12/12/2023
On m’a dit que depuis quelque temps on ne souffrait pas que les chefs des bureaux reçussent des paquets qui n’étaient pas pour eux
... Entendez-vous ô favorisés assistants parlementaires du FN ? L'appât du pouvoir n'empêche pas l'appât du gain chez Marine Le Pen and Co . Elle n'est pas la première à l'avoir fait, elle ne sera sans doute pas la dernière , ce qui ne l'excuse en aucune manière .
https://www.cartooningforpeace.org/editos/france-le-front...
« Au chevalier Jacques de Rochefort d'Ally
A Ferney, 11 Avril 1768 1
L’amitié dont vous m’honorez, monsieur, et l’extrême sensibilité qu’elle m’a inspirée, exigent que je vous ouvre mon cœur. J’aimerais certainement mieux avoir l’honneur de vous recevoir dans Ferney, que de vendre ce petit coin de terre qui m’a coûté près de cinq cent mille livres, et qui est au nombre des ingrats que j’ai faits. Je n’ai voulu le vendre que pour procurer tout d’un coup à madame Denis une somme assez considérable pour qu’elle pût vivre et être logée à Paris aussi commodément qu’elle l’était dans cette campagne. J’ai soixante-quatorze ans ; je suis très faible, je n’attends plus que la mort ; et quoique je fasse des gambades sur le bord de mon tombeau, je n’en suis pas moins près d’y être couché tout de mon long. Il me serait égal de passer le reste de mes jours dans une petite terre voisine dont je jouis : elle est moins agréable que Ferney ; mais les agréments ne sont plus faits pour moi, je les compte pour rien.
J’ai essuyé des chagrins violents ; je les compte aussi pour 2 fort peu de chose : c’est l’apanage des hommes, et surtout le mien. Je soupçonne que les Quarante écus, que j’avais pris la liberté de vous envoyer, n’ont pas été rendus à M. de Chennevières. On m’a dit que depuis quelque temps on ne souffrait pas que les chefs des bureaux reçussent des paquets qui n’étaient pas pour eux. Je tenterai encore l’aventure, jusqu’à ce que vous puissiez me donner un moyen plus sûr de vous faire parvenir les facéties qui pourront vous amuser, en attendant que je puisse vous envoyer la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV, ouvrage un peu plus sérieux, qui m’a coûté des recherches immenses, et un travail assidu. Ce travail prouve bien que je ne puis être l’auteur de cent brochures scandaleuses que la calomnie m’attribue continuellement 3. C’est un tribut que je paie à un peu de réputation ; mais je ne mérite ni cette réputation, ni ces accusations cruelles.
Mille respects à madame de Rochefort ; vous ne devez pas douter, monsieur, des tendres sentiments qui m’attachent à vous jusqu’au dernier moment de ma vie. »
1 Édition Supplément au recueil, II, 91-92.
2 Le mot pour ne figure pas dans le manuscrit .
3 L'édition porte journellement au lieu de continuellement .
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11/12/2023
bâtard du bâtard de Zoïle
... Zoïle envers les femmes , est-ce ainsi qu'on doit voir Gérard Depardieu ? Oui ! Sans circonstances atténuantes .
https://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/depardieu/gera...
« A Charles-Georges Fenouillot de Falbaire de Quingey
Au château de Ferney par Genève , 11 Avril 1768 1
Il ne vous manque plus rien, monsieur ; vous avez pour vous le public, et il n’y a contre vous que
Ce lourd Fréron diffamé par la ville,
Comme un bâtard du bâtard de Zoïle.
Je ne suis point du tout étonné que cet imbécile maroufle, l’opprobre des supérieurs qui le tolèrent, n’ait pas senti l’intérêt prodigieux qui règne dans votre ouvrage.
Les Frérons sont-ils faits pour sentir la nature 2 ?
Vous avez très bien fait d’ajouter à l’histoire du jeune Favre tout ce qui peut la rendre plus touchante. Le fait n’est pas précisément comme on le débite. S’il était tel, on n’aurait pas défendu à ce jeune homme, en le tirant des galères, d’approcher de Nîmes de plus de dix lieues. Je suis très instruit de toute cette affaire 3, puisqu’il y a longtemps que Fabre m’a fait prier d’écrire en sa faveur au commandant de la province 4, et j’ai pris cette liberté. Il vous devra beaucoup plus qu’à moi, puisque vous avez intéressé pour lui toute la nation . Je suis charmé que vous soyez lié avec M. de Marmontel . Il est mon ami depuis plus de vingt ans : c’est un des hommes qui méritent le plus l’estime du public et les aboiements des Frérons.
J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre, etc.
Voltaire. »
1 Copie par Fenouillot de Falbaire ; édition de Kehl.
Le manuscrit était envoyé aux éditeurs de Kehl avec une lettre de Fenouillot de Falbaire à Beaumarchais , datée « ce lundi 10 », dans laquelle il lui demandait de publier la note jointe en même temps que la lettre. Voici cette note que Beaumarchais ne publia pas :
« M. de Voltaire avait été mal informé, et se trompe dans tout ce qu'il dit ici . L'histoire du héros de L’Honnête criminel est exactement telle qu'elle fut imprimée à la tête de la seconde édition que M. de Falbaire donna de cette pièce en mars 1768 . Tous les faits qu'on y rapporte sont consignés dans un mémoire que le premier consul de Nîmes venait de certifier véritable , d'après le témoignage de trois témoins oculaires entendus par lui-même, en présence de plusieurs magistrats ; et M. le maréchal prince de Beauvau, alors commandant en Languedoc, a entre les mains le certificat du sergent qui permit l'échange et reçut le fils à la place du père.
C’est lorsque l'ouvrage de M. de Falbaire eut donné de la célébrité à cette belle action et qu’elle fut bien constatée, que le roi réhabilita Fabre le 24 du même mois d'avril 1768 ; car cette jeune victime de l’amour filial et de l'intolérance religieuse ayant passé sept ans aux galères, n'en était sortie en 1762 qu'en vertu d'un simple brevet de congé, obtenu par l'entremise d'un jardinier de Mme la marquise de Pompadour ; et ce n'est point de Nîmes, mais de Paris et de tous les lieux où le Roi a fait son séjour, qu'il lui était selon l'usage, défendu d'approcher de plus de dix lieues . Les pièces originales, relatives à cette affaire, doivent être déposées à la bibliothèque du roi. »
Voir aussi la Correspondance littéraire, VII, 481-488
et : https://data.bnf.fr/fr/11902530/charles-georges_fenouillot_de_falbaire/
2 Adapté de Mérope, ac. IV, sc. 2 : « Ce n’est pas aux tyrans à sentir la nature. »
3 Voir note 1 ci-dessus.
4 Lettre non connue.
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a péché par étourderie, par ignorance de toutes les bienséances, par un orgueil insupportable ; mais j'en reviens toujours à dire qu'il ne faut pas le perdre, qu'il a des talents, qu'il peut se corriger
... Telle est la défense de Marine Le Pen pour David Rachline, truand en col blanc, élément remarquable et remarqué du RN :
https://www.pressreader.com/france/var-matin-frejus-saint...
Asinus asinum fricat, tel est le mode de (sur)vie au RN
« A Etienne-Noël Damilaville
11 avril 1768
Mon cher ami, je rien de caché pour vous, vous verrez par ma lettre à M. d'Alembert tout le fond de l'affaire . La Harpe a péché par étourderie, par ignorance de toutes les bienséances, par un orgueil insupportable ; mais j'en reviens toujours à dire qu'il ne faut pas le perdre, qu'il a des talents, qu'il peut se corriger, qu'il est jeune, pauvre et marié, et m'a fait bien du mal sans le savoir .
Il avait persuadé Mme Denis de son innocence . Elle me sut un très mauvais gré de lui faire perdre dans Mme de La Harpe une complaisante qui pouvait l'amuser pendant l'hiver . C'est à ce sujet que Mme Denis m'a traité bien cruellement ; mais puisque je pardonne à La Harpe vous croyez bien que je pardonne à Mme Denis . Je n'ai d'autre intention, d’autre soin que de la rendre heureuse pendant le peu de temps qui me reste à vivre et après ma mort . Je ne suis point du tout à mon aise dans le moment présent, il s'en faut de beaucoup ; mais tout s'arrangera et certainement Mme Denis ne souffrira pas un seul moment du petit embarras que j’éprouve . Ma vie est si différente de la sienne qu’il faut absolument qu'elle aille à Paris, où elle a beaucoup d'amis et de parents et moi il faut que je meure dans la solitude .
Je vous prie mon cher ami de détromper M. Chardon de l’erreur où il est en supposant que le Catéchumène est de moi . Vous savez bien certainement qu'il n'en est pas, non plus que tant d'autres ouvrages que la calomnie m’impute . Il est bien cruel que n’étant occupé que du Siècle de Louis XIV qui est immense, on m'attribue des pauvretés que je n'ai pas même lues . Vous verrez par une déclaration de La Harpe insérée dans L'Avant-Coureur du lundi 4 avril combien je suis intéressé à tenir la conduite que je tiens .
Adieu, mon très cher ami ; soyez bien sûr que ma philosophie est digne de la vôtre ; mais mandez-moi donc ce que vous devenez et ce que l'on fait pour vous . »
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10/12/2023
S’il me restait encore du sentiment et de l'imagination
... Je me garderais d'avoir recours à cette foutue IA, tas de ferraille électrifié qui ne saura jamais rêver . Les menteurs sont ses principaux partisans et adorateurs . Hola ! lui dit justement l'Europe .
https://www.huffingtonpost.fr/international/article/l-uni...
En fait, l'"ami" est déjà dans la place
« A Davis-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches, Baron de Rebecque
Major du régiment d'Espingue
à Besançon
11è avril 1768 à Ferney
Après votre lettre charmante, monsieur, je désire que la chambre des finances de Montbéliard ne me paie pas un sou, afin que je puisse me traîner à Besançon . Je serais charmé de vous voir ordonner des évolutions pacifiques à des soldats qui se battent comme des diables pendant la guerre, et qui sont honnêtes gens pendant la paix .
S’il me restait encore du sentiment et de l'imagination je viendrais faire ma cour à Mme de Grosbois 1 et à Mme de Lacoré 2, et j'irais, s'il le fallait, entendre la messe du révérend père Nonnotte ; vous savez que les ex-jésuites ne m'effraient pas ; mais ma faiblesse et ma mauvaise santé qui augmentent tous les jours pourraient bien me faire rester à Tournay ou à Ferney, où j'attendrai paisiblement la fin de ma végétation et toutes les illusions qui me bercent jusqu'au dernier moment . Mais tant que je respirerai, soyez sûr que vous aurez en moi le serviteur le plus tendrement attaché .
Mesdames de Lacoré et de Grosbois veulent-elles bien permettre que je leur présente mes très humbles respects et mon extrême reconnaissance, et pour toutes leurs bontés ?
V. »
1Peut-être cette Mme de Grosbois est-elle la femme de Jean-Claude Perreney, née Fyot de Mimeure, dont le fils est Claude-Irénée-Marie-Nicolas Perreney de Velmont, marquis de Grosbois ?
2 Femme du La Corée mentionné dans la lettre du 3 juillet 1766 à Ethis de Corny : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/09/25/mes-vaches-et-moi-monsieur-nous-vous-avons-beaucoup-d-obliga-6339746.html
00:20 | Lien permanent | Commentaires (0)
09/12/2023
Ce brigandage est intolérable, et peut avoir des suites funestes
... C'est assez Mme Le Pen Marine et vos sbires ; vous êtes des escrocs, indubitablement : https://www.francetvinfo.fr/politique/front-national/affa...
Et ça voudrait gouverner la France !
« A Daniel-Marc-Antoine Chardon, Maître
des requêtes
rue Sainte-Apolline
à Paris
11è Avril 1768 à Ferney
Il faut, monsieur, que je vous parle avec la plus grande confiance, et très ouvertement, quoique par la poste. Je n’ai pas assurément la moindre part à la plaisanterie au gros sel intitulée le Catéchumène 1. Il y a des choses assez joliment tournées ; mais je serais fâché de l’avoir faite, soit pour le fond, soit pour la forme. Ce Catéchumène est tout étonné de voir un temple : il demande pourquoi ce temple a des portes, et pourquoi ces portes ont des serrures. D’où vient-il donc ? quelle est la nation policée sur la terre qui n’ait pas de temple, et quel temple est sans porte ? Je me flatte que vous ne me croirez pas capable d’une pareille ineptie.
La Hollande est infectée, depuis quelques années, de plusieurs moines défroqués, capucins, cordeliers, mathurins, que Marc-Michel Rey, d’Amsterdam, fait travailler à tant la feuille, et qui écrivent tant qu’ils peuvent contre la religion romaine, pour avoir du pain. Il y a surtout un nommé Maubert 2 qui a inondé l’Europe de brochures dans ce goût. C’est lui qui a fait le petit livre des Trois Imposteurs 3, ouvrage assez insipide, que Marc-Michel Rey donne impudemment pour une traduction du prétendu livre de l’empereur Frédéric second .
Il y a un théatin 4 qui a conservé son nom de Laurent, qui est assez facétieux, et qui d’ailleurs est fort instruit ; il est auteur du Compère Matthieu 5, ouvrage dans le goût de Rabelais, dont le commencement est assez plaisant et la fin détestable.
Les libraires qui débitent tous ces livres me font l’honneur de me les attribuer pour les mieux vendre. Je paie bien cher les intérêts de ma petite réputation. Non seulement on m’impute ces ouvrages, mais quelques gazettes même les annoncent sous mon nom. Ce brigandage est intolérable, et peut avoir des suites funestes. Vous savez qu’il y a des gens à la cour qui ont plus de mauvaise volonté que de goût ; vous savez combien il est aisé de nuire . Il n’est pas juste qu’à l’âge de soixante-quatorze ans ma vieillesse, accablée de maladies, le soit encore par des calomnies si cruelles.
Je compte assez sur l’amitié dont vous m’honorez pour être sûr que vous détruirez, autant qu’il est en vous, ces bruits odieux.
M. Damilaville, mon ami, pour qui vous avez de la bienveillance, vous certifiera que le Catéchumène n’est point de moi ; et quand vous serez parfaitement instruit de l’injustice qu’on me fait, vous en aurez plus de courage pour la réfuter.
Je ne perds point de vue les commissions que vous avez bien voulu me donner : elles seront faites avec tout l’empressement que j’ai de vous plaire . Ma mauvaise santé ne m’a pas encore permis de sortir ; mais, dès que j’aurai un peu plus de forces, mon premier devoir sera de vous obéir.
J’ai l’honneur d’être avec une parfaite estime, et les sentiments les plus respectueux,monsieur, votre tr-s humble et très obéissant serviteur
Voltaire. » »
1 Sur le Catéchumène, voir lettre du 1er mars 1768 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/10/11/je-ne-veux-pas-payer-pour-lui-6465393.html
2 Sur Jean Maubert de Gouvest, voir lettre du 29 juillet 1755 à Clavel de Brenles :
3 L'histoire des Trois imposteurs n'a pas encore été faite . Il vient d'en paraître une édition (Yverdon, 1768), mais la première édition connue est de 1719 . Sur son exemplaire, V* a écrit « livre dangereux » . Cet ouvrage violent, mais sans chaleur, n'est certainement pas de Robert Challe, quoique G. Lanson ait pensé qu'il pût être annoncé à la fin des Difficultés sur la religion ; voir son article « Questions diverses sur l'esprit philosophique en France avant 1750 », Revue d'Histoire littéraire de la France, 1912 , t. XIX , p. 25-29.
Voir : https://biblioweb.hypotheses.org/16070
Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56870299/f5.item.langFR.zoom
4 En fait c'est un mathurin et non un théatin .
5Sur le Compère Matthieu, voir lettre du 12 juillet 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/10/04/le-ministere-ne-s-occupe-pas-sans-doute-de-ces-pauvretes-il-6341560.html
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
08/12/2023
Il paraît ... qu'on effraie quelquefois les vautours
... De ceux qui crient haro sur le baudet quand le président ose participer à une cérémonie à fond religieux, et pire encore : juive ! Il me semble qu'ils étaient moins virulents lors de la visite papale à Marseille , l'argument de la laïcité bafouée reculant alors devant le nombre d'électeurs fâchés potentiellement perdus, les catholiques étant majoritaires dans la fille aînée de l'Eglise .
J'attends les mêmes protestations pour l'arbre de Noël de l'Elysée pour voir si les défenseurs de la laïcité sont logiques ; ce qui m'étonnerait fort tant ils sont bornés .
Au fait hanoukka, qu'est-ce que c'est ? C'est la Fête des Lumières (qui tombe cette année en même temps que celle de Lyon ! ) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hanoucca
ou ...
« A Charles Bordes
11è avril 1768 1
Le cher correspondant est supplié de vouloir bien faire mettre à la poste tous ces petits pistolets de poche 2. Il paraît, par tout ce qui nous revient, qu'on ne tire pas toujours sa poudre aux moineaux, et qu'on effraie quelquefois les vautours . »
1 Edition de Kehl qui mêle de la plus arbitraire manière des extraits de ce billet, d’abord daté du 9, biffé , aux deux lettres du 4 avril et du 11 avril 1768 .
2 On ne peut dire exactement quelles brochures contre l'infâme sont comprises sous cette image de pistolets de poche .
« A Charles Bordes
Vous voyez toujours, mon cher correspondant, par les adresses des paquets quel service vous rendez à la bonne cause . Croyez-moi, Dieu vous bénira.
11è avril [1768]. 1»
1 Original, BNF ; edition de Kehl . Voir la lettre du même jour ; le présent texte y est altéré ( http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/12/08/il-parait-qu-on-effraie-quelquefois-les-vautours-6474782.html )
11:00 | Lien permanent | Commentaires (0)
il ne met aucune vérité dans ses procédés
... C'est le cas de Gérard Depardieu, acteur donc menteur jusque dans la vie quotidienne, il est malheureusement ordurier et violent envers les femmes : il faut que cela cesse , ça ne dure que depuis trop longtemps : https://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/depardieu/vide...
https://www.blagues-et-dessins.com/tag/blague-gerard-depa...
« A Jean Le Rond d'Alembert
11è avril 1768 à Ferney 1
Si je recevrai des grands d’Espagne qui ne sont point superstitieux ! qui ne sont point familiers de l'Inquisition ! qui méprisent également Augustin et Molina ! Oui sans doute, mon cher philosophe, et j'irais dix lieues au-devant d'eux si je pouvais aller . Je leur ferai mal les honneurs de ma retraite ; je suis malade, vieux et faible, mais ils seront les maîtres chez moi, et ce seront eux qui me recevront quand je pourrai paraître devant eux.
J'ai oublié entièrement le tort que M. de La Harpe a eu avec moi : mais il me paraît qu’il ne se connaît pas en expressions tendres et touchantes . Il vous dit qu'il avait lu à Mme Denis la lettre qu'il m'écrivît de sa chambre à la mienne, et qu'ils se mirent tous deux à pleurer ; il a pris apparemment Mme Denis pour sa femme ; et je ne vois pas comment cette lettre aurait pu tirer des larmes à ma nièce . Voici ses propres paroles :
Vous m'alléguez que vous ne l'avez donné à personne, je vous crois, mais quelle raison auriez-vous de ne me pas croire lorsque je vous dis que c'est à Paris qu'on me l'a donné .
Jugez,mon cher philosophe, si ce petit mensonge et ce style sont attendrissants .
Ce n'est pas un homme lié avec vous qui a dû être le plus empressé à posséder ce manuscrit.
Voici comment la lettre finit :
Si vous faisiez de moi des plaintes qui me fussent injurieuses, vous me forceriez d'avoir avec vous une espèce de procès public .
Vous m'avouerez qu'il est un peu étrange qu'il m'écrive ce ce style dans ma maison dans le temps qu'il était convaincu d'avoir pris dans mon portefeuille un manuscrit que je n'avais donné à personne . Ce qui m'attriste le plus sur le jeune homme, c'est qu'il ne met aucune vérité dans ses procédés . Cependant, loin de me plaindre de lui, je l'ai justifié contre toutes les imputations dont la foule de ses ennemis s'est empressée de le charger . Mon goût pour ses talents, l'espérance que l'usage du monde mûrira son caractère, l'attachement qu'il a pour la bonne cause, l'ont emporté sur tout le mal qu'il m'a fait ; il est cause de ma séparation d'avec Mme Denis ; il est cause que les derniers jours de ma vie sont privés de secours ; ma consolation est de savoir que Mme Denis doit être heureuse à Paris . Je lui fais vingt mille livres de pension, je lui en ai assuré trente-cinq mille . La petite Corneille est bien mariée . J'ai eu soin de tous mes parents, je n'aurai rien à me reprocher quand je rendrai ma chétive figure aux quatre éléments et le ressort incompréhensible qui l'animait à l'Être des êtres universel et incompréhensible .
Sur ce, je vous donne ma bénédiction, mon cher ami, et je vous demande la vôtre. »
1 Original, adresse autographe ; édition Lettres inédites, 1884,limitée au premier paragraphe et à quelques lignes du reste ; édition Schlobach . Il s'agit ici d'une lettre que d'Alembert avait demandée à V* le 5 avril 1768 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_(d%E2%80%99Alembert)/Correspondance_avec_Voltaire/086
, pour recevoir à Ferney deux jeunes Espagnols : José Pignatelli y Gonzaga, marquis de Mora, fils de l'ambassadeur Juan Joaquin Atanasio Pignatelli de Aragon, comte de Fuentes et gendre du marquis d'Aranda, qui avait aux yeux des philosophes le mérite d'avoir chassé les jésuites d'Espagne ; ainsi que le duc de Villa-Hermosa .
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