16/11/2013
Il se pourrait bien faire que dans quelque temps je vous priasse de m'aider
... Comme disent les Ecritures, "demandez et vous recevrez", mais Dieu et tous les saints et anges entendent-ils bien l'imparfait du subjonctif ?

« A Jean-Robert Tronchin
Aux Délices 7 octobre [1758]
Je vous enverrai incessamment, mon cher correspondant, la réponse à la lettre qu'une belle dame vous a remise pour moi . Cette personne pensait comme feu votre ami le teneur de conciles 1.
Quant à M. Pesselier 2, il est vrai que j'ai trouvé un rouleau à Lausanne contenant un tableau de finance . Cela est dans ma petite bibliothèque de Lausanne . Il n'y avait point de lettre, et ce n'est que par vous que j'apprends aujourd'hui que c'est à M. Pesselier à qui j'en ai l'obligation . Je vous prie, mon aimable correspondant de lui marquer combien je l'estime . Je le regarde comme un des meilleurs esprits que nous ayons en France, et je suis extrêmement flatté de son souvenir . Je ne sais point sa demeure et d'ailleurs je ne pourrai voir ce qu'il a eu la bonté de m'envoyer que quand je serai à Lausanne . Je m'en remets actuellement à vous pour lui faire mes excuses et pour l'assurer de tous les sentiments que j'ai pour lui .
Il se pourrait bien faire que dans quelque temps je vous priasse de m'aider à faire l'acquisition d'une petite terre dans notre voisinage 3 d'environ cent et quelques mille livres. C'est un assez bon effet, et qui mettrait plus d’abondance dans nos Délices . Cette terre servirait à procurer très bonne chère à la bonne compagnie de Genève qui vient quelque fois dans votre maison . Que n'y êtes- vous? Mais vous faites fort bien d'acquérir à Lyon de quoi venir un jour vivre dans notre ermitage encore plus agréablement que moi .
Les Russes ont beau dire en se retirant qu'ils ont gagné la bataille du 25 septembre, les lettres que j'ai reçues du roi de Prusse n'ont point du tout l'air d'un homme battu . On assure que les Anglais en veulent à Québec . Dieu garde [de] mal 4 Pontichéri . Votre très humble valet y perdrait moitié de son avoir .
Quand billets de loterie et annuités seront au pair, je vous supplie d'en signaler un mot à l'ermite qui vous aime .
P.S.- Révérence parler, je viens d'acheter une terre 5. N'en dites mot et gardez moi 130 mille livres pour la payer .
Voici la réponse 6 à la lettre qu'une belle dame vous a donnée pour moi . Il n'y a qu'à la faire mettre tout uniment à la poste . Vale .
V. »
1 Le cardinal de Tencin . Par contre, la « belle dame » nous est inconnue , on pense à Mme d'Epinay, ou mieux à Mme de Pompadour .
2 Charles-Etienne Pesselier avait envoyé à V* un prospectus pour les Œuvres de M. de Pesselier ; voir lettre du 30 octobre 1758 à celui-ci : page 525 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f528.image
. Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-%C3%89tienne_Pesselier
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15/11/2013
quoique j'aie l'air de n’avoir rien à faire
... Je n'en pense pas moins .

« A Élie Bertrand
Aux Délices 7 octobre 1758
Mon cher ami, je suis parfois un paresseux, un négligent . Je comptais vous écrire en vous envoyant les sept tomes encyclopédiques, mais ils sont encore à Dijon . Préparez toujours vos matériaux . Adressez-les au sieur Briasson, libraire à Paris , rue Saint Jaques car je pourrais bien faire encore un petit voyage . Je n’ai encore lu aucun des journaux italiens 1, je n'en ai pas eu le temps quoique j'aie l'air de n’avoir rien à faire . Je les ferai relier quand j'en aurai un certain nombre et alors je les lirai . Je me flatte que l'année prochaine M. de Freydenrick viendra dans nos cantons et que vous serez de la partie . Je regarderai les jours que je passerai avec vous comme les plus agréables de ma vie . Je vous embrasse du meilleur de mon cœur . Aimez-moi tout paresseux que je suis .
V. »
1 Voir lettre du 18 février 1758 à Bertrand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/06/14/q...
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14/11/2013
Je vous répète que les Français ne l'abandonneront pas . Elle est trop vertueuse et trop belle
... Mme Taubira ?
... Angela ?
S'il est question de vertu, on peut y croire . Quant à la beauté, elle est sûrement intérieure comme on le dit si bien .
Ces deux qualités sont-elles en trop dans les cas présents ?

« De Marie-Louise Denis et Voltaire
à Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck
Aux Délices 5 [octobre 1758] au soir
Mon premier soin, madame, après avoir vu M. Grim a été d'envoyer chez le peintre pour le portrait de votre divine impératrice 1 . Il me les a apportés tous deux ce matin . Ma sœur 2 trouve toujours le premier meilleur que le second . Mon oncle et moi nous les trouvons bien tous les deux . M. Grim aurait pu s'en charger si le peintre n'avait encore exigé de les garder trois jours . Ainsi nous vous enverrons ces portraits par le carrosse de Genève qui arrive à Lausanne mercredi prochain 11 du courant . On les empaquettera dans une petite boite à votre adresse, et vous aurez la bonté , madame, d'ordonner qu'on aille prendre ce petit paquet à l'arrivée du carrosse à Lausanne .
Je vous promets aussi de faire travailler M. Huber 3, et de ne lui laisser ni paix ni trêve qu'il n'ait fait ce que vous lui demandez . J'ai écrit à Lyon pour vos dessus de souliers . Dès que je les aurai nous verrons où vous serez et comment on pourra vous les faire tenir .
Je ne songe point à votre départ, madame, sans une grande douleur . Pourquoi vous être montrée à nous si bonne, si spirituelle, si aimable pour disparaître si promptement . Vous emportez nos cœurs et vous ne nous laissez que des regrets . Nous parlons sans cesse de vous . Mon oncle vous respecte et vous aime . Il dit toujours qu'il faut que vous demeuriez en Suisse, que vous n'êtes pas assez philosophe, que c'est de toutes les vertus la seule qui vous manque . Il serait bien capable de vous la donner si vous voulez vous laisser endoctriner par lui . A propos de doctrine ce n'est point celle de M. Grim qui m'intéresse, c'est celle de M. Donop 4 que je veux combattre, c'est son âme qu'il faut sauver . Je voudrais le voir bon catholique aux pieds de votre incomparable impératrice . Je vous répète que les Français ne l'abandonneront pas . Elle est trop vertueuse et trop belle . Permettez- moi de ne pas croire un mot de votre nouvelle . Mais soyez bien sûre, madame, que mes sentiments pour vous sont inaltérables .
J'ai mille respects à vous offrir de toute notre maison, de celle de Mme Pictet et de toutes les personnes qui ont eu l'honneur de vous connaître ici .
Oui, madame, le vieux Suisse voudrait que vous n'eussiez ni besoin d'empereurs, ni goût pour les cours . Oui, vous êtes digne d'être philosophe, vous embelliriez nos climats, vous y introduiriez les grâces . Lausanne deviendrait une ville charmante, le lac Major ne tiendrait pas devant le lac de Genève, mais vous n'aimez que le Danube et leurs Sacrées Majestés . Allez donc , mais songez que vous ne serez jamais plus aimée chez les Marcomans 5 et chez les Abates que dans nos paisibles retraites .
V. »
4 Le général Donop, sans doute . Voir lettre du 16 février 1755 à Ruffey : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/12/01/tout-le-pays-ou-je-suis-s-est-empresse-a-me-donner-les-marqu.html
et du 2 juillet 1758 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/09/11/une-belle-terre-a-gouverner-est-une-chose-tres-amusante-5163.html
5 Les Marcomans habitaient la Bohème, et les Abates la Dacie . La mention de ces derniers est intéressante et fait penser à la fin du chapitre III de Candide qui est contemporain .
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13/11/2013
ce qui est complet c'est le malheur des peuples ; et ce qui est décidé c'est que nous sommes des fous
... Et j'en fais partie, dans une aussi modeste part que possible .

« A Jean-Robert Tronchin
à Lyon
4 octobre [1758]
Voici mon cher correspondant, une goutte d'eau dont je vous prie de m'accuser la réception . Je me flatte que M. de Laleu aura fourni une autre goutte . Cadix est sec, et je vois qu'il me faudra donner en 1759 plus de 200 000 livres . Ce ne sont que bagatelles pour vous qui faites avec la cour des affaires de six millions .
Je compte tirer sur vous pour commencer, environ 70 000 livres au mois de décembre . Je crois qu'on voudra bien permettre que cela soit pour le paiement des Rois, et le reste pour le paiement de Pâques, et de Saint Jean .
Les batailles décisives et complètes n'ont été ni complètes ni décisives . Mais ce qui est complet c'est le malheur des peuples ; et ce qui est décidé c'est que nous sommes des fous . Je tâche d'être philosophe dans ma retraite, mais je suis bien plus sûr de mon amitié pour vous que de ma philosophie . Adieu, mon cher correspondant .
V.
Cours à l'incluse je vous en supplie port payé . »
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12/11/2013
messieurs; je vous ai comparés aux petites filles, qui s'imaginent que les hommes sont toujours debout
... Un peu de gaudriole ne peut nuire quand elle vient à propos chez Voltaire, soit ! dans la vie courante , idem , avec tact et mesure .

Mesdames et damoiselles vous le savez bien, l'homme est plus souvent roseau que chêne !
« A Claude-Etienne DARGET.
Aux Délices, 4 octobre [1758]
Je vous remercie, mon cher et ancien compagnon de Potsdam, d'avoir renvoyé la pancarte. Elle ne m'a pas paru si terrible; mais il est bon de prendre ses précautions dans un temps où l'on pend les gens pour des paroles.1
Est-il permis du moins de vous écrire que, tous tant que vous êtes à Paris, vous ne savez ce que vous dites avec votre prétendue seconde bataille des Russes, et leur prétendue victoire? Chimères toutes pures, messieurs; je vous ai comparés aux petites filles, qui s'imaginent que les hommes sont toujours debout 2. Vous pensez qu'on donne des batailles tous les jours. Cette cruelle guerre n'est pas prête à finir. Je m'unis à votre Te Deum pour la déconfiture des pirates anglais près de Saint-Malo ; c'est toujours une consolation.
Vous souvenez-vous du petit Francheville, qui avait passé de mon taudis au palais du prince de Prusse?3 Le prince Henri lui conserve ses appointements il m'a promis de me venir voir. Le roi de Prusse m'a écrit deux lettres depuis son affaire avec les Russes. Je vous assure qu'il n'a pas le style d'un homme vaincu.
Je n'abandonne point du tout Pierre le Grand, quoiqu'on ait battu les troupes de sa fille; je suis trop fidèle à mes engagements.
Je n'ai jamais reçu le paquet du 25 de juillet 4 dont vous parlez; mais je recevrai avec la plus grande satisfaction les lettres que vous voudrez bien écrire à votre ancien ami le campagnard, et heureux campagnard. »
1 Voir lettre du 3 octobre 1758 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/03/vous-croyez-donc-qu-on-s-egorge-tous-les-jours-comme-les-pet.html
2 Ce passage a sans doute été adouci par l'éditeur ; voir le début de la lettre du 3 octobre 1758 à Thieriot .
3 Voir lettre 2973 tome III Les Lettres de Voltaire Pléiade page 521, note 5 . André du Fresne de Francheville, fut secrétaire de V* en 1752 : voir page 628 : http://books.google.fr/books?id=CHJVaqS5BzEC&pg=PA628&lpg=PA628&dq=andr%C3%A9+de+francheville+henri+de+prusse+voltaire&source=bl&ots=FhgPf22BLT&sig=9K8bnLWtD07HvsKMJ_mE1eqSpLM&hl=fr&sa=X&ei=LTuCUq3pIqml0QWYsoD4CQ&ved=0CDAQ6AEwAA#v=onepage&q=andr%C3%A9%20de%20francheville%20henri%20de%20prusse%20voltaire&f=false
et : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/264-joseph-dufresne-de-francheville
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11/11/2013
j'ai besoin d'un honnête procureur normand. En connaîtriez-vous quelqu'un dont je pusse employer la prose ?
... Tout comme le grand François, à Oyonnax, qui nous a régalé [sic] d'un discours lui aussi en prose pondu, je le pense à 95%, par un pisse-copie élyséen . Sans aucun risque, je mettrais ma main au feu que ce n'était pas Sérillon [ouf ! ] qui tenait la plume .
Ce discours va donner du grain à moudre à tous les exégètes en mal d'analyses de coupeurs de cheveux en douze , et, pour une fois ne sera pas suivi d'une rétractation, coutumière hélas !
Qu'on l'aime ou pas, je suis bien certain qu'il y a peu de ses critiques qui oseraient prendre sa place .

A Chevry
« A Pierre-Robert le Cornier de CIDEVILLE.
ancien conseiller au parlement de Rouen
rue Saint Pierre
à Paris
et s'il n'y est pas
à sa terre de Launay
à Rouen
Aux Délices, 4 octobre [1758]
Que les Russes soient battus, que Louisbourg soit pris, qu'Helvétius ait demandé pardon de son livre, qu'on débite à Paris de fausses nouvelles et de mauvais vers, que le parlement de Paris ait fait pendre un huissier pour avoir dit des sottises, ce n'est pas ce dont je m'inquiète; mais M. Angot de Lézeau,1 et quatre années qu'il me doit, sont le grave sujet de ma lettre. Peut-être M. Ango me croit-il mort; peut-être l'est-il lui-même. S'il est en vie, où est-il ? S'il est mort, où sont ses héritiers? Dans l'un et l'autre cas, à qui dois-je m'adresser pour vivre?
Pardonnez, mon ancien ami, à tant de questions. Je me trouve un peu embarrassé; j'ai essuyé coup sur coup plus d'une banqueroute. Notre ami Horace dit tranquillement
Det vitam, det opes; aequum mi animum ipse parabo.2
Vraiment je le crois bien . Voilà un grand effort! Il n'avait pas affaire à la famille de Samuel Bernard et à M. Ango de Lézeau. Ce petit babouin crut faire un bon marché avec moi, parce que j'étais fluet et maigre; vivimus tamen, et peut-être Ango occidit dans son marquisat.3
Qu'il soit mort ou vivant, il me semble que j'ai besoin d'un honnête procureur normand. En connaîtriez-vous quelqu'un dont je pusse employer la prose ?
Mais vous, que faites-vous dans votre jolie terre de Launai ? bâtissez-vous? plantez-vous? avez-vous la faiblesse de regretter Paris ? ne méprisez-vous pas la frivolité, qui est l'âme de cette grande ville? Vous n'êtes pas de ceux qui ont besoin qu'on leur dise
Omitte mirari beatae Fumum et opes strepitumque Romae 4.
Cependant on dit que vous êtes encore à Paris ; j'adresse ma lettre rue Saint-Pierre, pour vous être renvoyée à Launai, si vous avez le bonheur d'y être. Adieu; je vous embrasse.
Nisi quod non simul essem, caetera laetus.5
V. »
1 Vers le mois de juin 1733, V* donna à rente viagère au marquis Angot ou Ango de Lézeau, qui s’était marié en 1732, la somme de 18000 francs ; mais, comme on dit il lui joua le tour de vivre encore quarante cinq ans après ce marché . Au mois de juillet 1755 le marquis devait encore 2300 francs d'arréage à V*. Voir lettre du 19 juin 1733 à Cideville, page 391 : http://books.google.fr/books?id=CKQGAAAAQAAJ&pg=PA327&lpg=PA327&dq=Angot+de+L%C3%A9zeau&source=bl&ots=QI_LhDLv13&sig=CJOIg7xNwE5Q4kQFtiJCojGIKEI&hl=fr&sa=X&ei=YW2BUoWpEIL20gWkpYDYDw&ved=0CDoQ6AEwAw#v=onepage&q=Angot%20de%20L%C3%A9zeau&f=false
2 Avec quelques inversions : Que [Jupiter] me donne la vie, qu'il me donne des ressources : pour l'égalité d'âme, c'est à moi-même à me l'assurer . Horace, Épîtres, I, xviii, 112 .
3 Pourtant nous vivons, [et peut-être Angau] a péri [dans son marquisat .]
4 Voir lettre du 3 octobre 1758 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/03/v...
Cesse d'admirer la fumée, les richesses et le bruit de l'opulente Rome.
5 Si ce n'est que nous ne sommes pas ensemble, pour le reste je suis heureux .Horace, Épîtres, I, x, 50.
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10/11/2013
allez vous faire f... avec votre Paris, je ne l'aime point, je ne l'ai jamais aimé
... Bon , c'est dit ! je ne le répèterai pas cent fois car il y a des choses nettement plus importantes .
Je me dois tout d'abord de vous informer sur l'actualité : Nouveau miracle à Lourdes
Les baptisés (premiers chrétiens qui s'ignoraient ) ont commencé à célèbrer Jésus Christ , le dimanche , -plutôt que d'aller au bistrot, au foot ou brûler des portiques éco-taxes,- alors qu'il était encore enfant, si j'en crois les écritures . Trop fort ces catholiques ! Pour preuve de ce que j'avance, l'homélie de ce jour à Lourdes faite par Mgr Georges Pontier qui emporté par son élan lyrique, sinon poétique, assène cette énorme coïonnerie, digne d'un politicien en mal d'élection .
Si « le Père prépare le repas du Ressuscité » comme l'évêque prépare son homélie, il y a du souci à se faire, au moins pour l'assaisonnement ; les à-peu-près des mesures ne me rassurant pas du tout , je préfère rester en république plutôt qu'aller en son royaume .
Le Christ est peut-être un soleil levant, mais aujourd'hui l'évêque n'est pas une lumière du sud, il a oublié de mettre de l'eau dans son pastis et veut nous faire croire que la sardine bouche le Vieux-Port !
« Témoigner de notre foi en Christ Ressuscité, par la manière même de vivre notre vie, nos épreuves, nos joies, nos engagements, les moments où la mort menace et frappe. Faisons-le de manière fidèle le dimanche, ce jour où depuis plus de 2000 ans, les Baptisés se rassemblent pour fêter le Christ, soleil levant, vainqueur du péché et de la mort, pour participer au repas du Ressuscité, signe de celui que le Père prépare en son Royaume ! »
- Prédicateur : évêque de Marseille Monseigneur Georges Pontier
- Références bibliques : 2 M 7, 1-2.9-14 ; Ps 16 ; 2 Th 2, 16-3,5 ; Lc 20, 27-38
- Paroisse :
- Basilique Notre-Dame du Rosaire
- Ville :
- Lourdes »
- Pour les amateurs de textes hautement édifiants : http://www.lejourduseigneur.com/Web-TV/Homelies/Temps-Ord...
Reste une lueur d'espoir, fantôme du bonheur

« A Jean-Baptiste-Nicolas Formont
[vers le 3 octobre 1758]
Mon cher philosophe , votre souvenir m'enchante ; vous êtes un gros et gras épicurien de Paris, et moi un maigre épicurien du lac de Genève . Il est bon que les frères se donnent quelquefois signe de vie . Mme du Deffand est plus philosophe que nous deux puisqu'elle supporte si constamment la privation de la vue et qu'elle prend la vie en patience . Je m'intéresse tendrement, non pas à son bonheur, car ce fantôme n'existe pas, mais à toutes les consolations dont elle jouit, à tous les agréments de son esprit, au charme de sa société délicieuse . Je voudrais bien en jouir, sans doute, de cette société délicieuse, j'entends de la vôtre et de la sienne, mais allez vous faire f... avec votre Paris, je ne l'aime point, je ne l'ai jamais aimé . Je suis cacochyme ; il me faut des jardins , il me faut une maison agréable dont je ne sorte guère, et où l'on vienne . J'ai trouvé tout cela, j'ai trouvé les plaisirs de la ville et de la campagne réunis, et surtout la plus grande indépendance . Je ne connais pas d'état préférable au mien . Il y aurait de la folie à vouloir en changer . Je ne sais si j'aurai cette folie, mais au moins c'est un mal dont je ne suis pas attaqué à présent, malgré toutes vos grâces . Je ne regrette ni Iphigénie en Crimée 1 , ni Hypermnestre 2. Je crains seulement plus encore pour la perte des fonds publics que pour celle des talents . La compagnie des Indes, le commerce, la marine me paraissent encore plus en décadence que le bon goût . Jamais on n'a tant fait de livres sur la guerre et jamais nos armes n'ont été plus malheureuses . J'ai trente volumes sur le commerce, et il dépérit . Ni les livres sur l'esprit et sur la matière, ni les arrêts du conseil sur ces livres ne remédieront à tant de maux .
Que dites vous de la défaite de mes Russes ? C'est bien pis qu'à Narva 3 ; tout est mort ou blessé ou pris . Il y a eu trois batailles consécutives . Les Prussiens n'ont eu que trois mille hommes de tués, mais ils ont dix mille blessés au moins . Si le comte de Daun tombait sur eux dans ces circonstances, peut-être ferait-il aux Prussiens ce que ceux-ci ont fait aux Russes . Il y a une tragédie anglaise dans laquelle le souffleur vient annoncer à la fin que tous les acteurs de la pièce ont été tués 4 ; cette cruelle guerre pourra bien finir de même .
N[ota] qu'il n'est pas vrai qu'on ait battu trois fois les Russes, comme on le dit, c'est bien assez d'une .
Présentez je vous prie, mes très tendres respects à Mme du Deffand et souvenez-vous quelquefois du vieux Suisse V. qui vous aimera toujours . »
1De Claude Guymond de La Touche jouée avec un grand succès à partir du 4 juin 1757 ; voir lettre du 5 janvier 1758 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/03/13/ils-me-donnent-quelquefois-des-articles-peu-interessants-a-f.html
2Tragédie de Antoine Marin Le Mierre dont Thieriot entretenait V* dans sa lettre du 12 septembre 1758 : « On représente aux Français une noire tragédie d'Hypermnestre […] qui a remporté quatre fois le prix de l'Académie . Il me semble qu'elle a le premier sort heureux d'Iphigénie en Tauride pour la représentation, mais je crains qu'à la lecture elle ne soit pas distinguée de l'autre . Je ne l'ai point encore vue mais je l'ai entendue . La versification m'en a paru médiocre en général et la pièce m'a surpris et ne m'a point touché . » La pièce fut représentée le 31 août 1758 et eut douze représentations ; elle fut reprise plusieurs fois et demeura l'une des tragédies les plus populaires de son époque . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-Marin_Lemierre
4 C'est Frédéric II qui s'était servi de cette image pour décrire la situation après la bataille de Zorndorf, mais la pièce qu'il invoque est La Thébaïde de Racine : « A peine y resta-t-il le moucheur de chandelles » dit-il dans sa lettre du 2 octobre 1758 . la modification qu'introduit V* est très significative : il substitue Hamlet à La Thébaïde .
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