04/03/2013
nous vous souhaitons bonne année et bonne vinée
... Ah ! l'heureux temps où on se dispensait d'avertissements infantilisants, comme "l'abus d'alcool est dangereux" et "fumer nuit gravement à la santé" . Je vous défie de trouver quelqu'un qui se soit abstenu de se saoûler ou de fumer au seul avertissement d'une étiquette . Tant qu'il y aura des toubibs alcoolos et fumeurs, je pense que ces avis seront aussi vains que ceux des dermato et coiffeurs chauves qui veulent vous vendre des remèdes pour la repousse des tifs .
« . A M. le conseiller Antoine-Jean-Gabriel LE BAULT
A Lausanne, 3 janvier [1758].
Vos bouteilles, monsieur, sont arrivées; je n'ai d'autre chagrin que de ne les pas boire avec vous. J'en ai deux paniers à Lausanne, et les deux autres sont, je crois, à Genève. M. Cathala ou M. Tronchin vous feront toucher ce que je vous dois, mais ils ne pourront vous témoigner ma reconnaissance.
On dit Breslau repris par le roi de Prusse; il y a trois mois qu'il m'écrivait qu'il voulait mourir, et que je le consolais 1. A présent il renverse tout devant lui. Mais il ne boit pas de si bon vin de Bourgogne que moi. Mme Denis et moi, nous vous souhaitons bonne année et bonne vinée, à vous, monsieur, et à Mme Le Bault.
Recevez la respectueuse reconnaissance du Suisse
VOLTAIRE. »
1 Voir lettre à Frédéric II du 15 octobre 1757 ( ?) : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/08/26/du-haut-rang-ou-vous-etes-vous-ne-pouvez-guere-voir-qu-elle.html
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il faut bien aussi que je vous assassine de lettres, mon cher ange
... Fi des tweets et SMS volatiles et niais .
« A M. LE COMTE D'ARGENTAL.
Lausanne, 20 décembre, [1757] au soir.
Quand les Prussiens tuent tant de monde, il faut bien aussi que je vous assassine de lettres, mon cher ange. Il est difficile que vous ayez su plus tôt que nous autres Suisses la nouvelle victoire du roi de Prusse, près de Neumarck en Silésie 1. Ce diable de Salomon est un terrible Philistin. La renommée le dit déjà dans Breslau mais il ne faut pas croire toujours la renommée. Elle parle d'une bataille entre M. de Richelieu et les Hanovriens elle prétend que nous avons été très-malmenés 2, et je n'en veux rien croire, car, si cela était vrai, nous perdrions encore cent mille hommes et deux cents millions, comme dans la guerre de 1741, dont Dieu nous préserve ! Peut-on songer à des Fanime à l'eau rose, quand on joue des tragédies si sanglantes?3 Dites-moi donc, je vous en prie, si vous êtes content, si vous avez eu ce que vous appelez votre audience 4. Écrivez-moi un mot pour consoler le Suisse.
V. »
1 Dans l'espoir de prendre ses quartiers d'hiver en Silésie, le prince Charles et Daun avaient marché vers Leuthen, mais Frédéric II prévoyant manœuvra si bien que le 5 décembre il infligea une sévère défaite aux Autrichiens (19 décembre), leur tuant ou faisant prisonniers 53 000 hommes sur 90 000 alors qu'il n'avait que 40 000 hommes sous ses ordres .
2 C'était une fausse nouvelle. Richelieu obtint même un avantage sur les Hanovriens, dans un combat, le 25 décembre.
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03/03/2013
Je vous demande en grâce de ne pas retrancher un mot de la fin ; il me semble que ce que j'ai dit doit être dit
... Et les non-dits méritent le même respect .
« A Jean Le Rond d'Alembert
A Lausanne 3 de janvier [1758]
Le peu que je viens de lire du septième tome, mon cher grand homme, confirme bien ce que j'avais dit quand vous commençâtes : que vous vous tailliez des ailes pour voler à la postérité . Comptez que je vous révère, vous et M. Diderot .
Il y a encore quelques gens d'un grand mérite qui ont mis de belles pierres à vos pyramides . Pour moi chétif et mes compagnons nous devons vous demander pardon pour nos petits cailloux ; mais vous les avez exigés . En voici trois pour le commencement de votre huitième volume . Je me suis hâté parce que après Habacuc,1 Habile 2 doit venir . Je vous demande en grâce de ne pas retrancher un mot de la fin ; il me semble que ce que j'ai dit doit être dit .
L’article Hémistiche 3 que vous m'avez confié sera plus long, quoiqu’il semble devoir être plus court . Je voudrais y donner en vers de petits préceptes et de petits exemples de la manière dont on peut varier l'uniformité des hémistiches ; j'aurais peut-être encore quelques nouveautés à dire, mais je ne suis qu'un vieux Suisse . Vous autres Parisiens vous jetterez mes hémistiches au feu s'ils ne vous plaisent pas .
Quand aurai-je le Père de famille ?4 On m'a dit que cela est extrêmement touchant . L'auteur prouve que les géomètres et les mathématiciens ont un cœur .
Pour les prêtres ils n'en ont point . J'ignore si l'hérétique de Prades a conspiré contre le roi de Prusse 5. Je ne le crois pas ; mais les prêtres hérétique de Genève conspirent contre nous ; il n'y a sorte d'atrocité que quelques uns d'eux n’aient faite contre le mot Atroce 6; mais je les attends à l’article Servet 7 . En attendant ils doivent vous écrire . Je vous prie très instamment de leur mander, pour toute réponse, que vous avez reçu leur lettre, que vous leur rendrez service autant que vous le pourrez et que vous me chargez de leur signifier vos intentions et de finir cette affaire . Je vous assure que, mes amis et moi, nous les mènerons bon train , ils boiront le calice jusqu'à la lie . Faites ce que je vous demande et laissez agir nos 8 amis : vous serez content . J'attends à Lausanne Histoire 9 contresignée . Je suis un peu incommodé des mouches dont mon appartement est plein, vis-à-vis des glaces éternelles de Alpes . Il y a toujours dans ce monde quelque mouche qui me pique, mais cela ne m'empêchera pas de vous servir .
On dit Breslau repris par le roi de Prusse,10 cela pourrait bien être car il y a plus d'un mois qu'il ne m'a envoyé de vers . Je le crois très occupé et vous aussi . Ainsi je finis en vous embrassant de tout mon cœur, ainsi fait Mme Denis.
Le Suisse V. »
1Encyclopédie VIII, 5a, article de Mallet : voir : de.revues.org/69?&id=69&file=1 ; et autres articles religieux de l'abbé Mallet dans l' Encyclopédie
4Voir lettre du 29 décembre 1757 à d'Alembert où V* demande déjà cette œuvre de Diderot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/02/27/i...
5 Frédéric II pensait avoir raison de penser que de Prades qui avait fait sa paix avec l’Église, avait trahi le secret de sa correspondance avec la France ; il le fit enfermer à Magdebourg ; voir lettre de Thieriot à V* du 27 décembre 1757 .
6Voir lettre du 13 janvier 1757 à Jacob Vernes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/08/vous-n-etes-point-calvinistes-vous-etes-hommes.html
7 Il n'y a pas d'article Servet dans l'Encyclopédie, mais seulement Servettistes Encyclopédie XV, 120a-121a.
10 Voir lettre du 20 décembre 1757 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/03/04/il-faut-bien-aussi-que-je-vous-assassine-de-lettres-mon-cher.html
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J'ai bien peur que les annuités, les loteries, les rentes ne soient pas meilleures que nos troupes
... Politiciennes .
Dur de trouver quelque chose à se mettre sous la dent au rayon surgelé
« A Jean-Louis Labat, baron de Grandcour
à Genève
1er janvier [1758]
Mon cher baron, je vous souhaite la bonne année à vous, à toute votre famille et au grand Tronchin .
Rendez-moi je vous prie un petit service . Vous avez auprès de monsieur votre fils un précepteur qui est un jeune homme d'un très grand mérite . Pourrait-il se donner la peine, à votre prière, de faire ce que je demande par le papier ci-joint ?1 Je vous serai très obligé .
Si Luc a gagné deux ou trois batailles pour ses étrennes mandez-le moi .
J'ai bien peur que les annuités, les loteries, les rentes ne soient pas meilleures que nos troupes . Qu'en pensez-vous baron ?
Aimez toujours un peu le Suisse
V. »
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02/03/2013
J'entre dans tous les détails, je voudrais sauver ce petit garçon . Qu'ordonnez-vous ? A propos la France est aussi malade que lui
... Et tant pour la maladie des corps que pour la maladie de l'Etat, Voltaire sait de quoi il parle . Très humainement, très afffectueusement il donne la priorité à un enfant, lui accordant les mêmes soins qu'à lui-même . Trop de personnes oublient cette facette du patriarche, ne retenant que l'homme d'esprit dans le meilleur des cas, l'homme d'affaire dans le pire . Comment ne pas aimer ce gaillard là ?
« A monsieur le professeur Théodore Tronchin
à Genève
Dimanche [1757/1758] au soir
Mon cher Esculape, mon petit malade 1 après avoir pris sa seconde dose d'émétique avant hier fut encore bien purgé par le bas de matières fétides et rendit un paquet de vers parmi lesquels il y en avait un de six pouces de long . Je lui donnai une décoction de rue, de petite centaurée, de menthe, de chicorée sauvage, et pour adoucir la vivacité que cette tisane pourrait porter dans un sang irrité par la fièvre, je lui fais prendre de demi-heure en demi-heure entre ces potions , une émulsion légère . La fièvre subsiste, continue avec redoublement, mais moins violente . Il a dormi un peu . La tête n'est point embarrassée mais il y a toujours mal . Le bout de la langue est du rouge le plus vif mais il s'en faut de beaucoup que l’œil soit net . Il ne l'est guère, je crois, dans ces maladies . La peau n'est pas ardente . Depuis qu'il a rendu des vers il n'a pas été à la garde-robe . Ne conviendrait-il pas de lui ôter sa tisane antivermineuse qui peut l'échauffer et continuer à délayer beaucoup les humeurs ?
N. b. qu'il a toujours la bouche ouverte et qu'il lui est difficile de la fermer . J'entre dans tous les détails, je voudrais sauver ce petit garçon . Qu'ordonnez-vous ?
A propos la France est aussi malade que lui . Mademoiselle votre fille est-elle palliée 2? »
1 C'est sans doute le petit Pichon, voir lettre du 8 août 1757 à Jean-Robert Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/11/30/oserais-je-monsieur-vous-prier-de-vouloir-bien-envoyer-a-cet.html
2 Normalement, « pallier »signifie « soulager une maladie sans la guérir » . V* semble appliquer le terme à la malade elle-même au sens de « soulager » .
22:46 | Lien permanent | Commentaires (0)
Y a-t-il rien de plus net et de plus décisif ?
… Bernard Arnault, roi du luxe est et reste Français, à son grand (Amster)dam, ce qui n'augmente pas la gloire de la France, mais prouve que les Belges ne sont pas aussi vénaux que (Ras)poutine : http://www.lepoint.fr/societe/la-belgique-ne-veut-pas-bernard-arnault-02-03-2013-1635162_23.php
A propos de Belges, un des Dupont-Dupond, a été vu du côté de Castel Gandolfo au sortir d'un atelier point de croix de soeur Viva-il-Papa :
« A monsieur le ministre Jacob Vernes
chez monsieur son père
[1757 / 1758 ?]
Voici le book que vous m'avez demandé mon cher monsieur,on me l'a enfin rendu et je vous l'envoie aussitôt . Voudriez-vous avoir la bonté de me reprêter l'Apocalypse du savant Abauzit 1? Vous me feriez un extrême plaisir . A propos avez-vous lu dans les constitutions apostoliques cette prière : Ô Dieu éternel, Dieu unique, père du Christ et du Saint Esprit ?
Y a-t-il rien de plus net et de plus décisif ?
Vale.
V.
Do not say I have lent you the book. 2»
1 Discours historique sur l'Apocalypse, édité en 117 , mais V* disposait d'un manuscrit .http://books.google.fr/books?id=fK5DAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
19:08 | Lien permanent | Commentaires (0)
Donc tout s'est fait de pièces et de morceaux, donc -donc-
... C'est un ... blog normal ! J'allais écrire banal, mais un reste d'orgueil me fait mettre normal, eût égard à ma source, Voltaire étant tout ce que l'on veut, sauf banal . Je m'emploie à vous le montrer au fil des jours .
Pièces et morceaux, plus ou moins brillants, comme nos jours
« A monsieur le ministre Jacob Vernes
chez monsieur son père
[1757 / 1758 ?]
I like Abauzit more than ever, I would read all his writings .
Les constitutions apostoliques 1 ne sont pas des apôtres mais elles sont incontestablement des premières années du second siècle . Dons au second siècle on n'était pas de l'avis d'Athanase . Donc tout s'est fait de pièces et de morceaux, donc -donc-
Et malgré ces donc I am yr
for ever .
V. »
1 La collection de ces constitutions apostoliques, généralement considérée comme apocryphe, est estimée par V* qui semble avoir été influencé par William Whiston qui écrivit dans son ouvrage Primitive Christianity Revived, 1711, qu'elles sont « le modèle le plus sacré du christianisme, égal en autorité aux Évangiles et supérieur en autorité aux épîtres de chaque apôtre pris en particulier. »
17:30 | Lien permanent | Commentaires (0)