le voyage de Fontainebleau à vous faire part d'une bonne fortune pour laquelle je voulais que vous fussiez l’interprète de ma reconnaissance . Après une longue disgrâce, j'ai été aussi surprise que flattée de recevoir la charmante fable du Marseillais et du lion dont vous m'aviez fait présent manuscrit . Elle était accompagnée d'un fort joli billet en votre nom . Cette marque de souvenir de la part de M. de Voltaire m’a été d'autant plus sensible que peu de jours auparavant vous aviez été témoin de mon humiliation . Les bornes de l’estime qu'il m'accordait, vous disais-je, ont été posées au point où j'ai osé n'être pas de son avis ; non, monsieur, je n'en serai jamais, quand il croira qu'on lui dit qu'il est un radoteur. Si jamais il y eut un génie immortel, c'est le sien assurément . Il le prouve tous les jours ; La Bletterie en conviendrait, malgré l'injustice dont M. de Voltaire l'accable . Si M. de Voltaire s'était rendu justice à lui-même, il ne se serait point attribué une note contre un Romain qui n'avait point de talents et qui n'eut point son immortalité ; il n’aurait pas cru surtout qu'on l'eût eu en vue dans une citation tirée de Bayle . Bayle un des plus grands hommes de son siècle parce qu'il n'était pas contemporain de M. de Voltaire .

Voilà ce que l'on aurait dit à M. de voltaire, s'il avait bien voulu entendre avant de se fâcher . Mais il n'y a rien à dire à celui qui se fâche .

Qui pardonne a raison et la colère a tort

Ce n’était pas même le cas de pardonner et encore moins celui d'être en colère.

L'orgueil de ma nouvelle faveur ne s'est pas soutenu longtemps . J'ai vu paraître Les Trois Empereurs, le supplément au Dictionnaire philosophique , L'A.B.C et même la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV sans que rien de tout cela m'ait été adressé . J'ai pourtant acquis Le Siècle de Louis XIV mais par droit de conquête, c'est-à-dire que je l'ai volé . Je vois que les souverains de l'esprit sont comme les souverians des Empires ; ils ne pardonnent qu'à demi et l'on ne racquiert jamais entièrement auprès d'eux la faveur qu'on a commencé à perdre, mais les uns et les autres ne perdent jamais les droits qu'ils ont acquis sur nos hommages . ».

3 Louis XV.

4 Ce quatrain est perdu.

 

 

 

 

 

 

02/07/2024

Tout notre parlement sera à vos genoux quand vous voudrez ; mais ne le foulez pas aux pieds, quand il s’y jette de bonne grâce

... De Bardella ( qui désormais ne se sent plus pisser ) à Marine Le Pen en vue de la présidentielle de 2027 - ou peut-être avant, qui sait, avec ce sacré président Macron .

 

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

26è décembre 1768

Ce n’est pas assurément, madame, une lettre de bonne année que je vous écris, car tous les jours m’ont paru fort égaux, et il n’y en a point où je ne vous sois très tendrement attaché.

Je vous écris pour vous dire que votre petite mère ou grand-mère (je ne sais comment vous l’appelez), a écrit à son protégé Dupuits une lettre où elle met, sans y songer, tout l’esprit et les grâces que vous lui connaissez. Elle prétend qu’elle est disgraciée à ma cour, parce que je ne lui ai envoyé que le Marseillais et le Lion, de Saint-Didier, et qu’elle n’a point eu Les Trois Empereurs, de l’abbé Caille . Mais je n’ai pas osé lui envoyer par la poste ces trois têtes couronnées, à cause des notes, qui sont un peu insolentes ; et, de plus, il m’a paru que vous aimiez mieux Le Marseillais et le Lion : c’est pourquoi elle n’a eu que ces deux animaux. Il y a pourtant un vers dans les Trois Empereurs qui est le meilleur que l’abbé Caille fera de sa vie. C’est quand Trajan dit aux chats-fourrés de Sorbonne 1 :

Dieu n’est ni si méchant ni si sot que vous dites.

Quand un homme comme Trajan prononce une telle maxime, elle doit faire un très grand effet sur les cœurs honnêtes.

Votre petite mère ou grand-mère a un cœur généreux et compatissant . Elle daigne proposer la paix entre La Bletterie et moi. Je demande, pour premier article, qu’il me permette de vivre encore deux ans, attendu que je n’en ai que 75  ; et que, pendant ces deux années, il me soit loisible de faire une épigramme contre lui tous les six mois . Pour lui, il mourra quand il voudra.

Saviez-vous qu’il a outragé le président Hénault autant que moi ? Tout ceci est la guerre des vieillards. Voici comme cet apostat janséniste s’exprime, page 235, tome II : « En revanche, fixer l’époque des plus petits faits avec exactitude, c’est le sublime de plusieurs prétendus historiens modernes. Cela leur tient lieu de génie et de talents historiques. »

Je vous demande, madame, si on peut désigner plus clairement votre ami ? Ne devait-il pas l’excepter de cette censure aussi générale qu’injuste ? ne devait-il pas faire comme moi, qui n’ai perdu aucune occasion de rendre justice à M. Hénault, et qui l’ai cité trois fois 2 dans le Siècle de Louis XIV, avec les plus grands éloges ? Par quelle rage ce traducteur pincé du nerveux Tacite outrage-t-il le président Hénault, Marmontel, un avocat Linguet, et moi, dans des notes sur Tibère ? Qu’avons-nous à démêler avec Tibère ? Quelle pitié ! et pourquoi votre petite mère n’avoue-t-elle pas tout net que l’abbé de La Bletterie est un mal avisé ?

Et vous, madame, il faut que je vous gronde. Pourquoi haïssez-vous les philosophes quand vous pensez comme eux ? Vous devriez être leur reine, et vous vous faites leur ennemie. Il y en a un 3 dont vous avez été mécontente ; mais faut-il que le corps en souffre ? est-ce à vous de décrier vos sujets ?

Permettez-moi de vous faire cette remontrance, en qualité de votre avocat général. Tout notre parlement sera à vos genoux quand vous voudrez ; mais ne le foulez pas aux pieds, quand il s’y jette de bonne grâce.

Votre petite mère et vous, vous me demandez L’A, B, C. Je vous proteste à toutes deux, et à l’archevêque de Paris, et au syndic de la Sorbonne, que LA, B, C. est un ouvrage anglais, composé par un M. Huet, très connu, traduit il y a dix ans, imprimé en 1762 4 ; que c’est un rosbif 5 anglais, très difficile à digérer par beaucoup de petits estomacs de Paris. Et sérieusement, je serais au désespoir qu’on me soupçonnât d’avoir été le traducteur de ce livre hardi dans mon jeune âge, car, en 1762, je n’avais que 69 ans. Vous n’aurez jamais cette infamie, qu’à condition que vous rendrez partout justice à mon innocence, qui sera furieusement attaquée par les méchants jusqu’à mon dernier jour.

Au reste, il y a depuis longtemps un déluge de pareils livres. La Théologie portative 6, pleine d’excellentes plaisanteries, et d’assez mauvaises ; l’Imposture sacerdotale 7, traduite de Gordon ; la Riforma d’Italia 8, ouvrage trop déclamatoire, qui n’est pas encore traduit, mais qui sonne le tocsin contre tous les moines ; les Droits des hommes et les Usurpations des papes 9le Christianisme dévoile 10, par feu Damilaville ; le Militaire philosophe[ 11, de Saint-Hyacinthe, livres tous pleins de raisonnements, et capables d’ennuyer une tête qui ne voudrait que s’amuser. Enfin il y a cent mains invisibles qui lancent des flèches contre la superstition. Je souhaite passionnément que leurs traits ne se méprennent point, et ne détruisent pas la religion, que je respecte infiniment et que je pratique.

Un de mes articles de foi, madame, est de croire que vous avez un esprit supérieur. Ma charité consiste à vous aimer, quand même vous ne m’aimeriez plus ; mais malheureusement je n’ai pas l’espérance de vous revoir. »

1 Vers 101 des Trois Empereurs en Sorbonne : voir : https://satires18.univ-st-etienne.fr/texte/les-trois-empereurs-en-sorbonne

3 D’Alembert.

 

5 Le mot rostbif est bien connu des Français depuis une cinquantaine d'années ; il y a un personnage nomme Jacques Rosbif dans Le Français à Londres, de Boissy ( 1727 ) . Mais V* est un des premiers à s'en servir sous sa forme ( on disait rôt de bif ) et dans son sens moderne .Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56516859.pdf

01/07/2024

Vous pourrez faire un capital de tout ce que vous avez à moi

... Paroles de candidat en ballottage, pour tenter d'être , ô rêve !, soutenu par les électeurs d'un mal placé revanchard, avide d'être membre d'une majorité parlementaire absolue . Jusqu'à dimanche prochain la combinazione va se pratiquer à tout-va . Les retournements de vestes et les descentes de frocs vont aller bon train, les promesses les plus irréalistes jetées à poignées comme l'ont fait dès hier soir les chefs des démolisseurs ravis de la niaiserie de leurs électeurs , imbus de leur relatif succès .

 

 

« A Gaspard-Henri Schérer

Je vous prie, monsieur, de vouloir bien vous charger des lettres de change ci-jointes, l'une de 1501 livres 8s 6, et l'autre de 370 livres .

Vous pourrez faire un capital de tout ce que vous avez à moi, en observant toujours de garder pour le compte courant une somme d'environ mille à douze cents livres comme vous le trouverez à propos .

J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

24è décembre 1768 à Ferney. »

30/06/2024

Le grand point est de voir les choses comme elles sont, d'oublier l'auteur, et de ne juger que l'ouvrage

... Ça , c'est la situation idéale , avec un auteur qui a un programme de gouvernement bénéfique à la majorité du peuple . Et non pas seulement une succession de dictats destructeurs promulgués par des partis extrêmistes . A tous ceux qui, aveuglément, veulent voter pour les dits partis détestables pour la seule raison qu'on "ne les a encore jamais essayés!", je dis "Essayez la roulette russe avec six balles dans le barillet !" pour voir si vous pouvez en réchapper . Allez-y, votez n'importe comment, partez en vacances, et profitez-en, ce seront peut-être les dernières .

 

 

« A Marie-Louise Denis

23è décembre 1768

En réponse à votre lettre du 16, ma chère nièce, vous saurez que vous avez dû recevoir Empereurs et Marseillais par l'ami Marin .

Vous devez avoir reçu aussi deux grands paillards pour le drame intitulé désormais Les Deux Frères . Trois actes entiers remplis d'adoucissements sont parvenus sans doute aux deux anges par M. le duc de Praslin . Un petit contraste entre les bons et les mauvais prêtres de l'Antiquité n'a pas été oublié . Il ne reste pas à présent le moindre prétexte à la malignité . Il faut que vous encouragiez Marin . S'il pouvait oublier un moment qu'on a nommé un autre que La Touche, il n'aurait nulle crainte . Mais sachant malheureusement que le diable a fait cette bonne œuvre, il voit sa griffe partout et j'ai peur même que les anges ne soient imbus de ce préjugé . Le grand point est de voir les choses comme elles sont, d'oublier l'auteur, et de ne juger que l'ouvrage .

Nous parlerons une autre fois du Duc de Bénévent . Ce petit duc doit céder à un empereur de Rome .

Il est fort difficile de trouver un A.B.C. . Cet ouvrage traduit de l'anglais par un nommé Chiniac 1 , a été imprimé à Bâle . Il y en a fort peu d'exemplaires à Genève. L'ouvrage me paraît beaucoup trop hardi pour la France, et je ne conçois pas comment on a pu en laisser entrer des exemplaires .

Au reste, il y a six ans que le livre est imprimé ; car le titre porte 1762 ; comment peut-on avoir l'injustice absurde de me l'imputer ? Vous sentez combien il est impossible de j'aie fait à la fois les Siècles de Louis XIV et de Louis XV, une tragédie, un tome tout entier à l'Histoire générale, et ce terrible A.B.C. L'homme le plus robuste ne pourrait suffire à tant d'ouvrages, et vous savez quelle est ma mauvaise santé dans un âge très avancé . La considération de cet âge doit fermer la bouche à mes calomniateurs ; et je suis persuadé que vous leur imposerez silence .

Je pleure amèrement Damilaville ; la nature avait fait cet homme-là pour moi . J'imaginais même qu'il viendrait se retirer à Ferney . Le voilà mort, il ne sera jamais remplacé. Si Diderot a toutes mes lettres ne serait-il pas honnête qu'il vous les remit entre les mains ?

Je suis fort fâché que le roi de Danemark ait été dans l'écurie de la Sorbonne . Pourquoi voir des ânes quand on a vu des chevaux d'Espagne ?

Le frère de la Présentation me paraît fort inutile . On est assez actuellement dans le goût de retrancher les cérémonies . Celle-ci surtout est très ridicule.

Le Châtelard devient un endroit charmant, mais la maison Racle devient plus invendable que jamais . Le séjour des troupes surtout est un obstacle invincible . Elles ont fait un mal irréparable à ce pauvre petit canton . Si elles reviennent, je pourrai bien m'en aller . Je ne sais ce que deviendra Versoix . Il a fallu que Racle donnât cinquante louis à un secrétaire de l'intendant ; Fabry qui n'oublie rien, en a voulu avoir aussi cinquante ; il a fallu les donner . Si tout se traite ainsi, il en coûtera des sommes immenses au patron, et rien de s'achèvera .

Le pain n'a jamais augmenté dans notre petit pays barbare, tout y est toujours sur le même pied, il faut toujours s'adresser à Genève pour se nourrir et se vêtir . La nature a voulu que ce canton fut pauvre et sot ; elle a été parfaitement obéie .

Vous ne me mandez point si votre sœur est revenue . Je n'ai point reçu encore la lettre de M. Dupuits . Je lui fais mille compliments ainsi qu'à sa chère petite femme . Je vous embrasse avec la plus vive et la plus inaltérable tendresse . »

29/06/2024

pourquoi n’a-t-il pas été aussi plaisant qu’il pouvait l’être ? Il avait beau jeu, mais il n’a pas joué assez adroitement sa partie ; il a de l’esprit pourtant, et a quelquefois la serre assez forte ; mais il n’entend pas comme il faut le secret de rendre

... Ce petit bilan de l'activité macronienne sera retenu et mis au passif le 30 juin au soir, et confirmé probablement le 7 juillet 2024 qui restera de triste mémoire pour ceux qui aiment la vraie démocratie .

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Pour mémoire : https://basta.media/RN-FN-Marine-Le-Pen-extreme-droite-municipales-2020-

Henin-Beaumont-identitaires

et la remarquable rubrique de Sophia Aram : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-sophia-aram

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

23 Décembre 1768.

Nos lettres s’étaient croisées, mon très cher philosophe. Je regretterai Damilaville toute la vie. J’aimais l’intrépidité de son âme ; j’espérais qu’à la fin il viendrait partager ma retraite. Je ne savais pas qu’il fût marié et cocu. J’apprends avec étonnement qu’il était séparé de sa femme depuis douze ans. Il ne lui aura pas assurément laissé un gros douaire.

 Povera e nuda vai, filosofia.1

Si vous pouviez me faire lire votre discours prononcé devant le roi danois, vous me feriez un grand plaisir  2; vous pourriez me le faire parvenir par Marin.

On dit qu’il y a un premier gentilhomme de la chambre non danoise 3 qui a tenu un étrange discours. Je ne veux pas le croire, pour l’honneur de votre pays.

Croiriez-vous bien que le traducteur de Tacite 4 m’a fait écrire par un homme très considérable 5, pour me reprocher de n’être pas encore enterré, et de trouver son style pincé et ridicule ? Le croquant veut être de l’Académie ; je vous le recommande.

Mais qu’est-ce qu’un Linguet 6 ? pourquoi a-t-il fait une si longue réponse aux docteurs modernes 7pourquoi n’a-t-il pas été aussi plaisant qu’il pouvait l’être ? Il avait beau jeu, mais il n’a pas joué assez adroitement sa partie ; il a de l’esprit pourtant, et a quelquefois la serre assez forte ; mais il n’entend pas comme il faut le secret de rendre les gens parfaitement ridicules : c’est un don de la nature qu’il faut soigneusement cultiver ; d’ailleurs rien n’est meilleur pour la santé. Si vous êtes encore enrhumé, servez-vous de cette recette, et vous vous en trouverez à merveille.

On dit que vous faites un grand diable d’ouvrage de géométrie8 ; cela ne nuira point à votre gaieté . Vous possédez tous les tons.

Que dites-vous de la collection des ouvrages de Leibnitz 9 ? ne trouvez-vous pas que cet homme était un charlatan, et le gascon de l’Allemagne ? Mais Descartes était bien un autre charlatan. Adieu, vous qui n’êtes point un charlatan ; je vous embrasse aussi tendrement qu’on peut embrasser un philosophe.

P.S. – Vous sentez bien que l’ABC n’est pas de moi et ne peut en être ; il serait même très cruel qu’il en fût ; il est traduit de l’anglais par un avocat nommé Echiniac 10. »

1 Pétrarque, Sonnets, VII : Tu vas pauvre et nue, philosophie.

2 Sur l’influence et l’utilité réciproques de la philosophie envers les princes, et des princes envers la philosophie. (Georges Avenel.)

3 Le duc de Duras, chargé d’être le cicerone du roi de Danemark, et qui le détourna de la fréquentation des philosophes. (G.A.)

4 La Bletterie. (G.A.)

5 Le duc de Choiseul qui a écrit le 16 novembre 1768 à V* la lettre suivante : « A Choisy ce 16 novembre [1768]

« L'abbé de La Bletterie n'a jamais dit que vous aviez oublié de vous faire enterrer ; je l'aime trop pour qu'il ait pensé à dire ce qui me serait très désagréable ; il ne vous a point eu en vue du tout dans les notes de son ouvrage, il me l'a juré, et, pour peu qu'on le connaisse, l'on est obligé de le croire . Il y a dans tout cela un malentendu et une tracasserie d'auteur qui est bien au-dessous de vous . Je suis toujours étonné de la chaleur que vous mettez aux moindres traits qui vous approchent, et que vous ne sentiez pas que cette chaleur , qui est un chagrin pour vous, est précisément le but de vos ennemis ; ils ne peuvent pas vous faire couper la langue, mais ils vous rendent malheureux . L'on débitait,chaque jour pendant la régence de la reine mère des vers contre elle ; elle se fâcha et fit punir ceux qui les affichaient, etc. Cependant l'acharnement en ce genre augmentait à mesure que l'on punissait et fut au point que, dans une petite place au bout du Pont-Neuf appelée la place des Trois-Maris, l'on afficha qu'elle était une putain de toutes les manières possibles ;comme l'on disait que c'était du cardinal Mazarin, elle le consulta sur les moyens de faire cesser cette licence ; il lui répondit sagement qu'elle ne cesserait que quand elle n'en serait point affectée ; la reine suivit son conseil, et l'on n'a pas depuis affiché de pièces scandaleuses contre elle .

Je vous envoie cette anecdote en reconnaissance du Siècle de Louis XIV, que je n'ai pas encore pu lire, mais que je lirai avec le bonheur et l'intérêt que je sens en lisant ce qui vient de vous. »

6 C’est le fameux avocat. (G.A.)

La formule est bien méprisante . V* a écrit au moins deux lettres flatteuses à Linguet les 14-15 mars 1767 et 6 avril 1767 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/08/25/m-6397882.html

et : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/09/23/je-fais-beaucoup-plus-de-cas-de-mon-ame-que-de-mon-gosier-6402710.html

7 Simon-Nicolas-Henri Linguet , Réponse aux docteurs modernes, ou apologie pour l'auteur de la Théorie des lois et des lettres sur cette théorie, 1771 , mais ce n'est peut-être pas la première édition . Linguet a déjà publié en 1767 une Théorie des lois civiles, 1767 ( https://archive.org/details/thoriedesloixci03linggoog/pag... ).

Voir : https://books.google.fr/books?id=FBBMAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

8 Le volume IV des Opuscules mathématiques, paru en 1768 , et bientôt suivi du volume V.

9 Les Institutions leibnitziennes , par Dutens.: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k94280t.texteImage

10 V* forge ce nom à partir de celui d'un personnage réel, le chevalier Pierre de Chiniac de La Bastide du Claux qui vient de passer par Genève et s'occupe du commerce de livres prohibés ; voir lettres du 25 mars 1768 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/11/17/on-a-toujours-raison-quand-on-rit-6471523.html

et du 31 mai 1768 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/01/20/je-ne-puis-ni-dire-un-mot-ni-faire-un-pas-qui-ne-soit-public-6481220.html

Dans les lettres de septembre et décembre 1768 adressées à Laurent, libraire, rue Saint-Séverin à Paris, il lui demande de lui adresser l'Aretin pour V* et lui offre de lui faire parvenir une longue liste de livres, dont un bon nombre sont des œuvres de V*.

 

28/06/2024

vous avez le droit de demander de l’emploi

... Et si vous n'avez pas le coeur et l'esprit trop fragiles vous pouvez aller subir la médiocrité faite homme et la vulgarité d'Hanouna : https://www.francetvinfo.fr/culture/tv/cyril-hanouna/

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Vrai parasite puant !

 

 

« A Nicolas Christiern de Thy, comte de Milly

À Ferney 21 décembre 1768 1

J’ai été malade deux mois entiers, monsieur ; on m’a cru mort : il s’en faut peu que je ne le sois. C’est ce qui fait que je ne vous ai point répondu. J’ai soixante-quinze ans : il y en a environ vingt-cinq que je n’ai vu M. le duc de N*** 2. Je n’ai aucune relation avec lui, encore moins avec le ministre : vous avez le droit de demander de l’emploi. Vous êtes à portée de mettre M. le duc de N*** dans vos intérêts, étant dans sa ville. Que peut un homme mort au monde, et enterré sous les montagnes des Alpes ? J’ai l’honneur d’être, avec tous les regrets possibles de n’être qu’un mort inutile, etc. »

2 Sans doute Louis, duc de Noailles ( 1713-1793 ), maréchal de France en 1775 . Il vient d'écrire à V* le 10 décembre . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_de_Noailles